Par El Groom le 01/01/1970 à 01:00 Tout était normal en cette claire matinée d'hiver dans la chaîne des montagnes de l'ouest.
De temps en temps, le cri d'un faucon déchirait le calme apaisant.
Les premiers froids avaient fait leur apparition et une fine gelée recouvrait les herbages.
Les animaux se faisaient maintenant rares, la plupart ayant commencé leur hibernation. Le vent vif soufflait par petites rafales, sifflant quelques fois au détour d'une crevasse.
De la caverne à mi-pente aucun bruit ne sortait.
A l'intérieur l'on pouvait cependant percevoir le murmure de la source qui s'y trouvait. Sur la paroi gauche de la grotte étaient adossés des pieux en mélèze, au centre le reste d'un feu de camp rougeoyait encore, là sur la droite se trouvait une table à l'aspect rustique encore couverte des restes du repas de la veille.
Dans le fond de la caverne l'on distingait une large anfractuosité dans laquelle une créature aux proportions étonnantes était assoupie. El groom dormait là, d'un sommeil de géant. Dès l'arrivée de l'hiver, il se plaisait à rester dans sa caverne tard, redoutant le froid mordant qu'il allait devoir supporter dans la journée.
Toutefois ce matin-là, El groom se leva tôt, la mine fatiguée, le sourcil froncé, le front barré des plis de l'inquiétude.
Les songes de la nuit lui avaient apporté de bien étranges nouvelles. Là-bas très à l'Est les éléments de la nature s'étaient déchaînés. Terre, Air, Eau et Vent avaient déployé leurs énergies, réveillant Gaia et tous ceux qui étaient à son écoute. Et puis le phénomène avait brusquement cessé laissant derrière lui une sensation d'accomplissement. Plus tard dans la nuit la tête d'El groom fut soudain empli de voix, ou de souvenirs de voix, des mots se formaient dans son esprit sans qu'il en soit à l'origine
"...Partir... Agir... Mastok... Zagnadar..."
En ce petit matin, ces mots ne prenaient pas plus de sens qu'ils n'en avaient eu cette nuit. Son instinct lui disait qu'une nouvelle aube s'était levée sur un nouvel âge ce matin, quelque chose dans l'air annoncé un renouveau.
Respirant l'ai frais à l'entrée de la grotte, il eut la certitude de ce qu'il devait faire.
Bien, se dit-il, voyons... Une journée pour me préparer... Une bonne nuit de repos... Et un départ au petit matin. A ces mots il se retourna vers sa grotte empli d'un sentiment de nostalgie.
La journée fut employée en préparatifs divers, emballage des provisions, nettoyage des armes, remplissage des gourdes...
C'est dans ces moments-là qu'El groom regrettait le plus la présence d'une géante. On pouvait dire tout ce que l'on voulait pour l'intendance une géante c'est géant !
La nuit commençait déjà à tomber quand El groom mettait la dernière main aux préparatifs.
Esquissant un bâillement il dit :
Allez , maintenant une nuit de sommeil et demain matin départ vers l'Est.
Sur ce il partit se coucher.
Le petit matin se leva enfin mettant un terme à une nuit agitée par l'angoisse du départ.
El groom se réveilla de bien meilleure humeur. Après les préparatifs de la veille le temps de l'action était enfin venu.
Les provisions, abondantes, étaient emballées, les pieux nettoyés et regroupés. Il ne lui restait plus qu'une chose à faire...
Avec cérémonie il se dirigea vers le fond de la grotte, là dans un recoin se trouvaistun grand coffre de bois dont l'aspect décrépi traduisait un âge avancé.
Ce coffre et son contenu, comme le voulait la tradition, lui avait était confié par son père.
Avec soin et attention El groom ouvrit le coffre, là bien enveloppé dans du cuir souple se trouvait un cor à la taille impressionnante.
Malgré les proportions inhabituelles de l'objet qui présageaient une finition grossière, l'on pouvait remarquer sur celui-ci des runes à la gravure fine comblées d'un métal aux reflets argentés. El groom ne connaissait ni l'origine du cor, ni sa fonction. Il ne connaissait que la mission de sa famille. Depuis la nuit des temps, certains diraient depuis l'exil, les groom conservaient et préservaient cet objet sans doute relique d'un passé oublié.
El groom saisit religieusement l'objet et l'attacha dans son dos. Ainsi exposé dans la pénombre de la grotte il émanait du cor une aura argentée discrète qui entourait le géant.
Voilà, El groom était prêt. D'un pas décidé il sortit de la grotte, les provisions à la hanche, le cor dans le dos et les pieux à la main .
Les premières heures de marche se firent sans encombre, le chemin parcouru se situant dans le territoire de chasse habituel du géant. El groom put ainsi laisser vagabonder son esprit...
Ses souvenirs ne remontaient que jusqu'à l'âge de 7 ans. Il habitait alors avec sa famille dans un abri bien au sud de son propre domaine.
Les jours s'écoulaient paisiblement, jeux, chasse et cueillette remplissaient ses journées. Les visites étaient rares, quelques géants avoisinants, des rencontres périodiques avec des vendeurs nains ambulants essayant de convaincre son père que la meilleure arme n'était pas un bon pieu de mélèze mais bel et bien une grosse hache. Mais son père n'était pas tombé de la dernière pluie et aucun de ces bonimenteurs ne réussit à le faire changer d'avis. Les années s'égrenaient, le jeune géant se fortifiait subissant d'un coté l'enseignement de sa mère et de l'autre l'entraînement de son père.
Très peu d'événements marquèrent ces tranquilles années, à l'exception peut-être du grand incendie de l'année de ses treize ans.
C'était un été torride et un feu se déclara dans une forêt orientale éloignée, El groom n'avait jamais vu autant de géants réunis. Son père avait convoqué les géants du voisinage et au grand étonnement de son fils, qui ne lui connaissait pas une telle autorité, les géants obéirent et se rassemblèrent dans le champ proche.
Les discussions durèrent toute la nuit, El groom ne pouvait y participer mais il lisait de l'inquiétude dans les yeux de sa mère silencieuse. Au matin la troupe de géants était prête à partir, le père d'El groom lui expliqua que le feu avait fait fuir les loups qui peuplaient la forêt et qu'une expédition était nécessaire pour se débarrasser de cette meute devenue errante.
Deux semaines plus tard les géants étaient de retour, la plupart était légèrement blessée, des brûlures essentiellement, mais le travail était accompli.
A part cet incident insolite El groom atteignit le jour de sa maturité le plus tranquillement possible.
Grâce à son entraînement c'était maintenant un géant bien bâti et adroit au lancer de pieu. Le travail de sa mère malgré quelques réticences avait également porté ses fruits et El groom possédait grâce à elle une éducation peu courante chez ceux de sa race. Comme le voulait la coutume , il devait maintenant quitter sa famille et partir vivre seul quelque temps pour, comme le disaient les anciens, trouver sa voie. La séparation initiatique durait maintenant depuis deux ans mais les récents signes laissaient penser au géant qu'il était proche du but...
El groom arrêta là la descente dans ses souvenirs, le petit ruisseau qu'il lui fallait maintenant franchir marquait la fin de son domaine et une concentration de tous les instants lui serait nécessaire pour survivre dans ces terres qu'il ne connaissait pas.
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Minuit ~ Edit Ortho
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De temps en temps, le cri d'un faucon déchirait le calme apaisant.
Les premiers froids avaient fait leur apparition et une fine gelée recouvrait les herbages.
Les animaux se faisaient maintenant rares, la plupart ayant commencé leur hibernation. Le vent vif soufflait par petites rafales, sifflant quelques fois au détour d'une crevasse.
De la caverne à mi-pente aucun bruit ne sortait.
A l'intérieur l'on pouvait cependant percevoir le murmure de la source qui s'y trouvait. Sur la paroi gauche de la grotte étaient adossés des pieux en mélèze, au centre le reste d'un feu de camp rougeoyait encore, là sur la droite se trouvait une table à l'aspect rustique encore couverte des restes du repas de la veille.
Dans le fond de la caverne l'on distingait une large anfractuosité dans laquelle une créature aux proportions étonnantes était assoupie. El groom dormait là, d'un sommeil de géant. Dès l'arrivée de l'hiver, il se plaisait à rester dans sa caverne tard, redoutant le froid mordant qu'il allait devoir supporter dans la journée.
Toutefois ce matin-là, El groom se leva tôt, la mine fatiguée, le sourcil froncé, le front barré des plis de l'inquiétude.
Les songes de la nuit lui avaient apporté de bien étranges nouvelles. Là-bas très à l'Est les éléments de la nature s'étaient déchaînés. Terre, Air, Eau et Vent avaient déployé leurs énergies, réveillant Gaia et tous ceux qui étaient à son écoute. Et puis le phénomène avait brusquement cessé laissant derrière lui une sensation d'accomplissement. Plus tard dans la nuit la tête d'El groom fut soudain empli de voix, ou de souvenirs de voix, des mots se formaient dans son esprit sans qu'il en soit à l'origine
"...Partir... Agir... Mastok... Zagnadar..."
En ce petit matin, ces mots ne prenaient pas plus de sens qu'ils n'en avaient eu cette nuit. Son instinct lui disait qu'une nouvelle aube s'était levée sur un nouvel âge ce matin, quelque chose dans l'air annoncé un renouveau.
Respirant l'ai frais à l'entrée de la grotte, il eut la certitude de ce qu'il devait faire.
Bien, se dit-il, voyons... Une journée pour me préparer... Une bonne nuit de repos... Et un départ au petit matin. A ces mots il se retourna vers sa grotte empli d'un sentiment de nostalgie.
La journée fut employée en préparatifs divers, emballage des provisions, nettoyage des armes, remplissage des gourdes...
C'est dans ces moments-là qu'El groom regrettait le plus la présence d'une géante. On pouvait dire tout ce que l'on voulait pour l'intendance une géante c'est géant !
La nuit commençait déjà à tomber quand El groom mettait la dernière main aux préparatifs.
Esquissant un bâillement il dit :
Allez , maintenant une nuit de sommeil et demain matin départ vers l'Est.
Sur ce il partit se coucher.
Le petit matin se leva enfin mettant un terme à une nuit agitée par l'angoisse du départ.
El groom se réveilla de bien meilleure humeur. Après les préparatifs de la veille le temps de l'action était enfin venu.
Les provisions, abondantes, étaient emballées, les pieux nettoyés et regroupés. Il ne lui restait plus qu'une chose à faire...
Avec cérémonie il se dirigea vers le fond de la grotte, là dans un recoin se trouvaistun grand coffre de bois dont l'aspect décrépi traduisait un âge avancé.
Ce coffre et son contenu, comme le voulait la tradition, lui avait était confié par son père.
Avec soin et attention El groom ouvrit le coffre, là bien enveloppé dans du cuir souple se trouvait un cor à la taille impressionnante.
Malgré les proportions inhabituelles de l'objet qui présageaient une finition grossière, l'on pouvait remarquer sur celui-ci des runes à la gravure fine comblées d'un métal aux reflets argentés. El groom ne connaissait ni l'origine du cor, ni sa fonction. Il ne connaissait que la mission de sa famille. Depuis la nuit des temps, certains diraient depuis l'exil, les groom conservaient et préservaient cet objet sans doute relique d'un passé oublié.
El groom saisit religieusement l'objet et l'attacha dans son dos. Ainsi exposé dans la pénombre de la grotte il émanait du cor une aura argentée discrète qui entourait le géant.
Voilà, El groom était prêt. D'un pas décidé il sortit de la grotte, les provisions à la hanche, le cor dans le dos et les pieux à la main .
Les premières heures de marche se firent sans encombre, le chemin parcouru se situant dans le territoire de chasse habituel du géant. El groom put ainsi laisser vagabonder son esprit...
Ses souvenirs ne remontaient que jusqu'à l'âge de 7 ans. Il habitait alors avec sa famille dans un abri bien au sud de son propre domaine.
Les jours s'écoulaient paisiblement, jeux, chasse et cueillette remplissaient ses journées. Les visites étaient rares, quelques géants avoisinants, des rencontres périodiques avec des vendeurs nains ambulants essayant de convaincre son père que la meilleure arme n'était pas un bon pieu de mélèze mais bel et bien une grosse hache. Mais son père n'était pas tombé de la dernière pluie et aucun de ces bonimenteurs ne réussit à le faire changer d'avis. Les années s'égrenaient, le jeune géant se fortifiait subissant d'un coté l'enseignement de sa mère et de l'autre l'entraînement de son père.
Très peu d'événements marquèrent ces tranquilles années, à l'exception peut-être du grand incendie de l'année de ses treize ans.
C'était un été torride et un feu se déclara dans une forêt orientale éloignée, El groom n'avait jamais vu autant de géants réunis. Son père avait convoqué les géants du voisinage et au grand étonnement de son fils, qui ne lui connaissait pas une telle autorité, les géants obéirent et se rassemblèrent dans le champ proche.
Les discussions durèrent toute la nuit, El groom ne pouvait y participer mais il lisait de l'inquiétude dans les yeux de sa mère silencieuse. Au matin la troupe de géants était prête à partir, le père d'El groom lui expliqua que le feu avait fait fuir les loups qui peuplaient la forêt et qu'une expédition était nécessaire pour se débarrasser de cette meute devenue errante.
Deux semaines plus tard les géants étaient de retour, la plupart était légèrement blessée, des brûlures essentiellement, mais le travail était accompli.
A part cet incident insolite El groom atteignit le jour de sa maturité le plus tranquillement possible.
Grâce à son entraînement c'était maintenant un géant bien bâti et adroit au lancer de pieu. Le travail de sa mère malgré quelques réticences avait également porté ses fruits et El groom possédait grâce à elle une éducation peu courante chez ceux de sa race. Comme le voulait la coutume , il devait maintenant quitter sa famille et partir vivre seul quelque temps pour, comme le disaient les anciens, trouver sa voie. La séparation initiatique durait maintenant depuis deux ans mais les récents signes laissaient penser au géant qu'il était proche du but...
El groom arrêta là la descente dans ses souvenirs, le petit ruisseau qu'il lui fallait maintenant franchir marquait la fin de son domaine et une concentration de tous les instants lui serait nécessaire pour survivre dans ces terres qu'il ne connaissait pas.
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Minuit ~ Edit Ortho
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