Par Raziel le Vampire le 01/01/1970 à 01:00 La nuit était tombée sous Sigdil. Le ciel était brumeux. Les étoiles, la lune, encore invisibles. Etre jeune, Raziel ne savait pas ce que c'était. Il en arrivait parfois à croire que tout était sombre, vraiment. Dans ces moments là, il jouait, pour se distraire l'esprit, pour se remémorer de souvenirs sucrés. Quand il n'a plus la force d'aimer ni d'haïr, il chante ou il joue. Les notes, le ton, le rythme, tout est gravé dans sa peau. Il porta son instrument ovale à ses lèvres, et l'ocarina parle de lui même. Et au-delà de ça, il perçevait la véritable signification de son corps, cet instrument qui jouait en permanence la musique de la vie et de la mort. Il en venait même à percevoir le musicien en lui, son moi profond, le je qui existait avant qu'il n'endosse le costume du vampire sur cette cruelle scène qu'est le monde.
Une fois de plus, il se souvint...
C'était un soir comme les autres à Lardanium. La nuit était fraîche car une brise était née de l'étreinte d'Eole. A ce moment, Raziel toujours déguisé en envoyé avait discuté avec Yuya. Le vampire ne se souvenait plus vraiment du chemin qui l'y avait conduit, mais au final, il avait commencé à jouer comme maintenant.
FLASH BACK
C’était une chose de voir quelqu’un jouer de la musique et une autre de la sentir. Yuya n’aurait jamais cru qu’autant d’émotions et d’intimité auraient pu être filtrées par le doux frottement des lèvres de cet homme sur l’instrument de bois. Ses doigts jouaient sur les orifices de l’ocarina, revenaient et allaient sur sa surface lisse d’un marron luisant à une vitesse si impressionnante qu’il était presque impossible de les distinguer avec exactitude.
La jeune guerrière sentit son corps sombrer dans une délicieuse léthargie. Ses oreilles lui transmettaient cette musique si singulière. Elle se faisait tantôt grave, tantôt claire, se plaisant à aller d’un rythme lent et merveilleusement frustrant jusqu’à un rythme vif et fougueux qui comblait le manque ressenti il y a quelque secondes. Yuya vivait cette musique vibrante de passion, et chaque note l’approchait du point de non-retour : elle se sentait contrôlée par le musicien vampire, elle devenait une note de musique parmi tant d’autre.
Une furieuse envie de danser la saisit. Elle voulait se donner à ses rythmes sous le regard complice de la lune, des étoiles, accompagné du vent frais sur ses bras nus. A son grand plaisir, la mélodie aux rythmes si exotiques n’avait semblé connaître ni début, ni fin. Ainsi quand les sons arrêtèrent de se répercuter et que l’euphorie prit fin, elle mit plusieurs secondes à le réaliser. Elle ouvrit ses yeux sombres sur le monde pour y découvrir que l’envoyé la couvait toujours du regard.
Par une quelconque magie, les étoiles avaient été capturées par ces yeux noirs et il lui semblait étrangement familier. Il attendait, patiemment assis, que la jeune femme dise quelque chose.
- Vous jouez très bien, fit Yuya pour briser le charme de ce regard sombre.
- J’ai de multiples talents, fit l’homme simplement.
Yuya bredouilla un oui discret et baissa le regard, cartant imaginairement le sol monotone tout en jouant d’une autre main dans ses cheveux châtains.
- Vous voulez essayer ??
La voix de l’homme la fit pratiquement sursauter. Pendant un instant, elle crut reconnaître Raziel. Yuya releva la tête et vit qu’il lui avait tendu l’ocarina de bois comme pour mieux l’enjoindre à accepter sa requête. La jeune femme exprima un étonnement poli, et se saisit de l’instrument de musique que l’envoyé venait de lui confier. Ses doigts glissèrent sur la surface glabre et polie à la perfection du petit ocarina de bois. Elle apprit à le connaître par ce simple toucher. Elle hésita un moment puis mit l’objet à sa bouche. Elle souffla brièvement et fut surprise du son clair qui émanait de l’appeau. Il était très bien taillé. Elle se remit à la tâche, mais cette fois ci elle allia à son souffle des nuances et couvrait de ses doigts chaque orifice de l’ocarina afin d’en tirer le son le plus pur.
Puis elle commença à jouer. Sous son turban, l’envoyé fut agréablement surpris de tant d’habileté. On aurait dit que la jeune femme était née pour la musique. Elle maniait cet objet comme une épée qui balayait toute résistance vaine. Et au milieu de ce délicat tumulte, l’homme reconnut une musique, une mélodie d’antan, qu’il avait jouée et appris. Il prit son inspiration et se mit à chanter. Sa voix lente et suave, aux accents graves s’éleva et s’accorda à la mélodie habile de la jeune femme.
C’était un rythme très lent et très doux, qui comptait avec tristesse la fin d’une époque, le début d’une guerre et d’un amour interdit. L’envoyé attendait avec impatience le moment où le rythme s’accélérerait et où il pourrait libérer tous ses talents de chanteur. Mais il ne vint pas. A la place, Yuya lui lança un regard étonné. Elle plissa les yeux et regarda l’homme comme si elle cherchait à pénétrer ses pensées. Il était tout simplement impossible qu’elle connaisse cet air
- Mais d’où connaissez vous cette chanson ? Ce n’est pas…
L’homme haussa la tête et tourna son regard vers les éternités glacées de la nuit. Il regrettait d’avoir été si imprudent et d’avoir laissé Raziel parler en lui.
Ca n’a pas d’importance.
Toute la magnificence de ce moment semblait s’être envolée avec la froideur d’un coup de vent. Pourtant Yuya ne pouvait se résoudre à abandonner ce dernier espoir. C’était le seul qui lui permettait encore de croire que ses amis étaient toujours en vie, quelque part… Elle retint l’homme par le bras alors qu’il tentait de s’en aller, elle-même surprise par sa propre arrogance.
- Je vous en prie… Dites le moi !
- Raziel me l’a apprise.
Yuya perdit à cet instant tout espoir. Quand elle avait entendu ces paroles, les paroles que parfois Raziel entonnait du même ton suave et grave, cet air, qui était le testament du vampire défunt, la seule chose qu’il avait léguée à Yuya, était aussi la certitude que cet homme qui lui parlait était bel et bien ce vampire qu’elle avait connu. Mais la dernière réplique de l’envoyé balaya toutes suppositions espérées. Ce n’était pas lui, cela ne pouvait pas être lui. Pourquoi, de toutes façons, Raziel se serait-il caché d’elle ? Il n’avait rien à craindre de sa part…
Son regard d’un bleu sombre sembla s’assombrir davantage. Elle sentit une vague de larmes, chargée d’écume, emprunter les chemins qui conduisaient aux mers houleuses de ses yeux. Elle se retint d’échapper un sanglot mais il était évident que son regard était voilé. La culpabilité rongea alors l’envoyé et surtout le poids du mensonge lui pesait sur les épaules. Comment révéler a la jeune femme ce qui était arrivé à Raziel et à Sahan ? Impossible…
- Je suis désolé mademoiselle.
Ce fut tout ce qu’il trouva à dire. Et il se maudit à nouveau de ne pouvoir justement dire que cela.
- Non, non ça va. Vous aviez raison vous ne pouvez pas être lui. Excusez moi, pendant un instant j’ai cru…
Que j'étais Raziel? Termina l'envoyé avec une sorte d'amusement à la voix.
- Oui... Mais il est mort n'est ce pas? Il ne reviendra plus...
A ce moment, il ne savait plus quoi dire. Il regrettait d'avoir jouer cette comédie, sans aucune raison valable. Il regrettait de s'être caché des autres et de faire endurer ceci à cette femme qu'il respectait tant. Une erreur...
Fin du flash back
Raziel acheva la dernière note et rengaina son ocarina comme on rengaine une arme. Il avait été fait à partir d'un bois calciné qu'il avait trouvé sur un champ de bataille, des mois auparavant. La nuit retrouvait ce calme que le vampire avait chassé avec ce son et les pensées du vampires vaquèrent à nouveau... Haeldra, la guerre, le temps, l'amour... Beaucoup de choses remplissaient la vie d'un homme, plus de choses encore égrennent la vie d'un vampire. Mais même ça a une fin. Le vampire leva son regard vers la pâle Séléné. Un vent puissant venu du sud avait chassé les nuages. Les étoiles lui paraissaient plus brillantes à présent. Finalement, tout n'est pas si sombre.
Une fois de plus, il se souvint...
C'était un soir comme les autres à Lardanium. La nuit était fraîche car une brise était née de l'étreinte d'Eole. A ce moment, Raziel toujours déguisé en envoyé avait discuté avec Yuya. Le vampire ne se souvenait plus vraiment du chemin qui l'y avait conduit, mais au final, il avait commencé à jouer comme maintenant.
FLASH BACK
C’était une chose de voir quelqu’un jouer de la musique et une autre de la sentir. Yuya n’aurait jamais cru qu’autant d’émotions et d’intimité auraient pu être filtrées par le doux frottement des lèvres de cet homme sur l’instrument de bois. Ses doigts jouaient sur les orifices de l’ocarina, revenaient et allaient sur sa surface lisse d’un marron luisant à une vitesse si impressionnante qu’il était presque impossible de les distinguer avec exactitude.
La jeune guerrière sentit son corps sombrer dans une délicieuse léthargie. Ses oreilles lui transmettaient cette musique si singulière. Elle se faisait tantôt grave, tantôt claire, se plaisant à aller d’un rythme lent et merveilleusement frustrant jusqu’à un rythme vif et fougueux qui comblait le manque ressenti il y a quelque secondes. Yuya vivait cette musique vibrante de passion, et chaque note l’approchait du point de non-retour : elle se sentait contrôlée par le musicien vampire, elle devenait une note de musique parmi tant d’autre.
Une furieuse envie de danser la saisit. Elle voulait se donner à ses rythmes sous le regard complice de la lune, des étoiles, accompagné du vent frais sur ses bras nus. A son grand plaisir, la mélodie aux rythmes si exotiques n’avait semblé connaître ni début, ni fin. Ainsi quand les sons arrêtèrent de se répercuter et que l’euphorie prit fin, elle mit plusieurs secondes à le réaliser. Elle ouvrit ses yeux sombres sur le monde pour y découvrir que l’envoyé la couvait toujours du regard.
Par une quelconque magie, les étoiles avaient été capturées par ces yeux noirs et il lui semblait étrangement familier. Il attendait, patiemment assis, que la jeune femme dise quelque chose.
- Vous jouez très bien, fit Yuya pour briser le charme de ce regard sombre.
- J’ai de multiples talents, fit l’homme simplement.
Yuya bredouilla un oui discret et baissa le regard, cartant imaginairement le sol monotone tout en jouant d’une autre main dans ses cheveux châtains.
- Vous voulez essayer ??
La voix de l’homme la fit pratiquement sursauter. Pendant un instant, elle crut reconnaître Raziel. Yuya releva la tête et vit qu’il lui avait tendu l’ocarina de bois comme pour mieux l’enjoindre à accepter sa requête. La jeune femme exprima un étonnement poli, et se saisit de l’instrument de musique que l’envoyé venait de lui confier. Ses doigts glissèrent sur la surface glabre et polie à la perfection du petit ocarina de bois. Elle apprit à le connaître par ce simple toucher. Elle hésita un moment puis mit l’objet à sa bouche. Elle souffla brièvement et fut surprise du son clair qui émanait de l’appeau. Il était très bien taillé. Elle se remit à la tâche, mais cette fois ci elle allia à son souffle des nuances et couvrait de ses doigts chaque orifice de l’ocarina afin d’en tirer le son le plus pur.
Puis elle commença à jouer. Sous son turban, l’envoyé fut agréablement surpris de tant d’habileté. On aurait dit que la jeune femme était née pour la musique. Elle maniait cet objet comme une épée qui balayait toute résistance vaine. Et au milieu de ce délicat tumulte, l’homme reconnut une musique, une mélodie d’antan, qu’il avait jouée et appris. Il prit son inspiration et se mit à chanter. Sa voix lente et suave, aux accents graves s’éleva et s’accorda à la mélodie habile de la jeune femme.
C’était un rythme très lent et très doux, qui comptait avec tristesse la fin d’une époque, le début d’une guerre et d’un amour interdit. L’envoyé attendait avec impatience le moment où le rythme s’accélérerait et où il pourrait libérer tous ses talents de chanteur. Mais il ne vint pas. A la place, Yuya lui lança un regard étonné. Elle plissa les yeux et regarda l’homme comme si elle cherchait à pénétrer ses pensées. Il était tout simplement impossible qu’elle connaisse cet air
- Mais d’où connaissez vous cette chanson ? Ce n’est pas…
L’homme haussa la tête et tourna son regard vers les éternités glacées de la nuit. Il regrettait d’avoir été si imprudent et d’avoir laissé Raziel parler en lui.
Ca n’a pas d’importance.
Toute la magnificence de ce moment semblait s’être envolée avec la froideur d’un coup de vent. Pourtant Yuya ne pouvait se résoudre à abandonner ce dernier espoir. C’était le seul qui lui permettait encore de croire que ses amis étaient toujours en vie, quelque part… Elle retint l’homme par le bras alors qu’il tentait de s’en aller, elle-même surprise par sa propre arrogance.
- Je vous en prie… Dites le moi !
- Raziel me l’a apprise.
Yuya perdit à cet instant tout espoir. Quand elle avait entendu ces paroles, les paroles que parfois Raziel entonnait du même ton suave et grave, cet air, qui était le testament du vampire défunt, la seule chose qu’il avait léguée à Yuya, était aussi la certitude que cet homme qui lui parlait était bel et bien ce vampire qu’elle avait connu. Mais la dernière réplique de l’envoyé balaya toutes suppositions espérées. Ce n’était pas lui, cela ne pouvait pas être lui. Pourquoi, de toutes façons, Raziel se serait-il caché d’elle ? Il n’avait rien à craindre de sa part…
Son regard d’un bleu sombre sembla s’assombrir davantage. Elle sentit une vague de larmes, chargée d’écume, emprunter les chemins qui conduisaient aux mers houleuses de ses yeux. Elle se retint d’échapper un sanglot mais il était évident que son regard était voilé. La culpabilité rongea alors l’envoyé et surtout le poids du mensonge lui pesait sur les épaules. Comment révéler a la jeune femme ce qui était arrivé à Raziel et à Sahan ? Impossible…
- Je suis désolé mademoiselle.
Ce fut tout ce qu’il trouva à dire. Et il se maudit à nouveau de ne pouvoir justement dire que cela.
- Non, non ça va. Vous aviez raison vous ne pouvez pas être lui. Excusez moi, pendant un instant j’ai cru…
Que j'étais Raziel? Termina l'envoyé avec une sorte d'amusement à la voix.
- Oui... Mais il est mort n'est ce pas? Il ne reviendra plus...
A ce moment, il ne savait plus quoi dire. Il regrettait d'avoir jouer cette comédie, sans aucune raison valable. Il regrettait de s'être caché des autres et de faire endurer ceci à cette femme qu'il respectait tant. Une erreur...
Fin du flash back
Raziel acheva la dernière note et rengaina son ocarina comme on rengaine une arme. Il avait été fait à partir d'un bois calciné qu'il avait trouvé sur un champ de bataille, des mois auparavant. La nuit retrouvait ce calme que le vampire avait chassé avec ce son et les pensées du vampires vaquèrent à nouveau... Haeldra, la guerre, le temps, l'amour... Beaucoup de choses remplissaient la vie d'un homme, plus de choses encore égrennent la vie d'un vampire. Mais même ça a une fin. Le vampire leva son regard vers la pâle Séléné. Un vent puissant venu du sud avait chassé les nuages. Les étoiles lui paraissaient plus brillantes à présent. Finalement, tout n'est pas si sombre.
Par 
Par KardanAmath, l'Anarchitecte le 01/01/1970 à 01:00
