Sigdil… L’apocalypse… La seven… Trois parties qui gravitaient autour d’une même guerre, d’un même combat. Et au milieu de cette apothéose, de cette apogée de la guerre, un homme perdu. L’envoyé de l’au-delà… Depuis le temps qu’il utilisait ce nom il avait réussi à perdre toutes notions d’identité. Le mal, le bien, il ne s’en souciait que peu, et chaque fois ou un choix s’imposait à lui, il réagissait comme mu par l’instinct, comme si son corps prenait la décision pour lui.

Mais cette réflexion importait si peu à l’instant. La diplomatie avait perdu de son intérêt. La mort se précipitait et venait quérir son dû auprès de son servant. Et en tant que tel, le vampire en lui n’allait pas la décevoir. Son regard s’étendit jusqu’à la lisière de Sigdil, comme perdu dans une contemplation infinie. Ou plutôt, elle ne contemplait pas, son regard passait à travers les choses, comme s’il s’en allait rencontrer quelque chose de loin, très loin d’ici. Il était ailleurs.

Il réfléchissait à son passé, à son présent et à son futur. Passé ténébreux, présent tumultueux et futur improbable. Les trois se chevauchaient sans logique, le poussant dans les derniers retranchements de son âme. La seule vérité, la seule réponse à ses questions existentielles, la trouverait-il un jour ? Il aurait voulu redevenir le Raziel d’avant, le Raziel fort, celui qui ne craignait pas, celui qui ne se questionnait pas. Il ne savait pas s’il retrouverait cette confiance un jour mais il était sûr d’une seule chose, s’il voulait vivre, il devait oublier le bien qui se terrait déjà en lui. L’enfouir davantage, le plonger dans un semi coma, pour en retirer la force d’un être maléfique à bien des égards.

Raziel se réveillait

La haine était un poison qu’il consommait avec un délice presque fou. Cette rage qui sinuait en lui façonnait sa force. L’étreinte sur son arme fut plus sûre, ses yeux orange virèrent au noir nuit et il sentit un picotement à sa mâchoire, ses dents s’élargirent, signe que lui aussi désirait moissonner du sang.

Dans un ruissellement d’éclairs, l’âme de l’épée se réveilla, venant honorer un pacte depuis longtemps scellé. Sa lame noire aux reflets lunaires tremblota dans les mains de son porteur. Elle sentait le sang, elle en était avide, elle voulait le récolter. Et l’envoyé allait en glaner pour elle.

Toutes les barrières qu’il avait soigneusement érigées face à ses démons intérieurs se démolissaient bloc par bloc. L’envoyé sentait en lui monter les plaisirs de la chasse, ces plaisirs inhumains que Raziel affectionnait. Il laissa le mal le submerger comme une vague gigantesque, il se laissa noyer dans un tourbillon d’instincts meurtriers, bestiaux, violents.

Le changement ne dura que quelques secondes mais le résultat n’en était pas moins impressionnant. Ce n’était plus le même homme. Raziel quitta Sigdil d’un pas pressé. A peine, le combat débutait déjà avec ses flots de sang répandu, ses viscères éparpillés, ses cris lâchés. L’extase était totale, Raziel la sentait presque couler entre ses veines. Il ne ressentit même pas la douleur quand il connut le feu, la foudre et la glace. Il ne remarqua même pas la vie le quitter et voir son corps se recomposer peu à peu dans l’enceinte de Sigdil.

Raziel éclata d’un rire fou et se releva en s’époussetant, puis retourna au front, sans même remarquer que chaque coup porté le rendait plus impitoyable, plus puissant, plus maléfique. L’envoyé de l’au-delà disparaissait, l’ex-chef des Ombres de la Haine renaissait…

C'est bien, laisse ta colère et ta haine rejaillir. Peut-être pourrons nous faire des choses ensemble à l'avenir... Qui sait...

la colère un péché que j'affectionne particulièrement. Laisse toi envahir par ton envie, celle de d'anéantir le bien serait la bienvenue ^^