Rencontre au sommet | |
Topic visité 229 fois Dernière réponse le 22/08/2006 à 19:23 |
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L’ennemi était là, proche, silencieux, tapis dans l’ombre. Mon regard fouillait l’obscurité à sa recherche. Depuis quelques jours j’étais suivi par cette meute hurlante et barbare. Des olympiens… Je n’avais pu remarquer aucunes marques de citoyenneté sur leurs armes, peut-être était-ce seulement des pillards errants chassant le voyageur solitaire… Peut-être était-ce aussi des tueurs de Lardanium ou d’Ordenum masquant leur identité afin de pouvoir vaquer à leurs occupations sanguinaires sans risquer d’incident diplomatique… Je ne savais… Seule une chose paraissait désormais évidente au vue des cris et des grognements qui avaient précédés ce silence oppressant : ils m’avaient poursuivi dans ce mont pierreux et se terraient autour de moi, dans la nuit. Où étaient-ils ? Me voyaient ils ? Comment allais-je me tirer de ce mauvais pas ? Nombres de questions me torturaient l’esprit, mettant à l’épreuve le calme et la sérénité que mon maître d’arme avait tentés de m’inculquer. Je décidai bientôt de reprendre ma progression parmi les rochers, profitant de la moindre cuvette et du moindre amoncellement de pierraille pour essayer de me dérober à la vue des individus qui me recherchaient. J’avançai doucement, pas à pas, le souffle court et l’oreille aux aguets. Seul le sifflement du vent sur les arêtes acérées des rochers perturbait ce calme menaçant, ce silence machiavélique et cruel, de ceux qui vous plonge dans les affres de l’angoisse, qui vous tourmente et vous agresse et qui, enfin, lorsqu’il est rompu, vous laisse sans ressource face à votre perte. Je sentais les gouttes de sueurs perler sous ma tunique malgré la fraîcheur ambiante. Je poursuivais cette fuite lente, la gorge nouée, les muscles tendus…
Soudain un grand hurlement retentit et une ombre immense devant moi, une longue épée à la main, prête à frapper. Son cri terrible s’étrangla en un gargouillement sinistre et elle s’écroula dans la poussière, la lame de mon poignard fichée au travers de sa gorge. C’est alors que tout autour de moi apparurent des olympiens, bondissant par dessus les rochers, armés jusqu’aux dents. Mon épée jaillit du fourreau et je me lançai sur le premier venu, oubliant d’un coup toutes mes peurs passées. J’avais fait le vide dans mon esprit et seule une colère froide semblait désormais me guider. Ces olympiens, ennemis de toujours du peuple de Na’helli, allaient connaître la valeur d’un elfe au combat…Ma lame s’abattit sur le crâne du pillard et s’y enfonça profondément. Le corps s’effondra sur le sol avec un bruit sourd en un gémissement de douleur. Mais déjà, insouciants de la mort de leurs camarades, d’autres adversaires arrivaient en courant. Ils se ruèrent sur moi et je fus bientôt plongé au milieu d’une sanglante mêlée, seul contre tous. Mes coups redoublèrent d’intensité, poussés par la volonté de vaincre et de survivre. Le cliquetis des armes et les cris de douleurs et de haine emplissaient le mont, répercutés par l’écho. Les corps sans vie commençaient à joncher le sol, gisant dans une mare de sang noirâtre. Longtemps le combat continua. Je frappai sans relâche, tournoyai, esquivai, tantôt repoussant l’ennemi, tantôt reculant dangereusement, pressé de toutes parts. Mais alors que la lumière du jour se commençait à inonder le mont, révélant un spectacle morbide et sanglant, mon plus terrible adversaire apparut. Un ennemi sournois et tenace, vil et mesquin : la fatigue. Elle s’empara bientôt de moi. Mon arme me sembla de plus en plus lourde et difficile à manier, ma garde se fit plus lâche et plus basse. Un olympien aux cheveux de feux et au regard de braise se jeta alors sur moi, profitant de ma faiblesse croissante. Epuisé par le dur combat que je menai depuis quelques heures, je ne pus le repousser et je m’écroulai sous son poids, lâchant mon épée sous la violence du choc. Une innommable odeur de crasse et de sueur se dégageait du corps de mon adversaire. Je cherchai à me dégager de l’emprise de cette montagne de muscle, usant de mes dernières forces. Je croisai alors ses yeux haineux, et j’y lu ma mort prochaine, inexorable. Ceci décupla ma volonté de fuir. J’écrasai violemment mes poings dans ses cotes, cherchant à le faire lâcher prise. Mais, anéantissant mes derniers espoirs, un de ses amis se dressa au dessus de nous. Je ressentis une immense douleur à la tête et un voile noir s’abattit devant mes yeux sur une dernière vision : un pied chaussé… A suivre... [Sentinelle]
Elfe Noble |
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Très bien...On s'y croirait ! |
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Une troupe d'Olympiens. Peu nombreux, mais lourdement chargés.
Je me relevai. La piste était toute fraîche, je devais me montrer prudent, il est des rencontres qu'il vaut mieux éviter. Je repris néanmoins mon chemin, pestant contre ces brutes qui envahissait notre sol, se croyant chez eux partout. La route était peu sûre, mais passer par ce col me permettrait de gagner un temps considérable, et puis j'avais envie de goûter à l'air frais des cimes. L'ascension était plutôt aisée, le sentier encore bien tracé même s'il n'était plus guère emprunté. Je marchais d'un pas rapide, gardant un oeil sur le sol pour repérer les traces des Olympiens, un autre sur le ciel pour surveiller le temps et ne pas me faire surprendre par le temps menaçant. Les Olympiens avaient semble-t-il quitté le chemin, et je me réjouissais d'avoir pu échapper à une mauvaise rencontre. Je marchais d'un pas guilleret, en sifflotant. Soudain, je m'arrêtai, et détachai ma hachette qui pendait toujours à mon côté. Je venais d'entendre des hurlements et un bruit de combat dans une petite combe sur ma gauche. La prudence me commandait de passer outre et continuer mon chemin, mais je ne serais pas connu comme un mineur de talent si je n'étais pas curieux. Les sens aux aguets, je me dirigeai prudemment vers le lieu présumé du combat. Je n'en cru pas mes yeux. Un elfe, reconnaissable aisément à ses longues oreilles, se battait contre les Olympiens dont j'avais repéré la piste. J'étais encore jeune, et je n’avais vu qu'en de très rares occasions des elfes. Ils m'avaient alors parut faibles, chétifs, et surtout de très piètres combattants, se basant sur une magie surannée. Mais celui-là se démenait comme un beau diable, malmenant ses ennemis d'une lame précise dans une main assurée. Dissimulé derrière un rocher, je ne perdais pas une miette de cet étrange ballet, l'elfe semblant virevolté au milieu des Olympiens. LA différence de niveau était manifeste. Cependant, les Olympiens, bien qu'ils n'arrivent pas à parer les coups, engoncés dans leur lourde armure, résistaient bien aux assauts furieux de l'être aux oreilles pointues. L'avantage d'un matériel robuste associer à celui du nombre annonçait la fin prochaine de l'elfe. Déjà, ils l'entouraient, le pressant de plus en plus. L'un d’eux se glissa sournoisement derrière lui pendant qu'il devait contenir un assaillant. Son heure était venue. Je ne sais toujours pas ce qui m'a pris ce jour là. Moi d'ordinaire si prudent, si mesuré, plein de la patience légendaire des nains, je fis une chose insensée, d'aucun dirait stupide. Je pris de la hauteur en me issant au sommet du rocher derrière lequel j'étais caché. Puis, sans un bruit, je bondis devant l'elfe qui, touché à la tête, s'écroulait. Les Olympiens furent décontenancés par mon apparition inopinée. J'admets que j'étais moi aussi surpris par ma réaction, et je ne savais plus trop quoi faire. Leur visage m’indiquait qu'ils n'avaient aucune envie de discuter autour d'une bière, je devais donc me sortir rapidement du mauvais pas dans lequel je m'étais mis en faisant usage de la force. Je donnai un violent coup de hache devant moi, c'est à dire dans le bas ventre d'un Olympien. Leur armure n'était d'aucune efficacité face à un nain, je frappais de toutes mes forces, ne me souciant aucunement de la précision. Je différais complètement de l'elfe que je venais de sauver, nos styles de combats étaient diamétralement opposés. Ces réflexions ne m’empêchaient pas de me battre avec toute la fureur et la fougue de ma jeunesse. J'esquivais les coups en me roulant sur le sol. La petite taille propre à ma race, et dont beaucoup se moquait, j'en faisais un avantage. Un Olympien en face de moi. D'un large mouvement de lame circulaire, il tête de me trancher la tête. Il ajuste mal son coup, je me baisse légèrement. La lame passe à quelques pouces de mon crâne. Je riposte immédiatement, mettant toute ma force dans un coup dont l'autre ne se relèvera pas. Mais déjà, deux autres sont sur moi. Ils ne se sont visiblement jamais attaqués à des nains, et ne savent pas trop comment s'y prendre. Je profite de la situation. Déjà couvert de sang, je rugis comme un dément et assène des coups plus ou moins au hasard. Terrorisé par la bête féroce et débridée qu'ils croient combattre, ils n'osent plus prendre de risques et venir au contact. Ils passent leur temps à se jeter de côté pour éviter mes coups de haches désordonnés, et semblent épuisés, restant en retrait pour tenter de reprendre leur souffle. Je ne leur laisse pas le temps de se rassembler, de s'organiser. Je jette maladroitement ma hache sur le plus épuisé, qui me regarde de ses yeux ronds sans comprendre. Il s'écroule doucement, dans un afflux de sang. Ses quelques compagnons survivants sont horrifiés. La plupart hésitent. L'un d’eux, plus téméraire et me voyant désarmé, fonce sur moi, tenant fermement la lame dans ses deux mains jointes. Je lui fais face, bandant tous mes muscles, attendant le choc. Au dernier moment, je me penche en avant. Je sens la douleur du fer s'enfonçant dans ma chaire, la chaleur de mon propre sang qui jaillit. Je saisis l'Olympien à bras le corps, au niveau de la taille, là où l'armure est moins épaisse pour permettre de bouger plus librement les jambes. Je bande mes muscles, ceux là même qui sont réputés dans tout Kazad pour soulever des blocs de pierre énormes. Je sers de toutes mes forces. Les cris de l'Olympiens sont déchirants, me défoncent les tympans. Je ne m'arrête pas, aiguillonné par la douleur. Soudain, un grand craquement, puis plus un bruit. Je regardai autour de moi, les Olympiens survivants avaient fui. L'étrange couple d'un elfe et d'un nain avait mis en fuite une troupe solidement équipée de protégés des dieux aguerris au combat. Je retirai la lame enfoncée profondément dans mon épaule. La pression retombée, la douleur fut plus forte que ma volonté, et je m'écroulai à quelques pas de l'elfe, couverts de sang et de poussière, entourés de cadavres d'Olympiens... Fondateur de la Guilde des Travailleurs Nains |
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Le trou noir, le vide, le néant, puis soudain une lumière ténue, peut-être image d’une resplendissance passée, d’une orgueilleuse citée oubliée ou d’une beauté perdue… La clarté s’avançait, doucement, paisiblement… Le souffle frais d’un vent absent se fit ressentir… Etait-ce les enfers ? La mort ? La folie ? Mon esprit s’envola à la rencontre de cet amoncellement photoluminescent aux allures de renaissance… Il se rapprocha, analysa et s’imprégna de cet élément nouveau, puis, ne résistant pas à l’attraction qui en émanait, il plongea dans les profondeurs de cet éclat venu de nul part…
Mes yeux s’ouvrirent alors sur un ciel gris et nuageux, un paysage morne et rocheux. Que s’était-il passé ? Un bref coup d’œil sur les cadavres sanguinolents gisant de toutes parts, sur mon épée rougit à mes cotés et le violent mal de tête que je ressentais me ramenèrent bien vite aux dures réalités… le combat, les olympiens, ma chute... Où étaient ils tous passé ? Pourquoi étais-je toujours en vie alors que je m’étais écroulé sous les assauts répétés d’ennemis hostiles et cruels, assoiffés de sang ? Un élément extérieur avait sans doute du perturber la curée… Mais lequel ? Je me redressai difficilement afin de chercher quelques indices permettant de répondre à ma question. J’étais intrigué, fatigué, le corps engourdit par les efforts fournis et les coups reçus…Jetant un regard tout autour de moi, c’est alors que je l’aperçus… Je ne connaissais ni son visage, ni son nom à cette époque, mais une immense reconnaissance me submergea lorsque je découvris ce nain inanimé à mes cotés, sa hache tachée du sang de mes assaillants non loin de lui… C’était donc lui l’élément perturbateur, un nain… Un nain venant porter secours à un elfe… Le monde recèle bien des surprises…J’observai le personnage avec attention : petite taille, barbe, sourcil broussailleux, mon esprit ne me trompait pas, c’était bien le profil type d’un nain…Pourquoi était-il intervenu ? Quelques années plus tard, même après quelques litres de bière il ne voulut jamais me le dire, mais le savait-il vraiment ? Toujours est-il que j’aperçus ce nain, il paraissait dans la force de l’âge, ce qui contrastait quelque peu avec mon excessive jeunesse pour des excursions si lointaine… Fuir la réalité avait été un de mes buts premiers lors de cette expédition…Mon départ me revînt à l’esprit : une elfe superbe, une rupture et une rage intérieure irrépressible.. J’avais alors choisi d’extérioriser dans le voyage, de changer de lieu, de changer d’air…Oublier… Cette réalité m’avait très vite rattrapée mais sous une autre forme : de la beauté me fuyant j’étais passé à l’horreur me pourchassant… A choisir qu’auriez vous choisi ?… Je décidai bien vite que la verte forêt de Na’helli, même si elle pouvait abriter bien des tristesses, était une source de bien être, ce que ces rochers peuplés d’olympiens sauvages n’étaient pas… J’en étais à ces réflexions quand j’aperçus une large entaille au niveau de l’épaule gauche de ce nain providentiel…La plaie me sembla nette, peu dangereuse… J’entrepris néanmoins de nettoyer la blessure et de bander l’épaule afin de limiter tout risque d’infection. Mes faibles connaissances en matière de médecine se révélèrent particulièrement inutile mais je réussis tout de même à effectuer un travail correct, n’aggravant pas le problème, ce qui n’était déjà pas une si mauvaise chose… La respiration du citoyen de Kazad était régulière, il n’y avait donc aucun risque pour sa vie… Attendant son réveil je décidai alors de nettoyer la zone de tous les cadavres qui l’encombraient… Quelques heures plus tard un grand feu consumait les chairs des morts, les transformant en fumée et en cendres… Comme la pluie, ils retournaient à la terre… Ni plus, ni moins… J’observai cet immense brasier, pensif…Que de morts pour rien… C’est alors que j’entendis une voix forte derrière moi : « Une bière donne-moi une bière, j’ai soif ! » Pour un individu sortant d’une longue inconscience, cette phrase peut paraître étonnante… Pour un nain je me rendis bien vite compte qu’elle ne l’était pas et l’avenir me précisa que pour celui-ci elle l’était encore moins… Il s’empara de sa choppe et de sa bière rangée consciencieusement dans son sac et il s’assit tranquillement sur un petit rocher, face à moi, le visage encore un peu pâle… « Bien le bonjour maître nain » lui dis-je en introduction, espérant par là engager la conversation de manière durable afin d’en apprendre plus sur les inconnus de mon inconscience… Mais pas de réponse… Le nain buvait sa bière, tranquillement, récupérant des fatigues du combat…M’avait-il entendu ? Bien entendu ! Il me regardait fixement, sans bouger mis à part pour porter sa choppe à ses lèvres, prenant un air contraint et ennuyé… Voyant se manque certain de réactivité, je fis donc de même, attendant calmement et profitant de ces instants de repos pour m’égarer dans des souvenirs lointains… La forêt des Cendres, Na’helli… Paysages et ville magnifique… Et surtout Elvindra…Qu’est-ce qui nous avait ainsi éloigné ? Qu’ai-je oublié, qu’ai-je fait de mal ? Et pourquoi me torturer ainsi l’esprit pour des futilités désormais passées ?… « Bien le bonjour jeune elfe ! » Tiens on me parle ! J’émergeai difficilement de mes pensées et regardai le nain. Il venait de terminer sa chope et en emplissait une seconde. Voyant qu’il avait réussi à capter mon attention, il poursuivit en ces termes : « Qu’est-ce que tu fous ici ? Pourquoi t’as quitté ta forêt ? » Un interrogatoire ? Cela ne faisait pas parti des choses que j’appréciais le plus… « Je me promenai ami nain, la visite de nos contrées m’est chère… » Il sembla se satisfaire de cette réponse, qui ne paraissait pas si improbable et incohérente que cela…La conversation se poursuivit et s’est ainsi que j’appris comment ce citoyen de Kazad, nommé Vassili Vodj Stakhanov était intervenu en ma faveur et avait mis les restes de la troupe olympienne en déroute… Le temps s’écoula, le jour déclina… Ce nain, bien qu’étant nain, et Zeus seul connaît l’aversion des elfes pour les nains ( et vice et versa !), m’inspira sympathie et confiance… Un lien avait été créé lors de ce combat ( ce n’est pas tous les jours que l’on me sauve la vie ) un lien renforcé par cette longue discussion… [Sentinelle]
Elfe Noble |