Le Bilan d'une vie | |
Topic visité 161 fois Dernière réponse le 04/05/2007 à 18:43 |
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Jour 2 du Temps du réveil
Le doute d’un Arpenteur Depuis de nombreuses saisons maintenant, les Arpenteurs foulaient Olympia. Au cours de leurs différentes expéditions, ils avaient appris à mieux se connaître. Mais il y avait un problème dans leur groupe. Jamais ou presque ils n’arrivaient à être tous réunis. La guerre, le devoir, la protection de leur peuple, les amitiés entre les races, la mort… Toutes ces choses contribuaient à une division dans le groupe. Pourtant Morgoth aurait rêvé voir tous ses amis, autour d’un grand feu, dans la plaine, à raconter des histoires de leurs peuples respectifs, des anecdotes. Mais pour le moment, ils n’étaient pas réunis. Et cette nuit là, Morgoth observait les étoiles. Il était assis en tailleur, au milieu de la nuit. Dans son dos, il sentait la présence de ses compagnons, Keldus, Zack et Ginteo, tous trois endormis. Et il se mit à douter. Est-il possible que cette idée de groupe ne puisse pas fonctionner ? Pourtant, il sentait la motivation. Il avait vu que les différences entre les races n’étaient pas si importantes. Il fallait essayer de comprendre les autres. Et lorsqu’enfin, l’esprit s’ouvrait, on comprenait le monde. Une chauve-souris passa, cachant un bref instant l’éclat des lumières. Que peuvent être les étoiles ? Y a-t-il quelque part quelqu’un qui les regarde ? Y a-t-il d’autres monde comme Olympia, avec leurs doutes, leurs joies, leurs peines ? Morgoth sentit tout à coup des présences sur sa gauche. A la lueur de la lune, il aperçut plusieurs ombres. Vu leur taille et leur corpulence, ce devait être des elfes. Au milieu, il reconnut deux, puis trois Hommes sauvages. Au contact de Ginteo, il avait appris à comprendre la nature. Il n’était plus seulement émerveillé, mais il était devenu éveillé. Enfin, tout ces doutes seront bientôt dissipés, ou presque. Bientôt, ils se retrouveraient tous, et ils feraient la connaissance de personnes connues. Au loin, derrière le brouillard qui s’élevait d’Héliké, une pâle lueur éteignit peu à peu les étoiles. Le jour allait se lever. --------- Depuis plusieurs jours déjà, Morgoth avaient quelques doutes. Ils étaient apparus un jour, comme ça, s’immisçant peu à peu dans son esprit. Par le passé, le géant n’en avait que très peu. Mais depuis la création du groupe, ils devenaient de plus en plus nombreux. Il fallait faire les bons choix, ne pas mener les hommes dans le monde d’en dessous. Il sentait qu’il fallait de l’animation. Il fallait faire quelque chose et vite. L’inaction était pire que tout pour des gens habitués aux longs voyages. Une petite silhouette s’approcha de Morgoth, silencieuse. Elle était tout de vert vêtue. La magie qui l’entourait était facilement discernable. La couleur de sa tunique changeait en fonction de l’environnement. « Nous sommes prêts pour lever le camp. On n’attend plus que toi. » Ginteo regardait Morgoth en souriant. Tout les opposait ou presque. Il était plutôt chétif, mais d’une agilité incroyable. Morgoth, lui, était bien bâti, mais un peu pataud. Ils se mirent en route. Le jour dissipa les derniers soucis de l’Arpenteur. Il faisait frais, mais pas trop. Pourtant, les jours qui suivirent allaient de nouveau jeter le doute dans le cœur du jeune géant. Apprenti grenadier, explorateur et géant avant tout
Voyageur de la plaine. |
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La peine de l'Arpenteur
Morgoth était le dernier à être parti ce jour là. Il réfléchissait au voyage futur, combien toutes ses vivres lui coûteraient, où il pourrait s’approvisionner. Il ne vit tout d’abord pas partir son cousin. Celui-ci disparut dans la brume matinale. Morgoth, nullement inquiet continua son chemin, griffonnant quelques remarques sur des quelques feuilles de mandragore séchées. Il sifflotait, profitant de la beauté du paysage. Bientôt, il passerait le point le plus au sud qu’il n’ait jamais franchi. Bien que la saison dût être assez froide, dans le pays natal du géant, ici, le temps était quasiment au beau-fixe. Le soleil n’était (pas encore trop chaud) et une brise légère venait du sud. Mais, le soir venu, il n’y avait toujours aucune nouvelle de Zack. Où était-il ? Morgoth patienta tard dans la nuit. Il envoya le lendemain son meilleur pigeon en exploration. Toujours aucune nouvelle. Il avait disparu. Rebroussant chemin sur quelques lieux, il tomba sur des traces de pas de géant. Morgoth suivit ces traces, convaincu qu’elles appartenaient à son cousin. Tout à coups, il vit que celui qui avait laissé ces traces avait du se mettre à courir. Les enjambées s’étaient agrandies. Puis, elles avaient tourné ; et de chaque côté, des traces de sang séché apparaissaient. Bientôt, l’Arpenteur se mit à suivre un filet de sang. Il arriva sur une zone d’herbe écrasée. Zack avait du tomber sous le coup d’une attaque, mais aucun signe d’agresseur n’était visible. « Un archer ou un mage… » Les tâches de sang laissèrent place à des mares de sang. La piste était facile à suivre, se dirigeant vers l’est. Tout à coups, sur une surface circulaire, il n’y avait plus rien, plus de sang, plus de traces de pas, seulement de l’herbe légèrement aplatie, ceinte d’un cercle de pousses brûlées. Morgoth tomba à genoux. « Zack, non !!! Pourquoi ?!...c’est impossible. » Il sanglotait. Une heure passa. Le jeune géant s’assit au centre du cercle, puis posa la paume de ses mains sur le sol. « Cours Zack, je sais que tu es en bas. Fonce, ne te retourne pas, vas vers la lumière. Ne parle pas, ne fais aucun bruit. Tu réussiras à t’en sortir. Je sais qu’au fond de toi, tu peux entendre mes paroles. Ait confiance en ton élément, il va plus vite que n’importe quoi. » Il retourna vers ses amis, plus dans le sud, leur apprenant la mauvaise nouvelle. Apprenti grenadier, explorateur et géant avant tout
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Les jours suivant se déroulèrent dans la tristesse et l’inquiétude. Zack ne pouvait encore être sorti, et encore moins il ne pouvait envoyer un pigeon. S’il n’avait pas été si triste, il aurait vu la beauté du paysage. Les plaines verdoyantes laissaient peu à peu place à un paysage de cambrousse, où face à eux, se découpait une petite colline. Il marchait souvent sur des petits tas de sable, venu semblait-il du désert. Un souffle chaud balayait leurs visages.
La troupe, silencieuse, marcha longtemps dans la nuit. Puis ils installèrent le camp. Les ténèbres furent un temps chassées par un petit feu. Les langues se délièrent peu à peu. Certains, qui étaient déjà passés par le monde souterrain tentaient d’être rassurant. Mais Morgoth s’en voulait intérieurement. « Tu n’aurais pas pu l’éviter, s’exclamèrent ses deux amis. » Avaient-ils raison ? Morgoth décida d’aller se coucher. La nuit, il fit des cauchemars, mais n’en souffla mot à ses amis. Ils reprirent la route. Marcher réconfortait un peu le chef des Arpenteurs, il n’avait pas à réfléchir, se forçant à regarder le paysage. Il fallait qu’il s’occupe, car ça lui permettait de ne pas penser. Mais l’inquiétude grandissait. Toujours pas de nouvelles. Bientôt, ils arrivèrent au pied de la colline. L’affleurement rocheux, à la base, était percé à un endroit par l’ouverture d’une caverne. Un souffle frais, apaisant, sortait de celle-ci. « Je ne rentre pas dedans, j’ai autre chose à faire, je vous rejoins plus tard. - Mais…tu… » Morgoth était déjà parti. Il escalada la colline, et, bien dissimulé derrière des rochers, il déposa ses affaires sur le sol. Il sortit un bol en argile, un pilon en bois, renforcé à son extrémité par du fer puis différents ingrédients. Des feuilles de genévrier et de mandragore, une petite fiole contenant un liquide quasiment incolore, des sacs de poudres et pour finir, il attrapa un vieux carnet. Ce carnet contenait un savoir seulement accessible aux géants qui avaient un peu étudié la magie. Il feuilleta quelques pages et parut enfin trouver ce qu’il cherchait. S’en suivit une préparation longue et fastidieuse. Il écrasa tout abord des baies de genévrier pour donner un liquide visqueux puis il émietta dedans des feuilles de mandragore séchées. Il mélangea ceci et ajouta quelques gouttes de l’étrange potion de la fiole. Puis il saupoudra d’une poudre ocre, puis d’une jaunâtre. En dernier lieu, il versa de l’eau et mélangea. La potion était terminée. Il fit brûler des branches de genévrier et de l’encens, très rare. Puis, assis en tailleur, il fit le vide dans sa tête, psalmodiant des chants shamaniques. A la fin des paroles, il but la potion et… Apprenti grenadier, explorateur et géant avant tout
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Ses yeux se voilèrent, peu à peu. Bientôt, toute conception de l’espace et du temps disparut. Morgoth était entré en transe. Au tout début, tout était noir. Puis, une petite lumière s’éclaira, faible au début, mais ne cessant de briller de plus en plus fort. Puis, telles des étoiles, de nombreuses lumières apparurent. Les ténèbres avaient disparut, tout l’espace étant occupé par un mur intense de lumière. Bientôt apparurent devant lui les plaines d’Olympia, verdoyantes. Il sentait le vent sur son visage, son Elément. Puis tout s’accéléra. Il se vit de nouveau approcher de la colline, mais en marche arrière.
La régression commençait. C’était un rite connu, permettant aux jeunes shamans ainsi qu’aux plus vieux de revoir leur vie, sous un angle nouveau. La régression était difficilement contrôlable et pas totalement fidèle à la réalité. Il se vit dans la plaine, pleurant la perte de son cousin. Mais ceci ne cessait d’accélérer. Bientôt, il se revoyait au marais, puis son trajet sur Olympia. Zagnadar, les Enfers, La fuite de Kazad, la cité des nains, l’entrée dans Kazad, le marais d’Héliké, la fondation du groupe. Les images défilaient à toute allure. Elles firent tout à coups des bonds dans le temps. La Guerre, la grotte des Sources, la Fête de Zagnadar les combats près de Lardanium, sa vie chez les Sourceurs, les marais d’Héliké, les sirènes. Tout à coup les images s’arrêtèrent sur un plan : une sirène se tenait au-dessus de lui, toutes griffes sorties, prête à lui donner la mort. La première fois qu’il était descendu dans les Enfers. Il était fier de cette époque, où, le peuple géant s’était illustré en découvrant l’entré des ruines. Il avait été là, participant aux fouilles. Il avait aidé. Puis de nouveau, le défilement recommença. Il vit le jour où les Sourceurs revinrent, portant des chargements phénoménaux de fer. Il avait été là. Il avait participé aussi à l’évolution de sa cité. Mais déjà, le fil du temps était loin. Il se vit, dans les Grandes Fosses, creusant la terre avec ses mains, faisait tourner des rochers avec son pauvre bâton. Toujours plus loin. Le terrible hiver, le blizzard, la destruction d’habitations. Puis vint un moment qui tenait vraiment à cœur au géant. Pour la première fois, il vit le déroulement comme cela s’était passé : Le Rituel de la Croix. Ses offrandes, leur préparation, le don puis son désignement par l’-=Air=-, le bonheur qu’il avait ressenti. Il repéra alors qu’il avait des talents d’artisan. Pourquoi n’y avait-il pas pensé plus tôt. Puis il vit sa jeunesse, dans les bois, avec ses parents. Il ne les avait pas revus depuis bien longtemps. « Je vais passer plus de temps avec eux, la prochaine fois que je repasserais à Zag. » Puis, ce fut le vide. Il n’avait plus de souvenirs. Mais c’était loin d’être fini. De nouveau il s’égara dans des songes. Des rêves sombres, mais à chaque fois surmonté. Tout ce qu’il avait fait, à chaque fois il l’avait surmonté. Il avait fait des choses bien dans sa vie, d’autres mal, mais jamais il n’y avait repensé. Il était content de ce qu’il avait fait. Une vie bien remplie, d’aide, de découvertes, d’aventures. Pourquoi avoir de tels doutes. Puis sa vision changea brusquement. Il sentit une bourrasque. Elle ne venait pas de ses visions. L’air l’enveloppait. Tout devint noir. Il savait où il était. Un frisson lui parcourut l’échine. Le monde d’où certains ne reviennent jamais. Il aperçut une ombre devant lui, qui se dissimulait derrière un rocher. Il vit tout à coup que ce n’était qu’une vision, les images défilaient à toute vitesse. L’ombre se rapprochait des escaliers de lumière. Tout à coup, il vit qui était devant lui. Il cria, mais aucun son ne sortait de sa bouche : « Zack !! » Il était en vie. Puis il sombra dans les ténèbres. Lorsqu’il reprit connaissance, il faisait nuit. Mais combien de temps s’était écoulé depuis qu’il s’était écarté pour entrer en transe ? Apprenti grenadier, explorateur et géant avant tout
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