Le chemin du départ | |
Topic visité 324 fois Dernière réponse le 19/07/2006 à 20:18 |
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Enfin, le tunnel bleu, le Couloir des Morts. Here'al courut pour le franchir, tant il était pressé de revenir sur Olympia. Le tourbillon le déposa juste devant une forêt, exactement comme la dernière fois. Cependant, celle-ci était différente de l'autre. Sa végétation était plus luxuriante, plus grâcieuse dans les formes de ses arbres. Dans la tombée de la nuit, on pouvait apercevoir plusieurs formes sombres qui semblaient se mouvoir dans les profondeurs du bois. C'était tout le règne végétal que recélait cet endroit qui, comme s'il était vivant, ployait et dont les feuilles se déplaçaient sous l'effet du vent. Et un sentiment inconnu d'Here'al se fit jour dans son âme. Il sentait cette forêt comme la sienne, ces hêtres faisaient partie intégrante de son héritage elfique. Rien que le fait de voir ce lieu, colonisé par la nature à son état sauvage, lui procurait une émotion qui le fortifiait. Et il ressentait un appel qui le poussait à entrer sous la voûte des arbres. Un peu hagard du fait de sa réincarnation, qui n'était jamais un obstacle à franchir avec facilité, il se dirigea vers la forêt. Quelques elfes s'entraînaient juste à son orée et lorsqu'Here'al les vit, il comprit où il était, et le pourquoi de cet force qui le faisait avancer, semblable presque à une coercition magique. L'elfe contemplait la Forêt des Cendres, berceau de Na'helli, la ville de son peuple. La ville qu'il avait toujours rêvé de visiter.
Mais sa première impression de Na'helli fut plutôt négative, puisque venant d'un elfe qui venait d'esquiver une flèche et d'un cri qui résonna dans les airs : - Attrapez Musica, c'est un voleur ! Here'al accourut et réalisa que l'auteur de l'avertissement portait l'insigne des Gardiens des Cendres. Impossible de mettre sa parole en doute. Here'al porta la main à sa hache et attaqua le dénommé Musica, qui croula bientôt sous une avalanche de coups, tous les elfes qui le poursuivaient l'ayant rattrapé. Here'al, hâtif de découvrir la ville des elfes, ne prêta que peu d'attention à la suite de cet incident. Sans mot dire, il rangea son arme et entra enfin dans la Forêt des Cendres... Les cîmes des arbres formaient une véritable nef de cathédrale. Here'al était un elfe, d'accord, mais il n'avait jamais eu l'occasion de contempler la magnificence de la Forêt des Cendres. Les lianes pendaient aux branches des plus vénérables chênes et les biches et leurs faons ne semblaient pas effarouchés des allées et venues des bipèdes voisins. Here'al rencontra même un magnifique cerf, qu'il s'empressa d'aller caresser. Le bel animal laissa passer la main d'Here'al sur son flanc avec plaisir, puis commença à avancer dans la forêt. Après quelques pas, il s'arrêta et regarda en direction de l'elfe. Il fit un mouvement de la tête que le ranger considéra comme une invitation à le suivre. En effet, après quelques heures de marche durant lesquelles Here'al s'émerveilla intérieurement de la beauté resplendissante de toute la végétation de la Forêt des Cendres, il arriva enfin devant une porte immense, gravée de caractères elfiques et qui manifestait une telle splendeur qu'Here'al en fut étourdi. Ses yeux n'avaient jamais considéré plus bel ouvrage que ces lourds panneaux de bois sculptés avec une infinie précision. On aurait dit que Kaeniel lui-même s'en était occupé. Du haut de l'enceinte de la ville, un garde se fit entendre à l'elfe. - Si vous voulez entrer, messire, allez-y, nous ouvrons les portes ! Les énormes gonds pivotèrent et l'univers de la cité se dévoila à Here'al. Il chercha le cerf des yeux, mais celui-ci avait disparu. Il ne veut pas entrer... Il n'a fait que me guider jusqu'ici. Merci, Esprit du Cerf, puisses-tu retrouver tes shamanes rapidement. Les premiers pas d'Here'al dans la cité furent marqués par une extase de la vue. La ville était si belle... Les rues tracées par la nature seule dessinaient un réseau complexe au plan de la ville. Les maisons, les cours, les esplanades... Tout y était à l'image de la nature : d'une structure si complexe et si simple à la fois, que n'importe quel visiteur était totalement dépaysé dès le premier coup d'oeil qu'il jetait à la ville. Un garde accueillit l'elfe et le mit au courant des lois à connaître afin de rester dans la ville sans ennuis avec les Sentinelles. - Je respecterai les lois de la cité elfe, jura Here'al avec toute sa bonne volonté. Puis, il s'enfonça dans Na'helli. Prenez garde à ceux que le Monde dota de conscience ; ce sont les plus versatiles des êtres, et leur coeur peut cacher beaucoup de bien comme le mal le plus absolu. |
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La ville résonnait des accords des harpes, des violes et de tant d'autres instruments qu'il eut été impossible de tous les citer. Les parfums de la forêt venaient doucement investir les narines d'Here'al et les lumières des lanternes et de toutes sortes de flammes d'un bleu chaud et accueillant illuminaient les rues et les bâtiments dans la nuit. L'elfe voulait tout voir de Na'helli, visiter tous ses recoins. Mais la ville était grande et Here'al, bien que sous son charme, savait qu'il devrait la quitter un jour ou l'autre, rejoindre sa nièce et ses amis et cette pensée l'attristait déjà. Ses yeux se portaient partout où ils le pouvaient, tant il y avait à voir. C'est grâce à cette frénésie d'observation et d'émerveillement qu'Here'al aperçut une silhouette qu'il avait déjà rencontrée il y a quelques temps, lorsqu'il l'avait servie à la Taverne de la Croisée des Chemins. Il s'agissait de Nävis, une jeune elfette qui au moment présent flânait dans les rues de Na'helli. Here'al avança vers elle, mais avant d'avoir fait trois pas, il vit un elfe, grand et brun, sauter sur Nävis et porter ses mains à sa gorge. Cet attaque avait quelque chose d'enragé, un désir de tuer sa cible. Here'al se précipita sur les lieux de la lutte. Nävis, suffoquant, essayait tant bien que mal de se dépêtrer de la mêlée. Here'al aperçut bien vite que plusieurs elfes du clan du Loup s'approchaient également.
- Kowu, calme-toi... Lâche Nävis... Tout de suite... Kowu ? C'est l'ambassadeur des Loups... Mais que se passe-t-il ? C'est un proche de Nävis, en théorie. Here'al agrippa les mains de Kowu et tenta désespérément de les desserrer de sa puissante étreinte, mais l'attaquant ne semblait même pas gêné par l'intervention du ranger. Au contraire, il intensifia l'étranglement. Un autre Loup aux cheveux et à la cape noirs accourut près de l'attroupement qui avait déjà commencé à se former. - Que fais-tu, Kowu ? Arrête, tu ne vois pas que c'est Nävis ? Lâche-la tout de suite, tu va la tuer si tu continues ! Mais Kowu ne répondait pas. Il continuait de fixer sa victime, mais la folie était dans son regard. Here'al vit le nouveau venu tirer son arc et prononcer d'une voix qui n'augurait rien de bon : - Lâche-la, Kowu. Je ne voudrais pas en arriver là, mais si je n'ai pas d'autre choix pour la sauver, je n'hésiterai pas ! Lâche-la ! Here'al suivit son exemple et, puisque son intervention à mains nues était inutile, peut-être Kowu se comporterait-il plus sagement en face d'une arme... Il dégaina sa hache. - Les Loups sont là, mais il n'est pas dit que les Cerfs manqueront à l'appel ! Kowu, arrête maintenant, je n'aimerai pas avoir à violer les règles de Na'helli dans son enceinte. Mais il ne répondait toujours pas. En vérité, il semblait être ailleurs. Il échangeait des regards étranges avec Nävis, tout en continuant de lutter avec elle. A part eux deux, tous s'arrêtèrent l'espace d'une seconde, s'interrogeant sur la signification de cette communication uniquement visuelle entre les deux principaux protagonistes du combat. Jusqu'à ce que Nävis inflige à Kowu une blessure qui n'atteignait pas seulement le corps, mais également l'amour-propre d'un homme. L'agresseur de Nävis, surpris, mal en point, dessera sa prise et la laissa rouler sur le côté. L'elfette se releva et fixa Kowu avec détermination. Here'al agit aussitôt. Laissant tomber sa hache, il agrippa l'elfe et le Loup aux cheveux noirs se précipita pour l'aider, tandis que Kowu hurla : - Nävis ! Je finirai par t'avoir ! Un jour ! Et ce sera le tour des autres ensuite ! Tu entends Nävis... Il se débattait avec une énergie peu commune, mais Here'al tenait bon. Cependant, il commençait à faiblir. Et cette attaque contre quelqu'un qu'il jugeait estimable avait réussi à l'énerver, quelque chose qui ne lui était jamais arrivé auparavant. Here'al libéra rapidement sa main droite et balança son poing d'un mouvement sec dans le nez de Kowu, ce qui eut pour effet de l'étourdir durant quelques secondes. Here'al ressera sa prise et attendit que la Sentinelle qui était intervenue verbalement contre Kowu ou tout autre vienne l'aider à maîtriser le chef-ambassadeur Loup. Le Loup à la cape noire, comme l'avait surnommé Here'al et dont il saurait plus tard que le nom était Haldir, saisit les bras de Kowu, l'empêchant ainsi de porter quelque coup que ce soit. - Merci de nous aider l'ami, lança-t-il à Here'al dans le même temps, c'est très sympa de ta part ! Here'al ne répondit pas tout de suite, occupé à maintenir Kowu qu'il venait de réussir à mettre au sol avec Haldir. Kowu qui continuait de crier. - Nävis ! Tu ne fais que retarder l'inévitable ! Bandes de larves, allez-vous me laisser achever cette tâche ? Nävis ! Tu verras... Après quelques secondes de lutte, Here'al interpella Haldir. - C'est moi qui devrait vous remercier de votre aide. Maintenant, tenez-le fermement je vous prie, le temps que je sorte ma corde. Nous devons l'attacher. L'elfe fouilla dans son sac et en extirpa une corde de chanvre qu'il enroula autour de Kowu avec l'aide de ceux qui se trouvaient à proximité. Une fois l'agresseur de Nävis ficelé, Here'al s'en détourna et se précipita vers la jeune elfette, qui cherchait encore sa respiration. - Est-ce que tout va bien ? lui demanda-t-il en posant sa main sur son épaule. Que puis-je faire pour vous soulager ? - Oui je vais mieux, mais je m'inquiète surtout pour Kowu maintenant... Here'al resta soudain interdit devant Nävis. Il venait de se rendre compte de sa ressemblance avec Maëlya. Les cheveux ne correspondaient pas, mais les traits de son visage étaient exactement les mêmes. Il tenta tant bien que mal de cacher son trouble et de le camoufler en une interrogation comme : - Mais qu'est-ce qui a bien pu pousser Kowu à agir de la sorte ? Mais il avait parlé trop bas pour qu'on l'entende. Cependant, la réponse arriva par la Sentinelle qui avait menacé de donner l'ordre aux tours d'abattre Kowu. - Quelle drôle d'aventure ... Il faut à tout prix soigner Kowu et chasser l'esprit qui a pris possession de son corps. Here'al continua toujours aussi faiblement, car en réalité il pensait à autre chose : - Possession ? Kowu n'était pas lui-même, c'est ça ? Encore une fois, personne ne l'entendit. Mais Here'al n'y prenait pas grade, ses pensées s'entremêlaient... Je crois comprendre un peu mieux... Maëlya, où es-tu ? J'aimerai tant te revoir... Donc, le corps de Kowu est contrôlé par quelque chose d'autre. Prenez garde à ceux que le Monde dota de conscience ; ce sont les plus versatiles des êtres, et leur coeur peut cacher beaucoup de bien comme le mal le plus absolu. |
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super chronique ! mais la possession existe-elle reelement dans le jeu ??????????????????????????????????????? |
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HRP:// Superbe chronique ! Et l'histoire de la possession est vraiment originale. Ce fût un plaisir que de participer à cette aventure ! ![]() Fingolfin Elanessë
[Famille Elanessë] [Sentinelle] [Ambassadeur/Diplomate auprès du Peuple Géant de Zagnadar] [Membre Fondateur du CEE = Commando d'Elite Elfique] [Gentleman Elfique] |
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// HRP : Ah Shad', la possession est une caractéristique purement RP de ton personnage et tu décides d'être possédé ou non seul ou avec les joueurs concernés dans certains cas de figure... Et cet épisode-là, je pouvais pas le laisser filer, 'fallait que je l'écrive (à vrai dire c'est celui-là précisément qui m'a motivé pour une nouvelle chro ![]() En tout cas, merci au joueur de Fingo et à toi, vous me faites plaisir. Prenez garde à ceux que le Monde dota de conscience ; ce sont les plus versatiles des êtres, et leur coeur peut cacher beaucoup de bien comme le mal le plus absolu. |
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Le jour du procès était arrivé. Here'al aussi, mais en retard. Au moment où il entrait dans la salle, il faillit bousculer une elfe aux cheveux bruns et au corps souple mais sculpté qui quittait le procès, les larmes aux yeux. Kowu, lui, était en train de se relever, encadré par deux Sentinelles dont l'une était Necrid Hîr-Minuial, chargé du jugement. La lèvre du Loup, fendue, laissait échapper un filet de sang. Et ses yeux exprimaient une haine sans bornes à l'égard de tous les elfes présents dans la salle.
- Veuillez m'excuser de mon retard, prononça Here'al avant d'enchaîner directement. Kowu n'a jamais été coupable. D'après ce que j'ai compris de toute cette histoire, son corps au moment des faits était contrôlé par un esprit qui le forçait à agir de la sorte. Lui-même n'aurait jamais tenté de tuer Nävis, une elfe qui était proche de lui. C'est un individu responsable qui n'est pas devenu le chef-ambassadeur de la Meute pour rien. Et si vous le laissez en vie, nous trouverons un moyen de chasser cet esprit qui le possède. Au moment où l'elfe aux cheveux d'argent s'asseyait, un fort claquement de porte se fit entendre et un elfe encapuchonné, montant un cheval et accompagné de deux loups d'une taille imposante, entra dans la salle du procès. Descendant rapidement de sa monture, il fit signe à ses familiers de l'attendre dehors. Puis il s'approcha de Kowu. A une certaine distance de celui-ci, le mystérieux arrivant releva son capuchon, révélant la tête de loup blanc qui se cachait en-dessous. Beaucoup laissèrent échapper des cris de surprise et Here'al, bien que n'ayant pas fait de même, demeurait profondément interloqué. - Je suis vraiment désolé si mon apparence vous déplaît, commença-t-il, mais dans le cas où nous sommes je ne peux pas faire grand-chose sans Lüwo, d’où ma modeste apparence... Désolé pour mon retard, dit-il alors en se tournant vers Necrid Hîr-Minuial, mais ses actes sont assez durs à prévoir et le voyage entre ici et les mines de cristaux est long... Enfin bref, j’espère que tu vas mieux Nävis ? Nävis lui fit comprendre que oui par un bref acquiescement, mais elle n'avait pas non plus l'air d'être aux anges... Quelques murmures outrés se firent entendre dans l'auditoire. Visiblement, cela ne plaisait pas à tout le monde que cet elfe se présente sous la forme d'un loup... Here'al supposa que l'inconnu était le shaman des Loups, ce qui fut confirmé par ce dernier, qui reprit son discours. - Je suis navré, je me présente pour ceux qui ne me connaissent pas encore, ou qui ne m'ont jamais vu sous cet aspect-là. Je suis Lytharion, shaman du clan du Loup... Puis il se tourna vers l'accusé et continua, d'un ton très différent qui en fit tressaillir plus d'un : - Et shaman de Kowu, non de toi ! Kowu sourit alors que Lytharion s'approchait de plus en plus de lui. - Vas-y, ris ma petite... Ris autant que tu le voudras, tu n’en as plus pour longtemps ! Tu vas vite retourner d’où tu viens... lança le shaman à l'esprit qui possédait Kowu. Il s'arrêta en voyant la lèvre ouverte de Kowu. Il sembla alors comme en transes durant une ou deux secondes, puis se tourna vers Labyala qui était revenue en compagnie d'un elfe qui lui caressait tendrement le bras. - Cela ne sert à rien de la frapper... Ou de le frapper. Il n’est plus lui... Et elle n’aura pas mal, elle. Mais j’admire ton courage de vouloir délivrer ton Frère, lui dit-il gentiment. Après avoir observé les elfes proches de Kowu, dans les yeux desquels l'on pouvait lire une infinie tristesse, Lytharion continua. - Je ne sais pas si je serai capable de le faire revenir à lui du premier coup... J’ai beau être en ce moment l’un des êtres les plus puissants en matière de psychologie, cette femme du nom de Maelinda a bien préparé son coup. Et tout le monde connaît l’air naïf et gentil de Kowu... Ce qui est certain c’est qu’elle restera à jamais en lui... Il ne font plus qu’un. Je ne vais pas rentrer dans les détails, Lüwo m’explique déjà beaucoup de choses... Enfin, ce qu’il sait, je le sais. En tout cas, nous ne pourrons jamais séparer l’un de l’autre. Cependant... Le shaman s'adressa à Kowu d'un ton courroucé. - Il est possible de décider qui de vous deux doit contrôler ce corps... Ce combat sera entre nous, vieille folle ! Un pesant silence ajoutait à l'énorme tension de l'instant. Un silence qui fut rompu par la voix de Kowu, devenue glaciale du fait de l'esprit qui avait pris possession de lui. - Kowu est mort ... - Comment ça ? cria Lytharion, c’est la goutte qui fait déborder le vase ! Saleté d’esprit, retourne d’où tu viens ! Et sommeille dans ce corps qui te fait office de prison ! D'un mouvement rapide, il apposa ses mains sur le front de Kowu et murmura quelques mots que les autres ne purent entendre. Deux rais de lumière sourdirent des avant-bras du shaman et repoussèrent l'ambassadeur des Loups contre le mur, avec une telle puissance qu'Here'al se demanda si le choc n'avait pas tué sa victime. Mais Lytharion continua et cette fois il prononça quelques paroles à haute voix. Mais si personne n'avait entendu les premières, les deuxièmes, bien que parfaitement audibles, demeurèrent mystérieuses pour la plupart de l'assemblée. - Liguana Lüwo... Liguana Lüwo... Liguana Lüwo... Retzat este prioti... Retzat este prioti... Yfana ! Yfana ! Les lumières générées par le sort finirent par se fondre dans l'atmosphère et Nävis et Labyala accoururent auprès de Kowu, dont le corps semblait dénué de vie. - Kowu, c'est toi ? Kowu ? criaient-elles presque. Lytharion s'assit et se passa la main sur ses yeux de loup. Il semblait avoir donné énormément de son énergie. Quant à Kowu, il releva faiblement la tête et laissa échapper quelques mots. - Laby... Nävis... Je... Tellement désolé... Durant un instant, Here'al, qui s'était levé et rapproché de la scène, crut que l'esprit qui envahissait le Loup avait disparu ou, en tous cas, avait été vaincu dans ce combat pour le contrôle de ce corps. Mais il réalisa vite son erreur. La haine revint dans son regard, il se mit de nouveau à sourire sardoniquement, avant d'éclater de rire en se relevant. - Pauvre, pauvre Lytharion. Si tu savais seulement ce qu'a ton cher Kowu ! Comment se fait-il qu'un shaman tel que toi n'arrive pas à me déloger de cet esprit tourmenté ? Sais-tu seulement pourquoi tu n'y arrives pas ? Lya avait tout-à-fait raison ! Je suis sa drogue ! Il ne peut pas se passer de moi ! C'est lui qui refuse que tu m'arraches ! Si tu le faisais, il sait que la douleur serait énorme pour lui. Et c'est pour cela qu'il est mort, car bientôt je serais ancrée en lui à tel point que personne ne pourra jamais plus m'en faire sortir ! Il n'existe encore que parce que j'ai besoin de lui, moi aussi ! Un cri retentit. Un jeune elfe avait crié "Non !" de tous ses poumons. -Je ne peux pas le croire... Je ne veux pas le croire ! Il s'était laissé tomber au sol, il pleurait. Mais il lui resta assez d'énergie pour se relever et quitter la pièce en courant. Visiblement, cette histoire en touche plus d'un... Moi-même, je me sens quelque peu... effrayé... Et un autre elfe pénétra à son tour dans la salle, reprenant le conflit là où il venait de s'arrêter. - Bien sûr que tu as besoin de lui. Si tu le tues, rien ne nous retiendra de détruire ce corps. Mais même si tu ne l'anéantis pas, s'il le faut, j'attaquerai quand-même. Parce que je suis sûr que c'est ce qu'aurait voulu Kowu. Il a toujours voulu se sacrifier pour la paix. Pensez bien à ceci, reprit-il après une courte pause, en s'adressant à toutes les personnes présentes. Kowu préfèrerait être sacrifié pour la paix s'il n'y a pas d'autre moyen. Here'al, qui s'était rassis sur un gradin en raison du tourbillon de pensées qui le dépassait intérieurement, se releva aussitôt et reprit la parole en parlant tout d'abord à Lytharion. - Vénérable shaman, pouvez-vous retenter quelque chose pour sauver Kowu ? Car si nous arrivons à maîtriser cet esprit, il pourra être jugé innocent et relâché en tant que tel. Si par contre il s'avère que la solution à ce problème n'existe pas, il nous faudra trouver un moyen d'empêcher le corps de Kowu d'agir. Car si j'ai bien compris, ce démon qui est en lui a l'intention de mettre fin aux jours de personnes qui sont chères à certains d'entre nous, des amis ou même des amantes. Il jeta un regard au juge avant de poursuivre dans sa direction : - Necrid Hîr-Minuial, vous qui vous devez d'être impartial, je crois que le moment est venu pour vous de décider du sort de Kowu, car aucun d'entre nous ne pourrait le faire sans être influencé par ses sentiments. Puis il se rassit, attendant la réponse de Lytharion et de Necrid. Prenez garde à ceux que le Monde dota de conscience ; ce sont les plus versatiles des êtres, et leur coeur peut cacher beaucoup de bien comme le mal le plus absolu. |
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// HRP : "Comment se fait-il qu'un shaman tel que toi n'arrive pas à me délogger de cet esprit tourmenté ?" ![]() ![]() Prenez garde à ceux que le Monde dota de conscience ; ce sont les plus versatiles des êtres, et leur coeur peut cacher beaucoup de bien comme le mal le plus absolu. |
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HRP/Oué !!! Vive les procès ![]() ![]() Bon, pour les joueurs qui n'auraient pas compris, y'a aucun esprit malin dans la tête de Kowu, l'est pas vraiment possédé... Il y a autre chose qui veut refaire surface ![]() ![]() Voilà ^^ Encore bravo à toi.../HRP |
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L'audience entière retenait sa respiration, attendant la sentence de Necrid Hîr-Minuial. Mais ce fut finalement Lytharion qui, au terme d'un long et pesant silence, énonça en un seul souffle le phrase suivante :
- Condamnez-le. La plupart des Loups le dévisagèrent, stupéfaits, ainsi que nombre d'autres. Le shaman continua : - Je ne peux rien faire pour lui si lui ne veut rien faire pour lui-même... Il faudra alors prendre le mal aux racines si nous voulons l'aider, ou plutôt le raisonner. Mais il me faut encore les trouver... ces racines. Cela risque de prendre du temps... et je ne veux pas que cette Maelinda s'en prenne encore à mes Loups ou à tout autre Elfe, alors enfermez-la ! Qu'elle ne puisse plus bouger... Il se retourna alors vers Kowu et lança avec colère : - Et toi, ne parle que si tu as des mots plus fort que le silence ! Silence qui perdura encore quelques secondes, avant que Lytharion ne s'adresse à Necrid Hîr-Minuial d'un ton qui se voulait plus doux : - Mais ne fais pas subir trop de souffrances à son corps... Si Kowu revient, qu'il revienne au moins dans un état physique correct... Sur ce... je vous le laisse... Pour ceux qui voudraient me parler... je me trouverai a la Tanière. Lytharion remit son capuchon sur sa tête et se dirigea pensivement vers la sortie. On entendit quelques hurlements de loups, un galop de cheval, puis le bruit s'évanouit... Une elfe se leva alors et parla à voix haute, mais comme pour elle-même : - Sa faiblesse d'esprit l'a perdu... Dommage. S'il s'en sort, il en sera quelque peu grandi, du moins faut-il l'espérer. Puis, elle dit à Kowu : - Je prierai le Corbeau qu'il garde un oeil sur ton âme, jeune Loup. Bon voyage. Et elle laissa les pleureuses s'approcher de l'accusé avant de se diriger vers la sortie. Mais elle n'eut pas fait deux pas que la voix de Kowu retentit encore une fois dans la salle, haineuse : - Sa faiblesse ? Parce que vous pensez tous qu'il est faible ? Non ! Kowu est fort ! Plus qu'on ne pourrait le croire ! Parmi ceux qui jadis eurent son don, nombre d'entre eux se suicidèrent, et tous moururent lorsque l'une de nous prit le contrôle ! Le simple fait qu'il m'aie résisté plus d'un siècle prouve sa force ! Le simple fait qu'il n'aie pas perdu sa raison malgré tout ce qu'il entendait prouve encore une fois sa force ! Je vous interdis de dire qu'il est faible ! Quant à vous, juge, prenez en compte le fait suivant : si vous ne me mettez pas à mort, alors je me tuerai moi-même... Un autre elfe, qui semblait s'être contenu depuis le début, explosa subitement : - Cette fois, c'en est trop ! Il se jeta sur Kowu et agrippa sa gorge, serrant comme un démentiel. - Qui que tu sois, Maelinda ou n'importe qui d'autre, continua-t-il, tu vas sortir de Kowu tout de suite ! A quoi cela te sert de perturber des vies elfiques ? Si tu veux mourir maintenant... alors ton seul but était de réussir à t'emparer pleinement du corps de Kowu ? Ton plaisir réside ici ? La manipulation ? Sont-ce là tes ambitions ? Kowu, si tu m'entends, fais quelque chose ! Ne vois-tu pas qu'elle te déteste ? Si elle dit à l'assemblée que tu n'est pas faible et compagnie... c'est pour que tu ne reprennes pas le dessus par haine ! Elle prend ses précautions ! Kowu ne mourra pas ! Lytharion... peux-tu torturer un esprit sans lui causer de dommages physiques ? Pourrais-tu torturer cette pourriture de démon pour lui faire regretter sa raison de vivre ? Mais Lytharion était définitivement parti. Le jeune elfe ne sembla s'en rendre compte que maintenant. Il se reprit et prononça ces dernières paroles : - Si Kowu devait être tué, ça serait par moi, vous entendez ? Par moi ! Au bout d'un moment, il fut arrêté par le discours d'un de ses amis. Tiens, je l'ai vu aux Enfers, celui-ci, je m'en souviens... - A toi qui est dans le corps de Kowu, je te souhaite une bonne journée, car tu ne pourras jamais tuer l’esprit de notre ambassadeur. J’ai eu peur, oui, très peur. Je croyais que tu pouvais contrôler mon cousin, mais mes peurs sont inutiles. Tu ne peux pas le contrôler, pour la bonne raison que c’est un Loup. Tu as mal choisi ta victime, car l’éducation qu’il a reçu rend son esprit incontrôlable. Eh oui, tu as oublié de prendre en compte un détail. A mesure qu'il parlait, son sourire s'élargissait... - Je vais t’expliquer, puisqu'en un siècle tu ne l'a pas compris. Même si, de toute évidence, tu ne le comprendras pas non plus en quelques minutes. Sais-tu la vraie raison de l’épreuve d'Iltarion ? Apparemment, non. Elle a pour but de faire sortir le Loup qui est en nous, ça tu dois le savoir. Mais où est ce Loup ? Cette épreuve a-t-elle échoué sur Kowu ? Je te rassure, la réponse est non ! Il est inscrit dans son corps et dans son âme et, surtout, il est tapi au fond de son esprit, que lui le veuille ou non. Que Kowu ne veuille pas te faire de mal est une chose, mais est-ce que ce Loup t’aime, lui ? Encore une fois, la réponse est non. Tu ne le sens peut-être pas, mais lui a senti que tu étais dangereuse et il est là, caché dans l’ombre de l’esprit de Kowu, prêt à agir au moindre geste brusque que tu feras. Eh oui, vous êtes trois dans ce corps et non deux ! Maintenant, l'elfe toisa Kowu sans plus sourire et proclama : - Si tu veux t’en sortir, ne bouge plus et ouvre bien tes oreilles, mais sincèrement je pense que c’est trop tard pour toi. Tu te trouves dans une impasse et tu ne t’en tirera pas. Il sortit et au moment de passer la porte, il lança une dernière phrase : - Passe une bonne journée ! C’est sans doute une de tes dernières. Après tout ceci, la jeune elfe qui avait été stoppée dans sa sortie par la provocation de Kowu put enfin répondre à l'esprit qui avait envahi le corps du Loup : - Qu'avez-vous donc comme argument pour m'interdire de faire quoi que ce soit ? Kowu a été stupide de vous croire, et c'est en ça qu'il a été faible. Vous avez simplement joué avec ses sentiments. Il vous a cru et il est tombé. Peut être que c'est plus de la naïveté que de la faiblesse, je vous l'accorde, mais il n'a jamais été capable de se défendre seul, d'après ce que j'en ai appris. Kowu est incapable de tuer qui que ce soit, et que vous ayez pris son corps n'y changera rien. Exilez-vous, disparaissez quelques millions d'années et vous reviendrez hanter de nouveaux imbéciles. On verra à ce moment-là, en plus personne ne se souviendra de cet insignifiant évènement... Ce sera parfait pour vous, n'est-ce pas ? Here'al tourna son regard vers Necrid, attendant sa sentence. Il le vit, l'air las, bras croisés, patienter durant ces disputes entre l'accusé et l'assistance, observant ceux qui faisaient montre de leur tristesse par la violence avec un léger sourire amusé. Puis il prit son bâton et frappa plusieurs coups qui sonnèrent à travers la salle comme le glas de Kowu aux oreilles de certains. - Votre attention s’il-vous-plait, toutes et tous ! commença-t-il après s'être raclé la gorge. Suite aux témoignages confiés par les présents, suite aux confirmations de ceux-ci et des aveux de l’accusé, je le considèrerai comme coupable et prononcerai sa condamnation. Néanmoins, j’apposerai quelques circonstances atténuantes à mon jugement ; en effet, l’elfe Kowu, membre du clan du Loup et citoyen de Na’helli, semble n’être plus en mesure de contrôler ses dires et actions et, malgré sa tentative de meurtre envers l’une des nôtres, malgré ses menaces de mort à l’encontre de nombre d’autres personnes, je ne retiendrai qu’une chose de tout ceci : nous avons devant nous un elfe fou à lier, «possédé» selon certains par une personne qu’il connût jadis et qui l’obligerait à lui obéir. Or, on peut bannir un elfe en pleine possession de ses moyens intellectuels et physiques, on peut le tuer après l’avoir torturé, pour lui faire comprendre son erreur, mais un malade, non. Et quoi qu’en dise le «possesseur», je n’ordonnerai pas sa mise à mort, et je veillerai même personnellement à ce qu’il survive. Kowu sera donc par conséquent emprisonné jusqu’à ce qu’il recouvre la raison ! Le Sentinelle s'interrompit deux brèves secondes, puis reprit : - J’encourage tous ceux qui, comme Lytharion, pensent pouvoir soigner le condamné d’une manière ou d’une autre à le faire dans les plus brefs délais. Sur ce, la séance est levée. Necrid poussa l'accusé devant lui et le fit sortir de la salle, en direction des cachots de Na'helli. Here'al aperçut, parmi toute la foule qui suivait la procession, le marchand dont on avait renversé les étals durant la bagarre qui avait mené à cette salle qui faisait partager son enthousiasme par des vivats à la gloire de la justice Na'hellienne. Kowu se démenait comme un diable pour échapper à la poigne des Sentinelles qui l'emmenaient vers son destin, criant vengeance. Et l'elfe qui avait bousculé Here'al à son entrée dans la pièce observait, de loin, tout le trajet de Kowu vers les cellules. Il sembla à Here'al qu'elle murmurait quelque chose, mais même ses oreilles d'elfe ne purent entendre précisément ce qui sortait de sa bouche. J'aurais bien aimé suivre tout ce monde jusqu'à la prison, mais j'ai à faire, maintenant... Il est temps, après ce dramatique épisode, que je me consacre à ce à quoi je pense depuis que je suis sur les routes... Cela fait longtemps, déjà... Oui, un an d'ici la prochaine saison... un an... Maintenant que j'ai le nom et les buts, qu'est-ce qui m'empêche de fonder la guilde de la Croisée des Chemins ? Prenez garde à ceux que le Monde dota de conscience ; ce sont les plus versatiles des êtres, et leur coeur peut cacher beaucoup de bien comme le mal le plus absolu. |
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Saison des Vents - Longues Pluies, an 1951 du 7ème cycle, selon le calendrier du peuple des elfes...
La hache tailladait les chairs du nain, les flèches perçaient son épaisse peau et ainsi de suite... Il fut bientôt abattu. Here'al remarqua à ce moment-là que quelques fléchettes empoisonnées s'étaient fichées dans ses vêtements. Or, aucun membre de la Croisée des Chemins n'en avait utilisé durant le combat. L'elfe qui avait aidé la CdC contre le nain renégat s'approcha d'Here'al et de son frère Dace. Elle ramassa les fléchettes empoisonnées qu'elle avait envoyées dans le corps de son adversaire et se releva. Son visage était entièrement couvert d'un voile noir, dissimulant ses traits. Here'al, à la vue de celle qui paraissait être une alchimiste, fut soudain troublé, bien qu'il tenta de n'en rien montrer... A cette fin, il lança un honnête salut à l'inconnue, puis enchaîna : - Auriez-vous la bonté de nous donner votre nom, mademoiselle qui nous avez apporté votre aide ? Pour toute réponse, l'elfe laissa échapper un "madame" qui ne manqua pas de faire pâlir Here'al. Il avait cru reconnaître les yeux qui se cachaient derrière ce bandeau de soie. Afin de confirmer cette impression, il lâcha en tremblant : - ... Je... Est-ce que... Maëlya, c'est bien toi ? Après quelques secondes de silence, la femme elfe rouvrit la bouche pour répondre. - Tu te souviens donc de moi ? Moi, à qui tu as promis le bonheur éternel ? Moi, avec qui tu désirais tout partager ? Moi, enfin, que tu as lâchement abandonnée... Encore un instant sans aucun bruit. Puis : - Et tu es parti, en laissant derrière toi une elfe blessée... Saurais-tu prévoir les réactions d'une femme outragée ? On ne peut pas oublier si facilement les alliances de sa vie passée... Here'al fut emporté par un tourbillon d'émotions, toutes aussi douces que douloureuses. Il voulut répondre, mais ses mots étaient brouillés dans son esprit avant même d'être formés. Les paroles de Maëlya l'avaient complètement bouleversé. Il finit par se reprendre et articuler ces mots : - Maëlya... Je n'ai pas voulu t'abandonner ! J'ai pris la route, mais mon coeur n'a cessé d'être à tes côtés et je souhaitais plus que tout au monde pouvoir un jour voyager avec toi... La voix d'Here'al s'emprunt d'une tristesse sans borne. - Mais en entendant ce que tu viens de me dire, je vois que tu n'en as pas très envie... Bien sûr que je voulais tout partager avec toi, jusqu'à mes aventures ! Je ne voulais pas te blesser de mon départ. Si ce dernier a ressemblé à une fuite, avec la lettre qui attendait ton retour chez nous, c'est qu'il m'aurait été trop dur de te dire en face : "Je m'en vais". Je ne pouvais pas faire cela, c'était au-dessus de mes forces ! J'ai essayé, dans cette lettre, de te faire comprendre que je ne fuyais pas ! Ai-je donc manqué à ce point mon objectif ? Maëlya, je t'en supplie, pardonne-moi ! Tout en parlant, Here'al avait fait quelques pas en direction de Maëlya et avancé sa main vers celle de son aimée... Celle-ci recula d'un pas et répondit : - Tu es un lâche (elle ravala sa salive). Oui, un lâche. Tu n'as ni l'âme, ni le coeur d'un aventurier. Comment peux-tu prétendre affronter mille dangers, lorsque tu trembles devant la femme que tu as "tant aimé" ? Non, Here'al. Ce morceau de papier n'est pas une preuve de ton amour, comme tu veux me le faire croire. Peu t'importait où tu allais, tant que tu pouvais me quitter. Et je ne suis pas étonnée de te retrouver en si charmante compagnie (elle tourna la tête en direction de Zerka et Titania)... Tu ne vaux pas mieux qu'un court-sur-pattes, moins courageux et plus pleutre. Je sais qu'aujourd'hui, ma venue est impromptue, et surtout gênante pour ta bonne continuation. Alors, ose donc, Here'al, m'enfoncer ton arme de nain au plus profond de mon coeur que tu as déjà meurtri. Achève donc nos souffrances, courageux gribouilleur ! Maëlya écarta les bras, tournant les paumes et le visage vers le ciel. Son voile était collé à ses joues par quelque chose d'humide... Ce fut alors que Dace, qui s'était écarté du couple, surprit et Maëlya et Here'al en ceinturant la femme de son frère et en la faisant s'asseoir avant de dire : - Personne ne va mourir et personne ne sera séparé alors calme toi. N'est-ce pas ? ajouta-t-il en se tournant vers Here'al. Celui-ci s'approcha de lui et le repoussa en lui murmurant "Désolé, mon frère". Puis il reprit à l'adresse de sa femme, plutôt durement : - Maë, être un aventurier ne signifie pas affronter mille dangers, comme tu le dis si bien... Je n'aime pas combattre, je préfère explorer... Être un aventurier ne veut pas dire être courageux. Maintenant, si tu souhaites mourir, je ne peux pas faire grand-chose pour toi... Il s'agenouilla devant elle et l'enlaça doucement, laissant couler une larme sur l'épaule de Maëlya... Doucement, sa main chercha la bordure de son voile et il la fit lentement glisser sur son front... Dès que ses yeux furent apparents, elle les ferma et dit tout bas à l'elfe : - Arrête... Des larmes couraient sur ses joues. Elle se releva péniblement, laissant Here'al à genoux, et redescendit son voile noir sur ses yeux fatigués. Après quelques instants de silence, durant lesquels Here'al s'était relevé à son tour, elle prononça d'une voix faible : - Je te propose un marché plus... équitable. Un dilemme moins cornélien. Je ne te demanderai plus de choisir entre l'aventure et ma présence. Si tu m'acceptes dans la Croisée des Chemins, je veux bien partir avec toi. Sous certaines conditions. Here'al était à la fois surpris et ravi de la proposition de Maëlya. - Si tu es acceptée ? Bien sûr que oui ! Et j'accepterai également toutes les conditions ! Maë, je suis sûr que tu sais à quel point tu me rends heureux en me faisant cette demande... L'elfe s'approcha de Maëlya et la serra dans ses bras. Celle-ci posa ses mains sur les épaules de l'elfe, mais ce fut pour mieux le repousser. - Calme-toi, dit-elle. Je vais à nouveau te demander de faire un choix. Laisse-moi donc t'exposer mes deux propositions : soit nous rentrons tous deux à Na'helli, reprendre notre vie passée où nous l'avons laissée. Nous oublierons ce fâcheux contre-temps et nous nous aimerons jusqu'à ce que la mort nous sépare. Soit je partage ta vie d'aventurier. Mais je te préviens qu'en retour, il n'existera plus rien de notre amour. Je serai une alliée, une amie, une associée. Une simple aventurière en somme, comme jadis tu l'avais désiré. Dans la première ville où la Croisée des Chemins passera se prononcera notre divorce, et je serai ta compagne de route, jusqu'à ce que... la mort nous sépare aussi, sans doute. Elle s'arrêta un instant, savourant l'effet qu'elle venait de produire sur Here'al et le reste de la CdC, qui restait silencieux. Puis elle reprit, comme amusée d'elle-même : - Je suis curieuse... Je m'interroge : ma présence te fera-t-elle, dans ce cas, plus souffrir que mon absence ? Ma face cachée d'exploratrice semble déjà se révéler... Elle avait gardé ses mains sur les épaules de son mari, les bras légèrement pliés afin de maintenir une certaine distance de sécurité et ainsi de mieux contrôler les réactions d'Here'al. Ce dernier resta un moment sans voix. Etait-il possible que Maëlya le haïsse assez maintenant pour pouvoir lui proposer ce dilemme ? Il réfléchit longtemps. Personne ne parla durant les plusieurs minutes ou Here'al s'était assis et pris la tête entre les mains. Enfin, il se releva et annonça sa décision : - Partir sur les routes avec toi est ce que je désire le plus au monde... Mais pas en tant que compagne de voyage seulement ! Maëlya, as-tu donc perdu tout amour pour moi ? Si c'était le cas, tu ne m'aurais pas proposé de retourner à Na'helli avec toi. Donc, tu te sens prête à sacrifier cet amour afin de mener ta vengeance à bien... Je t'ai dit tout-à-l'heure que je t'acceptais dans la Croisée des Chemins, quelqu'en soient les conditions. Ce n'étaient pas des paroles en l'air, mais une promesse. Je m'en tiendrai donc à cette dernière. Il se tourna vers les autres : - Accueillez bien Maëlya Tanuil dans la guilde, je vous prie. Puis, de nouveau à Maëlya : - Quel poste te conviendrait le plus entre Combattante-Voyageuse, Eclaireuse ou Chercheuse de Savoir ? Maëlya resta pensive quelques instants. - Je n'ai jamais eu l'âme guerrière... Et puis, quel piètre éclaireur je ferais avec ce voile noir sur les yeux... Je serai donc, avec ta permission, Chercheuse de... Maëlya n'avait pas terminé sa phrase qu'un long sifflement se fit entendre à l'est. Une flèche de signal. Tous les enfants elfes apprenant l'arc ont joué avec ce système astucieux : la tête de la flèche est remplacé par un sifflet, afin de produire avec la vitesse un bruit strident portant à plusieurs lieues de distance. Mais elle est également utilisée par les adultes afin de signaler leur position, un danger ou appeler à l'aide... Maëlya tourna la tête en direction de l'est, avant de voir Here'al démarrer une course folle vers cet appel, qui ne pouvait provenir, et tout le monde le savait, que de Dace. Here'al stoppa net, figé par la stupeur, en voyant Dace blessé au ventre face à un géant âgé et bedonnant qu'il reconnut en tant que dernier de ses meurtriers. Maëlya, qui s'était mise à courir elle aussi, dépassa son mari et s'arrêta un peu plus loin, face au géant qui avait blessé le frère d'Here'al. Ce dernier réalisa soudain le danger que courait sa femme et reprit sa course pour se plaçer entre Maëlya et le géant, afin de mieux la protéger. Il prit son lance-pierres et attaqua l'adversaire de Dace. Sur deux pierres, Here'al toucha une fois. Restait à voir la réaction du géant... qu'Here'al n'attendit pas. Il cria à ses compagnons : - Retirez-vous ! retraite ! En effet, le géant était suivi par un de ses amis, alors qu'un nain et un autre géant criant ses envies de sang d'elfe, arrivaient par le nord. Malheureux concours de circonstances qui réunissaient là quatre combattants dont au moins trois étaient supérieurs à la Croisée des Chemins... Here'al attrapa Maëlya par le poignet et, sans vraiment vérifier si les autres les suivaient, il l'entraîna un peu plus loin. Face à un petit bourg fait de tentes qui s'élevait au coeur de la plaine, non loin d'une petite rivière. La communauté d'elfes des Lunes appartenant au clan du Cerf, là où Here'al était né et avait prononcé ses voeux de mariage face à Maëlya. Les deux époux se regardèrent. - Eh bien, voilà qui nous aidera... commença Maëlya. Que penses-tu de nous arrêter ici quelques temps et de régler une petite affaire administrative ? Here'al détourna la tête vers les tentes et acquiesça, les yeux dans le vide. Ils restèrent dans le village vingt-quatre jours avant d'être déclarés divorcés... Prenez garde à ceux que le Monde dota de conscience ; ce sont les plus versatiles des êtres, et leur coeur peut cacher beaucoup de bien comme le mal le plus absolu. |
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