La rencontre | |
Topic visité 292 fois Dernière réponse le 13/09/2006 à 14:23 |
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Histoire datant de la Saison des Fruits de l'an 1900 du septième cycle selon le calendrier des elfes, écrite cinquante-et-un ans plus tard, durant les Longues Pluies.
Equipé de l'arc qu'on lui avait prêté, Here'al Tanuil se faufila à la lisière de la Forêt des Cendres. Un bruissement attira son attention. Tournant la tête, il scruta minutieusement le buisson qui, à quelques pas de là, semblait avoir tressaili. Plusieurs secondes s'écoulèrent sans que l'elfe n'entende ni ne voie quoi que ce soit. Un animal trop petit pour faire plus de bruit que cela n'est pas valable... Allons, continuons. *** J'aurais dû prendre garde à ces brindilles ! Enfin, il ne m'a pas vue, c'est le principal... Adossée contre un tronc qui la cachait des regards d'Here'al, elle retourna ses yeux sur lui, le dévisagea plus attentivement et put ainsi réaliser que sa première impression qu'elle avait eue quelques secondes auparavant était juste : il était beau. La jeune elfe avait du mal à quitter cette situation d'espionnage, mais elle devait revenir vers ses parents qui commençaient certainement à la chercher, un peu plus loin dans les bois. A regrets, mais néanmoins précautionneusement, elle quitta sa cachette et prit une direction différente de celle du jeune chasseur. *** Il continuait de marcher, l'oreille et l'oeil aux aguets, afin de trouver un gibier à ramener à sa famille. Un barouf soudain se fit entendre au loin dans les bois. Intrigué, Here'al se dirigea lentement vers l'endroit en question. *** - Ah, Maëlya, te voilà enfin ! Aide-nous donc ! C'étaient ses parents, qui fléchaient un sanglier. Celui-ci chargeait bien, mais ces elfes esquivaient sans cesse, avec une facilité déconcertante, les assauts de la bête. Maëlya tirait elle aussi. Cependant, ses pensées étaient trop prises par le jeune homme qu'elle avait rencontré pour pouvoir se concentrer efficacement. Est-ce que lui aussi chasse pour le plaisir ? J'en doute, on voit bien qu'il s'agit d'un elfe des Lunes. S'il traque du gibier, c'est à mon avis plus pour se nourrir qu'autre chose. Tandis que le sanglier, comprenant dans un éclair de lucidité que tout était perdu pour lui, décidait de prendre la fuite. Le temps que les trois elfes nobles montent sur leur cheval qu'ils avaient laissés un peu plus loin, la bête leur avait échappé. Maëlya s'en voulait, car c'était un peu de sa faute. Pour réparer ce manque au devoir et son honneur, elle décida de prendre la même direction que le sanglier et de l'achever tandis que ses parents avaient le dos tourné. Ils n'auraient jamais voulu qu'elle parte seule affronter pareil danger. *** Une course effrénée, venant de là où il allait lui, stoppa Here'al. Il vit un sanglier fort mal en point, percé de flèches, s'arrêter à quelques mètres de lui. Il ne l'avait pas remarqué. C'était sa chance. *** Maëlya tira sur les rênes et descendit de sa monture. L'arc à la main, elle progressait doucement sur le tapis d'humus recouvrant la Forêt. Elle vit le sanglier, allongé, visiblement en train de prendre du repos. Elle banda son arc... et du coin de l'oeil, à une dizaine de mètres de là, surprit un autre chasseur se rapprochant du gibier. En le détaillant un peu, elle reconnut l'elfe qu'elle avait épié un quart d'heure auparavant. Elle devait achever ce sanglier ou elle ne pourrait pas réparer son honneur. Mais lui chassait certainement pour manger, ainsi qu'elle l'avait pensé tout-à-l'heure. Le dilemme se poursuivit jusqu'à ce qu'elle vit le chasseur inconnu mettre le sanglier en joue. Maëlya déplia lentement le bras qui tenait la corde avec un petit sourire triste et observa le charmant elfe tirer sa proie, vérifier qu'elle était bien morte, puis entreprendre de le charger sur son dos (la bête était assez petite pour qu'il puisse se le permettre) et quitter la Forêt des Cendres. Elle mourrait d'envie de lui courir après. Mais pour quel motif aurait-elle fait cela ? Elle avait beau être assez généreuse pour laisser son honneur partir en fumée, elle ne s'abaisserait pas à venir ensuite courir après celui qu'elle avait laissé prendre une proie qui lui était destinée à elle... Ses parents arrivèrent, la tancèrent quelque peu puis, lorsqu'ils lui demandèrent où était le sanglier, elle se contenta de répondre : - Un autre chasseur m'a prise de vitesse. Prenez garde à ceux que le Monde dota de conscience ; ce sont les plus versatiles des êtres, et leur coeur peut cacher beaucoup de bien comme le mal le plus absolu. |
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Quelques saisons s'écoulèrent, puis...
Maëlya marchait de nuit, seule, aux abords de la Forêt, au sud-est de Na'helli et il lui restait encore du temps avant d'arriver. Elle devait aller jusqu'au domicile de sa tante afin de passer quelques jours chez elle et avait décidé de partir de suite. Elle avait parlé du jeune homme à ses parents, qui n'avaient pas apprécié que leur fille puisse avoir de l'intérêt pour un elfe des Lunes. Certes, tous les nobles ne pensent pas de la même façon, mais le père et la mère de Maëlya nourissaient un certain ressentiment vis-à-vis des elfes des Lunes. Quoi qu'il en soit, la jeune elfe avait décidé de s'éloigner un peu de ses parents afin d'éviter un conflit ouvert. Soudain, on la heurta violemment d'un coup d'épaule. Prête à s'emporter contre celui qui l'avait ainsi malmenée, elle eut le choc de se trouver nez à nez le chasseur qu'elle pensait avoir perdu. - Excusez-moi, mademoiselle, je ne vous avait pas vue dans cette noirceur. Je ne vous ai pas fait mal ? Les joues de Maëlya s'empourprèrent légèrement lorsqu'il lui porta son intérêt. - N... Non, ça va, merci. - Croyez bien que je suis confus de ce qui vient d'arriver. Me pardonnez-vous ? Maëlya n'avait pas perdu sa sagacité dans le trouble causé par l'inconnu. Elle décida d'utiliser le regret de l'autre pour arriver à ses fins. - Je le ferai... si vous décidez de m'escorter jusqu'à ma destination. Il fait bien sombre et je dois vous avouer que j'ai un peu peur... Prenez garde à ceux que le Monde dota de conscience ; ce sont les plus versatiles des êtres, et leur coeur peut cacher beaucoup de bien comme le mal le plus absolu. |
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Ce ne fut que peu de temps après que...
Les cris des enfants au passage des deux mariés, en habits de cérémonie, montés sur de majestueux cerfs, retentissaient comme un présage de bonheur pour bon nombre d'années. Les deux Adrakils du clan du Cerf avaient il y a quelques heures lié Maëlya à Here'al. Elle était passée du nom de Maëlya Eldana à celui de Maëlya Tanuil. Et le mariage s'était fait dans Kalimna, le village natal d'Here'al car, souvenez-vous, je vous ai dit que les parents de la jeune elfe ne voyaient pas d'un bon oeil qu'elle ait pu rencontrer un elfe des Lunes. Alors je vous laisse imaginer ce qu'ils ont dit lorsqu'il fut question de mariage... De fait, leur réponse fut cinglante : c'était eux ou Here'al. Si Maëlya était là, c'est bien évidemment qu'elle avait choisi Here'al... Mais elle ne se sentait pas d'humeur à pleurer sa séparation d'avec ses parents. Au contraire, une immense joie emplissait les tréfonds de son âme et elle le montrait bien à son nouveau mari. Son amour pour lui était total, intègre, fantastique. Et elle se sentait rayonnante, autant que le soleil lui-même. Les deux jeunes mariés finirent par arriver à leur tente, la plus grande de toutes, placée au centre du bourg. - Je ne suis pas vraiment habituée à dormir à même le sol, mon amour... Il va falloir que nous nous installions dans une maison au plus vite, lui dit-elle en l'enlaçant une fois qu'ils furent seuls. - Ne t'inquiète pas, Maë, je veillerai personnellement à ce que nous fassions construire la maison de tes rêves au coeur même du village. En attendant... Here'al embrassa Maëlya. Seule la lumière de la bougie put percer leur intimité... Prenez garde à ceux que le Monde dota de conscience ; ce sont les plus versatiles des êtres, et leur coeur peut cacher beaucoup de bien comme le mal le plus absolu. |
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youhou ! super ^^
T'écris vraiment bien here'al, ça se lit comme des ptits pains ^^ En plus maintenant, ça fait deux mariage elfes à la suite, c'est si beau l'amour... PS: ah oui pis j'ai vraiment adoré comment tu tourne ton texte avec l'alternance des différents point de vue ![]() "La féminité est un art de vivre !"
Elfe des Lunes/Adoptée des Loups/fille de Kowü/soeur de Labyala [Membre des Rôdeurs des Lunes avec Nippalur, Labyala, Khelefkin, Takila et Elwë] |
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Merci, ça fait chaud au coeur.
Mais c'est pas encore terminé ! Maintenant, le plus intéressant, ce qui détermine ma vie, reste encore à venir... Oui, c'est beau l'amour... Mais ne te prononce pas trop vite. Prenez garde à ceux que le Monde dota de conscience ; ce sont les plus versatiles des êtres, et leur coeur peut cacher beaucoup de bien comme le mal le plus absolu. |
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Cinquante ans s'écoulèrent. Mais...
Maëlya se sentait coupable... elle n'aurait jamais dû parler si sèchement à son mari. Le matin venait de poindre à l'horizon. Elle n'avait pas dormi de la nuit, ne faisant que se remémorer leur dispute, qui portait sur le même sujet que toutes les autres, inlassablement depuis trente ans au moins... L'envie d'aventure d'Here'al. - Non, je ne viendrai pas avec toi ! lui avait-elle dit. C'est pourtant simple ! Soit tu restes avec moi ici, soit tu pars sans moi. Maëlya savait bien qu'il ne s'en irait jamais sans elle. Et elle, ne voulait pas s'aventurer hors de Kalimna. C'était bien trop dangereux. Mais maintenant que le jour se levait, elle pensait sans cesse à ce désir qu'avait Here'al de partir. Depuis trente ans, elle le retenait prisonnier ici... Pourquoi voulait-elle rester ici, au juste ? Elle n'avait pas d'attache dans ce village, en dehors d'Here'al. Et puis, si dehors c'était dangereux, autant combattre et, le cas échéant, mourir avec celui qu'elle aimait plutôt que de savoir (ou non) qu'il s'était fait assassiner... Maëlya prit, ce matin là, une décision. - Here'al, je vais passer à Melirii (village elfe voisin de Kalimna, distant d'environ une lieue ; le trajet reliant les deux bourgs est le seul des environs à être protégé du brigandage), rapporter les nouvelles d'hier et d'aujourd'hui. Ensuite, j'irai voir mon amie Teärfala. Je ne serai pas rentrée avant ce soir. Elle mit peu de temps à retrouver le forgeron de Melirii. L'épée qu'elle y commanda serait prête pour la fin de la journée, lui dit-on. Durant tout le temps que le soleil traversa l'horizon, elle eut le loisir d'aller au centre du village glâner les habituelles nouvelles de tensions avec les olympiens, puis de déjeuner chez Teärfala. Elle avait ainsi moins l'impression de mentir à Here'al. Puis, le soir venu, elle rentra à la maison, l'épée sur l'épaule, enveloppée dans un linceul de satin. Mais la maison était vide. Maëlya aurait pu penser que son conjoint était de sortie, pensant rentrer avant elle... mais les elfes sentent lorsque quelque chose manque de manière définitive à un endroit. Ce fut le cas. Maëlya pressa le pas à l'intérieur de la maison et, prise d'une soudaine angoisse, lâcha son épée qui résonna à terre avec un sinistre tintement métallique et se mit à courir de pièce en pièce jusqu'à ce qu'elle aperçoive un petit rectangle de papier, posé en évidence sur leur lit. Tremblant de tous ses membres, priant tous les esprits totems et même tous les dieux de l'Olympe que ses craintes ne se confirment pas, Maëlya ouvrit la lettre. Maë, Je sais comment tu vas réagir en découvrant mon départ. Mais je t'assure, ce n'est pas par manque d'amour pour toi que j'ai quitté Kalimna. Je voulais goûter aux plaisirs de la route, ainsi que j'en rêve depuis mon enfance, ne serait-ce qu'une seule fois dans ma vie. Je ne te fuis pas et je te promets de rentrer très bientôt. Je voudrais juste que tu ne m'en veuilles pas... Je reviendrai. Je t'aime. Maëlya relit la lettre plusieurs fois de suite, les doigts tellement crispés dessus qu'elle finit par la déchirer. Elle attendit Here'al durant quelques semaines. Elle avait deux nouvelles à lui annoncer. Une bonne et une mauvaise. Le problème, c'est qu'il ne rentra pas aussi rapidement qu'elle le pensait (et le souhaitait) et la mauvaise nouvelle ne tarda pas à se muer en une très mauvaise nouvelle. Maëlya dut vendre la maison, elle ne pouvait plus l'entretenir seule. Puis, ses parents ayant, bien évidemment, refusé de lui ouvrir leur porte, elle fut obligée de mendier dans les rues de Na'helli pour gagner sa vie... et son alcool. Car l'elfe s'était plongée dans ce produit du Léthée afin d'oublier qu'Here'al l'avait abandonnée. Non, elle n'espérait plus le revoir. Non, même pas pour lui annoncer la bonne nouvelle qu'elle gardait secrète depuis quelques temps maintenant. Une bonne nouvelle qui, à son tour, ne put plus être qualifiée de "bonne", mais bien au contraire de "désastreuse". L'alcool avait causé des dommages irréversibles... Il n'y avait plus d'espoir qui tienne. Dans le bosquet proche de Kalimna, des hurlements quasi bestiaux déchirèrent l'air calme et frais de cette nuit de pleine lune. Maëlya, dans la position la plus humiliante qu'elle aie jamais dû supporter, accroupie au-dessus de la mousse, se maintenant à une branche d'arbre basse, laissait sortir d'elle un simulacre de vie. Une fois cette intolérable épreuve passée, elle put apercevoir, à la lueur de la lune, un petit monstre à demi-formé. Maëlya s'entacha les mains de sang à saisir le nourisson qui, en guise de premier (et dernier) cri, poussa un aigu et faible râle, avant d'expirer quelques secondes après sa venue au monde. On ne pouvait même pas savoir s'il s'agissait d'un garçon ou d'une fille. Seules ses mains étaient façonnées comme elles auraient dû l'être à la naissance. De rage, de douleur et de tristesse, Maëlya arracha le cordon ombilical qui la reliait à l'enfant mort-né à la seule force de ses bras, puis poussa un cri si terrible que depuis, les cerfs, qui l'avaient pris en affection, n'osent même plus s'approcher d'elle. Je ne vous ai pas dit que la couleur des yeux de Maëlya changeaient selon son émotion du moment ? Eh bien, cette nuit-là et durant un long temps après, ses globes oculaires devinrent translucides. Assez pour que l'on put voir les nerfs qui les reliaient au cerveau. Prenez garde à ceux que le Monde dota de conscience ; ce sont les plus versatiles des êtres, et leur coeur peut cacher beaucoup de bien comme le mal le plus absolu. |
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ah ben tout d'un coup, ça ne se lit plus comme des p'tits pains, là^^
ça donne même plus trop faim, cette histoire là!! mais ça reste génial quand même!! |
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// HRP : Bon, c'est fini... Que les joueurs connaissent l'histoire que j'ai donnée à Here'al, bien que la narration soit ici faite principalement du point de vue de Maëlya.
Cependant, j'ai dû modifier quelques petites choses... J'avais oublié qu'Here'al, avant que je ne le joue, n'étais jamais entré dans Na'helli, décision que j'avais prise avant de commencer à concevoir cette chro (vous me suivez ?). D'où, problème... Je raconte dans "Le Chemin du Départ" qu'Here'al arrivee à Na'helli pour la première fois. Mais comment cela est-il possible, me direz-vous, alors qu'il y a vécu pendant cinquante ans ? Eh bien, comme l'a si bien dit Nävis sur le forum Règles, TGCM... J'ai donc dû changer l'endroit où ont vécu Here'al et Maëlya. Ca va aussi me faire modifier mon historique, tout ça... Bref, si vous le désirez, relisez le dernier passage afin de vous tenir au courant... : HRP // Prenez garde à ceux que le Monde dota de conscience ; ce sont les plus versatiles des êtres, et leur coeur peut cacher beaucoup de bien comme le mal le plus absolu. |
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Moi je dit ,, PARFAIT ! |