Legends of Olympia : La Litanie du Passé - Contes et Nouvelles des Frères Gramm Tagazog, Vol. I
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Contes et Nouvelles des Frères Gramm Tagazog, Vol. I
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Dernière réponse le 23/10/2006 à 17:39

nain Par Tagazog  le 02/01/2006 à 20:14

Path Ta Tras, l’elfe qui voulut être mineur

Il y a plus d’un millier d’années, à la lisière de la Forêt des Ombres, en des temps ou la nation elfique perdait lentement son droit de vie en ce lieu plusieurs fois séculaire, se trouvait un jeune elfe, allongé sur les hautes branches d’un érable sycomore.

Il contemplait d’un regard vide et froid la chaîne de Radar Bek qui s’étendait au sud. Il chantait mélancoliquement un ancien sonnet à la forêt de ses ancêtres, et le vent poussait ses cheveux tels des doigts invisibles jouant d’une harpe aux cordes soyeuses.

En contre bas une dizaine des siens rassemblait paquetages et effets personnels, en vue de l’exode, du long voyage pour rejoindre les leurs ayant déjà abandonné cette terre nourricière et maternelle, cette terre que leur sang et leur âme leur commandaient de garder, cet héritage divin que tout elfe pleurerait pendant des générations.
Le départ allait bientôt être donné, mais Path Ta Tras ne descendrait pas de son perchoir, pas encore, pas avant d’avoir fait ses adieux à la canopée, à la faune, à la flore à l’esprit même de sa forêt.
Il fit signe à ses pairs de partir sans lui. Bien que leurs liens fussent très étroits ils ne cherchèrent pas à le dissuader, ils le laisseraient le rattraper plus tard. Bien que tous ressentaient une immense tristesse, c’est comme si Path en était le catalyseur, c’était à lui de partir en dernier, c’était à lui le plus jeune de son clan, celui du Grand Duc, de partir, d’abandonner celle qu’il aimait aux hommes sauvages. Il n’était sans doute pas le dernier elfe en cet endroit magnifique, mais il se considéra comme tel et commença à chanter, une dernière fois.

« Vois-tu la brume du nord venir,
Et masquer les cimes à l’orée ?
Sens-tu comme elle veut s’insinuer
En sillonnant entre tes troncs ?
Elle se perdra et s’épuisera
Avant que d’atteindre notre cœur,
Et nous resterons à l’abri
Saufs en ton sein, saufs en ton sein.

Vois-tu cette feuille roussir,
A l’automne des soleils levés ?
Es-tu sûr qu’elle va repousser,
A la prochaine floraison ?
Elle s’envolera et retombera
Formant un éphémère linceul,
Et nous emprunterons ce tapis
Quittant ton sein, Quittant ton sein.

Vois-tu que nous allons partir
Et pour des siècles te laisser ?
Sais-tu qui donc nous a chasser,
Car en toi se cachent les noms ?
Tu n’entendra, ni ne verra
Plus nos enfants ni nos aïeuls,
Nous te pleurerons sans répits
Loin de ton sein, loin de ton sein. »

Une fois son chant terminé, il glissa prestement de l’arbre. Il ramassa son petit sac qu’il avait laissé au pied. Il sortit la dague de son fourreau de peau qui était lié à sa botte droite et s’approcha du tronc. Là il choisit une surface d’écorce sur laquelle il plaça sa main ouverte et murmura : « pardonnes moi cette offense, et accordes moi le pardon pour ce que vais te faire. Accordes moi aussi l’honneur d’être le témoin de notre alliance, de notre esprit commun à jamais, Bladf Kern Altmid Us Tweilfald* ».

*Que notre sang mêlé nous lie à jamais.


Alors Path entailla l’écorce sur la surface de sa main, puis il essuya la lame et s’ouvrit la paume droite, fit choir l’arme à ses pieds. Il laissa suffisamment de sang pour que toute son emprunte s’imprègne sur le bois tendre qu’il avait mis à jour. Il appuya tellement fort, avec une telle rage qu’un relief se créa à la surface du tronc, il avait les dents serrées et deux fins traits d’argent coulaient maintenant sur ses joues, ses yeux étaient complètement embués. Il amena sa main gauche à hauteur de visage, à son majeur était enfilée une chevalière en os portant le sceau de son clan, une larme tomba dessus, et il envoya son poing au centre de son emprunte sur l’arbre. Maintenant on pouvait distinctement voir une main d’elfe rouge, en relief avec une marque en son milieu.
Son bras gauche retomba le long de sa jambe, il ne sentit même pas la douleur de la fracture qu’il avait maintenant. Il tourna les talons et s’en alla.

A l’orée de la forêt des ombres se tient encore cet arbre portant la fameuse emprunte, un morceau de dague rouillée dépasse d’une de ses racines dures comme de la pierre, et la nuit un grand duc vient toujours s’y poser et effrayer de ses hululements les étrangers qui s’en approchent.

Path Ta Tras, ne rejoint pas son clan, il s’enfonça dans les plaines du sud et erra très longtemps, cachant son identité à mesure qu’il se rapprochait de Radar Bek.
Il rencontra peu à peu le peuple souterrain, de petite taille, souvent bourru et aux manières rustres. Cependant deux choses le frappèrent plus que tout, la fraternité entre ces individus, et leur incroyable talent de maîtrise de la matière, aussi bien de la pierre que des métaux.

Il se dit qu’un tel savoir faire serait utile à son peuple, peut-être même lui permettrait-il de reprendre la forêt perdue.
Il essaya de se faire enseigner ce savoir, de travailler avec des nains, mais son aspect de grande taille emmitouflé dans sa cape n’inspirait guère confiance.
Il resta en bordure du territoire de ce peuple, toujours sur le qui vive.

Un jour qu’il marchait vers une carrière à la limite de la frontière dont il avait enfin réussi à déceler l’emplacement, il fut attiré par des cris. Il se trouvait sur le versant ouest d’une colline et le remue-ménage venait de l’autre côté. Prudemment il rampa jusqu’au sommet et observa une scène sans doute commune en ces temps sur Olympia.
Deux nains étaient aux prises avec quatre bandits de grand chemin. Les quatre assaillants étaient tous vêtus plus ou moins de la même façon. Un turban blanc enserrait leur tête et se fermait sur le dessus en une calotte noire, un chèche bleu descendait de chaque côté de leur tête et un couvre visage noir ne laissait voir que leurs yeux. Ils portaient d’amples vêtements bleus aux manches blanches et sans ornement ainsi que des pantalons noirs, des pièces d’armure légère, tels des protèges bras et protèges tibias semblaient être leurs seules protections. Enfin des bottes de cuir parachevaient leur combinaison. Trois des voleurs étaient à pieds, le dernier d’entre eux, visiblement le chef, était à cheval, son épée était toujours dans son fourreau, accroché dans son dos. Un carquois et un arc étaient attachés à la selle de son destrier. Un des voleurs était posté à côté de lui, avec une arbalète pointée sur l’un des nains, un autre avançait une lance en avant, enfin le dernier, un colosse presque aussi grand qu’un elfe maîtrisait difficilement deux chiens de guerre, gros comme des moutons, aux babines retroussés et à la bave dégoulinante, prêts à se ruer sur leurs proies.

Les deux victimes, étaient simplement équipées, sûrement des mineurs. Path remarqua seulement après coup qu’ils avaient un poney pour porter leurs marchandises et que celui-ci avait été abattu de deux flèches. Le premier des nains avait un casque simple avec des protèges joues, un vêtement de cuir et une hache de la plus simple facture. Son acolyte lui aussi avait un casque ainsi qu’une armure très légère et un marteau de guerre.

« Laissez votre or, pierres précieuses et autres marchandises….et partez êtres dégénérés, créatures indignes ! Ou mourrez ! »Leur dit très calmement le chefs des bandits.
Les deux nains étaient verts de rage, à l’affront des brigands se superposait maintenant l’insulte à leur peuple.

Le premier lança « Depuis quand un voleur n’est-il pas lui-même un dégénéré ? »
Le deuxième dit à son tour « Il n’y a pas de honte à défendre son honneur et la mémoire des siens, mais ce sont des valeurs que vous ne devez pas comprendre ».

« Tuez les ! » dit simplement le cavalier.
L’arbalétrier épaula son arme, le maître chien le regarda, attendant que le premier carreau soit parti avant de lâcher ses bêtes.

Path n’avait pas à hésiter, ceux qui l’avaient chassé de sa forêt étaient connus comme étant des maîtres voleurs et il détestait tous ceux qui se livraient à pareils actes. Et même si les nains sont de redoutables guerriers le surnombre réveilla en Path l’aversion de l’injustice. Inconsidérément du fait que les siens auraient sans aucun doute laissé ces deux membres du peuple de la montagne à leur sort ou que les nains attaqués eux-mêmes puisse le prendre pour un ennemi, l’elfe se leva pris une flèche à l’empennage rouge et en bandant son arc son capuchon tomba en arrière, deux yeux ambré luirent et ses cheveux coulèrent autour de son visage en une rivière de mèches châtains, puis il marmonna une brève incantation : « By Feuealf Ignäthion » et la pointe de sa flèche s’embrasa.
Il décocha son trait vers le ciel et encochait déjà une nouvelle flèche, normale cette fois.

L’arbalétrier allait presser la détente lorsqu’une flèche tomba entre lui et le cavalier et instantanément un brasier les pris ensemble dans ses flammes, le carreau partit se perdre au loin tandis que l’homme se roulait par terre pour éteindre les flammes, le cheval quant à lui avait désarçonné son maître et s’enfuyait au trot. Path regarda les deux nains et vit que les deux chiens étaient maintenant sur eux, leur maître avait dégainé une rapière et avançait également dans leur direction, mais le lancier avait disparu. Path n’avait pas d’épée, juste une dague naine qu’il avait achetée à un forgeron de cette contrée.
Il recula un peu toujours la flèche prête à être lancée, juste au même moment il vit l’homme à la lance surgir sur son côté, il esquiva un assaut qui aurait pu l’embrocher et se mit face à son agresseur, tira, mais déjà habilement la lance était revenu le frapper au genoux l’envoyant à terre. Path gémit et lâcha son arc en tombant.

Pendant se temps l’un des chiens avait eu le crâne écrasé au premier assaut par le marteau nain, alors que l’autre avait renversé le mineur et était sur lui, l’empêchant de se relever et cherchant à lui sectionner la carotide, mais fort de son instinct de survie le nain maintenait la gueule de l’animal loin de son cou grâce au manche de sa hache…pour le moment. Son compagnon d’infortune, n’eut pas l’occasion de venir l’aider car déjà le maître chien entendait bien venger la mort du molosse, il fendit l’air de son arme, et le nain se déporta sur le côté, fit tournoyer son marteau avec une dextérité impressionnante, et l’envoya en direction du flan de l’assaillant, mais celui-ci se jeta en arrière évitant de se faire broyer côtes et bassin.

Path poussait sur ses jambes pour s’éloigner un peu et chercha sa dague. La lance s’abattit vers son cœur, mais l’elfe roula sur la droite juste à temps et se remis sur ses pieds, la lame tirée.

Un cri de douleur s’échappa du champ de bataille, le chien de guerre venait de planter ses crocs dans la jambe de sa victime, laissant du même coup à cette dernière la possibilité de donner libre court à sa rage et sa hache s’abattit sur l’animal frénétiquement, jusqu’à la mort de celui-ci. Puis il se redressa sur un genou, il ne pouvait aller aider son frère d’arme, et vit sur sa droite une forme sombre lui asséner un coup de pommeau dans la mâchoire, il sombra dans les ténèbres.
Le cri de son compagnon galvanisa l’autre nain, rendant son marteau plus léger, alerté par l’urgence d’aller aider son ami il recula vivement pour préparer son attaque, faisant cela il vit le cavalier frapper son camarade et cela lui arracha un cri de haine qui stoppa net l’élan des trois voleurs restant. Et à ce moment on put entendre « Faerwandlt Brudaer Blutter Berseker ». Les yeux de l’incantateur virèrent au rouge sang.

L’elfe profita du répit que lui donnait son adversaire stoppé par le cri qui avait déchiré l’air pour se rapprocher des nains et constata que le seul encore en état de se battre était à un contre deux et que plus loin, l’arbalétrier avait fini d’éteindre ses flammes et rechargeait un carreau. La situation devenait très préoccupante.

Néanmoins il fallait agir, Path se concentra, fit le vide, et ferma les yeux alors même que le voleur qu’il affrontait reprenait sa marche vers lui. Son esprit s’enfouit au plus profond de la nature moléculaire de la matière, des cristaux commencèrent à se former autour de sa main gauche et alors que la lance était à portée il ouvrit les yeux et pointa du doigt le voleur en criant « Eith Blad ! ». Le jet de glace acéré l’envoya à terre, sous l’effet du froid le manche de la lance se brisa en mille éclats. Ses vêtements étaient couverts de givre. Path avait épuisé la moitié de son pouvoir magique à présent et le combat n’était pas fini, il couru récupérer son arc.
Le nain encore debout était en état de folie meurtrière plus connue sous le nom de Berserk. Les voleurs bien qu’au nombre de deux sur lui fatiguaient à parer les coups de marteau.
Le chef cria à l’homme en retrait « dépêches toi de lui décocher un carreau »
C’était presque fait, le nain virevoltant était dans la mire de l’arbalète.

Les yeux du nain inconscient s’ouvrirent dans la douleur, impuissant témoin de cette scène, le goût du sang dans la bouche, l’étourdissement l’empêchait de faire sortir un simple son de sa gorge.

A suivre…



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[Coconuts Baroudeur de 122 ans][avec Sirocco "Kroak!"]

nain Par Tagazog  le 02/01/2006 à 20:14

Mais il ne pouvait rester sans rien faire, il rassembla ses forces et ramassa sa hache.

Path visait la gorge de l’arbalétrier, mais un coup venu de derrière le mit à terre, son adversaire était debout, en mauvaise forme mais toujours d’attaque, des gerçures couvraient son visage maintenant visible car son cache nez s’était détaché, du sang maculait son front. Le sort avait fait des dégâts mais n’avait néanmoins pas eu raison de lui. L’elfe ne pouvait pas fuir, il avait le genou contusionné par le coup de lance et maintenant il enflait diffusant une douleur lancinante et de plus en plus chaude.

Le carreau partit en un éclair au grand effroi du nain blessé, qui pria pour l’âme de son compère. Il entendit un bruit métallique et le craquement brusque et bref d’un os, l’affaissement d’un corps, un bruit très sourd, une grande masse…il se tourna pour voir que le maître chien était mort, le carreau en pleine tête.

Le voleur à moitié gelé dégaina deux couteaux à lame ondulée, il se mit à sourire faisant craquer ses joues gelées ce qui lui arracha un hurlement de douleur laissant à Path l’occasion d’utiliser son reste de mana : « Eklaikt Bult Licht El Bleitz », le voleur le vit lever un doigt au ciel, machinalement il le suivit du regard et n’eut le temps de voir la foudre s’abattre sur lui. Il s’effondra émettant un dernier râle, de son crâne s’échappait un peu de fumé.
Path se pris la tête à deux mains…il tituba, il avait épuisé presque toute son énergie magique, et il avait lancé le sort trop près de son ennemi, ses tympans bourdonnaient, ses tempes battaient fortement, un engourdissement se répandait dans tous ses membres, une fatigue, une immense fatigue, son cerveau le faisait souffrir et un voile noir s’abattit sur ses yeux, il sentit le sol se dérober sous ses pieds, puis plus rien.

L’arbalétrier était à nouveau en train de recharger : « Incroyable, mon carreau qui ricoche sur son marteau et qui tue l’un des nôtres…tu vas voir… ».
L’arme était prête, mais il laissa son arbalète pointée au sol car il vit l’ex-cavalier être mis à terre, d’une savante parade, le nain, qui n’était plus Berserk à présent, avait déséquilibré son adversaire.
Il n’y avait plus une seconde à perdre s’il souhaitait encore sauver son chef, ou alors peut-être pouvait-il attendre que le nain fasse le travail, ensuite tout le butin serait pour lui, il dirigea alors son regard vers le poney, mais quelque chose l’intrigua, où était passé l’autre nain ?

Faisant fi de sa douleur ce dernier s’était dirigé clopin-clopant vers l’ultime voleur encore debout. Il abattit sa hache sur la jambe. La douleur crispa les doigts sur la détente et le carreau se ficha dans le pied du bandit qui s’effondra les deux jambes invalides…il commença à crier, à supplier, mais le nain qui maintenant le dominait de sa petite taille ne fit pas de quartier.
Sa hache s’abattit sur le cou du mécréant en même temps que le marteau de son frère en terminait de refaçonner la tête et de ce fait l’esprit du chef des voleurs, et le ciel fut illuminé un instant par la foudre.

Les deux nains allèrent l’un vers l’autre se traînant, épuisés et blessés. Ils virent soudain un elfe tituber du haut de la colline, se tenir la tête, gémir et s’effondrer, roulant sur la pente dans leur direction.


Path ne voyait rien, sa conscience s’éveillait doucement, lui apportant une vague de murmures dont il ne comprenait pas la signification. Il connaissait pourtant ce langage, certains mots lui étaient familiers. Des fourmillements aux jambes et aux mains le firent bouger, mais il se rendit compte qu’il était pieds et poings liés. Les murmures prenaient maintenant un timbre plus audible, il savait à présent qui parlait et brusquement ses sens se réveillèrent, il ouvrit ses yeux en forme d’amande et aperçut le ciel étoilé, il essaya de s’asseoir et son regard chuta sur un feu de camp entouré de trois nains qui semblaient débattre en le regardant. Voyant qu’il se réveillait les conversations cessèrent soudain.

L’un des nains l’interpella : « Que faisais-tu ici espion ? »

« Je ne suis pas un espion… » dit amèrement Path Ta Tras, « …tout juste un errant, un exilé volontaire » arriva-t-il à articuler comme en s’écoutant pour se familiariser avec le son de sa propre voix.

« Baaahh » lança un autre « parole d’elfe est traîtresse flèche » (vieil adage nain).

« Allons mes frères » dit le dernier se levant et allant vers le prisonnier « je vous dis qu’il nous a prêté main forte à moi et mon frère, sans lui je ne sais pas si nous serions encore en vie »
« Bien sûr que si ! A-t-on jamais vu un nain avoir besoin d’un elfe ?? » dit le premier.

« Si vous voulez des exemples, ils ne sont pas nombreux mais ils existent » annonça Path à la stupéfaction de son auditoire. Il vit les moustaches de ses deux premiers interlocuteurs se dresser légèrement et leurs joues devenir rouges de colère.

« Blasphème !! » Cria le premier se dressant la main sur le manche de sa hache.
« Tu t’énerves trop facilement dès qu’il s’agit d’elfes » lui dit son compagnon qui était à présent à côtés de l’être des forêts.
A ce moment Path le reconnu : « c’est toi qui combattait avec le marteau » dit-il. « Et l’autre ? …qu’est-il advenu de ton compagnon ? »
« Je viens de le dire, mon frère est vivant, tu ne l’as pas vu ? Il est allongé juste là » dit il en désignant une petite forme sous des couvertures et allongée sur la droite. « Il n’a pas encore repris connaissance, mais il s’en sortira » il souriait à cette nouvelle.

« Que va-t-on faire de lui ?» reprit l’un des deux détracteurs de l’étranger.
« L’emmener à Kazad » dit son voisin.
« Certainement pas, il nous a aidé, l’emmener à Kazad équivaudrait à le mettre à mort, si toutefois vous arriviez à l’apporter là-bas vivant» intervint le nain rescapé de la bataille.
« Voyons Hamlitz, nous ne pouvons pas le laisser repartir ainsi ? »

La discussion venait de tirer le convalescent hors de son sommeil, tous se précipitèrent à son chevet.
Après quelques minutes, le défenseur de Path vint vers lui, sortit un couteau de sa poche et défit les liens du prisonnier.

« Pardonnes nous cette précaution, mes camarades sont effrayés par tout ce qui est étranger, je me présente Hamlitz Gramm Tagazog, mineur, je te présente mes excuses pour ce traitement, nous t’avons quand même prodigué quelques soins, tu auras besoin de plusieurs jours de repos pour ton genou. »
Path ne savait que dire alors de simples mots franchirent le seuil de ses lèvres sèches : « Enchanté, Path Ta Tras, elfe du clan du Grand Duc. »
« Je te remercie également au nom de mon frère Galdrok ».


Les quatre nains passèrent la nuit à débattre pour finalement accepter que Path reste avec les frères Gramm, et que les deux autres ne diraient mots de cette histoire à quiconque pour l’instant. Ces derniers prêtèrent leurs deux poneys aux mineurs.

Une fois les frères seuls avec Path, ils proposèrent à celui-ci qu’il parte rejoindre ses semblables. Ils avaient encore des ressources à collecter, et allaient dire adieu à Path Ta Tras, mais ce dernier voulu leur tenir compagnie, il prit soin de dissimuler dans son capuchon les attributs de sa race.

En chemin les frères Gramm Tagazog lui posèrent beaucoup de questions sur sa venue en terre naine. Path resta toujours très vague, et ne mentionna jamais les véritables raisons qui le poussèrent hors de son habitat végétal. Il préférait ne pas ébruiter l’abandon de la forêt des ombres par son peuple pour éviter de faire croire à d’autres qu’ils pouvaient s’y aventurer. En gardant le mystère il essayait de préserver sa terre natale, dans le but d’y retourner un jour avec les siens.

Path fit part de son désir d’apprendre l’art du minage, la connaissance du minéral et des métaux, ce qui rendit un peu méfiants ses deux compagnons de route.
Au-delà de ces méfiances ancrées dans leurs gênes respectifs par des siècles d’inimitiés, une relation de confiance réciproque commença à s’installer au cours du voyage.
C’est pourquoi les deux mineurs ne virent pas d’objection à emmener leur nouveau compagnon de route à Sthalberk, une mine de charbon très éloignée. Dernière halte avant le retour des nains vers Kazad. Sur le chemin les frères étaient bougons, la monotonie de la plaine les rendait parfois un peu irritables, mais lorsqu’ils aperçurent enfin le relief légèrement accidenté de roches sombres de Sthalberk, au cœur d’une cuvette naturelle, leurs yeux pétillèrent de joie et leur pas redoubla, forçant même l’elfe à accélérer pour rester à leur hauteur, tandis que les poneys suivaient docilement leurs maîtres.

La mine était déserte, légèrement hors du territoire du roi nain de l’époque.
« Tu vois cette région est celle du Marais du Passé » dit Galrock s’adressant à Path, « on dit qu’il y a très longtemps de cela, le fleuve de Gaïa avait un embranchement qui s’écoulait dans cette plaine formant un immense marais, mais un jour il s’assécha, emprisonnant la végétation dans les sédiments. Maintenant, c’est une réserve de charbon, mais très peu exploité, car longue à atteindre, profonde et isolée. »
« Comment pouvez-vous savoir cela ?? »demanda l’elfe intrigué qui entendait cette histoire pour la première fois.
« Le sol mon cher » dit Hamlitz « …le sol parle de lui-même »
Path était intrigué, lui qui savait écouter la forêt, les animaux se trouvait dérouté en ce lieu qui semblait si vide, si pauvre spirituellement.

« S’il est si difficile d’exploiter cet endroit pourquoi venir? »demanda-t-il encore.
« pour l’intérêt géologique du lieu » s’exclama Hamlitz un sourire au lèvres et des yeux brillants de passion.
L’elfe chercha à comprendre mais il se perdit dans les explications aux termes hermétiques des frères mineurs.
« Je peux vous aider à miner, à extraire ? »fit Path.
Les deux nains se regardèrent et sourirent.

Ils pénétrèrent tous trois dans une des galeries.
L’elfe marchait plié en deux. La faible lumière des torches de ses guides ne repoussait que de quelques centimètres l’angoisse quoi entourait l’esprit de Path, le noir insondable, l’humidité, la chaleur. Après dix minutes il tourna les talons et se dépêcha de sortir, se cognant de nombreuses fois. Heureusement la galerie n’avait qu’un seul couloir et il ne pouvait se perdre, il vit la lumière de l’entrée, se précipita dehors, tomba à genou et vomit.
Peu de temps après les deux nains sortirent à leur tour, un sourire gigantesque se dessinait sous leur moustache.
« Alors, on fait un peu de claustrophobie ?? » et ils éclatèrent de rire.

Mais l’elfe n’en resta pas là. Il se reposa un bon quart d’heure et se proposa de retourner.
« Tu sais il ne faut pas forcer ta nature » lui dit Galdrok.
Mais déjà Path s’engouffrait à nouveau dans le ventre de la terre, il saisit au passage l’une des torche de la main d’un des nains.
Ceux-ci le suivirent en criant : « Attends, tu ne sais même pas où tu vas !! »
L’elfe ressortit à nouveau mais au bout de vingt minutes cette fois.
« Tu devrais rester là et nous attendre, nous devons commencer notre travail » lui dit Hamlitz sur un ton compatissant.
L’elfe passa le reste de la journée à attendre.
Le soir ses compagnons sortirent de la mine avec trois sacs très lourds. Ils étaient couverts de traces noires du nez jusqu’aux pieds.
Le jour suivant Path essaya à nouveau d’aller dans la mine, et le jour suivant aussi, il réussissait à rester trente minutes, puis une heure, il restait au fond du puit essayant d’aider les nains. Mais ressortait toujours en se pressant.
Néanmoins les mineurs furent impressionnés par la volonté et la ténacité de l’elfe.

Le soir du troisième jour, alors qu’ils étaient tout trois assis autour du feu, à manger, Hamlitz dit « je connaissais l’expression buté comme un nain mais pas têtu comme un elfe ! ». Ils rirent longtemps tous trois de cette bonne remarque.
« Chez nous nous disons, que seule la tête d’un nain est plus dure qu’une racine de chêne centenaire » ria à dire Path.
« Nous en avons comme celle-ci aussi » dit Galdrok « mieux vaut essayer d’attraper une flèche au vol que d’essayer de convaincre un elfe »
« Ou bien » dit Hamlitz « Un nain, un Olympien et un elfe sont perdus chacun de leur côté dans une forêt en plein hiver, ils n’ont pas d’équipement que font-ils ?
L’Olympien casse du bois pour préparer un grand feu et l’allume.
Le nain se creuse un abri dans le sol, le renforce et s’isole.
L’elfe prie les esprits de la forêt, attends et meurt de froid ».Il rigola tout seul.

« Si vous jetez de l’or dans un précipice, vous pouvez êtres sûrs qu’un nain sautera pour aller le chercher » ricana Path.

« Si les elfes avaient des barbes, les nains ne pourraient pas porter de casques…AH AH AH AHHH ».dit Hamlitz avec un grand rire sonore… les deux autres le regardèrent.

« pourquoi ça ? » firent ses deux compagnons.

« Bah parce que si les elfes avaient des barbes cela voudrait dire que les nains auraient de grandes oreilles pointues, et donc qu’ils ne pourraient pas mettre de casque..AH aHHA AH aHHH » et Hamlitz repartit de plus belle dans ses fous rires.

Path et Galdrok se regardèrent et rire de cette blague si mauvaise.
« Ca y est vous avez compris » fit Hamlitz
« C’est ça » lui répondit Galdrok faisant un clin d’œil à l’elfe.

« Moi celle que je préfère » commença à nouveau Hamlitz
« Non c’est bon » lui fit son frère « Elle ne sont plus drôles tes histoires »
« Comment ça ?? …Path ??? »
« Et bien c'est-à-dire que…. » dit l’elfe souriant.
« Ah merci ! merci beaucoup ! …alors on se donne du mal et voilà la récompense...mais attendez, j’en ai une merveilleuse à vous raconter…. Vous connaissez celle de l’elfe qui se tira une flèche dans la jambe ??? »
« BONNE NUIT HAMLITZ » firent Path et Galdrok d’une voix commune.
« Attendez,…attendez… » Mais il abandonna et alla se coucher à son tour.

Ainsi la nuit enveloppa cette troupe atypique.
Les compagnons se quittèrent quelques jours plus tard, et les nains ne surent jamais ce qu’il advint de leur elfe qui voulut être mineur, ils lui offrirent une petite pioche au manche magnifiquement gravé de runes naines et quelques roche ferreuse trouvées là en souvenir, l’elfe en échange leur laissa une flûte taillée dans un noisetier de sa forêt d’antan, ainsi qu’une flèche qu’il brisa comme symbole de l’amitié qu’il avait maintenant pour ces deux petits êtres qui avait ébranlé sa conception du monde connu.

Quelques années plus tard on vit un étranger de grande taille à la limite des contreforts de Karda-Hek avec une pioche naine, qui inspectait la roche, parfois seul, parfois accompagné de deux nains. Des témoignages disent qu’il revint régulièrement jusqu’à la mort des frères Gramm Tagazog…légende ou non…

Cette histoire n’est pas beaucoup connue, et nombre de nains pensent qu’une telle aventure n’est que le fruit d’une imagination de saoulard ou d’inconscient. Néanmoins ceux qui savent encore l’apprécier rient ou restent pensifs quant à cette amitié inhabituelle et éphémère qui fut nouée et qui vit une fois l’héritage de haine s’estomper devant une rencontre peu singulière.

Nous laisserons le lecteur être seul juge.

Les frères Gramm Tagazog.
Histoire ayant eu lieue en 6419 après Telchar Ier .
Récit achevé et complété en 6609 A.T. par Marhtok Gramm, fils de Galdrok Gramm Tagazog, en mémoire de son père, de son oncle et de son parrain.



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nain Par Tagazog  le 02/01/2006 à 20:15

La hache des neiges éternelles

Cette histoire se déroule dans les années 3890 A.T*, à cette époque il y avait une ville naine moyenne au sud-ouest de Kazad a Gorod, au fond d’une vallée sinueuse. Elle était composée d’une demi-douzaine de galeries. Une partie se trouvait en extérieur sur un plateau de la montagne, perchée à 1780 mètres au-dessus du niveau de la Mer d’Emeraude. Cette cité se nommait Himmël Nahzikig ce qui signifie « ciel clément » dans la langue du peuple de la montagne.
* A.T. : Après Telchar Ier

Ses habitants y menaient une vie paisible et dédiée au travail. La partie extérieure était très appréciée des himmëliens (c’est ainsi qu’ils se nomment) car ils y jouissaient d’un micro climat exceptionnel, environ 11 °C de moyenne annuelle à cette altitude, et cette terrasse naturelle offrait une vue spectaculaire sur les montagnes environnantes où la roche métamorphique, tel le granit, prenait des teintes allant du rosé au bleu suivant la position des soleils au cours de la journée, et où scintillaient tels des fils d’argent à la lumière le quartzite et le schiste.

En contrebas, dans la vallée il y avait un lac, le lac vert, faisant deux kilomètres de long sur six cent mètres au plus grand de sa largeur. Il était nommé ainsi en raison de la teinte que lui donnait les arbres en décomposition tombés dans ses eaux, car il était entouré d’une grande forêt qui s’étendait jusqu’à 1700 mètres d’altitude, mélangeant arbres d’étages collinéen et montagnard, tels les chênes, les châtaigniers, les charmes, les hêtres, les sapins et autres. La roche reprenait ensuite le pas sur la vie végétale avant de sombrer sous les neiges permanentes vers 3000 mètres.

Cette étendue d’eau naissait d’un glacier avoisinant appelé la Griffe Blanche, et lors de la saison du Souffle Infernal l’apport en eau froide augmentait la masse d’air froid, ce qui chassait une partie de l’air plus chaud, le soulevant et le poussant vers l’aval, l’amont étant un obstacle plus difficile à surmonter car à partir du lac, situé à 740 mètres d’altitude, il y avait, jusqu’en haut du sommet de la Larme du Ciel, qui fermait cette vallée, un dénivelé de plus de trois kilomètres qui s’étendait sur le double de longueur. Ainsi les températures étaient rarement étouffantes au fond de la vallée.
Puis, lors des Longues Pluies les nuages ne stagnaient jamais très longtemps pour cacher les Titans, le courant d’air les chassait toujours rapidement, ceci dû à la roche emmagasinant et restituant une douce chaleur. Les pluies s’abattaient les nuits, du crépuscule jusqu’à l’aube parfois, et de temps à autre au milieu des journées, tout cela contribuait à rendre la saison plus supportable.
Enfin l’Engourdissement et le Temps du Réveil étaient les deux saisons les plus redoutées car la douceur de cet endroit rendait les chemins de montagne périlleux, mélangeant avalanches, ponts de glace fragilisés et éboulements dû au ravinement par les eaux, le peu de nuages dans le ciel à cette période faisait des soleils un facteur climatique souvent mortel à qui s’aventurait sur les pentes sans savoir déchiffrer les pièges du relief.

Autour de la ville, les citadins avaient aménagé quelques mille ares (100.000m2 ) de cultures en terrasse, dont un tiers était destiné à la production de céréales (pour fabriquer de la bière entre autre).

Des conduits taillés dans la pierre, partant de la cité à ciel ouvert, pénétraient dans la montagne et étaient composés de sas d’obturation tous les 100 mètres environ, ainsi pouvait-on moduler à souhait l’arrivée d’air plus chaud ou plus froid dans les aménagements souterrains. La maîtrise du cuivre permit de les prolonger en de multiples ramifications. De même ces canalisations pouvaient être utilisées en cas d’incendie comme moyen d’acheminer l’eau de l’extérieur jusqu’aux plus profonds couloirs de la ville.

Un fameux architecte et inventeur à la fois avait séjourné une cinquantaine d’années auparavant à Himmël Nahzikig. Il avait mis son savoir au profit des autochtones en mettant en place un formidable système pour puiser l’eau du lac situé environ un kilomètre en contre bas.
Un énorme couloir de pierre descendait vers un puit creusé dans la montagne même à mi-distance entre le village et le lac. Pour acheminer l’eau du lac vers ce réservoir, un système de multiples vasques communicantes avait été conçu, travail titanesque qui avait pris trois ans. Cette construction avait nécessité l’aide des meilleurs tailleurs de pierre et maçons de la communauté, et le travail était si remarquable que l’on ne pouvait voir que les conduits qui prenait l’eau au bord du lac, tout le reste était enterré et avait été creusé dans la pierre aux endroits où aucune végétation ne pourrait, avec le temps, détruire cet ouvrage.
Puis pour pomper l’eau jusqu’à la ville une grosse machine avait été fabriquée et installée sur la terrasse naturelle, abritée dans une construction, elle fonctionnait grâce à une double roue qui était entraînée par des poids de pierre et tirait des récipients sur une chaîne qui allaient puiser l’eau et la remontaient pour la déverser dans un puit sur la place extérieure. De là l’eau était acheminée partout dans le village vers des réservoirs auxiliaires, des fontaines... . Cette machine était une invention très inhabituelle et contrastait par sa forme et son mécanisme avec tout ce que les nains avaient pu voir jusque là. Ainsi ils surnommèrent leur bienfaiteur Wassrzëmër (le dompteur d’eau).

Dans l’une des petites maisons situées sur ce qui était nommé le Balcon Panoramique de la ville vivait Ferstohln fils de Feärfaust forgeron. Il était réputé pour savoir traquer le gibier dans les bois avec la légèreté d’une plume, ce qui lui permettait d’être si près qu’il ne manquait jamais sa cible. En hiver il connaissait les pièges des crevasses et c’était un pisteur montagnard hors du commun. Il avait été de beaucoup de convois à destination de Kazad dès son plus jeune âge et il connaissait par cœur la route menant au col des Ours Noirs pour aller vers la capitale. Il avait acquis ces compétences en accompagnant son père qui allait vendre sa production jouissant d’une grande renommée. Ferstohln allait fêter ses quatre-vingt trois ans au vingt-septième jour de l’Engourdissement de cette année.

L’époque était paisible, depuis plus d’un siècle aucun voleur ni aucune race ennemie ne s’était aventuré par le sud des Monts Karda-Hek, remontant la vallée. Il faut dire que la zone était très reculée et rien à part la ville en elle-même n’aurait pu attirer les convoitises si tant est que fut encore connue l’existence de cette cité par les autres races d’Olympia.

C’était le début de la saison des Longues Pluies et les préparatifs du jour des Grands Jeux battaient leur plein.
A cette occasion le roi avait envoyé des représentants de son autorité dans les provinces. Alors Himmël avait vu arriver le Capitaine Prödbärd (Fière Barbe) chef de la deuxième section de la Garde de Pierre de l’époque. C’était un nain à l’allure fière, il allait vers ses 198 ans. Sa barbe était longue et argentée et de nombreuses cicatrices ornaient ses bras. C’était un guerrier redoutable dans les mêlées mais un peu rustre et borné, il préférait l’affrontement direct en dépit de toute autre stratégie possible, un vrai bélier. Il était accompagné d’un lieutenant nommé Lokrine et d’un simple soldat.

Depuis les premiers jeux organisés qui avaient tournés plus d’une fois à la mort ou l’invalidité d’un, voire des participants, certaines règles avaient été imposées pour que la fête reste un amusement et un challenge dans le respect de l’intégrité de chacun.
La grande place extérieure de Himmël avait été aménagée en foire avec de multiples petites échoppes en bois où l’on vendait toutes sortes de produits artisanaux : armes, vêtements, charcuteries et bières bien sûr.
Les naines célibataires commençaient à chercher la plus belle des toilettes afin de mettre toute les chances de leur côté si un prétendant venait à les séduire pendant la très fameuse célébration.

Les hauts dignitaire de la ville étaient réunis dans leur tribune de l’arène en bois spécialement aménagée pour l’occasion et dans laquelle de nombreux nains se livreraient à diverses épreuves.
Avant l’ouverture des jeux, Prödbärd était en pleine discussion avec le gouverneur de la ville Termark, jeune nain bureaucrate, procédurier et fonctionnaire mais à l’intelligence politique redoutable. Ils devisaient et riaient entrechoquant leurs chopes.

Enfin les jeux commencèrent à la satisfaction de tous.

Trois jours durant les épreuves se succédèrent, la lutte, les tests de force physique, des épreuves sur la géologie, l’endurance à manger le plus de viande de sanglier possible, l’endurance à boire le plus de bière possible…etc

Puis vint l’épreuve d’agilité. Après avoir réussit toutes les qualifications, Ferstohln était en finale. Et comme il était coutume qu’un étranger à la ville participât aussi aux jeux, Lokrine avait accepté et se retrouvait lui aussi en finale.
L’atmosphère était délirante, tous les nains scandaient le nom de Ferstohln. Lokrine n’en était pas déstabilisé pour autant. Ce solide lieutenant de la Garde de Pierre ayant tout juste passé les cent quinze ans se sentait largement à la hauteur de son adversaire.
Le duel était un combat à la perche sur une poutre juste assez large pour y poser un pied. Le but était donc de faire tomber son adversaire. Les deux nains semblèrent remporter la victoire à tour de rôle, mais au dernier moment alors que la foule cessait d’un seul coup de crier voyant l’un des équilibristes en mauvaise posture, ce dernier trouvait toujours un réflexe surnain pour se remettre d’aplomb.
A un moment les deux perches étaient en tension l’une contre l’autre et cédèrent toutes deux, alors les deux concurrents s’empoignèrent ajoutant à cette épreuve la force et la technique de la lutte. Les veines saillaient sur leurs muscles, l’himmelien était légèrement plus fin que le soldat. Le silence avait remporté son combat parmi la foule. Les deux opposants forçaient sur leurs appuis et soudain un grondement sourd se fit entendre, immédiatement les deux nains se retrouvèrent à terre. Dans l’assistance tout le monde se regardait. Un autre grondement plus distincte cette fois se fit entendre, le sol trembla, quelques échoppes de bois s’effondrèrent et quelques rochers se détachèrent des pentes pour venir s’écraser sur les toits. Les gens étaient apeurés mais ne bougeaient pas…ils écoutaient …ils tendaient leur esprit vers la montagne. Enfin le calme revint après à peine dix seconde. Les discussions commencèrent alors, enflammées. On vint mobiliser une dizaine de nains pour venir déboucher une galerie dont un plafond s’était écroulé lors du tremblement de terre. Par sécurité et de peur d’une réplique, les jeux se terminèrent ainsi dans la ville de Himmël en cette année 3893. Mais les banquets n’en finirent pas dans les tavernes cette nuit là.

Les représentants du roi repartirent deux jours plus tard vers Kazad, Ferstohln fut leur guide vers le col. Un voyage de deux jours tout au plus.
Après quatre jours ils revinrent tous.
Ils expliquèrent que le tremblement de terre avait fait s’effondrer de nombreux blocs et obstrué le col. Ils fallait y retourné avec du personnel et du matériel afin de ré ouvrir la route.
La ville mis donc une équipe à disposition et l’envoya faire les travaux.

En attendant les soldats de la Garde de Pierre seraient les hôtes des himmeliens.

On approchait de la mi-saison et les pluies étaient de plus en plus fréquentes, même pendant le jour. Les archives de la ville au moins huit fois centenaire ne mentionnaient nulle part de telles précipitations. L’expédition du col revint sept jours plus tard annonçant que rien n’était possible tant que ce déluge durerait. Et pour la première fois en ces lieux les pluies tombèrent vingt et un jours durant, jours comme nuits.
Avec une ponctualité remarquable les pluies cessèrent au premier jour de l’Engourdissement pour se transformer en neige. Et il neigea dix jours d’affilé.
Au matin du onzième jour le ciel azur était enfin de retour, et les nains remirent en ordre la ville extérieure dans un calme « olympien ».

Plusieurs jours furent encore nécessaires à la réouverture de la route. Enfin au seizième jour de la saison froide, les envoyés du roi pouvaient entamer leur voyage de retour.
Les soldats remercièrent les himmeliens pour leur hospitalité annonçant qu’ils en feraient éloges à Kazad.

C’était le début de l’après-midi.

Ferstohln aidait son père dans la forge, il sortit pour prendre de l’eau.
« Hey Ferstohln, comment vas-tu ? » fit une voix.
Il se retourna pour se retrouver face à face avec Chlib, un ami d’enfance, Chlib avait inventé une pratique ascensionnelle de la montagne pour le moins acrobatique, il l’avait nommé « la chlibisme ». Il s’encordait, escaladait à mains nues et plantait de gros clous dans la roche pour s’y attacher. Ainsi en cas de chute il était rattrapé et n’allait pas s’écraser au fond de la vallée.
Cette compétence lui avait valu de nombreuses louanges car il avait ainsi rendu possible l’exploration de zones encore hors d’atteintes.
« Salut Chlib, alors le temps redevient clément tu te prépares à partir » dit le fils du forgeron.
« Exact, je vais sur la Griffe Blanche, on dit qu’elle charrie des diamants parfois, on m’a demandé de trouver des preuves. »
« Tu y vas seul ? »
« Non, Ruckny et Kald m’accompagnent je dois les retrouver à la sortie de la ville. »
« Moi je vais prendre de l’eau puis je me rends chez le tanneur prendre une livraison de peaux pour faire des fourreaux. »
« C’est sur ma route ça, je t’accompagne ? »
« Avec plaisir » fit Ferstohln se dépêchant de rapporter l’eau à la forge.

Ils marchèrent tout deux vers le centre de la terrasse naturelle, vers la grande place du marché.
Là un attroupement s’était crée sur le passage des membres de la Garde de Pierre qui s’en allaient. A leur passage, Lokrine aperçu son adversaire d’un jour, il se fraya un chemin parmi la foule et s’approcha du jeune nain.

« Râvi de t’avoir rencontré, je viens te voir car après avoir longuement discuté avec mon capitaine, et nous être renseigné sur toi, nous aimerions te proposer de nous rejoindre. Serais-tu d’accord ? »

Le pisteur n’en revenait pas, on lui proposait de devenir membre de la Garde de Pierre. C’était le rêve de beaucoup de jeunes nains.

Mais il réfléchit et pensa qu’il devait aider son père, et que sa place était au cœur de cette vallée, entre le végétal et le minéral, à emmener les convois dans la neige sur une route sûre.
« Je vous remercie infiniment pour cette offre honorable que beaucoup s’empresseraient d’accepter, mais ma place est ici, je suis utile à mon royaume en oeuvrant pour cette ville, sans vouloir vous offenser ».
« C’est dommage » fit Lokrine, « mais bon, chacun est maître de son destin, tu me sembles très sage et réfléchi, restes toujours ainsi. »

Sur ce le lieutenant tourna les talons, revint près de son capitaine avec qui il échangea quelques mots, après lesquels Prödbärd jeta un regard glacial à Ferstohln. A cet instant ce dernier sentit comme des coups de dague lui parcourir l’échine.

« Il fait peur le capitaine hein ? » fit Chlib arrachant un hoquet de surprise à son ami qui essayait alors de se débarrasser de cette terrible angoisse que le regard lui avait procuré.
« Ne m’en parle pas j’ai eu comme l’impression que… » Mais une secousse le fit taire.

Un grondement horrible déchira le calme de la cité, comme un cri rauque d’une quelconque créature chaotique, qui ferait en plus crisser ses ongles sur la roches des montagnes. La vallée entière tremblait. Des pans entiers de terres glissèrent dans le lac emportant avec eux les arbres immaculés de neige qui les couvraient. Et puis un craquement aiguë se fit entendre la place du marché se fissura et fut divisée en deux moitiés qui s’écartèrent de quelques cinq mètres, des malheureux chutèrent dedans dont le simple soldat de la garde de pierre. La crevasse s’engouffra dans la ville souterraine, une dizaine de nains ne purent éviter la chute fatale dans les entrailles du sol. Des éboulis tombèrent sur la ville extérieure. Puis le silence pesant s’installa.
Les survivants se relevèrent tout éberlués.

Les cris d’un très jeune nain les arrachèrent à leur mutisme post traumatique : « La montagne brûle…la montagne brûle ! »
Tous se précipitèrent sur les bords de la ville pour essayer de comprendre ce que cela signifiait.

A suivre…



"L'esprit est la plus riche des mines, plus on y creuse et plus on y trouve de riches subtilités"

[GTN-Membre de la Chambre des Maîtres Mineurs]
[Coconuts Baroudeur de 122 ans][avec Sirocco "Kroak!"]

nain Par Tagazog  le 02/01/2006 à 20:16

Ferstohln ouvrit grand les yeux, en contemplant dans le lointain une montagne qui crachait du feu. Sûrement le tremblement de terre avait-il réveillé ce volcan, ou bien ce dernier était-il à l’origine des dernières secousses, prémices au drame qui se produisait maintenant.
Un épais panache de fumée fait de roches en fusion, de lave et de poussières s’élevait de plus en plus vite.
Au bas de la ville, une partie des bords du lac avait cédé et une immense quantité d’eau était en train de se déverser vers l’aval.

Un peu groggy les nains se regroupèrent titubants, le regard un peu perdu. Toutes les constructions extérieures étaient éventrées ou en ruine, un pan de cinq habitations s’était même détaché de la paroi de la montagne, dévalant vers le lac à travers la forêt et fauchant des centaines d’arbres.

Les heures qui suivirent furent pleines de larmes, de désespoir et de courage, peu à peu les petits êtres mirent en place une formidable organisation pour dégager des gravas les leurs prisonniers et permettre l’accès au plus possible de niveaux de leur ville, travail qui nécessiterait plusieurs jours et qui requérrait une réunion publique extraordinaire.

Termark était debout sur une table au milieu d’une assemblée d’une cinquantaine d’individus, pour une fois aucune bière n’était bue.
« Messieurs, nous avons à faire avec un évènement tout à fait exceptionnel, il nous faut des volontaires pour aller demander des renforts aux grandes villes les plus proches, c’est-à-dire Kazad a Gorod, Macha Patcha et Ker Man Dat ».

Beaucoup se portèrent volontaires, beaucoup trop. En attendant des secours ceux qui resteraient devraient travailler d’arrache pied.

Termark ajouta encore : « Vous savez que beaucoup des nôtres manquent à l’appel, nous ne cesserons nos recherches que lorsque nous les auront tous retrouvé soyez-en certains. »

Les groupes se préparèrent pour partir mais quelque chose laissa les nains muets. Dehors il faisait maintenant presque nuit et froid, la lumière des soleils était diffuse, et quelque chose tombait doucement, ce n’était pas de la neige mais de la cendre.
« On ne voit rien du tout » grommela Prödbärd.
« Quel temps » renchérit Lokrine.
« Nous réquisitionnons votre meilleur guide, nous devons à tout prix repartir pour Kazad » dit le capitaine sur un ton bourru.
Chlib les dépassa et mis un pied sur le chemin, il tata la roche inspecta la pluie de cendre et revint. « C’est la mort qui attendra tout ceux qui oserons s’aventurer trop loin »
Tous se regardèrent.

Termark prit alors la parole « Nous ne pouvons attendre éternellement, nos réserves sont en partie perdues à cause de ce tremblement de terre, il faut bien aller chercher de l’assistance »
Ferstohln annonça son approbation quant au jugement de Chlib « Malheureusement nous ne pouvons allez très loin tant que les conditions n’évoluent pas. »
« On dit que cette région a un micro climat le ciel devrait bientôt être dégagé non ? » interrogea Lokrine.
« Huuummmmphhh je crois que la situation a un peu changé » annonça une petite voix dans le fonds de l’assistance.
« Qui s’est exprimé ?» demanda le gouverneur.

Un nain se fit alors un chemin dans l’assistance, ou plutôt une pile de quatre gros livres avançait sans que l’on puisse voir qui se cachait derrière. Puis les livres furent poser sur la table et c’est alors que l’on pu reconnaître Walcoch.

Walcoch était la mémoire de la ville, il était responsable des archives et de la bibliothèque et n’avait que 173 ans mais déjà une immense connaissance. On disait que dans sa jeunesse il avait été le plus prometteur maître des runes de Kazad et qu’il était parti pour des raisons obscures et inexpliquées. Il lui arrivait souvent de quitter Himmël pour des voyages inconnus d’une bonne semaine. Ce nain suscitait le respect mais parfois aussi la méfiance.
« Maître Walcoch ! On dirait que vous avez été épargné par chance» fit Termark, qui voyait en lui un rival à son autorité sur ses citoyens. « Il y a bien six mois que nous ne vous avions pas vu, je vous en prie qu’est-ce qui pendant votre retraite a donc apporté tant d’à propos à vos paroles d’aujourd’hui ? ».
Les rires de ses partisans se firent alors entendre mais plus d’un fut remis à sa place, foudroyé par le regard réprobateur de Prödbärd.

Le bibliothécaire sortit alors un petit étui en étain de sa poche et se muni de sa paire de lunettes.
« Et bien cher frère, je pense que vous ne réalisez pas bien la situation actuelle. D’habitude, notre vallée permet l’évacuation de l’air par un système de mouvement des masses d’air particulier qui est lié à la présence du lac vert. »

Tous se regardèrent ne comprenant pas où il voulait en venir.

Il poursuivit : « Voyez-vous, lors de ce tremblement de terre une grande partie du lac s’est déversée dans la vallée, par conséquent le système des masses d’air s’en est trouvé modifié. C’est pour cela que le nuage de cendres du volcan restera bloqué dans notre vallée pour des mois et des mois. »

« Moi qui croyait que les rats de bibliothèque ne regardaient jamais dehors, celui-ci me bluff » ria discrètement Lokrine.

« Il n’y a pas de quoi en rire » fit Walcoch dont le regard en direction de Lokrine prenait une lueur fatale grâce à l’effet du reflet de la lumière des torches sur ses lunettes. « Bientôt la température sera bien plus glaciale que les plus terribles Engourdissements connus sur Olympia. Il nous faut faire quelque chose avant que toute notre ville ne succombe au manque de nourriture et au froid. J’ai bien peur qu’il ne faille compter que sur nous-même. »

« Dans ce cas quelle solution préconisez-vous ? » demanda Termark sur un ton de défit.

« Ah ahhh…. Chasser ces nuages, voilà ce qu’il nous faut….chasser ces nuages mortels » souria Walcoch.

Le gouverneur sourit de plus en plus pour finir dans un éclats tonitruant de rires : « c’est bien la chose la plus drôle que j’ai jamais entendu, ne me dites pas que vous vous attendez à ce que nous allions tous au plus haut de la montagne pour souffler sur ces nuages avec l’intention de les repousser au loin….ahh ahhahhhh » et il repartit dans son rire de dément.

« Voyez-vous mes retraites ont ceci de bon c’est qu’elles m’emmènent vers des lectures très enrichissantes ».

Tous les nains présents tendirent l’oreille, car ils savaient que l’orateur allait leur compter une histoire fascinante.

Alors le nain aux lunettes prit l’un de ses ouvrages, visiblement ce n’était pas un livre nain, car d’une taille vraiment imposante. Il chercha un minuscule marque page de bois fin placé à un tiers de l’ouvrage environ et ouvrit le livre.
« Ceci est une copie fidèle d’un ouvrage olympien millénaire, je le tiens d’un de mes ancêtres, il s’agit de la légende d’Héphaïstos »

Tous se regardèrent et commencèrent à parler faisant de plus en plus de bruit.

Termark fit taire tout le monde « Et qui donc est cette personne ? »

« Hephaïstos est un dieu de l’Olympe voyons. Au cours des millénaires son nom s’est perdu mais quelques nains connaissent encore son existence car il est LE dieu forgeron et certains s’accordent à dire qu’il nous aurait fait don de quelques uns de ses talents. »

« Balivernes, les dieux nous ont abandonnés, sauf Dionysos. Tout le monde le sait, pas besoin d’être lettré pour cela » ricana Termark.

Le capitaine de Kazad intervint « Héphaïstos ! Ce nom semble surgir d’outre tombe. Mais il ne s’agit que d’une vague rumeur, as-tu plus d’éléments Walcoch ? »

« Bien sûr cher compagnon d’arme » souria-t-il au capitaine qui semblait lui témoigner un respect inexpliqué.

« Quand bien même! En quoi cela nous aidera-t-il dans la situation présente » coupa le gouverneur. « Ce n’est pas dans ces vieux livres que nous pourrons faire face à la crise qui nous occupe…j’espère que vous n’aviez pas l’intention de faire appel à l’intervention divine, ou alors c’est que le temps passé derrière vos livres vous à fait complètement perdre la raison ».

« Si mes livres m’ont bien appris une chose c’est de ne pas faire de jugement trop hâtif et de tirer les enseignements et la sagesse du passé, choses qui sont bien étrangères à celui qui ne s’intéresse qu’à la convoitise du pouvoir politique » répliqua très calmement Walcoch.

Le gouverneur sauta à terre et dégaina sa dague. L’assistance recula autour des deux nains.

« Je vous conseille de ranger cela tout de suite » lui dit le capitaine qui avait déjà la main sur le manche de son marteau de guerre et qui faisait signe à Lokrine de se préparer au pire.
Le sort du gouverneur ne pesait plus lourd à ce moment là, et heureusement pour lui il le comprit et rangea son arme.

Prödbärd fit signe au bibliothécaire de poursuivre.

« J’ai lu ce livre il y a très longtemps, heureusement il était parfaitement répertorié et classé, et lorsque j’ai vu ce qu’il se passait je me suis empressé de vous en faire part. Fort heureusement ma maison est dans une zone qui semble ne pas avoir souffert du tremblement de terre. Je me souvenais d’une allusion intéressante y figurant…attendez je que je relise…cela doit être par ici …ahh VOILA ! »

Il repoussa ses lunettes au plus haut de son nez et lu.

« […] à la forge céleste travaillait Hephaïstos, maître du fer et de l’acier, forgeant armes et armures les plus robustes pour ses frères divins ainsi que bijoux et orfèvreries raffinées. […] Il était connu depuis comme étant le dieu du feu et du métal […] »

Il fit une pause, tourna une dizaine de page et reprit sa lecture. :

« […]lorsque Zeus dans sa colère précipita Héphaïstos en bas de l’Olympe, cette fois-ci ce dernier n’atterrit pas dans l’eau comme la première fois mais sur la terre ferme où il eut les deux jambes brisées. Le handicap qu’il conserva éternellement garda toujours présente en lui une certaine rancœur. Mais le respect et la peur que lui inspirait le chef des dieux l’obligea à trouver un moyen plus subtil de gêner son détracteur. Aussi lorsqu’il eut connaissance de l’existence du peuple de la montagne, renié et mis à mal par l’époux d’Hera, il s’y intéressa et constata certains points communs avec eux qui l’émurent.[…] »

Walcoch interrompit le récit pour dire à son auditoire : « Je passe ici sous silence une flopé de détails qui ne ferait qu’être digression dans notre situation actuelle, voici le point important ». Puis il reprit.

« […] Dans son attachement il se laissa aller en secret à la création d’objets destinés au peuple nain. Pour ne pas se faire prendre par Zeus, il les confectionna dans sa première forge, la forge sous-marine. Un jour il récupéra dans un coin une bourse d’Eole et quelques cristaux de glace du Mont Olympe et décida de les intégrer dans son œuvre. Il allia le meilleur acier possible, et en tapant de son marteau pour forger la lame qu’il faisait il fit souffler le vent d’Eole contenu dans la bourse pour maintenir le métal encore incandescent, pour refroidir la lame il utilisa les cristaux de glace olympienne. Il incrusta son sceau, une flamme, comme signature de son travail et inséra la hache dans un manche d’ivoire résistant comme le plus dur des bois. L’arme était petite entre ses mains mais il voulu en tester l’efficacité. Il ne s’attendait pas aux effets qu’elle fit.
En effet en la maniant l’arme fit naître un courant d’air puissant qui écarta les eaux et les gela en partie. Ayant peur d’attirer l’attention de Zeus sur ce qu’il venait de faire il décida de détruire l’objet mais son marteau n’y put rien, il voulu alors le fondre, mais la hache restait intacte, même le manche d’ivoire semblait avoir bénéficié des attributs divins. Alors le forgeron décida de perdre sa création. Il erra des semaines dans les montagnes. Un jour il s’assis sur un sommet, il ne savait pas où cacher l’arme, à ses pieds un long glacier semblait se jeter dans un lac émeraude, l’endroit était calme, pas de ville, c’était une enclave, alors il regarda l’arme une dernière fois et la lança dans le sol de la cime pour qu’elle s’enfonce profondément dans la roche, il versa même une larme sachant qu’elle ne profiterait pas aux nains et s’en fut, et cette larme referma le sol de la montagne d’un immense tas de neiges éternelles en gelant. »
Le nain referma le livre, le silence régnait dans l’assistance.

« Ces ouvrages Olympiens racontes vraiment n’importe quoi » fit Termark. « Et si cela était vrai, les Olympiens n’auraient-ils pas recherché cet objets précieux depuis longtemps ? »

« Il y a peu de chances » annonça Walcoch

« Et pourquoi cela ? »fit Ferstohln

« Parce que mon jeune garçon, cet ouvrage est le dernier a exister en ce monde. L’original à été perdu il y a bien longtemps » répondit le bibliothécaire.

« Mais qu’est-ce qui nous dit que ce n’est pas qu’une légende ? En plus comment trouver cet objet s’il existe ? Vous pensez vraiment que nous pourrions chasser les nuages comme vous dites » dit sceptiquement Lokrine.

« En plus nous ne pouvons partir nulle part avec ce temps » fit une voix dans l’assistance.

« Nous n’avons pas d’autre choix que d’y croire, sinon c’est l’abandon et la mort pour tous. De plus cet objet existe sûrement vu la description de l’endroit où il a été caché. Vous avez bien reconnu la description de notre vallée. »

« Alors pourquoi ne pas nous être mis en quête de cet objet plus tôt, comme il y a des années par exemple ? » demanda Chlib.

« Parce que ce n’était pas le moment et que la possession d’un tel objet implique un grand sens des responsabilités. Il peut causer notre salut comme notre perte si les dieux avaient vent de son existence réelle. De plus imaginez un individu en possession d’une telle arme, son désir de domination s’en retrouverait exacerbé. » fit Walcoch dévisageant le gouverneur.

« Mais on ne peut pas sortir d’ici pour l’instant » dit Prödbärd.

Ferstohln s’avança et expliqua alors : « il se pourrait que même si notre vallée est bouchée par les nuages cela ne soit que jusqu’à une certaine altitude, malheureusement le col pour partir chercher du secours est à notre niveau je pense donc que nous ne pouvons nous y rendre, par contre si le chemin de la mine de calcaire est dégagée cela signifie que la route vers la Larme du Ciel est viable, ou plutôt devrais-je la nommer Larme d’Héphaïstos ? »

« On ne peut pas ouvrir un chemin vers les villes de ce côté alors? » demanda Prödbärd.

« Non » répondit Ferstohln « Ce n’est qu’une succession de hautes cimes, ce chemins serait un périple de trois semaines dans les grands froids à plus de 3500 mètres d’altitude. ».
« Je propose que Chlib et moi allions voir si le ciel est dégagé au dessus des 2500 mètres, cela représente une demi journée de marche normalement mais à nous seuls nous devrions pouvoir faire le chemin jusqu’au relais de la mine en trois heures, nous serons de retour dans environ six heures. Avec un bon cache nez et de bonnes protections nous devrions pouvoir faire cela. »

Mais il n’en était pas convaincu, en effet la chute de cendres allait s’insinuer partout dans leurs vêtements et il n’était pas dit qu’ils reviennent sains et saufs. Tout le monde maintenant le savait.

Les deux nains reçurent tous les encouragements possibles et partirent encordés vers le salut de leurs frères qui attendraient l’angoisse au ventre que sonne la sixième heure.


A suivre ….



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nain Par Tagazog  le 03/01/2006 à 09:28

La pluie de cendres redoubla pendant les deux heures qui suivirent, mêlée à l’eau formant une boue de plus en plus dense sur le sol et ceux qui osaient mettre le nez dehors se retrouvaient vite empêtrés ou à la limite de l’asphyxie. On essayait tant bien que mal de déblayer les ruines à la recherche de survivants en se protégeant de bâches improvisées.

Lokrine scrutait l’obscurité et vit soudain deux formes bouger et s’avancer vers lui.
« Capitaine ! » fit il.
Prödbärd s’approcha, les deux formes se mouvaient avec difficulté.
« Aidons les ! » cria le lieutenant qui se précipita à leur rencontre suivi de deux autres nains. Ils tirèrent les deux individus derrière les portes de la ville dont on referma les battants ne laissant qu’une maigre ouverture. On débarrassa les deux nouveaux venus de la boue qui les recouvrait ils respiraient difficilement. A la stupeur générale il ne s’agissait pas de Ferstohln et de Chlib, mais de deux autres nains.
« Ruckny ??!! Kald ???!!! » firent des voix.
« Oui c’est bien nous » répondit le premier.
« Ahhhh je rependrai Chlib à nous demander d’attendre à la sortie de la ville, on l’a échappé belle. » dit le second.

Ruckny et Kald étaient deux frères âgés respectivement de 58 et 64 ans. Deux braves mineurs qui travaillaient en altitude depuis leur plus jeune age. L’aîné était brun, avec une barbe tressée et ornée de deux petits fourreaux d’argent, il avait une cape simple et noire, des bottes renforcées de métal légèrement sculpté en pointes pour accrocher à la glace. Il avait également autour su coup une chaîne sur laquelle était attaché un médaillon en fer incrusté de runes d’argent, c’était l’héritage familial dont il était porteur en tant qu’aîné. L’objet représentait la première demeure construite par un parent il y avait trois générations de cela, protégée par deux aigles.
Son jeune frère avait les cheveux d’un noir plus intense que celui de la nuit, et des sourcils broussailleux, on le prenait parfois pour l’aîné tellement cela le vieillissait. Il avait une cicatrice qui coupait en deux l’un de ses sourcils et réapparaissait sous la paupière parce qu’un jour il s’était montré un peu téméraire et n’avait pas voulu céder le passage à un ours dans la forêt, l’animal l’avait alors projeté contre un arbre, cela se passait à la plus froide des saisons et une stalactite s’était détachée d’une branche manquant de lui crever l’œil. On le surnommait « Ruckny la Chance ».

« Ce ne sont pas eux » fit le capitaine
« Oui il nous reste une chance » ajouta Walcoch

« Qui ça ? Comment ? De Quoi parlez-vous ? » firent les deux frères au même instant.
On leur raconta alors le défi qu’avaient relevé les deux autres nains qu’ils connaissaient fort bien. Les frères expliquèrent à leur tour qu’ils attendaient Chlib à la sortie de la ville alors que la terre s’était mise à trembler, ils avaient ensuite glissé avec un pan de terre et avaient dû lutter jusqu’à présent pour remonter.


Pendant ce temps à quelques huit cent mètres plus haut deux petites silhouettes émergeaient d’une mer de nuages noire et épaisse, pleine de cendres. Leurs vêtements étaient tachés de boue et certaines parties étaient même rongées, apparemment la pluie qui tombait avait quelques propriétés acides. A cette constatation les deux nains se jetèrent dans la neige qu’ils trouvèrent pour se débarrasser des restes corrosifs.

« Je vois le relais » dit Chlib.
« Allons-y » répondit Ferstohln « nos vêtements et protections ont été rongés, peut-être trouverons nous là-bas quelque chose pour le chemin du retour. »
« Dire que l’on va devoir faire tout cela en sens inverse et sous cette pluie mortelle »lança Chlib un peu angoissé.
« Nous n’avons pas le choix, nous l’avons promis, les nôtres comptent plus que jamais sur nous. » répondit son camarade de marche « Nous avons été plus rapides que ce que je pensais » ajouta-t-il.
Alors les deux compagnons se dirigèrent vers le relais tout proche.


Au même moment dans Himmël un débat houleux chahutait un rassemblement qui s’était fait autour des deux nouveaux venus.
Les deux frères voulaient repartir de suite aider leurs amis.

« Vous êtes fou ! » criait Termark « vous n’en reviendrez pas ! »
« Ce sont nos amis » cria Ruckny « Ils ont peu de chance de revenir par eux même. »
« Ecoutez moi » fit Kald calmant la foule. « Même s’ils ont réussi à aller jusqu’au relais leur équipement à souffert de cette pluie boueuse et qui attaque le fer et brûle les vêtements, et je doute qu’ils réussissent à revenir jusqu’ici, d’autant plus que la visibilité baisse car la journée touche à sa fin. »
« Je …je suis désolé « fit Walcoch « je ne voulais en aucun cas causer leur perte ».
« C’est bien le moment d’avoir des remords vieux fou sénile » rétorqua Termark d’un ton acerbe.

Prödbärd fit taire le gouverneur d’un regard noir et réprobateur.

« Mais pourquoi les avoir fait partir par le chemin classique ? » demanda Kald « Compte tenu de cette situation vous auriez dû leur conseiller de passer par l’un des nouveaux puits d’aération que vous nous avez chargé d’aménager il y a trois mois » poursuivit-il à l’adresse du gouverneur.
« Oui, au moins ils auraient gagné 250 à 300 mètres de déniveler à couvert » continua son frère.

Tous se retournèrent vers Termark. Celui-ci fit un pas en retrait. Il se retourna pour s’enfuir mais butta sur le capitaine de la Garde de Pierre et s’affala lamentablement sur le sol.

« Assassin ! » dit Walcoch calmement « Tout cela par peur que ma théorie soit exacte ! »
« Cette entreprise est vouée à l’échec » balbutia-t-il « n’écoutez pas Walcoch ou les dieux nous anéantiront, c’est moi votre chef, écoutez moi donc, j’ai raison, attendons que cette pluie de cendres cesse. »
« Vous croyez aux dieux à présent ??» dit ironiquement Lokrine.

Prödbärd intima le silence et s’exprima alors.
« Messieurs, je connais un peu votre citoyen Walcoch, suffisamment en tout cas pour savoir que son jugement est fondé. Gouverneur Termark, votre manque de discernement en pareils circonstances vous dessert, et j’en réfèrerai à qui de droit. En attendant nous ne pouvons rester ainsi. Nous allons par conséquent former un groupe pour réussir là où vos deux frères nous ont précédés, en espérant les retrouver. Lokrine et moi-même feront partie de cette expédition. J’aimerai maintenant quatre volontaires pour nous accompagner. »

Tous se regardaient dans l’assistance. Alors une voix s’éleva.

« Cela fait bien longtemps mon capitaine que nous n’avons sillonné les routes ensemble. Je suis à l’origine de ce périple, il est donc de mon devoir que de me joindre à vous ». dit calmement Walcoch.

« Nous aussi on vient !» firent Kald et Ruckny.

Un peu à l’écart le gouverneur parlait avec un nain, lorsqu’il entendit que le groupe était presque formé il ordonna à son interlocuteur de se présenter.
Le capitaine vit ce nain d’age moyen à la barbe rousse s’avancer et se proposer, il avait un bonnet de cuir sur la tête, portait une arbalète dans son dos et avait une hache de bataille. Il avait également une petite besace en bandoulière laissant voir un rouleau de parchemin et une flûte en os.
« Comment t’appelle-tu ? » luis demanda le capitaine
« Evezët ! » répondit-il.
« Bienvenu ! » ainsi Prödbärd l’accepta dans le groupe.


A cet instant les deux éclaireurs étaient ressortis du relais. Ils y avaient trouvé des vêtements de cuir usés ainsi que du matériel divers qui ne servait que pour l’exploitation des mines.
Ils s’approchaient du chemin pour revenir à leur ville. Là où ils étaient le ciel était un peu voilé de nuages blancs et les soleils disparaissaient lentement derrière les sommets. Le crépuscule s’avançait à présent.
« Hâtons nous » fit Ferstohln en allumant une torche qu’ils avaient trouvé dans le relais.
« Même avec cette torche nous ne verrons rien, en plus la cendre va l’étouffer. » lui répondit son compagnon.
« Quoi tu veux que l’on reste ici ? »
« On pourrait attendre l’aube »
« Chlib ! Nous avons promis de revenir sous six heures, nous ne pouvons nous permettre de les faire s’inquiéter et prendre de nouvelles décisions sans avoir rapporté qu’il est possible pour eux de venir jusqu’ici ! »
« Tu as raison ….mais je pense quand même que c’est une folie. »fit-il.
« Non cher frère, ce qui est une folie c’est de se suspendre aux parois rocheuses avec une corde, comme tu le fais » souri-t-il.
Les deux compagnons rirent de bon cœur et se préparèrent à pénétrer dans la soupe d’eau et de cendres et son atmosphère étouffante.
Mais Chlib s’immobilisa. Ferstohln lui demanda ce qu’il se passait, il vit alors le sourire radieux de son compagnon découvrir ses dents.


Pendant ce temps le groupe de six nains nouvellement formé descendait les pentes de Himmël vers la grande place intérieure. Là aussi il fallait escalader les ruines de la caverne. Enfin après un bon quart d’heure de marche ils arrivèrent dans un couloir rudimentaire et peu emprunté. Il s’était effondré sur sa moitié vers un étage inférieur ce qui ne laissait qu’une étroite corniche pour le parcourir.
« Au bout de ce couloir qui se termine en cul-de-sac se trouve une échelle de corde, elle nous mènera à l’installation d’entretient du puit d’aération. » fit Kald.

Ruckny passa en premier, sans autre équipement qu’une corde. Une fois arrivé au bout il arrima le lien pour donner une sécurité à ses suivants. Alors Lokrine, le nain à barbe rousse, le capitaine, Walcoch et enfin Kald traversèrent la corniche. Ils firent ensuite suivre leur matériel grâce à la corde et aux nains qui les avaient accompagnés jusque là.
Les deux groupes se saluèrent. A présent le petit groupe était livré à lui-même.

Après avoir gravi l’échelle de corde il arrivèrent sur un promontoire rocheux agrandit au moyen d’une plateforme en bois. Là était installé le mécanisme d’un élévateur à une place s’élevant jusqu’à l’aire de travail à environ cinquante mètres de la surface. Il fonctionnait avec un système de sacs à charbons dont on faisait varier le poids.

« Bien » fit Kald. « Maintenant je vais vous expliquer comment nous allons procéder »
« HUmmm !! » grogna Prödbärd.

Tous se regardèrent interloqués sauf Lokrine.

« Ahh » réalisa Kald « Mon capitaine étant donné que mon frère et moi sommes ceux qui connaissons le mieux ces installations je vous serai gré de bien vouloir nous laisser vous guider vers la sortie. »fit il respectueusement.

Le capitaine redevint détendu et lui fit signe de poursuivre.

« D’accord » reprit le mineur. « Ainsi je vais monter le premier, puis j’attendrai que l’un de vous me rejoigne. En effet il n’y a la place que pour deux là-haut. Pendant que vous monterez un autre d’entre vous, moi et celui qui m’accompagnera, irons ouvrir le puit car je sais que celui-ci n’est ouvert qu’à la plus chaude des saisons. L’espace pour sortir est juste suffisant pour un nain de front. En plus à l’ouverture il est plus que certains que la cendre va s’engouffrer alors pensez à bien vous protéger.

Tout se passa pour le mieux jusqu’au moment ou les deux nains suivants : Walcoch et celui à l’arbalète commençaient à prendre le chemin des cinquante derniers mètres, qui était un escalier taillé dans la roche à flan de mur et donnant sur le vide, et ou le deuxième glissa sur une marche déstabilisant le bibliothécaire qui eut le réflexe éclair de s’aplatir à terre évitant de justesse la chute mortelle de près de trois cent mètres.
« Juste ciel, fait un peu attention mon garçon » cria-t-il.
« Oui m’sieur ! » fit la petite voix derrière lui sans conviction.

Enfin tous se retrouvèrent en pleine tempête de cendres à l’extérieur, ils avaient gagnés beaucoup de temps et s’orientaient maintenant vers le relais…Kald les guidait. Ils étaient encordés.
Ils marchèrent le dos courbé, abritant leurs yeux et leur nez dans leurs manches ou capuches improvisées avec leurs manteaux pendant une bonne demi-heure.
Et puis Kald buta sur quelque chose. Il tata le terrain et s’aperçu que c’était un corps, il attendit que Lokrine le rejoigne car il était deuxième de cordée. Ils empoignèrent le corps et commencèrent à marcher mais ils butèrent sur un deuxième juste à proximité. Alors chacun d’entre eux en attrapa un s’efforçant de presser le pas, Walcoch et son acolyte maladroit les rattrapèrent au bout de deux minutes et les aidèrent.
En marchant les deux inconscients reprenaient un peu leurs esprit suivant la cadence du groupe.
Après près de quarante interminables minutes ils sortirent enfin des ténèbres opaques pour en rejoindre de plus clémentes et claires.
Ils avaient réussis. Aussitôt ils inspectèrent les deux nains qu’ils avaient ramassé, ceux-ci reprenaient peu à peu leur souffle régulier grâce à l’air frais des hauteurs, il s’agissait bien de Ferstohln et Chlib.

Ainsi à la lueur des étoiles, alors qu’un souffle infernal et mortel leur bordait les pieds, huit nains étaient couchés dans la neige, récupérant de leurs efforts et contemplant le ciel comme un coffre à diamant, ….le plus beau qu’ils aient pu voir dans leur vie.

A suivre…



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nain Par Tagazog  le 03/01/2006 à 09:29

La nuit apportait son souffle glacial, ce qui poussa les compagnons à se remettre en marche en direction du relais.
Personne hormis les nains n’aurait pu trouver ce lieu de repos. En effet il n’apparaissait que comme une simple cavité de six pieds de profondeur (six pieds de nains évidemment). Mais pour les familiers il suffisait de chercher le mécanisme caché dans la roche sombre pour faire pivoter un mur de pierre et accéder à l’abri.

L’endroit était spartiate, il ressemblait à une galerie aménagée en une grande pièce. On y trouvait une dizaine de couchettes, deux tables, cinq tabourets et des étagères pleines d’outils et de matériels de mineur ainsi que divers objets servant à la vie montagnarde. Au centre de la salle une petite cuvette avait été créée pour y disposer le foyer et de fines ouvertures avaient été taillées dans la roche pour évacuer la fumée. Au fond de cette unique pièce il y avait une petite porte en bois menant à une réserve particulièrement bien isolée et où étaient entreposées toute sortes de nourriture et de la bière (une source coulant non loin de là, pas besoin de stocker de l’eau). On ravitaillait le site tous les vingt jours environ.

En ce lieu le groupe s’endormit de fatigue, sans tour de garde.
Ils s’éveillèrent aux premières heures du jour. En allant dehors ils virent la lueur du volcan dans le lointain et l’épaisse masse de nuages qui bouchait la vallée. Il commencèrent à marcher en direction de la Larme du Ciel, à pas pesant dans la neige. Tous étaient emmitouflés dans leurs vêtements, du mieux qu’ils pouvaient pour se protéger du froid.

Il ne neigeait pas, le ciel était clair.
Les compagnons escaladèrent les congères et arpentèrent les névés.

Ils avaient marché près de six heures et l’après-midi était déjà entamée depuis deux, qu’ils n’avaient observé que quatre courtes haltes pour se restaurer un peu.
Les nains n’avaient pas beaucoup monté, ils empruntaient un balcon naturel de faible dénivelé.

« Bien » dit Chlib «dans environ cinq cents mètres maintenant le balcon va se terminer et nous devrons commencer à escalader un peu. »
« Hummmmm !?? » fit Prödbärd, « Escalader ? »
« Oui répondit » le premier, mais ne vous inquiétez pas nous avons récupéré le matériel indispensable pour cela au relais. »

« Et bien » s’esclaffa le capitaine « cela me rassure grandement »
« Mais où devons-nous exactement nous rendre ? » s’interrogea Kald.

Tous s’arrêtèrent alors pour regarder Walcoch.
« Et bien il est écris dans l’histoire qu’une caverne se trouverait au commencement du glacier, juste en dessous de la Larme du Ciel. »
« Ha ! je vois » fit Ferstohln « il va donc nous falloir monter encore un peu et puis nous aurons environ six kilomètre à faire à cause du relief. »
« Nous y seront ce soir ? » demanda Lokrine.
« Non pas avant demain soir » fit Chlib « Nous devons passer le pont de glace, marcher sur une partie du glacier et éviter ses crevasses mortelles car la montagne est impraticable à cet endroit et puis revenir sur la roche pour terminer sur un sentier très escarpé, ensuite nous serons en terrain inconnu, car je ne suis jamais allé là-bas, il faut monter trop haut, ce sera la partie la plus difficile de l’ascension. Mais tout d’abord il nous faut escalader le mur des Isards un peu plus loin. »

« J’ai froid ! Tout ce périple, tous ces risques pour une légende » fit une voix derrière eux, c’était Evezët. Il avait été très discret et n’avait pas dit un mot de la soirée, sa barbe rousse était couverte de centaines d’aiguilles de glaces.
« Je crois qu’il est un peu tard pour faire demi-tour, tu t’es porté volontaire il me semble » commença le capitaine dont la voix prenait des accents un peu colériques.
« Très bien n’en parlons plus alors » fit le premier.

La troupe reprit sa marche montant quelque peu et au bout d’une heure arriva devant un précipice où se terminait le sentier balcon. Côté amont la pente s’élevait tel un véritable mur fait de neige et de glace.
« Bon je passe en premier pour tracer la voie et poser les sûretés » annonça Chlib
« Tu vas monter cela ? » s’étonna Lokrine
« Rassurez-vous il est coutumier du fait » ria Ferstohln.
« Je l’espère » grommela Evezët.
« Il faut nous dépêcher le jours va décliner dans moins de quatre heures. » annonça Ruckny.

« Voici des pointes d’acier » fit Chlib, « elles se fixent aux bottes comme cela. » mima-t-il, « Etant donné que nous n’en avons pas pour tout le monde nous les ferons redescendre par corde pour les suivants. »
Ainsi Chlib entama son escalade, plantant des clous dans la roche et y attachant des anneaux de métal.
Seuls ses vieux amis n’étaient pas surpris, les autres contemplaient cela avec surprise et admiration.

Il lui fallu trois quart d’heure pour escalader la centaine de mètres et poser les sûretés.

« J’irai en dernier » dit Ferstohln.
Alors Ruckny s’avança et commença l’ascension à son tour, suivit de Lokrine. Les deux nains arrivèrent en haut au bout de près de quarante minutes.

Ce fut ensuite le tour de Kald suivit de Walcoch et Evezët. Pendant ce temps deux paires de pointes furent redescendues par corde pour les deux derniers grimpeurs qui attendaient.

Kald était presque arrivé en haut lorsqu’il ne vit plus les visages de ses prédécesseurs qui le guettaient jusque là. Il appela.
« Ruckny ?? Chlib ?? »
Il perçut un cri et de l’agitation, alors il se hâta de terminer les derniers mètres de l’ascension.
Il agrippa le rebord et commença à se hisser, alors il contempla la scène.

Sur le petit plateau rocheux un énorme bouquetin faisait fasse à Chlib, Ruckny et Lokrine, les trois nains essayaient de l’encercler pour le maîtriser car la bête n’appréciait visiblement pas les intrus.
« Fais attention elle va essayer de nous charger, sûrement un gardien, le troupeau ne doit pas être loin » fit Chlib à ses compagnons.
« Que fait-il là ? » lui répondit le lieutenant.
« Le nuage de cendres a dû le forcer à venir à cette altitude » ajouta le premier.

Kald prenait pied sur le rebord pour aider ses frères. Alors la bête se sentant plus menacée que jamais, se lança, Les premiers nains n’avaient pas vu Kald arriver. Ce dernier tenta d’éviter le choc mais l’animal le prit sur le côté, l’envoyant dans le vide.

Kald tomba en arrière, les deux suivants encore en train d’escalader le vire être projeté au dessus d’eux.

Kald avait mal au flanc gauche, il semblait voler au ralentit, il voyait l’animal au milieu de ses compagnons, puis le ciel et se retournant il vit le sol qui se rapprochait. Mais une violente douleur à la taille le stoppa dans sa descente, il s’agissait de la corde qu’il n’avait pas quittée fort heureusement. Il commença à reprendre espoir lorsque la chute repris sur une dizaine de mètres et s’arrêta de nouveau brusquement, en dessous les autres nains criaient mais étaient impuissants, leur compagnon était suspendu à soixante-dix mètres d’eux.

Walcoch en voyant Kald être précipité dans le vide n’avait pas fait attention qu’il était encore encordé à lui, aussi lorsque la corde arriva à une extrême tension il failli être arraché d’un coup à la paroi, mais il banda ses muscles au maximum pour tenir le poids qui le lestait. Malheureusement il ne pouvait tenir bien longtemps et lâcha prise, suivant le premier nain dans sa chute.

Evezët leva la tête et vit Kald projeté dans le vide, ainsi que la corde qui le liait à lui tel un cordon ombilical. Il n’avait que quelques secondes pour réagir aussi utilisa-t-il son piolet pour s’arrimer solidement dans la glace, il calla aussi ses chaussures à pointes. Il vit Walcoch essayer de tenir, mais en vain, l’aîné le frôla dans sa chute.

Kald avait laissé son piolet en haut et celui que perdit Walcoch dans la chute failli lui arracher un œil, heureusement il lui effleura seulement la joue, entaillant légèrement la peau.
En bas les deux nains se jetèrent de côté pour éviter la chute de l’objet mortel.

Walcoch se balançait la tête en bas et il voyait juste au-dessus de lui Evezët, qui peinait à tenir la charge.

Le dernier nain accroché à la paroi, approcha sa main libre de son fourreau à dague, et la sortit, il jeta un regard impassible au vieux nain en dessous de lui et approcha la lame de la corde. Il commença à faire courir doucement la lame sur la fibre tressée qui s’effilochait petit à petit. Walcoch regardait Kald, et vit soudain les deux derniers nains en bas s’agiter et crier.
« Arrête…ne fais pas ça …attends !!! »
Alors faisant un effort pour se redresser un peu le bibliothécaire vit la terrible scène de sa fin se profiler.

Mais soudain une voix retentit.

« Attrapes Evezët !! » Chlib venait de lui lancer une corde. Le nain stoppa son geste, regarda son compagnon d’en haut et rangea lentement son arme. Il saisit la corde et l’enroula comme il pu autour de sa taille.
Alors Chlib, Ruckny et Lokrine tirèrent les trois nains hors de danger.
Le bouquetin avait été chassé de là.
Tous soufflèrent une dizaine de minute pour se remettre de cette frayeur.

Enfin, les deux derniers grimpeurs finirent par arriver.

Le fils de forgeron couru vers Evezët : « Pourquoi as-tu essayer de les tuer ??!! » Il était furieux et Ruckny se joignit à lui.
« Tu as failli laisser mon frère mourir ! »Il serrait les dents.
« Du calme DU CALME !! »entama Prödbärd « Que pouvait-il faire d’autre dans sa situation ? Se laisser tomber avec les autres. Nonnn devant une situation désespérée il a fait ce qu’il fallait pour survivre et permettre au plus grand nombre de continuer notre quête ! »
« Quand même il aurait pu essayer de nous retenir » dit Kald.
« Non, il savait que la mort l’attendait s’il faisait cela » dit Walcoch, toisant le nain interpellé avec méfiance.

Les esprits s’apaisèrent, bien que le nain accusé ne dit mot pour expliquer son geste. Les paroles du capitaine de la Garde de Pierre remirent les idées en ordre et reformèrent la cohésion nécessaire pour continuer.

Puis le groupe se prépara à repartir alors que les soleils déclinaient.

« Maintenant si je me souviens bien nous avons encore une demi lieue à marcher et nous arriverons devant le pont de glace, là nous pourrons faire notre campement pour la nuit » dit Ferstohln.
Chlib acquiesça de la tête.

La journée s’acheva sans encombre et tous sombrèrent dans les bras de Morphée.

A suivre



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nain Par Tagazog  le 03/01/2006 à 09:32

Un nouveau jour se levait, ce matin là il neigeait. De gros flocons tombaient sur les cheveux et moustaches des nains qui défaisaient leur campement. Tous savaient qu’une journée éprouvante les attendait, il leur fallait arriver à destination le soir même.


Une fois prêts ils s’avancèrent près du gouffre qui les séparait de l’autre versant de la montagne. Il partait d’une brèche qui découpait le sommet et s’enfonçait dans les profondeurs minérales.
Vers l’amont un mur de près de mille mètres montait vers la crète. Sur un aplomb rocheux les nains virent le bouc qui les avait malmené la veille et qui avait fini par prendre la fuite.

« Le revoilà » fit Kald !

L’animal cherchait ses appuis et les prises pour descendre vers le groupe.

« Bahh il n’a qu’à venir si cela lui chante » fit le capitaine la main sur le manche d’ivoire de son marteau de guerre.
Walcoch sourit, « Je vois mon cher que vous avez toujours votre RotBerg Brecher » dit-il en contemplant l’arme rutilante.
« Et oui comme à l’époque » dit le capitaine tapotant l’acier aux reflets pourpres.
« Vous vous connaissez depuis longtemps ?» interrogea Lokrine.
« Plus tard » coupa Chlib « Il faut nous hâter ».

Le lieutenant lui jeta un regard plein de questions, alors celui-ci lui expliqua que si la compagnie attendait trop, les rayons des soleils perceraient la couche nuageuse et réchaufferaient le pont de glace le rendant suintant et glissant.

Chlib reprit la parole.
« Ecoutez-moi, à ce jour je suis le seul à avoir emprunté plusieurs fois ce chemin et à être encore vivant. Alors suivez bien mes instructions. Je vais passer en premier et vous suivrez un par un. Vous attendrez que celui qui vous précède ait franchi le pont pour vous y engager. »

A vue d’œil trois nains de front auraient pu passer sur cet édifice naturel.

Chlib passa en premier pour arrimer la corde de l’autre côté.

Après vingt minutes il ne restait plus que Ferstholn, Evezët et Lokrine à passer lorsque la chute de neige cessa et que les nuages s’ouvrirent laissant filtrer les rayons des Titans. Ces derniers commencèrent à faire luire le pont de glace de couleurs bleues et vertes.

Le Lieutenant passa en premier, encordé, il n’eut pas de difficulté.
Puis Ferstohln demanda à Evezët de passer avant lui mais il refusa. Il était si borné qu’énervé le premier abandonna son idée de le convaincre et commença sa traversée. Malgré ses pointes qui l’arrimaient à la glace, il sentit qu’il glissait quelque peu, en effet le pont était recouvert d’une couche très molle, glissante et liquide à présent.
A un moment il glissa et se tapa le menton par terre maculant l’édifice de glace de son sang. Ferstholn termina sa traversée avec un rictus de douleurs aux lèvres gercées et saignantes.

Evezët attrapa la corde que lui lancèrent ses compagnons et s’y enroula dans un nœud va et vient afin de pouvoir avancer le long de la corde tout en y restant attaché. Il ceint la corde à un gros rocher de son côté. Puis il s’engagea.

Il était à mi-chemin lorsque le lien se détacha du rocher, sous la surprise d’un manque soudain de tension, il perdit l’équilibre et tomba sur le dos, puis commença à glisser vers l’extérieur du pont, vers le vide, il sentit le nœud autour de sa taille devenir de plus en plus lâche et large. Les autres nains le virent et commencèrent à tirer de leur côté ce qui accéléra le délaçage du nœud en question. Bientôt il ne serrerait plus suffisamment le nain et celui-ci ne pourrait plus tenir qu’en agrippant la corde. Alors il chercha son piquet pour s’accrocher au pont, mais tout n’était plus qu’une question de secondes.
Et soudain le nœud se resserra et la corde fut tendue de l’autre côté du gouffre. Tous levèrent la tête et virent le bouc qui avait posé l’ongle de sa patte sur le bout de corde avant que celui-ci ne tombe dans l’abîme et l’avait tirer en arrière lui redonnant un peu de tension. L’animal pesait de tout son poids et semblait attendre. Alors Evezët se redressa et termina en vitesse la petite distance salutaire qui le séparait de l’autre côté. Quand ils regardèrent à nouveau de l’autre côté l’animal avait disparu.

« Etrange cela » fit Kald.. « Hier c’est tout juste s’il ne ma pas tuer, et aujourd’hui il joue les bon samaritains ?? Sont fous ces boucs ! »
Ses compagnons en rirent.

La troupe continua sa route en suivant la pente douce la menant au glacier pendant un bon kilomètre.

« Nous y sommes ! » fit Kald
« Bien, à partir de maintenant nous allons devoir faire près de deux kilomètres sur le glacier jusqu’au promontoire rocheux de couleur obsidienne là-bas, vous voyez ? » dit Chlib.
Tous scrutèrent et virent l’endroit en question.
« Nous n’y seront qu’aux premières heures de l’après-midi » dit Ruckny.
« Un peu plus tard même » reprit Chlib, « c’est sans doute la partie du voyage la plus technique et la plus délicate ».
« Restaurons nous un peu ici car nous n’en aurons plus l’occasion avant d’avoir franchit le glacier » annonça Walcoch.

Après vingt petites minutes d’une restauration frugale, à son grand dam, la compagnie se remit en route lentement. Chlib et Ferstohln marchaient en tête, inspectant chaque surface de glace essayant de repérer les pièges.

« Par ici » fit Chlib, « je suis passé par là la dernière fois, il y a une couche de glace suffisamment solide. »

L’alpiniste fit un pas en avant et passa au travers de la couche brillant sous la lumière du jour d’un reflet liquide.
La corde qui l’assurait aux autres l’empêcha de tomber, il était suspendu par la ceinture au-dessus de la bouche sombre de la crevasse.
« Remontez-moi !! »cria-t-il.
Ses compagnons le hissèrent.
« Et bien cher Chlib, n’avez-vous rien appris au cours de vos nombreux séjours en ces montagnes… »dit Walcoch s’approchant de lui.

Chlib resta pensif un instant et soudain son visage devint sombre « je croyais connaître un chemin sur le glacier, mais j’avais omis un fait important. C’est que le glacier avance vers le lac et que par conséquent aucun sentier ou chemin n’y est éternel. »
« Exact ! » fit le nain plus âgé.
« Et que faisons nous maintenant ? » demanda le capitaine.
« Nous devons trouver une nouvelle voie » dit Chlib
« ce qui veut dire ? »demanda Lokrine.
« Que nous ne sommes pas encore arrivés au bout » firent les frères Ruckny et Kald en cœur.

« Walcoch !! » fit soudain Prödbärd d’une voix qui stoppa tout le monde. « N’as-tu pas une quelconque rune pour nous créer un passage plus rapide vers le flan de la montagne ? »
Tous se tournèrent vers le bibliothécaire surpris.
« Hélas non mon cher …. Mais j’ai plus d’un tour dans mon sac, ne t’inquiète pas je n’ai rien perdu de mes talents passés ».

« Tu…tu n’es pas seulement bibliothécaire ? »demanda Kald.
« Ahhhh il y a bien longtemps je faisais partie de la Garde de Pierre, j’étais un maître des runes »
« Ah bon ?? et tu l’as quitté ? »
Walcoch regarda Prödbärd et répondit au jeune nain sans le regarder « Avançons, les histoires peuvent attendre, notre quête non ! »

Les nains reprirent leur marche, à présent Chlib et Walcoch ouvraient la marche suivis de Ferstohln, venaient ensuite Evezët, le capitaine de la Garde de Pierre et son lieutenant, enfin les deux frères formaient l’arrière garde.

Une heure et demie s’était écoulée, et il semblait au groupe qu’il n’avait guère avancé. Une légère brume se levait à présent.
« Que se passe-t-il ? » demanda Evezët.
« Une brume de chaleur, les Titans sont à leur zénith » fit Lokrine.

« Pas en cette saison » annonça Chlib.
« Effectivement c’est assez étrange, durant l’Engourdissement il n’y a jamais de brume de chaleur » fit le fils du forgeron.

Le capitaine s’approcha de Walcoch qui avait les yeux fermés.
Lentement ce dernier approcha sa main droite du manche de sa hache et entreprit de chercher quelque chose dans l’une de ses poches au moyen de son autre main.
« Silence !! » murmura-t-il.

Alors on n’entendit plus que le vent siffler dans les crevasses et le craquement de la glace tantôt lointain, tantôt proche.

« Avançons le plus silencieusement possible » reprit l’ancien maître des runes.
Prödbärd laissa le manche de son marteau de guerre, rassuré, et son lieutenant qui avait suivit d’instinct les réactions de son capitaine laissa sa hache dans son ceinturon.

Le groupe ne parcouru qu’une vingtaine de mètre lorsque Chlib stoppa net sa marche.
« Ecoutez » dit il calmement.

Tous tendirent l’oreille.
Le bruit imperceptible au départ s’amplifia légèrement :
« Wëre Äs Kum Zu Läben, Wëre Äs Khalangue Dwälfen!»


«De l’elfe ??!!!» Dit Prödbärd

Tous s’agitèrent.

«Que ferait donc un elfe ici ?? »dit Ruckny.
« Ce n’est pas de l’elfe, c’est une langue magique, mais je ne crois pas que cela soit de l’elfe ! » dit Walcoch.

« Que faisons nous maintenant ?» demanda Ferstohln
« Avançons encore » recommanda le bibliothécaire.

Le groupe fit encore quelques pas lorsque soudain un craquement monstrueux se produisit vers l’arrière de la cordée. Des blocs de glaces furent projetés dans les airs et atterrirent sur la glace environnant les nains, les manquant de peu et détruisant le relief de leur masse.
Evezët fut projeté à terre car l’un de ces morceaux vint littéralement exploser à côté de lui en touchant le sol, lui criblant la joue d’éclats de glace. Le nain gémissait, la joue en sang.

Puis le silence revint. Le craquement avait rendu la brume plus opaque encore, chargée maintenant de fines particules de glace en suspension.
« Kald !! Ruckny ??!! » Où êtes-vous cria Walcoch.
« On arrive, on va bien » entendit-il, alors que les deux silhouettes étaient à nouveau visibles à cinq mètre de lui.

Le groupe allait se reformer lorsque soudain un cri strident et aigu déchira l’air. Les nains se bouchèrent les oreilles de douleur.

Les deux membres de la Garde de Pierre avaient déjà dégainé leurs armes et étaient solidement campés sur leurs jambes prêts à affronter le danger qui s’approchait.

Les deux frères nains finirent par rattraper le groupe en courant de panique et se retournèrent juste à temps pour voir arriver une sorte de fouet immense et blanc qui battit l’air à la hauteur de leurs têtes, et se laisser tomber à terre pour l’éviter de justesse.

Alors une tête surgit de la brume, suivie d’un corps ondulé flottant dans l’air, le cri terrible reprit, découvrant les crocs de la bouche ouverte de la créature.
A présent sur l’arrière garde du groupe flottait un serpent ailé de près de sept mètres de long et neuf mètres d’envergure, au bout de sa longue queue qui battait l’air un dard long d’un demi bras aux reflets argentés apparaissait. Le monstre n’avait pas d’œil, juste un énorme joyau sur le front, une opale d’un blanc laiteux.

« Qu’est-ce que c’est que cette horreur ?» cria le capitaine.
« Cela ressemble fort à une vouivre des glaces » répondit Walcoch.
« Ca court pas les rues de Kazad ça !!» cria Lokrine.
« C’est une créature magique qui vient d’être incantée » continua Walcoch.

La vouivre fit danser sa tête entre les deux frères nains, et finalement décida de plonger sur le plus jeune des deux, étrangement celui-ci n’avait plus aucune réaction et son bras armé de sa hache pendait inactif à son côté.

« Ne fixez pas des yeux l’opale géante sur sa tête !! » cria Walcoch. « Elle va essayer de vous hypnotiser avec. »

La bête ouvrit grande la bouche pour avaler sa première victime, heureusement un coup de marteau la fit manquer sa proie. Des étincelles de feu jaillirent tout autour du capitaine qui se tenait devant le jeune nain.

La mâchoire de la vouivre portait une traînée rougeoyante. Elle poussa un cri de fureur et redressa la tête pour se préparer à attaquer de nouveau.

Kald alla voir son frère
« Ruckny….Ruckny, réponds moi… » mais le nain ne réagissait toujours pas.
« Tu vas me le payer saleté de serpent » fit-il à l’attention de la créature.
A ce moment arriva Ferstohln, la hache forgée par son père à la main, qui se posta à côté de Kald.

Walcoch commença à se concentrer, il se remémora les anciennes runes de guerre et se prépara à l’instant crucial où il devrait les lancer pour faire mouche.

Lokrine rejoint Prödbärd.

Tous attendaient maintenant face au monstre, alors que Chlib portait secours à Evezët et l’aidait à se relever.

Soudain la créature battit violemment de ses deux grandes ailes, tellement fort qu’une bise glacée vint déstabiliser la troupe de nain, forte de cet avantage, la vouivre fondit à nouveau sur Ruckny, mais elle vit que deux nains n’avait pas perdu pieds devant sa ruse et l’attendait, elle évita le coup de marteau du capitaine qui pesta et réussi à donner un coup de tête à Lokrine, esquivant son assaut, lui faisant perdre sa hache et l’envoyant à terre.

« Ca va lieutenant ?? » cria le capitaine suivant la bête des yeux.
« Oui mon capitaine », déjà Lokrine se relevait et courait vers sa hache.

Le monstre avait pris un élan ascensionnel et revenait sur le groupe dépassant ceux qui lui faisait front et allant vers les deux nains restés en retrait, elle tourna vivement au-dessus d’eux et lança sa queue au dard sur Chlib.

« ARRKK TNAAA LAAKKK !!!» des aiguilles jaillirent des doigts de Walcoch allant se ficher dans l’une des ailes de la créature. Héritage de ses anciennes pérégrinations en territoire géant.

Celle-ci dû stopper son attaque et se retourna vers le maître des runes. Elle avança sa tête vers lui et siffla son cri horrible qui fit courber le dos des nains, sauf celui du mage qui serra les dents et ne quitta pas le monstre des yeux pour le voir lancer sa gueule béante sur lui. Il se jeta de côté pour l’éviter, mais la tête du monstre lui donna un coup au bassin qui lui arracha un gémissement et l’envoya rouler sur la glace près d’une crevasse.

Walcoch était dos à terre, le monstre se dressa de toute sa longueur devant lui.

Evezët lui décocha un carreau d’arbalète à ce moment, mais ce dernier ricocha sur la peau visiblement gelée de l’animal.

Le groupe se reforma autour du bibliothécaire.

La bête se dressa dans l’air comme pour prendre son souffle, alors horrifié Walcoch cria à ses camarades de ne pas rester devant la vouivre.
Celle-ci fit mine de plonger vers eux et au dernier moment ouvrit grande sa gueule soufflant une bruine qui s’abattit sur les nains, et se cristallisa en une fraction de seconde formant une gangue de glace les immobilisant.

A suivre ...



"L'esprit est la plus riche des mines, plus on y creuse et plus on y trouve de riches subtilités"

[GTN-Membre de la Chambre des Maîtres Mineurs]
[Coconuts Baroudeur de 122 ans][avec Sirocco "Kroak!"]

nain Par Tagazog  le 03/01/2006 à 11:45

L’animal magique souffla un cri aigue de victoire devant ses victimes. Il descendit doucement en ondulant dans l’air, porté par ses ailes aux reflets argentés.
Les nains étaient immobiles, seule la condensation du souffle sortant de leurs narines montrait qu’ils étaient encore en vie.
La vouivre passa devant Lokrine, Ruckny, puis soudain elle s’arrêta, un mouvement avait attiré son attention. Elle passa la tête par-dessus la hauteur des petits êtres et balança son œil d’opale unique de gauche à droite.
Alors elle le vit.

Walcoch venait d’être découvert, la bête l’avait vu esquisser un mouvement vers ses poches. Sa rune de protection avait parfaitement fonctionnée dissipant le souffle givrant avant qu’il ne l’atteigne.
Il réfléchissait maintenant à quoi faire, il avait une hache en main. Il aurait aimé lancer sa rune d’ensevelissement mais ses compagnons risquaient d’être eux aussi emportés.

L’animal jeta sa gueule sur lui, il para de sa hache et fut envoyé sur le côté, mais il n’eut le temps d’esquiver le coup de queue que lui envoya son adversaire d’une agilité bien supérieure. Il reçu la frappe de plein fouet et roula sur cinq mètres dans la neiges. Heureusement l’animal ne l’avait pas frappé de son dard.

Au même moment le marteau de guerre de Prödbärd commença à luire d’une aura rougeâtre, faisant fondre sa gangue de glace.

La vouivre se mit à ramper par terre vers le maître des runes, puis s’envola et lança son dard sur lui, heureusement il l’évita. Walcoch se leva et couru en passant sous la créature, marmonnant la rune de l’arme affûtée et fit volte face au monstre qui essaya de lui donner un coup d’aile pour l’assommer, sa hache entailla la voilure de l’animal qui cria.
La vouivre se jeta a terre et se mit en boucle…le nain était à présent encerclé.

L’arme à la rune de feu de Prödbärd l’avait libéré il était à un mètre de la vouivre qui emprisonnait son vieux compagnon, il fit tournoyer son marteau et l’abattit violement sur le corps blanc et argenté, des étincelles rouges et jaunes jaillirent et la peau fut entamée, la bête s’envola dans les airs et disparu dans la brume.

« Ahhh cette bonne vieille arme à rune de feu » fit Walcoch
« Oui nous sommes inséparables » répondit le capitaine.
« Libérons nos compagnons avant que la bête ne revienne » demanda le bibliothécaire
« Crois-tu qu’elle risque de revenir ? » demandait son compagnon qui s’approchait des prisonniers de la glace.
« Si quelqu’un nous veut du mal il va sûrement ne pas en rester là ». en disant cela le maître des runes scrutait l’air. Puis il ajouta « vite utilise ton attaque circulaire de l’anneau de feu nous gagnerons du temps pour les libérer.

Alors le capitaine se plaça à équidistance de chacun des compagnons et se concentra. Il leva son marteau au-dessus de sa tête, le tenant à deux mains.

Mais un cri se fit entendre et des battements d’ailes familiers brisèrent le silence qui venait de s’installer.
« Continues je m’en occupe » fit Walcoch à l’attention de son frère d’arme.

Il ferma les yeux et saisi une pincée de poudre dans l’une de ses bourses. Il garda l’ingrédient dans son poing fermé.
Puis il ouvrit brusquement les yeux, il distinguait la vouivre qui s’élançait
« ARkkkk Fäerrrrrr Böelt !! » et il détendit sa main dans la direction de l’adversaire la pointant de son index. A ce moment une boule feu se créa dans l’air fondant vers la bête magique, qui l’évita agilement. Mais le magicien ne se laissa pas décontenancer pour autant et alors que la bête n’était plus qu’à trois mètres de lui arrivant de toute sa vitesse, Walcoch parvint à lancer une seconde boule de feu.
Cette fois-ci l’animal la prit de plein fouet et tomba sur le côté dans la neige. Il gémissait et se débattait.
Walcoch avait utilisé pratiquement toutes ses forces magiques et tenait tout juste debout à présent.

Le capitaine quant à lui avait profité de ce répit pour abattre son marteau au sol formant un cercle de feu temporaire qui avait libéré ses compagnons. Tous se ruèrent alors au secours de Walcoch.

La vouivre était blessée et encore plus furieuse que jamais.

Les nains se placèrent en un front commun devant le maître des runes qui devait reprendre un peu de souffle avant de pouvoir au moins se battre avec sa hache.

La vouivre se propulsa au raz du sol et se jeta sur leur flanc droit, c'est-à-dire celui où se trouvaient à présent, Kald, Lokrine et Ferstohln. Elle visa le premier, car il était à l’extrémité, mais le lieutenant était plus prompt que le mineur Himmeliens et décocha un coup de hache infructueux à l’animal qui le déstabilisa, il chancela et se rétablit un mètre plus loin, alors que l’animal revenait sur eux, les autres compagnons se rapprochaient.

« Ne bouge plus Lokrine » cria Ferstohln qui couru vers lui « Tu t’es mis sur une faille recouverte d’une fine couche de glace, laisse moi te guider hors de là ».

« Attention !! » cria Chlib

Mais la créature était déjà sur eux, elle décocha sa queue armée de son dard vers le fils du forgeron, et l’appendice affûté alla se planter dans son avant bras gauche traversant l’os. Heureusement avant que la bête n’ait eu le temps de lancer le malheureux au loin dans le même mouvement, la lame d’une hache vint se briser sur le dard, c’était celle de Kald, le choc suivi des vibrations lui firent lâcher la hache désormais cassée et lui arrachèrent un gémissement de douleur, il se tint le poignet.
Mais il ne fut pas le seul à crier, la bête aussi, son dard venait d’être sectionné.

Désormais à terre, Ferstohln criait de douleur.

Le répit qu’offrait cet acte permis au groupe de ramener le lieutenant sur le sol ferme et de voir la blessure du nain.
Chlib et Kald restaient avec lui et Walcoch, les quatre autres scrutaient la brume derrière laquelle la bête s’était réfugiée pour le moment.

Le bibliothécaire ôta le dard du bras du nain et lui fit un pansement. Mais alors qu’il le confectionnait Ferstohln devint pâle.
« Que se passe-t-il » s’enquit Chlib.
« J’ai terriblement froid au bras…j’ai …AIIEE ! »
Le maître des runes lâcha d’un coup le bras du patient, car la main de celui-ci commençait à se changer en glace. Peu à peu remontant vers le coude la peau se durcissait et prenait une teinte blanche et cristalline.

« Son bras se transforme en glace !» cria Kald.

Tous retinrent leur souffle car la glace progressait maintenant jusqu’à l’épaule où elle stoppa.

A nouveau le cri de la vouivre ramena le groupe à la réalité.

« Il faut en finir » cria le capitaine. « Lokrine, prépare une corde attachée à un des carreaux de Evezët, nous allons l’amener à terre ».
« Mais elle doit peser une demie tonne, sans compter les ailes » lui répondit le lieutenant.

Le regard du capitaine dissuada le lieutenant de poursuivre la discussion et celui-ci s’en alla exécuter les ordres.

Walcoch s’approcha de son vieux compagnon d’arme.
« Ensembles …comme au bon vieux temps ? »
« Oui » souri Prödbärd
« Je pense que si nous arrivons à briser l’opale, nous briserons le lien magique qui a créé cette abomination… mais tu es ici le seul à avoir une arme pouvant détruire un tel objet »
« Compris ! » répondit le capitaine.

La vouivre apparu au groupe à quelques six mètres au-dessus d’eux, elle déployait largement ses ailes et lança un cri strident et plongea tête la première vers le groupe, les ailes rabattues.

L’arbalète au poing, Evezët guettait le moment où il pourrait atteindre une aile, et pour cela il fallait attendre le dernier instant, celui où, trop proche du sol, l’animal devrait déployer sa voilure pour freiner.
Les cinq nains valides se préparaient à tenir fermement la corde. Parmi eux Kald se massait le poignet.
Ferstohln était en retrait se familiarisant avec son douloureux bras de glace.

Enfin le capitaine fit tournoyer son marteau dessinant un cercle incandescent tandis que son acolyte tendait ses mains vers la bête près à décocher de nouvelles aiguilles magiques.
La créature fondit vers la lumineuse silhouette du capitaine.

Alors elle déploya ses ailes et tendit son cou pour le saisir. Au même instant le carreau de l’arbalète vint se ficher au centre de l’aile droite, bien enfoncé. La créature commença à se sentir tirée vers le bas. Elle exerça alors une formidable poussée vers le haut pour essayer de se libérer, et qui fit presque perdre la prise des nains sur la corde. Heureusement le maître des runes lança ses aiguilles dans la seconde aile et la douleur fit perdre à la vouivre encore un peu d’altitude.

Le capitaine avança, l’échauffement de son marteau était à son paroxysme et il luisait maintenant constamment tel un foyer plein de braises. Il le tenait immobile dans sa main, aussi fermement que possible et sentait la chaleur qui s’en dégageait, chaleur qui faisait fondre la glace sous lui lorsqu’il se déplaçait sur le glacier.

Le serpent ailé était presque à terre mais se battait encore, il essaya d’attraper le nain avec sa mâchoire, en retour il prit un fantastique coup de marteau qui fit exploser deux de ses crocs.

La bête tira sur la corde d’un brusque coup d’aile, mais les nains tinrent bon. Même si Kald poussa un cri de douleur.

La vouivre des glaces hurla une dernière fois apportant le frisson de l’angoisse dans le cœur de chaque nain. Walcoch posa une main à l’emplacement de son cœur, il avait du mal à respirer.

« Tue la ! » implora-t-il.

Enfin le capitaine de la Garde de Pierre abattit violement son arme sur l’œil d’opale le faisant voler en éclat.

La créature explosa alors en une tempête de neige glaciale mettant tout les petits êtres à terre.
Peu à peu le calme et le silence revinrent, et la brume se dissipa.
Par terre l’opale brisée s’était changée en morceaux de glace qui fondaient à vue d’œil. Walcoch se baissa et trouva par terre une petite opale laiteuse qu’il ramassa.
Puis il dit : « Je ne sais pas qui nous veut du mal, mais restons sur nos gardes, nous savons que nous ne sommes plus seuls ».


Après une brève pause et avoir pansé leurs blessures les nains repartirent.

Chlib marchait en tête suivit de Evezët qui avait un bandage pour sa plaie à la joue, suivait Kald, qui serrait les dents n’ayant dit à personne que son poignet devait être brisé, pour ne pas ralentir le groupe. Ensuite venaient Lokrine puis Ferstholn qui avait son bras enveloppé dans une couverture étrangement la glace restait inaltérable, puis Walcoch marchait tant bien que mal, épuisé, soutenu par Prödbärd. Enfin, Ruckny fermait la marche.

A suivre….



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[GTN-Membre de la Chambre des Maîtres Mineurs]
[Coconuts Baroudeur de 122 ans][avec Sirocco "Kroak!"]

nain Par Tagazog  le 10/01/2006 à 15:20

Après une bonne heure de marche à suivre la crête des crevasses, les nains stoppèrent devant une longue faille.

« Hummm elle est très large» fit Chlib.
Les deux frères se penchèrent dans le vide…. « Ouahhh j’aimerai pas finir ma route ici. » dit Ruckny.

« On pourrait la longer pour trouver un endroit plus étroit entre les deux bord. » proposa le lieutenant.

Un Walcoch grimaçant prit la parole.
« Non, il faut passer ici, la faille repart vers notre point d’arrivée, et on doit se dépêcher ».

« On a aucun moyen de la franchir ? » demanda Ferstholn, que son bras de glace faisait toujours souffrir.

« Et après tout pourquoi ne pas faire le pont de corde ? » annonça Evezët.

« Parce que deux d’entre nous ne pourront pas venir » lança le capitaine, qui regarda tour à tour le fils de forgeron et Kald.

« Je croyais que la mission importait plus que le reste » continua le nain à barbe rousse.

« Il a raison » dit Walcoch « Pour autant que cela m’attriste…il a raison ». Il s’assit alors sur un petit promontoire de glace, le poing serré sur la poitrine.

« Ca va mon vieux compagnon ? » s’inquiéta Prödbärd.

« Ne t’inquiète pas, c’est juste que je n’avais plus combattu depuis longtemps ». reprit le maître des runes.

Le capitaine demanda alors à ce que l’on prépare le pont de cordes.
Evezët noua un premier lien à l’un de ses carreaux. Il épaula l’arbalète et décocha son trait vers l’autre côté. La pointe se ficha dans la neige, alors le nain attrapa la corde de son côté pour la fixer lorsque soudain celle-ci lui fût arrachée si vite que ses gants fumèrent par la brûlure provoquée.
« Bon sang !! Heureusement que j’avais mes gants » fit-il.

Tous se tournèrent vers l’autre côté de la crevasse et reculèrent de stupeur.

Une voix s’éleva alors de l’immense amas de glace qui s’était dressé devant eux en un visage grossièrement dessiné.

« AIE !!! Qui donc me dérange de mon sommeil millénaire ? Qui ose provoquer la colère d’Askalash ! ».
La chose se dressait sur une hauteur de vingt mètres environ. On ne distinguait que sa tête déformée faîte apparemment de glace et de rochers qui craquaient et parfois se détachaient en morceaux tombant au hasard.

« Qu’est-ce que c’est que ça ? » balbutia Chlib.
Tous tournèrent leur regard interrogateur vers Walcoch qui leur répondit :
« Sûrement un démon invoqué par notre ennemi inconnu ! »

« Démon ?? Moi ?? Un Démon !! Comment OSEZ VOUS insignifiantes créatures ! » Reprit la voix grave sur un ton si élevé qu’il fit craquer le sol partout autour de la compagnie. Sous le coup de l’agitation la créature envoya quelques blocs de glaces et de roches s’écraser avec fracas non loin des nains.

Walcoch s’approcha, suivit de près par le capitaine. « Dans ce cas qui es-tu ? » demanda-t-il.

« Askalash … ?? Qui est Askalash ?AH AH ah ah ah ! » fit la créature, riant ce qui avait pour effet de faire trembler dangereusement le sol sous les nains.

« Euhh et bien oui » demanda Ruckny « Qui êtes-vous ? »

« C’est une question dont la réponse doit se mériter, qui se livrera à l’épreuve requise pour obtenir cette information ? » continua la créature avec la même voix caverneuse, bougeant la tête avec lenteur.

« On ferait mieux de demander uniquement comment se rendre de l’autre côté du glacier » proposa Kald.

« S’il ne s’agit pas d’un démon, j’aimerai en savoir plus » dit Walcoch.

« Pas moi !! » répondit le capitaine.

« Avant d’accepter cette épreuve, pouvons nous connaître vos règles » demanda Walcoch.

« Ahhh un esprit avisé et réfléchi…Askalash aime cela !! » dit l’être de glace et de roche sur un ton condescendant, puis il poursuivit « Chacun de vous a le droit de me poser une question, et une seule. Celui qui veut le faire devra répondre à une énigme, et chaque énigme, résolue ou non, requiert que je vous prenne un peu de ce mana qui coule en vos êtres. »

Les nains firent un pas en arrière à cette annonce.

« C’est un suceur d’âmes !!» cria Evezët.

« Si c’était le cas vous seriez mort depuis quelques minutes déjà petite créature » répondit Askalash.

Les nains se concertèrent. Après quelques secondes, ils jugèrent que pour continuer la mission il fallait passer cet obstacle, alors Ruckny se proposa pour en savoir plus sur la nature de cet être laissant ainsi à Walcoch le loisir de répondre peut-être à une énigme plus difficile sur une question cruciale pour la suite de l’équipée.

Ainsi, le jeune frère s’avança vers l’imposant interlocuteur et lui reposa sa question : « Qui êtes vous donc Askalash ? »

« Bien, réponds à ceci et j’accèderai à ta curiosité :

Se vide le temps comme coule l’eau
Mais à chaque fin un début commence
Tête en bas, tête en haut
C’est ainsi que je danse.

De quel objet s’agit-il ? » lança la créature.

A suivre…



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nain Par Tagazog  le 18/01/2006 à 16:30

Si Ruckny n’avait pas eu la barbe gelée à cause de l’altitude, sa mâchoire se serait sans aucun doute détachée de son crâne à l’instant même où la créature avait terminé de formuler son énigme.

Le nain se sentait perdu, la stupeur l’avait frappé à l’écoute de ces rimes et ne trouvant de réponse, il commença même à se retourner vers les siens pour avoir une aide salvatrice.

« Il est interdit de TRICHER ! » gronda la masse devant lui, sur un ton réprobateur qui fit perdre au nain toute envie de bouger.

Une minute qui sembla une heure s’écoula dans l’esprit du nain.

« Alors petit être !! Donne moi ta réponse il est maintenant temps » !

« Une seconde s’il vous plaît. » demanda le nain. « Je crois savoir…le temps, l’eau, fin et début, en bas, en haut….ça y EST !!! » cria-t-il triomphant.
« J’ai la réponse ! » il semblait tellement heureux.

« Parle je t’écoute, je te retirerais un peu de mana après ta réponse. » fit la chose.

« Une roue à aubes …. L’objet en question est une roue à aubes ! »Ruckny ressemblait à un général qui aurait à la veille d’une bataille perdue d’avance redonné le courage et la motivation à des troupes pendues à ses lèvres et à sa verve enflammée, leur assurant un succès inespéré.

La créature inspira profondément et Ruckny mit un genoux à terre, un mal de tête l’assaillit soudain.

Ses compagnons se précipitèrent vers lui.

Askalash avait vampirisé un peu de mana comme il l’avait dit. Le nain semblait un peu désorienté et repris peu à peu ses esprits.

« Désolé ! » fit la voix. « Mauvaise réponse ! »

« Ahhh mince …j’ai vraiment cru que tu avais trouvé frèro. » fit Kald.

Walcoch s’avança alors et demanda « quelle était donc la réponse… ? »

« Ah ah….curieux n’est-ce pas » reprit la créature de sa voix lente et grasse. « Il s’agissait de la clepsydre. »

Le maître des runes se gratta la barbe et dit alors : « mais le premier vers prête à confusion, de façon rhétorique j’entends ! En effet son énonciation peut aussi bien relever de la métaphore que de la simple relation de cause à effet.
En ce qui concerne la clepsydre votre phrase indique que le temps s’écoule à mesure que l’eau de l’objet en fait de même, c’est donc un rapport de cause à conséquence, auquel cas nous sommes dans la simple narration de l’action. Mais si l’on lit la phrase avec le sens suivant : le temps est comme l’eau qui s’écoule, alors il s’agit d’une métaphore qui s’enchaîne ensuite avec la roue qui n’a ni début ni fin. »

Un « HUMPF ? » jaillit telle une onomatopée rugissante et grave qui effraya quelque peu les nains alors que la chose énorme se cabra d’un coup en arrière.

« Par conséquent je crois que notre frère à répondu correctement suivant le sens de lecture que l’on accorde à cette énigme. » continua Walcoch nullement impressionné par la chose qui d’un seul coup s’était rapprochée de lui fronçant des sourcils minéraux et gelés qui craquèrent en envoyant quelques débris s’écraser près du nain.

Puis la créature se redressa et ouvrit largement la bouche.
« AH AH AH AH AH AH !! Il y a bien longtemps qu’Askalash n’avait pas autant rit. AH AH AH ..un nain à l’oreille poétique, c’est fantastique, je remercie mon créateur de m’avoir permit de voir une telle chose ! »

« Alors est-ce que …. ? » commença le maître des runes.

« Bien ceci est assez inhabituel, mais tu as soulevé un point qui mérite que je t’accorde une réponse.
Je suis Askalash, troisième gardien de Windeisbläed. On me nomme également le portail de l’esprit. »

Les nains commencèrent à murmurer dans une confusion complète. Le Capitaine leur demanda de faire silence et se rapprocha de Walcoch.
« Le troisième gardien de quoi ? » lui demanda-t-il.
« De la hache » répondit son ami, « Windeisbläed, est le nom très anciens donné à cette arme divine, nous avons la preuve irréfutable de son existence ». poursuivit-il presque fébrile d’émotion.

« Quelle sera votre question suivante messires nains ? »

Alors Prödbärd prit tout le monde de court en criant à l’attention de la créature :
« Qui t’envoie ? »

« Je ne peux répondre à cette question, désolé, demandez moi autre chose, guerrier ! » répondit le gardien.

« Comment rejoindre le sentier qui nous mènera à la … à Windeisbläed » reprit le capitaine, sous l’œil désapprobateur du maître des runes.

« Bien… résous donc cette énigme à ton tour :

Je vois le chêne résister à maints vents qui vont s’amplifier,
Je le vois fier et immobile, seules ses feuilles aiment à danser,
Et moi je bouge en tout sens près de l’étang à l’eau troublée
Par la tempête qui déracine le chêne et l’envoie se noyer,
Je ploie et tremble de ce destin que je ne veux point partager.

Qui suis-je ? »

« Encore un poème ?? Mais c’est pas possible » fit le militaire. »Encore une danse, encore de l’eau !!ACH !* »

*Exclamation naine de déception, expression de la fatalité.
Forme abrégée de « ACHTCHOUM », exclamation liée à l’éternuement et qui souvent entraînait des effondrements dans les galeries instables. Par extensions dans les mines lors de situations préoccupantes on exprimait un « ACH », en invoquant la fatalité suite à une catastrophe.

Les nains rivaient leurs yeux sur le fier guerrier à la barbe argentée.

« Cela suffit avec tes poèmes gardien, viens te battre et tu verras alors que ma réponse ne se fera pas attendre ! » lança le nain à l’être étrange qui resta de marbre.

Puis ce dernier inspira ouvrant grande sa bouche et parla en même temps, ce qui rendit sa voix extrêmement angoissante :
« MAUVAISE REPONDRE GUERRIER IMPATIENT !! »

Prödbärd se tint la tête à deux mains
« Aiiieeee mon crâne ! Par le malt de la plus sainte des bières tu vas me le payer ».

« Du calme mon capitaine » intervint Lokrine « Laissez moi tentez ma chance »
« GMpff !! si tu as envie d’écouter ces poèmes de bonnes femmes vas-y, j’espère que tu réussiras ! » répondit son supérieur.

Alors le lieutenant se plaça à côté de Walcoch lui adressant un sourire confiant que le vieux nain lui rendit, oui comme il avait l’air vieux d’un seul coup se dit Lokrine. Depuis le combat contre la vouivre il était devenu beaucoup moins loquace et son teint était grisâtre. Mais le gardien le tira de ses pensées et lui demanda sa requête. Le militaire fit la même question que son chef et obtint la même énigme.

« Tu es le roseau ! » dit-il

« C’est exact jeune lieutenant » dit le gardien.
Lokrine sentit ses tempes se resserrées comme dans un étaux mais tint bon et resta debout pour écouter la réponse à sa question.

« Pour continuer votre quête il vous faut franchir ce précipice qui nous sépare. Pour ce faire seul votre esprit pourra plier la réalité et réduire ce gouffre à une simple faille. Seul ou a plusieurs votre foi et votre conviction vous créeront le plus sûr des ponts. »

« J’en étais sûr » hurla Prödbärd « il nous répond par une énigme ».

Walcoch intima l’ordre de se taire au capitaine, qui fort heureusement était son ami sans quoi le militaire lui aurait bien asséné un bon coup de poing sur le crâne histoire de lui remettre le respect en place.

« Mes amis » commença le bibliothécaire « notre magie peut nous aider maintenant. Je crois comprendre où veut en venir le gardien. Ce dernier a une essence magique, donc comme il représente l’autre bord il nous faut nous concentrer pour que notre magie soit plus forte et donc combler le précipice. »

« Quoi ? » demanda Evezët
« C’est pas très clair » poursuivit Chlib
« C’est même le brouillard complet » dit Ruckny.

Le maître des runes un peu contrarié leur dit alors « il nous suffit seulement de concentrer le fluide magique qui coule en nous sur le but de réduire au plus la distance qui nous sépare de l’autre côté. »

« Oui mais cette créature a peut-être beaucoup plus de force magique que nous tous réunis, peut-être qu’elle augmente sa puissance grâce aux énigmes qu’elle pose » fit Ferstholn qui était resté à l’écart jusqu’ici.

« Voulez-vous poser une autre question ? » s’enquit Askalash.

Les nains déclinèrent l’offre.

Walcoch rassembla ses frères de quête et leur annonçant qu’il n’avait pas encore beaucoup récupérer du combat contre la vouivre, ainsi il comptait sur eux tous.

Alors les nains se placèrent côte à côte et commencèrent à se concentrer. Les yeux grands ouverts, ancrés à l’autre côté.

A suivre…



"L'esprit est la plus riche des mines, plus on y creuse et plus on y trouve de riches subtilités"

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[Coconuts Baroudeur de 122 ans][avec Sirocco "Kroak!"]

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nain Par Tagazog  le 24/01/2006 à 11:48

Petit à petit les compagnons ressentirent la vibration du reste de magie qui était ancré dans leurs gênes les envahir, les baigner, puis rayonner doucement autour d’eux. Alors le gardien sembla plus proche de quelques mètres.

« Ca marche !! » fit Ruckny.
« Restez concentrés » murmura Walcoch furieux.
« Ouais sinon ça va nous péter à la figure cette affaire ! » fit Chlib se taisant aussitôt qu’il fut projeter à quarante mètres du sol, s’empalant sur des stalagmites de glaces qui lui burent délicatement son sang, du moins est-ce la vision qu’il eut de son futur proche lorsqu’il rencontra le regard rouge de colère du maître des runes.

Askalash n’en revenait pas, ces nains étaient très motivés, ils parvenaient à lui tenir tête.
Alors une voix féminine venant des cieux et seulement audible par lui l’interpella.

« Que fais tu donc gardien ? »
lui : « Mon devoir maîtresse »
« Alors pourquoi laisser tant d’espoirs à ces étrangers ? »
« Ce n’est pas de l’espoir, ils l’ont mérité, ils ont passés les deux premiers gardiens et ont bien répondu à mes énigmes. »
« Es-tu sûr que tu ne leur as pas lâché de piètres devinettes ? »
« Non elles étaient de même niveau que celles posées aux malheureux qui les précédèrent et qui ne réussirent pas, ayant la fatalité de retourner d’où ils venaient, vers le deuxième gardien, ou bien de se perdre à mort sur cette mer de glace. »
« Depuis quand émets-tu des jugements GARDIEN ?? »
« Pardonnez moi, je remplirai mon rôle jusqu’au bout, mais sachez que ces nains là ne sont pas ordinaires. »
« Que crois tu apprendre à une personne de mon rang ? »
« Rien. »
« Bien dans ce cas la conversation s’arrête là ».

A ce moment le fossé s’agrandit de nouveau et Chlib se détacha du groupe, il avait maintenant trop mal à la tête et ne pouvait plus continuer.
Puis Evezët abandonna également.
Cependant dans un brusque regain d’effort la crevasse fut réduite de moitié.
Alors le capitaine fut rejeté en arrière, avec le même mal de tête que les autres.

Ainsi, à cinq, les nains tenaient tête au gardien de l’esprit qui gémissait quelque peu.

A ce moment Prödbärd vit Evezët se mettre de côté et farfouiller dans ses affaire, ayant la suspicion d’un mauvais coup il s’approcha et murmura brusquement :
« Que fais-tu ? ».

Mais le nain ne répondit pas. Tout juste émit-il un hoquet de surprise devant l’arrivée soudaine du militaire. Puis se reprenant il sortit un petit parchemin de son sac et une plume.
Il s’assit en tailleur et mis sa plume sur le bord de ses lèvres cherchant l’inspiration.
Le capitaine allait le menacer de revenir au trot soutenir les autres nains, mais il resta figé face à la scène qui se tenait devant lui.
Le nain qui venait de s’improviser scribe chauffait l’encre qu’il avait avec lui mais elle était gelée. Alors il prit lestement sa dague et s’entailla légèrement le bras et commença à écrire avec son sang.

Le capitaine n’eut le temps de réagir car la situation évolua soudain.

La créature massive était à présent entourée d’un halot bleuté et semblait agrandir encore plus qu’avant le fossé, mais le plus effrayant n’était pas là. Elle semblait avoir en effet prit dans sa sphère d’influence magique le groupe des nains concentrés à lutter contre son mana, ainsi les tirait-elle lentement vers le vide et apparemment ils ne s’en rendaient pas compte.

« On y est presque » chuchota Lokrine à ses amis.

Le capitaine l’entendit mais ne put le prévenir qu’apparemment ce qu’il voyait n’était pas juste.


Quelques secondes auparavant :

Après sa conversation avec la voix féminine, Askalash avait fait quelques efforts pour donner du fil à retordre aux nains, mais ceux-ci lui tenaient vraiment tête. Il commençait à ressentir de l’estime pour eux. Après tout son rôle se bornait à poser des énigmes et accorder les réponses à ceux qui les avaient méritées.
Il sentit un peu de fatigue d’un seul coup et les nains gagnèrent du terrain.
Alors un voile noir s’abattit sur ses yeux et la même voix que toute à l’heure se fit entendre.
« Puisque c’est comme cela, je vais le faire moi-même !».

Du côté des nains, Evezët s’était relevé le parchemin déplié devant ses yeux et la plume à la main.
« Qu’est-ce que tu fais » lui demanda le capitaine se ressaisissant.
« C’est un parchemin de charme que j’ai acheté à un marchand ambulant près du désert, il m’a d’ailleurs coûté un œil de la tête, et j’espère que l’on saura me rétribuer en… »
« La situation est critique, dépêches toi, en quoi cela nous serait utile ? » coupa sèchement le militaire.
« J’ai pensé que peut-être cela rendrait le gardien plus faible et nous aiderait à passer »
« AHH ?..bon bah vas-y » fit le militaire dubitatif « de toute façon on a plus le choix, ils sont tout près du bord maintenant ».

Chlib accouru mais fut trop près de l’influence magique et se retrouva entraîné lui aussi.
« Ahhhhh…hey qu’est-ce qu’il se passe ? » fit-il.

Evezët hésitait
« Mais qu’attends-tu bon sang ? » demanda le militaire
« Bah ce parchemin de charme était vierge, il m’a fallu composer moi même le texte destiné à charmer…et je ne suis pas sûr de mes mots, j’ai peur qu’il ne plaise pas… » dit le nain à barbe rousse un peu embarrassé.
« Quoi ??? tu crois vraiment que c’est le moment de faire le timide ? » lança un Prödbärd frisant l’apoplexie « Lance ce charme…vas-y !! »

Avec nonchalance l’écrivain improvisé élança sa voix contre la sphère magique aux miroitements bleus et déclama avec un timbre clair et fort comme le firent avant lui les bardes et poète de sa famille.


« Eminence des glaces, Gardien de notre quête
Portail de l’esprit, que l’on te nomme ainsi,
Réponds à mon appel, écoute ma requête
Car de ton bon vouloir dépend notre survie.
Reconnais la vaillance des nains ici présent
Car Héphaïstos même nous aime comme ses enfants. »
Puis il se tut.

« C’est tout ? » fit Prödbärd étonné.
« Et bien j’ai pas eu trop de temps devant moi » répondit Evezët.

Alors l’aura bleutée disparu d’un coup, les nains au bord du précipice réalisèrent le danger mais déjà le sol s’effritait et se dérobais sous leurs pieds. Heureusement avec fracas, une masse de roches et de glace combla le profond fossé empêchant la mortelle chute des petits êtres.

Un homme de glace se tenait maintenant devant les nains.
« Allez-y maîtres nains, vous avez largement remporté cette épreuve et pouvez continuer votre quête, et ce malgré la duperie dont j’ai été victime. Bravo à toi pour avoir rompu le charme. » Termina t il s’adressant à Evezët.

« De quoi parlez vous ? » demanda un Ruckny toujours aussi curieux.

« La compagne du créateur de la hache a placé les gardiens afin de protéger son bien aimé, car l’arme en question n’aurait pas été autorisée par Zeus. » dit Askalash.

« Oui comme écrit dans le livre olympien. » confirma Walcoch.

« Quelqu’un se faisant passée pour elle a tenté a pris mon contrôle et de vous nuire. »

« La même personne qui a incanté la vouivre sûrement. » En déduit Lokrine.

« La vouivre ? Non, il s’agissait du deuxième gardien. Le gardien cruel, il n’a jamais la même forme, comme nous tous d’ailleurs. » continua Askalash.
« Voyez vous il y a six gardien barrant l’accès à l’artefact divin.
Le gardien prophète, il indique l’avenir à ceux qui se présentent à lui.
Le gardien cruel, assoiffé de haine, il ne veut que détruire et tuer.
Le gardien de l’esprit, votre serviteur.
Le gardien messager qui est en fait le même que le gardien prophète.
Le gardien de la matière, il est la porte codée qui vous mènera à ce que vous cherchez.
Et enfin, le gardien du jugement. »

« Mais… »commença Walcoch

« Désolé cher maître des runes, mais je ne puis rester sous cette forme plus longtemps, et votre temps à vous est compté alors hâtez vous, et bonne chance. »

Ainsi Askalash le gardien, disparu dans le sol, laissant les nains méditer sur ces dernières informations.

Le petit groupe, épuisé et blessé, se remit en route et au bout de plus d’une demi-heure trouva le sentier à flanc de montagne. Ils quittèrent alors le glacier et s’autorisèrent une pause s’asseyant sur les roches enneigées.

A suivre…



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nain Par Tagazog  le 30/01/2006 à 15:09

« Etrange que nous n’ayons pas rencontré le premier gardien » fit Walcoch à l’assemblée. Mais personne ne lui répondit.

Ferstholn avait gravi la pente rocailleuse de quelques mètres s’isolant un peu de ses camarades qui reprenaient leurs forces.
Il les regarda un à un.

Les frères Kald et Ruckny vérifiaient leur matériel, l’aîné n’utilisait pas sa main droite.
Le bibliothécaire et maître des runes était assis silencieux, son visage avait l’air de plus en plus grave. Il semblait poser un regard interrogateur aux autres, comme attendant une réponse qui ne venait pas.
Evezët tâtait sa joue douloureuse et graissait son arbalète.
Chlib contemplait la route à poursuivre cherchant déjà à en déceler les éventuels pièges.
Les deux militaires s’étaient mis eux aussi un peu à l’écart et semblait discuter vivement de la situation préoccupante de l’équipée.

L’himmëlien, fils de forgeron, tourna son regard en aval, de son perchoir il pouvait voir presque toute la vallée, du moins il aurait pu voir toute la vallée sans l’épais nuage gris et noir de cendres qui tournoyait. Il se demandait si ses parents, ses amis et tous les habitants en général allaient bien.
Un faucon passa au loin se dépêchant de trouver une issue vers une vallée plus hospitalière, en poussant deux petits cris.
Ferstholn souleva le bout de tissus qui lui recouvrait le bras gauche, il contempla l’aspect de la glace dont son bras était à présent fait. La douleur n’était plus présente qu’au niveau de la jonction entre le bras et l’épaule, le reste semblait être un membre mort, lourd et gênant.
Il fut tiré de ses songes par Chlib qui l’avait rejoint.

« Allons-y les autres sont près mon ami !» fit le nouvel arrivant.

Et les deux nains descendirent rejoindre le groupe.

Ils se remirent alors en marche. Il n’y avait aucun sentier, rien que de la pierre et de la rocaille. La neige et la glace étaient absentes de cette partie de la pente visiblement sujette à bon nombre de glissements de terrains.

« Faites très attention, les appuis sont fragiles ! » lança Chlib à ses suivants.

Le pas pesant du capitaine, faisait rouler les cailloux par dizaine à chacun de ses pas, qui s’en allaient dévaler vers la mer de glace en contre bas.

Soudain Ruckny qui marchait en second butta sur Chlib.
« Hey, pourquoi t’avances plus ?? » lui dit-il.
Mais le jeune éclaireur ne disait mot. Alors son compagnon passa son regard par-dessus l’épaule du premier de cordée et là :
« Wow…il est à nouveau là, le bouc !! »cria-t-il aux autres.

Tous se rassemblèrent pour constater qu’effectivement c’était le même animal que celui vu auparavant. Le pelage gris, presque argenté par endroit et les cornes striées dans leur longueur et se recourbant en spirale vers l’arrière.
L’animal les regarda un à un.

« Bon ça ne va pas recommencer » fit Prödbärd qui s’avança la main sur le manche de son marteau.

Alors le plus incroyable des faits se produisit, pour peut que l’on oublie les derniers qu’avaient vécus les nains quelques instants plus tôt.

« Laissez cette arme où elle est maître de guerre » fit l’animal.
A la grande surprise de ce dernier aucun des nains ne fut surpris par le fait qu’il parle.

Ferstholn voulu dire quelque chose mais sa mâchoire endolorie par sa chute sur le pont de glace se rappela à sa mémoire sous la forme d’une glaciale douleur. Aussi ne put-il prononcer que : « Voilà qui ..OUUCCHHH @#%$ ! ».

« S’agit-il d’un autre gardien ? » s’interrogea Lokrine.

« Oui, exactement, je suis le gardien messager. Mais je vois que certains d’entre vous n’ont pas renoncé comme ils auraient dû le faire à cette quête. » continua l’animal.

Chlib qui était au premier rang prit la parole à son tour.
« Mais c'est-à-dire votre bouc parlant sérénissime, notre groupe est solidaire et personne n’a jamais eu l’impression qu’il devait renoncer…enfin je crois »

« Ah ah ah » ria l’animal « je ne suis point un bouc petit être, je suis un mouflon bleu, hôte de ces montagnes ».

Walcoch s’approcha un peu « Je ressens une impressionnante quantité de mana autour de cette bête ! »

« Quand je parlais de nains qui ne devraient plus être là je parlais en partie de vous maître des runes » fit le mouflon qui dans un éclat de lumière prit l’apparence d’une femme.

« Mais qu’est-ce !! »cria Evezët.

« Je ne viens pas en ennemie, je ne suis qu’un guide à votre quête. J’ai essayé d’éclairer certains d’entre vous sur ce qui les attendraient en voulant poursuivre, mais le choix vous appartient. Maintenant laissez moi me présenter.
Je suis l’épouse du dieu forgeron, Aphrodite, et il m’a chargé d’un message pour vous ».

La femme était vêtue d’une toge d’un blanc immaculé. Ses cheveux châtains clairs coulaient le long de ses joues et tombaient en cascades sur ses épaules blanches pour mourir à mis bras. Ses yeux était noisettes et brillaient d’une lueur douce et tendre, ses lèvres étaient finement dessinées et luisaient d’un rose clair. Son nez droit aux traits fins et son visage en ovale délicat lui conféraient une beauté indéniable et un charisme tel que plus aucune autre pensée que la vue de ce visage parfait ne parcourait l’esprit de son contemplateur.

« Peuple que mon époux affectionne tant écoutez bien mes mots » poursuivit-elle.

Aucun nain ne parlait, les blessés et fatigués sentaient un regain de chaleur soulager leurs souffrances.
« Droit devant vous à cents pieds se trouve l’entrée que vous devrez emprunter. Puis, dans les couloirs et souterrains trouvez la bonne route vers l’enclume de calcite et passez le rideau où cours le cheval brun. Portez votre quête vers le prochain gardien »

Une lumière éclatante aveugla les nains, puis disparue. La voix était libre, la déesse avait disparue.
Alors la petite troupe resta silencieuse un instant, se remémorant cet instant de paix et de chaleur perdu dans la divine apparition.

Personne ne pipa mot, et les nains repartirent de plus belle.

Ils arrivèrent devant une grotte qui semblait être l’entrée toute indiquée par l’être divin.
Alors qu’ils pénétraient dans l’obscurité du ventre de la montagne une voix féminine se fit entendre à nouveau, aux accents plus menaçant que celle d’Aphrodite.

« Vous ne mettrez pas en péril mon cher fils, cette quête n’est là que pour courroucer les dieux, et bien voici votre juste rétribution, peuple de la montagne, vous qui voulez semer la discorde, souvenez-vous d’Hera ! ».

A ces dernières syllabes le sol se mit à trembler et l’ouverture de la caverne s’effondra. Les nains se précipitèrent au fonds du couloir pour ne pas être écrasés.

Lorsque le calme fut revenu ils allumèrent deux torches tous se regardèrent ne sachant plus que penser.

A ce moment Walcoch prit la parole.
« Apprenez bien la leçon mes frères, voilà aussi une raison pour laquelle le peuple nain n’est pas si proche des divinités à part quelques exceptions, plaisez à une déesse et vous attirerez les foudres de toutes les autres. » Et il sourit à ces mots.

Alors le capitaine s’approchant de lui dit à son tour :
« Pas besoin d’aller chercher chez les divinités, si ma femme savait que je viens de parler avec Aphrodite et qu’ensuite Héra s’est intéressée à mon cas je prendrais de nombreux coup de rouleau à pâtisserie AH AH AH ! »

Les autres nains rirent de bon cœur avec lui, puis reprirent leur chemin.

A suivre …



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nain Par Tagazog  le 20/02/2006 à 11:59

Après avoir suivi un étroit boyau, les nains débouchèrent dans une salle plus vaste, ornée de concrétions ascendantes et descendantes et dont le plafond se perdait dans l’obscurité.

«Bon maintenant où allons nous ? Il semblerait qu’il y ait deux issues à cette salle » fit Lokrine qui promena sa torche le plus haut qu’il put afin de distinguer le fonds de la grotte.

« Je crois qu’il va nous falloir nous séparer en deux groupes et explorer chacun de notre côté. » fit Chlib se relevant du sol qu’il avait inspecté à la recherche d’un quelconque indice, ou d’une trace, mais sans succès.

Ainsi le premier groupe partit à droite, il était composé de Walcoch, Chlib, Ruckny et Evezët.
Le deuxième partit par le couloir du centre de la salle et était composé respectivement par ordre de passage de Prödbärd, Kald, Ferstholn et Lokrine.

Ainsi se sépara l’équipée de la quête pour la hache des neiges éternelles.

Walcoch avançait dans un couloir qui obliquait légèrement vers la gauche, il était étroit et sa torche ne lui permettait d’apercevoir que les quatre mètres qui le précédaient. Soudain, après cinq minutes de marches, il entendit un frottement métallique sur la roche provenant de devant lui.
Immédiatement il éteint la torche pour essayer d’utiliser sa vision infrarouge en avantage tactique. Le groupe était immobile et attendait.
Alors une lueur apparue au loin, d’abord très diffuse, elle prit de l’importance, Walcoch commença à se mémoriser une rune de guerre qui pourrait lui être utile.
La torche se rapprochait, elle n’était plus qu’à trois mètres lorsque soudain, la barbe argentée de Prödbärd se distingua à la nouvelle lumière.

« Capitaine !!?? » Fit Walcoch interloqué, alors que son interlocuteur sursautait de surprise.

« Ahh je vois nous nous sommes fourvoyés il n’y a qu’un seul et unique couloir. » fit le militaire.

« Vous n’avez pas trouvé de sortie ? » demanda Chlib

« Absolument rien » lui répondit le capitaine.

« Nous devrions retourner dans la salle » fit Kald.

Ainsi les nains y retournèrent.

« Et maintenant ? » lança ironiquement Evezët.

« Inspectons cette salle et le couloir en boucle que nous avons prit » Fit le capitaine de la Garde de Pierre.

Chacun des nains prit une torche et scruta, murs et plafonds de la salle et du couloir.
Après une bonne demi-heure de recherches une exclamation se fit entendre, elle venait de la salle.

Tous revinrent vers l’auteur de ce bruit, il s’agissait de Chlib.
« La regardez, levez les yeux vers le plafond. » fit ce dernier.

Tous scrutèrent dans la direction indiquée par le nainlpiniste.

« Et bien quoi ? » demanda Ruckny.
Ferstholn eut alors un hoquet de surprise. « Une enclume !! »

Effectivement à quinze mètre de haut un amas de concrétions esquissait à s’y méprendre la forme d’une enclume dans l’obscurité.

« Mais ne nous a-t-on pas dit de trouver la bonne route vers l’enclume de calcite ? » dit Lokrine « je ne vois pas comment nous pourrions aller jusque là ? »

« Ne me dites pas que l’on va encore devoir escalader ?» fit Kald
A ces mots Chlib eut un grand sourire.

« Il faudrait d’abord savoir s’il y a bien un chemin en hauteur près de cette enclume naturelle » dit Walcoch.

Alors Evezët prit son arbalète et commença à décocher trois carreaux enflammés.
« Mais y’a rien du tout là-haut » fit Ruckny.

« Peut-être y a-t-il une nouvelle énigme à résoudre ? » s’interrogea Lokrine à voix haute.

« Attendez, il y a encore un côté que l’on ne peut pas bien voir » fit l’arbalétrier qui décocha un quatrième carreau qui se ficha comme les autres sur l’un des côtés de la cible.

Pendant ce temps Walcoch regardait le sol sous eux, une grande partie n’était pas faite de concrétions, mais bien lissée, comme polie, il inspecta la roche et celle-ci était également d’une nature différente du reste de la caverne.
« Etrange » fit-il.

Le fils du forgeron et Kald se rapprochèrent de lui intrigués.

Soudain on entendit un « CRACK ! » sec.
Le dernier carreau de Evezët avait provoqué une large fissure sur le côté de la concrétion qui s’agrandissait.

« Attention, ça va tomber ! » cria Lokrine.

Dans un déchirement minéral brutal et sourd l’amas de calcite se détacha et chût vers le sol.
Ruckny empoigna son frère et Walcoch pendant que le lieutenant attrapait Ferstholn pour le mettre à l’abri.
Un vacarme assourdissant se fit lorsque le sol fut percuté, une chute de petites roches et un soulèvement de poussières obscurcirent l’atmosphère de la salle, étouffant sous le souffle de la chute presque toutes les torches.

Le silence se fit peu à peu, et on entendit alors un concert de toux. La poussière prenait les nains à la gorge et leur piquait les yeux.
« De l’eau… de l’eau!! » entendit-on gémir.

Après une minute le capitaine qui tenait un mouchoir de tissu sur son nez vit bien que la poussière restait en suspension, et ne se redéposerait pas avant plusieurs dizaines de minutes. Il s’avança vers un nain qu’il voyait non loin de lui et qui toussait violemment.
Le militaire pouvait respirer sans trop inspirer de poussières, il fit un pas, puis deux, et soudain le sol se déroba sous lui. Il se rattrapa d’une main, lâchant son mouchoir il s’agrippa au rebord avec sa deuxième main, mais la prise était trop fine et rendue glissante par les gravas. Il hurla lorsque ses mains lâchèrent le bord et il disparu dans le sol.

Lokrine se tenait à l’abri sous la cape de Ferstholn, refuge salvateur de fortune, mais au combien opportun. Le contact du bras gelé le fit quelque peut frémir mais il se ressaisit.

« Il faut que l’on jette un œil » dit le fils du forgeron.
« D’accord » fit le lieutenant lorsque qu’un hurlement déchira le silence qui était à peine tombé. « CAPITAINE ? » fit Lokrine se levant d’un bon.

Walcoch n’arrêtait plus de tousser, son rythme cardiaque s’emballait et il avait de plus en plus de mal à reprendre son souffle.
Ruckny regarda autour de lui plissant les yeux au maximum, sa torche brûlait encore. Il parvint à distinguer vaguement des formes devant lui, l’une se leva et soudain disparu dans un cri. Le nain saisi sous le bras le maître des runes pour le faire lever et chercha son frère du regard.
Kald se leva lui aussi et alla voir si d’autres avaient besoin d’aide. Il releva Evezët blanc de poussière.

« Il y a une issue dans le sol…allons-y ! Kof kof !! »cria l’aîné des deux avant de se mettre à tousser.
Le trou était insondable.
Ruckny et Evezët arrivèrent alors.
« Qui a une corde ? » dit ce dernier.

Lokrine et Ferstholn arrivèrent alors.

« Chlib ! » fit le fils du forgeron « où est-il ? » poursuivit il.

Le lieutenant s’était approché du trou : « Mon capitaine, vous êtes sain et sauf ? » cria-t-il. Mais il n’obtint pas de réponse.

A suivre…



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nain Par Tagazog  le 07/03/2006 à 08:11

L’unique torche encore allumée dispensait une lumière diffuse, tant la poussière était en suspension. On ne pouvait rien voir distinctement à plus d’un mètre.

Kald prit la parole : « Ruckny tu viens avec moi on va faire le tour de la salle avec ta torche pour essayer de retrouver Chlib. Vous autres attendez nous là. »

Les autres acquiescèrent.

Les deux frères marchèrent un peu à tâtons. Ils trébuchèrent plus d’une fois sur des morceaux de roche.
« Chlib ? CHLIB ! » criaient-ils sondant une éventuelle réponse de leur camarade.

Une plainte attira leur attention, ils s’approchèrent et déblayèrent quelques gravas pour dégager leur compère au visage couvert d’ecchymoses. Un peu de sang s’écoulait de son front.

« Ca va Chlib ? » demanda Kald.
Le nain acquiesça tout en cherchant un mouchoir dans sa poche pour l’appliquer sur sa plaie.

Au même moment Lokrine venait de rallumer sa torche et sondait l’abîme où avait disparu son supérieur.
« Mon capitaine ?? Mon capitaine ?? »
Puis se tournant vers les deux nains qui étaient restés avec lui
« Je dois descendre ! assurez moi ! »

Walcoch avait le regard vide et ne répondit pas, il semblait concentré sur lui-même. Ferstholn le remarqua et se proposa.

« Mais ton bras… » commença le lieutenant.

« Ne t’inquiètes pas, j’en ai encore un de valide et cela suffira. »répondit l’himmëlien tout en cherchant une corde dans son sac. Il alla l’arrimer à un gros bloc de pierre qui était tombé non loin et enserra la corde autour de sa taille la tenant de son seul bras valide.

Le militaire s’y attacha et commença à descendre doucement et tenant sa torche d’une main.

Cet à cet instant que Ruckny, Chlib et Kald arrivèrent.

L’aîné alla aider le fils du forgeron.

Le lieutenant toucha le sol, il cria : « J’y suis !! » et se détacha, il vit qu’il était à présent sur l’enclume de roche qui avait percuté le sol de la salle précédente.
« Il y a un couloir ici…rejoignez moi ! » ajouta-t-il.

En haut Walcoch fut tiré de sa méditation… « Le chemin de l’enclume…allons-y » fit-il. En bougeant il failli perdre l’équilibre, Ruckny le retint.
« Vous allez bien ? » s’inquiéta-t-il
Le maître des runes hocha affirmativement la tête.


En bas Lokrine, ne trouva aucune trace de son capitaine. Un sombre boyau s’engouffrait de manière sinueuse dans la roche en descendant.

Alors, il entendit une légère plainte.
Il reconnu aussitôt son supérieur et sauta du promontoire rocheux, courant dans le couloir. Il détacha sa hache difficilement de son ceinturon car le conduit naturel était étroit.

Au bout d’une descente d’une vingtaine de mètres il déboucha dans une petite salle humide, au centre de laquelle coulait une petite source. Une lueur étrange régnait dans cet endroit sans qu’aucune torche ne s’y trouve.

A quelques mètres de là Prödbärd gisait inconscient au pied d’un étrange animal, son marteau à ses côtés.

Il ressemblait à un lézard long de deux mètres, avait des pattes griffues et sa langue en « Y » inspectait l’air minutieusement. Il avait de grands yeux jaunes traversés en leur milieu par une pupille verticale.
Sa bouche entrouverte laissant voir une rangée de multiples petites dents aiguisées et un filet de bave putride et suintant se rapprocha du maître de guerre.

« Ecartes toi ! » cria le nain au reptile tout en s’avançant l’arme à la main.

La créature fit une moue de surprise.

« Vous….vous sosezzz décruire le couloir de ma sor… sortie…vouss venezz perturberr ma quiesstttude. » fit la bête à sang froid.

Le lieutenant ne fit même pas attention au fait que le lézard parlait et s’approcha en position d’attaque.

« z’ai utilisé mon sort d’écourdissement mais z’ai d’autres surprisses en resserve » fit le reptile.
« Asshaaasstaaakk schlpppzzztk verkkzzssss »

Alors un nuage vert se matérialisa tout autour de Lokrine qui en inspira une bouffée. Presque immédiatement son estomac lui donna l’impression que l’on y enfonçait un pieu incandescent. Il en lâcha sa hache. Et tomba par terre se tenant le ventre.
Des convulsions s’emparèrent de son petit corps et il vit le regard plein d’intelligence et amusé de son adversaire qui s’en retournait vers sa première proie alors que le nuage empoisonné se dissipait. Lokrine perdit conscience.

Esyldos, dit le fomenteur, se dirigea vers le nain inconscient qui s’était présenté à lui en premier. Il faut dire que son appétit était à son apogée. Depuis qu’il avait été changé en reptile, jugé mage rebelle de sa contrée natale, puis envoyé dans ce monde il ne s’était nourri que de menus rongeurs et quelques caprinés enfants.

Il lui avait fallu du temps pour recommencer à maîtriser quelques sorts bien utiles, enfin ses efforts allaient êtres récompensés.

Ses crocs allaient se refermer sur le bras du capitaine, lorsqu’une douleur à la patte remit tous ses sens en alerte.

Un carreau d’arbalète lui avait été décoché. Il leva la tête et vit six nains, dont certains avaient l’air dans un triste état, se tenir devant lui, les yeux pleins de haine.

Evezët rechargeait son arme, alors que déjà Kald se précipitait ramassant l’arme de Lokrine au passage, suivit de près par Ferstholn qui tenait une arme similaire dans son unique main valide.

Le reptile vif comme l’éclair se mit face à eux et cracha sa bave infectieuse vers les visages de ses deux nouveaux adversaires.

Fort heureusement ceux-ci évitèrent le jet.

Chlib était resté près de Walcoch et Evezët.
Ce dernier émit un juron
« Ils sont juste dans ma ligne de tir…je ne peux rien faire d’ici ».

« Walcoch… que fait-on ? » demanda l’alpiniste.
Mais le mâitre des runes était déjà absorbé dans ses runes et sa magie. Il avait détecté une aura magique malfaisante autour de la créature et devait intervenir. Mais il se sentait tellement faible qu’il ne savait pas s’il pourrait réussir.

Pendant ce temps Kald et Ferstholn attaquaient le reptile faisant quelques entailles sans gravité dans ses écailles.
L’agilité de leur ennemi était impressionnante et les deux nains ne faisaient que le tenir à distance respectueuse.

Kald esquissait une grimace de douleur à chaque fois que son arme rencontrait une parade ou la peau de l’animal.

Le lézard s’amusait. Bientôt son garde manger serait plein.
Il allait tous les plonger dans un sommeil qui ne serait en fait que la porte de l’au-delà.
Déjà les premières syllabes se dessinaient dans son esprit.

Mais alors qu’Esyldos se voyait déjà triompher une voix occulta tous les autres bruits.
« Etrange est le corps, Etranger est l’esprit, mais les chaînes du mana se lient dans l’infini. Venez à moi auras magiques et Désertez le maléfique ! »

Alors une lueur bleutée s’échappa du lézard pour aller dans le corps de Walcoch.

L’esprit du reptile était soudain vide de magie. Son regard était perdu. Les deux nains lui faisant face profitèrent de cet état d’étonnement de la bête pour lui porter deux coups.

Sous la douleur, la fureur de la créature se fit plus grande que jamais. Elle lança sa gueule sur Kald et le mordit à l’épaule, sous le coup, le nain recula.
Puis le reptile se jeta sur le fils du forgeron le faisant tomber dos à terre et lui saisit le bras dans ses crocs. Mais à son étonnement, il n’y eu pas de sang, pas de goût de chair….et alors qu’il relâchait son étreinte il sentit ses dents se casser sous l’effet du froid qui se propageait maintenant dans sa bouche. Il avait mordu le bras gelé du nain.

Kald porta un coup de hache entaillant le flanc de l’animal, sous l’impact son poignet qui était déjà blessé lui arracha un cri de douleur et il lâcha son arme.
La bête remuait dans tous les sens et à ce moment, le capitaine de la garde de pierre qui avait repris conscience entre temps abattit son marteau dans un flamboiement, fracassant le crâne de la bête.

"Humphh toujours à moi de finir le travail" fit il d'une faible voix avant de s'effondrer à terre.

A suivre…



"L'esprit est la plus riche des mines, plus on y creuse et plus on y trouve de riches subtilités"

[GTN-Membre de la Chambre des Maîtres Mineurs]
[Coconuts Baroudeur de 122 ans][avec Sirocco "Kroak!"]

nain Par Tagazog  le 15/03/2006 à 15:45

Quelques minutes plus tard.

« Aie ! AIE ! » fit le capitaine de la Garde de Pierre que son lieutenant ramenait à la conscience à grand renfort de baffes.

« Pardonnez moi mon capitaine, mais nous devons reprendre la route » fit ce dernier.

Un peu groggy, le vieux maître de guerre se releva réprimant la plainte de douleur qui voulait s’échapper de sa gorge.

« Les effets du sort d’étourdissement que vous avez subit sont encore présents mais vont s’amenuiser et disparaître » fit Walchoch.

Le bibliothécaire était afféré autour de Kald dont son jeune frère tenait la main valide dans la sienne, fort préoccupé.

Le nain avait le poignet brisé et il avait plus que doublé de volume, les ligaments étaient sûrement déchirés. Le maître des runes utilisa ses connaissances médicinales pour calmer le mal, mais cette blessure n’était pas ce qui le préoccupait le plus.
La morsure du lézard était profonde et risquait de s’infecter. Heureusement le drain de mana qu’il avait fait avait permis à Walcoch de retrouver des forces et il lança une rune médicinale.

Chlib était en admiration devant le bras de glace de son ami fils de forgeron.
« Je ne ressens plus aucune gène ni douleur » faisait ce dernier.
« Est-ce que je peux le toucher ? » fit le nainlpiniste.
« Vas-y, Lokrine est déjà entré en contact avec et il ne lui ait rien arrivé » continua Frestholn.

« Je me demande alors comment cela a pu atteindre la créature ? » fit Chlib tout en touchant du bout des doigts le bras de glace.
« Mystère » lui répondit son compagnon d’un air confiant.

Evezët prit alors la parole « Il faut nous hâter à présent. ».

Un seul couloir partait de la petite pièce où ils se trouvaient tous. Soudain la faible lueur qui éclairait la pièce disparu et seules les torches dispensaient l’éclairage suffisant.

« La magie de cette chose est définitivement morte » fit le maître des runes.

L’heure qui suivit fut des plus pénible, la route n’était plus qu’un goulot d’étranglement et les nains durent se déséquiper et se ré équiper cinq fois pour se faufiler dans certains passages. De plus le capitaine était encore sonné et avançait lentement. Quant à Kald, il était soutenu par son frère et son visage était plus pâle que jamais. Son souffle devenait irrégulier.
Walcoch semblait aller mieux, apparemment le gain de mana, l’avait ragaillardi.

Enfin la compagnie déboucha dans une salle dont la voûte culminait à trois mètres environ. Quelques fissures laissaient filtré des rayons du jour jusqu’à un spectaculaire jardin.
En effet un improbable tapi de mousses émeraude et de coraux de la montagne emplissait cet endroit

Le lieu était paisible. Une toute petite source coulait sur un côté de la pièce. Il y avait deux nouvelles sorties à cet endroit. Les nains décidèrent de faire une petite halte à ce moment. Kald s’assis avec l’aide de Ruckny sur le tapis de mousses là où il n’y avait pas de corail.
La fine lumière naturelle devint légèrement orangée, preuve qu’à présent les soleils se couchaient sur Olympia.

« Regardez… là » fit Kald d’une voix étouffée.

Tous le regardèrent et suivirent son doigt pointé vers l’un des couloirs. Alors tous virent ce dont voulait parler leur frère. Une concrétion s’était formée, mais sous l’effet de l’érosion elle avait l’aspect d’une fine plaque translucide aux strates d’ocres, de marrons, beiges et d’oranges. Et en son milieu une strate imitait naturellement et remarquablement la forme d’un cheval brun.

« Tu as trouvé l’issue Kald » le félicita son frère. « Kald … ? Kald… répond moi !! »

Mais le pauvre mineur ne parlait plus, ses yeux restaient grand ouverts et sa bouche était paisiblement close. L’infection causée par la morsure s’était étendue et avait ôté ses dernières forces sans que quiconque pu y faire quelque chose. Dans un dernier effort il avait mis le médaillon familial aux runes d’argent dans la main de son jeune frère.
Ce dernier le passa entre ses doigts, caressant la sculpture des deux aigles et de la première demeure de sa famille symbolisée dans cet objet. Des larmes jaillirent de ses yeux embués.

Walcoch s’approcha et passa sa main sur le visage serein de Kald, fermant ses yeux.
« Je croyais avoir réussi à le guérir ou du moins avoir ralenti son infection » fit il navré.

Maintenant le mineur semblait tellement paisible. Plus aucune souffrance ne le torturait comme c’était le cas depuis plusieurs heures.
Sa barbe brune était bien en ordre avec ses deux fourreaux d’argent.
On posa sa hache sur son torse, les mains refermées sur le manche.
Il reposait sur la douce mousse entouré des reflets d’or et d’argents des coraux des montagnes, et un mince filet de lumière rose de fin du jour irradiait l’endroit d’une paix immense.

Evezët, Ruckny, Walcoch et Ferstholn joignirent leurs mains, se postèrent à un mètre du défunt et entonnèrent.

« Fère et ami, nous te saluons,
Le courroux ne nous atteints pas.
Si aujourd’hui tu as quitté
L’aire de nos rires, de nos joies.

Bientôt nous serons réunis
Aux champs d’honneur de la patrie
Et l’espoir ravivera les cœurs
De ceux qui aujourd’hui te pleurent.

Frère et ami nous te saluons,
Même si nous voulions que tu sois
Avec nous pour parachever
Le chemin où tu nous guidas.

Bientôt nous serons réunis
Aux champs d’honneur de la patrie
Et l’espoir ravivera les cœurs
De ceux qui aujourd’hui te pleurent. »

A suivre…



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nain Par Tagazog  le 04/04/2006 à 15:44

La troupe finit par se remettre pesamment en route, passant la draperie minérale. Ruckny ferma la marche. Avant d’emboîter le pas à ses compagnons, il se retourna vers la sépulture de son frère aîné et serra dans sa main le pendentif familial qu’il avait récupéré. Une larme s’écoula sur sa joue et il se détourna pour reprendre la route.

Le couloir que suivait à présent la compagnie silencieuse s’élargissait de plus en plus. Après 45 minutes de marche il se terminait dans une large salle au plafond bas.

Sur le mur du fond on distinguait une porte gardée par quatre statues humanoïde aux proportions olympiennes, les muscles saillants. Toutes étaient identiques. Elles avaient les mains tendues vers le ciel, paumes ouvertes. Cependant même si elles ressemblaient à des olympiens, certains traits physiologiques semblaient les exclure de ce peuple.

Le groupe s’approcha doucement prêt à sortir les armes.

« Des statues olympiennes en plein dans les montagnes de Radar-Bek » s’exclama le capitaine.

« elles sont millénaires » fit Walcoch les examinant avec prudence.

« Est-ce l’épreuve suivante ? Ces statues vont-elles prendre vie et nous attaquer ? » demanda Chlib.

A ce moment tous se tournèrent vers lui.

« J’espère que tu ne vas pas nous porter la poisse » fit Evezët à son égard.

« Venez jeter un coup d’œil à la porte » fit Lokrine.

Au centre de celle-ci figurait en effet un étrange symbole. C’était un hexagone dans lequel étaient disposées six tiges de l’épaisseur et de la longueur d’un doigt (un doigt d’olympien) apparemment chacune faite d’une matière différente.
Au-dessus de ce symbole, un médaillon avec des écritures était incrusté dans la porte.

« Je n’arrive pas à lire ce texte » fit Ferstholn fronçant les yeux.

Le bibliothécaire s’approcha.

« Hummphh ! » fit ce dernier « c’est du très ancien olympien on dirait. Mais j’ai du mal à comprendre le sens, il y a beaucoup de caractères et de formes que je ne connais pas.
Attendez je vais essayer…

oi qve franla dièe po,
Ce arie s’effcesi todt l’alli,
Ouse lefrmet est tant cher
Mais une mavas le au raideto.

Mais qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ?»

« Bah rien, ça veut rien dire, tout simplement ! » fit Evezët ironiquement.

« C’est parce qu’il s’agit du langage des dieux d’Olympia, mortel nain ! » fit une voix

« L’une des statue bouge !» cria Evezët en chargeant son arbalète.

La statue la plus à gauche bougeait doucement la tête et son regard aux yeux sans orbite se posait tour à tour sur chacun des nains. Elle tourna légèrement le torse et lança à l’adresse du dernier nain qui s’était exprimé :
« C’est inutile, pose ton arme »

Mais déjà le carreau était partit et vint se briser sur la peau de pierre.

« Je te l’avais dit ! » fit elle. « Ne craignez rien de moi, je ne vous ferai aucun mal. »

Les nains se rapprochèrent de leur étrange interlocuteur avec prudence.

« Que nous veux-tu alors » osa demander Chlib

« Répondre à votre question » fit l’être minéral.

Toi qui veut franchir la dernière des portes,
Ce gardien s’effacera si tu produits l’alliage
Epousant divinement les formes et n’étant pas corrodé.
Mais une mauvaise clef aura raison de toi.

Bonne chance… » La statue se figea à nouveau.

Sur ces derniers mots le médaillon se détacha de la porte et se brisa au sol. A sa place désormais, une serrure à trois fins emplacements avait fait son apparition.

Frestholn, Walcoch, Ruckny et Prödbärd s’approchèrent à nouveau de la porte.

« Un alliage » fit le fils de forgeron… « Voyons voir ces tiges. »
Il s’avança vers la porte et en saisit une de son unique main valide. Au même moment un craquement se fit entendre et le plafond tomba soudain. Il fut stoppé net par les quatre statues aux bras tendus vers le ciel.

« ATTENTION !!» cria Chlib.

Le silence tomba un instant en même temps qu’un fin nuage de poussière qui se dissipa aussitôt.

« Ouf, loué soit la montagne et la solide pierre ! » fit le capitaine.

Alors l’une des statues, celle qui avait parlé aux nains, se fissura, et se brisa comme du verre.

« Il n’en reste plus que trois pour soutenir le plafond. » fit Ruckny « dépêchons nous, je n’ai pas envoie de savoir combien de temps les autres vont pouvoir résister à un tel poids. »

Soudain Evezët interpella ses compagnons « Hey, je connais ces lettres, je connais ce nom ! »

« De quoi parles-tu » fit le nainlpiniste

« Sur le socle des statues, en tout petit, le même nom est inscrit. » continua le premier.

« Et quel est ce nom ? » demanda Lokrine.

« Atlas ! »

Walcoch prit alors la parole « Donc si nous résumons, nous avons six tiges différentes et une serrure à trois trous, nous devons trouver un alliage, le plafond semble tomber et les quatre statues d’Atlas nous protègent de sa chute ».

« Enfin trois maintenant » fit Chlib

« En retirant la tige j’ai déclenché le mécanisme » annonça Ferstholn désolé.

« Jetons un œil à celles qui reste » proposa Lokrine s’avançant à son tour.

« J’ai pris ce qu’il me semble être du cuivre » fit le fils de forgeron « j’en ai déjà vu chez mon père, ici je vois du minerai de fer par contre les autres me sont étrangères. ».

« Ruckny ! » appela-t-il « viens voir ! ».

Le mineur s’avança, tout comme ses frères, sans toucher les tiges il les inspecta avec minutie.
« d’après moi cette tige ci est en carbone, la suivante est du minerai de bauxite il me semble, puis du minerai de zinc, la dernière par contre … »


« Faites moi voir » fit le maître des runes « Effectivement quelle est cette dernière matière ? Il me semble l’avoir déjà vu quelque part. »

« J’ai déjà vu ce genre de métal aux reflets argentés et rouges, mais en infime quantité. On dirait du chrome. »Fit finalement le fils du forgeron.

« Exact ! » affirma son compagnon mineur « tu as raison. »


« Quel alliage allons nous réaliser ? » demanda Ferstholn « Avec le fer, le carbone et chrome, nous pourrions réaliser de l’acier, ou de la fonte suivant la quantité de carbone. » poursuivi-t-il.

« Allons-y alors » fit Evezët

« Bon je vais prendre le minerai de fer » fit Ferstholn
Ses doigts effleurèrent la tige pour s’en saisir lorsqu’une voix le stoppa dans son élan.

« Non ! attendez ! » C’était Walcoch.

« Décidément maître des runes, vous avez décidé d’essayer de nous donner à tous un infarctus » fit le capitaine de la Garde de Pierre souriant.

« Donnez moi juste une seconde. » Le vieux nain, qui paraissait fatigué posa son sac à terre et entreprit de le fouiller.

« Euhh est ce que c’est bien le moment ? » fit un Evezët apparemment de plus en plus nerveux contemplant le plafond qui grinçait quelque peu pesant de tout son poids sur les mains des Atlas. « J’ai pas vraiment envie de maigrir un grand coup ».


A suivre…



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nain Par Tagazog  le 19/04/2006 à 16:31

Walcoch après une vingtaine de seconde sortit un petit carnet et commença à le feuilleter.
« La dedans j’ai consigné mes recherches sur Héphaistos » commença-t-il.
« Voilà, j’ai trouvé, écoutez ceci…
[…] Herakles se tenait droit et fier, le soleil brillait de mille éclats sur son heaume son plastron et ses cnémides, ses dernières scintillaient divinement tant le travail de son artisan avait été remarquable. En effet ce présent d’Héphaistos réalisé en Orichalque était chef d’œuvre unique au monde […] »

« En quoi ? » demanda Lokrine

« Orichalque ? Mais c’est un métal de légende. » fit le capitaine.

« Pourquoi ce serait cet alliage ? » demanda Chlib.

« Je pense que l’énigme parle de cet alliage là, l’alliage aimé des dieux de l’olympe et qui servait pour les parures, les armures et autres ».

« Mais personne n’a jamais pu établir sa combinaison, ce secret s’est perdu au fils des siècles » ajouta Lokrine.

« Mais peut-être pouvons nous réaliser un alliage approchant » ajouta le fils de forgeron.

« D’après mes connaissances on dit que l’orichalque était certainement composé de cuivre et de zinc. » fit le maître des runes.

« Mais … ? »fit Prödbärd.

« Mais il nous faut utiliser un troisième métal ou minerai, qui donnera sa propriété à l’orichalque » Ferstholn avança ses doigts vers une nouvelle tige.

« Hey fais attention » lui cria Evezët.

Le nain retira la tige correspondant au minerai de zinc.

Le plafond et le sol tremblèrent et une nouvelle statue explosa en morceaux.

« Bon quel élément allons nous prendre pour terminer ? » demanda Chlib.

« Nous n’avons qu’une seule chance, car je pense que si nous retirons une quatrième tige la dernière statue explosera » fit Lokrine.

« Ah c’est un test éliminatoire ? » fit Ruckny.

« Bon alors …. ? » s’impatienta l’arbalétrier.

« Je sais que le carbone et le chrome participent à des alliages, mais pas de ce type ci » dit Ferstholn.

« Bien mon garçon dans ce cas choisissons entre le minerai de fer et de bauxite ».dit le bibliothécaire.

D’une main hésitante le jeune nain effleura la tige de fer s’y attarda, on cru même qu’il s’en saisissait mais finalement son choix s’arrêta sur le minerai de bauxite qu’il prit dans sa main en fermant les yeux. Au même moment la troisième statue se brisant le fit sursauter.



La dernière statue d’Atlas grinçait sous le poids du plafond. Mais elle tenait bon.


« Dans quel ordre allons nous les entrer dans la serrure ? » demanda le capitaine « Je crois que nous n’avons pas le droit à l’erreur ! »

« Laissez moi faire » dit Ferstholn.
Le nain entra les tiges une à une dans la serrure. Lorsque la dernière fut insérée, la serrure se mit à rougir. Une forte chaleur s’éleva, forçant les nains à reculer.

Puis un déclic se fit entendre et la porte de pierre coulissa.

« Bien joué ! » lança Chlib.


Devant le groupe médusé s’étendait un couloir taillé dans la glace. Une lumière pâle et bleuté illuminait l’espace dieu sait comment.


« Bon et bien je ne pense pas que nous ayons beaucoup le choix » fit Lokrine.

« Nous devons rester prudents » annonça Walcoch à ses frères. « Il ne reste plus qu’un gardien, mais c’est sûrement le plus terrible de tous, le gardien du jugement. »

Le couloir descendait régulièrement et la lumière était de moins en moins forte.

Finalement ils arrivèrent dans une pièce faite de roches, d’environ quinze mètres de diamètres sur huit de hauteur. Des concrétions de calcaire se mélangeaient à des stalactites de glace.

Du côté gauche, devant un mur de glace illuminé se trouvait un chaudron large comme trois nains sous lequel brûlait un feu vif.

Au fond, on pouvait distinguer une statue de métal représentant un centaure.

A droite, un disque de granit noir, mesurant quatre mètres de diamètres était encastré dans le mur. Il semblait scintiller par endroit.

Enfin, au centre de la pièce se trouvait une large enclume sur laquelle était posée un marteau de forgeron. A côté on pouvait voir un sceau plein d’eau.


Les nains avancèrent jusqu’à mi-salle.

« Encore une statue qui va s’animer » fit Evezët d’une voix forte.

« Chhuutt ! » fit le capitaine, lançant un regard menaçant au nain.

« Regardez » murmura Ruckny déplaçant sa torche en direction du disque de granit qui maintenant brillait de mille éclats.

« Des pierres précieuses ? » fit Ferstholn.

Evezët s’approcha du mur.
« Il semblerait bien. Elles sont disposées de façon à représenter les constellations. » dit il.

« Tu t’y connais en astronomie toi ? » fit un Lokrine surpris le rejoignant.

L’arbalétrier le toisa avec dédain.

« Observons bien ! » fit le maître des runes s’approchant du capitaine. « Ceci est sans aucun doute l’épreuve finale ».

« Sur le mur de glace, on peu voir la rune de feu d’Héphaïstos » chuchota Chlib qui se rapprochait du côté gauche de la pièce. « Et c’est un chaudron à braises qui est là, avec un morceau de métal chauffé à blanc dedans. »

« C’est quoi un chaudron à braises ? » demanda le lieutenant.

« Un chaudron sans fonds et composé de deux rangées de grilles emprisonnant des charbons ardents que l’on peut ainsi maintenir incandescents. » répondit le fils du forgeron.

Ruckny et Ferstholn rejoignirent le nainlpiniste.
« Ce morceau de métal est étrange, on dirait qu’il y a des lignes d’une autre matière incrustées dedans. » annonça le premier.

« On devrait se servir du marteau et de l’enclume pour aplatir le métal et voir ce qu’il contient. » répondit le deuxième.

« Ou bien on pourrait éviter de toucher quoi que ce soit » proposa le dernier.

Les trois nains se retournèrent vers Walcoch et Prödbärd.

Les deux compagnons d’arme se regardèrent et se mirent à sourire.
« il faut bien laisser la jeunesse faire ses preuves » fit le bibliothécaire.
« Surtout qu’elle ne nous a pas déçu jusqu’ici » répondit le guerrier.

Avec l’approbation des deux anciens nains les trois compagnons se préparèrent.


A suivre …



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nain Par Tagazog  le 29/05/2006 à 16:15

« Bon alors par quoi commence-t-on ? » demanda Ruckny.

« Je pense que nous devrions résoudre cette énigme des constellations, regardez il manque des pierres précieuses pour que toutes soient représentées. »

Walcoch s’approcha
« En fait il en manque même beaucoup. Ce ciel nocturne correspond au deuxième cycle de l’année, lorsque la saison des Grandes Pluies commence. »

Pendant ce temps là Ferstholn se saisissait au moyen de son gant du morceau de métal incandescent pour l’amener vers l’enclume.

Alors un bruit métallique et strident se fit entendre.

Le centaure s’anima doucement, il sembla toiser l’assistance de son regard invisible sous son heaume et fit tourner ses bras comme pour en tester la souplesse.
Il se saisit alors d’un cimeterre d’un mètre vingt de long et commença à avancer vers les nains.

Les deux nains de la Garde de Pierre furent les premiers à se mettre sur son chemin.

Sans perdre de temps la créature mi homme mi cheval abattit son arme, et heureusement que le capitaine se déporta souplement de côté car la créature fissura le sol sur quelques centimètres.

Tous les nains restants saisirent leurs armes pour affronter ce gardien et se regroupèrent.

Walcoch se concentra pour lancer une rune de bénédiction sur l’arme de Lokrine.

Les deux militaires étaient de chaque côté du centaure pour le pousser à la faute. Mais ce dernier au lieu de choisir l’un de ces deux adversaires se rua vers les autres nains qui étaient regroupés près de l’enclume.

Evezët se sentait très inutile avec son arbalète, il savait que ses carreaux ne perceraient pas la peau de métal. Il essaya de trouver une autre solution.

Ruckny s’avança et porta un coup de hache vers le flan de la créature mythique, qui l’esquiva et lui porta une ruade l’envoyant rouler dans un coin, sonné.

A ce moment, la rougeur du marteau incandescent de Prödbärd, s’abattit sur l’arrière train du centaure, des flammèches inondèrent la pièce.
« Prends ça, goedlichs Feuär !! ».

Mais le gardien du jugement car il s’agissait bien de lui se retourna imperturbable vers son assaillant et l’attaqua.
Le capitaine para la lame meurtrière, et sous l’effort il en devint écarlate, ses veines saillaient à ses tempes. La force colossale de la créature le repoussa sur quelques mètres.

Le fils du forgeron et Chlib regardaient la scène, ils n’étaient pas férus de combats et cette fois l’adversaire semblait si invincible.
De plus la lame enchantée de Lokrine semblait n’avoir aucun effet sur la créature de métal.

Alors le maître des runes leva ses mains vers le centaure :
« Centaurus !! Unt Ar Wirff Dihh ! »

La créature se tourna lentement vers le maître des runes. Ne prêtant plus aucune attention aux deux guerriers qui lui tapaient dessus sans pouvoir ne serait-ce qu’entailler sa « peau ».

« Unt Ar Wirff Dihh ! » recommença Walcoch avec plus d’insistance, la sueur perlant à son front. Sa voix semblait aspirer tous les autres sons de la pièce.

Le gardien s’approcha lentement du nain, comme freiné par un filet invisible.

Le bibliothécaire avait puisé dans ses vieilles connaissances et un apprentissage très ancien. Ce qui lui avait valu d’être prié de quitter la Garde de Pierre des décennies plus tôt.

En effet il avait développer son art jusqu’à maîtriser quelques sorts de base des Shamans, mais surtout, il connaissait une malédiction olympienne. Sort que ses pairs n’appréciaient guère qu’il possède à l’époque.
Ce sort était puissant et redoutable mais coûtait les dernières ressources psychiques et physiques du vieux mage.

Le centaure fit deux pas de plus.

« Centaurus …. Unt Ar Wirff DIHH ! » cria le nain en gémissant de douleur.

Alors un regard féminin apparu dans le casque du centaure qui était vide jusque là et une voix familière s’éleva :
« Tu ne peux me soumettre faible mortel, MEURS…NAIN ! » fit elle hurlant dans la tête du maître des runes qui s’effondra prit de spasme, les yeux révulsés. Ferstholn le rattrapa dans sa chute.

Personne n’avait entendu la voix venant du centaure.

Les deux militaires se postèrent entre la créature et le fils du forgeron, rejoints par Chlib, qui était prit de colère, les larmes coulant sur les joues.

A ce moment Evezët était en train de regarder la pierre du ciel céleste nocturne. Il put distinguer une petite inscription en langage commun.

« Je file et coule sur vos têtes dans un lit impalpable, et rien ne me résiste dans ma course immortelle, ni êtres, ni matières, ni ville, ni empire, je suis le plus grand et le plus violent »

Le nain courut alors auprès du bibliothécaire et du jeune nain qui le tenait sur ses genoux, les larmes aux yeux..

« Maître Walcoch ! M’entendez vous ? »fit le nain arbalétrier.

Mais il ne lui répondit pas. Alors il repartit vers la pierre aux constellations et commença à retirer quelques pierres précieuses.

Comme alerté le centaure tourna son buste vers Evezët et le chargea.

Le capitaine et son lieutenant surpris ne comprirent pas tout de suite ce qu’il se passait.

Le gardien du jugement était à deux mètres du nain qui était absorbé par une recherche sur la carte céleste. Le cimeterre se leva.

A suivre …



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nain Par Tagazog  le 18/07/2006 à 16:09

Le coup tomba et Evezët recula juste à temps.

La créature avança mais le coup de RotBerg Brecher, le marteau de feu du capitaine, sur son flan la stoppa net.

De sa main libre elle saisit Prödbärd par le cou et l’éleva dans les airs.

« Arrrrrrgggg ….Lâche moi saleté » fit il manquant de souffle et donnant un nouveau coup de marteau sur l’avant bras de son adversaire.

Mais l’arme enchantée ne semblait pas faire le moindre mal au centaure qui fit tournoyer le nain et l’envoya contre le mur de glace. Après le son sourd que fit son corps lors de l’impact, accompagné d’un sinistre craquement qui ne venait pas de la glace, le capitaine tomba lourdement au sol le marteau devant lui.

Dans une rage démesurée Lokrine bondit sur l’ennemi suivit de Chlib qui se découvrit un courage insoupçonné pour la bataille.

Un « Yahhaa » fendit l’air et Ruckny revint aider ses deux compagnons.

Les trois compagnons firent un front commun résistant avec peine à la hargne de la créature qui voulait leur perte.

Lorsque Ferstholn rejoignit ses compagnons, l’âme néfaste qui animait la créature commença à peiner sous le nombre.

La rage la gagna, lui faisant perdre sa concentration. Mais une brèche s’entrouvrit, suffisante pour faire plonger le cimeterre dans le ventre du fils du forgeron. Un sentiment de jubilation imperceptible pour les nains anima le centaure.
Mais c’était sans compter l’inattention de ce dernier.

Dans le combat il n’avait perçu l’invocation de la rune protectrice que le maître des runes avait lancé dans un dernier sursaut avec tout le mana qui lui restait.

« Gaenët Häuth » avait il murmurer, et la lame meurtrière se brisa sur la peau de Ferstholn qui à se moment là s’était changée en granit. Avec une agilité inouïe et profitant de la stupeur qui immobilisa son adversaire le nain saisi le bras de son bourreau avec sa main de glace et le froid gagna le monstre jusqu’à l’épaule avant qu’il ne se dégage.

Une voix résonna aux oreilles de tous.
« Vous me rencontrez pour la troisième fois, nains…. Et ce sera la dernière je le jure devant mon époux Zeus si je ne vous tue pas mon fils sera libre de faire de votre peuple ce qu’il entend, et je lui en cèderai toute l’autorité. Mais je ne pense pas que vous aurez cette chance.
L’être métallique sembla alors luire d’une aura dangereuse.

« Accrochez vous ! » cira alors Evezët incrustant une dernière pierre sur le mur.

Les nains hésitèrent, mais lorsqu’un grondement effrayant leur déchira les tympans ils se regroupèrent autour de l’enclume pour s’y attacher.

Le centaure marcha sur eux et soudain un morceau du plafond de glace s’effondra laissant libre cours à un flot tumultueux qui balaya tout et emmena le centaure au fond de la pièce, l’eau s’évacua par de petites ouvertures.

« La chose est toujours là » fit Ruckny, « Tu avais tant envie que cela de nous faire prendre un bain » lança-t-il à l’arbalétrier.

« Regardez » dit Lokrine.

Le Gardien se releva et commença à avancer mais avec de plus en plus de difficulté. En effet des pellicules de rouilles s’étalèrent de plus en plus sur son corps. Il finit par s’immobiliser.

Alors le capitaine de la Garde de Pierre surgit de nulle part et abattit son arme et le fer rouillé fut écrabouillé au niveau du dos dans une masse incandescente.

« Je savais bien qu’il marchait mon marteau » fit-il à l’assemblée médusée.

Le lieutenant couru vers son chef et lui dit « mais nous pensions que …. »

« Ahhh j’ai cassé ma pipe lorsqu’il m’a lancé, un magnifique ouvrage elfique en ivoire, j’suis dégoûté, elle valait au moins 50 pièces d'or » souria-t-il.

Mais son visage s’assombrit aussitôt lorsqu’il vit Ruckny et Ferstholn accroupis autour du corps de Walcoch.

« Mon ami » fit il d’une voix grave « Mon puissant allié, toi qui m’a sauvé la vie de nombreuses fois sur le champ de bataille, toi qui a défendu les murailles de Kazad la belle »
il s’agenouilla, Lokrine en fit autant, suivi bientôt par tous les nains présents.

Alors le chef militaire entonna le chant de guerre funèbre du Maître des Runes.

« Ô grand maître des runes entonne ta litanie,
Fait chanter la pierre et gronder le ciel si bas,
Alors que nous fondons droit sur nos ennemis,
Que tes mots bourdonnants forment ta mélopée.

Te sachant avec nous, nos haches sont plus légères
Et nos marteaux ont soif d’aller tout fracasser.
Les traits portés vers nous sont stoppés en plein ciel
Et le sol s’entrouvrant dévore les oppresseurs.

Virevoltes dans les rangs et tues nos adversaires,
Car tes runes de guerre t’ont rendu sans pitié,
Sur ta peau de granit ricochent les lames frêles,
Et ton arme affûtée tranche les agresseurs.

Avant le crépuscule nous les aurons bannis,
De ce lieu de cette vie, même bien au-delà,
Et autour des brasiers nous louerons ta magie,
En buvant à la gloire de cette guerre gagnée. »

"Nous nous reverrons derrières les grandes portes célestes, mon ami." ajouta-t-il

Bien que ce chant fut militaire il rendait parfaitement hommage à Walcoch.

On recouvrit le corps inerte d’une cape.

Un silence pesant régna plusieurs minutes dans la caverne.

Chlib se répandit alors :
« Pas Walcoch, après Kald….Pourquoi….Quelle idée avons-nous eut de vouloir défier les dieux ! » il commença à sangloter.

Ruckny se rapprocha de lui :
« pour les nôtres, pour notre ville. Parce que nous étions et sommes toujours le seul espoir de nos sœurs et frères himmeliennes et himmeliens. Nous ne devons pas renoncer car sinon mon frère Kald et le sage Walcoch auraient donné leurs vies en vain. »

A suivre…



"L'esprit est la plus riche des mines, plus on y creuse et plus on y trouve de riches subtilités"

[GTN-Membre de la Chambre des Maîtres Mineurs]
[Coconuts Baroudeur de 122 ans][avec Sirocco "Kroak!"]

Par personne  le 18/07/2006 à 17:41

...Ca t'a pris combien de temps pour écrire sa ?!



Par Google  

nain Par Tagazog  le 18/07/2006 à 20:37

;p... et encore je me suis freiné ces derniers mois...



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nain Par Tagazog  le 25/07/2006 à 16:15

Dans la salle le fils du forgeron alla chercher le morceau de métal encore dans les braises, le chaudron avait été miraculeusement épargné par l’inondation.

Il fallait rapprocher cette source de chaleur de l’enclume pour travailler le métal.

Deux nains étaient nécessaires pour porter le chaudron à braises. Mais les poignées étaient en fer, donc brûlantes.

Evezët et Ferstholn décidèrent de déplacer l’objet. Il déchirèrent leurs chemises et enroulèrent des bandes de tissus de leurs mains jusqu’à leur poignet qui allaientt obligatoirement toucher l’objet brûlant lors de la traction.

Les deux nains partirent au même timing et soulevèrent en criant le chaudron. Etrangement seule les bandes de tissus au niveau de leurs poignets commencèrent à fumer sous la chaleur, leurs doigts étaient visiblement épargnés.

Ils posèrent le fardeau juste à côté de l’enclume et plongèrent aussitôt leurs mains dans le sceau d’eau pour soulager la douleur.

Une brûlure non identifiable s’était imprégnée sur un poignet de chacun des deux nains.

Mais le fils du forgeron ne s’y attarda pas. Cela faisait trop longtemps qu’ils étaient là, trop de souffrances et trop de morts. Tout cela devait cesser.

Il amena le morceau de métal sur l’enclume.

Après trois quart d’heure de travail il avait façonné une lame très aiguisée, même si le métal lui paraissait étrange et inconnu.
La lame avait des courbes minérales telles des vagues.

Le fils du forgeron s’avança vers le mur de glace, c’était la seule issue possible. Il saisit fermement la lame et l’enfonça de toutes ses forces dans la glace, qu’elle pénétra avec facilité faisant naître de légère coulée d’eau autour de son point d’insertion.

Des craquements furent audibles. C’est alors que la glace céda petit à petit.

Un couloir sombre se tenait maintenant devant les six nains.

Chlib prit une torche de la salle et l’approcha, à trois mètres plus loin se trouvait une autre pièce circulaire.

« Portons Walcoch là-bas » demanda le capitaine.

Les nains soulevèrent délicatement le maître des runes et l’emmenèrent.

La nouvelle salle avait une table de pierre en son centre sur laquelle était posée un énorme coffre de marbre.

Une alcôve en forme de banc était creusée dans l’un des murs, c’est là que l’on étendit la dépouille du valeureux nains qui venait de tomber.

La table de pierre et le coffre étaient tout deux décorés de flammes.

C’est alors qu’ils l’entendirent.

« Bravo mes chers amis. Vous êtes arrivés au bout de votre périple et je sais qu’il ne fut pas simple. Mais si vous êtes là aujourd’hui c’est que votre abnégation, votre solidarité et votre cause étaient à la mesure de l’objet que vous êtes venus chercher. »

La voix grave, venant de nul ne savait où, reprit ensuite son discours.

« Mais sachez que ce que vous obtiendrez aujourd’hui, en aucun cas vous ne le garderez, servez vous en le plus sagement possible. De plus vous devrez me laisser en échange l’épée des mers que vous venez de forger. »

Tous se tournèrent vers le fils du forgeron.

« A présent partez, votre temps est compté. Sachez également que mon savoir vous est désormais tout acquis peuple de la montagne. Et ma rune en sera la preuve, tel le sceau de notre lien éternel. »

A ce moment le coffre de marbre s’entrouvrit laissant apparaître sur un socle également de marbre une somptueuse hache.

Son long manche blanc en ivoire était sculpté de délicats flocons. La lame de la hache était d’un acier bleuté qui parfois semblait translucide laissant voir des formes cristallines bougeant comme dans une tempête emprisonnée dans l’arme.

Les nains restèrent muet d’admiration.

« Tu avais raison, cher ami, mon cœur est si amer que tu n’ais pu au moins contempler cette merveille, mon vieux Walcoch, j’espère que tu arrive quand même à l’apercevoir là où tu es à présent » dit d’une voix monocorde le capitaine.

A suivre...



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nain Par Tagazog  le 23/10/2006 à 17:39

« Qui prend l’arme divine ? » demanda Lokrine.

Le capitaine de la garde de pierre tourna son regard vers Ruckny « Toi mon ami, pour ton frère, prend la hache des neiges éternelles et délivre ton village. »

Le nain hésita une seconde puis il vit Walcoch, cela lui ramena directement la pensée de Kald, alors il posa sa main sur le manche et poussa un cri en la retirant.
« Aaahhh je ne peux pas, elle brûle. »

« C’est une arme magique il faut se protéger, mettre d’épais gants » dit Evezët.

Lokrine s’approcha « laissez moi essayer ». Il résista une seconde de plus que le premier nain avant de pousser lui aussi un cri de douleur. « Je crains qu’aucune protection ne nous permette d’utiliser cet objet » fit il amer.

« Nous sommes si près du but…comment faire ? » Fit Chlib. « Si seulement Walcoch était là, il aurait pu nous conseiller » continua-t-il tristement.

Ferstholn leva alors son bras gelé, le contemplant avec intérêt. « Attendez une seconde » fit-il.
Il s’approcha de l’objet divin et referma sa main aux reflets d’un bleu translucide. Il posa à la place l’épée tout juste forgée, puis se retourna vers ses compagnons et brandit fièrement la hache des neiges éternelles.

Un petit grondement se fit entendre et un peu de lumière naquit au bout d’un couloir étroit que la compagnie emprunta, car seul chemin disponible pour eux.

Après une bonne demi heure ils atteignirent enfin la lumière du jour.

Ils se trouvèrent sur un pan du Glacier de la Griffe Blanche. Derrière eux se dressait la Larme du Ciel.
Ils contemplèrent la vallée complètement obstruée par les nuages de cendres, encore rougeoyantes, et zébrée de temps à autres d’éclairs déchirant le silence.

Alors la voix d’Héphaïstos retentit de nouveau : « Vous ne pouvez vous éloignez d’avantage d’ici avec Windeisbläed, où vous périrez ! »

Ruckny entendant ces mots interpella le vide autour de lui « Comment cela, après les souffrances endurées, vous nous refusez de retourner au village pour aider les nôtres ! »

Les nains se regardèrent, très amers soudain. C’est alors qu’un souffle jailli du couloir qu’ils avaient empruntés.
Un murmure que purent entendre ensemble les compagnons : « Il faut chasser les nuages….chasser les nuages ah ah ah ! » puis la voix s’évanouit.

« Walcoch ?? » dit fébrilement le capitaine de la Garde de Pierre « C’est toi ? »

« En effet c’était bien sa voix » poursuivit Evezët.

« Bien sûr chassons les nuages….avec cette arme pas besoin d’aller plus près, sa puissance devrait suffire largement à partir d’ici » dit Ferstholn.

Alors le fils de forgeron brandit l’arme au dessus de sa tête et des mots qui ne lui appartenaient pas s’emparèrent de sa bouche :
« Kâelden Eis, Maechtike Wind, maechden Windeisbläed wegschlakt ! »

Alors le métal brilla d’un bleu pâle, et lorsque le nain abattit l’arme devant lui un tremblement assourdissant se fit entendre.

Devant tous les nains médusés le sol du glacier devant eux s’entrouvrit et une onde de choc fabuleuse perfora le manteau nuageux, le repoussant hors de la vallée par dessus les crêtes avoisinantes.
En un instant qui resterait à jamais inoubliable pour ces témoins d’une aventure tragique et exceptionnelle la vallée reprit ses airs paisibles et la menace avait disparu. Le volcan au loin ne semblait plus une menace.

Ferstholn se rendit compte alors que son bras était redevenu normal, mais surtout que l’arme divine n’était plus en sa possession. En effet lors de son utilisation sa puissance était telle qu’il avait dû la lâcher et elle était tombée dans le gouffre béant du glacier.

Derrière le groupe le tunnel s’était effondrer effaçant les traces de ce qu’avait vécu le groupe.

La troupe entreprit de regagner Himmel, ce qui prendrait un peu plus de deux jours de marches.
Lorsque le soir tomba sur les sommets enneigés les maculant d’un orange irréel se détachant sur un ciel violet Evezët appela ses compagnons qui contemplèrent la Larme du ciel.
A la surprise générale La montagne était fendue en deux à son extrémité et les deux arrêtes semblaient être les sculptures très proches des deux frères disparus au cours de l’aventure.

Le groupe fit alors une prière à Héphaïstos et en hommage à leurs amis disparus, partis sûrement aider le dieu dans sa forge céleste.

Et alors qu’il contemplait la paume de sa main où une rune symbolisant une flamme avait été laissée par le manche de l’arme divine, des larmes roulèrent sur les joues de Ferstholn. Il sentit la main ferme de Prödbärd qui reniflait de tristesse.


Ainsi s’achève le récit de la Hache des Neiges Eternelles.



Fin du Premier Volume des Contes et Nouvelles par les frères Gramm Tagazog



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