Par les Esprits... | |
Topic visité 164 fois Dernière réponse le 30/05/2007 à 17:59 |
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Partie de chasse
Lamenoire galopait à bride abattue. Pour la première fois cette semaine, il ne pleuvait pas et l’éclaireur avait décidé de partir à la chasse. A ses côtés, Atlas, son fidèle lévrier suivait tant bien que mal la cadence de Blizzard, le destrier de l’Olympien. A quelques centaines de mètres de là, le faucon de Lamenoire, Eclair, décrivait des cercles concentriques au-dessus d’un bois, niché au creux d’un vallon. Cela ne faisait que quelques mois qu’il avait découvert les collines de Boari et il ne les avait pas encore totalement explorées. Cependant, elles étaient rapidement devenues son lieu de chasse préféré : le terrain n’y était ni trop plat ni trop escarpé ; le climat ni trop aride ni trop humide. De plus, le sol y était recouvert d’une herbe grasse, agréable au toucher et suffisamment dense pour étouffer le bruit de ses pas. La faune y était variée et farouche… la nature sauvage dans toute sa splendeur. Enfin, il s’y trouvait de nombreuses rivières et petites forêts, comme celle vers laquelle se dirigeait l’éclaireur. Arrivé à l’orée du bois, celui-ci mit pied à terre, accrocha sa monture à un tronc et s’enfonça entre les arbres. Ses animaux savaient ce qu’ils avaient à faire. Lamenoire suivait les cris de son faucon qui le guidaient jusqu’à une proie, tandis que son chien lui signalait tout indice permettant d’identifier la bête avant de la rencontrer. Aussi, lorsque Atlas s’arrêta en jappant, l’Olympien mit un genou à terre et examina du doigt l’empreinte que son compagnon avait trouvée. Les pluies diluviennes des derniers jours avaient ramolli la terre, rendant l’empreinte claire et facile à identifier : la patte qui avait laissé cette trace était pourvue de quatre doigts, chacun terminé par une griffe. Elle ressemblait fort à celle d’un chien, mais elle était plus grande… un loup ! L’empreinte était récente et l’Olympien eut la présence d’esprit de sortir son épée : les loups n’attaquaient pas sans raison, mais un loup solitaire pourrait mal prendre une intrusion sur son territoire… ou tout simplement être affamé. L’éclaireur continua sa progression dans le bois, attentif au moindre bruit. De temps en temps, un cri d’Eclair le faisait sursauter, tout en lui permettant de retrouver la direction à suivre. Il finit par arriver près d’une clairière et, sachant grâce à son oiseau qu’il était arrivé, il se tapit dans l’ombre et écouta les sons environnants. Cependant, malgré son attention, il ne perçut pas le moindre bruit, aussi léger soit-il. Intrigué que son faucon l’ait mené sur une fausse piste, Lamenoire s’avança dans la clairière. Il manqua de tomber lorsqu’il trébucha contre quelque chose. Se retournant, il examina ce qui avait failli le faire chuter. Il recula aussitôt : il s’agissait d’une carcasse de loup. Le ventre de la bête était ouvert dans toute sa longueur et ses poils étaient collés dans du sang tout juste coagulé : le responsable de cette boucherie n’était pas loin. L’Olympien décida de sortir de la forêt avant que celui-ci ne revienne et lui inflige le même sort. Il siffla son oiseau qui vint se percher sur son bras tendu. Soudain, Atlas se mit à aboyer. Une teinte de peur était perceptible dans ses jappements. Lamenoire fit volte-face. Il fut accueilli par un terrible grognement et devina un ours colossal se dressant devant lui. L’animal, bien plus gros que la plupart des représentants de son espèce, devait bien mesurer 3 mètres pour 1200 livres. A peine Lamenoire sentit-il sous souffle chaud qu’il regretta de n’avoir point apporté son armure. Il n’eut pas le temps de s’apitoyer sur son sort et dût faire un bond en arrière pour éviter un puissant coup de patte de l’énorme créature. Se saisissant des bolas qui pendaient à son ceinturon, l’Olympien fit tournoyer son arme et la projeta dans les membres épais de l’ours afin de le ralentir. Peu soucieux de cette tentative, la bête brisa ses entraves de ses pattes puissantes et se précipita sur Lamenoire avec un grognement rauque. Celui-ci jura et parcourut en courant les quelques mètres qui le séparaient de la créature en faisant tournoyer son épée. Bien que rapide, il aurait été inutile de vouloir échapper à l’ours qui l’aurait vite rattrapé, surtout si ses bolas étaient inefficaces. Les deux adversaires se rencontrèrent avec fracas. L’Olympien fit décrire un arc de cercle à son arme, infligeant une entaille profonde dans la chair de l’animal, avant de sortir du combat d’un bond. Les griffes de l’ours ne rencontrèrent que le vide et l’éclaireur eut un soupir de soulagement. Faisant tournoyer sa lame, il attendit que l’animal vienne à lui. Lorsque la bête se rua dans sa direction, Lamenoire stoppa les mouvements de son arme et plaça celle-ci au-dessus de sa tête, la pointe dirigée vers la créature. Celle-ci, trop malhabile pour l’esquiver, la reçut de plein fouet et un long sillon rouge se traça sur son flanc. Lamenoire s’apprêtait à sortir de nouveau du corps à corps. Cependant, les deux blessures qu’avait subies l’ours l’avaient rendu fou furieux. Il envoya son énorme patte en direction du visage de l’Olympien. Celui-ci parvint de justesse à esquiver mais en fut déséquilibré. Obéissant à ses réflexes, il tenta de se rétablir en effectuant un petit saut. Malheureusement, l’herbe détrempée était extrêmement glissante et l’éclaireur ne parvint qu’à s’étaler de tout son long. Sa tête rencontra une grosse pierre mais le jeune homme put entendre une voix rauque s’écrier : Démiourguéo kubernao aeros, keronos tupté Cette phrase fut suivie d’un retentissant coup de tonnerre et l’ours poussa un terrible hurlement de douleur. Ce fut tout ce que Lamenoire put entendre avant de sombrer dans l’inconscient… Ce n'est pas le nombre qui combat et qui triomphe, c'est le courage : la Victoire ne se déclare pas pour la multitude, elle ne favorise que les braves... |
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Le chaman
Lamenoire se réveilla sur une couche de mousse et d’herbes fraîches. S’appuyant sur ses coudes, il tenta de se relever mais une violente douleur à la tête lui intima de rester couché. Portant la main au sommet de son crâne, il y sentit une blessure presque cicatrisée et en fut surpris… comment une telle plaie avait-elle pu se soigner aussi vite ? A moins qu’il ne soit resté inconscient plusieurs jours. Surmontant la douleur qui lui vrillait l’arrière de la tête, l’éclaireur se releva. Tu devrais continuer à te reposer, Olympien ! Surpris que quelqu’un ait pu échapper à son habituelle vigilance, le jeune homme porta la main à la garde de son épée… mais celle-ci n’était plus là ! Paix guerrier ! Tu dois encore reprendre des forces… La voix ne venait pas du même endroit et Lamenoire se retourna brusquement. Il aurait dû l’entendre se déplacer ! Il s’exclama : Qui êtes-vous ? Et où m’avez-vous emmené ? Une fois de plus la voix s’éleva d’un autre endroit : Peu importe qui je suis… quand à cet endroit, c’est une caverne : c’est là que je me suis installé, loin des éternels conflits qui ensanglantent et ensanglanteront toujours Olympia ! Depuis combien de temps suis-je ici ? Cela va bientôt faire quatre heures. L’Olympien porta instinctivement la main à sa bosse et murmura : C’est impossible… L’étranger éclata de rire. Impossible ? Tu sous-estimes le pouvoir des Esprits, Olympien ! Les Esprits ? De quoi s’agit-il ? Les Esprits qui nous entourent ! Ils sont omniprésents ! Je ne comprends pas ! L’étranger soupira : Le problème avec vous, les Olympiens, c’est que vous avez les idées terriblement étroites. Lamenoire sentit une certaine irritation en entendant l’autre parler ainsi de son peuple. Cependant, il devait reconnaître qu’il n’avait pas entièrement tort. Lui-même avait beaucoup de mal à revenir sur ses propres préjugés. Il dit : Vous semblez bien connaître mon peuple pour un ermite ! Sache que j’ai toujours une idée assez précise de ce qui se passe à l’extérieur de ces collines. Cependant, je doute que tu puisses comprendre comment… L’Olympien demanda : Les Esprits, toujours ? Tu sembles curieux… très bien ! Si tu le souhaites, je pourrai te transmettre mon savoir. Ainsi l’héritage de mon peuple ne sera pas perdu. Votre peuple ? Il n’a plus grande importance… Cela fait de nombreuses années que ma race s’est éteinte ! Mon peuple était noble mais belliqueux. C’est ce qui l’a perdu… Et quel était votre rôle au sein de votre peuple ? J’étais leur chaman… Lamenoire ne put contenir son mépris : Un chaman ? Vous êtes comme ces misérables Géants de l’air, capables de vous briser les membres d’une simple pensée !? Pas exactement… même si ces Géants sont des chamans, incontestablement. Mais alors, qu’est-ce qu’un chaman selon vous ? Un chaman est un chef spirituel pour son peuple ; un être capable de commander aux Esprits. Et les Géants en sont capables ? Les Géants sont des êtres particuliers, comme en témoigne leur affinité avec un élément. Les plateaux de leur cité, Zagnadar, sont très fortement balayés par les Esprits, et plus particulièrement les 4 Esprits dits d’Ordre Supérieur, à savoir les Esprits de la Terre, de l’Air, de l’Eau et du Feu. Il arrive qu’un Esprit s’insinue dans le corps d’un Géant, après de longues années d’exposition. Une fois l’Esprit installé, il transmet son « caractère » à son porteur. Ainsi, par exemple, un Géant du Feu sera impulsif alors qu’un Géant de l’Air sera plus sage et réfléchi. L’étranger marqua une pause tandis que Lamenoire assimilait peu à peu ces informations. Cette discussion avec cet ermite le passionnait. Il avait toujours désiré comprendre l’origine des aptitudes des Géants et une explication lui était offerte. De plus, il sentait que l’étranger lui apprendrait encore un grand nombre de choses. Soudain, une idée traversa son esprit : Vous manipulez les Esprits… Avant d’avoir fini sa phrase, l’autre le coupa : Pas exactement ! Ils m’obéissent car c’est leur bon vouloir. Je leur demande de m’aider mais une telle requête peut rester sans réponse… Soit ! Mais si vous demandez à l’Esprit du Feu qui demeure au sein d’un Géant du Feu de se retourner contre le corps qu’il habite, le fera-t-il ? Il y a peu de chances… à moins de tomber sur un Géant qui maintiendrait son élément dans un carcan mental, l’empêchant de s’exprimer… mais même là, la force mentale nécessaire à un tel acte devrait être largement supérieure à celle que possède le plus puissant mage d’Olympia. Seuls les Esprits indépendants peuvent être contrôlés sans grande difficulté. Lamenoire allait reprendre lorsque l’autre lui dit : La nuit vient de tomber… tu dois aller te reposer : ta blessure est encore fragile… et le sommeil est réparateur… L’Olympien voulut protester mais sa fatigue et une faible migraine l’emportèrent sur sa soif d’apprendre. Alors qu’il retournait à son « lit » de feuilles, il entendit le chaman lui demander : As-tu réfléchi à ma proposition ? Acceptes-tu l’enseignement que je te propose ? Le jeune homme réfléchit quelques temps, mais il savait ce qu’il allait dire : il répondit par l’affirmative. Bien ! Nous commencerons demain. Que la Nuit soit agréable… Ce n'est pas le nombre qui combat et qui triomphe, c'est le courage : la Victoire ne se déclare pas pour la multitude, elle ne favorise que les braves... |
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Premières notions
Lamenoire se réveilla de bonne heure. Cette nuit lui avait fait le plus grand bien et il était prêt à affronter cette nouvelle journée. Alors qu’il sortait de la grotte pour s’emplir les poumons d’air frais, il croisa l’ermite qui revenait d’une cueillette matinale. Celui-ci mit les plantes qu’il avait récupérées sur un rocher, proche d’un chaudron qu’il remplit d’eau de rosée ramenée magiquement de l’extérieur. Il prononça un mot de pouvoir et une flamme embrasa les branches amassées sous la marmite. Au bout de quelques minutes, l’eau se mit à bouillir et le chaman versa les plantes dans le récipient. Une douce odeur se répandit dans la grotte. Après un petit déjeuner frugal, l’ermite invita Lamenoire à le suivre. Ils arrivèrent au bord d’une rivière et s’assirent l’un en face de l’autre. Le chaman commença : Je vais commencer par les bases : les Esprits se divisent en trois catégories : les Esprits majeurs, les Esprits d’Ordre Supérieur et les Esprits mineurs. Le premier groupe comprend les deux plus puissants Esprits de la création : la Vie et l’Arcane. Ces deux Esprits sont nécessaires à tout être vivant, et tout être vivant est un savant mélange de ces deux Esprits. Les Olympiens, les Elfes, les Nains… tous les membres de ces peuples sont des carcasses, des coquilles emplies de ces Esprits. Lorsque la carcasse est trop fragile, lors de la vieillesse ou à cause de blessures, les Esprits s’en échappent. C’est pourquoi les armes donnent la mort : elles créent des brèches dont s’échappent les Esprits nécessaires à la vie… Il marqua une pause avant de reprendre : La seconde catégorie regroupe les Esprits de la Terre, de l’Eau, de l’Air et du Feu. Enfin, la troisième est représentée par la multitude d’Esprits mineurs : la Foudre, le Roc, le Bois et tous les éléments naturels possibles et imaginables. Les mages sont aussi appelés les pratiquants de l’Arcane. Y’a-t-il un rapport avec l’Esprit de l’Arcane ? Oui… bien que peu d’entre eux connaissent l’origine de cette appellation. En fait cela est dû au fait que l’Arcane est un Esprit particulier : il a la possibilité d’attirer les autres Esprits. Ainsi, lorsqu’un mage elfe conjure une boule de feu, il appelle en réalité l’Arcane. Les Esprits de l’Arcane se condensent dans ses mains, attirent à eux les Esprits du Feu, matérialisant ainsi une sphère de feu. Lorsqu’il la projette, il envoie l’Arcane à laquelle est fixé le Feu. La plupart des mages libèrent l’Arcane de leur emprise au moment de l’impact : les Esprits se dispersent, créant cette zone de mort autour de la cible. Cependant l’Arcane ne se contrôle pas aisément : il faut posséder un don ou connaître les paroles rituelles permettant de soumettre sa demande à l’Arcane. La plupart des mages, même s’ils sont naturellement doués, usent des paroles rituelles afin d’augmenter leurs chances de succès. Au contraire, la connaissance de ces incantations permet d’utiliser les Esprits sans don pour la magie ! Et vous pensez que je suis apte à communiquer avec les Esprits ? Comme je viens de te le dire, l’apprentissage des mots de pouvoir est la clé de toute magie… Il te faudra donc apprendre les principales formules. Sache tout d’abord qu’il existe trois façons principales d’user des Esprits : Créer, Régir, Altérer ! A chacune de ces façons correspond un mot, et ces trois mots sont les plus importants. Pour créer, le mot est Démiourguéo, Régir se dit Kubernao et Altérer Etéroïo. Lamenoire répéta plusieurs fois les trois mots avant que le chaman ne reprenne : Quand tu utilises Démiourguéo, en général, tu dois employer Kubernao juste ensuite, à moins que tu n’aies pas l’intention de te servir de ce que tu viens de tirer du néant. Ainsi, si tu veux créer du feu pour le projeter sur un ennemi, tu devras utiliser les deux mots. Au contraire, si tu veux créer un petit point d’eau pour te désaltérer, Démiourguéo suffira. Etéroïo te servira pour modifier la forme de quasiment tous les objets solides que tu trouveras sur ton chemin… Mais comment faire savoir à l’Arcane ce que l’on désire avec seulement trois mots ? Qui t’a dit que le langage mystique se limitait à ces trois mots ? Non, il en existe une multitude ! En fonction de ton besoin, tu invoqueras l’Esprit correspondant… tout en sachant que tout Esprit mineur est rattaché à un Esprit majeur ou d’Ordre Supérieur qu’il te faudra invoquer au préalable. Ainsi, l’Esprit du Roc dépend de celui de la Terre. Une incantation classique se décompose ainsi : tout d’abord, le ou les mots qui définissent ton intention : Créer, Régir ou Altérer. Ceci fait, tu invoques l’Esprit majeur ou d’Ordre Supérieur que tu souhaites utiliser ou auquel l’Esprit mineur de ton choix est rattaché. Enfin, tu utilises le mot désignant l’Esprit que tu cherches à utiliser (à moins que son nom n’ai déjà été employé au début de la formule) suivi de l’action que tu désires le voir effectuer. Par exemple, en langue commune, si tu veux emprisonner un ennemi dans la glace et que celui-ci n’est pas à proximité d’un cours d’eau, tu utiliseras cette phrase traduite en langage mystique : « Créer Régir Eau, Gel Entrave » Tout en incantant, tu dois penser au résultat de l’action souhaitée, afin que ta demande soit correctement interprétée. Mais comment les Esprits de l’Arcane pourraient-ils connaître ma pensée alors qu’ils viennent de l’extérieur ? Tout simplement parce qu’ils ne viennent pas de l’extérieur ! Ils demeurent en toi depuis ta naissance. Tu possèdes en toi une réserve renouvelable d’Arcane d’où tu puises l’énergie nécessaire à l’accomplissement de ton sort. C’est ce que les mages nomment la mana. Une fois que tu as épuisé ta réserve, tu es dans l’incapacité de lancer le moindre sort jusqu’à ce qu’elle se soit renouvelée. Le maître et l’apprenti discutèrent encore de nombreuses heures. Lamenoire posait de nombreuses questions dont les réponses assouvissaient à chaque fois un peu plus sa soif de savoir… Dans le même temps, l’ermite lui apprenait de nombreux mots de pouvoir. Ils cessèrent leur dialogue pour le déjeuner et, celui-ci terminé, le chaman demanda à l’éclaireur de tenter quelques tours relativement simples, comme récupérer mentalement l’eau d’une rivière pour la placer dans un récipient, ou encore modifier la forme d’une petite sculpture. Le jeune Olympien parvenait généralement à ses fins, mais cela lui demandait à chaque fois de longs efforts de concentration, durant parfois plusieurs minutes. Finalement, au crépuscule, le chaman déclara : Hum... je crois bien t’avoir surestimé. Je crains que tes difficultés ne soient le fait d’une mauvaise compréhension des Esprits… il va falloir remédier à ce problème. Suis-moi… Ce n'est pas le nombre qui combat et qui triomphe, c'est le courage : la Victoire ne se déclare pas pour la multitude, elle ne favorise que les braves... |
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Un don inespéré
Le chaman emmena Lamenoire dans un lieu que l’Olympien n’avait jamais exploré durant son court séjour dans les collines. Il s’agissait de la clairière d’un bois, au centre de laquelle se dressaient six pierres couvertes de runes. Au sol, tracé dans l’herbe, se trouvait un cercle de pouvoir. Malgré les connaissances limitées de Lamenoire en matière de magie, il put ressentir de puissantes forces occultes à l’œuvre. L’ermite lui déclara : Cette nuit, les deux lunes d’Olympia seront pleines : les Esprits seront particulièrement puissants, surtout en ce lieu. J’aurai besoin de toutes les forces disponibles pour le sort que je désire utiliser… Lamenoire, intrigué par ces mots, demanda : Maître ? Que comptez-vous faire ? Je vais te rendre ce dont tu as longtemps été privé… il s’agit de l’un des acquis les plus précieux des êtres vivants, et il est temps que tu en profites de nouveau… la vue ! L’Olympien ne put réprimer un geste de recul. C’est impossible ! dit-il en un souffle Personne n’y est jamais parvenu ! Les prêtresses les plus éminentes, les plus anciennes du temple d’Apollon ont échoué ! Les dieux par leur intermédiaire ont échoué ! Vous ne pourrez réussir là où l’Olympe a échoué ! Le chaman répondit, une pointe non dissimulée d’ironie dans la voix : Les dieux… ne me dis pas que tu crois en ces balivernes… une simple race immortelle qui a su exploiter les Esprits pendant plus longtemps et de manière plus efficace… L’Olympien ne pouvait tolérer de telles paroles : il sortit son épée du fourreau… et l’ermite éclata de rire. Etéroïo Sidèros L’arme de l’éclaireur se tordit dans toutes les directions, comme soumise à sa volonté propre, pour finalement prendre la forme d’une spirale. Ne sois pas borné ! Garde ta rage pour d’autres occasions ! Et abandonne ce fanatisme : il te conduira assurément à la mort. D’ailleurs, ta dévotion pour l’Empire t’a plus d’une fois mené à ta perte… Laisse-moi tenter ma chance : si j’échoue à mon tour, il sera toujours temps de me faire remarquer que j’avais tort… Le chaman fit un geste désinvolte de la main et la lame de l’Olympien reprit sa forme originelle. Il fit ensuite signe au jeune homme de le rejoindre au centre du cercle : La première lune s’est levée : le rituel va pouvoir commencer. Il vaudrait mieux que tu retires ton bandeau ! L’éclaireur obéit, laissant apparaître ses orbites calcinées. Tandis qu’il s’exécutait, le second astre nocturne fit son apparition dans le ciel étoilé. Aussitôt, les runes des pierres dressées se mirent à luire d’une lueur bleutée. Aux pieds des deux hommes, les motifs qui tapissaient le sol adoptèrent une couleur blanche, irréelle. Aussitôt, le chaman entama une incantation. Le vent se mit à souffler avec force, la foudre déchira le ciel avec fracas, la pluie commença à tomber. Dans cette atmosphère fantastique, Lamenoire sentit les forces de la nature se déchaîner autour de lui tandis que l’ermite continuait de réciter les paroles mystiques. Il plaça ses mains au niveau des ses épaules, légèrement écartées du corps, les paumes tournées vers le ciel. Dans sa main droite commença à se apparaître une flamme du blanc le plus pur, tandis que dans l’autre se matérialisait une flamme violette. Alors qu’il continuait son incantation, les flammes s’étirèrent vers les yeux morts de Lamenoire, comme pour créer un lien entre ceux-ci et les mains du jeteur de sorts. Dès que ce lien fut établi, l’Olympien sentit une douleur atroce tandis que les feux purifiaient ses orbites en détruisant toute impureté… y compris les restes de ses anciens yeux. Il tomba à genoux, serrant les deux pour retenir un hurlement de douleur. Cependant, au bout de quelques secondes qui parurent des heures au jeune homme, les flammes et la douleur se retirèrent aussi vite qu’elles étaient apparues. Le chaman prononça un dernier mot de pouvoir, achevant ainsi l’incantation. Il s’approcha de Lamenoire en claudiquant, l’aida à se relever et lui tendit la longue écharpe de lin bleue. Remets ton bandeau… L’Olympien se saisit de l’étoffe et la noua autour de son crâne. Ouvre les yeux… L’éclaireur s’effectua. Aussitôt, un déluge de couleurs lui agressa l’esprit. La voix pincée par l’émotion, il dit : C’est un miracle… Trois ans que je ne pouvais plus qu’imaginer le monde, les gens et tout ce qui m’entourait… Je vous en serai éternellement reconnaissant… Il regarda autour de lui, voyant parfaitement malgré son bandeau. Il voyait les collines verdoyantes, les arbres majestueux, le ciel nocturne étoilé. Son mentor lui apparut pour la première fois : il était grand, couturé de cicatrices et deux grandes cornes saillaient de son front. Une longue barbe savamment tressée ornait le bas de son visage mais, malgré cette vieillesse apparente, il était doté d’une musculature qui aurait fait pâlir d’envie la plupart des guerriers d’Olympia, y compris les plus forts. Cependant, au milieu de ce monde redécouvert circulaient de nombreuses entités qu’il n’avait jamais rencontrées à l’époque précédant sa cécité. De longues silhouettes filiformes et serpentines se tortillaient dans l’air. Quelles sont ces créatures ? Tu ne le devines pas ? Les Esprits… Que m’avez-vous fait ? Comment est-ce possible ? Sache que derrière ton bandeau se trouvent de flammèches qui sont des Esprits matérialisés : ton œil droit est désormais le domaine d’un Esprit de la Vie, qui te permet de voir le monde tel que tu le voyais auparavant. Ton œil gauche quant à lui est habité par un Esprit de l’Arcane, qui te permet de percevoir les Esprits qui t’entourent, et ainsi de comprendre toute magie. Cependant, comme pour de vrais yeux, tu peux fermer l’un pour ne voir que ce que perçoit l’autre… Lamenoire tenta aussitôt l’expérience. Il voulut fermer l’œil gauche, et aussitôt la flamme violette s’éteignit. Au même instant, les Esprits s’effacèrent de sa vision, laissant le monde tel que tous le voyaient. Il voulut le rouvrir, et la flamme réapparut. Il ferma ensuite l’œil droit, faisant disparaître la flamme blanche. Aussitôt, tout devint noir et seules les formes serpentines et colorées restèrent dans son champ de vision, évoluant dans un monde d’obscurité complète. Il rouvrit l’œil et s’approcha du chaman, les bras ouverts pour le remercier… Ce n'est pas le nombre qui combat et qui triomphe, c'est le courage : la Victoire ne se déclare pas pour la multitude, elle ne favorise que les braves... |
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Retour à Lardanium
Lamenoire resta encore plusieurs semaines dans les collines de Boari, perfectionnant son entraînement. Au bout d’un mois, il était enfin capable d’utiliser correctement les pouvoirs mis à sa disposition par la nature. Il connaissait aussi presque l’ensemble des Mots du langage mystique, et avait été capable de se sortir de toutes les situations dans lesquelles le chaman l’avait mis afin de tester sa capacité à utiliser le bon pouvoir au bon moment ou ses propres aptitudes physiques si l’usage de l’Arcane n’était pas nécessaire. Cependant, l’Olympien éprouva rapidement le besoin de retourner à la cité blanche, où ses affaires l’attendaient. Lorsqu’il exprima ses desseins à l’ermite, celui-ci acquiesça, compréhensif. Il lui fit quelques recommandations avant son départ et lui donna quelques instructions dont la dernière était : … Enfin, sur un champ de bataille, n’utilise les Esprits qu’en dernier recours. Leur volonté n’est pas soumise à ta seule volonté et un sorcier compétent n’aura aucun mal à retourner contre toi les forces que tu manipules. Bien maître… je ferai selon tes instructions ! Heureux de te l’entendre dire… fais un bon voyage et n’ai pas peur que tes animaux fatiguent : je m’en suis occupé pendant ton séjour ici ! Blizzard te mènera où tu veux et Eclair et Atlas te suivront aussi loin que tu iras ! Merci… une dernière question… quel est ton nom ? Le chaman eut un rire bref : Mon nom n’a que peu d’importance… il finira oublié de tous… tout comme mon peuple. Mais, si cela peut t’intéresser, je m’appelle Khôlskarn-ô-Ikar ! Un nom composé comme en portaient tous les membres de ma race. Khôlskarn est mon prénom, ô est un titre honorifique utilisé pour les plus puissants chamans et Ikar signifie Faucon car c’est la rune qui orne mon front depuis ma naissance. Lamenoire enfourcha Blizzard et sourit à l’ermite : Et bien salut à toi Khôlskarn-ô-Ikar. Puissent nos routes se croiser de nouveau… Ceci dit, il se tourna en direction de Lardanium et frappa les flancs de son destrier. Tandis que sa silhouette s’effaçait dans le lointain, le chaman murmura : Salut à toi Uther Dragonsoul… que les Esprits t’accompagnent sur la longue route de ton existence… Il fit volte-face et regagna sa caverne… Ce n'est pas le nombre qui combat et qui triomphe, c'est le courage : la Victoire ne se déclare pas pour la multitude, elle ne favorise que les braves... |
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Alors là... Je reste sans voix, c'est tout simplement génial... D'abord en voyant le gros pavé je me suis dit "ouah trop long" pis comme c'était toi ( ![]() |
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Superbe chronique, rien à redire. Quelques félicitations s'imposent ! [Famille Falk]
La Liberté est enfin à portée ! |
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Enfin la voilà! depuis le temps que tu m'en parlais ![]() Bah je ne susi pas surpirs du surperbe résultat... [Ambassadeur Pour Kazad][7° compagnie]
Ne vous Battez pas pour vos vie!Ni pour votre famille!Ni pour votre Seigneur! Non!Battez vous pour un Idéal... Moi j'ai trouvé cet idéal |
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J'aime beaucoup!
Certains noterons quelques clains d'oeil a certain livres,jeux,univers crée par le studio de production du nom du cheval^^ tres sympa,une autre,une autre! |