Cela faisait maintenant plusieurs années qu’Illùman vivait à Sigdil, séparé de sa famille. Il avait choisi cette voie lui-même lorsqu’il n’était encore qu’un enfant, et les Rebelles avaient su remplacer ses proches à la perfection, mais le temps était venu de reprendre contact avec les Leïthaels. De tous, c’est de sa sœur Sylia dont il se souvenait le mieux, il choisit donc de lui adresser sa lettre. Il prit une plume et se mit à écrire.


"Bien le bonjour ma sœur

Tout d’abord, permettez moi de vous féliciter pour votre poste de Consule. J’avoue être surpris, je vous vois assez mal avec ces responsabilités, vous qui aviez l’habitude étant plus jeune de défier l’autorité et de voler toute bourse remuant un peu trop ostensiblement. Mais quoi qu’il en soit, félicitations, je suis le premier à être ravi que vous ayez décider de changer de voie. Je vous écris cette lettre pour vous demander des nouvelles, vous concernant ainsi que l’ensemble de notre famille. J’imagine que vu votre position, vous n’aurez pas beaucoup de temps à consacrer à cette lettre, mais cela me ferait vraiment plaisir que vous me racontiez ce qu’il ce passe de votre côté. Pour ma part, même si le désert est de temps en temps capricieux, Sigdil n’a pas eu d’ennuis trop graves ces derniers temps, les Nains nous aident à nous développer et les Olympiens de Lardanium et d’Ordenum ont l’air d’avoir d’autres préoccupations que nous pour le moment, vu le peu de raids que nous avons subi de leur part dernièrement. Vous imaginez bien que vu la durée pendant laquelle nous avons été sans contact, je pourrai encore vous écrire une foule d’anecdotes, mais je ne voudrais pas abuser de votre temps. Vous avez toute une ville à gérer, avec d’autre Elfes j’en conviens, mais j’imagine que la tâche doit quand même être ardue.

J’attends de vos nouvelles avec impatience,
Avec tous mes encouragements,

Votre frère,
Illùman Leïthael."

Illùman signa, puis posa la lettre sur son bureau. Il retourna à ses occupations, un sourire aux lèvres, impatient de lire la réponse de sa sœur.

Une lettre de plus. Sylia poussa un long, très long soupir.
Depuis la découverte du tombeau de Manra, les va-et-vient de messagers n‘avaient de cesse. Négociations, consignes, nouvelles d’ordre militaire, annonces de décès…

A ses pieds, un petit renard tendait son cou, comme pour l’encourage à détacher le parchemin qui y pendait. Elle haussa les épaules, dédaignant l’animal.

J’ai pas qu’ça à faire mon mignon. Tu me poses ça sur mon bureau à Na’helli !

Le renard feula en secouant la tête. Elle soupira à nouveau.

Dégage je t’ai d…

Elle s’interrompit et rapprocha son visage, interdite. Ce n’était pas un renard, mais un fennec.
Une créature du désert.
Sigdil.
Son cœur se serra, resta serré un moment, puis elle éclata de rire.

Ahaha ! Non mais tu es ridicule, ma pauvre Sylia ! Comme si ça pouvait être Lui ! S’exclama-t-elle… tout en se ruant sur la lettre.

C’était un petit parchemin roulé, sans cachet, tout simple. Elle le déplia. Écriture ronde et soignée, jamais vue auparavant… Sans accorder la moindre attention au contenu du texte, elle chercha la signature… Votre frère, Illùman Leïthael.

… Lui.

Elle ne l’avait vu qu’une seule et courte fois, et cette fois-là, sous le choc, elle l’avait repoussé.
Par la suite elle avait recherché sa trace, avait pris de ses nouvelles tout en restant soigneusement dans l‘ombre, et puis… il avait choisi la voie de Gaver. Pourquoi ? Dans quelles circonstances ? Personne n’avait été capable de la renseigner à ce sujet…

Elle commença à lire, fébrilement… Et très rapidement, poussa un hurlement furieux.

Mais mais… Il se fout de moi ! Je ne rêve pas, il se fout de moi !

Cela commençait par des félicitations pour son poste de Consule. Félicitations des plus tardives, écrites tout naturellement comme si l’événement venait juste d’avoir eu lieu. Venait la seconde phrase, où elle se voyait qualifiée de voleuse irresponsable avec ce même naturel, et puis il lui demandait comment se portait la famille qu’il avait trahie.
L’elfe manqua de s’étouffer.

Bon, j’en ai lu assez. Cracha-t-elle.

Pourtant au dernier moment, elle retint sa main qui s’apprêtait à déchirer l’objet de mécontentement.

Et s’il dévoilait, par mégarde, quelques secrets des Sigdilites ?

Elle reprit sa lecture…. Mais c’était à pleurer ! Il lui parlait de Sigdil en effet, vantait le développement de cette cité qu’elle haïssait, tout en lui rappelant la crise qui sévissait dans celle dont elle avait la charge…. Et il terminait sur des encouragements !

Fulminant, elle se saisit de sa plume, arracha un morceau vierge du parchemin et y gribouilla rageusement : « Pas besoin d’encouragements, morveux ! Besoin qu’on me fiche la paix ! ». Elle relut et se ravisa. Morveux… non, ça n’allait pas. Même si elle n’avait pas été là pour le voir, son frère avait grandi. Elle ratura "morveux" et y mit "crétin".

A ses pieds, le fennec l’observait d’un air interrogateur. Elle se ravisa une seconde fois.

Ah il se moque de moi ? Il va voir…

Fouillant dans son sac de toile, elle en sortit plusieurs lettres de différents formats qu’elle éparpilla sur le sol. Elle les détailla une à une, et choisit une petite carte richement enluminée.
Elle y inscrivit son message, s’appliquant à ce que son écriture soit fine et belle :

"Mon très cher frère,

Recevoir de telles nouvelles fut un ravissement.

S. Leïthael"

Ha ! Rit-elle en confiant la carte au fennec. Y en aurait fallu bien plus pour me faire perdre mon sang-froid !

Satisfaite, elle lui fit signe de s’en aller.

Voleuse, et malaimable, en plus...Roooh.
Ca mérite un caillou, ça.

Non, une grenade...
Depuis le temps que je l'attendais, cette chronique! Continuez, c'est passionnant et bien écrit!

L'idée de la grenade est a developper !

T'inquètes, les nains s'en sont chargés, de dévelloper l'idée de la grenade.

PS : On arrete le flood?

Lorsqu’ Illùman se réveilla, il entendit une série de petits soupirs venant de derrière la porte de sa chambre. Il se leva, ouvrit la porte, et vit le petit fennec, endormi, une petite lettre autour du cou. Il posa le renard sur son lit, déposa également à ses côtés de quoi le nourrir à son réveil, puis s’assit à son bureau et détacha la lettre.

Mon très cher frère,

Recevoir de telles nouvelles fut un ravissement.

S. Leïthael

Cette courte phrase le remplit de joie. Sa sœur avait non seulement pris le temps de lui répondre, mais surtout, elle n’avait pas l’air de lui en vouloir pour toutes ces années à Sigdil, elle semblait même avoir quelque affection pour lui, comme les enluminures sur la lettre et la formulation de cette dernière tendaient à le prouver.

Illùman reprit sa plume et commença sa réponse :


"Bonjour ma sœur

Je tiens avant tout à vous remercier pour votre lettre, elle m’a vraiment fait plaisir. A vous lire, vous aussi aimez entendre de mes nouvelles, je vais donc vous en annoncer une qui devrait vous plaire : j’ai demandé à Sir Dakon si il voulait bien que je le seconde lors des affaires diplomatiques concernant Sigdil et Na’helli, et il a accepté, nous aurons donc d'avantage d’occasions de nous parler ou de nous écrire. La population de Sigdil ne cesse de croître, je pense que nous aurons bientôt une force de frappe pouvant inquiéter les légions de Salminar, d’autant plus que les Nains restent nos alliés. Je n’ai malheureusement pas le temps de vous raconter d’autres choses, je suis en ce moment très occupé à la construction de l’université de magie de Sigdil. J’espère pouvoir bientôt rivaliser avec les mages de Na'helli !

Avec toute ma sympathie,
Illùman Leïthael."




L'Elfe plia sa lettre, vint s'asseoir près du fennec qui, réveillé, s'était mis à laper l'eau qu'on lui avait apporté.

-Veux-tu bien te charger à nouveau du voyage ? lui demanda Illùman en le caressant.

Le renard des sables se laissa dorloter un petit moment, finit son repas, puis sauta au pied du lit, la lettre autour du cou, avant de partir vers la cité des Elfes.

Hrp: Flooder c'est mal. Lancer des grenades, c'est PIRE !

Sylia écarta un buisson tandis que les elfes du clan de l’Ours s’accroupissaient silencieusement à ses côtés. La lisière Sud était à quelques mètres d'eux, et trois olympiens restaient encore debout comme pour les y narguer. Plusieurs autres combats avaient lieu dans les environs, il s’agissait de ne pas traîner.
D’un bref hochement de tête, le signal fut donné. Les mages elfes libérèrent leur puissance, faisant étinceler les brins d’herbe de plus en plus rouges...

Deux ennemis prirent la fuite, après avoir résisté vaillamment.

Le troisième n’eut pas cette chance...

Il resta sonné, un peu en retrait... Mais pas tout à fait hors de portée.

« Achevez-moi ça ! » ordonna la consule, avec un de ces sourires sadiques qui lui étaient coutumiers.

Aussitôt dit, aussitôt...

« NON ?!!? Comment ça non ?!
_ Plus assez... de forces... Laissez-nous... le temps de récupérer... »

Le meurtre s’annonçait compromis.
A moins que les mages ne se ressaisissent avant l’ennemi ?
A moins qu’elle-même n’intervienne sur le champ et ne l’achève ?
La ranger hésitait. Elle était parfaitement d’attaque, mais combattre à l’épée impliquait de se mettre à découvert. Risqué, surtout pour une meneuse censée montrer l’exemple.

Et puis une idée lui traversa l’esprit, et un nouveau sourire vint illuminer son visage.

Elle plongea les mains dans sa besace, et en ressortit deux pierres de taille conséquente.

« Prends ça ! » Ricana-t-elle en les lançant de toutes ses forces.

Le premier projectile alla s’écraser à quelques centimètres des pieds olympiens. Le second heurta l’avant-bras de l’individu, y traçant une minuscule égratignure.

Dépitée, Sylia s’apprêtait à recommencer lorsqu’elle sentit une légère pression sur ses bottes...
Elle baissa les yeux sur le petit fennec qui s’y frottait avec douceur.

« Manquait plus que ça ! »

Elle se renfonça plus profondément dans la forêt, suivie de l’animal.

« Ici on est en sûreté. Donne. »

Elle lui arracha son parchemin, et lut.

« Attention !
_ AAaaaaaaaaargh... »

CHLAK ! CHLAK !

« Baisse-toi !
_ Recule !
_ Vous le payerez cher ! »

DZIUUUU... BLARM !!!

« Pas moyen de se concentrer... Grommela-t-elle. Y a des jours comme ça, où je hais la guerre... »

Malgré le bruit et les tremblements, elle parvint à retenir deux choses du message :

Première chose : A l’évidence, son frère n’avait pas saisi l’ironie de sa réponse précédente.
Deuxième chose : Par un malheureux concours de circonstances, elle devrait probablement avoir à supporter des messages-niais-officiels en plus des messages-niais-officieux.

Elle prit le temps de répondre à Illùman, choisissant chacun de ses mots avec une haine froide et féroce, puis s’en retourna à la lisière Sud juste à temps pour voir l’olympien périr sous les sorts des mages rétablis.
Ce dernier laissa d’ailleurs échapper une bourse qui roula jusqu’aux pieds de la consule...

« Allez, la journée n’était pas si mauvaise ! »

Hrp: Flooder c'est mal. Lancer des grenades, c'est PIRE !

Dois-je me sentir visé aussi... ...

Sinon toujours aussi bien. On attend toujours la suite

A defaut de grenades ce sera des gauffres au n..., au n...
Non je le dirais pas c'est trop dur !!!

Sinon comme d'hab Sylia, je regrette que tu n'ecrives plus souvent !

Cela faisait maintenant plusieurs saisons qu'Illùman et Sylia n'avaient eu aucun contact. La deuxième lettre de Sylia avait dissipé tout malentendu entre l'Elfe et l'Elfe.
Elle était écrite sur un parchemin classique, sans décorations, dans le style "paperasse administrative" le plus pur. Quant à son contenu... Illùman avait été en premier lieu surpris lorsqu'il avait lu ces mots :

"Mes respects ou non, Second des Affaires Elfiques. Je me réjouis de ce nouveau poste et vous félicite pour son obtention. Vous feriez honneur à votre famille, si toutefois vous en aviez une !"

La surprise passée, Illùman ne se sentit pas énervé. Somme toute, il aurait du s'apercevoir depuis le début que sa soeur n'avait pas plus d'affection pour lui qu'auparavant, et il ne pouvait pas lui en vouloir. Son comportement était des plus logiques.
Séparés depuis bien des lunes, l'un chéri par ses parents, l'autre ayant fugué, tous deux de caractère radicalement opposés, vivants dans des villes différentes aux idéaux contradictoires...
En tant que Consul, sa soeur avait du essayer de profiter de l'occasion qui se présentait à elle pour avoir des informations sur Sigdil, mais elle avait sans doute abandonné vu le peu d'informations utiles que contenaient les lettres de son frère.

-Tant pis, se dit finalement Illùman, j'aurais quand même essayé.

Il quitta le poste qu'il avait demandé spécialement pour pouvoir être plus souvent avec sa soeur, et se fit sans trop de difficultés à l'idée qu'il ne la reverrait pas de sitôt
Pourtant, ils allaient se voir d'ici peu. Un jour, la petite troupe Rebelle campait légèrement au nord des Grandes Fosses lorsqu'un convois d'Elfes passa à coté d'eux. Vu la situation qui se déroulait à Luminae, cela n'avait rien de surprenant. Les Rebelles ne s'inquiétèrent pas de cette présence, les Elfes allaient sans doute se dépêcher de continuer leur route pour venir en aide à leurs alliés.

Seulement, les choses ne se déroulèrent pas ainsi.

Un Elfe jugea bon de foudroyer légèrement un Rebelle, simplement parce que " Les Rebelles ne sont pas les amis de Na'Helli ". Un Elfe sur les nerfs à cause de sa mission, qui n'a pas pu résister, pas de quoi en faire un drame, allez-vous me dire. Oui, seulement lorsque l'Elfe en question est le Juge Kaeniel en personne, on réagit différemment. Le temps de lever le camp, et Kaeniel était hors de vue. Les Rebelles ne purent faire comprendre qu'à un seul Elfe retardataire qu'on ne s'amusait pas avec eux de la sorte. Un autre groupe fut aperçu à l'Est lorsque les Rebelles hésitaient à continuer la poursuite. Pour ne pas être pris à revers en cas de contre-attaque de la part du Juge, les Rebelles choisirent de s'attaquer à ce deuxième groupe, mené par les deux Consuls.

- Teranil est mort.

Kyrion se tourna vers la Consule d’un air interrogateur. Celle-ci venait de replier un parchemin décacheté quelques minutes auparavant, qu’elle continuait à fixer sans expression.

- Teranil ? Finit-il par lui demander, visiblement perdu.
- Teranil du Clan du Corbeau est mort.

Elle se tourna vers lui à son tour, lui lançant un regard morne et froid pour le moins perturbant, tandis qu’il s’efforçait de réfléchir à haute voix.

- C’est l’Elfe qui nous a dépassé il y a quelques jours, non ? Comment aurait-il pu…
- Les Rebelles, coupa-t-elle tranchante.

Un long silence s’ensuivit.

- Ah…, se décida-t-il à conclure, effectivement ça risque de poser problème…

Une heure plus tard il rendait l’âme sous une pluie de coups.

Sylia ne put retenir un hurlement en voyant s’écrouler le magicien. Elle avait eu beau se tenir sur ses gardes, elle n’avait pas vu arriver les deux guerriers de Sigdil à temps pour venir en aide au malheureux. Ils avaient encadré le Consul et frappé à une vitesse fulgurante, puis finalement, alors que l’un d’eux allait porter le coup fatal, Kyrion avait péri achevé par un sort lancé de plus loin.

- Ca alors… Je connais ce style…

Elle plissa les yeux en direction du meurtrier afin de s’assurer qu’il s’agissait bel et bien d’Eleni, ayant peine à y croire.

- Impossible… C’est elle… Comment a-t-elle osé…

Sylia passa rapidement en revue les Na’helliens alentour. Ils étaient peu. Très peu : une partie du Clan du Caracal, qui s’était donné pour mission de la protéger durant le voyage, et Tirador, jeune noble caractériel qu’elle s’était mis en tête de former malgré lui.
En face : Eleni, deux guerriers dangereusement proches, et un peu en retrait une silhouette droite mais hésitante qui lui rappelait vaguement…

- Oh non…

Belle chronique, continuez !!

Et si, c’était bien elle.

Sylia était bien là, à l’arrière du groupe.

-Alors elle aussi, nous devons…

Illùman hésitait. Elle faisait partie de ses adversaires, mais c’était quand même sa sœur. Même si il avait maintenant compris qu’elle le considérait comme un simple étranger, ou tout simplement comme un traître à Na’helli, la magie ne voulait pas sortir de sa paume lorsqu’il la dirigeait vers Sylia. La mort du second Consul aurait sans doute porté un grand coup au moral adverse, mais Illùman choisit finalement une autre cible.

Sylia gesticulait et hurlait des ordres qu’il ne parvenait pas à comprendre à cause du bruit des combats. Elle se tourna soudainement vers lui, de sorte qu’il put entendre la phrase qui lui était destiné :

-Toi l’encapé aux cheveux bleus, je te le déconseille fortement.

Des menaces maintenant. Décidément, elle ne le considérait vraiment pas comme un membre de sa famille.

Autour de lui, les Rebelles s’étaient rendus maîtres du champ de bataille, et les Elfes survivants ne tardèrent pas à s’enfuir. Illùman eu le temps d’apercevoir sa sœur se replier. Elle s’en était finalement sortie indemne.

Restait le groupe du juge Kaeniel. Les Rebelles partirent dans sa direction et ne tardèrent pas à le rencontrer. L’objectif était simple : abattre le juge le plus rapidement possible avec un minimum de pertes.

Illùman n’étant plus entravé par la présence de sa sœur, il lançait des sorts si violents qu’il lui sembla voir le pommeau de l’arme de sa cible voler au loin lorsqu’il la tua. Les Rebelles arrivèrent finalement à se frayer un chemin jusqu’au juge. Connaissant son agilité hors du commun, Eleni et Illùman le déstabilisèrent grâce à leur magie, et Légan profita de l’ouverture ainsi créée pour lui donner le coup de grâce.

L’affront était vengé.

Sur le chemin du retour, Illùman vit à nouveau sa sœur, se déplaçant furtivement et semblant les épier. Il ne prévint pas les autres mais redoubla d’attention pour repérer un éventuel piège, mais rien ne se produisit.

Que pouvaient bien manigancer les Elfes ?

Les Elfes se dirigeaient vers les Grandes Fosses dans le but de s’y regrouper puis d’attaquer, cette fois organisés et en nombre.

Sylia avait atteint le point de rendez-vous, ainsi que les autres survivants de son groupe. Quatre survivants en tout et pour tout. Elle frissonna en repensant à la bataille, songeant que bataille était un bien grand mot pour qualifier une telle chose : elle avait eu beau ordonner à ses compagnons d’armes de reculer, ils avaient voulu se montrer trop braves et s’étaient précipités d’un même élan vers leur mort certaine. Les Rebelles ne s’étaient pas privés, jamais de sa vie elle n’avait assisté à un massacre aussi net, facile… et fou.
N’avaient-ils donc pas compris, tous ces Sigdilites, qu’en se comportant de la sorte ils se condamnaient à subir dans un avenir proche une vengeance sans précédent ?
Quelle gloire y avait-il à décimer un maigre groupe désorganisé et faible, et quelle utilité ?
Quant à cette liberté, si chère à leurs yeux, était-ce donc celle de tuer au moindre mécontentement ?
Comment pouvait-on être aussi aveugles, aussi lâches, aussi prétentieux, mauvais, stupides ?

Dire que c’était Eleni qui avait achevé Kyrion ! Eleni ! Cette Elfe dont les Géants avaient exigé le bannissement définitif, mais que le Consul avait défendue de toutes ses forces au péril des relations diplomatiques ! Voilà où était sa reconnaissance !

Et Illùman… Pourquoi s’obstinait-il à rester dans cette cité de traîtres et à prendre part à leurs ignominies ? Sur quoi se fondait ce choix impardonnable ?

Il allait mourir. A cause de sa naïveté, sans doute, il allait mourir aux côtés de ses faux frères Olympiens.

Elle avait pourtant tenté de le prévenir :

Nous reviendrons, Rebelles, z’avez qu’à rester sagement ici ! Avait-elle lancé peu avant de prendre la fuite, en prenant soin d’ajouter plus bas, le regard planté droit dans celui d’Illùman : Toi l’encapé aux cheveux bleus, je te le déconseille fortement.

Mais avait-il seulement saisi le sens de ses paroles ?
A supposer qu’il ait saisi, serait-il pour autant absent lorsque les Sigdilites se feraient balayer ?
Les questions s’enchaînaient, toutes plus absurdes les unes que les autres d’autant plus que dans le fond…

Mais c’est vrai ça… Pourquoi je m’inquiète moi ? Qu’il crève, cet ahuri !

Bravo, bravo... On en veut encore... Ya un passage que je vais aimer je crois

Chuut ! C'est peut etre pas la peine d'en parler ...

HRP : voilà Polonëll, le passage tant attendu /HRP


Le temps de se réorganiser près de Sigdil et de faire le point, une deuxième vague d’Elfes de Na’helli était arrivée près des Grandes Fosses. Les Elfes étaient visibles depuis la cité des Rebelles, un nouveau front ne tarda pas à se former. Cette fois, ils étaient beaucoup plus nombreux, et surtout sur leurs gardes. Même si ils ne se montraient pas agressifs au premier abord, mais se contentaient de protéger ceux qui pillaient les Grandes Fosses de ses pierres, les Elfes se mirent évidemment à attaquer les Rebelles lorsque ceux-ci donnèrent l’assaut, ne pouvant tolérer cela.

-Alors ils sont revenus… se dit Illùman. Luminae n’ayant plus besoin d’aide, les Elfes s’étaient décidés à attaquer les Grandes Fosses, et ils avaient de surcroît une revanche à prendre. Sylia devait sans doute repérer leur localisation exacte lorsqu’il l’avait aperçue.

Illùman s’avança en première ligne. La plupart des ennemis qui lui faisaient face était constituée de mages, et il ne les craignais pas. Il remarqua tout de même deux rangers dans les rangs, Finrod et Polonëll Hal’Uechïr. Il n’avait qu’a garder constamment un oeil sur eux, et il ne serait pas inquiété.

Un troisième ranger devait être présent, et Illùman le cherchait. Ou était passée Sylia ? Illùman s’avança d’avantage, dissipant machinalement les sorts que deux Elfes avaient tenté de lui lancer. Sylia était au fond des rangs, Illùman fut rassuré. Il l’examina plus attentivement. Tout allait bien, elle n’était pas en dehors des combats pour soigner d’éventuelles blessures, son corps ne saignait pas. Elle n’avait tout simplement pas encore participé à l’assaut, et ne comptait peut-être pas le faire.

Illùman sourit.

Les deux sorts qu’il reçut de plein fouet le firent revenir à la réalité. Ou étaient Finrod et Polonëll ? Il lança un rapide regard à droite et vit Finrod courir vers lui. Il n’eut pas le temps d’esquiver l’attaque, mais tenait encore debout. La main sur ses plaies, Illùman tituba, cherchant Polonëll des yeux.

La lame de Polonëll trouva Illùman avant que les yeux de ce dernier trouvent le ranger.

Illùman ferma les yeux et attendit le choc contre le sable.

La secousse les lui fit rouvrir. Sylia n’avait pas bougé.

Tout allait bien.

Tout allait bien.

Les Elfes étaient maintenant tous attroupés, soudés face aux Rebelles et décidés à en découdre.

Elle ne voyait pas Illùman.

Tout allait bien.

Rassurée, excitée, enragée à l’idée de venger les morts, elle fonça sur le premier ennemi venu, sa lame fendant l’air dans un sifflement grisant. Elle ne fendit d’ailleurs que l’air : le Sigdilite esquiva sans difficulté et leva une épée à son tour…
Sylia n’eut que le temps de se jeter à terre. En une roulade elle était à nouveau debout, cette fois-ci derrière son adversaire. Ajustant soigneusement son coup, elle frappa… mais faillit lâcher son arme sous le choc ! L’armure de l’Olympien avait opposé une résistance digne d’un bloc de granit : la rapière s’était arrêtée net tandis que le poignet de l’Elfe avait continué à avancer et s’était tordu douloureusement.

- Tache de frapper avec un minimum de force la prochaine fois ! Railla le Rebelle sans qu’elle trouve quoi que ce soit à lui répliquer.

Elle s’enfuit à l’arrière du front en grimaçant, espérant qu’au moins Tirador n’avait pas assisté à la scène. Tirador à ce propos allait lui aussi risquer sa vie pour rien, pensa-t-elle. L’archer n’avait encore jamais combattu de véritables guerriers, il était donc peu probable qu’il s’en sorte avec succès face à l’élite Sigdilite, d’autant plus qu’il n’avait ni armure, ni flèches dignes de ce nom.

Elle l’aperçut qui se dirigeait vers elle. Son air résolu lui serra le ventre. Allait-il lui annoncer, froidement, que malgré ses ordres il irait jouer au héros en première ligne ?

- Consule, puisqu’on est devant les Fosses j’aimerais aller ramasser des caillasses.
- Oh bah tiens excellente idée ! Je t’accompagne, on aura au moins gagné quelque chose.

Tout allait bien !

Désertant le champ de bataille, les deux Elfes s’en allèrent charger leurs sacs de pierres.
Sylia ressortit tout de même rapidement de la grotte : les pierres l’encombraient, il fallait qu’elle trouve quelqu’un de plus solide pour les porter à sa place… Tirador ferait de même à n’en pas douter, il fallait donc qu’elle trouve avant lui !

- Ne serait-ce pas ce cher Polonëll là-bas ? Héhé… l’est costaud lui… Eh Polo, tu pourras venir ici deux secondes, une fois que tu auras fini de charcuter Monsieur ?

Son cousin ne l’entendit pas, trop occupé qu’il était à faire comprendre à un magicien Sigdilite combien il était imprudent de s’approcher de son groupe de rangers.

Elle ne reconnut ce magicien que bien trop tard, lorsque Polonëll fit un pas de côté afin de mieux lui porter le coup de grâce.

- … …

Le sac de pierres de Sylia tomba au sol, s’ouvrit et se déversa dans l’herbe ensanglantée.

C'en est émouvant ...

Euuuh... J'ai fait une boulette ?

Très chouette, j'ai tout lu d'une traite, et c'est drolement bien tourné ! Bravo à tous les deux.