Tourments ? | |
Topic visité 418 fois Dernière réponse le 06/01/2007 à 13:15 |
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(Cette chronique est la suite de Une bien longue journée...)
Lya était allongée dans l’herbe, elle faisait une pause avant de retourner à la grotte. Elle allait partir en guerre, elle le sentait tout au fond d’elle. Comment en était-elle arrivée là ? Assassinée par l’un des ses amis… Laissant son esprit vagabonder, elle fit un long retour en arrière et se remémora ce qui lui était arrivé tout au long de cette année pas comme les autres… Depuis ce fameux jour... où Riyaréos lui avait fait retrouver son passé… Elle avait changé… Doucement au début, quelques excentricités dans son comportement, à peine perceptibles. Peu à peu, elle était devenue une autre, tant moralement que physiquement… Cela faisait quelques temps déjà qu’elle fréquentait Kyrion, mais depuis qu’elle avait découvert son passé, elle était devenue distante, repoussant ses marques de tendresse et de gentillesse. Ne supportant plus le regard compatissant et empreint de pitié de Kyrion, Lya avait commencé à se dévaloriser à ses propres yeux. Elle avait décrété que son passé d’esclave et les humiliations qu’elle avait vécu avaient sali son corps et son âme. Elle se sentait souillée à jamais. Inconsciemment, elle s’était mis à penser qu’elle ne le méritait pas, qu’une fille des rues comme elle, n’était pas digne de la pureté et de la loyauté du Consul. Ne laissant évidemment aucunement le choix au pauvre Kyrion, Lya s’était engagée dans une voie sans retour. S’éloignant peu à peu de lui, elle s’était rapprochée de son frère, Necrid. Tous les opposait, Kyrion, la glace, était sage, brave, compatissant et généreux, un elfe idéal, alors que Necrid, le feu, était tourmenté, impétueux, déchainé et inébranlable. Necrid, n’éprouvait jamais de pitié… pour personne et encore moins pour elle. Lorsqu’il la regardait elle se sentait bien, juste elle-même. Avec lui, elle avait pris l’habitude de noyer sa peine et sa douleur dans l’absinthe, elle qui n’avait pas bu une goutte depuis son amnésie… L’alcool et l’humour de Necrid étaient parvenus à lui faire retrouver le sourire. Finissant de se convaincre de son statut de traînée, elle avait poussé le vice jusque dans ses bras, concrétisant par l’adultère l’opinion qu’elle avait d’elle-même. Les souvenirs de Lya n’étaient pas très clairs, elle ne se rappelait que par intermittence et flashs des événements qu’elle avait vécus. Paradoxalement, elle se souvenait parfaitement de la première fois où elle s’était rendu compte de sa métamorphose. C’est en se réveillant ce matin-là, dans la chambre de la taverne, au creux des bras de Necrid qu’elle s’était transformée pour la première fois. Debout, dans la chambre, face au miroir, elle voulu crier mais aucun son, aucun mot ne sortit de sa bouche. Seules ses lèvres remuaient, tandis qu’elle regardait cette femme à la peau laiteuse et aux cheveux noirs de jais qui la regardait, se demandant fiévreusement ce qui lui arrivait. ![]() Mais l’image avait disparu aussi soudainement qu’elle était apparue et Lya s’était persuadée qu’elle l’avait rêvée… Et puis tout s’était enchaîné très vite, Kyrion les avaient surpris avant qu’ils n’aient pu lui parler, il avait mal réagit, violement et la colère et la haine qu’il avait ressenti avaient achevé de détruire les derniers fragments d’estime que Lya pouvait avoir encore d’elle-même. C’est donc avec délice qu’elle s’était laissée entraîné dans les abîmes sans fond de la décadence et de la déchéance, s’enfonçant de plus en plus profondément dans un comportement autodestructeur des plus dangereux. La journée elle faisait illusion, conservant avec dignité son statut de Conseillère, mais la nuit, une autre Lya prenait vie. Elle était devenue reine dans l’art de la simulation et du paraître. Personne, excepté Necrid ne pouvait deviner les tourments qui ne la quittaient pas. Le sourire toujours aux lèvres, un verre d’absinthe dans une main et les fesses de Necrid dans l’autre, Lya paraissait juste profiter de la vie de manière excessive. Kowu avait été mis en prison et pour l’instant, n’ayant pas l’autorisation de le voir, personne n’était là pour la faire revenir dans le droit chemin. A cette époque, Lya ne changeait d’apparence que lorsqu’elle était seule. Mais peu à peu ses sentiments prirent le pas et elle se mit à changer d’aspect involontairement sous le coup d’émotions puissantes. Laissant les personnes présentes frappées de stupéfaction. Il lui fallu un moment avant de se rendre compte elle-même de ses transformations et de comprendre les réactions des autres. Pourtant elle ne parvenait pas à interpréter ce qui lui arrivait. Pourquoi changeait-elle ainsi d’aspect ? Elle savait qu’elle avait le don de polymorphisme comme tous ses frères et sœurs, mais c’était inhabituel, pour ne pas dire rare de voir un Homme ou une Femme Sauvage changer d’apparence une fois l’âge adulte atteint. Inconsciemment elle se mit à lutter contre l’apparition de cet autre « elle » qui l’effrayait et en même temps l’intriguait. Mais sans le savoir, cette lutte l’entraîna malgré elle dans les affres de la dépression. Elle s'éteignait doucement, perdant peu à peu toute volonté de vivre... Les confrontations avec Kyrion étaient de plus en plus difficiles, il lui était insupportable de voir la souffrance qu’elle lui avait causée, ce qui accentuait son état déjà bien dépressif. Un soir, après une énième prise de bec avec le Consul, Lya plus déprimée que jamais, ne pouvant plus résister à l’appel du monde obscur et souterrain d’Hadès, sans réfléchir commença à préparer un poison, qu’elle versa dans son verre. |
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Woaouh ! ![]() |
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Lya n’avait pas très envie de se remémorer ce passage si noir de sa vie, mais elle se laissa entraîner par le fil des souvenirs et se retrouva quelques saisons plutôt dans la taverne de Bouli, le verre empoisonné à la main.
Elle ne surprit pas le regard de Kyrion qui, loin de se douter de ce qu’elle faisait, s’interrogeait sur ses affairements. Alors qu’elle s’apprêtait à la porter à ses lèvres Kyrion avait gelé le liquide sans dire un mot. Lorsqu’elle s’en rendit compte, Lya balança le verre et son contenu dans la cheminée, énervée de ne même pas être capable de se suicider discrètement. Elle sortit au patio, et plus déterminée que jamais voulu recommencer la préparation du poison. Mais sa besace médicinale était à court d’herbe létale. C’est alors que, désespérée, son regard se perdit sur sa dague effilée qui était accrochée à sa cheville. Elle la prit dans les mains, et resta un long moment à la regarder, comme hypnotisée par la lame étincelante. Les émotions emplirent à nouveau son esprit, et au moment précis où elle allait s'enfoncer la dague dans la poitrine, Necrid, poussa violemment la porte du patio en hurlant son nom, ce qui fit qu’elle rata son cœur. L’Elfe était suivi de près par Kyrion. La colère mêlée de la peur pouvait se lire dans leurs yeux. Un instant ils crurent être arrivés à temps, mais Lya laissa tomber la dague ensanglantée. Elle chancela devant les deux frères interdits, et doucement elle s’effondra. Elle n’avait pas peur. La mort l’appelait de toutes ses forces, la paix et la félicité l’envahissait avec une rassurante quiétude. Elle ferma les yeux et se laissa sombrer. Elle ne sut jamais comment les frères Hîr-Minuial, la sortirent de là, ni la peur qu’ils ressentirent, ils se gardèrent bien de le lui avouer… Quelques heures plus tard, elle s’était éveillée, une horrible douleur dans la poitrine, un grossier bandage lui barrant le buste, et les deux frangins qui la veillaient, unis dans leur combat contre sa mort. La honte d’avoir échoué, l’avait alors dissuadée de recommencer. Lya se rappela que sur l’instant elle n’avait pas voulu croire que la peur ressentie par Necrid était bien réelle. Elle était loin d’imaginer qu’il pouvait ressentir un quelconque attachement pour elle. Elle en avait prit conscience quelques jours plus tard, alors qu’elle était venue retrouver son amant à la taverne de Bouli. |
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HRP : Comme toujours : Lya, Kyrion, Necrid.
Necrid était déjà là, mais Kyrion aussi était présent. Contrariée, Lya entama sa soirée par un quelques verres d’absinthe comme elle en avait prit l’habitude depuis quelques temps. Pourtant ce soir là, elle ne put les garder et se précipita à la fenêtre pour les rendre. Les frères Hîr-Minuial, échangèrent immédiatement un coup d’œil, persuadés d’assister à nouveau à une tentative de suicide. Mais Lya les détrompa immédiatement, en leur assurant que ce n’était pas le cas. Elle répondit qu’elle n’avait pas avalé de poison, et qu’elle devait sûrement couver quelque chose, car cela faisait plusieurs jours qu’elle ne se sentait pas très bien, elle avait des nausées et des vertiges le matin au réveil. Si elle avait été sobre, elle aurait sûrement saisi le sens de ses paroles où surpris le regard effrayé des deux frangins. Mais, l’esprit plus qu’ailleurs elle entreprit de se resservir son liquide préféré. Elle n’eut bien sûr pas le loisir de le boire car Necrid avait arrêté son geste d’une poigne ferme et Kyrion avait gelé son verre et la bouteille par la même occasion pour assurer le coup. Noooooon !!! Lya les regarda consternée, depuis quand l’empêchait-on de boire ? Nan mais ça va pas la tête ? Les deux Elfes la dévisageaient également atterrés. Necrid fut le premier à rompre le silence pour lui demander si elle réalisait ce qu’il lui arrivait. Kyrion s’était assis dans un coin de la taverne l’esprit gambergeant à toute vitesse. Necrid faisait les cent pas tandis que Lya essayait de comprendre de quoi il parlait. Lya, n’y mettant visiblement aucune bonne volonté, focalisait sur le verre qu’on lui avait interdit de boire. Necrid perdait patience alors que Kyrion, se voyant déjà père, semblait avoir perdu l’esprit et fixait l’âtre sans feu de la cheminée. Depuis quand tu n’as plus… euh… ‘fin voilà quoi… Lya mit un certain temps à comprendre de quoi parlait Necrid et se mit à réfléchir, devenant de plus en plus pâle au fur et à mesure qu’elle comptait les lunes. Lorsqu’elle réalisa qu’elle était visiblement enceinte depuis plus d’une saison, un autre souci vint s’ajouter… le calcul l’amenait le jour où elle avait trompé Kyrion avec Necrid… Qui était le père ? |
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Necrid qui s’impatientait n’eut pas besoin qu’elle réponde à sa question pour savoir que Lya était dans l’incapacité de lui fournir un éclaircissement sur l’identité du père de l’enfant qu’elle portait dans son ventre.
La jeune Femme Sauvage porta instinctivement la main à son ventre prenant peu à peu conscience de l’ampleur des événements que cela impliquait. Comment allait-elle élever un enfant… Un fils... C’était un fils, elle le savait, elle le sentait… Elle ne pouvait pas quitter Luminae, pas pour l’instant, son statut de conseillère l’obligeait à conserver une vie Luminéenne. Mais elle ne pouvait pas l’élever seule. Quel que soit le père, aucun des deux frères ne renonceraient à Na’helli… Et puis elle n‘avait pas envie d’un enfant… pas maintenant… Qu’allait-elle devenir ? Elle en était là de ces digressions lorsque Necrid attrapa sa besace médicinale en lui demandant ce qu’elle contenait et si elle était en possession de quelque chose qui réglerait le problème. Kyrion fut sur pied en l’espace d’un instant, visiblement horrifié, par l’idée soulevée par Necrid. Lya non plus ne semblait pas emballée, ce que Necrid sous-entendait était tout simplement un meurtre à ses yeux. La tête lui tournant, l’atmosphère l’étouffant, Lya sortit prendre l’air dans le patio. Il fallait qu’elle réfléchisse, elle savait qu’elle devait prendre une décision, et peut-être même prendre en considération les paroles de Necrid. Mais sa réflexion fut de courte durée, les deux frères entrèrent à leur tour dans le patio en se querellant. Ils discutèrent longuement tous les trois, mais rien ne venait débloquait la situation. Kyrion voulait un enfant mais pas de Lya, Lya en voulait un mais plus tard et Necrid n’en voulait pas. C’est ce dernier qui finit par trancher annonçant qu’il tuerait l’enfant de ses mains s’il venait au monde. Lya ne put supporter cette vision, et sut ce qu’elle avait à faire. Dans un état second, elle leur tourna le dos et s’éloigna quelques peu. Sa main glissa et trouva le chemin jusqu’à sa cheville où se trouvait la dague qu’elle avait utilisée plusieurs jours plutôt pour tenter de mettre fin à ses jours et ses tourments. Kyrion et Nec, s’étaient rapprochés et continuaient la discussion houleuse sans pour autant se mettre d’accord. Bien qu’elle soit au centre de leur dispute, ils ne faisaient pas attention à elle. Lya, les larmes ruisselant sur son visage, caressa son ventre et adressa un adieu silencieux à son fils qui, elle le savait à présent, ne verrait jamais la lumière du jour. Prenant son courage à deux mains, elle dirigea la dague vers le petit renflement qui commençait déjà à naître sur son ventre et enfonça la lame jusqu’à la garde, étouffant un gémissement de douleur. La souffrance qu’elle ressentit la sortie de sa torpeur, et elle ouvrit de grands yeux effrayés lorsqu’elle comprit son geste. |
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Elle s’empressa de retirer la dague, qui libéra un flot de sang. Affolée, Lya lâcha la lame qui tomba dans un bruit métallique sur le sol, attirant l’attention des deux frères sur elle.
Nec se précipita auprès d’elle et l’aida à s’allonger, tout en la blâmant du regard. Nan, mais ça va pas la tête, t’es vraiment pas nette… C’est une bonne décision que tu as prise… Mais il y avait d’autres façon de faire… plutôt que de te planter une lame dans le bide… ha j’te jure… !!! Ses mots sonnaient justes et témoignaient de sa colère, mais ses yeux trahissaient l’inquiétude qui l’étreignait. Nec… J’veux pas mourir… aide moi… S’il te plait… J’ai froid… Lya ferma les yeux et sentit un doux bienêtre l’envahir peu à peu. Le sang s’échappant de sa plaie, formait une flaque d’une chaleur réconfortante sous elle. Elle se sentait glisser doucement. Nec la secoua lui ordonnant de garder les yeux ouverts et de rester avec elle. Lya qui sentait la vie s’échappait hors d’elle rouvrit les yeux, se perdit dans ceux de l’Elfe et s’y accrocha. La volonté de Necrid était telle qu’elle parvint à lutter contre la douleur et put donner des instructions à son amant pour qu’il la soigne. Une fois qu’elle se sentit hors de danger, elle s’abandonna complètement dans les bras de Necrid et s’endormit. Lorsqu’elle se réveilla, son ventre la faisait énormément souffrir, elle craignait l’infection. Necrid l’avait déposée dans une des chambres de l’auberge avant de partir travailler. Il était en plein procès de Kowu. Kowu… Lya rouvrit soudainement les yeux et fut éblouie par le soleil froid de l’Engourdissement. Il ne la connaissait plus… Elle ferma les yeux avant d’être submergée par une vague de tristesse et replongea dans ses souvenirs, se laissant porter au gré des images et sentiments qu’ils évoquaient. Lya, brûlante de fièvre, enleva le pansement de la blessure qu’elle s’était elle-même infligée et nettoya la plaie avec attention. Mais malgré tout, son instinct, lui indiquait que cela ne serait pas suffisant. Ses connaissances en soin étaient limitées, elle n’avait pas encore pu suivre les cours à l’école de magie qui lui permettraient de se guérir rapidement. Elle se pansa et se mit en route. Elle retournait voir Kowu à la prison. Lors de sa première visite, il s’était passé quelque chose. Kowu était enfin sortit de sa folie, et il avait décidé d’emprunter une nouvelle voie. Il lui avait avoué qu’il l’aimait et cela la rendait malheureuse car elle savait qu’elle ne pourrait jamais l’aimer de la même manière que lui. Mais ce n’était pas sa priorité, elle devait tout d’abord le faire sortir de là. Et, il n’était pas une mince affaire que de prouver qu’il avait retrouvé sa santé mentale et qu’il n’était plus un danger ni pour les autres ni pour lui-même. Aussi en forme ou pas, il fallait qu’elle se rende à la prison où la rejoindraient, un peu plus tard Kyrion et Necrid, pour discuter de l’éventuelle sortie de son ami. |
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C'est très beau Lya ![]() J'attends la suite ! |