quand l'immortel trébuche............ | |
Topic visité 0 fois Dernière réponse le 19/06/2004 à 22:07 |
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Lardanium était une jolie ville. Grande, blanche, symbole de tant d’idéaux que certes Raziel ne croyait pas mais respectait. Ses tours lançaient constamment des regards curieux à certains, en toisaient d’autres. Le monde grouillant aux alentours semblait l’affecter mais pas s’y introduire. Cette ville apparaissait comme une cité hors du temps : ou plutôt ancré et figé dans celui de Salminar, ce temps, bien que révolu, renaissait à chaque fois qu’un nouvel observateur posait ses yeux ébahis sur les murs et les constructions artistiques de ce lieu. Alors s’ensuivait une longue conversation sans mots où les murs racontaient l’histoire de la guerre, de l’amour, du plaisir de conquête… Depuis longtemps toute trace d’ébahissement avait déjà fui les eaux noires et glacées des yeux de Raziel. Mais demeurait le respect. Rien, absolument rien n’avait bougé depuis le jour de sa création. Sa beauté, c’était le temps. Tout en restant moderne, Lardanium était si attractive, si vivante et si endormie à la fois.
Les vertes prairies qui peuplaient les alentours, les cours d’eaux joueurs et les plaines vagabondes, le tout s’entrelaçant, avaient depuis longtemps conforté la région de Lardanium comme étant un lieu élu des dieux de l’Olympe. C’était toujours fatiguant de voyager vers Lardanium. Rares étaient les forêts et il commençait à être fatigué de devoir constamment se réfugier sous terre. A force, ses vêtements s’étaient usés et il restait toujours dans ses longs cheveux noirs des relents de terre mouillée. Hier un bain avait réussi à lui changer les idées mais pas totalement. Fatigué il laissa ses paupières se fermer, et son esprit vagabonda à travers les plaines dénivelées de son esprit. Récemment il avait été aidé Yuya, celle-ci s’était fait agressée par un groupe d’Hommes Sauvages. Evidemment il avait accouru. Même un dieu n’aurait pas fait plus vite. Il n’avait pas eu le temps de les poursuivre mais avait pu rester auprès d’elle et la soigner. Pudique, il lui avait simplement fourni de quoi bander ses blessures, mais ne lui avait pas proposé de le faire lui-même. Aussi étrange que cela paraisse, cette seule femme lui faisait perdre tous ses moyens et son arrogance s’envolait à tire d’aile sous l’impulsion de chacun de ses sourires, de ses regards… Le jour il la portait, supportant le soleil et l’effort. La nuit, il chassait et la laissait se reposer. Ce rythme s’emboîtait facilement et chaque jour elle reprenait des forces. Ainsi elle pourrait atteindre Lardanium, et bien que fragile, elle gardait toujours cette présence empreinte de douceur et de grâce qui atteignait le cœur de Raziel mieux qu’une lame. Un soir la nuit lui fit la délicate surprise de précipiter le repos du soleil, et un noir apaisant se déversa sur les lieux. Cette arrivée bien qu’inopinée était signe de réjouissance et Raziel décida exceptionnellement de ne pas se reposer et de continuer la route. Délicatement, il lui caressa le visage l’enjoignant à se réveiller. - Yuya… Nous devons y aller. Le temps est en notre faveur, prenons cet avantage… Les yeux bleus de la jeune femme s’entrouvrirent, inondant les lieux. Elle se contenta d’hocher la tête faiblement signe de son extrême fatigue. Les yeux du vampire si sombres semblèrent se voiler davantage. Certes les jours apportaient les soins, mais ils apportaient aussi des attaques de jeunes elfes se multipliaient, approchant tout doucement Yuya du royaume d’Hadès. Il ne pouvait absolument rien faire face à cela, le lot d’assaillants était quotidien et aussi transcendant soit son art de combattre, il ne pouvait protéger Yuya de tous. Son salut résidait en Lardanium, mais sa volonté s’étiolait au rythme des pas parcourus, des blessures reçues et des promesses non tenues. Il croyait avoir trouvé en Archess Ney un allié de poids mais malheureusement elle aussi était débordée par les elfes et la venue du terrible Berseker. Le vampire aida à contrecoeur Ney dans l’anéantissement du nain qui il y avait quelques mois à peine avait tué Drach. Il détestait les tueries organisées, les lâches attaques en bande révélatrices de lâcheté. Mais s’il avait déjà jeté à bas ses poings de la douleur, exorciser ses idéaux maléfiques et abandonner les ombres, juste pour la survie de Yuya, ce n’était qu’une étape de plus à franchir. Tant qu’elle vive, pensa lugubrement le vampire. Les étoiles étaient déjà hautes dans le ciel et Raziel s’activa. Il se baissa pour atteindre Yuya, glissa un bras délicat sous son aisselle et la souleva d’une main attentionnée. Pour lui, elle ne pesait pas plus d’une plume. Tendrement, il la remit sur pied, veillant sur elle comme une mère couve son nouveau né. Non la comparaison était mauvaise. L’amour ne pouvait être comparé à l’amour maternel. Un enfant aime sa mère parce qu’elle lui a procuré la vie, non parce qu’il souhaite la passer à ses côtés. Chassant ses pensées, il s’accroupit et invita Yuya à grimper sur son dos. Celle-ci, à peine réveillée, se jucha sur lui mécaniquement, s’affalant complètement sur son dos, entourant son cou entre ses bras graciles. Lentement, il se releva, rattrapant les jambes pendantes de la dormeuse pour la maintenir en équilibre. Et cette étonnante caravane s’ébranla doucement d’un pas pesant et sûr. Yuya gardait ses yeux fermés dans un sommeil de plomb. Raziel gardait les siens rivés sur la route qui grandissait comme un enfant. De racines à herbes folles, d’herbes folles à buissons, de buissons à arbres et d’arbres à forêts. Ce voyage avait la faculté d’endormir son esprit. L’espace était devenu poétique comme un sonnet et enjôleur comme une berceuse. Il permettait au vampire de tenir le coup. D’oublier ces formes féminines qui s’agitaient sur son dos, ces jambes, ces cheveux... D’oublier son cœur qui hurlait de douleur. D’oublier ce désir si grand qu’il obscurcissait même la lune, d’oublier ce parfum qui achevait de le consumer... Il secoua la tête. Un vampire ne pleure pas. Un vampire n’éprouve pas. Un vampire est mort. |
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Les jours passèrent et le couple arriva à Lardanium qui n’était plus qu’à un ou deux kilomètres de là. Autour, le regard perçant du vampire décelait de nombreux soldats plus ou moins aguerris qui chevauchaient constamment, vérifiant avec zèle que chacun était autorisé à pénétrer dans la ville du peuple élu. Raziel ne se souvenait pas avoir d’autorisation, mais il se souvenait néanmoins qu’il avait bon nombre de fois risqué sa vie pour cet endroit, lui-même ne sachant pas pourquoi : il se savait ici un peu comme…chez lui.
Au fur et à mesure que ses pas légers le rapprochaient de la grande cité, Raziel remarquait le changement de paysages. Ci et là on apercevait des traces de pas, des sentiers de terre battue se créaient, certains champs demeuraient visibles… Le vampire n’avait même pas posé le pied dans la blanche cité que déjà la vie grouillait à chaque hectare. Yuya quant à elle semblait revivre. Elle pouvait marcher par elle-même à nouveau et ses pas étaient légers. Un perpétuel sourire avait loué un espace sur son doux visage et ses yeux avaient adopté un éclat rieur. Il avait retrouvé la Yuya qu’il connaissait. Finalement la nuit tomba et le brûlant soleil qui durant longtemps avait agressé Raziel s’absenta enfin. Petit à petit, des lumières naquirent autour de la ville, s’allumant tour à tour comme ordonné par un ordre immuable, qui tranchait avec l’inflexibilité délicate que bon nombre de troubadours avait su chanter de Lardanium. La ville s’embrasa alors, petit à petit, et dans la nuit, jalousées par les nuages, dansaient les flammes de la ville sous une forêt d’étoiles. Sa compagne était aussi charmée que lui et voir ses remparts si familiers devait lui procurer les mêmes sensations que le vampire ressentait aujourd’hui. Peut-être était-ce ce spectacle qui déconcentra Raziel au point que son regard ostracise tout autre paysage, peut être était-ce tout simplement le fait qu’il se croyait en sécurité ici… Quoiqu’il en soit, pendant un moment Raziel oublia qu’il avait été le chef des ombres, traqué de par Olympia. Il n’était guère plus qu’un homme dans cette soirée que les dieux avaient décidé fraîche. - Nous voilà arrivé, te voici ici en sécurité. - J’imagine, vous resterez bien un moment ? - Je ne sais pas Yuya je sais qu’ici je trouverais des alliés qui se croient mes amis. Mais je ne le suis pas, je suis un solitaire. - Pourtant vous y êtes autorisés maintenant et vous n'êtes plus OH - Oui mais je pense… je continue de penser que je ne mérite pas cet endroit. Ces gens qui m'accordent leur amitié. Je continue de penser...que je ne te mérite pas toi...même si au fond nous ne sommes qu'amis - Pourquoi cela? Vous êtes une personne digne de confiance et on pourrait vous confier nos vies entre vos mains... - Je ne suis pas vraiment olympien. Mon corps se nourrit de sang, mon coeur se nourrit d'idées noires. Les rares moments où j'oublie ce que je suis je suis avec toi. Les vies des autres m'importent peu. Si tu n'étais pas là je n'aurais même pas levé le petit doigt pour cette masse grouillante. Yuya poussa un soupir exaspéré. Elle se pencha pour mieux regarder Raziel dans les yeux, son sourire sembla s’illuminer davantage : - Ce n'est pas bien d'essayer de me mentir ^^, on ne peut pas se définir soit même c'est seulement à travers le regard des autres, je sais qu'au fond de v...de toi tu aimes aider les gens. Le vampire resta un instant surpris. Il ne se pensait pas si lisible. A moins qu’elle seule ait le pouvoir de plonger dans les mystères de son cœur, mystères qui n’en étaient plus vraiment une fois cette femme à ses côtés. Presque mécaniquement Raziel secoua énergiquement la tête tentant de chasser ses troubles mentaux par ce simple mouvement matériel. Peine perdue. - Qu’importe ce que… Tu sais je… Enfin… Je ne suis pas vraiment doué pour parler. - Tu voulais me dire quelque chose ?? Non il ne voulait plus vraiment parler, juste agir. Sa main droite caressa délicatement son visage d’ange, elle était si glacée que Raziel put sentir naître un frisson chez Yuya. Mais vaniteusement il se plut à croire qu’il venait d’autre chose. Il s’approcha lentement. Il se voulait doux, il essayait d’être doux. Il voulait juste que l’ombre en lui s’assombrisse plus encore si cela était possible, qu’elle disparaisse totalement pendant un moment. Son corps parla de lui-même et il s’avança légèrement. Ses yeux brillaient et exprimaient si fort le désir que ses pensées auraient pu être traduites en mots. Prudente, Yuya posa sa main sur son buste, mais elle-même savait que cela n’était pas une protection efficace, et que quand bien même elle ne souhaitait pas être protégée. La seconde main du vampire s’empara de celle de la jeune femme et la guida vers ses lèvres. Il l’embrassa un moment et l’écarta avec délicatesse, ce baiser autorisé était le symbole de son consentement. En dernier recours, elle s’accrocha néanmoins à sa manche mais il était trop tard. Ces « précautions » étaient aussi utiles que les flèches d’un elfe sur l’armure d’un nain. Raziel s’avança à nouveau et il fut surpris de constater que Yuya fit de même. Ses deux yeux noirs jugèrent la beauté entière de cette femme, et de la barrière interdite de ces lèvres qu’il ne souhaitait que franchir. Et c’est ce qu’il fit soudainement. Ses lèvres effleurèrent les siennes diffusant une sensation de chaleur contagieuse qui envahissait son corps. Encore, il en voulait encore… - Mademoiselle Yuya ?? L’étonnement se mua en cri puis en appel. La voix sonna à nouveau. Le couple se sépara gêné et Raziel et Yuya tournèrent la tête simultanément. Un jeune elfe courait à en perdre haleine. Il était assez grand mais ne semblait pas très fort. Raziel au bout d’un effort sur vampirique ( : p) réussit à reconnaître en cette personne un elfe peu apprécié. Maxime. - Maxime !!cria Yuya comme si elle avait exactement pensé ce que Raziel pensait en ce moment. Les deux « amis » se rejoignirent et ils entreprirent une discussion où Raziel n’était pas convié. Néanmoins, il ne put s’empêcher de tendre l’oreille et d’écouter avec attention. Apparemment Maxime avait cherché Yuya pendant des semaines, essayant en vain de la sauver contre ses agresseurs. Et évidemment, pensa Raziel en grinçant les dents, il n’a pas cherché au bon endroit. Pour le vampire il n’était qu’un lâche voilà tout. Mais ce ne semblait pas être de l’avis de Yuya qui lui pardonna immédiatement. Quoi ? Lui qui avait risqué sa vie pour elle ? Lui qui avait prouvé son amour ? Ce Maxime n’avait pas fait le tiers de ce que lui avait fait. Où était-il pour porter Yuya ? Pour la nourrir ? Pour tuer tous ceux qui la toucheraient ? Nulle part, répondit silencieusement une voix dans le recoin de son esprit. Il était rétrogradé au rang de ce sinistre idiot. C’était injuste. Il était injuste. Yuya était injuste. Tout le monde l’était. Alors même que son cœur lui fit penser qu’il avait peut-être tort, que Yuya n’oublierait pas ce qu’il avait fait pour elle, sa rage balaya cette pensée comme un raz-de-marée. Ses poings se crispèrent et il sentit à nouveau cette haine se déverser dans ces veines. Elle était néfaste certes, mais il aimait ça. - Et bien chère Yuya je vais vous laisser vous et ce … Maxime. Sans prendre le temps de s’expliquer outre mesure, le vampire claqua les talons à la recherche d’une victime, pendant que Yuya, confuse, s’excusait auprès du jeune elfe. Le vampire avait faim. Faim de meurtres, de violence et de sang. Il trouva en Dadidio sa parfaite victime. Le vampire fondit sur lui comme un oiseau de proie. Déjà blessé à multiples reprises, il eut toutes les peines du monde à résister aux coups portés par le vampire. Le premier coup de poing qu’il lâcha sur lui le secoua, le second l’étourdit, le troisième l’assomma. Yuya qui l’avait accompagné avait elle aussi blesser le chef de la FORCE. Mais c’est Raziel qui plantant profondément ses crocs dans la chair, arracha les dernières gouttes de sang mortel (hrp à prendre au sens de pauvres mortels !!! ) de Dadidio, cet élixir si rare et si désiré. Il était chaud lui aussi, mais cette chaleur n’avait rien à voir avec celle de son baiser. Et il ne trouverait pas dans le corps des autres la force d’un amour. Dégoûté il balança Dadidio loin de lui et cracha le liquide immonde qui il y a cinq secondes à peine, représentait la vie pour lui…. Soudain une douleur, fulgurante et puissante et immatériel. Il n’était pas vraiment blessé mais son mental lui vrillait les tympans au point de lui communiquer une douleur physique. Il ressentit presque le froid quand le sort de glace d’Aladoniel paralysa ses jambes. Et le brasier le fit crier quand la combustion d’Ice s’empara de son corps. Il hurla à nouveau, la douleur était insupportable. Mais il était sûr d’une chose, elle ne venait pas seulement de ces elfes. Le vampire tituba, frappant deux fois au hasard l’un des deux amants, il recula en proie à une extrême fatigue, avant de sombrer sur le sol, anéanti et écrasé par une force qui dépassait le loin la puissance de ces deux elfes. L’esprit de Raziel se recroquevilla et son âme effleura celle de l’Olympien qui partageait son corps. Cette douleur ne venait pas de lui, elle était autre. Mais lui aussi souffrait, et il le ressentait. Depuis que le vampire avait repris ses droits, un mur s’était dressé entre eux. Plus exactement, IL avait dressé ce mur, aux fondations soigneusement érigées, un mur mental qui couvraient chacune des pensées et évitait de les communiquer à Sahan. Mais évidemment, celles du jeune homme lui étaient ouvertes car son mental était largement inférieur au sien. Ses sens à lui en devenaient réduits : tout ce qu’il pouvait voir, sentir ou entendre, se résumait à des points de lumière colorés qui lui explosaient au visage. Et c’était douloureux pour l’olympien, et le vampire sentait cette douleur d’autant plus qu’il la laissait filtrer jusqu’à lui. Avec une telle puissance, annihiler l’esprit de Sahan aurait été un jeu d’enfant mais sans savoir pourquoi, Raziel y tenait un peu comme à un frère malgré ses piètres et si rares rébellions. Mais la douleur qui aujourd’hui lui vrillait les tympans dépassaient le stade de sa puissance mentale. Elle était monstrueuse, elle semblait occuper l’espace de son esprit, telle une ombre gigantesque qui couvre le ciel, son esprit transportait à présent des nuages orageux. Mais stoïquement, Raziel supportait le mal. Aucunes traces de défi ou d’honneur n’avaient osé quitter ses yeux sombres. C’est à ce moment qu’il eut un sourire, un sourire triste et beau. Puis pour Raziel et Sahan, pour le vampire et l’olympien, le monde s’effondra. Ou à moins qu’il naissait enfin, aucun d’entre eux ne le savait vraiment. L’air devant le vampire s’entrouvrit, ou plutôt derrière lui, ou à côté de lui autour de lui. Là encore cette sensation dépassait les limites de la compréhension. L’espace se craquela, se fendilla comme une vieille noix explosant en myriades de morceaux pareille à un verre victime d’une trop forte pression. On aurait dit qu’une porte s’était ouverte sur l’implacable néant, que l’air était solide, plus pesant que de la bouse d’hydre. Le temps s’était arrêté. - Où suis-je ?demanda Sahan. Il sursauta, il regarda ses mains, se palpa le corps pour vérifier qu’il ne rêvait pas. Il était…réel ?? Non pas vraiment… Puis une peur violente le saisit il n’était pas seul. -Où es-tu Raziel ?!! -Quelle question ? Ici, railla une voix maléfique. Immédiatement l’olympien se raidit. Il regarda autour de lui et il le vit. On aurait dit que le vide se cristallisait, formant une stalactite composée de chair et de sang, une stalactite à forme olympienne, non pas vraiment olympienne. La forme sourit. Raziel…. |
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Sahan Kido est né il y a bien des cycles de cela, dans un village près de la mer au sud des terres d’Olympia, près de la ceinture du monde. C’était un village isolé et oublié des tous, les prêtres y étaient tous bannis mais beaucoup étaient ceux qui conversaient par la prière avec les dieux de l’Olympe. Des Olympiens vivaient dans ce village, ou du moins ils y ressemblaient beaucoup.
Sahan était le fils du chef, mais il était différent des autres villageois. Tous aimaient les travaux des champs, le calme et leur village bien paisible. Lui méprisait ces tâches qu’il jugeait grossières. Il y préférait les livres de voyage et de conquêtes. Il en lisait très tôt et voulait déjà tout connaître du monde. Connaître, c’est s’emparer. Il s’emparait des livres de la bibliothèque comme il aurait conquis des territoires et en acquit très vite une grande érudition. Il était assez réputé donc pour son savoir, mais méprisé pour ses rêveries et ses folies. Un jour, par un divin hasard, il sauva Ténèbre des affres de la mort. Et il le récompensa à sa manière. Il tua le village qui se moquait tant de lui et acheva un rituel entamé depuis des centaines d’années en utilisant le corps du jeune garçon, le transformant en quelque chose d’incroyable. Raziel a été crée de la main de Ténèbre. Son occulte magie et la volonté de haine façonnèrent d’abord son esprit. Son corps, lui, naquit de trois éléments : le sang maudit d’une chauve-souris, le corps innocent et pur d’un jeune homme et un autre élément que le maître du vampire refusa de révéler. Le temps s’écoula alors avec la lenteur du sable dans son sablier. Il passait à travers lui sans lui laisser aucune de ses cicatrices inflexibles. La magie du temps toujours le rencontrait, mais comme l’eau coule sur l’huile sans y trouver de prises, l’immortel n’était jamais altéré. Il avait apprit en élève avisé que chaque marché passé avec la mort entraînait des conséquences sur la vie : il survivait, certes, mais seul le sang frais fouillé dans la gorge des mortels lui donnait la force et la vie éternelle. Le goût n’en était pas mauvais et son esprit né de la magie noire, ainsi que son instinct naturel se faisaient volontiers les boucliers des remords. Le seul inconvénient était du au brûlant astre qui était mortel pour lui. C’est la seule leçon que lui enseigna son maître Ténèbre excepté celle du chaos, mais c’est celle qu’il retint le mieux. Le soleil était mortel, le soleil détruisait l’immortel. Un soir, son maître Ténèbre le fit venir à lui. Celui-ci sentait sa fin proche et il ne souhaitait pas que sa création meurt si facilement. Il le transforma, condensant son essence par un rituel divinement maléfique dans un orbe d’un métal d’un monde inconnu. Il perdit tous sentiments, toutes passions, toutes émotions. Juste le silence pendant une dizaine d’années durant lesquels Ténèbre sillonna le monde à la recherche d’une seule chose. Il la trouva dans un village à la ceinture du monde, un enfant pur et étranger à tout, il lui servit à faire revenir à la vie son serviteur, maintenant protégé du soleil. Il aurait bientôt besoin de lui. Le malheur qui fit de Raziel « l’assassin » de Sahan, et le malheur qui fit que Yuya aima « l’assassin » de celui qu’elle aimait jadis, n’étaient que deux malheurs qui ont cumulés. Ni l’un ni l’autre n’était en faute, seul était coupable la roue écrasante du destin qui prit dans ses engrenages ces deux hommes, jouant avec à leur guise. La fatalité broie toujours quelques martyrs, c’est le prix à payer pour que la vie garde son cours. Mais un oracle avait annoncé ce jour qui est conté aujourd’hui. Le jour de l’affrontement. A quand remontait ce combat ? Au jour où Sahan disparut au profit de Raziel ? Au jour où Raziel tomba sous le charme d’une olympienne ? Non bien plus loin que cela… Au jour où une entité d’une puissance incroyable donna de son sang pour faire naître le premier des vampires. Sahan observa Raziel terrifié, son corps tremblotait comme une feuille laissée à la merci d’un ouragan. Les ténèbres montaient lentement de son aura, elle irradiait l’espace autour de lui et le corps pâle du vampire respirait la puissance et le contrôle. Le contrôle total, irrévocable, indiscutable. Le regard du garçon fuit celui de son adversaire, et chercha en vain de trouver quelque réconfort dans le paysage. Il y trouva beaucoup de choses : la peine, la désolation, le dépérissement. Et une lumière qui brillait de milles feux. Où était-il ? Il ne le savait pas mais cet endroit lui semblait familier. Il n’y avait pas vraiment de paysages et de reliefs, pas de végétations, rien qu’un calme vide. Vide mais agressif. Un malaise intense lui saisit l’estomac, il se sentit immédiatement oppressé. On aurait dit que la réalité se contractait autour de lui menaçant de l’étouffer. Le vide se pâmait parfois le temps d’un éclair de relents de vie passée. Il reconnut un instant son village et pendant une fraction de seconde il voulut pleurer. Mais le paysage changea du tout au tout et se teinta d’un vert vivant : une forêt mais laquelle ? Celle de Krystania ou la Lothlorien, l’une ou l’autre étaient détruites et Sahan savait juste que ses pas l’y avait amené au moins une fois avant leurs disparitions. Puis il y eut le reflet d’une ville éclatante : Sigdil, la ville franche. Jamais Sahan n’y était allé, mais il savait que lui, oui. Quand les Ombres et les suppôts de Drach l’avaient attaqué, le vampire y était allé. Le garçon secoua la tête comme pour mieux nier la folie qui émanait de cet endroit. Mais par Hadès où diable étaient-ils ? -A l’intérieur, répondit la voix glaciale de Raziel comme s’il lisait dans ses pensées -A l’intérieur ? répéta Sahan en bafouillant. -C’est une vieille légende, un mythe auquel je n’aurais pas cru si mes pieds ne foulaient pas le « sol » de cet endroit. Quand deux esprits entrent en résonance, quand leurs cœurs s’accordent et que la douleur est partagé, alors s’ouvre un chemin sur l’esprit et s’entame le combat des âmes, récita le vampire lentement. -Tu veux dire… que ce que nous avons ressenti était si fort qu’il a donné naissance à la matérialisation…aux reflets même de notre âme ? Mais des sentiments ne peuvent pas faire…faire ça !!! L’olympien en proie à la panique désigna d’un geste large de la main. Il se sentait paniqué, l’air lui manquait. Il tenta de respirer. Ses poumons agonisèrent en vain car l’air était introuvable. Le vampire approcha avec une noblesse féline et son regard luit méchamment. -Tu comprends vite mais tu restes naïf mon frère, des sentiments ont promu Salminar à un état divin, des sentiments ont contribué à créer Sigdil, des sentiments ont entraîné la chute de Krystiana … Si une arme existe en ce monde, ce sont les sentiments, et si la folie peut rendre immortel, l’amour peut à coup sûr arrêter le temps, non ? -Impossible, chuchota Sahan en déglutissant. Pourtant il savait que Raziel avait raison, il le savait. Et il avait raison sur un point : il comprenait vite. Et il savait ce qu’ils avaient à faire. Il savait ce qui allait suivre. Désespéré il pleura. -Je ne veux pas… Je ne veux pas me battre contre toi. Tu as été plus proche que moi que ma mère pendant ces dernières lunes, pourquoi veux-tu que l’on se batte ? -Deux âmes pour un seul corps, c’est un rêve bien doux. Réveille toi Sahan. Yuya attend l’un de nous dehors, si tu comptes te retenir, moi pas. Et si tu as encore du mal à me haïr n’oublie pas : je t’ai volé ton corps et la femme que tu aimes. -Cette femme qui m’aime ne m’aurait jamais aimé si dans ton coin tu ne m’avais pas soufflé la force, et ce corps que je possède sans toi il se serait perdu dans un village loin de tout. -Sornettes !!! Si ces mois d’abstinences t’ont fait oublier le goût du sang je vais te raviver la mémoire !! Sa phrase fut le prélude à la bataille. Sahan resta un moment interdit, l’erreur fut payée à sa juste valeur. Le poing de Raziel s’écrasa sur lui avec toute la puissance démoniaque que lui conférait son corps de vampire. Sahan fut propulsé dans l’air et s’écrasa contre un monticule de souvenirs, qui paraissait immatériel. La douleur ordonna sa main qui trouva le chemin de ses lèvres, un doigt tremblotant s’aplatit sur celles-ci et entra en contact avec un liquide rouge, au goût âpre. Son sang. Son combat se précipita à nouveau vers lui, Raziel fonça poings fermés mais c’est le pied qui sortit en premier, s’écrasant contre sa cage thoracique. Par la suite, le vampire le martelait de coups de poing aussi forts les uns que les autres. A ce rythme Sahan comprit que sa mort serait proche. Il pensa à Yuya, il pensa à la vie, et soudain la force gronda en lui comme un volcan en éruption. Il arrêta d’un bras l’attaque de Raziel, puis se releva peu à peu. - Désolé, mon frère, mais tu m’y obliges !! Ce qui s’ensuivit ne fut que chaos. Les « frères » ne devinrent que deux tourbillons de pieds et de poings qui se confrontaient et se mélangeaient pour devenir tempête. Chacun d’eux s’habitua aux coups comme si leurs vies n’avaient été que douleur, et chaque passe échangée renforçait ce sentiment. Mais au bout d’heures passées ainsi Sahan comprit. Il comprit qu’il était trop faible, et que Raziel était trop indulgent. Le vampire souhaitait qu’il vive, et lui voulait mourir. L’évidence lui brûla les yeux : il retenait ses coups. Et paradoxalement il en souffrait. -Raziel… Je.. je ne peux pas… -Tues-moi !! -Mon frère !!! -TUES-MOI !!! rugit le vampire, Prends ma vie ! Achèves-moi ! Mon corps et mon cœur sont un danger pour Olympia, pour Yuya !! Ne me fais pas me répéter, tues moi! répéta le vampire en articulant chaque syllabe. -Mon frère, sanglota l’olympien perdu. Le vampire lui jeta un regard submergé de pitié. Rien n’avait su agiter ses eaux noires, rien n’avait pu toucher son cœur sauf… deux êtres, son frère et Yuya. Il eut un soupir résigné et s’agenouilla près de Sahan, souillé des blessures qu’il avait lui-même causé. Il passa sa main dans son cou, et l’attira contre son front. Les deux regards se confrontèrent. -Je t’aime mon frère, je t’aime. Dis à Yuya… Dis lui que mille dieux ne suffiront pas à me faire l’oublier. -Mon frère… non pas ça...non -Est-ce ainsi que le monde se souviendra de Raziel ? Comme un fou qui a perdu son honneur et sa vie pour les autres ? Quelle pitié de voir quel vampire je suis devenu... Et même comme cela, je n’arrive pas à haïr ces fous qui m’ont haïs. Adieu mon frère, j’ai finalement su trouver la selle des chevaux du temps, et je les chevauche pour atteindre ma destinée. Adieu frère, Yuya et mon vieil ennemi Dralnu. Sur ces mots, Raziel étira mollement ses griffes, l’instrument de sa propre mort, et il les plongea jusqu’aux tréfonds de son cœur. Ses doigts s’infiltrèrent dans sa peau, dans sa chair sanguinolente et traversa ses os cuivrés qui longtemps l’avaient protégés de la mort. Sans un mot il s’effondra sur le sol. Sahan voulut courir, le ramener à la vie, mais trop tard car comme une vieille noix, le monde craquela à nouveau. Le premier des vampires avait perdu la vie… HRP Je demanderais aux admins de ne pas supprimer mon compte, DE NE PAS CHANGER mon nom, de ne toucher à rien. Je sais plus que quiconque ce qui arrivera par la suite. Autre chose, pouvez vous supprimer tous les commentaires? Ils sont constructifs mais on y perd de l'espace, merci d'avance. La suite Demain /HRP |
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:'( ![]() que c'est beau, mais qu'es que c'est triste ![]() raziel, ouinnn, tu nous laisse dommage. paix à ton âme. (hrp j'en connai un autre, Manath ? qui avait une chose, une dernière avec toi, il n'aura plus l'occasion, dommage vous êtes mort tous les deux.) |
Par Dralnu  le 01/01/1970 à 01:00 |
Est ce un ennemi perdu ? Un vieil ami retrouvé ? Ou le simple reflet de ce que j'ai toujours voulu voir revenir, tout comme Yuya : Le Raziel bon et honorable qui fut autrefois mon ami et allié ?
Je ne sais plus quoi penser concernant cet ami, ou ennemi. Mais de ce combat des âmes, j'espere que le meilleur finira vainquer, ou mon combat pour Raziel n'aura pas de fin... |
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L’éternité est une torture, la vie une perpétuelle bataille. Rien d’autre qu’une illusion que Raziel avait franchi de siècles en siècles. Il se sentait usé, fatigué. Tout son corps de la pointe de ses pieds jusqu’à la couronne sombre de sa tête désirait le repos. Il le désirait si fort que son âme en hurlait. Mais l’imminence de son repos rendait le vampire placide. Et à contre cœur, il s’était choisi patient, malgré la tristesse du départ, malgré l’absence de son frère et le cruel manque d’un amour florissant. Les seules prises auxquelles il s’était retenu, les seules cordes qui l’avaient tiré pour s’accrocher à la réalité avaient été coupées. Libéré mais pas totalement heureux, le vampire se dirigeait néanmoins vers cette lumière blanche et aveuglante comme mille soleil, plus brillante que la plume d’un pégase naissant.
Il avait souvent entendu parler de la mort, tous ceux qui lui en avaient parlé décrivaient ces symptômes de la même manière. La lumière blanche d’un phare, une douceur irréelle, une sensation de voyage et de liberté. Le vampire s’accordait à la lumière car ce qu’il voyait était en effet plus blanc que blanc. Mais loin de ressentir du confort, il commençait à ressentir une douleur qui envenimait ses jambes, et il se sentait aussi peu léger que l’immortel qu’il fut jadis. Ces témoins s’étaient-ils trompés ? Après tout, aucun n’avait vu la vraie mort en face et chacun se contentait de perpétuer une histoire connue par cœur, une fable destinée plus à rassurer qu’à se faire la voix de la vérité. Le vampire était dans un dilemme, il ne savait pas où et quand il était. Peut-être quelqu’un qui perdait son âme était-il contraint de errer dans l’infinie blancheur qui précédait le Styx ? Ses questions méritaient réponses et son corps les lui apporta en une sensation si ancienne, si pure, si courroucée qu’aucun doute n’était plus possible : la soif de sang. Cette soif qui le prenait au ventre, au bras et à la gorge, qui le brûlait plus que le feu du dieu Héphaïstos lui-même. Le blanc environnant était devenu trouble, sa vue en réalité lui jouait ce tour, et toutes choses étaient dédoublées. Puis, chaque copeau de cette réalité, se remit en place. Sa vue s’affirma et il put enfin voir où il était réellement. Si c’était là le royaume des enfers, il était bien différent de ce qu’il avait imaginé. L’entière pièce était couvert d’un marbre blanc tant et si bien qu’il collait au sol et aux murs comme une seconde peau. C’était probablement ce qui l’avait abusé. Des colonnes tout aussi blanches étaient empilées à la suite, et une statue flagrante de réalité toisait les occupants des lieux. Vous pourriez être à tout endroit, elle semblait toujours vous trouver. Mais le plus étonnant c’était sans nul doute son visage. Assis sur son trône, l’homme retranscrit dans la pierre était tout en armure et portait les cheveux longs. Mais la différence entre elle et lui s’arrêtait là. Car en effet tous ses traits avaient été dessinés à partir des siens. Le silence sembla arrêter le temps jusqu’à ce qu’une voix inconnue rompit le charme. - Alors voici le si terrible Raziel. L’ex chef des Ombres de la Haine, le vampire le plus célèbre d’Olympia et probablement le plus puissant. Je te surveille mon petit, mais je ne sais toujours pas pourquoi as-tu laissé ton existence à celle de ce simple mortel. Le vampire se retourna sans paraître surpris, il avait déjà entendu cet homme arriver, il ne cachait pas sa présence. Un regard suffit pour comprendre que c’était cet homme qui était dépeint sur la statue et non Raziel. Autrement dit, il était sa réplique parfaite. - Qui êtes vous ? Et comment m’avez-vous amené ici ? fit Raziel, répondant à une question par une autre. - Tu es très perspicace. C’est bien moi qui t’ais fais venir. Mais la vraie question est pourquoi ? Je vais te le dire. Je suis las, las de te voir te battre en vain pour des idéaux qui ne sont pas les tiens. J’ai cru un jour te retrouver mais voilà tu n’arrives à rien. En te retenant, tu brides ta véritable force. Ce n’est pas comme cela que tu la révéleras, je te le garantis. Donc je suis venu t’apporter un petit coup de pouce. - Vous êtes fou, cracha Raziel. Je me répète, qui êtes-vous, et pourquoi possédez-vous mon visage ? - JE possède ton visage ? Moi Crovax ? très drôle… Ne serait-ce pas le contraire, arrogante créature ?? ASSIS !! Sa copie conforme l’ordonna de la main et soudain une force écrasante s’aplatit sur ses épaules. Il essaya de se relever mais il se rendit bientôt compte qu’il en était incapable. Il jeta un regard noir mais ne réussit pas plus, l’étreinte que cet « homme » dégageait sur lui et qui écartait toutes tentatives de rébellion. Le doigt de son ennemi dessina un cercle violacé et celui-ci s’ouvrit sur le monde dans un requiem d’étincelles magiques. Voilà donc comment ce monstre l’avait observé. - Vois. Dans le cercle étrange, on pouvait voir quelqu’un se tordre de douleur. Bientôt, Raziel reconnut ses yeux orange et ce regard naïf. Sahan. - Alors ? Est-ce celui là qui est censé sauver Yuya du mal ? Est-ce lui qui devra faire face à Zapan comme tu l’as permis à Traag ? Il ne peut même pas se sauver lui-même, quelle pitié. Et c’est cela qui doit me combattre ? Crovax secoua la tête d’un air dédaigneux, puis il fit naître un nouvel anneau de vision. L’autre disparut dans un tourbillon de fumée violette. Cette fois, on vit apparaître une olympienne en armure, les cheveux châtains et l’air angélique. Le vampire avait su que c’était elle avant même que le cercle s’agrandisse, lui donnant un aspect presque réel : Yuya, toujours aussi magnifiquement belle aux yeux du vampire. - Oui, elle est magnifique cette jeune femme, fit Crovax comme s’il pénétrait ses pensées. Si délicieuse. Je me demande quel goût a son sang… Pas toi ? L’homme lui jeta un regard vicieux et Raziel sentit bouillonner la colère qu’il n’avait jamais ressentie jusqu’alors. Certes ce n’était pas la première fois que quelqu’un menaçait Yuya mais c’était bien la première fois qu’il voyait son propre reflet complètement diabolisé, faire cette promesse. Cela en devenait insupportable. Il se mit à se haïr et à haïr l’homme qui le châtiait. - Tu tentes encore de te relever ? Abandonne. Cette jeune femme que voici est un point faible pour toi, et j’exècre la faiblesse, pour me battre tu dois t’endurcir. Je vais de ce pas te conduire à la route de la puissance…en offrant l’âme de Yuya à Hadès ! |
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hrp Désolé du retard je n'ai pas pu faire vite. Les évenements relatés ici remontent à deux ou trois semaines. Désolé du retard /hrp
Crovax lança à Raziel un regard empreint d’une pitié profonde. L’immortel qu’il était avait du mal à saisir ce pourquoi le vampire résistait. Cette femme ? Quelle douce ironie elles étaient si nombreuses. Que représentait-elle pour lui ? Une faiblesse, se dit-il immédiatement, faiblesse qu’il allait effacer. Sa main se dirigea lentement vers son anneau de vision, et l’air sembla se cristalliser en un maelström de magie et de puissance. - Laisse moi te renforcer Raziel… laisse moi effacer tes faiblesses ! - Non… je t’en supplie ne la touche pas… Le vampire sanglotait. La pitié de Crovax se transforma en mépris. Etait-ce donc ce que Ténèbre avait fait de son clone ? A quoi bon sacrifier une partie de son essence si c’était pour arriver à un projet si fade. Il se rappela du pacte qu’il avait scellé il y a plusieurs années avec cet homme sauvage venu d’un autre monde. En échange d’une partie de lui, Ténèbre aurait propulsé les recherches de Crovax à leurs fins : la création du parfait rival. Mais en y regardant de près, cet homme qui pleurait n’avait rien d’un rival, juste une pathétique coquille vide. Tout ce qu’il pouvait faire était lui ouvrir les yeux, en l’épurant de tout sentiment. Ses doigts se crispèrent. - Qu’elle meurt. - Arrête. - C’est inutile, assieds toi et regarde cela ne prendra qu’une seconde. Crovax réaffirma sa prise sur le vampire d’une seule main, le clouant totalement au sol. Mais soudain, le corps entier du vampire sembla habité d’une nouvelle force, les doigts du bourreau tremblèrent : c’était l’incontenable force de la rage. Crovax sentit peu à peu son emprise diminuer. Il déporta la totalité de son étreinte mentale vers le vampire, son pouvoir afflua comme un raz-de-marée gigantesque, sa puissance vibra comme un torrent de fureur. Mais ce n’était pas suffisant. Le raz-de-marée fut étouffé par un brasier, le torrent suffoqua sous les flammes de la colère. Le sort céda dans un bruit de verre qui se brise, annonçant le prélude d’un combat sans précédent. En une fraction de seconde, Raziel était debout. Il lança un seul coup, mais si puissant que, à ses yeux, il aurait pu jeter un dieu à terre. Crovax ne mit même pas un genou au sol. Certes, son propre visage cracher un flot de sang qui bruina le sol par rafales, mais cela était tout. Le vampire pensait alors avoir gagné. Il ne comprit son tort que quand son corps ne fut que douleur, allant violemment à la rencontre d’un pilier, l’explosant en trois parties différentes. Il hurla par lui-même, ses sens l’accompagnèrent et ils entamèrent un requiem de douleur où le vampire et le mal qui lui creusait désormais les reins fredonnaient à l’unisson. Raziel n’avait même pas l’arrogance de dire par où le coup était parti. Il n’avait même pas l’arrogance de dire si c’était un pied ou un poing qui l’avait fait voler comme s’il n’était qu’une poupée de chiffon. Mais il avait l’arrogance de dire qu’il n’était pas encore mort. Il se releva avec difficulté, ses jambes étaient flasques et refusaient de porter leur possesseur. Il supplia à nouveau son corps de tenir le coup, il pensa à Yuya et cela lui permit d’au moins tenir debout. Là encore, il espérait qu’il aurait une chance de victoire. Mais ses espoirs furent annihilés par la seule vue de Crovax, qui essuyait sa blessure distraitement, comme lui-même l’aurait fait. - Quelle force… quelle force ! C’est ce que j’espérais en secret… Et dire que tu n’es que l’ombre de toi-même… Le travail de Ténèbre est encore plus élaboré que je ne le pensais. Ca m’a presque fait mal. - Si tu ne souffres pas…je... je peux te faire souffrir !! Raziel ânonnait. Il n’avait plus aucun souffle, plus aucunes forces. Il le savait, mais s’il ne la défendait pas Yuya…. - Ne sois pas stupide !! Ton poing a été plus parlant que tu ne l’as jamais été. Je viens de comprendre. Cette femme est loin d’être ta faiblesse, elle est ta force. Survis Raziel, je veux connaître jusqu’où vont tes limites. - Je ne te laisserais pas vivre une seconde de plus ! hurla le vampire avec le peu de forces qui lui restaient. - Mais c’est bien ce que j’espère Raziel, je constate que je ne t’es pas souscris à l’étreinte d’Hadès pour rien. Tiens voilà mes cadeaux, la vie et l’épée, les deux sont mêlées, débrouilles-toi pour en assumer les conséquences. Ses paroles furent à peine achevées qu’une douleur fulgurante saisit Raziel à la poitrine. La pression était terrible, impossible à éviter. Raziel mit un genou à terre, puis deux. Il hurla sa douleur en relâchant la tête en arrière. Il voyait le marbre blanc qui s’étendait largement sur le plafond. Sa vue se brouilla, et supporté par un cortège de douleur, le plafond blanc se transforma en un ciel nocturne et noir, taché d’étoiles scintillantes. Il avait quitté le marbre et avait retrouvé un autre endroit. Mais la douleur ne le quittait pas. Elle le dévorait de l’intérieur, semblait ronger ses os. On aurait dit qu’un monstre l’habitait et ne demandait qu’à sortir. Il se griffa violemment le torse, arrachant ses vêtements comme si le contact de l’air frais voyageant sur sa peau l’aurait délivré du mal. Mais ce ne fut pas le cas et la douleur redoubla d’efficacité. C’est alors qu’il réalisa où il était vraiment. Ses gantelets d’acier noir, qui couvraient ses mains comme du cartilage, ne lui étaient pas inconnus. C’était ceux d’un corps qu’il avait quitté jusqu’alors au profit de l’âme d’un jeune homme. Celle de Sahan Kido. Il avait réintégré son corps. Son esprit fouilla à l’intérieur de l’âme et il trouva Sahan hurlant de douleur. Il ne savait pas comment ce miracle était possible, mais il savait qu’il ne laisserait personne mourir ici. Il demanda à son corps la force, et celui-ci lui répondit. Sa main se referma sur l’air à quelques centimètres de son torse. Il se concentra tant et si bien que de grosses gouttes de sueur coulaient sur son corps entier. Une sorte de lueur violette naquit du néant et s’étendit avec une forme longue et si singulière pour le combattant que Raziel était. La garde d’une épée. D’abord translucide et violette comme l’aurore boréale du lac de givre, la garde sembla se solidifier en puissant sa force dans les brises naissantes et l’obscurité omniprésente. Puis Raziel sentit que sa main ne serrait plus de l’air mais bien la garde d’une arme. Les contours de l’épée se dessinaient sous les coups de pinceaux d’un étrange peintre magicien. Le pommeau, la protection, le tout naissait du néant, d’abord de manière spectrale pour déboucher sur la réalité. Il réalisa alors d’où venait la douleur. La trajectoire qu’empoignait la lame ne laissait aucun doute. Elle lui traversait le corps et bien qu’invisible la douleur était fulgurante. Il se devait d’extraire cette arme de son corps, pour sa propre survie. Le vampire commença alors à retirer l’épée de son corps. Doucement. Pendant que celle-ci coulissait lentement, elle se faisait plus réelle. Et la présence de son sang sur cette épée d’une blancheur écarlate lui confirma qu’il avait raison. L’arme par un procédé inexplicable lui avait transpercé le corps de part en part. L’extraction prit des proportions d’éternité alors qu’elle ne dura que quelques secondes. Le vampire força et il sentit son corps entier se libérer d’un poids. Il resta un moment anéanti sur le sol, puis son regard se tourna vers sa nouvelle arme. Ses yeux s’agrandirent comme des soucoupes. Cette épée... Impossible!! -Non, murmura-t-il cela ne se peut!! |
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HRP/
Comme d'habitude, tu ne démérite pas... En plus tu as su décrire parfaitement des scènes que je ne connaît que trop, ton sens du détail est grand.... Parfait, tout simplement... |
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Ses mouvements se firent tremblants et son regard hésitant. Mais rien ne pouvait le soustraire à la vérité, tout doute était depuis longtemps oublié. La silhouette de l’épée se dessinait sous le regard de Nyx la déesse de la nuit. Elle avait la taille et l’épaisseur d’un homme maigre.
Son acier avait pris la couleur froide et noire du serein excepté le double tranchant de la lame, ciselé et aiguisé à la perfection, qui lui était nuancé par un blanc éclatant, la luminosité aveuglante de milles étoiles. La pointe de la lame s’échevelait comme un harpon, ses contours d’acier étaient dénivelés de telles façons que le corps de l’arme ressemblait à un gigantesque serpent qui se tortillait et qui ne prenait fin qu’à la garde. A chaque seconde, on voyait apparaître des éclairs noirs qui fourmillaient sur la lame, éclairs que Raziel devinait d’origine magique. Le manche semblait être la plus étrange partie de toute l’épée. Il était taillé dans un ivoire blanc que Raziel n’avait jamais vu jusqu’alors ; il était strié de rayures noires comme celles que les cerberus, ces animaux sauvages, arboraient bien souvent à leur flanc. Mais le plus intriguant restait le pommeau qui la sous plombait. Totalement translucide et faite dans une matière légère mais que le vampire devinait résistante, il était profondément ancré dans la garde et avait la forme d’une larme. Un soupçon de liquide vermillon dormait à l’intérieur et Raziel écarquilla les yeux quand il réalisa avec appréhension que c’était du sang. Et enfin comptait la présence… La présence seule de l’épée comme si elle était devenue vivante, qu’elle vous observait chaque seconde et la certitude qu’il ne pourrait plus jamais se sentir seul dans qu’il porterait cette épée à la main. Du sang coulait toujours de la lame. Les gouttes qui pleuvinaient sur le sol entamaient une mélodie lugubre et dérangeante. Raziel aimait ce son, il évoquait pour lui la soif, la passion dévorante de la chasse. Soudain un bruit retentit, un bruit de succion horrible et dégoûtant, comme si quelqu’un buvait bruyamment quelque chose sans se soucier des autres, quelqu’un ou quelque chose… Le vampire lança un regard plein de doutes et d’une appréhension qui était amplifiée par la certitude à sa nouvelle acquisition. Le sang qui coulait sur sa lame, son propre sang, avait totalement disparu. Il s’était infiltré dans l’épée comme l’eau nourrit la terre et stagnait maintenant dans la larme transparente où le rouge écarlate de ce délicieux élixir s’écoulait paresseusement. Voilà donc quel était le cadeau empoisonné de Crovax. Une épée vampire… Raziel avait hâte, hâte de découvrir les pouvoirs de cette arme, hâte de la mettre à l’œuvre et finalement hâte de s’en séparer. Cette lame maudite ne lui promettait rien de bon mais l’amour du risque le poussait à aller plus loin et ce fut pris entre le feu de la curiosité et du désir qu’il resta indécis. Mais la puissance étourdissante d’un sort déchira la nuit. L’éclair de feu se propagea en un maelström inassouvi qui sembla emporter une partie de l’obscurité du soir ainsi qu’un peu des forces du vampire. Raziel frémit à peine, c’est tout juste s’il ressentait la douleur. Une détermination froide et glacée avait naquis de ces traits. Raziel plongea le regard aux alentours. L’obscurité ne le dérangeait pas car il était ce qu’il avait toujours été. Ses pupilles se dilatèrent au maximum, réduisant l’iris à un maigre anneau d’un noir presque similaire. Ses yeux étaient devenus ses mains et exploraient le monde pour lui. Ils étaient capables de capter les plus minuscules particules de lumière qui auraient été invisibles pour un mortel normal. Il voyait très distinctement l’elfe, caché selon lui, dans l’arbre et qui préparait un second sort. L’éclair partit et l’elfe profita du choc installé par le premier coup pour se déplacer d’un autre arbre. Il avait de l’entraînement et un grand talent de magicien. Mais la puissance de son mana n’était pas suffisante pour entailler la vitalité de Raziel et couper court à sa soif de sang et de curiosité meurtrière. L’elfe banda son arc dans un craquement significatif qui révéla au vampire sa position. Il tira sa flèche avec dextérité mais la force était loin de suffire. Raziel l’attrapa au vol et la cassa en deux. L’elfe n’eut pas le temps de se remettre de sa surprise que Raziel fondit sur l’arbre et l’escalada en un temps record. Il saisit son agresseur à la gorge et l’envoya brutalement au sol. Celui-ci tenta de se relever mais il fut trop lent. Raziel était furieux et sa nouvelle épée semblait comprendre cette fureur. Elle s’abattit une fois en un puissant coup verticale qui morcela son corps de la clavicule jusqu’à la hanche, le barrant d’un trait diagonal et si profond qu’il mit la chair et les os à nus. Obéissant à la volonté et à la dextérité de son maître, l’épée pivota entre ses doigts et la frappe se transforma pour viser l’autre clavicule, réitérant ce coup maudit. L’elfe hurla la douleur alors qu’une marque écarlate et cruciforme avait pris naissance sur sa poitrine. Le vampire planta son épée en plein centre de ce croquis improvisé dans le sang. Le coup traversa la chair et le bois tendre de l’arbre derrière lui, cloutant son ennemi sans lui laisser aucune chance de fuite. Puis il fit tourner la lame pour mieux élargir la plaie et faire couler le sang. Aucune pitié, juste la froideur et la méchanceté. Raziel regarda l’elfe qui hurlait sans cesse. Il semblait avoir déjà été blessé par trois flèches vu les marques qu’il portait. Mais Raziel ne s’en soucia pas. Il attrapa sa mâchoire d’une main la broyant allègrement. Ses crocs grandirent, ses yeux flambèrent et il porta son ultime attaque : ses canines s’enfoncèrent sans douceur dans la chair. Le sang gicla de la blessure et inonda sa gorge et pendant qu’il se rassasiait son arme faisait de même. L’elfe sembla alors perdre toute vie, il avait une pâleur maladive, rien d’étonnant car on l’avait drainé de tout son sang. Raziel saisit le manche de son épée et la tira d’un coup sec, permettant au corps sans vie de toucher le sol et de subitement disparaître. Le vampire poussa un soupir et jeta un regard au pommeau de l’épée. La larme était complètement remplie maintenant, et à peine Raziel arriva-t-il à cette conclusion qu’elle disparut dans une gerbe d’éclairs… Etrange. Le vampire haussa les épaules et regarda ce qui restait de l’elfe. Une simple cape de voyageur. Vu que ses vêtements étaient complètement usés par sa précédente extraction il se servirait de celle-ci pour se couvrir. La cape avait une odeur particulière qui rappelait les grandes forêts de jadis. Elle était signée du nom de son porteur : Dgiroo des Tradss. Raziel fit une chose qui ne lui ressemblait pas. Il pria pour la mort de celui qu’il venait de tuer puis s’en alla. Raziel était un nom trop connu sur Olympia et plus que personne le vampire avait besoin d’être reconnu inconnu. Il allait changer de nom. Et surtout il allait retrouver Sahan et… Yuya. La voix de Crovax, son ennemi, résonna une dernière fois comme venu de nulle part - Tu me trouveras bientôt sur ta route… |
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hrp/ juste ... génial ![]() |
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