Legends of Olympia : L'Ode Mythologique - Le chemin de la rédemption
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Le chemin de la rédemption
Topic visité 3 fois
Dernière réponse le 20/05/2004 à 11:34

geant Par Tëtram  le 01/01/1970 à 01:00

Tetram s’avança doucement des fourrés où il aperçut l’Ennemi dont El groom lui avait parlé… La tension des combats qui eurent lieu quelques heures plus tôt était encore dans l’air… Tetram décocha aussi rapidement qu’il pu, se protégeant de tout danger.

Il était loin d’imaginer qu’il faisait une grave erreur…

Ses instincts avaient été plus forts que sa raison, car il avait frappé avant d’engager toute discussion. Il se rapprocha vivement pour voir qui il avait blessé. Il reconnut un elfe de la Lothlorien et avant de pouvoir réagir… il fut figé dans un bloc de glace.

Quoi de plus normal que de se défendre…

Le géant ne chercha pas à briser sa prison de glace et resta là un moment, à réfléchir sur ce qu’il venait de faire… Le sang n’avait que trop coulé autour de lui. Il fallait qu’il réagisse. Il fallait qu’il s’éloigne des champs de batailles…

Il saisit l’occasion pour partir sur les routes qui le mèneraient sur les terres qui l’avaient vu grandir. Il irait rendre visite à ses amis de Quathar, et puis irait vers le Grand Nord et peut-être même jusqu’à l’Out-Land…

Tetram, furieux contre lui-même, brisa son arme. Il venait de détruire le seul vestige de sa famille, de son passé. Mais c’était bien peu face à la promesse qu’il avait faite à sa fille et qu’il avait faillit brisée… Il réalisa ce qu’il venait de faire… Déposant son arme, il partit, ne laissant qu’une courte missive fichée dans le sol à l’aide d’une flèche.

« Désolé pour cette erreur, j’ai simplement voulu venir en aide à un ami… Si j’avais pris le temps d’ouvrir le dialogue, je t’aurais reconnu comme allié et non comme ennemi. El groom entendra de mes nouvelles, même si cela ne doit pas t’être d’un grand réconfort. J’espère que tu réalises que c’est l’erreur d’un homme et non celle de Sigdil ou de l’AGIR. Puisses-tu me pardonner.

Signé : Tetram »



geant Par Tëtram  le 01/01/1970 à 01:00

Le temps de la guerre était finie. Même si la guerre ne peut être vaincue, la paix peut s’imposer en termes de compromis et de traités. Quel dommage que la paix doive être gagnée et méritée, alors que la guerre nous est naturelle…

Je décidais de partir en pèlerinage plus tôt cette année, pour rendre visite à quelques amis de Quatar. Azash m’avait proposé de venir et je ne pouvais refuser. D’autant plus qu’une légende de mon peuple s’y trouvait également : Dark Samor. Il me semble l’avoir rencontré, mais je ne me rappelle plus en quelle circonstance…
Je profiterais également du voyage pour rendre mes hommages à sa femme Lafht, qui nous avait fait l’honneur de sa présence en Sigdil, ainsi qu’à la Princesse Haeldra.

Ainsi, je partais pour mon long périple. Je passerais par Quathar, j’irais me présenter devant les Tulamor et je franchirais l’Out-Land, pour finalement retourner chez moi. Et prier en mémoire de mes parents, comme chaque année depuis 75 ans.



Alors que les elfes étaient repartis pour leur forêt, je passais non loin de Lardanium quand je l’aperçu. D’une taille impressionnante, c’est son aura qui m’a le plus interpellé. Foulant le sol des Olympiens, ce personnage ne sembler craindre personne, ni ne devoir quoique ce soit. Il émanait de lui l’assurance du vétéran et la sagesse des anciens. Une étrange lueur tendre se reflétait dans ses yeux. Suivant son regard, je vis une petite et majestueuse elfe, perdue dans l’ombre du Dieu.
Devant mes yeux de géant se perdaient Zeus et sa femme, Haeldra. Je n’osais déranger le couple. Je pensais que la Princesse Haeldra préférait préserver ce moment d’intimité, si rare. Sa dague attendrait.
C’est pourquoi je passais sans bruit, à côté d’eux. J’étais sûr que Zeus avait senti ma présence, mais il ne fit, ni ne dit rien. Plus loin, je rencontrais enfin les retardataires de l’AGIR. Je vis Mastok et la plupart des Gardiens regroupés. Quelle allure tout de même !

C’est alors que l’impensable se produisit.

Un géant qui avait parasité notre groupe venait de tirer sur l’elfe. La guerre était finie. Et pourtant… Pourtant, sa soif de sang le rongeait encore. Alors quand il aperçut une elfe si proche de la capitale des Olympiens, il tira. Le pire, c’est que les géants les moins expérimentés, ceux qui venaient de vivre leur première guerre, tirèrent pour se défendre. Un cri de guerre en appelant un autre, aucun des Gardiens et pas même notre Gardien Sacré ne purent ordonner l’arrêt des hostilités avant que l’irréparable ne soit commis. Ils avaient agis par réflexe. Un réflexe de sang.

Zeus regarda la scène, comme s’il en était le spectateur unique et privilégié.

Baiser inachevé, larme perdue dans l’air,
Désir meurtri de flèches, solitude annoncée,
Appel muet, silhouette tombant à terre…


Je me précipitais sur le géant qui avait tiré en premier, mais c’était trop tard.
Certains de nos actes sont, dit-on, écrits dans les étoiles, gravés par quelque Dieu aveugle et sourd à nos prières.
Zeus lui-même n’avait pas prévu que telle erreur puisse être faite. Trop sûr de lui peut-être… Ou alors trop confiant dans le peuple géant. Il enveloppa le corps de sa belle dans un halo de lumière dorée, la laissant disparaître dans un crépitement d’air chaud, la mettant à l’abri de ces fous mortels…
Zeus ne prononça mot. Il chercha du regard les coupables et s’arma de ses redoutables éclairs. Le Dieu tua le malfaiteur, non pas par vengeance, car rien ne pouvait défaire son crime, mais pour faire un exemple.

Tout se passa si vite que bientôt je percevais l’appel d’un de mes compagnons. Mon vieil ami nain, Paurtnawak, s’était joint à moi pour escorter Rowen. L’ambassadeur elfe devait être ramené sain et sauf auprès de son garde du corps et ami. Au vu de mes dernières actions, je ne pouvais qu’accepter cette mission.
Il fallait que je me rachète, auprès du peuple elfe sinon auprès d’Elrond. Ainsi donc, nous filions au Nord de Lardanium pour y retrouver Traag et Rowen.

A peine avais-je Traag en vue qu’il me faisait signe de tirer sur un nain. Me rapprochant, j’entendis le nain souhaiter la mort de l’ambassadeur, déjà blessé par ce féroce combattant. Sûr de ne pas faire d’erreur, je jetais sur le nain deux de mes pierres, ramassées en chemin. Ne possédant presque pas d’armure, il accusa le coup mais se tint prêt avec son énorme hache, au manche rougis du sang de ses victimes… Orphée nous aida en projetant dans le ciel une pluie de flèches, pour finalement laisser Rowen se faire elle-même justice.



geant Par Tëtram  le 01/01/1970 à 01:00

- Crois-tu au destin, Paurt ?
- Nan, c’est un moi qui décide qui je suis, c’qu’je fais et avec qui ! Pourquoi cette question profonde et intéressante ?
- Bah, je m’disais que si j’étais pas parti pour mon voyage, on serait pas passer par là. Et donc, on n’aurait jamais rencontré les nabots qui sont devant nous…
- Qui c’est qu’est un nabot ? Hein ?
- Ecoute. Toi, tu es un honorable nain, mais dans ton peuple, je te rappelle qu’il y a des fanatiques, un peu barré du ciboulot, qui veulent exterminer les géants…
- Ah, ouais, ça… Boaurf, à part un ou deux ces que des lopettes !
- Bah, tu vas avoir l’occasion de leur dire.
- Où qu’sont les inconscients ?
- DEVANT ! Si t’écoutais un peu !
- Ok… gueule pas comme ça.

Les massacreurs, malgré leur manque d’expérience, identifièrent le cri comme appartenant à un géant. Ils accélérèrent le pas… voulant enfin pouvoir faire valoir leur titre de massacreurs de géants… Parce qu’on aura beau dire, mais ils parlent plus qu’ils ne tuent.

- ‘Tain, c’est malin, ils nous ont entendus.
- Si t’étais plus discret, on aurait pu leur tendre une embuscade… J’aurais fait des pièges, pendant que tu creusais la fosse, on aurait mis des pics… Et puis on les aurait enterrés vivants et puis…
- Mais t’as pas bientôt fini tes âneries !
- Ecoute môssieur-chuis-pas-discret, c’est de ta faute !
- Mais c’est pas vrai d’être aussi …
- Chut !!

Silence de dix secondes

- Quoi ?
- Non, rien, c’est mieux c’est tout…

S ‘en suivit une petite dispute, à peu près amicale, que l’arrivée des massacreurs ne perturba pas…

- Regardez, un frère nain qui se bat contre un géant !
- Allons le tuer !
- C’est pas mon frère, chuis fils unique…

- (Ils sont là)
- (J’ai vu)
- Alors les p’tits gars, il paraît que vous vous en prenez aux géants… On peut savoir pourquoi ?
- Répondez vite, j’ai une subite envie de vous raser la barbe…à coups de hache !

- Bah, c’est un géant… Il est grand alors … euh… Et puis j’aime pas les géants !
- Allons le tuer !
- Ca doit pas être très pratique une hache pour raser la barbe…

- Mouais, c’est une bonne raison… pour se défendre ! Allez qui aura le courage de me frapper le premier ? Je vous préviens, ce sera aussi le premier à goûter de mes pierres !
- (C’est trop naze comme remarque… Si tu voulais leur faire peur, c’est raté.) On est un peu pressé, alors si vous pouviez vous décider vite…

- Hum, là maintenant ? Mais on est que 3 et vous deux, c’est pas équitable… Il vaudrait mieux qu’on attende les renforts…
- Allons le tuer ??
- Mais non, c’est Zhora qui croit qu’on mange des pierres, mais en fait, c’est pas vrai… Les femelles sauvages, ça connaît rien aux nains…

Après dix minutes de discutions les nains décidèrent de continuer leur route, d’autant plus que l’un des leurs avait rencontré un humain…armé d’une sorte de fronde qui ne tournait pas et qui laissait de jolies traces sur l’armure du nain. D’abord interloqué, il courut se réfugier dans un bosquet non loin, mais l’humain était bon tireur...

- Bon, Rowen est partie au sud avec Traag… Tu m’accompagnes toujours ou tu l’escortes ?
- Boarf… je vais venir. Je pense que t’auras b’soin de moi pour te protéger…Héhéhé !
- Mais non, je peux très bien…AAAAArggh… QUI A OSE ME FRAPPER DE DOS ?
- Lui.

L’attaquant, dont la barbe n’arrivait même pas au nombril se carapatait déjà, pour rejoindre un groupe de nains, plus au sud. Avant qu’il ne soit hors de portée, Tetram ramassa des pierres qu’il expédia de toutes ses forces. Des bruits métalliques lui indiquèrent sa réussite…

- Traînons pas, Quatar, c’est pas à coté…
- Ouvre la marche peti.. pétillant compagnon !




geant Par Tëtram  le 01/01/1970 à 01:00

Après quelques échauffourées avec les autochtones locaux, nous prenons le temps d’admirer, Paurt et moi, les fabuleux décors qui ont été témoins de nos combats. Même si une certaine distance nous sépare, nous goûtons à la même chose : l’amertume de la défaite.

La Lune qui prit la peine de se lever ce soir-là fut témoin d’une bien étrange danse.
Une danse macabre.


Les lames s’entrechoquaient, criant leur rage, leur soif de sang. Voulant sauver une vie, le géant pris la mesure, et se jeta dans le cercle, ajustant ses pas à ceux des nains.
Sans doute n’avait-il pas tout compris ou peut-être lui avait-on donné des informations erronées. La surprise le frappa, mais pas aussi durement que l’acier nain. Encerclant le géant, ils formèrent un cercle de mort, emprisonnant le géant dans leur gigue meurtrière et le forçant à se plier à ce rythme endiablé. Désorienté face à cette situation tout à fait particulière, le géant accusa les coups sans savoir quand son tour viendrait.

Ses coups, rapides et précis comme l’imposaient les nains, trouvèrent leur cible, le chef d’orchestre de cette bande. Cependant, les nains, mus par une volonté commune, ne semblèrent pas s’inquiéter de ce mouvement que le géant aurait voulut impressionnant. Le combat semblait réglé sur du papier à musique. Le tempo retomba pour marquer cet instant de gloire.
Maintenant, chaque coup avait un poids et une force qui par leurs seules existences renforçaient ces moments d’horreur, ces silences.

Leurs pas foulant le tapis de feuilles automnales, le contre chant des oiseaux, le sifflement de l’acier dans l’air frais du soir, les battements de cœur…

La sinistre sonate touchait à sa fin… le final devrait être à l’image de l’ouverture : sanglant.


La note finale, telle une guillotine, tomba sur mon souffle, le coupant net.
Ainsi, après le tumulte des trois ténors, succéderait le silence de la mort…



geant Par Tëtram  le 01/01/1970 à 01:00

Qu’il est loin le chaleureux foyer des Samor.

Leur haute tour nous avait ouvert les bras et nous avions été reçus comme des rois.

Le gibier chassé par Dark Samor et cuisiné par sa douce femme, Lahft, nous fut servi avec de la bière fraîche et des légumes ! Paurtnawak et Tetram n’en avaient plus goûtés depuis au moins huit semaines… Ils se régalèrent et remplirent leurs assiettes encore et encore… Lahft a même du craindre de devoir entamer ses réserves hivernales tant le nain et le géant avaient de l’appétit !

Chaque chose en Quatar les émerveillait, les ravissait.
De la haute tour surplombant la vallée, jusqu’à la profonde forêt qui jouxtait leur domaine.
Quelle vue ils avaient du haut de cette tour ! Elle semblait s’étirer vers le ciel et parfois disparaissait dans un bas manteau nuageux.
A tel point que les deux compagnons crurent, en arrivant à Quatar, que cette tour était en fait un escalier menant à la demeure des Dieux…

Mais Quatar n’était qu’une étape. Une marche vers un ailleurs, un simple passage. Les adieux furent brefs car nul ne doutait de se revoir bientôt. Seul Az-ash avait manqué au rendez-vous. Il devait encore être en train de remonter les bretelles à un elfe, quelque part sur Olympia…

Le lendemain, les deux voyageurs avaient repris la route, les laissant l’un avec un brin de jalousie, l’autre avec une pointe de regret. Tetram aurait voulu que sa tour soit aussi haute que celle de Dark et Lahft… et Paurt avait trouvé la porte de la forge d’Az fermée. Porte imposante, mais faiblement ouvragée. Il émanait d’elle une aura implacable, une sorte de respect par sa taille précise et les énormes runes qui flanquaient chacun des battants. Mais une porte qui resterait close à tous sauf à son Maître…


Deux jours plus loin… Une terrible explosion de lumière déchira la nuit naissante, semblant vouloir percer la voûte céleste.

Le cratère était sous les yeux des Sigdilites. Un cratère là où aurait dû se trouver une montagne…

Ils apprendraient bientôt quelle terrible puissance avait été mise en œuvre ici.
Les arbres avaient été déracinés sur des kilomètres. Nul trace d’animal, nul son, les nuages eux-mêmes semblaient éviter cet endroit. Ce caveau éternel.

Ils amorcèrent la descente vers le centre du cratère, parmis les gravas pulvérisés et les éboulis de roches rouges, noires et grises. Au centre il devait y avoir quelque chose.
Parmis ce paysage plat s’élevait des colonnes de granit. Polies et sculptées en leur sommet, elles retrouvaient une taille grossière en leur centre et semblaient se fondre au sol. Ces piliers semblaient être sortis de la roche, taillés à même le sol. Mais tous deux savaient cela impensable. Les piliers faisaient au moins quatre fois la taille du géant… Qui avait bien pu élever un tel édifice en si peu de temps ?
Les roches formaient un cercle autour d’un point de lumière qui filtrait des colonnes et qui illuminait le cratère sur une centaine de mètres. Bien qu’elle leur parue froide au premier abord, plus ils se rapprochaient plus la chaleur augmentait. Plus ils s’entêtaient, plus la lumière se faisait vive… Comme si une force voulait les repousser. Ils continuèrent jusqu’au moment ou des brûlures apparurent sur leur corps, sans endommager leurs vêtements ou leurs rations. A chaque pas, la chaleur se faisait plus intense…

- Il faut qu’on arrête Paurt ! Ma première impression était bonne. C’est un tombeau ! Tu ne vois pas que tout ici semble mort ? La lumière n’existe que par c-ce point..argggh…
- NON ! ON CONTINUE ! JE DOIS ETRE SUR ! JE DOIS VERIFIER !

Tetram savait de quoi parlait Paurtnawak, sans avoir eu à en parler. Un étrange tintement s’était fait entendre à mi-chemin, comme pour confirmer à d’éventuels curieux assez fous pour arriver jusqu’ici que quelque chose les attendait. Et ce quelque chose n’était pas étranger à nos deux voyageurs. Une seule fois avaient-ils entendus ce son de cloche cristallin, ce cri de l’âme…
Seul Pandora avait produit un son si pur… Tous deux l’avaient perçu lorsque Az-ash avait forgé l’alliance d’Idril et celle de Rincewind.


La lumière se fit feu.
Le silence se fit crépitement.
L’air se fit montagne.
La douleur se fit cri.

Parmis ce maelström de puissance, deux êtres déterminés avançaient tant bien que mal. Une seule obsession : savoir si c’était le tombeau de leur ami. Un seul moyen de connaître la vérité : s’approcher.
Ils avançaient chacun avec leur propre réserve d’énergie et faiblissait à chaque pas, lorsqu’un elfe, nimbé d’un halo vert-émeraude s’approcha lentement. L’effort se lisait sur ses traits, mais sa marche semblait plus assurée.

L’elfe se mit à leurs côtés, et sans qu’un mot ne soit prononcé, tous les trois se retrouvèrent dans ce halo. Ils sentirent une force en eux s’élever et se modeler au fur et à mesure de l’incantation de l’elfe. Le halo se tinta de rouge et d’argent. Tous les trois avaient uni leurs ultimes forces pour faire les quelque vingt mètres qui leur restaient à parcourir pour arriver au centre du cratère…
Après ce qui leur sembla une longue traversée du désert, ils n’étaient plus que pantins ballottés par les courants magiques.

Finalement ils vainquirent.

Quoi ? Qui ?
Ces réponses ne viendraient sans doute jamais. Ne les intéressaient pas.
Le nain et le géant voulurent remercier l’elfe mais celui-ci resta muet et, la tempête calmée, s’éloigna cérémonieusement, le visage gris et triste.

Paurt se traîna près des colonnes. Qu’il paraissait minuscule à côté de cet édifice brut, façonné par des puissances telluriques qui les dépassaient tous.

Il laissa sa main glisser sur les pierres acérées et y laissa de son sang.
Il laissa son regard tomber dans le puits et y laissa de son âme.


Au centre de ce puits, qui semblait rejoindre le feu des Anciens, brillait un marteau, suspendu sur un autel éthéré. Paurt resta sans voix. Sans larme. Car si Az-ash en avait eu assez de la vie, il le savait assez méritant pour rejoindre le Panthéon des Dieux. Ou assez têtu pour s’accrocher à la vie si tel était son désir. Dans tous les cas, Az-ash resterait vivant dans les esprits et dans les cœurs d’Olympia.

Paurt revint vers Tetram qui regardait l’elfe prier à quelques mètres de là. Il avait bien plus souffert que le nain des flammes et était resté assis en attendant son compagnon.
Le forgeron posa sa main épaisse sur l’épaule du géant qui comprit ce geste. Il se leva et fouilla dans son paquetage. Il en sortit une très vieille bouteille, cadeau des Samor.

- Je ne pensais pas trouver de grande occasion de l’ouvrir de si tôt…
- Y en aura-t-il jamais de plus grande ?

Tous deux s’approchèrent du marteau. Ils burent chacun une bien longue gorgée de cet antique cru et lancèrent le reste dans le puits ; où ils espéraient qu’un vieux nain forgeron, prétentieux, fier et sincère serait tiré de son long sommeil par une bouteille trois fois centenaire lui tombant sur le coin la caboche…

Ils ne voulurent pas s’attarder d’avantage. Paurt voulut parler à l’elfe, mais Tetram lui signala que celui-ci avait déjà entamé son rituel de deuil et qui valait mieux ne pas le déranger, qui qu’il fut.

Ils entamèrent la remontée de la douce pente sous une Lune qui semblait ne briller que pour Az… incarnation du Juste… Un nain qui ne faisait rien à moitié.



Chronique dédiée à Az-ash, Maître forgeron.



geant Par Tëtram  le 01/01/1970 à 01:00

Le froid matinal mordait le géant. Ses bottes usées n‘étaient plus que lambeaux de cuir. Ses pieds en feu s’écorchaient sur toutes les roches, toutes les racines.
Une fine couche de givre le recouvrait presque complètement. Il serait sûrement mort de froid si un tigre aux dents de sabre ne lui avait pas disputé son territoire. La peau de l’animal, mal tannée, sentait fort mais c’était bien le dernier souci du géant. Le froid ne le tuerait pas aujourd’hui, ni demain…

Au bout de plusieurs semaines, les vents puissants ne semblaient même plus s’intéressé à lui. Eux qui s’amusaient tant à essayer de l’attirer dans les gouffres sans fonds qu’il avait dû escalader… Il avait eu l’impression que les vents le poussaient, l’éloignaient de son but, se moquaient. Il ignorait quel Dieu Olympien maudire pour ces bourrasques. Alors il ne dit rien. Pas même une prière à Gaïa pour atténuer ses vents. Non, cette étape, il fallait qu’il la franchisse seul. Il concentra son pouvoir élémentaire avec difficulté, mais parvint à garder ses mains au chaud. C’était sa seule préoccupation. Si ses mains devenaient inutilisables, il ne pourrait pas se servir de son arc, ni escalader les parois abruptes qui l’attendaient patiemment à deux semaines de marche.

La neige tombait mollement, pluie de flocons lourds.

Au fil des jours de marche, de survie, seul sur sa route du pardon, il était redevenu un animal. Cela faisait déjà bientôt deux semaines, qu’il avait arrêté de penser comme un géant. Son auberge, ses amis, l’AGIR, la bière… tant de termes sans image, sans résonance. Il ne pensait qu’à avancer, à sortir de cette passe. La nourriture était un luxe, il essayait de ne pas y penser.
Se nourrissant de viande fraîche lorsqu’un animal osait braver l’Hiver, c’est à peine s’il s’arrêtait aux pieds de petits ruisseaux pour boire. Il se déshumanisait à chaque foulée, se transformant en animal déterminé, en volonté pure. Toute sa vie il avait attendu cette rédemption, cette vengeance. Tous les meurtres qu’il avait commis, toutes ces erreurs qu’il ne voulait –ne pouvait- assumer, il les lui avait mis sur le dos. Toutes ses pensées se tournaient vers Lui. Mais avant de pouvoir affronter le Destin, il fallait une arme à la mesure. Pendant qu’il descendait une vallée boisée et peu accidentée, il repensa à ce que lui avait dit son père…

« A chaque grand ennemi, il existe une arme. Un moyen de vaincre. Que l’on se batte contre la maladie, un mal d’amour ou un puissant guerrier, il y a toujours un effort à fournir. Rien ne semble être plus dur que de réussir l’impossible. Par essence, on ne peut réussir l’impossible. Les faits nous poussent à croire que nous sommes battus, que le combat ne vaut pas la peine de se jouer. Tout est déjà écrit… Mais comment être sur de quoi que ce soit avant d’avoir essayer ? C’est cela, l’impossible : s’imposer et se laisser imposer des limites. »

Tëtram ne réussira jamais à vaincre la créature qui avait mis en pièces ses parents… Non. Il ne le pouvait pas puisque son père était mort. Son héros était tombé... Jamais tu n’y arriveras. Il était faible et seul. Abandonne… Tëtram s’étonnait de continuer, de trouver à chaque réveil la force et la détermination d’avancer. Qu’espères-tu ?


Mourir mieux que je n’ai vécu. Pauvre fou, j’anéantirais tes amis les plus proches si tu oses venir à moi. Que m’importe tes menaces, c’est la peur que je sens. Depuis que je suis entré dans les terres du nord, j’ai ressentis quelque chose. Ainsi, cela venait de toi et non de moi.
Ma volonté m’a amené jusqu’ici. Je ferais ce que j’ai à y faire, quoi que ce soit. Un jour nous nous retrouverons et la boucle sera bouclée. Je n’en suis pas sûr, mais je pense que cela n‘est pas pour tout de suite. Mais n’aies crainte, je viendrais hanter tes rêves, et influencer un peu de ton destin. Fou que tu es si tu penses que seuls les Dieux en sont capables… Je ferais face. Chaque jour Gaïa m’aide à me rappeler. D’ailleurs, au bout de mon périple, là où les neiges se font éternelles, là ou l’homme se pose nu sous le regard des éléments, là ou même le son n’ose venir de peur de perturber l’équilibre et la pureté de l‘ensemble…en cet endroit dont on dit qu’il n’existe que pour le repos des morts… je redeviendrais Tristram… Que m’importe le nom de mon prochain déjeuner, tu as déjà rejoint les limbes, mortel !


Aveugle et sourd, j’avançais. Je me déplaçais au gré de vents moites et lourds. Mes pas ne faisaient aucun bruit.
Bientôt le feu. Bientôt la douleur. Bientôt la morsure.


Je savais que j’avais quitté la vallée boisée, mais j’ignorais ou je me trouvais. Un rapide coup d’œil au ciel, mais aucune étoile pour me guider. Je ne dois pas traîner, je dois survivre… Rester conscient et marcher. D’abord, trouver la neige, si blanche, qui ne m’avait pas quitté depuis mon arrivée dans les monts glacés. Mais les ténèbres restaient sombres et sourdes. Envahissante aussi puisque je semblais s’endormir…et devenir lui aussi obscur et froid…

Alors le feu jaillit, réveillant Tetram. Pure réaction d’autodéfense. Accord tenu entre un guerrier et son élément. Si l’un meurt, l’autre s’en trouve amoindrit.
Il gisait la tête en bas.
Pris de vertiges, il se releva doucement. Il avait du tomber et glisser, mais il ne reconnaissait pas l’endroit. Ce n’est qu’après qu’il remarqua l’énorme félin qui le fixait, médusé.
La bête avait un pelage blanc, des oreilles longues et pointues et un museau court. Elle l’observait depuis un monticule, mettant ses yeux au niveau de ceux du géant. La créature des neiges devait peser 600 kilos. Le géant remarqua que du sang coulait de la gueule de la créature, son cerveau remis les informations en place… et la douleur revint. La jambe du géant était meurtrie sur une quarantaine de centimètres, mordue profondément. Il toisa la bête et plongea ses yeux dans les cercles d’or qui ne clignaient pas. La douleur empêchait le géant de se concentrer, il ignorait ce que la créature allait faire. Alors il resta immobile. Son adversaire fit de même. Le sang continuait de couler de la jambe, dessinant un large motif carmin dans la neige.

Le jour se lassa de ce spectacle et alla se coucher, laissant la place à une Lune pleine de curiosité.

L’air pur portait loin les sons de respiration de l’animal. Une respiration calme, régulière, presque inaudible. Celle d’un prédateur. Tetram avait du mal à garder son équilibre et son calme, le sang avait fini par se transformer en sillon glacé, liant le géant à la neige. Le froid, il le ressentait, mais il le tolérait. Et la terre communiquait sa patience au géant.
Il ignorait combien de temps s’était passé depuis sa descente de la vallée, mais il en semblait bien loin.
Le prédateur ne bougeait pas. Etait-il seulement vivant ? Tetram fit mine de s’approcher, aussi lentement que possible. La créature cligna des yeux, figeant le géant.

Alors, comme au jour de leur rencontre et de biens des suivants, Tetram montra qu’il était digne d’être le maître…Sans lance, ni masse, combat d’agilité et de force, de ruse et d’instinct.

La Lune éclairait la scène. Le monde de Tetram se réduisait à un tapis de neige blanche, des ombres profondes et deux cercles dorés. L’attaque bondissante de la créature avait été fulgurante et renversa le géant qui avait fait mine de vouloir affronter un choc frontal. Roulant sur lui-même, il monta sur la bête et lui pris la gorge de ses puissantes mains. Battant l’air de ses pattes, les griffes trouvèrent les bras et les épaules du géant. Se reculant instinctivement pour ne pas se faire crever les yeux le géant offrit une ouverture à la créature. Elle glissa ses pattes arrière sous le géant et usa de toute sa puissance pour le projeter. Des racines se brisèrent en recevant le corps du géant. Tetram se releva et chassa la neige de ses yeux dans le même mouvement… mais ce ne fut pas suffisant. La créature attaqua une fois de plus en bondissant mais cette fois-ci elle mordit le géant au bras gauche, lui arrachant liens de cuir et cri de douleur. Le géant se savait trop faible, mais il continuerait de lutter pour mériter le respect.

Avant une troisième attaque, le géant lança de la neige à la créature qui esquiva sans difficulté. Mais elle se prit dans le piège du géant qui réussi à l’étrangler grâce aux lanières de cuir épais. Les coups pleuvèrent dans une longue minute, plus épuisante que la journée de marche forcée…

C’est la force de volonté de Tetram qui décida de son sort.
La bête avança en boitillant vers son maître, semblant baisser la tête, un signe de respect et non de soumission. Le combat était fini.
Tetram se souvenait maintenant de cet endroit. Il y a des années, alors qu’il faisait le chemin dans le sens inverse, dans cette clairière, il avait affronté ce félin. Ils avaient grandi ensemble pendant près de quinze ans et mourraient sûrement côte à côte. Le lien qui les unissait était de sang et de respect.
Il se demandait comment elle avait fait pour sortir de la cage… Paurtnawak avait pourtant fait du bon boulot. Bah, ça me fera de la compagnie, pensa-t-il. Il ne trouva pas la force de se relever. Il replia son bras brisé dans le « bon » sens et s’endormi à même le sol. Khorumy se mit tout contre lui, léchant sa patte cassée. Elle obéirait quelque temps avant de réessayer de gagner sa liberté. Elle attendrait au moins jusqu’à demain…

Ils repartirent tous deux, pansant leurs blessures à l’aide de mousses médicinales. Ils retrouvèrent un sentier de bûcheron, qui a défaut de se trouver sur une carte, se trouvait dans la mémoire du géant. Le lendemain, ils suivirent le chemin d’une mine abandonnée. Quatre jours plus loin, ils atteignirent le pied du Pic gris. Nommé ainsi à cause des nuages sombres qui dansent autour de son sommet. Ils le contournèrent par le flanc Est et rencontrèrent un troupeau de Yak. Tetram, d’ordinaire peu friand de cette viande fade et dure à manger, se régala… Il tua l’une des créatures avec son bras valide en lui tordant le cou et s’empressa de manger tout ce qu’il put. Khorumy avait fini le sien, mais il arracha quelques lambeaux de chair à la proie de son maître quand celui-ci lui en donna la permission.

Tetram avait regagné la confiance de son compagnon et il en était fier.



geant Par Tëtram  le 01/01/1970 à 01:00

Malgré tous ces périples, tous les obstacles rencontrés et vaincus, il était à l’heure.
Il ignorait encore avec qui, mais au moins Tetram savait-il que c’était le bon moment.

Il n’avait pas la culture du métal des nains, ni les connaissances des humains, dont les armes si étranges brillaient en pleine nuit… Mais, fils de géant, la gravure et la sculpture ne lui était pas étrangères.


Les cimes enneigées lui offraient le calme nécessaire pour réaliser son œuvre. Conscient de la difficulté de son voyage et des dangers encore à venir, il n’aurait qu’une seule chance.

Les deux mois suivants, il les passa à améliorer son art. Il gravait du bois, aussi dur que de la pierre, de la glace et des os. Immenses, ils impressionnaient le géant qui se demandait quelle créature possédait un crâne assez grand pour lui permettre d’y dormir et se demanda si il en restait un ou deux exemplaires en vie… Toutes ces interrogations se dissipaient jour après jour.
Il acquérait des automatismes et travaillait toujours plus vite. Son stock diminuait rapidement et il s’en énerva. Bientôt, il cassait des branches, brisait des blocs, et sa colère montait encore… Il avait l’impression que ses échecs et ses erreurs lui revenaient de plus en plus souvent en mémoire…
Ses coups se faisaient moins contrôlés, moins réfléchis. Ses erreurs se multipliaient toujours plus vite et toujours plus souvent…Excédé, il hurla.

Et ne reçut aucune réponse… pas même l’écho de sa voix.

Le sang lui chauffait les oreilles, il bavait presque de rage. Mais reprit son travail. Il fallait qu’il réussisse du premier coup.

Un jour, il sentit son sang se glacer. Ce n’était pas dû à une prise de conscience de l’immensité de cet endroit ou dû à l’un de ces vents, nés des cimes célestes, gonflés par leur descente vertigineuse. Non c’était une main, fine, douce et morte.
Tetram ne s’en inquiéta pas. Il était même réconforté de connaître enfin l’identité de celle qui l’avait suivit des semaines durant.
Khorumy était assis dans la neige, ne laissant voir que ses deux yeux dorés. Nulle agressivité ne pouvait s’y lire. La bête était comme emplie d’une sérénité que son maître ne lui connaissait pas. Elle approcha à pas de loup et baissa sa tête en signe de révérence. Tetram n’avait plus aucun doute, seule Elle avait un tel pouvoir sur les animaux sauvages…
Alors il se remit au travail, sa colère ne faisait pu trembler ses mains, elle canalisait sa concentration. Il portait à présent un regard détaché sur ses actes. Il devenait quelqu’un d’autre. Ou peut-être redécouvrait-il une partie de lui-même, un fragment du passé…

Alors que les gestes se faisaient précis et minutieux, là, assis sur le sol de glace, Tetram sculptait.

Mais il semblait écouter les conseils de quelque artisan virtuose. Ses gestes n’étaient plus les siens mais ceux de ces ancêtres… Avait-il tant progressé ? Passer un rituel de mèmnose seul…Seul Einrich et Mastok avaient réussi pareil exploit. Tetram aurait pu être fier de lui s’il s’en était aperçu… Sa concentration était telle qu’il en oubliait le froid, la faim, le temps…

Une superbe aurore boréale dansait dans le ciel. Les lumières multicolores tournoyaient et vibraient au gré de forces invisibles. Et les quelques personnes présentes si loin au Nord à ce moment là ont pu voir les Titans reliés par ce rideau de lumière et d’énergie.

Tetram sculpta son arc dans un silence sépulcral, pour ne pas La froisser. Elle l’aidait et ne demanderait rien en échange. Pour l’instant.

Toute quête digne de ce nom doit être pavée de sacrifice. Elle aurait pu lui demander de sacrifier son pouvoir élémentaire, de lui donner son feu. Mais en pareil endroit, il n’aurait pas survécu. Et il avait déjà tant perdu…

Alors, l’arc achevé - Combien de temps déjà ? – Tetram se leva, brisant une épaisse couche de glace et de givre. Ne lui manquait que la corde.
Sans se retourner, sans une parole, le géant lui demanda si Elle pouvait l’aider à achever son travail.

Elle lui tendit l’un de ces cheveux. Il en fit une arme. Maintenant, il attendait de savoir ce qu’il allait devoir donner en tribu.

Rien.
Une bourrasque emporta des flocons et Tetram savait qu’Elle était l’un d’entre eux.

Tetram avait finalement triomphé des éléments, des bandits, du destin qui sait ? Son arme prête, il pouvait affronter sa Némésis… Il pouvait partir à la recherche de … de … de qui ?!
Affolé, Tetram ne se souvenait même pas pourquoi il avait fait tout ce chemin. Qu’il soit maudit ! Non ! Elle, qui était-elle ? Il y avait une femme à l’instant !

MONTRE-TOI !
DIS-MOI QUI JE CHERCHE !

PAAARRLE !!


Le vent siffla son mépris.
Le misérable géant tomba à genoux, s’écorchant encore un peu plus la peau, laissant la neige lui brûler les jambes. Seule restait cette créature dans la neige. La seule qui ne lui soit pas étrangère.
C’est à peine si Tetram se souvenait pourquoi il avait quitté sa belle ville de …S-Sigdil. Oui, Sigdil. Paniqué, il réalisa que tous ses souvenirs se dispersaient au gré du vent. Il courut se mettre à l’abri de cet endroit de mort.
Il suivait la créature - dont le nom lui échappait – et remarqua qu’il se trouvait sur un lac gelé… Et vit des douzaines de cadavres semblant se demander « Pourquoi suis-je ici ? Depuis combien de temps ? » Ils arboraient un air à la fois idiot et effrayé. Le géant devait avoir le même, mais lui pouvait encore courir. Ce qu’il fit.

Tetram avait beaucoup de questions lui aussi, mais il se les poserait plus tard.
S’il s’en souvenait.


De longues heures plus tard…


Le géant quitta finalement ce que les Anciens nommaient le Lac des Oublis.
Nom perdu dans les âges, ou tout simplement oublié…

Son compagnon félin le dévisageait, semblant s’inquiéter de son état. Tetram avait les poumons en feu, les pieds en sang, les bras écorchés en mille endroits, le visage griffé par les épines de glace qui tombaient des arbres gigantesques…

Mais c’est vivant et sur ces deux pieds qu’il quittait le bout du Monde…

Il était là, se reposant, essayant de ne pas oublier davantage, quand il aperçut la fumée d’un camp. Le camp de ses amis. Les noms étaient fraîchement gravés dans sa mémoire. Paurtnawak, Hagen Daas et Mortimus. Deux amis nains et son cousin. Tetram fit ce qu’il n’avait plus fait depuis plusieurs semaines. Il sourit.

- Allons-y Khorumy, nous les avons fait attendre suffisamment.

La créature dévala la pente en quelques bonds experts, le géant sur ses traces.
Il n’avait pas perdu toute sa mémoire et il s’en réjouissait.

Son arc n’avait rien d’extraordinaire. Sculpté dans la défense d’un animal - un gros animal – le corps était enjolivé d’un entrelacs de glace. Tetram ne se rappelait pas avoir réussit pareil exploit, mais il y avait tant d’autres choses qui lui échappait… Seul la corde, brillante et solide, attirerait les regards sur cette arme démesurée et impressionnante.

Tetram retrouva ses amis, sous le regard satisfait et calculateur de quelques flocons de neige…



geant Par Tëtram  le 01/01/1970 à 01:00

Sous une montagne. Quelque part loin de tout et de tous. Une grotte qui pourrait contenir une ville entière. Une frêle silhouette blanche se noie dans l’ombre de son interlocuteur.


- Tu n’avais pas besoin de le torturer davantage.
- Le choix ne m’appartenait que pour moitié, lui répondit-elle, de son air suffisant et détaché.
- Le Sombre t’a contacté récemment ?
- Nul besoin,( réponse froide.)
- Je vois… Pourquoi alors ? Tu n’as fait que retarder notre rencontre et son inéluctable mort.
Levant enfin les yeux sur lui, elle dit :
- Je ne le voulais pas.
- Peur que je tue ton unique visiteur depuis leurs grandes guerres ?
- Non, il n’était pas prêt. Comme tu ne peux venir à lui, il te trouvera quand il aura compris certaines choses.
(Toujours cette froide certitude qui perçait l’air.)
- Tu changes la donne !
- Non, il apprendra tout de lui-même. Pas d’interférence, c’est la règle, non ? (et elle tourna théâtralement sur ses talons nus)
- Grrr, oui.
- Il est venu ici par ta faute et non par ma volonté. C’est toi qui l’a amené jusqu’à moi, il avait bien le droit de vérifier que la « vieille sorcière des glaces » n’était pas qu’un mythe…
- Heureusement qu’il ne se rappelle de rien ! HA ! HA ! HA !
- Pour l’instant… S’il le souhaite vraiment tu sais qu’il pourrait retrouver la mémoire. (un sourire à fendre la glace se dessina sur ses lèvres bleues)
- TOUTE sa mémoire ? Ce serait problématique pour l’exécution du Plan. Je vais tout faire pour hâter le retour des miens. Il faut qu’ils restent divisés, sinon nos chances de succès s’en trouveront amoindries.
- Aurais-je fait une erreur ?
- Je te déteste…
- Il est normal que je rattrape de mon retard. Tu avais une belle avance. C’est d’autant plus dommage que ton neveu ne travaille pas avec toi…
- Je te le reprendrais en temps voulut.
- Des nouvelles de son frère ? (espiègle comme une enfant qu’elle n’était pas)
- Aucune. Tu es bien la seule à me rendre visite de temps à autre. Je me demande si Le Guerrier travaille aussi dur que moi…
- Nous le saurons bien assez tôt.

Et dans un courant d’air, elle s’en retourna à ses blanches terres…



Ainsi prends fin « Le chemin de la Rédemption », première des quêtes de Tëtram. Son périple l’a amené aux confins du monde connu. Il y pria pour ses parents et se fabriqua l’arme de sa vengeance. Son vrai nom lui sera peut-être rendu un jour, mais il devra en attendant se rappeler.
Quelles sont ces forces qui nous dictent nos actes et semblent se jouer de nos désirs ? Existe-t-il un moyen de couper les fils de cette toile visqueuse que l’on nomme destin ?
Tetram devra plonger loin dans le passé pour découvrir et redécouvrir son histoire, ses buts, ses origines.

Pour se rappeler. Pour l’honneur.



nain Par Baaldûm-Dhûm - roi des Nains  le 01/01/1970 à 01:00

HRP/

...

FANTASTIQUE!!!!!!


Vraiment!!!!!

J'en étais rester aux "Six rênes du père d'Alec Sandrie", et ca, ca me troue littéralement...


Merci Tetram!!!



hs Par Tokakeke, troubadour d'Olympia  le 01/01/1970 à 01:00

/ HRP : Félicitation, c'est vraiment agréable à lire. Encore bravo. ^^ /



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