Un jour normal, en Luminae, Elisenda était assise à même le sol, à raconter une histoire à quelques jeunes garçons et filles du peuple sauvage.

Kazu était un homme sauvage comme tout les autres, commun et unique, il allait et venait, parfois dans la forêt des Ombres, parfois en dehors. Il avait peut être un défaut, celui d'être trop curieux, cela lui valut bien des ennuis, et je m'en vais vous en compter un qu'il m'a raconté, j'essayerai de passer outre le moins de détails possibles.

Un matin, Kazu avait décidé de prendre un bain, c'était une décision peu habituelle, mais tout de même, cela arrivait une fois par semaine, cette fois, c'était trois jours après le dernier, comme s'il avait eu un présentiment. Profitant du silence autour du fleuve de Gaïa, il se mit donc à l'ouvrage, grand bien lui fasse, il en resorti un peu plus tard, et se mit en route, comme s'il n'était pas dégoulinant, il savait qu'il sècherait aussi vite en courant qu'en se frottant aux arbres.

Il marcha donc dans la forêt, puis en sorti, sans vraiment se soucier de la direction qu'il prenait, il approcha une petite montagne, et quelle ne fut pas sa surprise quand il découvrit un tunnel, mais quel tunnel, trop étroit pour un olympien, mais assez large pour une tortue dont la carapace faisait deux mètres de diamètres.
Il aurait pu aller prévenir ses frères, il aurait du, même, mais il était trop curieux, de plus, il aurait oublié la position, il avait beau ne pas être spécialement futé, il se connaissait très bien pour sa distraction, aussitôt arrivé, il ne saurait même plus dans quelle direction partir pour redécouvrir la grotte.

Il entra donc, à 4 pattes, profitant bien de sa souplesse pour éviter les parois et le plafond trop bas, cependant, il remarqua souvent des traces de sang et divers coups dans la pierre, on aurait dit que ça avait été creusé, mais ce n'était pas une méthode commune, comme si on s'était amusé au fil des ans à donner soit des coups de botte bien protégée et que de nombreux blessés se réfugiaient dans cette grotte.
Là, il hésita, persécuté par sa curiosité et par sa peur en même temps, il continua à avancer, toujours bien prudent par rapport à la pierre qui se montrait toujours un peu plus dangereuse, ruée de coup ou décorée de sang pourpre.

Quelle ne fut pas sa surprise quand il entendit des cris et qu'il vit de la lumière, aussitôt, il s'arrêta, la curiosité se cacha derrière le mur de sa peur, un instant au moins... Il reconnu rapidement le langage utilisé, cette antre n'était pas celle d'aventuriers blessés, et par les multiples jurons qui résonnaient, on pouvait reconnaître le langage nain. Mais qu'est-ce que des nains faisaient là, étaient-ce eux qui étaient blessés ? En sa qualité d'homme généreux, il s'avança encore, il savait qu'il ne s'approcherait pas des nains, êtres cruels et violents, mieux valait éviter de se faire voir.

Il arriva à un croisement, les cris venaient de la gauche, il prit le chemin de droite, sans savoir où il allait, il entendait toujours les voix, mais moins violemment, où allait il arriver, guidé par ce sentiment qui peut se montrer parfois si dangereux ? Il aurait bien vite la réponse : il tomba après quelques dizaines de secondes de marche dans une réserve de bière... En même temps, il entendit des voix s'approcher... En même temps qu'un « POK » bruyant, suivit aussitôt d'un « AÏEU »...

Caché derrière un tonneau, il pria Gaïa pour ne pas se faire repérer.

« Crévindiou, faudrait retravailler le tunnel, j'arrête pas de prendre les murs. »
« C'est pasque tu tiens pas assez à la bière. »
« Tu parles, c'est qui qu'a pas su rentrer seul chez lui hier ?  »
« C'était qu'une fois ! »

Ils arrivèrent dans la réserve, et Kazu vit se réaliser l'un de ses cauchemars :

« É, tu sens pas un truc louche ? Une odeur de fauve ! »

Kazu ne sourcilla pas, terrifié

« C'est toi qui pue le fauve vieux, allez aide moi. »

Le premier grommela quelque chose que Kazu ne put identifier, et les deux nains s'en allèrent, transportant sans doute un tonneau de bière, qu'ils accompagnèrent d'un nouveau « POK », suivit du même « AIEU » que précédemment...

Kazu s'enfuit, et jura qu'il ne rentrerait plus de sitôt dans une grotte naine...

Jusqu'à la prochaine fois... au moins...

J'espère que vous avez apprécié cette histoire, je ne maîtrise pas parfaitement le nain, mais c'est ce qu'il m'a raconté lui, maintenant, filez, je vous compterai peut être une histoire de Kazu un autre jour .

Les enfants s'en allèrent, observé par Elisenda qui ne put réprouver un sourire, disparurent entre les arbres, s'adonnant à un jeu.