instant poétique | |
Topic visité 112 fois Dernière réponse le 17/11/2004 à 20:44 |
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Au milieu des mortels, j'erre...
Au millieu de leur incompréhension, je me perds... La guerre... Elle les nourrit... ils s'en délectent... Au milieu de tout cela, je suis triste pour eux et las... Au milieu de tout ceci, abondonné dans une tour, j'ai trouvé ce manuscrit... Puisse ces quelques vers écrits de main de maître M'aider à fuir leur morbide réalité... et celle de mon être... Puisse l'auteur trouver paix et reconnaissance éternelle En survivant dans l'esprit des immortels... Sans cesse à mes côtés s'agite le Démon; Il nage autour de moi comme un air impalpable; Je l'avale et le sens qui brûle mon poumon Et l'emplit d'un désir éternel et coupable. Parfois il prend, sachant mon grand amour de l'Art, La forme la plus séduisante des femmes, Et, sous de spécieux prétextes de cafard, Accoutume ma lèvre à des philtres infâmes. Il me conduit ainsi, loin du regard de Dieu, Haletant et brisé de fatigue, au milieu Des plaines de l'Ennui, profondes et désertes, Et jette dans mes yeux plein de confusion Des vêtements souillés, des blessures ouvertes, Et l'appareil sanglant de la Destruction ! |
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CXIII
La fontaine de sang Il me semble parfois que mon sang coule à flots, Ainsi qu'une fontaine aux rythmiques sanglots. Je l'entends bien qu'il coule avec un long murmure, Mais je me tâte en vain pour trouver la blessure. A travers la cité, comme dans un champ clos, Il s'en va transformant les pavés en îlots, Désaltérant la soif de chaque créature, Et parfois colorant en rouge la nature. J'ai demandé souvent à des vins capiteux D'endormir pour un jour la terreur qui me mine; Le vin rend l'oeil plus clair et l'oreille plus fine ! J'ai cherché dans l'amour un sommeil oublieux; Mais l'amour n'est pour moi qu'un matelas d'aiguilles Fait pour donner à boire à ces cruelles filles ! |
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CXI
Femmes damnées Comme un bétail pensif sur le sable couchées, Elles tournent leurs yeux vers l'horizon des mers, Et leurs pieds se cherchant et leurs mains rapprochées Ont de douces langueurs et des frissons amers. Les une, coeurs épris de longues confidences, Dans le fond des bosquets où jasent les ruisseaux, Vont épelant l'amour des craintives enfances Et creusent le bois vert des jeunes arbrisseaux; D'autres, comme des soeurs, marchent lentes et graves A travers les rochers pleins d'apparitions, Où Saint Antoine a vu surgir comme des laves Les seins nus et pourprés de ses tentations; Il en est, aux lueurs des résines croulantes, Qui dans le creux muet des vieux antres païens T'appellent au secours de leurs fièvres hurlantes, Ô Bacchus, endormeur des remords anciens! Et d'autres, dont la gorge aime les scapulaires Qui, recélant un fouet sous leurs longs vêtements, Mêlent, dans le bois sombre et les nuits solitaires, L'écume du plaisir aux larmes des tourments. Ô vierges, ô démons, ô monstres, ô martyres, De la réalité grands esprits contempteurs, Chercheuses d'infini, dévotes et satyres, Tantôt pleines de cris, tantôt pleines de pleurs, Vous que dans votre enfer mon âme a poursuivies, Pauvres soeurs, je vous aime autant que je vous plains, Pour vos mornes douleurs, vos soifs inassouvies, Et les urnes d'amourdont vos grands coeurs sont pleins! |
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Lugubre mais poétique... Vive la poésie. |
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C'est trop beaux...mais comment il fait pour trouver tout ça?
Continuez donc Walach vous m'impressionnez! |
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Je le dis et je me répète: tout ceci n'est pas de moi...
Toutefois je continuerais à vous faire le récit de ces quelques poèmes aux vers maudits, en espérant que vous ne puissiez en toucher ne serait-ce que le millième... |
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CXXI
La mort des amants Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères, Des divans profonds comme des tombeaux, Et d'étranges fleurs sur des étagères, Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux. Usant à l'envi leurs chaleurs dernières, Nos deux coeurs seront de vastes flambeaux, Qui réfléchiront leurs doubles lumières Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux. Un soir fait de rose et de bleu mystique, Nous échangerons un éclair unique, Comme un long sanglot, tout chargé d'adieux; Et plus tard un Ange, entr'ouvrant les portes, Viendra ranimer, fidèle et joyeux, Les miroirs ternis et les flammes mortes. |