Legends of Olympia : La Litanie du Passé - Un pas en avant... ou en arrière...
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Un pas en avant... ou en arrière...
Topic visité 424 fois
Dernière réponse le 10/10/2006 à 22:35

hs Par Lya  le 04/07/2006 à 19:41

(Cette chronique est la suite de Quand le passé revient)


HRP : Lya, Riyareos


Lya venait de recevoir un parchemin. Elle se doutait qu’il devait venir de Riyareos, mais elle n’osait pas l’ouvrir. Elle savait qu’elle ne trouverait aucune information dans la lettre, mais le fait de lire noir sur blanc que l’Olympien voulait la voir rendrait réel les espoirs et les craintes qu’elles essayaient de faire taire depuis plusieurs jours.

Elle se résolut finalement à l’ouvrir. Elle s’assit dans l’herbe et pris une grande bouffée d’air avant de lire le parchemin.

Lya, je t’attendrai à la taverne de Bouli, ce soir, à la tombée de la nuit. Riyareos.

Il voulait la voir, il avait sûrement du trouver quelque chose… Mais peut-être pas… Peut-être voulait-il lui dire qu’il n’avait rien découvert justement…Une sorte de trouble s’installait peu à peu dans son esprit. Elle n’était pas sur de ce qu’elle ressentait, elle voulait savoir, mais en même temps, elle appréhendait de découvrir ce qu’elle avait oublier.

Elle décida de se faire violence et se mit en route car l’heure était déjà bien avancée.

Lorsqu’elle arriva à la taverne, Bouli lui indiqua que l’Olympien se trouvait au patio.
Elle poussa la porte et pénétra doucement dans le patio. Riyareos était installé près de l'eau à regarder le ciel et semblait l'attendre. Comme elle s’approchait de lui, il se retourna et lui fit signe de venir s’asseoir près de lui dans l’herbe.

Lya semblait hésiter entre venir s'asseoir et prendre ses jambes à son coup. L'Olympien ne souriait pas et attendait en silence qu’elle se décide. Lya pris une profonde inspiration et vint s'asseoir sur le muret en face de Riyareos. Elle se sentait nerveuse et était persuadée qu’on pouvait entendre son coeur cogner dans sa poitrine.
Riyareos brisa le silence et interrompit par la même occasion les tergiversations qui s’opéraient dans sa tête.

Comment vas tu ?
Je ne sais pas trop, c'est curieux, je suis à la fois impatiente de savoir et inquiète de ce que je vais découvrir.
Veux tu toujours savoir ?
Vaut-il mieux que je ne sache rien?
J'attend juste un oui ou un non...

Lya le regardait, essayant de le sonder, mais l’Olympien restait désespérément silencieux. Elle frissonna, le calme de l'Olympien avait t-il une signification ? Elle n’arrivait pas à se détendre et regrettait amèrement de ne pas avoir prit une bouteille d’alcool fort avant de venir dans le patio.

Je crois que au point où j'en suis je ne peux faire marche arrière. Vais-je avoir besoin d'un ou plusieurs verres d’hydromel ?

Lya espérait se trouver par là une porte de sortie, mais l’Olympien la lui ferma immédiatement.

D'aucun... Je serai là si tu as besoin de réconfort...
… car je vais en avoir besoin...

Une ombre passa sur le visage de Lya et Riyareos marqua un moment de silence.

J'ai beaucoup cherché... Écoutant toutes les petites histoires qu'on a pu me conter... Mais j’ai surtout eu beaucoup de chance. Je commençais à me dire que je ne trouverais rien lorsque j’ai rencontré un Olympien dans un bar. Mais je ne sais vraiment pas si l'on peut porter foi à son récit.

Lya fronça les sourcils et sentit son cœur cogner de plus en plus fort dans sa poitrine.

Pourquoi ?
… car il était saoul !

Lya essaya de garder la tête froide, elle avait décidé d'aller jusqu'au bout, et elle le ferait.

J’imagine que tu ne prendrais pas la peine de m’en informer si tu n’y accordais aucun crédit…, alors je t’en prit, raconte moi…

Il y a quelque temps... A l'époque de ta découverte, il y a 15 ans ... Il a était payé par un homme pour faire quelque chose d'assez horrible...

Riyareos baissa la tête. Lya sentit, que ce qu’il avait à dire n’était pas facile, ni pour elle, ni pour lui.

Je ne sais pas comment je réagirais après, mais pour l'instant je suis prête à tout entendre !



elfe Par Aislinn  le 04/07/2006 à 20:05

HRP :

O_o mais t'arretes pas toi!^^

Je suis jaloux de ta facilité à faire des chros.



hs Par Lya  le 05/07/2006 à 01:47

HRP: Merci, mais le sois pas trop... Je suis bloquée chez moi avec une entorse (avec arrachement osseux...)

Ça aide de passer ses journées devant le PC...



hs Par Lya  le 07/07/2006 à 19:25

Au début son histoire n’était pas très claire, il marmonnait un peu dans sa barde, il parlait d’une gamine qu’il aimait beaucoup, d’une petite adorable et c’est lorsque j’ai entendu le nom de la gosse que je me suis intéressé à ce qu’il disait.
Son nom ?
Une enfant nommée Calya.
Calya…

Lya fut à nouveau projetée dans un flash, plus violent cette fois.

Que l'on surnommait Lya...

Lya tomba du muret sous l'effet des informations et de la violence du choc qu'elles lui procuraient. Riyareos se précipita pour la rattraper et lui évita de se cogner la tête. La jeune Femme Sauvage se remettait de ses émotions doucement et murmurait son prénom qui prenait une signification toute nouvelle pour elle.

Lya... Lya ...

Elle vint s’asseoir dans l’herbe aux côtés de l’Olympien, elle risquerait moins de se faire mal.
Riyareos la regardait avec crainte.

Ça va aller, j'aurais besoin d'aide après. Je le pressens et je suis sure que tu en es conscient… Mais je veux savoir, j'en ai besoin…
Continue… Que… que disait-il sur cette Calya ?
Il ne disait pas grand-chose, sur elle, il pleurait sa mort…

Lya sentit un courant d'air glacial passé furtivement entre ses omoplates.

Calya est morte ! Calya est morte…C'est étrange comme ce nom m'est familier…
Ça va aller ?
Je ressens de la peine d'apprendre la mort de cette Olympienne. C’est comme si cette peine était ancrée au fond de moi et qu'elle ne demandait qu'à sortir...
Hum... Je suis désolé…
Je la connaissais n'est-ce pas ?
J'en ai bien peur…

Elle tourna son visage vers l'Olympien et plongea son regard dans le sien.

Je le sens dans ma chaire, dans mes tripes...

Lya se rendit compte que des larmes ruisselaient sur son visage. Riyareos lui souriait tristement et essuya les larmes qui coulaient sur son visage. Elle repoussa gentiment sa main et essaya d’avaler la boule qui se trouvait au fond de sa gorge.

Pourquoi ? Comment… comment la petite Calya est-elle morte ? Calya …
Je n'en suis pas sûr... Vraiment pas sûr…
Je crois que moi je saurais si c'est la vérité, tout ce que tu viens de me dire trouve écho dans mes entrailles. Ma tête refuse de l'admettre, mais mon corps sait… il sait que c’est la vérité, il vibre à chacune de tes paroles…
D'après ce que j'ai compris, l’homme n’était pas clair et ses paroles parfois incompréhensibles… Calya voulu protéger une esclave… une petite femme sauvage... toi je suppose…

« Esclave » ce nom pulsait dans son esprit. Des images furtives défilèrent devant ses yeux, des serpillières, des seaux, une paillasse, des haillons… Elle ferma les yeux et secoua la tête afin de chasser ces flashs back et de se concentrer sur les choses importantes. Qu’avait-il dit ? Protéger…

Protéger ? Me protéger ? Mais de quoi ?

Lya sentait qu'elle connaissait la réponse, mais il lui fallait l’entendre, et pourtant son corps luttait. Elle s’éloigna quelque peu de l’Olympien, comme si cela pouvait suffire à effacer ce passé qu'elle n'était plus sûre de vouloir connaître…



hs Par Luna  le 09/07/2006 à 10:14

C'est pour quand la suite? Parce que c'est vraiment trop bon.



nain Par Libed  le 09/07/2006 à 13:38

(Très bonne chronique.

Félicitation a l'écrivaine)



hs Par Lya  le 12/07/2006 à 02:41


De son père…
De son père ?

Elle ne pouvait s'empêcher de répéter. Les paroles de Riyareos résonnaient dans sa tête en un douloureux écho.

Riyareos, si tu continues ainsi, je crois que je vais finir par partir en courant, je sais que tu essayes de me ménager, mais je t'en prie dis moi tout. Il le faut, je ne suis plus sure d’en avoir le courage plus tard.

Riyareos n'osait plus rien dire et prit Lya dans ses bras en espérant qu'elle ait un flash et qu’il n’ait pas besoin de raconter la suite. Elle fut à nouveau propulsée au loin de Riyareos. La puissance du flash augmentait, mais les bribes de souvenirs ne restaient toujours pas et s'évaporaient aussitôt. La jeune Sauvage se retrouvait à vingt pieds de l'Olympien, les larmes coulant de plus belles et Riyareos qui n'osait plus s'approcher.

MAIS QUE S'EST-IL PASSE DANS CETTE FORÊT ?

Ces mots avaient jaillit avec force, et semblaient directement provenir des entrailles de la jeune Femme Sauvage. Lya se prit la tête à deux mains.

Mais que m'arrive-t-il ?

Il fallait qu’elle se ressaisisse, les sentiments qui l’envahissaient lui faisaient perdre ses moyens, et elle ne voulait pas perdre aussi la raison. Elle se redressa, les sourcils froncés.

Tu as parlé d'une forêt ?
Non je ne crois pas. Mais lui en a parlé.

Lya se releva et se rapprocha de l'Olympien, l’inquiétude pouvait se lire sur son visage inondé de larme, dont elle n’était même plus consciente de la présence.

C'est dans une foret que tout s’est terminé.
NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOONNNNNNN

Riyareos s'approcha un peu mais n'osait pas la toucher. Lya se leva, le regard suppliant.

Aide moi !
Que puis je faire ?

Elle tomba à genoux, se tenant toujours la tête à deux mains.

Je ne sais pas...

Elle resta quelques secondes sans bouger, puis releva la tête.

Continue, et ne t'arrête plus, je ne pense pas que j'en mourrais, la violence est trop fugitive… Continue et surtout ne me lâche pas, je sens que le prochain flash sera encore plus violent.

Riyareos la serra contre lui sans un mot. Elle s'agrippa le plus possible.

D'après ce que j'ai compris ils te traitaient mal... ils ont faillit te tuer... Et cette fille, Calya a voulu t’aider…
Comment ça ? Ils me traitaient mal ?

En prononçant ces mots Lya fut à nouveau projetée, secouée par un flash plus puissant que les autres. Riyareos la regardait inquiet se remettre debout, puis revenir vers lui, les deux poignets tendus devant elle. Son regard qui brillait d’une lueur étrange témoignait de sa détermination.

Serre les et ne les lâches pas, et continue ton récit, tu me disais qu'une Sauvage… enfin que moi, j'avais subit des… mauvais traitement ?

L’Olympien saisit ses poignets et les serra le plus solidement possible.

Par le père, le père de Calya, jusqu’au jour où il… battit à mort...
Moi… c'est moi… qu'il battit à mort, mais… il ne m'a pas fait que ça... n'est-ce pas ?

Un pli vint se former sur le front de Lya.

Non... pas du tout même... Il t’a forcée…

Lya ne ressentit pas de flash ce coup ci, mais ses genoux lâchèrent et elle s’effondra sur Riyareos. L’Olympien l'accompagna à terre sans lâcher son étreinte. Elle laissait couler les larmes sur son visage, les yeux plongés dans le vide. Elle se mit en boule soudain, et nicha son pouce dans sa bouche. Riyareos la serrait toujours dans ses bras.
Une expression enfantine se dessina alors sur son visage.



hs Par Lya  le 17/07/2006 à 15:14

HRP :Pour faire plus clair : Lya, Necrid, Kowu, Riyareos.


Maman c'est toi ?
Lya... reste avec moi... Lya
Lya ? Où est Lya ? Maman, tu sais ils voulaient lui faire du mal… alors… alors je l'ai protégée...

Riyareos la secoua un peu.

Maman, mais ils m'ont fait du mal à moi… j'ai mal... Maman…

Riyareos haussa le ton.

Lya reviens !

Mais.. pou… pourquoi tu m'appelles Lya maman ? Pourquoi tu me grondes… c'était pas ma faute… ils voulaient lui faire du mal… pardonne moi maman… pardonne moi… c'était pas ma faute.

Lya pleurait toutes les larmes de son corps.

Tu es pardonnée… alors maintenant reviens…

Lya continuait de sangloter et l’Olympien la secoua une nouvelle fois plus énergiquement.

Maman arrête !

Lya plongea son regard dans celui de l'Olympien le suppliant.

Arrête…

Riyareos se figea et la resserra contre lui.

Maman, je veux plus y retourner… J’ai trop peur…

Lya venait de fermer les yeux, et pensait se laisser bercer par sa mère lorsqu’elle reprit soudainement conscience en portant la main à sa joue qui lui brûlait sous l’effet d’une claque que venait de lui administrer l’Olympien. Elle regardait autours d'elle sans comprendre quand Kowu qui était entré dans le patio attiré par les cris, voyant Riyareos gifler Lya, sauta sur l’Olympien, le déséquilibrant à peine.

Riyareos ? Kowu ? Mais que c'est-il passé ? Kowu mais qu'est-ce que tu fais ? Mais arrêtez bon sang !

Riyareos repoussa Kowu, son regard changeant instantanément, devenant celui d'un fou.
Necrid, également appâté par les cris provenant du patio, passa la tête par la porte. Il vit Kowu se relever et se placer entre Lya et Riyareos. La jeune Sauvage semblait dépassée par les événements.

Riyareos s'il te plait qu'est-ce qui c'est passé ?
Ne la touchez plus.
Kowu calme toi ! Il ne fait que m'aider…

Necrid passa la porte et s'avança vers le petit groupe.

Il se passe quoi, là ?
Vous… vous aider Dame Lya ? Mais... Mais il vous a frappée...
Kowu, petit imbécile !
Mais non, tu… tu… as dû rêver…

Necrid observait Riyareos, puis Lya.

Laissez parler Riyareos, il est seul à pouvoir tout nous expliquer.. enfin je l’espère…

Le regard de Riyareos était sombre et semblait fixé sur Kowu.
Lya poussa gentiment Kowu et plongea son regard dans les yeux de l'Olympien.

Que...
Kowu ! Part maintenant avant de regretter ton geste.
Riyareos…
Riyareos, la mort ne me fait pas peur !

Lya, n’arrivant pas à se faire entendre se mit à crier.

ÇA SUFFIT !

Pourtant ni Kowu, ni Riyareos ne manifestèrent de réaction à son encontre. Tous deux continuaient à se jauger et la tension continuait à monter.

Alors Ares va être heureux !

Necrid s’était assis sur le muret, et tentait de suivre ce qu’il se passait.
Lya voyait, impuissante, la situation dégénérer. Elle craignait le pire, Riyareos avait sortit son arme et Kowu s’était emparé d’un bâton.

Et Luwö sera avec moi jusqu'au bout.

Soudain, Lya ne se sentit mal, la colère et la rage qui émanait de l’Elfe et de l’Olympien s’emparait peu à peu d’elle. Ces sentiments, pourtant nouveaux pour elle, réveillèrent des sensations profondément enfouies. Alors qu'elle, commençait à chanceler sous l’effet de ses sensations qui l’envahissaient, elle prit appui sur Riyareos. Un flash plus puissant que tous les précédents, la parcourue de part en part.
Au lieu d’être projeté loin de l’Olympien, elle s’éleva dans les airs, les yeux exorbités. À vingt pieds du sol, elle se mit à tournoyer, la tête renversée en arrière.
Kowu s'écroula à terre, terrifié par Lya qui hurlait des paroles incompréhensibles, tandis que Necrid observait incrédule, les prouesses antigravitationnelles de la Conseillère.




hs Par Lya  le 04/08/2006 à 18:44

La jeune Conseillère fut projetée 25 ans plus tôt. En face d’elle, une enfant, pâle, maigre, sale, entrain de récurer le sol. Ses longs cheveux blonds traînaient dans la crasse et venaient cacher son visage. Mais Lya la reconnut, elle savait qui est cette petite souillon, elle savait que ce ne pouvait être qu’elle-même.
Alors elle se souvint, aussi clairement que si c’était la veille.

J’avais 10ans. Je n’avais connu que la servitude. 10 ans déjà que j’étais née dans cette maison et que je faisais du mieux que je pouvais pour satisfaire les moindres désirs de ses maîtres. Je ne savais d’eux que ce que ma mère m’en avait dit. Ils étaient riches, puissants, influents et jouaient un rôle important dans la grande Lardanium. Bien sur je n’avais pas de nom… mais que de surnoms a-t-on pu m’attribuer « Bonne à rien ! Fainéante ! Voleuse ! Feignasse ! Souillon ! »



Je savais que j’avais de la chance de dépendre d’une telle famille et ne m’en plaignais pas. De toutes manières, n’ayant jamais rien connu d’autres, je ne pouvais imaginer ce qu’aurait pu être ma vie, si je n’étais pas née asservie. Sans père, sans doute mort trop jeune, ma mère et cette famille Olympienne étaient mes seules attaches.

Mes journées se suivaient et se ressemblaient jour après jour.

Vêtue d'un vieux tablier gris et de sabots de bois, du matin au soir je faisait les plus durs travaux, je me levais bien avant le jour, portais de l'eau, allumais le feu, faisais la cuisine et la lessive. Le soir, lorsque j’étais épuisée de travail, je ne me couchais pas dans un lit, mais je devait m'étendre avec ma mère et d’autres esclaves sur des paillasses. Quelques couvertures et draps mités nous servaient à nous protéger du froid pendant les rudes saisons et nous partagions notre peu de nourriture et d’eau avec les rats. Mais je souffrais tout avec patience, et n'osais m'en plaindre à ma mère malade, la pauvre femme ne pouvant plus assumer ses tâches, c’était moi qui la remplaçais.

Les seuls moments de répits que je connaissais étaient ceux que je passais en compagnie de Calya, la fille de mes maîtres, qui avait à peu près mon âge. Le temps d’un jeu, d’un sourire ou d’un rire, je redevenais une enfant.

Pendant 10 ans ma vie se résuma à ces quelques moments de vie volés. Mais ce soir là… ma vie bascula, pour me plonger dans le royaume des Enfers…



Lya savait ce qui allait se passer et elle ne voulait pas assister une seconde fois à la scène. Mais elle était comme hypnotisée, et ne pouvait que regarder sans dire un mot, sentant ses jambes sur le point de se dérober, sans détacher ses yeux de la petite fille qui pourtant elle, ne tremblait pas.

Le Maître de maison recevait des amis, l’orgie festive me promettait une longue soirée de travail. L’alcool coulait à flot et je commençais à sentir les esprits s’échauffer et craignais que la beuverie ne se termine mal.

J’avais déjà précocement développé un don pour sentir les choses, et j’étais particulièrement sur mes gardes ce soir là.

Lorsque Calya vint embrasser son père avant d’aller se coucher, je perçu impuissante, que la situation allait dégénérer. En effet le père complètement ivre avait eu un geste plus que déplacé. La petite Calya du haut de son innocence n’avait put que demander : Mais qu’est-ce que tu fais papa ?. Et moi j’étais restée tétanisée, terrorisée que l’on puisse faire du mal à mon amie, ma seule amie.

Alors quand Calya avait planté son regard dans le mien, je sus que je ne pourrais rien lui refuser…
Et sans la moindre hésitation je m’approchai, levai les yeux et osai regarder mon maître dans les siens, puis calmement, soufflai à Calya d’aller se coucher…

Je venais de signer mon arrêt de mort, j’en étais consciente… Mon maître, tellement surpris par mon attitude, avait lâché sa fille qui avait ainsi pu s’enfuir. Il l’avait regardé partir sans un mot, puis avait reporté son attention sur moi, un sourire carnassier s’était alors dessiné sur ses lèvres, et un rictus de folie avait prit place dans son visage.

La seule chose qui me permit de supporter les atrocités qu’ils me firent ce soir là fût de penser que Calya avait pu s’enfuir, et qu’elle dormait, paisiblement sûrement pas, mais au moins en sécurité…

Lorsque le maître me libéra et que je pus enfin aller me coucher, je ne sus trouver le sommeil, la douleur qui m’étreignait n’était rien en comparaison de la peur qui m’accablait.

J’étais terrifiée, et ce ne fut seulement qu’à ce moment que mes larmes parvinrent à s’échapper de mes yeux. En silence, roulée en boule dans un coin de la paillasse, je pleurai jusqu’à ce que l’épuisement me gagne, peu avant les lueurs du jour.

Cette journée là, fut la dernière qui entendit mon rire cristallin s’élever dans les airs.

Le lendemain, une nouvelle vie commença pour moi. Bien qu’occasionnelles au début, le maître transforma rapidement ces atrocités en habitude.
À la longue liste des travaux que je devais accomplir dans la maison, s’ajouta cette nouvelle corvée que je dus assumer seule… Ma mère qui n’était pas dupe avait finit par comprendre, et s’était éteinte de douleur et de désespoir peu de temps après…

Je ne pouvais en parler à personne, et surtout pas à Calya. Je portai donc mon fardeau pendant de longues années, orpheline de père et de mère à présent. La petite fille innocente que j’étais n’existait plus, et peu à peu je commençai à changer. Physiquement et mentalement.

De la petite fille blonde qui était ma première apparence, il ne restait plus rien. L’innocence avait quitté mes yeux. Mon regard était devenu aussi noir que mes cheveux. La docile et sage esclave avait également disparut pour laisser la place à une petite rebelle, indisciplinée, qui préférait se mordre la langue sous les coups de fouets pour ne pas hurler plutôt que d’offrir cette satisfaction à mon maître et tortionnaire.

Ces 10 longues années, ne furent que violence et cruauté pour la jeune fille que j’étais devenue. La descente dans les enfers fut lente et douloureuse et tout ce que je trouvais pour m’aider à supporter cette vie ne faisait qu’accélérer ma fuite vers les abîmes.

Le maître dans son infinie bonté, m’accordait l’accès à son bar pendant ce qu’il aimait appeler ses « petites leçons d’éducation » ! Aussi pris-je l’habitude de boire tout ce qui me tombait sous la main. Au début, je buvais pour ne pas sentir la douleur, puis pour ne pas me souvenir. Mais ce poison s’insinua sournoisement dans mes veines, me rendant peu à peu de plus en plus dépendante. L'accoutumance commença à prendre place et à diminuer les effets de l’alcool, ce qui me poussait insidieusement, à en consommer de plus en plus et de plus en plus souvent.



Je rentrais donc dans un cercle des plus vicieux. J’avais besoin de l’alcool pour supporter les « séances » de mon maître, mais j’avais également besoin de ses « séances » pour obtenir ma ration d’alcool quotidienne. Mon corps et mon esprit ne pouvaient se mettre d’accord sur ce point. Je sombrais peu à peu dans un gouffre sans fond, aussi noir qu’il était profond.
J’étais passé progressivement, insidieusement, du plaisir à la souffrance, de la vie normale à la déchéance.

Pourtant tout espoir n’avait pas totalement disparu. Dès que je le pouvais, je retrouvais Calya, au sortir de ses « leçons ». Elle se doutait qu’un drame se déroulait sous son toit, mais respectait mon silence. Elle m’aida de la seule façon qu’elle pu. Elle se fit un devoir de m’enseigner tout ce qu’elle savait sur les Hommes et Femmes Sauvages, les êtres de mon Peuple. Elle me dégota toutes sortes de livres et grimoires me permettant d’en savoir un peu plus sur moi-même de jour en jour.

Cette vie qui alliait cauchemar et espérance prit fin, un après-midi du Chant du Renouveau. Le maître m’avait fait demander pour sa « séance » et je m’étais exécutée, prenant ma ration d’alcool habituelle. J’avais alors 20 ans, et Calya dont les soupçons prenaient peu à peu l’aspect de certitudes avait décidé d’en avoir le cœur net !

La jeune Olympienne, avait fait irruption dans le bureau de son père, et s’était interposée, scandalisée par la scène abominable qui se déroulait devant ses yeux. Mais le maître, ne l’entendait pas ainsi, et n’ayant pas pour habitude de s’embarrasser, avait simplement repoussé sa fille. Il l’avait repoussée, trop fort, beaucoup trop fort. Et, interdite, je n’avais pu que voir la tête de mon amie venir se fracasser dans un bruit sourd sur l’une des pierres apparentes du mur.

Je m’étais précipitée, mais son père, avait réagit aussi vite que moi, et m’avait envoyée rouler à l’autre bout de la pièce, où je perdis momentanément connaissance, le pendentif de Calya serré dans mon poing.

Lorsque je revins à moi, je compris aussitôt que Calya était morte et le regard soudain fou de mon maître m’indiqua que mon tour n’allait pas tarder.

Il s’acharna, sur moi, me faisant reprendre mes esprits si j’avais le bonheur de m’évanouir, en faisant durer les tortures, sa manière à lui d’évacuer la douleur de la mort de sa fille.

Pourtant il fût contraint de déléguer la tâche de « finir le travail », pour s’occuper de sa femme qui ne parvenait pas à comprendre pourquoi sa fille chérie ne lui répondait plus.
Malheureusement pour lui, l’homme à qui il confia la tâche, était aussi ivre que je pouvais l’être… Il parvint à m’emmener pratiquement inconsciente dans la forêt des Ombres, où il fut incapable de mener à bien la sale besogne qui lui incombait.

Il me laissa donc pour morte avant de rentrer chez son maître. Dans un dernier sursaut de lucidité et de vitalité, je parvins à m’accouder. Retirant une dague restée dans mon flanc je réussis à graver le nom que j’avais donné à mon amie. LYA, ces trois lettres s’incrustèrent dans l’écorce, brillantes de mon sang dont la dague était souillée. J’accrochai le pendentif, sur une branche, adressai une ultime prière à Gaïa qui allait enfin mettre un terme à mes souffrances, puis je fermai les yeux et m’endormis pour un sommeil que je crus éternel.

Pourtant en retirant la dague je n’avais fait que rouvrir une blessure et l’hémorragie qui en avait suivit aurait dû m’être mortelle. Mais Gaïa dans son infini bonté ou cruauté, avait décidé que la fin de mes jours et donc de ses souffrances n’était pas encore arrivée. Pendant plusieurs journées je luttai contre la douleur qui me rongeait, sombrant de longues heures dans une inconscience profonde. Puis le délire m’étreignait et de folles hallucinations m’emmenaient loin, loin de cette souffrance. Je finis par sombrer dans un coma profond d’où je n’émergeai que plusieurs jours plus tard, trempée et tremblante de froid.

Il faisait nuit et un épais voile noir recouvrait la forêt des Ombres. Il pleuvait et des gouttes froides venaient s’écraser sur mon corps meurtri, leur rythme cadencé semblait être un refrain interminable dans cette obscurité.
Avant même d’ouvrir les yeux, une douleur fulgurante me traversa le crâne. J’avais un goût amer dans la bouche, un goût de sang et de terre. Je tremblais de froid dans la nuit glacée, allongée sur la terre, ruisselante de pluie. Je ne bougeais plus parce que j’avais trop froid, trop mal. J’aurais voulu crier, appeler à l’aide, mais je n’avais pas assez de force. Je regardais le ciel qui déversait sa tristesse sur moi, sentant le froid mordant, sentant la pluie ruisseler sur moi. J’entendais le vent dans les arbres qui murmurait à mes oreilles. Je tentai de me relever mais j’étais trop faible, mes yeux se voilèrent peu à peu, en même temps je sentis ma mémoire s’effilocher, se défiler, je la voyais glisser à travers les filets de ma raison, impuissante et je finis par sombrer dans le néant.



hs Par Lya  le 29/08/2006 à 18:01

Alors que tous se demandaient s’ils n’étaient pas victimes d’hallucinations, Lya retomba soudain et se mit à pleurer. Elle enfouit son visage dans ses mains et laissa son chagrin s’exprimer. Les longs sanglots qui convulsaient son corps ne lui permettaient pas de parler. Elle pleura donc tout son saoul, sous l’œil ahuri des personnes présente.

Il lui arrive quoi, là, exactement ?

Peu à peu elle parvint à se calmer, reprenant pied avec la réalité. Elle releva la tête et souffla :

Ça y est… je me souviens…de tout… je me souviens de tout…

Kowu, remit de sa frayeur, se précipita vers elle, et la serra dans ses bras sans dire un mot. Lya tremblait de tout son corps, et ne cessait de murmurer, les yeux perdus dans le vide.

Je me souviens… je me souviens…

La tête enfouie dans l’épaule de Kowu, elle ne vit pas Riyareos ranger la lame qu’il avait sortie, ni Kyrion pénétrer dans le patio l'air tranquille. Necrid lui l’avait aperçu et s’avança vers lui.

Tiens, Kyrion !
Bonsoir, bonsoir.
Salut frérot !
C’est pas trop tôt…
De quoi ?
Tu vas pouvoir m'expliquer deux, trois choses concernant ta douce et tendre.

Kyrion ne comprenait rien de ce que lui racontait son frère et jetant un œil sur les personnes présentes, aperçut Lya, qui était trop dévorée par la chagrin pour se rendre compte de sa présence.

Lya ?
Calya… Calya… Elle a voulu m’aider… Elle a perdu la vie à cause de moi... Elle est morte à présent...

Kowu cessa de l'étreindre, et s’écarta d’elle légèrement pour pouvoir la regarder. Lya redressa alors son visage et chercha Riyareos des yeux. Le regard qu’elle planta dans le sien était triste et douloureux. Kowu s'écarta alors de Lya, tentant de reprendre ses esprits. Kyrion qui ne comprenait rien de ce qui se passait, observait la scène perplexe et ne savait pas trop comment interpréter la situation.

Tu le savais ? Tu savais ce qui c'était passé ?

Riyareos acquiesça d'un signe de la tête.

De quoi ? Mais que s'est-il passé ? Ça va Lya ? Que se passe t'il ?

Lya se releva péniblement, tandis que Kowu en profitait pour prendre la fuite, plus désorienté que jamais. Necrid quant à lui, observait en silence, jouissant du spectacle qui s’offrait à lui.

La jeune Sauvage s'avança jusqu'à Riyareos, en passant devant Kyrion et prit les mains de l'Olympien.

Je ne sais pas encore comment je vais pouvoir vivre avec ce terrible fardeau, et je comprend pourquoi il m’a été préférable de l’oublier, mais au moins je sais, et je te remercie d’avoir ôté le voile sombre qui obscurcissait ma vue…
Que...
De rien...

Kyrion respirait péniblement observant Riyareos et Lya.

Riyareos, expliquez-moi...

Lya attrapa la main de Kyrion et la serra fort. Elle le regardait, le visage ruisselant de larmes.

Je vais t'expliquer...

Kyrion serra la main tremblante de Lya. Il releva la tête ne sachant trop que faire. Lya saisit également le bras de Riyareos et les entraîna tous les deux vers la taverne.

J’ai besoin d’un remontant !

À ces mots, Necrid qui semblait endormi, se réveilla soudainement, afficha un somptueux sourire et prit la direction de la taverne.



Par Google  

olymp Par Kröh  le 29/08/2006 à 18:23

Magnifiquement incroyable...

Bref j'adore !



hs Par Lya  le 10/10/2006 à 22:35

Ben voilà merci pour les p’tits mots sympa. Je crois que je vais mettre la suite sur un autre thread car celui-là commence à être bien long…

Je sais que j’ai pris un retard monstre dans mes chros.. je vais essayer de rattraper tout ça…


Vous trouverez la suite ici : Une bien longue journée....