Legends of Olympia : L'Ode Mythologique - chro
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Dernière réponse le 14/01/2005 à 21:25

geant Par Tëtram  le 01/09/2005 à 19:18

Devant moi se peignait la plus grande aquarelle du monde. De larges sillons bleus sombres étaient nés des eaux déchaînées, formant des flaques brunes où se reflétait un ciel infini et gris… De-ci, de-là, des tâches vert sombre avec leurs troncs délavés, s’élevant telles des serres affamées, paraissaient ravir les penchants morbides et grandiloquents du peintre.

Chaque chose doit finir. Les bonnes comme les mauvaises.

Le temps est sans doute notre plus grand ennemi, car avec lui vient l’oubli. Bien pire que la mort, il peut vaincre les plus grands héros et défaire les plus belles alliances. Nous avons tous été témoins de fins de cycle mais nous continuions à marcher le notre, sans trop se soucier de savoir quand notre tour viendrait.
Et pourtant…

Le plus grand cycle arrivait lui aussi à son terme.

Bientôt le Soleil cesserait d’écraser nos ombres, les combats de se dérouler et les amours de se conter. Que l’on se croit au-dessus des dieux ou qu’on les vénère, rien ne nous sauvera de ce cercle vicieux créé par la curiosité et l’orgueil, galvanisé par nos craintes infantiles et nos doutes d’adultes.
Cette force est plus la plus grande, la plus englobante qui soit. Quelle ironie de se savoir tous réunis à l’ultime moment alors que tant de futilités nous ont divisé !
A un instant donné, tous les peuples, tous les hommes, qu’ils soient mages, assassins, voleurs, espions, guerriers, mercenaires ou simples ambassadeurs, regarderont la même direction, la même fin.

Le temps fera son œuvre et l’oubli nous couvrira tous. Tous ?
Non, quelques élus parviendront peut-être à survivre jusqu’au prochain cycle…

Mais pas moi.

Je suis las de ces batailles au quotidien, de cette vie. Je l’ai remplie comme je l’ai pu, de rencontres et de voyages.
Parcourant Olympia de Zagnadar à Lardanium en passant par Sigdil, visitant la forêt des Ombres et vagabondant jusqu’en Outland, mon cœur est plein de tous ces souvenirs colorés. J’aurais joué à l’ambassadeur, à l’aubergiste, au bourreau et au père, défendant les intérêts de maintes nations et protégeant ceux qui étaient dans le besoin.

Des Elfes espiègles, des Lutins farceurs, des Nains fidèles, des Géants fougueux, des Humains solitaires, des Hommes Sauvages sibyllins et des Olympiens dévoués…
Je ne prétends pas les avoir tous appréciés ni en avoir rencontré suffisamment, mais certains sont devenus des amis inestimables.

Plus que je n’en méritais.

Car j’ai tué et pillé aussi. Ma jeunesse fût un monticule d’erreurs sur lequel j’ai su m’élever pour devenir un adulte. De telles bases ne m’assurèrent pourtant pas de vivre en ascète. J’ai tué pour de l’argent, j’ai mis mon arc au service de la colère ou bien de mes idéaux, mais le résultat est le même : la mort. Donnée tant de fois… tant de fois évitée.

Bienque mon corps puisse soutenir de multiples batailles encore, mon cœur est lassé de tant d’errance, ma famille me manque. Jamais ma vengeance prophétique ne s’accomplira et la fatalité me mine.
L’âge n’y est pas étranger. Comme Traag, je sens que mon temps sur cette terre est révolu. J’aurais aimé former mon disciple encore un peu mais j’espère lui avoir appris les leçons les plus importantes, celles qui feront de lui un homme. Les limbes ne me font pas peur car je sais que je pourrais en revoir certains, pendant un temps du moins. J’aurais aimé connaître un peu plus Domina et voir mes petits-enfants grandir. J’aurais… j’ai tant de regrets. Il me faut du repos maintenant.

Un long repos.


Tetram se dressa contre le vent qui avait peine à décoller les mèches humides du visage du géant. Otant sa cotte de maille rapiécée, la pluie tomba à nouveau, comme pour laver pêchés et souvenirs.
Il regarda longuement ce bras qui n’avait jamais cicatrisé, qui n’avait jamais oublié… Ses pommes de pin cachées, ses flèches brisées – toutes sauf une – le géant se mit en route vers
le lieu.

Il gravis la montagne que la Mort lui avait laissé entrevoir pour y rencontrer celui qui avait hanté ses nuits.
Toutes ses nuits. L’escalade semblait se dérouler au ralenti et le géant semblait minuscule face à l’imposante masse terne et morte qu’il gravissait. Dans un ultime avertissement, le ciel gronda mais le géant réaffirma sa volonté en hurlant aux vents. Ses pas s’enfonçaient plus profondément dans la montagne cendreuse à présent, et les coulées de gris le maculaient.

Tetram franchit l’entrée lentement, prenant sur lui pour ne pas jeter de regard en arrière. Il avait trop peur d’y voir quoique ce soit qui puisse le faire changer d’avis. Son unique flèche caressait la corde de son puissant arc. La suite se déroula comme entrevu dans l’entre-deux-monde.
Le géant avait reçu, il y a de cela des semaines, une vision de sa fin par Mort, le Cavalier à la faux couleur suie. Un bien étrange présent révélant un futur de plus funestes.


Tetram : - Je savais bien que je te retrouverais…

LUI : - Oui et je me réjouis de te voir seul. Mon neveu hors d’atteinte, tu es le seul qui aurait pu faire quelque chose. La Dame des Glaces t’a joué bien trop tard… Ce n’est pas dans ce cycle que je serais vaincu.

Tetram : - Je ne suis pas venu te vaincre mais te donner un avant goût de ta défaite !


La flèche à la pointe de métal précieux, forgée par un vieil ami, fut encochée avec célérité.
La corde de l’arc fut tirée au maximum, comme à l’habitude.
Les plumes frôlèrent le menton puis l’oreille du géant. Mais le cheveux tint bon et l’adversaire n’eu le temps que de voir un rapide éclair déchirer l‘obscurité de la grotte.

Comme pour lui affirmer sa résolution et lui montrer qu’il n’avait rien oublié du soir où ses parents étaient morts, Tetram planta sa flèche dans le flanc de la créature… là où son père avait, des dizaines d’années plus tôt, meurtri la créature de sa lance.

Le cri de douleur déchira l’air et souffla les braseros qui maintenaient la pièce dans une luminosité morbide ; la roche s’effrita, la terre trembla et les réalités semblèrent se briser.

Les tympans ensanglantés, le Géant perdit l’équilibre et ne put esquivé le coup de son opposant. Le dernier, Tetram le savait. Le coup ouvrit la cage thoracique du Géant du Feu et des Baffes-dans-ta-gueule, comme les gens avaient appris à l’appeler, mettant à nu les os et faisant exploser les globes oculaires sous l’impact.
Aveugle et muet, les derniers sons qui vinrent à Tetram furent les cris de douleur de Khorumy. Ainsi son compagnon voulait le suivre même dans la mort.
Et ça, Tetram ne l’oublierait pas, pas plus que le souvenir de sa fille ne le quietterait... Etait-elle enfin libre ? Etait-elle enfin heureuse ?

Dans une dernière gerbe de flamme, tout fut consumé.



« A un moment, tout devient feu… »



Chaque chose a une fin.
Voici la fin de mon cycle…



olymp Par Raziel le Vampire  le 01/10/2005 à 01:33

hrp tu sais déjà ce que j'en pense, ta meilleure oeuvre incontestablement. /hrp



nain Par Grim Tulamor  le 01/10/2005 à 10:36

je m'incline devant toi et ton chemin

hrp/ moi aussi je m'incline... bonne route



elfe Par Fitz Boy Slim  le 01/10/2005 à 15:42

HRP : Entre plaisir extrême et déception. Voilà les sentiments que j'éprouve.
Chronique magnifique, digne du grand Tëtram et grande déception,que de ne plus avoir à lire les récits de ce conteur hors pair.

Chapeau



geant Par Kal Su  le 01/01/1970 à 01:00

hrp// j'en ai les larmes aux yeux. C'est bôôôô



hs Par Galtabosh Gueuouf  le 01/01/1970 à 01:00

Hrp: C'est magnifique ...
Je ne trouve pas d'autres mots ...
Magnifique ...
Si ...
J'en ai un autre: grand ...
C'est magnifique, et c'est grand!