Situation : fin du siège de Luminae. Traité signé, les Nains commencent à rentrer chez eux malgré quelques accrochages. Quelques problèmes demeurent avec des Elfes à l'Est du Radar Bek.

Cette histoire avec Luminae était enfin reglée (pour le moment, en tout cas), et c'était éreinté que Kyp rentrait vers sa chambre. Une petite explosion lui ferait le plus grand bien... Ah non, c'est vrai, on avait dit plus d'explosion. C'est dur ça. En plus, le Roi avait croisé le Gardien des Anciens dans le hall du palais. Un "grumph" sonore lui avait fait comprendre qu'on attendait déjà les futures opérations avec impatience. Quelle corvée ! Qu'est-ce qu'on allait bien pouvoir faire maintenant que les sauvages étaient censés se tenir à carreau ?

D'habitude, c'était dans ces moments là que Kyp était le plus productif, mais comme toute la réserve de poudre avait brulé et que de toute façon, on avait dit plus d'explosif, ça allait être dur de trouver une autre occupation. Le Roi aurait toute la nuit pour y réfléchir.

*****

Le lendemain, Kyp s'était préparé une petite liste d'activités à essayer. Pour commencer, le travail au chantier était reservé à ceux qui n'avaient rien d'autre de mieux à faire. De toute façon, c'était du travail et c'était fatiguant. Pas une bonne idée donc. La première tentative fut d'aider le prêtre du temple d'Hephaistos à tenir le temple. L'idée tourna court aprés que Kyp eut réalisé à quel point astiquer les statues dans leurs moindres recoins était répétitif, sans compter les rires étouffés des paroissiens qui reconnaissaient leur Roi en train de faire l'enfant de coeur. Ce fut donc passablement irrité que le Roi en question partit vers la Guilde des Fabricants de Bouchons. Malheureusement, tous les bons postes étaient déjà pris et Kyp se retrouva à visser les bouchons sur les amphores (certaines étaient d'ailleurs curieusement moins remplies que d'autres). Aprés une heure passée à enfoncer ces saloperies de bouchons en lièges plus larges que le goulot, le chercheur de hobbie claqua définitivement la porte de la Guilde.

Nouvelle tentative à la Guilde des Brasseurs, nouvel échec : ici, on ne prend que des Nains qui ont fait des études spéciales de maitres brasseurs ! Ou alors si vous voulez, on a besoin d'un balayeur pour les toilettes...

La Guilde des Constructeurs de Maquettes. Aprés son cinquième echec dans la réalisation d'un modèle réduit de tonneaux de bière (modèle débutant), Kyp cassa la moitié des fabrications luxe dans un accés de rage. Il n'eut pas à claquer la porte, on la claqua pour lui.

Le passage à la Guilde des Confituriers s'acheva par une tentative de suicide dans la cuve de gelée de groseilles. La Guilde des Bibliotècaires le renvoya aprés qu'il eut déchiré 5 pages de l'encyclopédie de Kazad (modèle unique), mais il faut dire aussi que la gelée de groseille, ça colle au vieux papier. Nous jéterons un voile pudique sur la tentative de tricot. Malgré la pub terrible que la présence du Roi en personne lui aurait faite, la Guilde des Strip-Teasers Hot de Kazad (la trés célèbre STHK) le refusa pour raisons physiques (même Kyp n'a toujours pas compris pourquoi). La Mafia Kazadienne cru à une tentative de la Garde de Pierre de les infiltrer. Trois membres des petits chanteurs à l'amphore d'argile désertèrent aprés qu'il eut commencé à chanter. L'équipe officielle de Hache au Crane de Kazad (toujours en manque de joueurs valides) l'aurait bien pris, mais le Gardien s'y opposa, arguant que le Roi n'avait pas à s'afficher dans ces jeux populaires. La tentative de footing le laissa pantelant au bout de trois cent mètres. Il faillit cogner le prof de yoga et cogna même carrément sa voisine qu'il trouvait trop allumée. (et je pense que je pourrai continuer longtemps à dire des conneries, alors on va se calmer et en revenir à notre récit).

Bref, il se dirigeait tristement et sans grand espoir vers le club des Gros Buveurs Kazadeux, quand son attention fut attirée par une affiche qu'il avait fait poser en ville un peu partout la veille. En gros, ça parlait des Elfes qui emmerdaient le monde et des jeunes Nains toujours prés à défendre Kazad qui devaient se regrouper pour contre-attaquer. Peuh ! Facile à dire. Kyp y aurait bien participé, mais ces temps-ci, même les Elfes avaient commencé à ne plus trop sentir la caillasse qu'on leur jetait. Au moins, avec quelques explosifs, ça marchait mieux !

Et sans même s'en rendre compte, Kyp repartit vers le palais, analysant, réfléchissant. Il y a peut-être moyen d'utiliser la poudre sans forcément devoir refaire les dosages à chaque fois. Et peut-être faudrait-il un moyen pour mieux orienter tout ça, histoire que les alliés n'en prennent pas trop dans la figure. Il avait grosso modo l'idée d'un tube pour la direction et d'un briquet ou silex pour la mise à feu quand il entra dans les forges royales. Aprés avoir longuement expliqué ce qu'il voulait, il vit le forgeron le regarder avec des yeux ronds.

-Sauf vot' respect majesté, c'est pas trop mon truc, ce genre de machin. Vous m'auriez demandé une épée ou une hache, moi, je veux bien. Mais vot' truc, là, j'ai aucun plan. Et pis j'y connais rien en poudre explosive. Je voudrais pas faire des dégats dans la forge...

Aprés un temps de reflexion à l'issu duquel Kyp comprit que le forgeron avait sûrement une bonne excuse pour refuser, il répondit tout simplement :
-Trés bien. Vous aurez vos plans.
Puis il quitta la pièce au grand soulagement de l'artisan.

*****

Le lendemain, on avait collé par-dessus les affiches de recutement de la Garde de Pierre une nouvelle affiche réclamant des artisans motivés pour travailler à l'élaboration d'une nouvelle arme royale ainsi qu'une promesse de récompense morale trés importante ("Vous aurez été fiers d'avoir pu servir votre Roi au mieux."). Coincé dans son petit établi particulièrement sombre, Kyp attendit les réponses.

Un vieux nain crasseux s'avanca dans l'atelier du Roi. Il était couvert de ronces,de branchages et propageait une odeur qui aurait provoquer une syncope chez un bouc miteux. Il toussa avant de balancer un glaviot d'une couleur sombre et indéfinissable.

"Salut vot' Majestée!J'ai vu vot' affiche, et ca m'parait plus sensé qu'la plupart des trucs qu'on a entendu dernièr'ment, c't'histoire.
Pour ma part j'ai d'jà testé les grenades et j'ai optimisé l'système en les envoyant par l'biais d'mon lance pierre.

J'me dis qu'si on arrive a améliorer la portée et la trajectoire d'l'engin, c'est bien f'sable.
Au cours du long voyage qui m'a ammené dans les sous bois d'Quatar, j'ai pu tester un truc assez sympa.
Chais pas encore si ca va servir, mais puisqu'on parle d'innovation, j'le dis.
Mon ptit pote Golgoth, il distille une gnôle infâme qu'Soumsoum voudrait même pas pour nettoyer l'zinc d'la Guilde des Travailleurs Nains.

J'voulais l'arroser avec son truc ignoble, mais il l'avais mis dans un tube en roseau qu'il avait fermer avec un bout d'tissus .
En essayant d'déboucher son truc, ma pipe s'est approcher un peu trop près du tissus et m'a pêter a la face.
L'truc marrant, c'est qu'on a r'trouver l'chiffon qui f'sait bouchon accrocher au sommet d'un arbre a plus 50 mètres du lieu d'l'accident.
J'me dit qu'si on analyse correc'ment c't'histoire, y ptêt moyen d'en faire quèque chose.

Mais bon, chuis pas un génie non plus, chuis juste un mec avec une barbe dégeulasse...
Et le pire dans tout ca, c'est qu'l'odeur d'sa mixture...
Bah elle part pas...
le vieux nain secoua sa barbe puis hocha la tête d'un air dépité...

Bagnus Kaskanferr, l’aîné du clan, pestait dans son atelier de pyrotechnie de l’université de Kazad…

Bagnus : « Pfff, il a en de bonne notre Roi. Une nouvelle arme royale, rien que ça… qui fonctionne avec de la poudre en plus… Mais on va droit dans le mur, moi je vous le dis. Ah, si mon frère était là, il dirait…

…

Mouais, je suis sûr qu’il participerait au projet. Bon, allez, c’n’est pas tout ça mais y a du boulot ! »

L’artisan passa ainsi plusieurs jours dans son laboratoire à tracer plans et schémas ainsi qu’à modeler maquettes et prototypes.

Un soir, alors qu’il rentrait à la demeure familiale, il croisa son frère Hoignar, qui officiait au Temple d’Héphaïstos. Tout deux entamèrent la discussion et ils ne purent éviter le sujet de ce que tout le monde appelait « la dernière folie du roi Kyp ».

Hoignar : « Justement, je suis passé au Palais il y a peu et apparemment, le Roi déprimerait un peu en ce moment, peu de gens lui proposent des idées exploitables et puis, comme il s’est interdit de toucher à la poudre, ça n’aide pas l’avancement de ses recherches. »

Bagnus : « Bah, de mon côté, j’avoue que ça n’avance pas beaucoup. En plus, nous devons superviser prochainement l’examen des jeunes pyrotechniciens de la ville donc je n’ai plus trop le temps de bosser sur le projet. »

Hoignar : « Peut-être devriez-vous leur donner comme devoir de réaliser cette arme ? »

Bagnus : « Mouais… on a quand même envie d’avoir des diplômés cette année tu sais… mais dis moi, ça a l’air de te prendre à cœur cette histoire ? Me tromperais-je, mon frère ? »

Hoignar : « Non, tu as raison. Pour être franc, j’ai vu notre Roi lors de la Grande Messe et comment dire… je pense que c’est là qu’à germer son idée. La guerre l’a rappelé à des réalités plus terre à terre mais je pense qu’Héphaïstos est derrière lui et cherche à nous guider. »

Bagnus : « Loué soit-il et que son feu sacré brûle pour l’éternité. »

Hoignar : « Loué soit-il »

Bagnus : « Enfin, si le Grand Forgeron est derrière tout ça, alors c’est de bonne augure. J’enverrais demain un messager inviter le roi à visiter notre atelier. Peut-être avons-nous attendu trop longtemps avant de mettre nos idées en commun »

Hoignar : « Je suis ravi d’entendre ces paroles mon frère »


Aux premières heures de la matinée, un coursier fut envoyé au palais royal porter l’invitation. Il revint une bonne heure plus tard prévenir Bagnus accompagné de la réponse.

Coursier nain : « Messire Kaskanferr, le Roi est arrivé »

Tout enthousiaste, Kyp pénétra dans la pièce alors que Bagnus assimilait seulement la nouvelle.

Bagnus : « Messire, c’est une joie de recevoir votre visite, même si je n’osais espérer vous voir si tôt. N’est-ce point le jour des doléances au palais ? »

Kyp, cherchant déjà du regard le futur joujou : « Nulle doléance en ce jour, j’ai décrété qu’aujourd’hui serait la journée du bonheur. Il est donc interdit de se plaindre. Bon, l’est où ? »

Bagnus : « Quoi donc mon Seigneur ? »

Kyp : « Bah, ma nouvelle arme royale… »

Bagnus : « Euh… c’est-à-dire que je comptais vous présenter l’état des recherches. Rien n’est finit, loin de là… »

Kyp : « Ah ? Bon, bein montrez-moi alors »

Le pyrotechnicien emmena son suzerain dans une arrière-salle dans laquelle il travaillait sur le projet. Plusieurs prototypes étaient installés sur des tables ou des établis.

Bagnus : « Alors, nous avons commencé par travailler sur des projets de lances-grenades. En effet, le but est de pouvoir atteindre ses ennemis à longue distance avec une puissance de feu importante et les grenades sont ce que nous avons de mieux en ce moment. En plus, ce projet éviterait de conditionner l’efficacité de nos armes à la capacité de lancer de nos grenadiers. Pour se faire, nous sommes partis de ce que nous avons pu apprendre des arbalètes imposantes construites par les olympiens. Le but était d’obtenir une arme qui allie la puissance de l’arbalète et qui soit assez pratique pour être utilisé, même par une buse. Ainsi, nous avons conçu un système de double propulsion à manivelle et élargit la rampe pour pouvoir y glisser les grenades. Ce qui nous donne ceci»



Kyp : « Ah ouais… mmm… vous avez rien de plus petit ? »

Bagnus : « Certes, on a encore des problèmes pour la miniaturisation mais ça peut faire en l’état actuel une excellente arme de siège. »

Kyp : « Non mais, vous savez, moi je préfèrerais un truc avec de la poudre, des explosions tout ça, pas un truc d’olympien amélioré… »

Le Roi trouva vite son réconfort sur une table voisine, à côté d’un tonnelet était disposé plusieurs sachets et rien qu’à l’odeur, le souverain des nains reconnut la doux fumet du souffre et du salpêtre.

Kyp, se précipitant vers les sachets de poudre : « Vous voyez, un truc qui utilise ça, au fait, c’est quoi le mélange… j’ai cru sentir un mélange souffre, salpêtre, je me trompe… Montrez voir… »

Bagnus « Non, votre seigneurie, surtout pas ! C’est très instabl… »

Mais le mal était fait. Kyp avait desserré la cordelette d’une des bourses de poudre pour voir de plus prêt la substance. Rapidement, au contact de l’air, la poudre s’enflamma et le Roi eut le réflexe de jeter le sac et son contenu dans un seau d’eau voisin. Là, sur la surface du liquide, un brasier continuait de se consumer, projetant une lourde fumée noire dans la pièce.

Kyp, admiratif : « Bagnus… »

Bagnus : « Oui mon Seigneur ?

Kyp : « L’eau brûle »

Bagnus : « Je le constate, en effet »

Kyp : « Vous le saviez et vous ne m’avez rien dit ?

Bagnus : « Pour être franc avec vous, je le découvre à l’instant. Il faut dire que je n’ai pas l’habitude de tremper mes poudres dans l’eau… »

Kyp, jetant un regard mauvais sur le pyrotechnicien : « C’est la journée du bonheur aujourd’hui, ça interdit aussi le mauvais esprit, je vous préviens »

Bagnus : « C’était une remarque d’ordre scientifique »

Kyp « Néanmoins, c’est une découverte géniale, avec ça on va pouvoir en cramer plus d’un et prendre le contrôle de la mer d’Emeraude par exemple… »

Bagnus : « Messire ? »

Kyp, rêveur, s’imaginant corsaire des hautes mers, carbonisant tout les mécréants voulant le défier : « Oui ? »

Bagnus : « L’armée naine ne possède pas de navales. »

Kyp « C’est vrai ? »

Bagnus : « Il me semble… »

Kyp : « Hé bien c’est un tord… Imaginez qu’un jour la calotte du nord fonde, on se retrouverait avec de la flotte jusqu’au pied du Radar Bek, et avec notre chance, les sauvages savent nager. On en a engloutit des civilisations pour moins que ça !»

Bagnus : « Oui, enfin, à mon avis, on a le temps avant que ça fonde et puis vous savez, moi et les enjeux climatiques, c’est pas mon truc »

Kyp : « Ou alors, on arrive à faire un mélange qu’on mettrait dans un tonnelet fixé dans le dos et avec un système de pompe, on carbonise nos ennemis… Ca ferait une arme royale géniale ça, non, vous trouvez pas ? On appellerait ça, un feu kypois…»

Bagnus : « En effet, c’est une idée à creuser… mais j’ai encore quelques choses à vous montrez »

Kyp : « Ah… chic, ça commence à me plaire »

Le professeur pénétra dans une nouvelle pièce aux murs noircis par la suie, ce qui n’augurait pas du meilleur. A l’intérieur, sur un piédestal, se trouvait un autre prototype. Ce dernier possédait une base d’arbalète mais la hampe et le mécanisme de projection avait été remplacé par un long tube d’acier.

Kyp, exultant : « Mais… mais… vous voyez quand vous voulez ! Un tube, c’est parfait… Vous vouliez me faire la surprise, non ? »

Bagnus : « En fait, le prototype n’est pas au point… Nous l’avons conçu pour projeter une de nos grenades en se servant de la force explosive de la poudre pour l’éjecter au loin »

Kyp : « Et qu’est-ce qui ne va pas là-dedans ? »

Bagnus : « Ca explose. La force explosive de la poudre entraîne l’explosion de la grenade. »

Kyp : « Et si on oublie cette idée de grenade pour la remplacer par un boulet. C’est bien aussi un boulet, ça fait mal et puis on limite les dommages collatéraux auprès de nos alliés. »

Bagnus : « Nous y avons pensé… mais ça explose quand même, nous n’avons pas réussi encore à trouver un mélange possédant assez de souffle pour envoyer un projectile tout en brisant l’arme dans le meilleure des cas, tuant son porteur dans le pire. Le meilleur que l’on puisse faire avec notre poudre actuelle, c’est ça»



Bagnus : « Où ça… »



Kyp : « Vous avez vraiment un problème de taille. Vous êtes sûr que vous n’avez pas un complexe quelque part ? »

Bagnus : « … »

Kyp : « Bon, c’est bien quand même… Vous êtes maintenant employé à plein temps sur ce projet et je vais vous envoyer tous les loustics qui m’écrivent. Ils ont plein d’idées à proposer… Et puis, préparez mes appartements, j’emménage ici. Je suis sûr que si je suis pas derrière vous, vous allez faire n’importe quoi… »

Bagnus : « Mais, messire, et les examens ? »

Kyp « Est-ce que vous ne seriez pas entrain de fomenter une doléance là ? Attention, c’est rigoureusement interdit et demain, ce sera trop tard pour annuler ces ordres… C’est tout ! »

Le Roi prit ensuite congé afin de préparer ses affaires au plus vite. Néanmoins, sur le palier de la porte, il s’exclama :

Kyp : « AH ! Je repensais à ce que vous avez dit là… plus puissant qu’une arbalète et facile à l’emploi, même pour une buse… très bon ça… D’ailleurs, on appellera cette arme…

Arquebuse ! »

Grimbar se promenait tranquillement dans la ville quand il aperçu l'affiche du roi.

Ooohhh...
- Oh non Grimbar, j'aime pas ça, on raconte qu'ils jouent avec la poudre... -
La poudre ? GENIAL !!!
- Grimbar... j'aime pas la poudre, ça fait du bruit et sa me crame les poils... -
C'est pas grave, j'te cacherais sous le protègebarbe !
- Mais... -
Il est là pour ça non ? Allez on y vaaaaa !!

Il se faufila dans le bâtiment où le roi faisait ses expériences et se mît en quête de le retrouver.

Peu de temps après, il se retrouva nez à nez avec Kyp qui ressortait d'une salle

Oh, euh, salut Kyp ! J'suis venu pour cette histoire d'arme royale, ça a l'air bien amusant et je veux en faire parti !

Grimbar jetta un coup d'oeil derrière Kyp et entra dans la pièce.

Waouh ! c'est cool tout ça !

Toutes sortes d'objets, de projets étaient regroupés dans la pièces et un atelier pour fabriquer de la poudre y était également installé.

Génial ! C'est quoi ce truc ?

*BAOOOUUMMMMMMMMM*

Oups ! Désolé ! Et ça cest qu...

*CLAANNNNNGGGGGG*

Euh je...

*POUUUFFFFF CRAAAKKKK*

Je...
- Grimbar STOOOOOOOOOOOOOOOOOOOP ! -

La fumée qui venait d'envahir la salle se dissipa peu à peu, laissant à Grimbar la vision d'un Kyp assez courroucé.
Il feignît l'innocence et demanda

Alors, c'est quand qu'on la commence cette nouvelle arme ? ^^"

Tyger vît au loin qu'une fumée noire et épaisse sortait d'un bâtiment il accouru voir ce qu'il se passait , pensant qu'un incendie c'était déclaré . Arrivé sur les lieux Tyger aperçu Grimbar qui était complètement noir à cause de la fumée

Tyger :"Et bien qu'est ce qu'il se passe ici ? c'est encore notre bon vieux Roi qui a fait joujou avec la poupoudre ? "

Grimbar :"Euh non Commandant c'est moi qui ai voulu tester les nouveau joujou pour la nouvelle arme royale "

Kyp en toussant et en agitant sa main devant son visage pour brasser l'air afin que la fumée parte , prît la parole

Kyp :"Grimbar tu ne touche plus à rien tu ne feras dorénavant que se que je te dit. Tu va voir si j'en parle à ton Commandant je pense qu'il ne va pas apprécié que tu t'amuse à détruire tout mes nouveaux joue....euh mes nouvelles armes Royales. Il se rendit compte que Tyger était déjà là Oh Commandant je ne vous avais pas entendu arriver , je suppose que vous avez entendu ce que je viens de dire .

Tyger :"Oui votre Royauté , J'ai tout entendu , le malotru a lui même avoué sa faute . Mais comme on dit si bien chez nous ``faute avouée, t'auras pas de pichet ``. les deux nains se mirent à rire . Et donc je suppose que vous êtes la pour la nouvelle arme c'est bien ça ?

Kyp :"C'est cela même Tyger Cependant je pense qu'avec Grimbar c'est mal parti pour réussir à garder quelconque prototype en bonne état"

Grimbar :"Mais c'est de ma faute si c pas solide ces soit disant armes qui vous pètent à la gueule dès que vous les touchés"

Tyger :"Il suffit Grimbar ! Va donc chercher un balai pour m'enlever toute ces saletés que tu as faites on ne peut pas travailler come il faut dans un lieu ou la propreté n'est pas. "

Grimbar partit chercher un balai. Pendant ce temps Kyp et Tyger discutait sur le projet

Tyger :"Par mon Grüt ! Je me demande bien se que je vai en faire de celui là ! Toujours à provoqué des catastrophe à cause de sa curiosité"

Kyp :"C'est dommage les prototypes que m'avait construit la famille Kaskanferr était pas mal , certes un peu trop imposant mais fort bien penser"

Tyger :"Je n'aurais je pense malheureusement jamais les plaisr de les voir un jour , étant donné que Grimbar viens de les saccager. En tout cas sachez messire Kyp que si vous avez besoin d'une quelconque aide pour quoi que se soit vous pouvez faire appel à moi. Certes je ne m'y connais pas du tout en pyrotechnie , mais je peus très bien suivre vos instructions pour vous aider ."

Grimbar revint et il commencait à passer le balai .

Tyger :"Pendant que Grimbar répare ces dégats , allons donc boire une bonne pinte bien fraiche , c'est moi qui régale messire.

Kyp :"Avec joie toutes ces explosions m'ont donné soif !"

Tyger et Kyp partirent donc en direction de la taverne la plus proche alors que Grimbar était condamné à rester balayer toute les saleté qu'il avait fait

Krunia se promenait en ville comme toute bonne Naine se respectant, dans le quartier marchand, celui qu’elle préférait, le quartier des grandes Halles de Kazad. Comme à son habitude, elle se plaisait à regarder ça et là les quelques beaux jeunes Nains passants par là. Elle ne faisait pas ça tous les jours, et prenait donc un plaisir non dissimulé à accomplir ces traques de mâles admirables. Elle finit par en suivre un, très à son goût, qu’elle pensa d’ailleurs membre de la STHK, à travers quelques allées. Au détour d’une de ces allées, elle remarqua une affiche de la Garde. Enfin, plutôt un bout d’affiche. Elle se remémora alors ces moments passés en son sein, tous ses frères, toutes les aventures vécues … Mais quelque chose la gênait. La merveilleuse affiche pour le recrutement de la célébrissime Garde de Pierre, était recouverte négligemment par une autre affiche …

Mais qu’est-ce que c’est que cette saloperie encore ? Encore une représentation de jeunes écervelés qui ne pensent qu’à la musique ou à toute autre bêtise de leur âge …

…

Pourquoi je parle comme ça ? J’ai le même âge qu’eux !

Enfin …

Elle se ravisa, et observa l’affiche …

Quoi ?!? A parce qu’en plus, c’est une affiche royale !

Bon alors … Qu’est-ce qu’il veut encore Kyp …

Quoi ?!? Ô mon Dieu ! C’est pire qu’une idée fixe ! Maintenant il va essayer de nous faire passer sa poudre pour quelque chose d’inoffensif ! Si quelqu'un ne fait pas quelque chose, on sait pas ce qu’il va bien pouvoir se passer ! Héphaïstos, s’il te plaît, veille à ce qu’aucune flamme ne soit allumée dans cette ville ! Pour le bien de tous ses habitants !

Avec tout ça, Krunia avait perdu de vue son Nain depuis un bon bout de temps …
En marchant, elle repensa à cette idée de création d’arme à poudre … Un malheur ne doit pas arriver, se disait-elle. Après quelques brèves réflexions, elle en vint à la conclusion suivante :

Je dois le faire ! Pour que personne ne se blesse à cause d’une des idées farfelues de Kyp ! Enfin … De notre bon Roi Kyp Ier !

Elle se dirigea donc vers la demeure familiale des Sköldrak, en espérant pouvoir trouver quelque chose, au moins l’inspiration, sinon quelques idées encourageantes …
A son plus grand bonheur, quelqu‘un était là. Son aîné, Durin, que tout le monde connaît bien, du temps où il était Commandant de la Garde. Un des quelques grands maîtres dans les arts runiques de leur peuple, s’il en est …

Bonjour Krunia. Comment vas-tu ?

Salut frérot … Lança-t-elle sans faire vraiment attention. Ça va pas forcément …

Qu’y a-t-il ?

Kyp a encore eu une de ses idées destructrice … Pour le plus grand bonheur de Kazad ! Comme d’habitude …

Hmm … Tu ne parlerais pas de son projet de création d’une nouvelle arme ?

Euh … Si. Tu es au courant ?

Oui, et même si cela ne me réjouit pas, je trouve qu’il fait amende honorable, et qu’il pense maintenant plus à la sécurité de tous.

Ouais … Enfin, on sait pas encore ce que ça va donner … J’aimerais éviter le pire …

Hmm ? Tu aimerais éviter le pire ? Cela voudrait-il dire que tu as l’intention de participer à ce projet ?

Toujours aussi perspicace. Eh bah … Oui. Il faut bien que quelqu’un se dévoue, nan ?

C’est une très bonne initiative de ta part. Je te félicite !

Ouais … Enfin c’est pas gagné. Pis … C’est plus facile à dire qu’à faire … C’est pas comme faire un feu de camp …

A ces paroles, les deux Sköldrak eurent immédiatement une idée.

Mais oui ! C’est pourtant évident !

En effet, les arcanes runiques t’aideront ! J’en suis certain, Krunia !

Tu en connaît un rayon sur les runes, toi. Et encore mieux, je t’ai déjà vu lancer quelques invocations de flammes ou de boules de feu. Tu pourrais m’être très utile !

Hmm, pourquoi pas, je suis un peu moins débordé depuis notre départ de la Garde.
Donc, tu voudrais utiliser les runes au profit d’une arme, c’est bien ça ?

Oui ! Cela permettrait de faire plein de choses, de … de …

Oui, en fait, tu ne sais pas trop quoi en faire de tes runes.

Eh bien … Est-ce qu’une rune pourrait créer une flamme très petite ?

Oui, sans grand problème … Mais, je ne vois pas très bien à quoi cela pourrait servir. De plus, le pouvoir de la rune pourrait s’affablir avec le temps. La puissance de l’arme décroîtrait tout au long de sa vie.

Oui, mauvaise idée … Cherchons autre chose …

Krunia repensa aux dégâts énormes qu’avait produit quelqu'unes des explosions de son bon souverain … Horrifiée, elle pensa à limiter les dégâts.

Et … Est-ce qu’une rune ne pourrait pas absorber le feu ? Ou bien la chaleur ? Ou … ?

Hmm, oui. Je ne suis pas expert, mais j’ai déjà beaucoup lu sur ce sujet.

N’y a-t-il pas un moyen pour que déjà, l’arme et la poudre n’explosent pas à la figure de celui qui voudrait s’en servir ? Je ne m’y connais pas bien en poudre et autres explosifs, mais … Pouvoir réduire l’impact de l’explosion offrirait tout de même plus de chances de survie à notre utilisateur …

Oui, mais je ne suis pas sûr de l’efficacité de l’arme si tu retire la puissance explosive.

Hmm … Ah ! Et ne pourrions-nous pas confiner cette puissance ?

Confiner ? Qu’as-tu en tête ?

Eh bah … Kyp parlait d’un tuyau pour diriger le tir. Si nous pouvions confiner la force de l’explosion dans ce tuyau pour que le projectile parte, mais que l’explosion ne fasse pas de dommage à l’arme et à l’utilisateur, ça résoudrait le problème !

Oui, certes. C’est une brillante idée. Mais … De telles runes existent-elles ?

Krunia fît une moue à son frère et celui-ci comprit bien vite.

C’est bon, je ferais des recherches à ce sujet, mais n’en attends pas trop de moi. Et puis … Pour la fabrication en série … Je ne sais pas bien.

Ne t’en fais pas. Les armes ne se font pas en jour, et cela pourra prendre le temps qu’il faut. De plus, je me rends de ce pas à la Guilde des Maîtres des Runes pour voir avec eux s’il existe de telles runes, et je verrais pour la fabrication en série.

Bien, alors je te laisse. Je vais commencer dès maintenant à chercher va.

Sur ces mots, Krunia partit directement, après un petit détour émoustillant pour suivre un prétendant, en direction de la Guilde.
Quand elle y arriva enfin, elle entreprit d’aller demander conseil à l’accueil pour mieux orienter ses recherches.

Bonjour, vous désirez quelque chose ?

Eh bien … Je suis ici pour le projet royal de création d’une nouvelle arme, et …

Vous êtes sûre que vous ne vous êtes pas trompée d’endroit ? Il me semble qu’une forge se trouve …

Non non. Je suis bien au bon endroit. En fait, j’avais pour idée qu’une rune puisse protéger le dispositif de l’arme, histoire d’éviter à l’utilisateur d’être blessé.

Hmm, je vois. Excellente idée. Je vois par contre peu de gens qualifiés dans ce domaine … Laissez-moi réfléchir un instant s’il vous plaît.

La Naine chargée de l’accueil, car se sont en effet le plus souvent des Naines qui s’occupent des tâches aussi ingrates …, se mit à réfléchir, puis sortit un ouvrage, vraisemblablement un registre du personnel, et finit enfin par donner un nom :

Ashnar Terrunik : Spécialiste des runes de protection élémentaire. Voila, enfin sachez qu’il a très bien su se diversifier et a touché à pas mal d’autre type de runes de protection. Si il y a bien quelqu'un qui pourra vous aider, c’est lui !

Hmm, merci beaucoup.

Voyons, entre Naines, on se doit bien ça ! Il est à l’étage supérieur, vers le fond du couloir.

Au revoir !

Krunia prit donc la direction indiquée par l’hôtesse d’accueil, et ouvrit la porte sur laquelle était gravées quelques runes qui annonçaient Ashnar Terrunik.
Lorsqu’elle vit ce fameux Maître des Runes, elle laissa échapper quelques balbutiements :

Eh beuh … Euh …

Car en effet, l’hôtesse ne l’ayant prévenue de rien, elle se retrouva en face d’un Nain dans la force de l’âge, avec un potentiel physique très très plaisant. Parfaitement le type de Nain dont Krunia raffolait.

Oui, un problème, mademoiselle ? Fit Ashnar.

Euh, non … Pas du tout ! Fit-elle rêveuse. Hmm, si en fait, si.

Alors, qu’est-ce qui peut amener une si charmante Naine ici ?

Eh bien, vous devez être au courant pour le projet royal de fabrication d’une nouvelle arme, non ?

Je dois avouer que non, pas trop. Je ne sors que trop peu d’ici … Finit-il avec un moue de dépit.

Eh bien, notre bon Roi Kyp a proposé à quiconque le souhaiterait d’aider à la fabrication d’une arme utilisant la poudre, et donc une explosion, pour envoyer des projectiles. Et je souhaitais y participer.

Hmm, et apparemment vous avez dans l’idée d’utiliser les arcanes runiques dans ce projet.

Exactement !

Et si êtes venue me voir, à mon plus grand plaisir, c’est pour protéger l’utilisateur des dangers que pourraient occasionner cette arme, je me trompe ?

Non, c’est tout à fait ça. Fit-elle en rougissant.

Eh bien, pour vous dire la vérité, je ne pense pas que ce type de rune existe déjà … Néanmoins, il y en a un bon nombre qui s’en rapproche de près ou de loin. Il faudrait d’abord savoir comment vous voudriez les utiliser, puis savoir si nous pourrions créer le type de rune recherché, ou si nous pourrions utiliser différents types de runes qui se compléteraient pour pouvoir remplir les critères requis …

Pour ce qui est de comment les utiliser, j’ai pensé à les graver dans le tube qui dirigerait le tir.

Bien pensé, de plus, le tube proposerait un espace suffisant pour y inscrire des runes.

Le problème réside maintenant dans la capacité d’une quelconque rune à pouvoir absorber le choc de l’explosion, tout en faisant en sorte que la force qui servirait à propulser les projectiles ne soit pas également absorbée …

En effet. C’est un challenge assez prenant ! Je serais heureux de relever le défi, ma chère … ?

Oh oui, je suis confuse, je ne me suis pas présentée. Krunia Sköldrak, jeune Maîtresse des Runes, ravie de vous rencontrer, vraiment.

Ashnar Terrunik, enchanté. Tout le plaisir est pour moi.

Hmm, pourrais-je vous aider à mettre au point ce système ?

Oh oui, bien sûr. Mais s’il te plaît, arête de me vouvoyer, et appelle moi Ashnar, ça sera tout de même plus pratique, et puis … Nous ne sommes pas si vieux que ça ! Ironisa-t-il avec un sourire enchanteur.

Hmm, oui Ashnar. Répondit-elle en tombant complètement en pamoison. Sinon … Comment fait-on concrètement ?

Eh bien, je propose de faire les expérimentations ici. Je vais commencer à rassembler des documents sur les quelques runes pouvant nous intéresser.

Bien, quant à moi, je vais aller nous procurer tout ce dont nous allons avoir besoin. De la poudre, un nombre important de tubes, et encore plein d’autres choses !

Donc, quand nous revoyons nous ? Je suis libre tout le temps. Il faut dire que je n’ai jamais grand-chose à faire ici …

Disons … Demain pour commencer, et puis, nous verrons le reste plus tard. Je viendrais après le déjeuner. A demain !

A demain, ma chère.

Après quelques jours de travail acharné de la part de Krunia et Ashnar, et quelques tartes confectionnées pour le Maître des Runes attentionné, un prototype finit par voir le jour. Krunia n’avait pas réellement bien compris comment cela fonctionnait, certainement trop occupée à boire littéralement les paroles de son beau professeur d’un jour, mais savait qu’il possédait deux runes, que l’une d’elle servait à laisser l’explosion faire partir le projectile, et que l’autre empêchait l’explosion de ravager l’arme et son possesseur.
Fort contente du résultat, elle pria Ashnar de venir avec elle présenter leur merveille au Roi.

Quelle merveille, n’est-ce pas ? Allons la montrer au Roi !

Désolé Krunia … Mais je me dois de rester ici. Je suis membre à part entière de la Guilde. Et je ne peux quitter les lieux comme ça. Sincèrement désolé … Mais ne t’en fais pas, je suis certain que le Roi appréciera.

C’est donc sur ces paroles déchirantes pour Krunia, qu’elle partit avec le prototype vers les Forges royales, en espérant pouvoir trouver le Roi. Elle le trouva enfin, et lui expliqua en quoi consistait sa trouvaille.

Salutations, cher Roi. Je suis venue vous présenter un prototype pour la nouvelle arme royale.

Je suis impatient !

En réalité, je … Enfin nous, ne nous sommes pas vraiment occupés de la partie offensive de l’arme, mais nous avons voulu conserver l’intégrité physique des utilisateurs, et aussi faire que l’arme puisse resservir de nombreuses fois sans avoir explosé.

Hmm … Passons, si ça peut faire qu’on tire plus souvent avec … Fit le Roi visiblement déçu.

Le prototype consiste donc en deux runes gravées dans le tube directeur de l’arme. Une pour que l’explosion envoie le projectile dans la direction désirée, l’autre pour que cette même explosion n’envoie pas son utilisateur immédiatement dans les limbes.

Oui, c’est assez ingénieux. Je te garantie que nous penserons à ton, ou votre, idée si jamais nous sommes confrontés à un problème de cet ordre avec un quelconque autre prototype.

Si jamais vous voulez plus de détails, que ce soit pour les plans, ou pour graver ces runes, je vous prie de vous adresser à Ashnar Terrunik, un grand Maître des Runes de la même Guilde. Celui qui a quasiment réalisé ce prototype …
Si vous voulez bien m’excuser …

Krunia partit des Forges et rentra chez elle. Consciente d’avoir aidé à la survie de nombreux futurs testeurs, mais avec en même temps quelques regrets, pour Ashnar notamment, mais aussi parce que le Roi pourrait très bien ne pas vouloir se servir de cette amélioration.

BAOUM

Sortant de l'abri blindé, le Roi des Nains et Bagnus Kaskanferr observèrent les conséquences du tir. Les yeux exorbités, Bagnus considéraient les dégats d'un air épouvanté. Pas plus embété que ça, Kyp résuma la situation par cette simple déclaration :
-Eh bien, on peut dire que ça s'améliore. Au moins, cette fois, ce n'est pas le tireur qui est mort.

Le tireur en question, tout tremblant, abaissa l'arquebuse et releva son casque qui lui tombait sur les yeux. Il ne se rendait pas encore compte que c'était un autre qui avait morflé à sa place. Derrière, toute une file de jeunes pyrotechniciens livides attendaient leur tour en priant Hephaistos. Chacun d'entre eux avait maintenant compris qu'ils auraient eu mieux fait de rater leur année et de tenter l'examen de l'année prochaine, plutôt que de servir de testeur pour une invention royale. La queue comportait maintenant un joli trou à l'endroit où se tenait quelques instants plus tôt le futur testeur qui avait pris la balle (en cherchant bien, on pouvait retrouver des morceaux un peu plus loin).

-C'est juste un problème d'effet ballistique. Il suffit de boucher l'arrière du tube. Comme ça, la prochaine fois, on sera sûr que le projectile partira vers l'avant.

-Non ! C'est hors de question ! Plus jamais ça ! Je suis désolé, Majesté, mais je ne peux plus continuer. Trois de mes élèves viennent d'exploser sous mes yeux et un quatrième vient juste de disparaitre. Je ne peux plus supporter ça. Jamais je n'aurai du accepter ce travail.

-Oulah, attention. Ca ressemble fort à une doléance ça.

-Mais la journée du bonheur était il y trois semaines !

-Oui, mais si vous continuez comme ça, on va en faire deux dans l'année. (tiens, ça me fait dire que je n'ai pas encore pensé à faire sortir des geôles les raleurs d'il y a trois semaines)

-Mais enfin majesté, jugez vous-même ! Nous avons fait exploser trois prototypes et le quatrième tire vers l'arrière. La cible est toujours immaculée. Ca prouve qu'il faut revoir nos calculs.

Contrairement au compte des morts, le compte des pertes matérielles fit réfléchir Kyp...

-Hum... C'est vrai que ce n'est pas un trés bon premier bilan. On aurait peut-être du utiliser les runes que m'a apporté Krunia.

-Quelles runes ?

-Hein ? Oh, rien !

-Quelles runes, Majesté ?

-Bof, une histoire bidon de protection de l'usager et d'assurance que le projectile part bien dans la bonne direction.

-QUOI ! (vous noterez le point d'exclamation et les majuscules, montrant qu'il s'agit plus d'un cri de fureur que d'une simple demande de répéter)

-Oh, ça y est ! Je savais que si je vous en parlais, vous voudriez à tout prix les utiliser. Mais ça va encore nous faire perdre un temps fou ! Et puis, on a encore plein de testeurs entousiastes. Pas vrai, les gars ?

-...

-Bon, ils sont peut-être un peu fatigués aujourd'hui.

-De toute façon, nous avons un problème. Pour plus d'armes, il nous faut du fer.

Aïe, encore un problème matériel.

-Moui, ça doit pouvoir se trouver.

-Et du salpètre. Vous avez brulé toutes les réserves de la ville durant la grand-messe à Hephaistos.

-Oh, vous êtes chiant ! On ne peut pas trafficoter les modèles existants ?

-Non. Et toutes les journées du bonheur que vous voulez n'y changerons rien.

Soupirant, Kyp se résolu à arréter la grande phase de test qu'il avait tant attendu. Les jeunes pyrotechniciens ne cachèrent pas leur soulagement quand on leur annonça qu'ils pouvaient rentrer chez eux. Néanmoins, Kyp doucha leurs espoirs en rajoutant :
-Ne vous en faites pas. On va rassembler tout ce qu'il faut et on pourra tous reprendre les tests là où on les avait laissé !

Dans les galeries de la ville naine, une petite forme hésitante se trouvait là, aux diverses portes, à diverses heures de la journée, chacune étant visitée avec soin, dans un ordre très bien établi.

Puisque Cwlyan n’avait le droit de se rendre à l’extérieur, et même si l’envie de défier l’autorité était forte, elle errait chaque jour dans la ville, visitant quelques proches, piochant dans les conversations des passants. Toujours aussi banal et aussi chiant.

Un petit attroupement attira néanmoins son attention.
Une information certainement, peut-être une bagarre, c’était bien les seules choses autour desquelles elle avait jamais vues de rassemblements.

Elle s’en approcha, cherchant à définir la raison de l’attention des personnes déjà présentes. Puis, elle agrippa quelques épaules instinctivement, tout en les poussant pour se frayer un passage jusqu’à ce qu’elle devina quelque chose comme étant une affiche placardée. Ca ne datait pas d’hier, elle avait dû lui échapper quelques jours durant.

Wah, un message du Roi !
Mes préférés !
Oh, en plus, il s’agit d’armes !
De tir en plus !

La jeune naine s’exclamait à chaque ligne, si bien que ses voisins, gênés, firent cercle autour d’elle. Et ils firent bien, car soudainement, elle se mit à brasser l’air avec ses bras.

Quoi ? De la poudre ?

Elle prit sa tête entre ses mains.

Mais j’y connais si peu de choses en poudre ! Je sais que Père possède quelques …

Jetant un regard autour, et comprenant qu’elle était la cible de tous les intérêts à cet instant, elle se tut.

Euh ouais, pardonnez-moi, j’vous en prie, reprenez place.

Ignorant les quelques grognements, elle amorça une marche dans Kazad, mais cette fois, point d’ennui, seule une grande réflexion l’habitait.

Je pourrais tenter ma chance, me faire remarquer, qu’on me fasse confiance, qu’on croit en ce que je fais … ou pas. Montrer que je suis capable de choses d’adultes au moins ! Puis, ça me changera enfin des cailloux et des flèches artisanales en bois …

Durant sa traversée qui la mènerait jusqu’à chez elle, elle ne répondit pas à ceux qui avaient eu la mauvaise idée de l’interpeller ce jour-là. Sa méditation était trop profonde pour qu’on puisse l’en tirer d’un simple salut. Bientôt, elle franchit le seuil de son chez elle.

Ah, te voilà enfin !

Cwlyan se dirigea vers le court escalier qui l’amènerait au premier étage, ainsi qu’à sa pièce personnelle.

Tu sais que j’ai beaucoup réfléchi par rapport à notre dernière discussion.

Elle posa son pied droit sur la première marche.

C’est étonnant comme on réfléchit bien mieux à froid.

Puis le second.

J’ai pensé que finalement, si cela t’aidait, tu pouvais lancer autant de choses que tu le souhaitais.

Elle sauta une marche.

Du moment que ça ne blesse personne, évidemment.

Puis une autre.

Certes, j’aimerais que tu lances rien, mais ce serait déjà une grande avancée, non ?

Encore deux marches.

Qu’est ce que tu en dis, ma fille ?

Elle saisit la lourde poignée de sa chambre et se retourna enfin vers son père, qui semblait visiblement dans l’expectative de quelque chose, là au rez-de-chaussée, la tête levée vers elle.

J’en dis que tu gamberges beaucoup trop. Cela dit, je n’en suis pas certaine, je n’ai rien écouté, mais c’est souvent ce que tu fais lorsque je rentre à la maison.

Ayant oublié de se déchausser, elle enleva rapidement ses bottes et les jeta au bas des marches. Son père, Gwurcyn, sursauta tout d’abord, puis ne dit rien. Après tout, il avait été épargné, cette fois ci. Alors qu’elle allait entrer dans sa chambre, il l’interrompit.

J’attendais que tu sois rentrée pour que je puisse me rendre en ville à mon tour. Je reviens bientôt.

Il s’en fut, sans plus de cérémonie.
Quelle opportunité parfaite !
Pas un seul autre parent ne paraissait traîner dans le coin.

Précipitamment, Cwlyan se rendit dans le bureau de son cher père. C’était là où il avait l’habitude de se reposer. Heureusement, il régnait tellement de confiance sous ce toit que la porte n’en était pas scellée. Un lit, une table de travail, une grande armoire ainsi qu’une vieille malle de rangement ornaient la pièce d’une simplicité effrayante. Elle savait où chercher : le coffre. On aurait pu penser que celui-ci renfermant ce qu’il renfermait aurait été, quant à lui, verrouillé. Or, sa seule sécurité contre un quelconque voleur était son double fond. Détail que la fille Ironok n’ignorait évidemment pas !

A nous deux !

Elle s’agenouilla, leva le loquet et souleva le couvercle.
Quelques épais vêtements et une odeur de renfermé mêlée à celle de la poussière l’accueillirent. Rapidement, elle vida le tout jusqu’à atteindre le « fond », qu’elle dégagea facilement grâce à une entaille sur un des côtés.

Merveilleux ! s’exclama-t-elle.

Il y avait là quelques explosifs en tout genre, de la poudre et quelques bidules qui servaient à enflammer n’importe quoi ou presque. Elle les mit de côté sur le sol, replaça le fond et le contenu et ferma soigneusement la malle. A bras le corps, elle monta ses trouvailles dans sa chambre, atelier improvisé, à l’abri des regards, dira-t-on.

Que faire ? Essayons d’abord avec les plus petits explosifs.

Elle possédait deux boulets, qu’on jugerait plutôt comme des boulettes, au vu de leur diamètre atteignant les 6 centimètres environ.

Bon, comment apposer ça sur une arme de tir maintenant ?

Elle dégaina son arbalète et saisit une flèche. Et étudia, du bout des bras, cette dernière et une des boulettes.

Je suppose qu’enchaîner l’un à l’autre serait déjà un bon début.

Avec force, elle planta la flèche dans la bombinette.

BAM !

Explosion mineure.
Qui lui noircit le visage et les avant-bras.

Ouille ! Il va falloir que je procède autrement.

Cwlyan ouvrit la fenêtre pour que l’odeur étouffante s’échappe. Ensuite, reprenant son arbalète en main, elle l’arma du deuxième minuscule missile.

Voyons voir ce que ça donne.

Pour cible, elle prit la boîte aux lettres publique qui faisait face à son carreau. Et tira.
Malheureusement, voilà qu’un pauvre nain passa avec sa hotte de bois sur son dos et … Cwlyan s’accroupit contre le mur et se boucha les oreilles, fermant durement les paupières.

BAM !

Une longue tirade lui parvint de la rue. Cinq minutes plus tard, l’accident semblait être oublié.

Précision, zéro. Et j’ai comme l’impression qu’un catapulteur à explosifs, ça existe depuis déjà un bon bout de temps.

Soupir.
La démotivation l’affectait presque, et pourtant, elle n’était pas allée très loin !
Une seule solution s’imposait. Décrocher l’arme qui trônait dans la salle commune.
Risqué, mais absolument nécessaire.
On lui avait dit jadis que cette arbalète supposée haute gamme avait servi pour maintes guerres et qu’elle n’avait pas son pareil en matière de tirs décisifs. Jusqu’ici, elle ne s’y était pas intéressée ; le passé, c’était le passé après tout.

Suite à l’usurpation de la vieillerie, elle entreprit de remplir un grand sac de matériaux différents et s’exila dans une lointaine galerie déserte de Kazad, discrètement.

Expérience Numéro Un !
Voir si ce vieux coucou fonctionne toujours.

Chargée, armée, ZOUING ! La flèche traversait l’air d’une manière si perçante que le bruit en était effroyable.

Chuuuuuuut, ils vont tous croire que la guerre fait rage ! Rah, mais je suis vraiment novice dans cet art ! Il y a sûrement moyen d’allier simplicité et technique !

Des schémas d’explosifs accrochés à des chaînes, des boulets creusant des terriers comme des taupes, une pluie de bombes, voilà tout ce qui emplissait sa cervelle. Des projets impossibles à réaliser, complètement fous, sortis de l’imagination d’un gamine. Elle grogna. L’arme empruntée ne lui servait à rien.

Pfff, j’ai aucune idée. Et casse-toi de là, la guêpe, tu entraves ma ligne de pensée, déjà qu’elle est pas très nette !

En effet, un insecte intempestif lui tournait autour. Cwlyan s’agita.

Qu’est ce que tu me veux ? Faut que je te fasse un dessin peut-être ?

La bestiole, semblant comprendre que ça chauffait pour son matricule, sortit son dard et piqua. Elle visa simplement l’épais vêtement de la jeune naine.

Tu m’as pas l’air très doué non plus niveau précision, cocotte.
Dire qu’il te suffirait de me piquer au bon endroit pour m’exploser la face tant que tu veux après …

Elle sursauta.

Mais oui, simplicité, tradition et technicité ! Voilà la nouvelle arme révolutionnaire ! Allez, vire-toi de là, mon amie, j’ai des choses à faire !

La guêpe fuit. Et Cwlyan, encouragée, déballa son sac.
C’était l’heure de passer aux choses sérieuses.
En plein travail, un très jeune nain vint à l’apercevoir.
Il s’approcha.

Qu’est ce que tu fais, madame ?

Une arme de tir révolutionnaire, c’est pas pour toi.

Révolution… euh … naire ? C’est quoi ?

Ca veut dire que c’est tout nouveau, que personne l’a jamais pensée, ni créée avant moi.

Ah bon ? Et c’est quoi son système ?

Un espèce de gros tube à poudre. Enfin deux.

Pour quoi faire ?

Facile, c’est tellement pas pratique de souffler dans une sarbacane, puis avec le goût du fer … Actionnage grâce à la poudre. Une fléchette de poison paralysante. Et hop, un explosif dans l’autre tube.

Et pourquoi tu fais ça ici ? C’est pas très prudent, t’es pas très équipée.

Parce que … retourne jouer au lance-pierre toi !

L’enfant haussa les épaules et s’éclipsa.

Installer deux gouttières, et faire en sorte que l’un soit lancé peu de temps après l’autre. Quel mécanisme compliqué. Un poison paralysant, il m’en faut un tenace, ou peu importe, même s’il est éphémère, ça marche. Je suis certaine d’en trouver dans une boutique quelque part … Ah, ah, une fléchette tellement petite et efficace qu’il sera impossible de l’esquiver ! Un explosif, on peut l’éviter quelque fois ! Mais, avec ce poison, plus moyen d’esquiver quoique ce soit ! Il ne restera plus à la victime qu’à attendre le BOUM final ! Je sais que c’est possible, je demanderai peut-être un peu d’aide par ci, par là, mais ce sera au point !

Il était déjà tard, et sa voix s’élevait toujours, récitant ses plans, sans cesse.

Les fléchettes, ça me connaît en plus ! Bon, il fait trop sombre pour travailler, rentrons !

Quelques poignées de minutes plus tard.

Notre trésor, notre héritage, où est-il ? Noooooooooon, c’est pas vrai, c’est pas possible !
Cwlyan, te revoilà ! Tu ne saurais pas où est passé notre arme de salon ? Par tous les D…, enfin, zut ! Où est-elle ?

Je ne sais pas …

Et Gwurcyn continua à brailler dans toute la maison. Jusqu’à ce que, profitant du déluge paternel, elle posa discrètement l’objet tant désiré sur la grande table du salon.

Encore quelques jours et il verra à quel point son arme n’a rien de légendaire à côté de ma mythique création, marmonna-t-elle entre ses dents.

Cela faisait quelques temps que le Roi était revenu de son expédition à la grotte des Sources pour ramener le matériel nécessaire à la continuation du projet. Depuis, il était resté enfermé avec Bagnus Kaskanferr et quelques autres artificiers pour terminer cette fameuse nouvelle arme. Les testeurs désignés volontaires restaient terrés chez eux, ouvrant chaque lettre qu'ils recevaient dans la peur constante qu'il ne s'agisse de la convocation pour le test final. Et pourtant, toujours rien. Les recherches semblaient ne plus vouloir finir. Un jour, l'équipe de recherche dut faire appel à un maître des runes pour réussir à graver correctement les runes fournies par Krunia tout en tenant compte du risque d'usure du canon qui pouvait abîmer les gravures. Des porteurs amenaient sans arrêt des brouettes entières de métal et d'ingrédients pour poudre explosive. On ne voyait plus le Roi qui restait enfermé dans son minuscule atelier de jour comme de nuit. On entendait sans cesse des coups de marteau, de faibles détonations, du métal crissant sur un autre métal, des bruits parfaitement indéfinis... Bref, les rumeurs allaient bon train.

Un jour enfin, les fameux testeurs reçurent la convocation tant redoutée. Quelques uns allèrent directement se pendre dans un puit de mine pour abréger leurs souffrances, mais la majorité du se rendre malgré tout dans la salle du palais qui servirait de salle de test. Parmi eux se trouvait Krok Main-d'Argent, un apprenti artificier qui comme tant d'autres avait cru plus facile de s'inscrire comme testeur que de redoubler sa dernière année d'étude d'artificerie (si vous connaissez le mot juste, imaginez-le à la place). Le tirage au sort plaça le jeune Krok en deuxième place. Une assez bonne place en vérité, le calvaire finirait plus vite. Alors qu’il attendait que commence les festivités et qu’il remarquait que le sol portait encore des traces là où les premiers testeurs avaient explosé, deux saisons plus tôt, trois Nains entrèrent dans la salle et se dirigèrent vers eux. Krok reconnu immédiatement Kardim Gromthi Tête-d’Acier, Gardien des Anciens et eu un peu plus de mal à reconnaître Bagnus, qu’il n’avait rencontré qu’une seule fois, lors des test précédent. Par contre, il se demanda qui pouvait bien être le troisième Nain. Les cheveux longs et gras, roux, la barbe hirsute, il aurait presque pu passer pour un vagabond. Cependant, ses habits montraient une certaine aisance financière et ses manières étaient clairement celles d’un citadin. A la grande surprise de l’assistance, ce fut ce troisième Nain qui ouvrit la bouche pour parler :
- Mes très chers amis… Aïe !
Ce dernier mot n’était absolument pas une manière originale de capter l’attention du public, mais bien le cri de douleur qui échappe à n’importe quel Nain quand le Gardien des Anciens tire violemment sur la barbe. Incidemment, c’est ce qui venait d’arriver à l’orateur. Kardrim se pencha à son oreille et lui murmura quelques mots d’un air passablement irrité (enfin c’était dur à dire parce que Kardrim avait souvent l’air irrité). A ces quelques mots, le barbu rouquin sembla se souvenir de quelque chose et, avec un sourire d’excuse, plongea sa main dans le sac qu’il trimbalait. Il en ressortit la célèbre couronne de fer et en orna son front, confirmant par là même ce que sa voix avait déjà fait comprendre à l’auditoire : il s’agissait du Roi. Apparemment, il avait oublié de tailler régulièrement sa barbe pendant les semaines passées à travailler sur l’arquebuse. Néanmoins, il semblait que c’était le seul changement survenu chez sa personne, comme en témoigna son discours, où il vanta encore longuement le génie Nain, tout particulièrement le sien, ainsi que le courage des jeunes apprentis qui allaient maintenant avoir « l’honneur » de tester les armes.

Le premier Nain à passer était le testeur survivant de la dernière fois (celui qui avait déscendu un camarade à cause d’une mauvaise orientation du canon) à qui Kyp avait donné l’honneur de passer en premier, vu qu’il devait être très déçu d’en être rester là la dernière fois. Le Nain en question s’était habitué à l’idée d’être sauvé et il fallu un certain temps pour le forcer à avancer jusqu’à la zone de tir. Le temps passé à le persuader de ramasser l’arquebuse fut encore plus long, malgré les encouragements des futurs testeurs, pressés d’en finir. Finalement, il épaula l’arquebuse ; Kyp, Kardrim et Bagnus coururent se mettrent à l’abri derrière une sorte de paravent métallique et tous les apprentis fermèrent les yeux, attendant l’explosion et la pluie de morceaux sanguinolents qui n’allaient pas tarder.

Clic !

Relevant les yeux, chacun constata que le Nain kamikaze était toujours sur place et en un morceau. D’un autre coté, la détonation n’avait pas eu l’air d’être celle escomptée. Le Roi furibond sortit de son abri et couru vers le tireur :
- C’est pas vrai ! Qu’est-ce qui a merdé cette fois ?
Un rapide examen du canon lui donna la réponse. Reposant l’arquebuse à terre, il s’adressa très calmement au tireur :
- Dites-moi mon brave, vous aviez envie d’entrer dans la légende comme le premier Nain à tirer avec cette arme fabuleuse ou comme un crétin congénital fini ?
- Euh…
- Non, allez-y, répondez-moi franchement.
- Pour tout vous dire, j’essayais surtout d’obtenir mon diplôme d’artificier.
- Ah oui ? Eh bien, excusez-moi, mais ça me semble fort compromis…
Un lourd silence plana sur la salle un court instant. Puis le Roi s’écria :
- Abruti ! Depuis quand on tire à l’arbalète sans carreau ? Figurez-vous que pour l’arquebuse, c’est pareil ! Il faut la charger avant. Vous n’avez donc pas senti que le poids était trop léger ?
- Ah, maintenant que vous le dites…
- Ca suffit ! Cassez-vous d’ici ! Votre examen, vous le passerez l’année prochaine, à l’ancienne et j’espère que vous le raterez !
Un peu honteux, mais surtout très reconnaissant envers Hephaistos pour lui avoir permis de survivre à deux reprises, le jeune étourdi quitta la pièce sous les regards envieux de ses compatriotes.

Bonne humeur et sourire retrouvés, Kyp tendit l’arme au suivant dans la file, notre ami Krok Main-d’Argent. Tout tremblant, celui-ci s’empara du manche encore chaud (pas parce que l’arquebuse avait tirée, mais parce que son prédécesseur l’avait agrippé comme si sa vie en dépendait, ce en quoi il s’était trompé lourdement). Légèrement hésitant mais plein d’espoir, il posa cette question au Roi :
- Si j’oublie également de charger, moi aussi je devrais repasser les examens l’année prochaine ?
Sentant venir le coup foireux, le Roi lui répondit :
- Non. Si tu oublies de charger, tu iras droit en prison parce qu’aujourd’hui, c’est la journée du bonheur, et quiconque fera du mauvais esprit finira dans le donjon (Merde, je n’ai toujours pas fait sortir les types enfermés lors des journées du bonheur précédentes… Bon, tant pis). Parce que, va savoir pourquoi, mais j’avais l’impression que tu faisais du mauvais esprit. Dis-moi, tu n’étais tout de même pas en train de faire du mauvais esprit ?
- Euh… Non, non ! Je voulais juste m’informer des risques encourus.
- Très bien. Ta curiosité étant comblée, dépêche-toi d’entrer dans la légende ! (mais attend quand même que je sois retourné derrière mon abri)


Et c’est ainsi que Krok fut le premier Nain à tirer avec une arquebuse. A vrai dire, le Roi Kyp écorcha son nom dans l’annonce officielle. Il oublia aussi de mentionner que Krok dut s’y reprendre à trois fois avant de réussir à loger une balle dans la cible tellement il tremblait, ni qu’il avait fait dans son pantalon. Le soir même, la famille Main-d’Argent reversait une part non négligeable de la fortune familiale à Hephaistos et toute la promotion des artificiers fêtait les diplômes obtenus (sauf le jeune Nain qui avait été recalé par Kyp) et tout simplement, la chance d’être encore en vie (seulement les survivants en tout cas). Les tests avaient continué tout l’après-midi et il n’y avait eu que trois incidents à déplorer : un testeur qui avait voulu s’appuyer sur son arme pour avoir l’air cool (bilan : un bras arraché), un autre qui avait regardé dans le canon pour voir pourquoi le coup ne partait pas (bilan : la moitié de la tête arrachée) et un troisième tellement heureux d’avoir touché sa cible qu’il avait dérapé en voulant sauter de joie (bilan : une cheville foulée). Le Roi jugea ces accidents mineurs, arguant que les testeurs étaient fort jeunes et pas toujours assez disciplinés. Et comme c’était la journée du bonheur, Bagnus ne trouva rien à redire. (Par contre, l’agent d’entretien finit dans le donjon après s’être plaint des balles fichées dans les murs.)

Excellent

Il a osé!

Il a osé resortir sa journée du bonheur

Comprenne qui pourra...

Hé hé, je me demande qui a eu l'idée de cette journée du bonheur...

Bien joué Kyp, j'adore