Première Partie - Trahison

Il y a de cela plusieurs mois…

Un convoi nain traversait les terres d’Olympia, au bord des plages de la Mer d’Emeraude, avec pour destination leur vaillante capitale, Kazad A Gorog. Ils possédaient dans leur besace de nombreuses ressources issues de l’exploitation des galeries englouties, et plus particulièrement du Jardin de Cristal. Le séjour avait été très plaisant si ce n’est le départ précipité suite à l’arrivée d’un éclaireur des Chevaliers Noirs d’ Ordenum. Ce dernier n’avait pas fait le poids face à la puissance physique des mineurs de la guilde des travailleurs nains et, même si ce n’était pas un réel exploit en soi, ce fait d’arme faisait la joie des mineurs.

Gorbad Kaskanferr, responsable de la mission, fumait une pipe en compagnie de son ami Zerk, Grand Maître dans l'Art Délicat du Tabouret de Comptoir quand un cri retentit derrière eux. C’était Kahinir qui arrivait en trombe, le visage apparemment paniqué. Il prit quelques temps pour récupérer avant de pouvoir parler…

« Gorbad… C’est horrible… Thraïn… et… Glaurun… Ils sont piégés… des Sauvages… attaqués… Faut-il aller… les aider ? »

C’était comme si la Foudre de Zeus s’abattait sur le nain. Il ne comprenait pas ce qui arrivait. Pourtant, son expédition avait très bien traité le sauvage Stooroosh et ils s’étaient quittés sur le rivage chaleureusement. Certes, il y avait ce silence d’Elisenda, mais après tout, les dirigeants ont toujours mille et une choses à faire qui devait l’empêcher de répondre… Plus il y pensait, plus il soulevait le voile d’un destin sombre, taché de sang.

A ses côtés, Zerk empoigna sa hache et voulut se rendre immédiatement sur place mais Gorbad l’en empêcha en lui barrant le passage à l’aide de son bras mécanique.

« Non, Zerk… Le trajet du retour continue et d’ailleurs, nous allons accélérer le pas…. »

La rage déchirait le visage du vieux nain qui serrait toujours sa hache avec force. Il ne voulait pas en démordre.

« Non mais, tu te rends compte de ce qu’ils font là… Ce sont nos frères… Le sang doit couler, ici et maintenant »

Gorbad partageait la fureur de son ami, mais ils avaient des objectifs à remplir et l’ancien roi ne tenait pas à mettre en péril tout le restant de son équipe pour une vengeance à chaud.

« Stop mon ami, en tant que chef de cette expédition, j’ordonne à tout les membres ici présents de continuer leur route vers Kazad, à marche forcée s’il le faut car nous devons retourner dans notre cité au plus vite ! Je ne veux pas risquer la vie d’autres nains, ni perdre d’autres fleurs de mana ! Soyons déjà heureux que nous ne soyons pas tous tombé dans un piège de ces perfides ».

Le silence plana quelques instants parmi les membres de l’expédition, et puis, étouffant la rage dans leur cœur, ils reprirent la route…

Après plusieurs semaines de marche, les nains arrivèrent à la frontière du royaume, faiblement gardée. Gorbad, surpris, ne tarda pas à aller aux nouvelles. Ce qu’il apprit le terrifia… Kazad était assiégée… par les Hommes Sauvages !

Décidément, ce peuple ne reculait devant aucune audace face aux habitants du Radar Bek.

Dépité par l’échec de leur pacifisme, Gorbad rumina sa colère et devant ses camarades, il prit sa pioche et la brisa en guise de serment…

« Je jure… je jure devant Héphaïstos qu’un jour, ils paieront leur affront ! »

Deuxième partie – Les Graines de la Vengeance

Après la levée du siège de Kazad…

Des rires et des chants, de franches accolades et des pas chancelants… enfin ! La paix était retrouvée aux alentours du Radar Bek alors que des divisions de guerriers pourchassaient les derniers sauvages jusqu’au lieu-dit du Bosquet. Les pertes avaient été lourdes côté nain, faible face à la redoutable magie de Gaia, mais la discipline des citoyens de Kazad avait finalement triomphé.

Gorbad Kaskanferr venait de remettre son poste de coordinateur de la défense de la ville entre les mains du souverain. L’ancien Roi des Nains avait conservé l’estime de nombre de ses frères. A la sortie du palais royal, il sortit une liasse de parchemins qu’il parcourut avidement du regard. Les lettres portaient le sceau de Luminae. Elisenda avait finalement légitimé les attaques des nains revenant des galeries englouties…

« Le développement avant tout… »

Ou la loi du plus fort qui prévaut en quelque sorte…

Soit !

Le mineur au bras d’acier rangea sa correspondance avec la conseillère du peuple sauvage avant de se diriger vers l’école de guerre de Kazad, dans la ferme intention de rétablir quelques peu ce déséquilibre dans la balance des pouvoirs. Il portait un ouvrage poussiéreux à la couverture de cuir sous le bras. On pouvait y lire « Traité des Mines – Du bon usage des explosifs ».

Une fois arrivé sur place, il alla saluer son frère aîné, Bagnus Kaskanferr, professeur en pyrotechnie au sein de l’Ecole Royale de Kazad A Gorog, avant de se mettre tout deux au travail. Leur recherche portait sur la transition au militaire de l’usage des explosifs utilisés pour l’extension des filons miniers ou l’extraction dans les carrières. L’ambition de Gorbad était de créer un explosif de type nouveau, tirant sa puissance des cristaux de mana. Ainsi sa fureur serait apaisée, créant de la ressource litigieuse, l’instrument de sa vengeance. Mais ils étaient arrivés à la conclusion que les fleurs de mana, si elles possédaient des propriétés tout à fait intéressantes, recelaient deux grands problèmes dans leur application en grenade. Premièrement, les cristaux de mana étaient fragiles et se désagrégeaient assez rapidement si mal manipulés. Secondement, concentré avec du salpêtre, ils étaient instables, pouvant provoquer, avant l’heure, l’explosion fatidique… Les deux frères avaient perdus une partie d’un labo comme ça… et un assistant ! Il fallait donc trouver les bons dosages !

Ils étaient déjà tard quand Bagnus quitta l’Ecole, tout en recommandant à Gorbad la plus grande prudence, mais ce dernier ne pouvait s’arrêter dans sa recherche. Comme s’il était sous l’impulsion même d’Héphaïstos, il recalculait, dosait et testait sans relâche... jusqu’à ce que l’épuisement le terasse.

Le lendemain matin, quand l’aîné de la famille Kaskanferr sut que son frère n’était pas revenu à la demeure familiale, il fut pris des plus vives inquiétudes... Néanmoins, aucun vent de panique ne semblait souffler dans Kazad, donc aucune explosion ou incendie n’avait été déclenché, ce qui le rassurât quelque peu. En effet, une fois arrivé dans leur laboratoire, il trouva Gorbad endormit sur son bureau. Sa main tenait fermement contre son corps un objet cylindrique, comme si c’était là un trésor dont nul ne pouvait le déposséder. Bagnus avait compris et il réveilla doucement son cadet dont la barbe était tachée de salpêtre. Ce dernier, sorti du monde de Morphée, considéra sa création d’un regard ambigu, à la croisée entre le plus profond soulagement et la plus folle angoisse. Il soupira…

« Ça y est… »

Troisième Partie – L’accomplissement

Douzième jour de l’Engourdissement, Année 7999 du Calendrier Nain…

Les occupants de la Grotte des Sources, joyau souterrain d’Olympia et ultime demeure d’un ancien Oracle de Zagnadar, vaquaient à leur labeur quotidien. Une certaine tension régnait dans le sanctuaire géant car nul n’ignorait qu’une armée elfique, soutenue par des renforts de Luminae se trouvait non loin de là. Néanmoins, la bonne humeur partageait l’anxiété… telle la poudre attendant l’étincelle !

Gorbad conversait avec Déflagrator de certaines affaires militaires quand soudain, on entendit un bruit sourd dans la galerie annexe. Hardaway, Oracle actuel du peuple géant, considérait une pierre sur le sol tout en se massant le crâne. Le nain pensa tout d’abord à un éboulis malheureux mais quelques instants, plus tard, un second trait toucha le géant. Cette fois-ci le doute n’était plus permis… Un assaillant venait de jeter, à l’aveuglette, des projectiles dans l’entrée de la grotte.

Passé la surprise, Hardaway porta la main à sa besace dont il extrait deux petits cylindres qui ne semblait pas plus grand qu’un caillou dans la main du géant et les envoya directement dans la direction supposée du tireur fantôme en disant…

« Moi aussi ch'ais faire ! »

Gorbad avait reconnu les projectiles, vu que c’était lui qui les avait confectionné et porta ses mains à ses oreilles. Quelques instants plus tard, une explosion sonore retentit en surface. En effet, il s’agissait de grenades à éclat de sa composition, les nains ayant préféré remplacer la pierre par du fer, produisant un explosif plus dense et à la puissance décuplée. Les pyrotechniciens de Kazad avait fourni une bonne provision de grenades de divers types à tout les occupants des lieux afin d’assurer une contre-attaque effrayante. Leur arme secrète était à présent dévoilée !

Le mineur se tourna vers son Roi, tout proche, qui était fasciné devant l’apocalypse déchaînée. D’un regard, les deux nains se comprirent et le Roi acquiesça à la demande silencieuse de Gorbad. Les ANEs se termineraient ainsi et l’ancien souverain des nains était prêt à endosser la responsabilité du bouc émissaire. Pour lui, les accords étaient morts le jour où les elfes avaient demandé aux nains de partir et où les nains avaient prié les elfes de rebrousser chemin. Aucun des deux peuples ne s’était exécuté… Et puis la présence des sauvages n’était en rien rassurante pour les habitants de Kazad, le souvenir du siège de leur ville était encore frais dans leur mémoire.

Il alla rejoindre Deflagrator afin de s’assurer que la leçon serait bien comprise. Tout deux sortirent des grenades des mana afin d’être sûr que le tireur fantôme ne s’en sortirait pas. Le bras droit de la GTN considéra l’objet gravé, comme toutes celles qu’il avait créé, du nom d’une victime naine lors de l’attaque de sauvages, avant de cracher au sol son mépris en s’exclamant…

« Le développement avant tout, c’est ça… »

Il mit le projectile dans sa main mécanique, arma son bras et lança la grenade, la rage au ventre, jusqu’à la surface, en criant…

« Celle-là c’est pour Thraïn… »

Il sortit un deuxième projectile de sa besace alors que la première grenade de mana explosait et le lança avec la même ardeur à la surface.

« Et celle-là, c’est pour Glaurun… »

Le nain sortit une troisième grenade, du même type que les précédentes, et répéta les mêmes gestes, avec un sentiment de libération.

« Et celle-là, elle porte le nom de votre hypocrisie, développement avant tout… »

De nombreuses détonations se firent entendre à l’extérieur de la Grotte et un silence de mort émana de l’entrée. La riposte avait été disproportionnée par rapport à l’attaque, mais l’exemple et la dissuasion étaient à ce prix. Gorbad ne savait pas combien de victimes il avait fait. Ils ne les connaissaient pas, ni leur nom, ni leur histoire… Tout ce qu’il espérait, c’est que des sauvages avaient succombé dans les explosions successives. Il remercia intérieurement Héphaïstos de lui avoir permis de vivre assez de temps pour pouvoir accomplir son serment, conscient qu’il allait devenir un héros pour les uns, le pire des criminels pour les autres…

Mais geeennnnre le titre

Moi j'ai bien aimé..