Est-ce la mort ? | |
Topic visité 211 fois Dernière réponse le 16/11/2006 à 18:58 |
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HRP : Pour une version des faits plus réaliste et objective, voir ici.
Introduction à l’Enfer La Grande Chasse avait pris fin. Ils transportaient tous des grands sacs pleins de gibier, ainsi que des morceaux du serpent qu’ils avaient réussi à tuer. Tout cela leur permettrait de faire un bien grand banquet à leur retour en forêt. Kowü restait étrangement silencieux, comme préoccupé. Lorsque Haldir appela à l’aide, attaqué par Constantin, son sang ne fit qu’un tour et il se précipita avec les Chasseurs pour occire le Sombre Exécuteur, qui avait commis l’erreur de s’attaquer à l’un d’entre eux. Alors qu’il lançait les sorts qui furent fatals, Kowü semblait être dans un état second. Pas vraiment conscient qu’il tuait pour la seconde fois de sa vie, pas vraiment conscient de ce qui l’entourait. Il agissait, comme mu par un étrange réflexe, comme un automate. Pourtant, dans son esprit, la rupture que causait ce geste était bien présente. Lorsque les Sombres Exécuteurs et les Chasseurs entrèrent en conflit, il combattit toujours dans cet état de demi inconscience, et il ne se rendit que très peu compte du fait que Kiba puis Haldir venaient de perdre la vie. Cependant, alors qu’un des adversaires s’en allait rejoindre Hadès, Loprinien qui commandait la troupe des Quatarite hurla : « Kowü !!! Trop de sang coule, chez nos deux confréries. Le seul fait qui m'importe est de venger notre maître mais je pense que ce si peut être régler plus vite et avec de moindre conséquences, par un duel entre nous deux, sans interventions de nos confrères. » Décidément, trop de monde sur Olympia connaissait son nom, bien que cela ne l’étonna guerre de la part de ceux qui l’avaient jadis envoyé rejoindre l’Enfer bien contre son gré. Cette fois, les choses seraient différentes. « Un duel ? » La réalité s’imposa à son esprit. La voix qu’il avait entendue dans le marais avait causé chez lui les plus graves appréhensions, lui faisant perdre la réalité des choses de vue. Il se trouva détestable d’avoir tué Constantin, bien que celui-ci le méritait sans doute. Ce meurtre… Cette voix… En lui quelque chose se brisa. Il parla d’une voix glacée, chargée de d’un panel de sentiment tel que la haine, la colère, le désespoir, la rancoeur… « J’imposerai les conditions alors. Vous laissez les Loups et Chasseurs partir sans plus les importuner. Le reste des Sombres Exécuteurs se retirera vers Quatar. Une dernière règle : n'ayant rien contre vous si ce n'est que Constantin avait agressé l'un des nôtres, je vais faire très simple : le duel, qui sera un duel à mort, commence dès maintenant, et je vous promets de ne rien faire pour me défendre. » Les mots lui étaient venus à l’esprit tout seul. Il était brisé, et rien ne pourrait jamais le reconstruire. Il se haïssait autant qu’il avait haï Maelinda, et il se réservait le droit d’avoir le même sort qu’elle… Sur un ton dédaigneux, la voix monotone, un sourire se dessinant sur son visage : « En somme, vous laissez les miens partir, les vôtres se retirent sans plus de pertes, et vous avez un duel gagné d'avance. N'est-ce pas merveilleux ? Acceptez vous les termes de ce duel ? » « J’accepte. » |
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Je m'etais jurer de ne pas mourire dans ce conflict ridicule, j'ai eu tord. ^^ |
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L’Enfer
I] Tuer sans voix Il ouvrit ses yeux, et il ne vit rien. Absolument rien. Il n'y avait rien à voir. L'Enfer s'étendait à perte de vue, comme la dernière fois, plein de cavernes sombres, le Styx en face de lui. Des âmes attendaient le passeur, et il en reconnu certaines qui étaient déjà présentes la dernière fois. Ou elles n'osaient quitter cette zone de transition, dans l'espoir de retourner un jour parmi les vivants, ou elles avaient perdu la raison, faute d'espoir ou d'argent pour payer le passage. Kowü sourit. Enfin il était parvenu à mourir, trop las du monde qui l'avait hébergé. La cassure dans son esprit avait fait l'effet d'une bombe qui avait dévasté tous ses idéaux et ses espoirs, ne laissant place qu'au néant. Il s'était senti trop vide pour vivre. Kowü était bel et bien mort. Il n'avait pas eu le courage d'annoncer la vérité aux autres Loups. La voix dans le marais, elle ne l'avait pas agressé, et pourtant elle lui avait causé tant de douleur. La voix était celle de Lytharion, son Chaman, son père spirituel, celui qui l'avait formé. Qu'il ait pu l'entendre ne pouvait signifier qu'une chose : le Chaman du Clan du Loup avait péri dans ce marais, et ses ossements gisaient probablement parmi la bourbe et la fange. La foi en la vie de Kowü venait de mourir. Et puis il avait eu vent d'une autre terrible nouvelle : Lya avait péri. Son esprit déjà meurtri venait de recevoir un autre coup, et il avait quitté la réalité, cherchant à fuir ce corps pour ne plus ressentir la souffrance. Le Kowü amoureux perdait à son tour la vie. Lorsque enfin il eut le courage de réintégrer son esprit, il avait commis l'irréparable : il avait tué, pour la deuxième fois. Tué en défendant un des siens, mais tué, contre tout ce en quoi il croyait. S'en étaient suivi d'âpres combats qui achevèrent Kowü le pacifique. Ne resta plus qu'une coquille à demi vide, ne portant plus que l'empreinte de ce qu'il avait combattu pendant tant d'année : la colère, la haine, la peur, le désespoir... Kowü, celui qu'il avait été jadis, n'était plus. Dans sa tête, malgré son sourire, la colère contre Olympia, cette terre meurtrière et traître, lui fit prononcer cette malédiction : « Puisse mon sang incendier la plaine sur laquelle il a été répandu, empoisonner chairs et eaux ! » D'un pas ferme et résolu, sortant de ses poches une pièce d'or, une seule, qui lui autoriserait le passage vers l'éternité. Mais alors qu'il s'approchait du groupe d'âme, celles-ci reculèrent, lui laissant semblait-il le passage vers le Styx. Etrange. Quelle était cette mise en scène ? Hadès était-il si pressé de le compter parmi ses hôtes ? « Te revoilà ! Je savais que je te reverrai ! » Il sursauta, et lança un regard glacé dans sa direction et il répondit d'une voix venimeuse : « Juunian, ainsi tu n'es pas capable de nager ? Ou Charon refuse-t-il de te prendre à cause des odeurs que tu dégages ? » « Tais-toi ! Tais-toi ! Cette fois ci, tu es seul ! Plus de femme pour te sauver ! Et je compte bien me nourrir de ta vie ! » L'air menaçant, son vieil ami s'approcha de lui. Il était pâle comme les morts, et ses yeux étaient cernés de noir. Il se mit à rire en voyant que Kowü ne faisait aucun geste pour s'échapper. « Pauvre fou ! » Il saisit les bras de Kowü, comme si en lieux et place de ses mains il possédait des serres. Alors qu'il fermait les yeux, en proie à l'extase d'aspirer la chaleur de l'esprit de Kowü, celui-ci se dégagea brusquement, et il saisit Juunian à la gorge. Il serra et souleva la pauvre âme en peine allégée de toute sa substance, alors que la vie s'écoulait de son bras vers le coup de Juunian. Celui-ci grimaçait, ruait de coups, mais ne parvenait pas à se dégager. « Je suis mort, Juunian ! Et cette fois pour l'éternité ! Sens tu cette vie qui coule en toi ? La sens-tu ? » « Agh... » « Sens-tu cette chaleur ? » « ... » « Sens-tu la souffrance désormais ? Ah qu'il est ironique que tu ais peur de moi alors que ce ma vie que tu prends pour toi ! Mon pauvre Juunian. » Disant ces mots, il avançait vers le Styx, et au loin on apercevait une légère clarté qui se rapprochait. Juunian comprit ce qui allait se passer, et tenta de se débattre, mais les sensations que l'obligeait à ressentir sa vie nouvelle, cet étouffement, l'empêchait de se défendre. Les yeux révulsés de terreur, il lança un regard en coin vers le passeur qui arrivait. Kowü le jeta dans la barque, alors qu'en lui se reconstituait la flamme de la vie. Charon s'adressa à Juunian. « As-tu de quoi payer ton passage ? » D'un geste dédaigneux, Kowü lança sa pièce à Charon. « Il a de quoi le faire. » « Non ! Non ! Je ne veux pas ! Je ne veux pas y aller ! » « Ta place est payée, il est trop tard ! » La barque fit mouvement, alors que Juunian hurlait à pleins poumons : « Je me vengerai ! Je me vengerai ! » Lorsqu'il eut disparu, Kowü lança un regard appuyé sur les autres âmes, qui reculèrent, sentant que cette fois ci sa chaleur resterait à lui. D'un pas vif, il s'éloigna, et il alla s'asseoir sur une pierre lisse tout près de la paroi. |
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HRP// Je compte bien poster ma version des faits, tu as oublié d'écrire certaines chose... Sinon joli plume ![]() |
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HRP/ J'ai rien oublié ![]() ![]() ![]() II] Devenir sourd Que lui restait-il maintenant ? Le Kowü amoureux était mort, on enfoui dans son esprit. Il priait pour que sa relation avec Lya reste la même, que leur fraternité perdure, mais il avait peur d'avoir perdu trop de lui même pour cela. La paix et Olympia n’avaient plus d'importance pour lui, sa vie n'avait plus de sens, plus aucune saveur. Tout avait perdu sa substance. Même les voix, ô combien nombreuses et dangereuses, qui pimentaient jadis sa vie en lui semant des embûches n'étaient plus là. Il avait détruit Maelinda comme Juunian, les deux derniers liens avec l'ancien Kowü Il était vide. Une coquille vide qui cependant refusait d'abandonner la vie. La mort ne lui faisait pas peur, mais il avait peur pour les autres. Peur de les savoir entrain de souffrir de sa disparition. Que ferai Lya ? Que deviendrai les Loups ? Non, non ! Plus de pensées coupables ! Il n’était pas responsable des souffrances des autres ! Que se serait-il passé s’il n’avait pas combattu les voix ? Serait-il devenu plus « normal » en tuant son prochain comme tout un chacun sur cette planète ? Serait-il finalement mort, grignoté par elles ? Et Maelinda, aurait-elle accompli sa terrible vengeance ? Serait-elle parvenue à la paix ? Maelinda. Il l’avait tuée. Dans sa tête, il se sentait seul, perdu dans l’obscurité des Enfers. Dans sa tête résonnait « Kowü est mort. » tant et si bien qu’il crut un instant qu’elles étaient revenues. Il chassa de sa tête toutes les pensées qui lui rappelaient qu’à une période de sa vie, il avait été Kowü. Il devint sourd à la tentation de les laisser revenir. Il enfoui tous ses sentiments, ses rêves derrière une montagne d’indifférence. Un vestige seul de son passé persistait, ruine instable perdue et dont il ne trouvait plus le chemin : l’amour qu’il portait à Lya, dernier lien, dernier maillon de la chaîne qui n’avait pu se briser. |
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III] Voir le passé pour mieux le perdre de vue
Lentement, il se leva, et décida de ne plus regarder le Styx. Il ne voulait pas penser au chemin qu’il allait suivre. Cherchait-il une raison pour revenir ? Non ! Il ne reviendrait pas ! Il ne voulait pas ! Pourtant, il s’enfonça dans une des cavernes dans la paroi, tournant dos au Styx et s’éloignant de la possibilité de payer le passeur pour rester à jamais hôte de ces lieux. Il observa les murs luisant d’humidité où parfois poussait comme une mousse qui dégageait une forte odeur de pourri. L’Enfer vivait malgré la mort, ou plutôt parce que la mort appréciait la puanteur que cette vie dégageait. Il parcourut les cavernes, tournant au hasard, finissant par totalement perdre le sens de l’orientation et ne plus savoir où il se trouvait par rapport au Styx. Il perdit toute notion de temps, la fatigue ne se faisant pas sentir. Parfois, le passage devenait étroit et il devait se plaquer contre la paroi, d’autres fois, il progressait à quatre pattes. Son allure était lente, et il semblait presque apathique et inconscient du monde qui l’entourait. Il atteignit sans vraiment s’en rendre compte le Styx, ayant sans doute tourné en rond sans s’en rendre compte. Retour au point de départ. « Kowü ? C’est toi ? C’est bien toi ? » La voix parlait avec inquiétude. Elle était douce et envoûtante, et il était certain de l’avoir reconnue, qu’elle appartenait aux limbes de son passé. Il fit volte face, si soudainement que l’autre recula d’un pas. « Ty… Tyneth ? » Elle sembla soulagée de voir qu’il l’avait reconnue, et elle se rapprocha de lui. Sans qu’il ne puisse rien faire, elle l’étreignit, et il sentit la chaleur de leur deux corps se mêler quelques instants. Il resta bouche bée. Jamais il avait été si proche d’elle, même dans ses rêves les plus fous, il conservait une distance. « Kowü. Je t’ai tout de suite reconnu. » « Tu m’as reconnu ? Mais je croyais que… » « Que je ne faisais pas attention à toi ? Tu étais le seul qui ne me court pas après tout le temps. Je ne voulais pas que cela change. J’appréciais cette distance respectueuse entre nous. » Il se dégagea. Ainsi, parce qu’il n’avait pu vivre pleinement ce qu’il ressentait pour elle, elle en était venue à l’apprécier ! Et maintenant qu’il le savait, ils étaient morts. « Ce que tu as fait, tout à l’heure avec Juunian, était si courageux. Et moi qui te prenais pour quelqu’un de timide. » Il resta silencieux, ne comprenant plus rien. « Quand je suis arrivée ici, il m’a attaquée et il disait que je servirais d’appât. Il disait qu’il voulait te tuer. Enfin, c’est comme ça que j’ai compris que tu… Enfin… » Elle sembla rougir, malgré sa pâleur morbide. « J’ai deviné la vérité… » Elle savait ! Elle savait ! Ce fut comme un feu d’artifice dans sa tête ! Elle ne lui avait pas dit qu’elle ne ressentait rien pour lui ! Il sourit, alors que l’ancien Kowü criait dans sa tête « Je suis là ! » en reprenant peu à peu confiance. « Depuis combien de temps es-tu ici ? » « Je suis arrivée il y a deux saisons… Juunian m’a retenue avec lui. J’ai cru que personne ne me délivrerait. Et puis les autres, oh les autres, ils me regardaient. Je savais qu’ils voulaient ma vie. Et puis quant tu l’as renvoyé, je me suis enfuie… Je suis restée cachée car j’espérais ton retour. » « Je suis là maintenant. Et nous allons sortir d’ici. Je te le jure. » Elle l’enlaça à nouveau, et il répondit à son étreinte, partageant son feu intérieur avec le sien. Kowü venait de ressusciter ! Soudain, il eut une sensation glacée en lui. Cette sensation il la connaissait bien. Sa vie s’écoulait vers le corps de Tyneth qui la réclamait. Elle le lâcha et recula, terrifiée. Il lui semblait qu’il allait pleurer de rage et de désespoir. « Non ! Non ! Ce n’est pas possible ! » « Que se passe-t-il Kowü, que se passe-t-il ? » « Pourquoi, Hadès ?! Pourquoi ?! » Elle se pétrifia. Elle venait de comprendre. « Pourquoi me laisses-tu ma chance alors que tu retiens ici tous ceux que j’aime ?! Lytharion d’abord, Galou ensuite et maintenant Tyneth ? Luwö aurait-il passé un pacte avec toi pour que vous vous acharniez ensembles à m’arracher les seules choses qui apaisent ma vie ? » Elle resta silencieuse, alors qu’il continuait à maudire à la fois Luwö et Hadès. Lorsqu il se tut, le visage déconfit, les yeux emplis de tristesse, elle fixa son regard au sien, et elle lui dit : « Kowü… Je suis désolée… » « Pourquoi faut-il que tu partes ? » « Il le faut, Hadès l’a décidé… » « Mais… » Il ne put rien dire de plus et il l’enlaça une dernière fois, offrant une parcelle de sa vie à la femme qu’il avait jadis aimée. Il ferma les yeux, sentant douloureusement s’écouler ce flot de chaleur entre leurs corps. Elle déposa un baiser sur sa joue, sur son front mais lorsqu’elle s’apprêta à l’embrasser, il se déroba. Elle baissa les yeux et lui assura d’une voix triste et monocorde qu’elle comprenait. Trop longtemps loin l’un de l’autre, il en aimait une autre, d’un amour plus fort encore. Avec un dernier au revoir, elle s’en fut vers le Styx et paya d’une pièce d’or son passage vers son séjour éternel. |
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