Requiem for a Dwarf | |
Topic visité 122 fois Dernière réponse le 10/05/2007 à 18:17 |
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Une chronique qui arrive trés en retard et qui suit directement celle-ci . Je suis désolé du retard, mais il y avait quelques éléments que je ne pouvaient pas dévoiler trop tôt. Accessoirement, je déconseille la lecture de cette chronique à quiconque a perdu un proche dernièrement.
Chez les Nains, les cérémonies d'adieu aux morts n'étaient pas tristes. Elles n'étaient pas gaies non plus, et de nombreux proches ressentaient effectivement une profonde tristesse en eux, mais ils ne le montraient pas. Durant la cérémonie, les personnes présentes se recueillaient, priaient les Ancêtres d'accepter parmi eux cette nouvelle âme. Ce n'était pas à proprement parler un adieu, car le mort rejoignant les Ancêtres, il resterait maintenant toujours aux cotés des vivants et la mort permettra même de le rejoindre. Il s'agit avant tout d'une cérémonie religieuse : le panthéon Nain s'agrandit d'un nouvel Ancêtre. D'un certain coté, il est dommage que la vie soit finie, mais d'un autre coté, quel honneur que de pouvoir rejoindre les Ancêtres et de retrouver tous les êtres aimés. Peut-être même le décédé aura-t-il l'honneur de rencontrer Hephaistos ou Dyonisos en personne. Qui sait ? Il n'existe qu'une exception à ces cérémonies : quand le mort n'a pas pu transmettre le don de vie. N'étant ni père ni mère, il ou elle ne peut prétendre rejoindre les Ancêtres. La personne n'est alors qu'une fin de chaîne et disparait (selon les croyances). Dans tous les cas, on se contente d'enterrer le cadavre dans une fosse commune (il ne s'agit plus que d'un réceptacle vide et encombrant), mais la cérémonie qui précède l'enterrement d'un non-Ancêtre est trés différente. Ici, plus de prières, plus d'adorations, plus de remerciements aux Anciens. C'est un moment insuportable, une vie gachée. Plusieurs Nains ont renié les Ancêtres suite à de telles cérémonies. La plupart des gens évitent d'y asister, mais on s'est rendu compte au fil du temps qu'être présent à l'enterrement rendait la douleur plus tolérable par la suite. C'est ainsi qu'une vingtaine de personnes se rendit à l'enterrement d'Alema. D'habitude, on n'atteignait même pas les dix personnes présentes, mais la jeune Naine avait quand même été une conseillère du Roi et tout Kazad avait de la peine pour cette pauvre enfant tuée par un sauvage. La nouvelle avait été annoncée par Kyp à son chambellan qui avait retransmis à la population. Alors qu'elle le suivait avec la poudre, un sauvage était arrivé par derrière et l'avait agressée avant de s'en prendre au Roi. Le corps n'avait pas été retrouvé. On se contenta donc d'enterrer ses effets personnels. Bien que personne ne dit mot, tous remarquèrent l'absence de Kyp. Aprés l'enterrement, les parents d'Alema rentrèrent chez eux et quelques Nains charitables les racompagnèrent pour les soutenir moralement. Au détour d'une rue, le groupe s'arréta en apercevant le Roi, immobile, qui les regardait, sans savoir quoi dire. Le silence s'apesantit. Par pudeur, les différents passants s'éloignèrent et firent un détour. Kyp avait longuement réfléchi à ce qu'il pourrait dire, mais aucune idée ne lui était venue et de toute façon, il se rendit compte qu'il n'aurait rien pu dire face au regard de ceux qui auraient pu devenir ses beau-parents. Le père s'était renfrogné, mais le regard de la mère était devenu particulièrement inquisiteur. Rompant le silence, elle s'avança vers son Roi sans le quitter des yeux. Quasiment collée contre lui, elle continua de le fixer, sondant son esprit. Kyp aurait donné sa réserve de poudre pour se trouver ailleurs, mais il accepta l'épreuve sans rien dire et ne détourna pas les yeux. La mère d'Alema y lu alors la vérité et ses larmes revinrent. Face au spectacle de la mère de sa bien aimée dans cet état, Kyp ne put retenir ses propres larmes qui tracèrent des sillons dans la suie sur ses joues. Il ouvrit et referma la bouche plusieurs fois, sans qu'un mot n'arrive à sortir. Finalement, la vieille Naine lui décocha une terrible gifle. La main douloureuse, elle ignora Kyp et passa son chemin. Un peu sonné par ce spectacle, son mari finit par la rejoindre. Kyp resta au milieu de la rue. La gifle avait été d'autant plus douloureuse qu'il avait l'impression d'avoir mérité cent fois pire, mais au moins put-il enfin parler. Entre deux sanglots, il prononça : - Je suis désolé... Personne ne l'entendit. ***** Quelques heures plus tard, revenu sur les contreforts de Radar Bek qui surplombait la trace de l'explosion, Kyp repensa à Alema. Il ne s'était jamais rendu compte à quel point il tenait à elle. C'est toujours aprés coup qu'on se rend compte de ces choses-là. Il l'avait traitée comme une moins que rien, mais elle avait suivi. Pourquoi avait-il fallu qu'elle obéïsse ? Elle avait toujours tenté de l'arréter, son premier échec fut son dernier. Pourtant, sur le moment, tenter d'arréter les sauvages par tous les moyens semblait la chose à faire. Kyp réfléchit à ce qui s'était passé exactement 9 jours plus tôt. Le sauvage était si prés, le sac de poudre reposait à portée de flèche... Pourquoi n'avait-il pas vu Alema ? Comment avait-il pu tuer la personne qui comptait le plus pour lui ? Ou plutôt, comment les sauvages avaient-ils réussi à le faire tuer cette personne ? Car bien sûr, c'était obligé ! Ils avaient utilisé leur magie démoniaque pour le forcer à tirer sur Alema. Comment avait-il pu ne pas y penser plus tôt ? C'était pourtant l'évidence même. Se relevant, il se rendit compte qu'il avait perdu trop de temps à s'apitoyer et à s'auto-accuser. La mère d'Alema le croyait coupable ? Que cette vieille bique pense ce qu'elle veut ! Kyp savait désormais qui étaient les vrais responsables (et hors de question de mettre en doute cette explication). Aprés un dernier regard acide vers le cratère, il se retourna vers Kazad et partit organiser sa future campagne guerrière. La planification et l'éxécution de l'assaut sur la Forêt des Ombres lui tiendraient l'esprit occupé suffisament longtemps pour se remettre du décés. Peut-être même pourra-t-il dire au retour qu'Alema a été vengée... Kyp.
"Finies les journées du bonheur..." |