Forger avec son âme | |
Topic visité 167 fois Dernière réponse le 26/05/2007 à 05:04 |
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![]() Gorbad Kaskanferr se reposait dans sa chambre de maître mineur au siège de la guilde des travailleurs nains. Il observait par la fenêtre la vapeur s’échappée de la galerie menant à la caverne des brumes, le quartier des artisans. Ce lieu tenait son nom de l’activité des forges de Kazad, mêlant l’eau de la rivière souterraine à la flamme des foyers incandescents. L’ancien roi des nains méditait sur les évènements récents. Revenu d’expédition après avoir retrouvé la légende Farfine pour le compte du Gardien des Anciens, il avait connu l’étreinte de la mort dans les montagnes du Radar Bek. Son âme arrachée par la magie de Gaia était néanmoins revenue du royaume d’Hadès. Ce qu'il y avait vu le rendait perplexe, des nains errants dont le désespoir avait tant saisi le coeur qu'ils n'avaient plus la volonté de revenir sur Olympia, le tout sous le regard amer et courroucé des Anciens. Cette situation était le fait d'une poignée de sauvages descendu de la forêt des Ombres pour traquer le peuple des montagnes. Les nains, plus habitués au combat rangé, avaient du mal à combattre ces quelques ennemis insaisissables. Certains avaient décidé de ne plus quitter les cavernes protectrices de la cité naine afin d’éviter un destin funeste, recherchant un peu de réconfort au sein de leur clan ou au détour d’une taverne, tandis que d’autres réfléchissaient au moyen d’œuvrer pour la paix ou… de préparer la guerre. C’était du moins les bruits de couloir qui émanaient du palais. Mais avant de faire parler les armes, il fallait trouver un moyen d’ôter ses doutes au peuple nain, de reconstruire l’esprit communautaire qui les unissait traditionnellement… et ce fut le clergé d’Héphaïstos qui fournit l’occasion. Depuis les fêtes du huitième millénaire, de grands travaux de rénovation avaient été lancés dans l’ancienne agora du peuple nain qui servait à présent de quartier des temples. Le sanctuaire d’Héphaïstos était à présent terminé et le grand prêtre du culte demanda audience au Roi pour organiser une grande messe afin d’inaugurer le nouveau bâtiment. Tous les nains furent conviés à honorer l’un de leurs dieux tutélaires et de présenter leurs offrandes. Et le Clan Kaskanferr ne dérogerait pas à la règle… Quelqu’un toqua à la porte, troublant les méditations de Gorbad. Ce dernier alla ouvrir pour constater que c’était son frère cadet, Hoignar, qui venait lui rendre visite. Ce dernier était membre du clergé d’Héphaïstos et pratiquait la magie runique. Ils se firent tout deux une accolade vigoureuse, ce qui n’était peut-être pas à la faveur de Hoignar vu la prothèse d’acier de son frère. Gorbad : « Hé bien, frangin, que me vaut l’honneur de ta visite ? » Hoignar : « Faut-il une raison pour venir rendre visite à son frère ? Tu es si peu souvent à Kazad ces derniers temps que je ne voulais pas te rater cette fois. Tu comptes repartir prochainement ? » Gorbad : « Je ne sais pas… On attend un peu que la situation se calme à l’extérieur avant d’entamer de nouveaux travaux ou de lancer de nouvelles expéditions… et puis, je ne voudrais pas rater la messe à Héphaïstos. Nous ouvriers ont-ils fait du bon boulot ? » Hoignar : « Excellent, excellent, la salle de la matière est un ravissement et les salles de l’eau et du feu font honneur à notre seigneur… mais tout sera encore mieux une fois les offrandes du peuple reçue… Justement, puisque tu comptes rester quelques temps, je voudrais te demander quelque chose. » Gorbad : « Mais vas-y, je t’en prie… » Hoignar : « Père, ainsi que Bagnus et moi-même pensons que tu devrais t’occuper du présent du clan. Tu pourrais reprendre le marteau, je veux dire pour cette fois… » Gorbad : « Allons Hoignar, tu sais bien que je ne forge plus, plus depuis… » Hoignar se rapprocha de son frère pour saisir son bras mécanique. Hoignar : « Oui et nous l’avons toujours regretté mais ne me dis pas que ça ne te manque pas. En plus, nous avons une surprise pour toi… » Gorbad, intrigué : « Ah bon, laquelle ? » Hoignar : « Nous avons fait venir de l’adamantium de Zagnadar » Gorbad : « Vous avez du le payer une fortune » Hoignar : « Rien n’est trop beau pour la splendeur d’Héphaïstos et le prestige de notre clan, mais tout cela sera vain si notre présent n’est pas forgé de ta main. C’est toi le forgeron de la famille » Gorbad : « J’étais… Je suis un mineur maintenant. » Hoignar : « La différence est ténue » Gorbad : « Je ne sais pas… Laisse moi y réfléchir… » Hoignar : « Il est hors de question que je reparte sans toi. Il en va de ton devoir envers le Clan et nos Anciens » Gorbad, résigné : « Hé bien soit… Allons y » Gorbad prit ses affaires et prévint les autres responsables de la guilde qu’il devait s’absenter quelques jours pour affaires familiales mais qu’ils se verraient à la grande messe sans souci. Il prit donc le chemin de la demeure du clan, non loin de la caverne des vents, entrée nord-est de Kazad protégée par la gigantesque statue de Telchar I, premier roi des nains. Tout avait été préparé pour son séjour et la forge, située à l’arrière de la demeure, avait été remise en état pour l’occasion. L’ancien roi des nains avisa ses outils avec nostalgie, avant d’inspecter les minerais d’adamantium qu’ils devaient forgés. Ce métal extrêmement rare serait difficile à forger, surtout que cet adamantium semblait de première qualité. Il alla se restaurer ensuite car il lui faudrait des forces pour le labeur qui l’attendait. Une fois seul dans son atelier, Gorbad médita sur l’objet qu’il devait réaliser. Le choix fut rapide. Il se porta sur un marteau, symbole de la divinité. Il prit le temps ensuite de consacrer ses armes selon les rites afin qu’Héphaïstos lui apporte l’inspiration salutaire et la force nécessaire… Gorbad : « Et toute la terre immense brûlait dans une vapeur ardente, et coulait comme l'étain chauffé par les forgerons dans une fournaise à large gueule, ou comme le fer, le plus solide des métaux, dans les gorges d'une montagne, dompté par l'ardeur du feu, coule sur la terre divine, entre les mains de Héphaïstos. » Après avoir confectionné la matrice du marteau, le nain entreprit de préparer le foyer. Il devait atteindre une chaleur extrême pour arriver à fondre l’adamantium. C’est ainsi qu’après avoir protégé son corps par le pouvoir de la rune « Klag », armure ou peau de granit, il plia la réalité à son désir afin de confectionner un feu runique. Malgré sa protection, Gorbad ressentait l’intense température qui se dégageait de l’âtre et la sueur perlait déjà sur sa peau. ![]() Une fois le métal fondu, il le coula dans son moule et entreprit de le travailler. Il lui faudrait des heures pour façonner le marteau et il ne prendrait ni repos, ni repas jusqu’à ce que son labeur soit terminé. Il ne pouvait se permettre de s’absenter à présent, de peur que l’adamantium refroidisse en prenant une mauvaise forme et de devoir reprendre le processus à zéro en dégradant à chaque refonte la qualité du métal. Pour assurer son bras, il se traça au charbon la rune « Stok », frapper ou coup précis et pour ne pas briser son propre marteau sur l’adamantium, il le renforça à l’aide de la rune « Durak Makaz», solidité de l’outil, dérivée de l’arcane « Makaz », arme affûtée. Pour forger un artefact digne d’un Dieu, il ne suffisait pas de posséder le talent, encore fallait-il y engager quelque chose de plus profond, son âme, en espérant qu’elle plaise à la divinité. Après plusieurs heures de travail, à moins qu’une journée ne se soit déjà écoulée, Gorbad commençait à éprouver des douleurs musculaires à force de marteler le métal. Les étincelles virevoltantes avaient aussi brûlées plusieurs portions de sa barbe, assombrie par la sueur mêlée de poussière. Son unique œil valide commençait à voir trouble, aveuglé par l’intense lumière du foyer brûlant. Il y avait pourtant encore beaucoup de travail, terminer le marteau, en sculpter les contours, y incruster les cristaux de mana et autres gemmes précieuses et déjà les pouvoirs de la rune « Karak », endurance ou second souffle, commençaient à s’estomper. Ce travail n’était pas qu’une simple performance pour son clan, non… pour Gorbad, cela signifiait plus… une sorte d’épreuve d’Héphaïstos lui-même ou peut-être une voie de rédemption pour ses erreurs du passé ? Plus de force… Plus de puissance… A demi conscient, l’esprit de l’ancien roi des nains traçait déjà dans ses pensées la rune « Zharr », feu… auquel il ajouta sa propre rune personnelle… ce qui le transposa dans un état frénétique que les guerriers nains qualifient souvent de berserk. Ici, il transportait Gorbad dans les limites de la manipulation de la matière pour le livrer tout entier aux flammes de l’inspiration, aux frontières de la folie. Plus rien ne comptait que l’œuvre…. Devant la force déployée, le bras mécanique du nain commença à se disloquer, enfonçant l’acier directement dans la chair du conseiller royal. Des projections d’étincelles lui brûlèrent le visage… mais il ne ressentait plus rien… Pour forger ce présent au Dieu, il venait d’engager sa vie… Puis tout bascula… Et le monde finit par s’effondrer ! … L’environnement était sombre, ponctué de vagues tâches lumineuses. La chaleur toujours présente, tout comme la douleur… Une voix forte résonna… Voix inconnue : « Gorbad… » L’ancien roi des nains reconnut la voix de son père. Il voulut parler mais ne put articulier, sa gorge était sèche. Gluran Kaskanferr : « Tout va bien mon fils… Repose-toi… Tu as été retrouvé inconscient dans ta forge. Tu souffres de multiples brûlures et je crains que les os de tes bras soient brisés, mais ne t’inquiètes pas, nous avons les meilleurs remèdes des alchimistes de Sigdil… Tout ira bien. Tu honores la meilleure de nos Ancêtres » Les souvenirs de Gorbad était flou… La brume… le feu… le son du marteau… l’éclat de l’adamantium… la brume… quelqu’un… la lumière… la douleur… l’éclat… le médaillon… ![]() Mais ? Gluran Kaskanferr, devançant sa question : « Il est magnifique Gorbad » Gorbad Kaskanferr
Bras Droit de la GTN Conseiller Royal du peuple nain Concepteur de la grenade mana Un Nain gras est un nain heureux |