Par Takila le 07/09/2006 à 21:36 Takila se réveilla ce matin-là dans la forêt des Cendres, à quelques pas des portes de Na’Helli. Elle se sentait un peu faiblarde, et pour cause, elle venait de passer presque toute la saison à souffrir de fortes fièvres, terrée dans un recoin de la forêt. Elle se réveillait juste d’un sommeil réparateur de deux jours entiers.
Elle décida de rentrer dans la cité faire un tour à l’auberge pour casser la croûte.
Histoire de récupérer complètement et retrouver la pêche…
Mais une fois à l’intérieur, c’est à peine si elle reconnu sa ville : Elle se trouva face à un bâtiment flambant neuf et en aperçut un second un peu plus loin derrière.
Une bousculade et un « pardon » firent refermer sa bouche béante. L’elfe qui venait de s’excuser portait l’extrémité d’une lourde pile de planches et se dirigeait vers un chantier autour duquel s’activaient une trentaine d’elfes enthousiastes.
Alors qu’il passait devant elle, elle entendit l’elfe qui portait l’autre bout de la pile maugréer :
En plus de ne pas lever le petit doigt pour Na’Helli, voilà que ces elfes des Lunes se mettent dans nos pattes pour nous retarder, maintenant…
Ecarlate et terriblement vexée, Takila ne trouva cependant rien à répondre.
Il a raison sur ce coup-là… On ne peut pas dire que j’ai été très présente pour les deux autres bâtiments…
Elle suivit alors les deux elfes, ramassa un marteau et se mit au travail. Mais son travail acharné n’arrivait pas à effacer le pincement qu’elle avait au cœur, et pendant les jours qui suivirent, à chaque coup de marteau résonnaient dans sa tête de sombres méditations :
Les elfes des Lunes aussi s’investissent pour leur cité… Il n’y a qu’à lever la tête et regarder autour pour le voir… C’est la ville de tous les elfes, pas seulement celle des nobles… Pourquoi nous méprisent-ils tous, à de rares exceptions près…
Comme si adorer à la fois une ville et des totems n’étaient pas compatibles ! Comme si avoir un comportement citoyen et aimer le grand air n’étaient pas complémentaires !
Elle ruminait d’autant plus qu’elle s’en voulait de n’avoir pas été présente à la construction des autres édifices…
Lorsque la dernière pierre fut posée, alors que tout le monde s’époussetait et se congratulait, Takila aperçut une jeune elfe haranguer ceux qui l’entouraient. Elle dressa l’oreille quand elle l’entendit parler d’elfes des Lunes et s’approcha, s’attendant à écouter les éternels propos méprisants à leur sujet.
Elle reconnu alors Nävis, pour l’avoir souvent entendu s’exprimer sous l’Arbre des murmures et faire preuve d’intérêt pour l’évolution de Na’Helli.
Nävis était en train de parler d’un camp prônant l’entente entre elfes nobles et elfes des Lunes et encourageant l’investissement pour sa cité… Elle était en train d’exprimer exactement les idéaux qui comptaient le plus pour Takila, d’autant plus exacerbés par ses pensées de ces derniers jours !
A la fin du discours de Nävis, elle resta un instant songeuse puis couru à la suite de la jeune elfe qui lui indiqua gentiment le chemin du campement des Rôdeurs des Lunes.
Takila y fit la connaissance du chef Syrius et de ses élèves. Le sage l’emmena ensuite face à un mur de son bureau où étaient placardés les différents enseignements qu’il proposait, afin qu’elle en choisisse un. Après les avoir tous lu, elle désigna sans hésiter l’enseignement de l’œil invisible.
Je me suis toujours dit qu’il fallait développer ses points forts…
Syrius lui dit alors:
Bien. Demain tu ferras ton premier entraînement. Je ne t’enseignerai rien cette fois-là, il est destiné à tester ton corps et ton esprit. Sois à l’entrée du campement à l’aube.
Les deux Titans commençaient juste à poindre quand Takila arriva au lieu de rendez-vous. Syrius était là et l’attendait de pied ferme…
- La ponctualité n’est pas ton point fort on dirait… Faudra améliorer ça !
- Mais les Titans sont juste en train de se lever ! C’est bien le définition de l’aube, non ?
- Et forte tête, avec ça… Tu commences bien…
Il lui désigna alors deux baluchons chargés de diverses choses.
Test d’endurance. On y va.
Et il se mit en route.
Euh… Je prends les deux sacs ?
Mais il était déjà en marche. Elle en prit donc un dans chaque bras et s’empressa tant bien que mal de le rejoindre. Quand elle fut à son niveau, il se mit à parler :
L’aptitude à marcher le plus longtemps possible est la base de l’enseignement. Elle est toujours susceptible de servir. Traquer des ennemis où qu’ils aillent, en perdre dans la forêt… Si tu n’as pas un minimum de vitesse, tu ne peux pas prétendre affronter un adversaire digne de ce nom. Ni faire partie des Rôdeurs des Lunes ajoute-t-il en lui lançant un regard sévère, alors qu’elle tentait de mieux placer les deux sacs qui lui donnaient des crampes aux bras. Elle déglutit difficilement et essaya de marcher un peu plus vite…
Titan I était déjà couché et Titan II était bien bas dans le ciel d’Olympia lorsqu’ils revinrent au campement, l’un toujours aussi frais, l’autre rouge comme une pomme. Syrius regarda Titan II s’approcher de l’horizon et déclara :
C’est bon.
A ces mots, Takila s’écroula au pied d’un buisson sans avoir la force de poser d’abord ses sacs, qui lui broyèrent donc au passage quelques côtes.
Mais c’est juste la limite ajouta-t-il en la regardant reprendre son souffle en repoussant les sacs et en massant ses côtes douloureuses. Et la limite, c’est pas suffisant. Tâche d’être plus rapides ces prochains jours.
L’idée de demander à Syrius pourquoi fixer une limite si celle-ci n’est pas suffisante traversa l’esprit de la jeune elfe, mais elle était trop fatiguée pour faire la réflexion à voix haute.
De plus, le sage reprenait la parole :
Autre chose… Demain, les Rôdeurs des Lunes seront divisés en deux groupes de travail pour les trois jours à venir. L’un ira couper du bois pour Na’Helli, l’autre ira explorer la région située au Nord de Na’Helli entre la forêt et le marais à l’Ouest de la rivière. Tu accompagneras l’un des deux groupes. Tu as une préférence ?
Takila hésita un instant. Un voyage couronné d’une exploration serait une partie de plaisir pour elle, mais d’un autre côté, sa connaissance de la forêt, comme tout elfe des Lunes, serait sûrement plus utile au service de Na’Helli pour des travaux forestiers…Elle répondit donc :
- Je préfère couper du bois.
-Bien. A demain, donc.
Et Syrius rentra dans le camp.
Le lendemain matin, quelques minutes avant le lever des Titans Takila était au pied du campement avec un sac rempli d’outils (haches, pioche, cordages…), fière et surprise d’être la première arrivée.
Au fur et à mesure que la nuit s’éclaircissait, elle ne fut plus que surprise… puis inquiète…
A l’instant même où Titan I se montrait timidement, elle entendit une voix derrière elle :
Aujourd’hui il n’y aura ni travaux forestiers, ni exploration.
Elle se retourna et se trouva nez à nez avec un Syrius arborant un sourire malicieux et portant les deux sacs de la veille à bout de bras.
Je voulais te tester pour voir où tu en étais avec la Guilde des Voyageurs et ton goût de l’exploration, et si tu ne risquais pas de revenir sur ta décision.
Tu as donc réussi les tests, ton corps et ton esprit sont à la hauteur de ce que nous attendrons d’eux sur ce campement. Maintenant, finis les tests ! On passe à l’entraînement et à l’enseignement !
Et il lui déposa les deux sacs dans les bras, en plus de son sac plein d’outils.
Partagée entre la joie d’être admise au sein des Rôdeurs des Lunes et le sentiment de s’être fait roulée pour les travaux dans la forêt, elle n’en suivit pas moins le sage, le cœur léger d’avoir réussi les tests, et le corps lourd de trois sacs surchargés…
Elle décida de rentrer dans la cité faire un tour à l’auberge pour casser la croûte.
Histoire de récupérer complètement et retrouver la pêche…
Mais une fois à l’intérieur, c’est à peine si elle reconnu sa ville : Elle se trouva face à un bâtiment flambant neuf et en aperçut un second un peu plus loin derrière.
Une bousculade et un « pardon » firent refermer sa bouche béante. L’elfe qui venait de s’excuser portait l’extrémité d’une lourde pile de planches et se dirigeait vers un chantier autour duquel s’activaient une trentaine d’elfes enthousiastes.
Alors qu’il passait devant elle, elle entendit l’elfe qui portait l’autre bout de la pile maugréer :
En plus de ne pas lever le petit doigt pour Na’Helli, voilà que ces elfes des Lunes se mettent dans nos pattes pour nous retarder, maintenant…
Ecarlate et terriblement vexée, Takila ne trouva cependant rien à répondre.
Il a raison sur ce coup-là… On ne peut pas dire que j’ai été très présente pour les deux autres bâtiments…
Elle suivit alors les deux elfes, ramassa un marteau et se mit au travail. Mais son travail acharné n’arrivait pas à effacer le pincement qu’elle avait au cœur, et pendant les jours qui suivirent, à chaque coup de marteau résonnaient dans sa tête de sombres méditations :
Les elfes des Lunes aussi s’investissent pour leur cité… Il n’y a qu’à lever la tête et regarder autour pour le voir… C’est la ville de tous les elfes, pas seulement celle des nobles… Pourquoi nous méprisent-ils tous, à de rares exceptions près…
Comme si adorer à la fois une ville et des totems n’étaient pas compatibles ! Comme si avoir un comportement citoyen et aimer le grand air n’étaient pas complémentaires !
Elle ruminait d’autant plus qu’elle s’en voulait de n’avoir pas été présente à la construction des autres édifices…
Lorsque la dernière pierre fut posée, alors que tout le monde s’époussetait et se congratulait, Takila aperçut une jeune elfe haranguer ceux qui l’entouraient. Elle dressa l’oreille quand elle l’entendit parler d’elfes des Lunes et s’approcha, s’attendant à écouter les éternels propos méprisants à leur sujet.
Elle reconnu alors Nävis, pour l’avoir souvent entendu s’exprimer sous l’Arbre des murmures et faire preuve d’intérêt pour l’évolution de Na’Helli.
Nävis était en train de parler d’un camp prônant l’entente entre elfes nobles et elfes des Lunes et encourageant l’investissement pour sa cité… Elle était en train d’exprimer exactement les idéaux qui comptaient le plus pour Takila, d’autant plus exacerbés par ses pensées de ces derniers jours !
A la fin du discours de Nävis, elle resta un instant songeuse puis couru à la suite de la jeune elfe qui lui indiqua gentiment le chemin du campement des Rôdeurs des Lunes.
Takila y fit la connaissance du chef Syrius et de ses élèves. Le sage l’emmena ensuite face à un mur de son bureau où étaient placardés les différents enseignements qu’il proposait, afin qu’elle en choisisse un. Après les avoir tous lu, elle désigna sans hésiter l’enseignement de l’œil invisible.
Je me suis toujours dit qu’il fallait développer ses points forts…
Syrius lui dit alors:
Bien. Demain tu ferras ton premier entraînement. Je ne t’enseignerai rien cette fois-là, il est destiné à tester ton corps et ton esprit. Sois à l’entrée du campement à l’aube.
Les deux Titans commençaient juste à poindre quand Takila arriva au lieu de rendez-vous. Syrius était là et l’attendait de pied ferme…
- La ponctualité n’est pas ton point fort on dirait… Faudra améliorer ça !
- Mais les Titans sont juste en train de se lever ! C’est bien le définition de l’aube, non ?
- Et forte tête, avec ça… Tu commences bien…
Il lui désigna alors deux baluchons chargés de diverses choses.
Test d’endurance. On y va.
Et il se mit en route.
Euh… Je prends les deux sacs ?
Mais il était déjà en marche. Elle en prit donc un dans chaque bras et s’empressa tant bien que mal de le rejoindre. Quand elle fut à son niveau, il se mit à parler :
L’aptitude à marcher le plus longtemps possible est la base de l’enseignement. Elle est toujours susceptible de servir. Traquer des ennemis où qu’ils aillent, en perdre dans la forêt… Si tu n’as pas un minimum de vitesse, tu ne peux pas prétendre affronter un adversaire digne de ce nom. Ni faire partie des Rôdeurs des Lunes ajoute-t-il en lui lançant un regard sévère, alors qu’elle tentait de mieux placer les deux sacs qui lui donnaient des crampes aux bras. Elle déglutit difficilement et essaya de marcher un peu plus vite…
Titan I était déjà couché et Titan II était bien bas dans le ciel d’Olympia lorsqu’ils revinrent au campement, l’un toujours aussi frais, l’autre rouge comme une pomme. Syrius regarda Titan II s’approcher de l’horizon et déclara :
C’est bon.
A ces mots, Takila s’écroula au pied d’un buisson sans avoir la force de poser d’abord ses sacs, qui lui broyèrent donc au passage quelques côtes.
Mais c’est juste la limite ajouta-t-il en la regardant reprendre son souffle en repoussant les sacs et en massant ses côtes douloureuses. Et la limite, c’est pas suffisant. Tâche d’être plus rapides ces prochains jours.
L’idée de demander à Syrius pourquoi fixer une limite si celle-ci n’est pas suffisante traversa l’esprit de la jeune elfe, mais elle était trop fatiguée pour faire la réflexion à voix haute.
De plus, le sage reprenait la parole :
Autre chose… Demain, les Rôdeurs des Lunes seront divisés en deux groupes de travail pour les trois jours à venir. L’un ira couper du bois pour Na’Helli, l’autre ira explorer la région située au Nord de Na’Helli entre la forêt et le marais à l’Ouest de la rivière. Tu accompagneras l’un des deux groupes. Tu as une préférence ?
Takila hésita un instant. Un voyage couronné d’une exploration serait une partie de plaisir pour elle, mais d’un autre côté, sa connaissance de la forêt, comme tout elfe des Lunes, serait sûrement plus utile au service de Na’Helli pour des travaux forestiers…Elle répondit donc :
- Je préfère couper du bois.
-Bien. A demain, donc.
Et Syrius rentra dans le camp.
Le lendemain matin, quelques minutes avant le lever des Titans Takila était au pied du campement avec un sac rempli d’outils (haches, pioche, cordages…), fière et surprise d’être la première arrivée.
Au fur et à mesure que la nuit s’éclaircissait, elle ne fut plus que surprise… puis inquiète…
A l’instant même où Titan I se montrait timidement, elle entendit une voix derrière elle :
Aujourd’hui il n’y aura ni travaux forestiers, ni exploration.
Elle se retourna et se trouva nez à nez avec un Syrius arborant un sourire malicieux et portant les deux sacs de la veille à bout de bras.
Je voulais te tester pour voir où tu en étais avec la Guilde des Voyageurs et ton goût de l’exploration, et si tu ne risquais pas de revenir sur ta décision.
Tu as donc réussi les tests, ton corps et ton esprit sont à la hauteur de ce que nous attendrons d’eux sur ce campement. Maintenant, finis les tests ! On passe à l’entraînement et à l’enseignement !
Et il lui déposa les deux sacs dans les bras, en plus de son sac plein d’outils.
Partagée entre la joie d’être admise au sein des Rôdeurs des Lunes et le sentiment de s’être fait roulée pour les travaux dans la forêt, elle n’en suivit pas moins le sage, le cœur léger d’avoir réussi les tests, et le corps lourd de trois sacs surchargés…
L'esprit prime la force
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