Toute cette sombre histoire a commencé à Héliké pour Aislinn lorsque une rumeur sourde portée par un vent d'Est vint lui annoncé ce sombre présage :
Une mine retirée...elle regorge de cristaux!!.... Pour longtemps, Aislinn aurait à ce souvenir de ce que piaffait nombres d'elfes. Mais là où beaucoup avait envie de sauter de joie, Aislinn ressentit une sournoise angoisse lui serrer le coeur...
Aislinn était au nord d'Héliké pour "affaires" à l'aube de cette histoire. "Affaires", le mot est peut-être un peu mal choisis, en fait, ce fut une improbable sanction envers deux rocs négligeants qui allaient, dans le labeur d'un long sourçage, s'exécuter par la volonté de l'Oracle...l'elfe, en réalité, n'était là que pour récupérer le bénéfice de ce labeur, un dédommagement en quelques sortes mais qui avait plu à Aislinn, pas tant pour le dédommagement en lui même, mais pour la satisfaction qu'il apportait d'être considéré avec respect par les plus hautes instances de Zagnadar.
C'était devenu un fait pour l'elfe; La curiosité bienveillante du caracal pour les géants n'était pas mal perçue et même des relations d'une grande courtoisie s'étaient installées. un premier lien venait de se tisser...
...Jusqu'à ce que cette rumeur ne prenne corps. Corps sans substance mais à la puissance insoupçonnée; il ne lui fallut que quelques jours pour exciter les ambitions elfiques et amener aux plus graves des décisions :
Nous marcherons sur cette grotte! Pour Na'Helli!
A l'annonce de cette nouvelle et du cauchemar qu'elle impliquait, Aislinn l'impopulaire perdit pied : Frapper l'ami de la veille, était idée insupportable pour l'elfe mais s'opposer à l'entreprise par amitié, le ferait bannir et transgresserai les ordres donnés. Un appel était lancé, criminel et traître serait celui qui n'y répondrait pas.
La fin du travail approchait déjà pour les deux rocs Dak et Kolloceus. Bientôt, les chemins se sépareraient et les soirées passées à faire connaissance ne seraient qu'un souvenir désuet, souillé par la réalité infâme d'impératifs militaires et économiques. L’elfe ne le voulait point. Mais Aislinn, comme citoyen, n'avait d'autres choix que de se plier aux décisions des consuls aussi rebutantes soient-elles. Nulle échappatoire n'était possible.
En proie aux idées les plus perplexes, une idée sournoise vint à l'esprit du filou : "Tout le monde suivra alors mais certains seront plus longs que d'autres...je dois d'abord essayer de jouer mes quelques cartes!"
Ainsi, ce fut d’une plume, tremblante, que le vagabond écrivit ces quelques mots à l’Oracle :
"Salutation Hardaway,
Grand oracle, écoute moi....
Je ne t'apprendrai rien en te disant que Na'Helli marche comme un seul elfe vers une grotte miraculeuse. Je me doute que tu préférerais en garder les richesses pour éviter de voir Na'Helli s'enorgueillir d'une arrogance nouvelle avec la puissance que peut nous donner cette grotte.
Mais je te conjure de réfléchir à ma proposition; permet un libre accès à Na'Helli à cette grotte, dédaigne comme moi cette guerre qui déformera les rictus des visages de part et d'autres...Tu l'as compris, je ne la souhaite pas mais à l'opposé de toi, je n'ai aucun pouvoir sur les miens déterminés qu'ils sont à prendre ce qui n'est pas moins à vous qu'à nous...
Ne crois pas que je trahisse les miens mais je refuse la fatalité qui consiste à accepter la guerre avant d'autres alternatives...Une entente tacite à été possible avec les nains, en serait-il autrement avec les enfants de la Montagne? Je ne préfère pas le croire....
Je ne te cache pas que le Caracal se sent déchiré entre l'amitié profonde que nous portons pour ceux de ta race et l'amour des miens....
Alors Hardaway, je te le demande, y a-t-il un espoir ?"
L’essai était audacieux ; outre le fait que l’initiative ulcérerait tous les nae’helliens, Hardaway et Aislinn n’était pas pour ainsi dire ‘ami’ bien qu'ayant déjà eu affaire l'un avec l'autre, mais l’elfe nourrissait néanmoins le secret espoir que le respect réciproque qu’il se portait pourrait amener à désamorcer une situation bien pénible.
"Il fallait essayer" Se rassura encore Aislinn, effrayé d’apparaître comme un traître pour son initiative, alors que le courrier partit.
La réponse arriva 6 jours plus tard et fut lue avec avidité par le chef de file du caracal devant ses compagnons à l’écart des géants qui sourçaient maintenant pour leurs propres comptes. En voici les mots exacts :
"Salut Aislinn,
Sache déjà que j'apprécie ta démarche de dialogue. Cependant, pour répondre à ta principale question, je dirais que l'espoir est quasiment inexistant.
Il est exact que je redoute la puissance que pourrait donner cette ressource à votre peuple, parce que vous n'êtes tout simplement jamais d'accord entre vous, sauf lorsqu'il s'agit de tomber sur quelqu'un.
D'autre part, votre fratrie avec les Sauvages, qui trouvent leur place dans mon estime à peu près à hauteur d'un mauvais rhume de foin, n'apporte pas des points en faveur d'un libre accès aux cristaux, qui se retrouveraient comme par enchantement dans leurs stocks à eux en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.
Alors si les Nains s'illusionnent encore sur les conséquences de leur neutralité à court terme, je fais le choix d'un peu plus de réalisme, quand bien même je n'y verrais que des rivières rouges.
Cordialement."
Aislinn venait de jouer ses premières cartes. Mormus avait été la première, Hardaway la seconde. Toutes deux sans succès bien qu’HArdaway avait, lui, daigné répondre. Il faudrait trouver autre chose.
" J’ai été arrogant de croire que mes maigres contacts auraient suffit à résoudre le problème qui s’annonce" Se reprocha souvent l’elfe.
Simultanément à cette réponse était venu le temps de dire au revoir aux géants présents ; la route était longue d'Héliké à la ville pour revendre les ressources, la mage humaine avait été signalée quelques lieux au Nord et un vent de guerre exigeait urgemment le rassemblement des elfes en bordure Est de la forêt. Il devenait ainsi impératif de prendre congé d’Héliké et des jovials compagnons qui avaient partagés la garde du camp. C’est un Aislinn bien désabusé qui repris la route : Comment lutter contre le courant sans risquer de se noyer épuisé ?
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Il ne fallut que quelques jours aux caracals pour atteindre les lisières de la forêt des Cendres. Et par un coup du hasard, c’est une présence intimiste de rebelles avec les limites de la forêts qui fournirent à Aislinn, une carte à jouer supplémentaire ; aucunement dans l’idée cette fois d’arranger le conflit qui s’annonçait avec les géants mais bien pour perdre du temps tout simplement, pour trouver à s’esquiver d’un conflit qu’Aislinn prenait en horreur.
« Rebelles dans le coin, les gars. On les diperse ! » Les elfes du caracals planquèrent leurs précieuses ressources et s’évanouirent comme des ombres pour bientôt fondre sur eux. Aislinn jubilait, l’excuse était là, offerte gentiment par les sbires de Dakon un peu trop téméraire : nous devons défendre nos bois d’une approche rebelle, profitant de l’opportunité de voir Na’Helli dégarnie. Imparable….du moins, aurait-on pu le croire.
De fait, Aislinn fut vite doublement déçu ; la consule désavoua l’initiative immédiatement mais plus douloureux, Dakon réagit avec force et organisation au point de se permettre le luxe d’inverser les rôles et de faire d’Aislinn et de ses compagnons des proies improbables. L’impopularité d’Aislinn fit le reste, aucun elfe ne viendrait s’occuper de cette histoire et ce n’est pas le cynisme noir du vagabond qui allait permettre de se rallier des alliés de circonstances, encore moins ses menaces sous-entendues d’émeutes.
Nouvelle tentative et nouvel échec. Les choses apparaissaient clair dorénavant : Tous les regards de Na’helli étaient braquer à l’Est, loin à l’horizon. Aislinn ne leur ferait pas en démordre et plus important que tout, l’elfe pourrait encore moins s’esquiver.
Après quelques jours au marché à revendre les bibelots usagés et ressources acquises, il fut décidés par tout le Caracal d’aller enfin au point de rendez-vous à l'Est de la forêt, dernière étape avant la traversée de la grande plaine où, par temps de grand soleil, il était possible d’apercevoir à l’horizon Nord les contours de pics rocheux complétant pour chacun la silhouette massive de la grande montagne, mère-protectrice de tous les géants. Aislinn, aigri de se savoir la main forcée, ne pouvait plus se permettre de perdre encore du temps sous peine d’éveiller les soupçons. Il était temps de partir…grand temps.
Et ce fut ce même jour de grand départ à travers la plaine qu’Aislinn envoya ses dernières lettres, une pour chaque géant pour qui le caracal était redevable ou portait profondément en amitié.
A Hardaway, l’elfe envoya ceci :
" Salutation Hardaway,
Je ne t'ai point répondu de suite, point par discourtoisie mais simplement par perplexité et hésitation. Je maudis la situation dans laquelle je me trouve. Et j'ai bien peur de ce qu'elle va amener comme malheurs. Néanmoins, je n'ai pas le droit à une abstention hypocrite.
Dans ces conditions, c'est avec une réelle peine que je me vois le porteur des nouvelles suivantes :
Je t'annonce que nous porterons avec des pieds de plomb les armes contre les tiens. Je me doute que te dire futilement qu'aucun caracal n'y trouvera une quelconque allégresse et aucune joie à faire aussi cruel acte ne changera en rien la situation. Il n'y aura qu'une honte salissante, à la mesure de la curiosité insatiable que le Caracal porte aux tiens, pour nous attendre sur ce champ de bataille. Je hais les miens d'agir ainsi mais je ne peux leur tourner complètement le dos, il en va de la survie des miens.
Je ne souhaitais pas voir nos rapprochements si dédaigneusement balayer par le destin mais celui-ci nous a joué un bien vilain tour. Nous porterons le poids de cette faute bien longtemps, et je t'en demande pardon à l'avance, Oracle.
Aislinn"
A Penn, Kolloceus et Dak Tirak, ainsi qu’aux sourceurs, fut envoyé un simple message signifiant simplement qu’en témoignage de l’amitié qu’il y a entre eux, le caracal se promettait pour sa part d’ignorer leurs présences sur un champ de bataille tant qu’ils feraient de même. Aislinn ne savait pas bien si la réciproque serait tangible mais il se sentait soulagé d’avoir été honnête et droit jusqu’au bout. Aislinn rappela aussi qu’il ne leurs indiquerait plus les chemins les plus sûrs pour qu’ils puissent éviter des patrouilles elfes qui les repéreraient ou non, ne pouvant pas se permettre de jouer d’hypocrisie avec les siens ce qui pourrait être pris pour de la trahison en ces temps de guerre.
Le caracal se mit dès lors en marche, contraint et forcé par un destin joueur. A contrecœur, Aislinn avait pris sa décision : les elfes du clan se battront pour une mainmise sur cette grotte avec un acharnement à la hauteur du respect éprouvés pour ces géants.
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Ce fut au lendemain du premier bivouac qu’une nouvelle surprenante tomba dans l’oreille d’Aislinn de la bouche d’un retardataire qui s’était joint au groupe d’armes : "
Comme je vous le dis ! Ils prétendent que cette grotte est un de leur sanctuaire ! Mais en vérité, ils trouvent des prétextes pour pas que l’armée de Na’helli l’investissent cette grotte! Eh ben, y’s gourent les cons ! On va les démolir et prendre notre dû !" Aislinn eut un haut le cœur.
Pourquoi ne m’en suis-je pas douter ? …. Ce fut une missive inopinée d’Hardaway qui coupa court à la reflexion. Aislinn l’a lu, comme toujours, à haute voix devant les siens :
"Salut Aislinn,
À dire vrai je n’attendais pas autre chose de toi. Tu agis avec ton peuple, ça m'parait logique.
Je n’oublie pas ton amitié avec les Sourceurs et les 2 lascars des Rocs qui sont allés passer un bon moment chez vous, mais là on en est à se foutre sur la tronche, ben ma foi c'est la vie. On a chacun nos raisons, les Eléments feront l'tri.
Tu sais honnêtement ch'pense pas que les Géants vont bien s'en tirer de tout ça, mais à un moment donné faut se décider. On a choisi la voie en accord avec notre conscience, on aurait pu en choisir une autre plus facile et menacer le Pacte avec nos Protecteurs, ce n'était pas acceptable.
Beaucoup de ton peuple et des Sauvages sont méprisables à faire croire à une légitimité plus forte que la nôtre sur cette grotte. Personnellement je m'en tape qu'ils se fassent passer une nouvelle fois pour les victimes à venir nous pourrir la face à 4 contre 1. J'attendais pas mieux d'eux façon. Si j'étais toi je n'aurais pas honte de mener cette attaque ni de défendre les intérêts de mon peuple, mais j'aurais honte de tout l'emballage moisi qu'il sort pour s'en justifier.
Bref, à l'heure actuelle nous sommes ennemis, mais tu as tout mon respect pour tes initiatives et ta franchise. Tu n'as pas non plus d'excuse à me faire.
Que les Eléments nous permettent de voir un meilleur lendemain, au delà des rivières rouges.
Hardaway, Oracle de Zagnadar."
Les elfes du clan éprouvèrent un grand respect à la lecture de la lettre, et un peu plus de peine d’aller combattre mais la décision était prise. Point de tergiversation ou de retour en arrière possible fussent-ils dans leur sanctuaire.
Il s’ensuivit de longues journées de voyages lorsque des coups de tonnerre lointain assourdirent avec force le Ciel et le Terre.
Les dieux manifestaient-ils là leurs présences ? En témoins réjouis d’une guerre qui s’annonçaient longue et douloureuse?…On aurait été tenter de le croire encore longtemps si quelques heures plus tard, les nouvelles qui arrivèrent n’avaient pas été porteuse d’aussi cruelles explications…
" Les dieux sont avec eux !! En vérité, ils utilisent une arme mortelle qui explose à notre proximité, son feu brûlant dévore peau et vêtement, son bruit assourdissant rend sourd et la vapeur empoisonnée qui s’en dégage asphyxie quiconque a le malheur d’être présent….Nous ne sommes pas prêt d’investir cette grotte, on a été dispersé comme poussière au vent ! La consule, elle-même, est tombée des mains d’un boucher mais nombres des nôtres, plus nombreux encore, sont sévèrement blessés !...Les géants rient de nous et les nains se battent à leurs côtés, les Anes sont rompues ! "
Le témoignage du coursier était effrayant. Tous les témoins étaient secoués et marquaient en lettre de feu dans leurs esprits le nom de ce nouvel engin de mort : grenade. Le coursier avait déjà repris sa route chargé qu’il était de mettre au courant chaque elfe croisé lorsque Aislinn lui hurla décontenancé : « En ont-ils beaucoup ? »
« Des dizaines… des centaines …ils ont la mine ! » La réponse du coursier glaça le sang d’Aislinn qui détourna instinctivement le regard vers Zagnadar, cet adversaire improbable qui semblait posséder une magie du feu étrange et puissante au point de vaincre en masse des elfes. Aislinn, se ressaisissant, tiqua quelques secondes, se concentra et vit au loin de minuscules tâches se déplacer vers le Sud-Est…L’elfe le sut immédiatement, l’heure de prendre ses responsabilités venait se présenter à lui comme à tous ceux présents qu’il soit du clan de l’Ours, Rôdeur des lunes, sentinelle ou encore gardien des Cendres…
« Compagnons, Voyez au loin ces géants au pied de Zagnadar qui partent en renfort des leurs à la grotte !
Aislinn se retourna pour continuer : « Ils ne doivent jamais arriver où nos pertes seront encore plus lourdes ! »
HRP : merci à Deflagrator de m'avoir permis de poster ici.
Par Deflagrator le 06/12/2006 à 22:36
Par 
Par Aislinn le 07/12/2006 à 22:12