Pot pourri de chros sur les Géants... | |
Topic visité 19 fois Dernière réponse le 19/05/2004 à 23:49 |
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Alors voici divers chroniques sur les Géants, écrite à l'époque où je n'étais pas bien vieux et membre de l'AGIR...
La mémoire génétique raconte comment les Géants ont retrouvé une partie de leur souvenir. La promesse de Mastok fait suite à la chronique de la recherche de Zagnadar (écrite par Mastok). Hommage à un héros raconte mon entrée à l'AGIR et le "couronnement" de Mastok à la tête de la faction. Les gardiens élémentaires conte la maîtrise des puissances élémentaires, ce qui a permis aux Géants de reprendre le contrôle de leur cité. Et pour finir, un petit bonus qui ne sert à rien : un recueuil de poème... |
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Zagnadar, cité mythique exhumée du passé.
De toutes les quêtes, la recherche de la cité avait connu le plus grand engouement. La quasi-totalité des géants foulant le sol d’Olympia avaient contribué à faire renaître la légende. Jamais nous n’aurions pensé revoir ses murs. Les embûches et les fausses pistes avaient été déjouées, évitées pour chaque jour aider le mythe à devenir vérité. La cité des pères de nos pères gisait dans nos mémoires, en stase. Chacun d’entre nous se rappelait un détail différent, et il avait fallu de nombreux cycles pour rassembler toutes ces informations dispersées, et les transformer en certitude. Le don le plus précieux de notre race a diminué avec les années et nous avons faillit le perdre… Nos ancêtres étaient capables de faire ressurgir la mémoire des anciens, pour en tirer conseils, pour ne pas refaire les erreurs de jadis. Mais, les rituels de Memnose nécessitent un profond lien avec la Terre. Et avec les années, ce lien s’est affaiblit. C’est en nous regroupant que le lien s’est fait plus fort. Les plus anciens ont été les premiers à le ressentir…nous changions. Les rituels les plus simples furent réalisés sans cesse, pour qu’en nous se réveillent les instincts primordiaux. Certains commencèrent à se souvenir de l’air frais, du sifflement du vent, des neiges éternelles. D’autres rêvaient d’odeurs exotiques, de couleurs. Au bout de quelques semaines, même les plus jeunes des géants se rappelaient les chants…nos chants. Et chaque souvenir en appelait un autre. Il nous était possible de courir dans les rues de la cité, de nous émouvoir des couchers de Soleil, de nous rappeler les rites lunaires, les chasses. Un jour comme les autres, en apparence, l’un des plus vénérables sortit de sa transe, blême et hurla un nom. Si l’écho de sa voix ne se fait plus entendre dans les montagnes aujourd’hui, il résonne toujours dans nos cœurs. La ville avait pour nom Zagnadar. Promesse fut faite de ne jamais oublier ce nom à nouveau, de ne jamais le ternir. Les recherches s’accélérèrent et notre détermination nous mena finalement aux portes de la cité. Zagnadar, la maudite. Un étrange voile avait empêché de distinguer certains évènements. Même préparé comme nous l’étions, la vision de la cité en ruine fut un choc terrible pour nous tous…Tant de travail…tant de nostalgie… Il nous faudra sans doute des années pour que notre don redevienne aussi fort que par le passé, pour apprendre les raisons du drame, de la chute. Un jour, nous nous rappellerons. Un jour, nous nous vengerons. |
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Mastok nous avait convoqués, quelque chose d’important avait-il dit…
Après le repas, je me dirigeais donc au centre de notre camp. Faust et Ramiro étaient totalement faits, comme chaque soir. Puisqu’ils faisaient des concours de boissons et qu’aucun ne se réveillait en se rappelant qui avait bu le plus…ils remettaient ça aussi souvent que possible. Certains quittaient à peine l’entraînement, d’autres finissaient, comme moi, leur repas ; mais tous étaient présents. « Il faut que je vous raconte pourquoi nous avons cherché ces ruines et pourquoi nous passons beaucoup de temps à travailler notre Memnose. Tout à commencer, dans cette cité. J’ai habité Zagnadar avant qu’elle ne soit la proie du Déchaînement. C’était il y a bien longtemps vous vous en doutez, quand exactement ? Je ne saurais le dire. Ma mémoire me fait défaut. En revanche, les ancêtres m’ont parlé, m’ont aidé à me souvenir. Nous avions un lien, un pacte sacré avec les puissances telluriques. C’est lors de la mort du Gardien Suprême, la clé de l’équilibre des éléments, que tout bascula dans le chaos et la terreur. Ce sont les elfes qui nous ont attaqués. Nos Gardiens Elémentaires étaient déjà tombés, seul restait le Gardien Protecteur. Il donna sa vie pour emporter l’un des assaillants, en vain. Plus nombreux et très bien organisés, les elfes emportaient tous mes compagnons, tous les Gardiens… Je fut laissé pour mort. Les quelques survivants partirent très vite, une fois leur message de mort apporté. Etait-ce là le but de leur mission ? Je me traînais jusqu’au Gardien Suprême, grièvement blessé, mais encore capable d’exploits. Ses mots se sont perdus avec le temps, je ne me rappelais que de la cité, pas même son nom. Mais je me rappelle ma promesse : faire renaître Zagnadar. Sur le coup je ne compris pas. Il m’entailla la main et y frotta une gemme qui se ternit au contact de mon sang, et qui tomba en poussière. La douleur me fit perdre connaissance et lorsque je rouvrit les yeux je contemplais Zagnadar depuis une colline éloignée. Quelle horreur, ces éclairs, ce bruit, le sol qui s’ouvrait et qui faisait s’écrouler nos maisons… Une explosion de lumière me projeta lourdement dans une rivière. La suite vous la connaissez, ayant presque tout oublier, j’ai erré sans but, sans famille. J’ai réuni autour de moi des géants de confiance, de tous horizons pour qui la cité n’était qu’un mythe. Aujourd’hui la cité est à portée de mains. Mais, il faut faire cesser le courroux des éléments et renoués avec nos liens passés, pour se rappeler et récupérer notre mémoire. Vous me comprenez, vous les anciens. Nous avons beaucoup à accomplir, si vous êtes prêts, et je pense que vous l’êtes, nous pouvons tenter la communion encore une fois. Ce ne sera pas facile, mais je ne peux plus attendre. Je veux pouvoir appeler ces ruines : ZAGNAAAAADAAAR ! » Et là, comme les autres, je me sentis porté par le discours de Mastok. Et comme les autres, je me sentais prêt à reconquérir ces ruines, à les arracher à la furie des éléments. |
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Sur une colline, aux portes de Zagnadar. Deux guetteurs scrutent une procession de flambeaux.
- Ils sont enfin là…, dit le premier d’une voix sèche, trahissant son excitation. - Oui, on va pouvoir commencer, répliqua l’autre d’une voix posée et grave. Le plus jeune rejoignit le camp pour annoncer la nouvelle. Le plus vieux se leva, humant l’air frais, se laissant griser par l’altitude, sortant de son paquetage une gourde d’alcool. Un peu plus bas… - Nous ne sommes plus très loin, je me souviens de ce pic, là-bas, c’est… - …la pointe-tonnerre, compléta un deuxième géant. - J’espère qu’ils nous ont laissés à boire…lui répondit le premier. - « Par neiges et par monts, au-dessus des gouffres sombres et profonds », récita un troisième. Les deux autres hochèrent la tête en entendant cette phrase, la première issue du premier rituel de Memnose. Et la plus vraie…car la cité n’était pas facile d’accès ; avec ses rochers en lame de couteaux, ses vents qui vous mordent les os, ses pluies qui vous matraquent le crâne et ce vide omniprésent. Mais ils arrivaient, c’était l’essentiel, rien d’autre ne comptait. Bientôt, ils aperçurent un mouvement et redoublèrent d’efforts. L’accolade fût brève, car le guetteur savait ce qu’ils ressentaient. Il avait lui-même ressenti cette excitation, une semaine auparavant. L’alcool réchauffa leur corps, et tous les quatre descendirent vers le camp, posé aux pieds des murailles de la mythique cité. Comme tous les autres, ils ressentirent une étrange mélancolie, une profonde tristesse, mais ils se laissèrent gagner, pour ne jamais oublier. Et ce soir là…les géants festoyèrent. Les géants, qui se connaissaient sans jamais s’être vus, burent et mangèrent ensemble pour la première fois. Les vents froids étaient maintenus à l’écart par un brasier d’une taille colossale. Dans ce feu, chacun des nouveaux arrivants jeta un objet qui lui était cher, comme pour s’affranchir du matériel et se rapprocher de l’essence de Gaïa. C’était nécessaire… En cercle, autour des flammes, un bref discours ponctuait chaque lancer. -Voici le scalp de mon premier adversaire, fier combattant, il me donna ma première cicatrice. Un crépitement se fit entendre. -Les restes de ma femme, qui donna sa vie pour épargner la mienne. Une langue de flamme s’éleva. -La lance brisée qui blessa le meurtrier de mon père. Les braises se firent plus rouge. Le feu semblait se nourrir de ces souvenirs. Un géant prit la parole. Il n’était ni le plus grand ni le plus fort, mais quelque chose se dégageait de lui. Une aura indéfinissable l’entourait et semblait capter l’attention de tous. - Demain, nous disperseront les cendres au-dessus des murs de la cité. Mais pour l’instant, réjouissons-nous ! On chanta les exploits et on pleura les morts jusqu’à tard dans la nuit. Au matin, le géant qui avait pris la parole, se sentit envahir par une étrange angoisse…Aucun bruit. Ou étaient-ils donc tous? Personne près des réserves d’alcool. Personne dans le camp. Personne au poste de guet. Le géant entra dans les ruines de la cité pour vérifier qu’il était bien seul. Il se trompait. Quand il arriva sur ce qui était la place centrale, sur les vestiges éventrés d’une fontaine, se tenaient la totalité des géants membres de la faction de l’AGIR. Ces fiers guerriers avaient revêtu leurs plus beaux atours et pris un air grave, donnant un air martial à cette compagnie. Le géant se retrouva entouré par ses frères d’armes, se sentant transpercé de toutes parts par leurs regards durs. Dans la brume matinale, la scène avait quelque chose d’irréel. Deux géants prirent la parole à tour de rôle. Ils avaient l’air de bourreaux. - Tu as ravivé la flamme dans nos cœurs. Nous t’avons suivit. Nous t’avons fait confiance. - C’est toi qui nous as réunis. - Les géants sont respectés grâce à toi. Notre réputation n’est plus celle de monstres. - Nous ne faisions que rêver de Zagnadar. - Nous la foulons aujourd’hui, grâce à tes conseils avisés en tant que membres de l’AGIR. - Faction que tu as créée et dirigée depuis le début. - Tu as créé un réseau de communication, tu nous as rassemblés et unis. - Tu t’es occupé des relations avec les autres races faisant au mieux pour construire des alliances. - Au combat, tes stratégies sont appliquées et jamais remises en cause. - Mais tu as toujours dit qu’il n’y avait pas de chef, que nous étions égaux… - Cela est faux et tu le sais. - Si nous sommes réunis ici aujourd’hui, c’est pour te juger pour tous tes actes. - Que le peuple géant fasse entendre sa voix ! Le géant se sentait un peu déboussolé devant ces propos, ne sachant que dire, se contentant de tourner la tête de gauche à droite pour regarder dans les yeux ses deux interlocuteurs. De fins rais de lumière pâle lui fouettaient le visage. Il se sentait très seul. C’est alors que tous les géants levèrent leurs armes au ciel. Puis, ils firent tous deux pas en avant, resserrant leur étau sur le géant, nerveux. En parfaite synchronisation, avec une grande fluidité, les géants mirent tous un genou à terre, tenant d’une main leur arme, posant l’autre sur la terre de Zagnadar. Seuls les géants, qui avaient parlé, étaient encore debout. - Nous avons décidé que dorénavant, tu prendrais tes responsabilités. - Nous reconnaissons ton autorité, ta sagesse. - Nous avons décidé de t’élire comme symbole de notre race. - Comme chef… C’est à ce moment que les deux géants restés debout s’approchèrent et mêlèrent leur voix aux autres pour crier le nom de leur chef au reste d’Olympia. - MASTOK! MAS-TOK, MAS-TOK MAS-TOK! L’un des porte-parole tendit à Mastok une épée, par la lame, claire comme la Lune. La garde était d’or avec une inscription de mithril : « Courage et Loyauté ». Mastok ouvrit les mains, mais ne les referma sur le pommeau qu’après l’avoir admiré. Il était à nu, simplement poli et gravé d’un entrelacs de racines. L’autre géant apporta le fourreau sur lequel était gravé un arbre. Ce qui accrochait le regard c’étaient les magnifiques pierres. Un rubis, une émeraude, une topaze et un saphir – pour chaque puissance régissant l’Univers. Chacune des pierres émerveillait plus que la précédente, tant le travail avait été minutieux. Seul un maître avait pu réussir à marier la pierre et le métal de la sorte… Le chef nouvellement nommé soupesa l’épée, qui n‘était pas une arme, mais le symbole de son autorité et des forces élémentaires. Il la prit dans ses mains et les deux géants embrassèrent la lame. L’un versa une larme unique. L’autre versa une goutte de son sang. Mastok plongea délicatement l’épée dans son fourreau et les gravures s’animèrent : les racines dessinaient de complexes motifs et rejoignent celles dessinées sur le pommeau. …Et l’épée fût scellée. Les géants se relevèrent un à un pour donner une accolade au géant qui s’était le plus investit dans la recherche de Zagnadar. Lui qui avait permis au peuple des géants de retrouver sa fierté. Une fois les formalités terminées, les géants soulevèrent Mastok du sol, mais continuèrent de scander son nom … Quelques jours plus tard, Mastok était officiellement reconnu comme chef de l ‘AGIR, et par extension du peuple géant, dans tout Olympia. Les champions de Gaïa avaient enfin leur leader… A grand peuple, grand meneur. |
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Le jour mourrait. Bientôt il serait dans sa tombe et la Lune paraderait, roulant sur un tapis de nuages endeuillés.
Les flammes étaient hautes, le vent frais. Dans cet endroit qu’est Zagnadar, la Nature sauvage et indomptable avait repris ses droits. Aucun bâtiment n’était reconnaissable, seules restaient les pierres, à peine usées par le temps et les éléments. Les enchantements, faute de contrôle et de liens, avaient fini par s’estomper et s’écouler dans la citée, glissant dans les rues et filtrant dans l’air. L’atmosphère qui y règne est étrange, on se sent observé, comme si les ruines nous en voulaient de ne pas les avoir protégé, comme si nous étions des étrangers. Ce que nous sommes… Tous sauf notre chef…lui seul avait survécu. Les géants formaient un cercle autour d’un immense feu, qui paraissait bien pâle sous l’imposante Lune. L’initiation pouvait commencer… Ce soir-là, sous un ciel pareil à un gigantesque voile mortuaire, seul Mastok parla. « Je me souviens… Je me souviens de notre pacte avec les éléments primordiaux, les forces de la Nature. Nous avions juré de les utiliser, sans jamais chercher à les dominer ou à les enfermer. » Mastok, gardant toujours une main sur son épée, pointa du doigt les plus jeunes géants et continua : « Car rappelez-vous ceci : on ne domine pas Gaïa, on s’en accommode. C’est pour cela que nous laissons mourir nos feus d’eux-mêmes ; c’est pour cela que nous laissons les vents rentrer dans nos demeures ; c’est pour cela que nous ne laissons l’eau ruisselée et la terre à nu. Je vous ai réuni ce soir pour renouer ce pacte ancestral. Nombre d’entre vous ont récupérer une partie de la mémoire de nos ancêtres, eux qui foulaient cette terre quelques centaines de cycles avant nous. Il nous faut rétablir l’équilibre brisé par la mort des précédents Gardiens…Nous allons enfin calmer cette rage, ce désespoir qui nous rongeait et nous réapproprier nos terres. » Les plus anciens entamèrent un chant. Une voix en suivant une autre, emplissant chaque fois un peu plus les ruines si vide. La grave mélopée prenait consistance et se faisait palpable pour chacun des géants qui y mêlaient leur voix. Incantation, récit de gloires et de défaites, de perte et de tristesse… La lumière sembla plus vive, le temps reflué, passant au ralenti. La transe se manifestait différemment pour chacun, mais une fois de plus, tous se souvinrent. Cette fois-ci pourtant, c’était différent, ils suivaient quelqu’un, quelque chose…et Mastok ouvrait la voie. Il les emmena loin, très loin dans le passé, seul les plus forts pourraient le suivre, mais ils avaient besoin les uns des autres, pour se donner courage et volonté. Déjà les plus jeunes tombaient inconscients sous l’effort requis. Une année, puis deux… La végétation renaît et meurt au gré des saisons… Cinq années… Des pilleurs, des explorateurs se font dévorés par des animaux sauvages…et repartent dans leur pays. Deux cents années… La cité abandonnée est balayée par une tempête élémentaire… Trois cent années… Les anciens sont toujours là, mais pas le temps de s’arrêter, pas cette fois, il fallait aller encore plus loin. Bien plus loin… Toujours plus loin… Mastok avait demandé que personne ne dépasse ses limites. Mais nombre de géants restaient pour lui faciliter le voyage. « Des braves et des inconscients, voilà ce qu’ils sont ! » Encore plus loin… Les géants n’étaient plus qu’une poignée, les plus forts, des exemples à suivre, arrivés jusqu’ici grâce à l’incroyable volonté de tout un peuple. Les brumes bleutées se dissipaient, dévoilant un village qui comptait une dizaine de cahutes et une palissade de bois. L’air y était figé, comme le temps, et quelques silhouettes, ombres des premiers géants à s’être installé en ces terres, vaquaient à leurs occupations sans les voir. Le groupe ressentit un profond chagrin. Aucun n’avait le don assez fort pour communiquer avec eux…un jour peut-être. Cependant, ils n’étaient pas venus pour cela. Mastok qui avait reçu son héritage, se laissa guidé à un autel de pierres colossales. Ce même autel qui, bien des générations plus tard, deviendrait le centre de Zagnadar. La suite, et bien personne ne s’en souvient exactement, pas même Mastok. Une forme leur aurait parlé, douce et chaleureuse, mais aussi froide et cruelle. La Mère des mères ? Pendant ce temps sur les ruines de Zagnadar… Les autres géants fixaient les corps pris de convulsions de ceux qui étaient parvenus à maintenir le contact, le lien se faisait plus ténu, à chaque minute. La tension montait car ils savaient tous qu’ils ne seraient pas assez fort pour retenter l’expérience avant un long moment. Au bord de l’épuisement ou tout simplement inconscients, ils attendaient. Il fallait qu’ils réussissent. Alors le chant repris, certes moins majestueux, mais alimenté par une force de caractère impressionnante. Et les géants prièrent. Et les éléments se déchaînèrent. Cela commença par un éclair muet coupant l’horizon de part en part. Il fit gronder la terre, projetant tous les géants au sol, tous à genoux devant une puissance qu’ils adoraient et qu’ils craignaient. L’eau tomba en trombe, dans un bruit terrible, les martelant sans répit. Finalement, les flammes se firent visage et projetèrent une langue sur l’un des géants encore en transe… Et la prière se fit plus forte. La lutte faisait rage, combat inégal opposant le mortel au divin. Kalsu, réveillé par le choc brûlant, prit la parole, une étrange lueur animant ses yeux : « Le nouveau Gardien du Feu est devant toi…OBEIT ! » et d’un geste il balaya les flammes. Et le feu fût contrôlé. Alors, Nixxa, semblant reprendre sa respiration après une longue apnée, se leva et dit : « Je suis dorénavant le Gardien de l’Eau, et nous ne sommes pas tes ennemis. » Sa voix calme et posée tranchait avec le son chaotique des gouttes qui martelaient les ruines. Et la pluie se tût. Einrich sembla se réveiller d’un songe. Et sans une parole, comme si toute injonction eut été superflue, il ouvrit ses mains colossales et tendit les paumes au ciel. Et le souffle glacial des montagnes se fit douce brise. Ramiro fût le quatrième à reprendre connaissance, et posant les mains au sol, il dit : « C’est moi le Gardien de la Terre ! Oserais-tu blesser tes enfants ? Alors arrêtes tout de suite ! » Après un dernier spasme, la Terre se rendormit. Haplo se leva et aida Mastok toujours en transe à se relever. Les éléments semblèrent s’être calmer même si une fine pluie continuait de s’écouler du ciel. Les quatre Gardiens Elémentaires se regardèrent, ne sachant comment conclure le pacte et se rappelant les propos de Mastok… Son épée brillait d’une pâle lueur, semblant pulser au rythme d’un cœur invisible. Mastok repris des forces et se tenait à présent sur ses deux jambes, les yeux clos et la tête basse. Il repris alors le chant…et celui-ci évoquait maintenant la douleur et la mort. Les géants suivirent leur chef. Il leva les yeux au ciel, tenant dans ses mains son épée, et chanta la gloire et la renaissance, la victoire et la joie ! Tout était clair maintenant, le deuil était fini ! Les six géants formèrent un cercle autour des flammes, rejoint par un cercle plus large composé de tous les autres membres. Mastok s’adressa à tous : « Je me souviens du don qui m’a été transmis. Je me souviens des chants. Je suis fier de vous, nous avons réussi… Kalsu, Nixxa, Einrich et Ramiro, vous avez été investit d’un pouvoir et de lourdes responsabilités. Les acceptez-vous pleinement ? » A l’unisson : « Oui, nous les acceptons, avec joie et honneur. » Mastok se tourna alors vers Haplo. « Tu connais ton rôle Protecteur ? » Avec un large sourire : « Bien sûr Gardien. » « Qu’il soit entendu que les éléments sont de nouveau liés à leur gardien ! Nous avons combattu la rage de Gaïa. L’heure est maintenant à la communion. » Pris d’un vertige, Mastok faillit tomber, mais Haplo le soutint, une fois de plus. Les quatre gardiens élémentaires vinrent se placer autour du Gardien Protecteur et de Mastok, semblant se rappeler les gestes ancestraux, des gestes dont personnes n’auraient du se souvenir tant ils étaient anciens. Un chant accompagna les flux d’énergies qui émanaient des gardiens pour se déverser sur Mastok, dans un formidable halo de lumière. Ce dernier avait fait le plus long chemin et ses dernières ressources étaient consumées depuis bien longtemps. Son corps sembla perdre de sa consistance, sa peau se craquela.. Il ne put contenir l’énergie primordiale que grâce à l’épée, Fang of Gaïa, ce qui lui sauva sans doute la vie… Une minute s’écoula au ralenti. Le bûcher n’était plus que cendre. La terre avait bu toute l’eau. Les vents avaient lavé le ciel, découvrant la voûte céleste, qui semblait s’enflammer à l’horizon. Puis, une formidable explosion que rien n’avait annoncée balaya tous les géants. Pas un bruit, pas de lumière, pas une blessure non plus, juste un pacte renouvelé. Les géants gisaient tous sur le dos, abasourdis… S’il y avait eu un spectateur à cette cérémonie, il aurait pu entendre un rire chaleureux, tonitruant. Il aurait pu voir des éclats de rire se briser sur les vieilles pierres que sont Zagnadar, la cité des géants et voir un Mastok heureux d’avoir tenu sa promesse. Alors que tous riaient avec Mastok, le Soleil se jetait sur les ruines de leur cité, la couvrant un moment d’un voile d’or… Zagnadar renaîtrait. Tous en avaient la certitude. |
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La culture des géants se construit avant tout sur le chant, qu’il soit entendu sur les champs de batailles ou dans les tavernes ; cela s’explique par leur culture orale. Et chacun sait qu’un poème se retient moins facilement qu’une bonne chanson paillarde…
Voici donc un extrait de ce que les géants peuvent offrir comme poésie et chants pleins de délicatesse… Dix elfes sur un mur, J’lance une pierre sur un elfe, ça fait… Neuf elfes sur un mur, J’lance une pierre sur un elfe, ça fait… Huit elfes sur un mur, J’lance une pierre sur un elfe, ça fait… Sept elfes sur un mur, J’lance une pierre sur un elfe, ça fait… Six elfes sur un mur, J’lance une pierre sur un elfe, ça fait… Cinq elfes sur un mur, J’lance une pierre sur un elfe, ça fait… Quatre elfes sur un mur, J’lance une pierre sur un elfe, ça fait… Trois elfes sur un mur, J’lance une pierre sur un elfe, ça fait… Deux elfes sur un mur, J’lance une pierre sur un elfe, ça fait… Un elfe sur un mur, J’lance une pierre sur l’dernier nelfe, ça fait… Plus d’elfe sur le mur ! Alors j’retourne poser… Dix elfes sur un mur… Comptine attribuée à Ramiro, un soir, accoudé au bar, en train de panser ses blessures… Mama, we wanted to be heroes Find gold and slay many foes Now you weep on my dirty grave As I fell with many brave. Look, I am out of my breath Hear, what I have done But don’t blame me for my death Will you ever hear this sorrow song ? The one who will soon belong To the drunkards’ daily, I hoped that Mama’d be proud of me. Le frère de Tristram, au seuil de la mort Tous les dangers nous avons bravé, Les éléments apprivoiser, -et la mémoire retrouver- « Maison » nous pouvons t’app’ler Et les elf’s chamailler, (On peut rien nous dire, C’est nous l’AGIR) Zagnadar, Not’ ville… Les habitués du Fond’tonneau Je crois bien que c’est la Wahaa !! Qui gagnera le concours de boissons, Sur sept chroniques elle s’étira… Si elle gagne pas, j’aurais l’air bien… Un grand-père comblé De tous les peuples on est le plus grand, Parfois fougueux mais pas bien méchant. Pour faire la guerre, on s’met en damier, -Sinon Mastok va nous engueuler- C’est nous qu’on boit le plus de Wahaa !! Si on est grand et fort, c’est pour ça ! Même les fiers Tulamor nous envient, Ce breuvage, de loin le plus exquis… Géant anonyme (qui boit de la Wahaa !!) Des massacreurs, on a mêm’pas peur, On est vingt de plus et organisé, On en parlait encore tout à l’heure, Et cela nous f’sait bien rigolé… Un tout jeune géant Y’a qu’une boisson qu’on boit pour faire la fê-te, Je les ai toutes essayées mais y’a pas à diiiire, Y’en a qu’une qui me fait tourner la tê-te, C’est la Wahaa !! qu’j’préfère et j’vais l’rediiire…. Y’a qu’une boisson… Chanson entendue au Donjon des Quatre vents |