Legends of Olympia : La Litanie du Passé - Les Chroniques d'Arcane: De la révolte à la sagesse
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Les Chroniques d'Arcane: De la révolte à la sagesse
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Dernière réponse le 22/04/2006 à 19:12

olymp Par Arcane  le 14/01/2006 à 12:14


1- L’enfant des rues


Un abysse, profond, sombre, humide, inquiétant, mais reposant, sécurisant et même source de vie… un abyme où il est aisé de perdre pied et de chuter dans la contemplation jusqu’à ce qu’une douleur vous arrache au monde de l’ombre.
_ « Dégage gamin ! y’en a qu’on besoin de travailler ici ! la vie t’apprendra bien vite que les parasites n’ont pas leur place en ce monde ! allé hop ! ramasse ton seau et déguerpis. »

Le regard de Milos effectua la douloureuse ascension de l’ombre vers la lumière éclatante du soleil en parcourant les parois de pierre rugueuses du puis qui trônait au centre de la place de l’Olympe.
A côté de lui l’assistant du potier jetait un regard mauvais d’énervement et d’empressement sur l’adolescent, Milos quitta rapidement le puis avec le seau dans une main et une fesse endolorie sous l’autre…

Le jeune Olympien ne pouvait s’empêcher de comparer la tranquillité du monde souterrain dont il venait de sortir à la rudesse du monde dans lequel il vivait, rudesse mise en exergue par la lumière agressive du soleil en cette fin de matinée d’été.
Les murs blanc de la capitale Olympienne participaient à cette ambiance lumineuse qui donnait une allure majestueuse aux bâtiments communaux, sans parler des murailles de la ville qui inspiraient crainte et provoquaient, paraissait-il, l’aveuglement des intrépides assiégeants.
Cette particularité, qui insufflait fierté et renommée à cette puissante cité, était vécu comme une agression quotidienne par Milos, excepté peut-être lorsque le soleil couchant jetait une teinte rouge sang sur les murailles, annonçant l’avènement de la nuit et de son obscurité apaisante.

Le jeune homme s’était toujours demandé pourquoi ce modèle de vie méritait qu’on le défende et qu’on s’en enorgueillisse. A son échelle il avait toujours souffert, la vie de gamin des rues n’était pas facile, il vivait de petits travaux au service des uns et des autres, il était peu payé… quant il l’était. Pourtant il fallait chaque soir qu’il ramène ses dix sous à la maison, sinon il en était quitte pour une bonne correction de la part de sa mère. Cette mère qui n’avait qu’un fils ramenait parfois un peu d’argent, Milos ne cherchait pas à savoir comment, chacun ses problèmes. Quant à son père bûcheron, il était régulièrement absent, il partait environs trois semaines par mois pour des campagnes de coupes dans les bois, bois qui s’éloignaient au fur et à mesure que la ville se développait. Tout ceci pour soutenir un empire dans lequel Milos ne faisait que souffrir pour survivre.
Les étendards étaient beaux lorsqu’ils flottaient au vent au dessus des remparts, les bâtiments officiels bien tenus et leur architecture majestueuse, les hommes d’armes imposants dans leurs armures rutilantes et leurs capes de velours luisant. Mais ces signes de richesse étaient indifférents aux yeux du jeune homme, il n’avait pas d’espoir de quitter sa condition, il ne profiterait jamais de la richesse de l’Empire et de sa pseudo domination sur un monde qui, aux dires du clergé, lui appartenait de droit divin.

Milos savait très bien que si ces gens acceptaient de s’entasser dans ces petites maison rustiques derrière ces hautes murailles, c’était parce que dehors la guerre faisait rage, et que même sous les remparts de la cité, une famille n’aurait jamais été à l’abri d’un raid mené par des fanatiques… contre d’autres fanatiques.
Car oui, son peuple il le trouvait fanatique, la seule éducation que l’homme de peu recevait était religieuse, dans son sang était sensé couler le sang des Dieux, ce qui rendait le maigre jeune homme qu’était Milos, supérieur à tout individu de sang impur à travers le monde. Cette pensée l’encourageait souvent à se mirer dans la vitre crasseuse de la cuisine dortoir de la maison familiale, alors il se comparait aux détestables et fourbes elfes ; aux nains robustes, sauvages et cupides, indignes de confiance ; mais aussi aux hommes sauvages ténébreux magiciens à l’apparence repoussantes ; ou encore aux géants violents et faibles d’esprit. Tous ces peuples caricaturés dans les livres et dont le peuple Olympien devait se débarrasser, leur seule présence sur cette terre faisant offense aux Dieux et à ses rejetons. Et plus il se regardait, et moins il ne comprenait sa supériorité vis-à-vis de ces inquiétantes créatures qui au final résistaient à son peuple depuis des temps immémoriaux.

A la fin de cette journée harassante, Milos rentrait chez lui, ce soir encore avec huit sous en poche… la tête basse il se dirigea jusque chez lui enivré par la clameur de la rue. Des marchands ambulants, des crieurs publics, des hennissements de chevaux et du bruit de leurs sabots sur les pavés, il évitât un dernier seau d’eau sale jeté d’une fenêtre vers le caniveau central de la rue qui exhalait une odeur nauséabonde en cette fin de chaude journée d’été, puis arriva devant la porte de chez lui. Il prit une profonde inspiration, banda ses muscles et se préparât à recevoir une correction… qui ce soir valait deux sous.


2- La découverte


Pour Milos, la base du monde qui l’entourait était la religion, en ce point il ne remettait pas en cause ce qu’on lui avait appris, de toute façon cet état de fait relevais de ses propres observations. La société était toute organisée autour d’une seule idée, celle de l’affirmation de la grandeur des Dieux, et principalement du plus fort et du plus effrayant d’entre tous, Zeus.
Il était dit qu’il s’était déjà incarné en des époques sombres lorsque tout semblait perdu pour son peuple, et qu’à lui tout seul il était capable de terrasser toute l’adversité réunie de ce monde dans le seul but de préserver ses descendants. C’est ce mélange de crainte et d’admiration guerrière qui faisait que l’on vouait un tel culte à ce Dieu.
Pourtant il y en avait d’autres pour l’épauler, mais de moindre importance même si de petits cultes leur étaient dévolus, par exemple Dionysos était apprécié du petit peuple… sans doute était il le plus apte à leur faire oublier leur condition.

Ainsi le jeune Olympien était il fasciné par le ciment qui faisait tenir debout cette société, et c’est dans un but de compréhension que de temps en temps, à de rares occasions lorsqu’il avait réussi à réunir les dix sous quotidiens assé tôt en soirée, il se rendait voir Marius et lui demandais une petite faveur.

Marius était le gardien de l’aile Sud de la Bibliothèque impériale, l’aile Sud contenait tous les ouvrages dédiés la gloire des Dieux et les différentes prophéties afférentes, ils retraçaient leur histoire, leurs lignées, bref toute une mythologie qui exerçait un attrait irrésistible sur Milos.
Le jeune coursier avait réussi à se faire accepter par le gardien, chaque soir lorsque c’était lui qui était de service, Milos allait lui chercher sa collation du soir, car le gardien ne pouvait quitter son poste, derrière la porte d’entrée de l’aile Sud de la grande bibliothèque.
Ses dix sous en poche Milos pouvait alors demander à Marius de lui ouvrir la lourde porte de chêne, le jeune homme prenant pour alibi d’essayer d’apprendre à lire par lui-même, or cela faisait maintenant deux ans que Milos maîtrisait la lecture, ce savoir lui permettait d’étancher sa soif de connaissance et d’aiguiser son esprit déjà fort critique.
Les consignes de Marius étaient toujours les mêmes :
_ « Dépêche toi mon garçon ! il te reste un peu de temps avant que la nuit ne soit tombée, je te rappel que tu dois être sorti à la nuit et avant que le lumineux ne soit passé, hâte toi ! »
_ « Oui m’sieur, bien m’sieur, merci m’sieur ! » la réponse était toujours la même, mais les deux personnages se comprenaient, et Marius savait Milos peu causant, ce qui lui convenait très bien, le métier de gardien de nuit rendait peu bavard.

Le jeune lecteur devait surveiller la luminosité qui transparaissait des vitraux de la grande bibliothèque, il savait pouvoir lire une cinquantaine de page de grimoire avant que la nuit ne tombe et que le lumineux ne passe.
« Le lumineux » était le surnom donné à celui qui allumait les torches dans les rues du quartier, ce petit nom lui avait été donné par dérision à cause de son métier bien sur, mais aussi à cause du fait qu’il était un peu « attardé » mentalement. Cet éclairage urbain avait été instauré pour sécuriser les rues de la ville, cela devait fonctionner puisque ça gênait grandement Milos dans ses escapades, à le voir sortir de la bibliothèque, on aurait pu le prendre pour un voleur à la solde de quelque collectionneur d’ouvrage précieux.
Il avait failli être pris une fois, mais en plus d’être un peu attardé, le « lumineux » était aussi un peu boiteux, ce qui aida ce soir là Milos à s’échapper…

L’Olympien savait qu’il était privilégié, un individu de son âge et de sa condition, avec ses pauvres habits élimés et ses cheveux blonds sales et en bataille n’aurait jamais du avoir accès à la connaissance. Et pourtant, un individu tel que lui, à la vue de ces hautes étagères contenant de lourds grimoires recouverts d’épaisses reliures de cuir et dont l’odeur, mélangée à celle du parchemin, participait à l’ambiance magique de l’endroit, pouvait voir son esprit se mettre en ébullition en un mélange de précipitation et d’excitation, dans l’espoir qu’un jour il découvrirai quelque chose. Car il le savait, si sa vie devait changer, l’étincelle se produirait dans ce sanctuaire de la connaissance, au milieu de la poussière et de la lueur des candélabres géants.

C’est lors d’une telle soirée que l’étincelle jaillit… après avoir quasiment lu toute l’histoire et les exploits de Zeus, il resta un ouvrage à lire pour compléter l’histoire de l’avènement du Dieu des Dieux et de sa domination sur l’Olympe.
C’est ainsi que Milos apprit que Zeus du livrer un terrible combat, le dernier, pour atteindre son but, ce dernier obstacle, il ne pu tout d’abord le franchir, lors d’un premier combat le Dieu fut vaincu !
Vaincu par une entité gigantesque, plus haute que les montagnes ! Portant des ailes d’aigle, ses doigts remplacés par cent têtes de dragons dont les yeux jetaient des flammes, sont corps humain pour le reste était entouré de serpents sur toute sa partie inférieur… ce Dieu particulièrement puissant aurait effrayé toutes les divinitées de l’olympe, seul Zeus osa lui faire face pour arriver à ses fins.
Zeus fut vaincu ! Emprisonné de terrifiante manière, ses pouvoirs lui furent confisqué, notamment sa terrible foudre… mais voici qu’un allié divin lui vint en aide, le délivra, lui restitua sa force et sa foudre. Le deuxième combat qui s’en suivi vit la vengeance de Zeus s’accomplir, et ainsi il régna sur l’Olympe…

Mais l’adversaire ne fut pas tué ! Il fut emprisonné au sein d’un volcan, écrasé par les pouvoirs du Roi des Dieux…

Nul ne sait ce qu’il est devenu, nul ne sait si il a réellement existé ou si il s’agit d’une invention pour rendre l’avènement de Zeus encore plus extraordinaire, mais à cette lecture, Milos ne pu s’empêcher de trembler, ce monstre mystérieux faisait renaître l’espoir en lui et suscitait bien des questions et des nouvelles perspectives de réflexions.

Cette fois ci c’est le cœur léger qu’il rentra chez lui, le « lumineux » était passé depuis longtemps, il n’avait pas respecté les recommandations de Marius, non pas qu’il ne s’en souvenait pas, il les connaissaient par cœur, mais il s’en fichait, il avait la tête ailleurs.
Regardant les étoiles se draper d’un fin duvet sombre, poussé par une fine brise nocturne, il se demandait ce qu’il serait advenu de ce monde si ce Dieu ailé avait régné sur l’Olympe à la place de Zeus.

Ce nouveau Dieu aurait-il été si orgueilleux ? Aurait-il dressé les races les unes contre les autres comme c’est le cas en ce moment ? Serait-il possible d’imaginer un monde sans guerre, ou tout du moins, serait-il possible d’imaginer une vie hors de murailles où le peuple s’entasse et vie pour sa survie, pour sa sécurité, qui malgré tous les sacrifices de sa population reste précaire ?
Un Dieu aussi puissant que celui contre lequel Zeus perdit aurait sans doute été capable de donner la liberté à son peuple, une liberté individuelle de s’établir et d’entamer une nouvelle vie où bon lui semble.
Alors que pour l’instant, si Zeus était si puissant, n’était-ce pas d’un sadisme inouïe que de laisser son peuple dans une telle situation ? Même si la richesse est apparente au sein de l’Empire, la bataille pour la survie est quotidienne pour ce peuple élu des Dieux, les dirigeants, l’armée, ne représentent pas la majorité de ce peuple. Le sang versé par nos soldats doit-il l’être sans fin, pour le bon vouloir d’un Dieu qui se complait à voir se démener ses descendants en son nom pour une suprématie illusoire ?

Les questions se multipliaient ainsi dans la tête de Milos, il en oubliait ses préoccupations quotidiennes, faisait son travail quotidien, mais ne réussissait plus à ramener la somme journalière. Peu lui importait les coups de sa mère qui, de toute façon, finissait par se lasser du manque de résultats des sanctions.
Dorénavant Milos passait toutes ses soirées à la bibliothèque, cherchant les emplacements des plus gros volcans et les informations sur ce mystérieux Dieu source de tant d’espoirs.

Le but de sa nouvelle vie serait dorénavant de retrouver la trace de ce mythe, quitte à poursuivre une chimère, cela donnait enfin un sens à sa vie, il le savait, bientôt l’étincelle se transformerait en brasier…


3- Le départ


Depuis qu’il avait en tête cette nouvelle perspective de vie, Milos éprouvait plus que jamais le besoin pressant de partir loin de l’oppressante cité. Ce projet de départ demandait une préparation réfléchie, en terme d’informations, mais aussi de moyens financiers. Ainsi il avait saisi l’occasion lorsque le forgeron du quartier fit savoir qu’il recherchait un apprenti. Nombre de gosses des rues comme lui se présentèrent, mais c’est Milos qui fut choisi, présentant une détermination évidente pour l’obtention de la place, car certes il avait besoin d’argent… mais dans l’optique de changer le monde.

L’artisan ne fut pas déçu, le jeune garçon fut très prompt à l’apprentissage, il tenait même à rester tard le soir pour tenter de se forger pour lui-même un petit équipement fait de matériaux de récupération refondus.
Deux longues années s’écoulèrent, il devint rapidement un jeune homme reconnu dans le quartier pour la qualité de son travail, son maître acquis quant à lui la réputation d’un bon professeur, désormais les parents de deux autres apprentis plus jeunes payaient pour que leurs enfants fussent formés dans cette forge. Cet état de fait déculpabilisait Milos qui envisageait désormais sérieusement de quitter cette cité, sa famille et son maître.
Dès lors, il ne décida de disparaître qu’après avoir achevé une superbe armure dans laquelle il avait mit tout son savoir faire et tout son amour pour son maître.

C’est ainsi que le matin du jour fatidique, il partit très tôt, avant même le réveil de sa mère, en prenant soin de laisser une petite bourse sur la table de la pièce commune, elle contenait assé pour subvenir aux besoins de la petite famille pour un mois. L’argent était accompagné d’un petit mot, expliquant que son heure était venue de quitter ses attaches pour vivre enfin sa vie, il savait que sa mère ne le retiendrait pas.
Avec le peu d’affaire dont il disposait, il effectua une journée de travail normale, excepté le fait qu’il termina très tard…
Ce soir là, alors que l’orage grondait et que la pluie s’abattait en rideaux successifs et aveuglants ; dans la moiteur rougeâtre qui régnait dans la petite forge, l’apprenti astiquait son œuvre ultime. Là, debout au centre de l’atelier, réverbérant la lueur du foyer, se tenait droite sur son armature de soutien, la fameuse armure de plates. Elle était imposante, impressionnante, belle et attirante. Chaque articulation ainsi que chaque extrémité des plates avait été rehaussé à la feuille d’or, ajoutant à son apparente efficacité une esthétique remarquable, elle était visiblement hors de prix, en tous les cas unique.

« En gage de ma gratitude, et en guise d’adieu, je vous lègue Ragnarök ! Mon œuvre finale, symbole de la fin de mon apprentissage. J’espère que vous serez fière de moi et que vous me pardonnerez cet abandon. Adieu mon maître, adieu mon Père ! ».

C’est le mot qu’il laissa aux pieds de son œuvre, puis il entretint le foyer une dernière fois afin qu’il tienne la nuit durant, il ramassa son épée, qu’il avait lui même forgé, ramassa son baluchon, se couvrit de la couverture de peau qu’il avait récupéré de sa couche, et sortit sous la tourmente après avoir fermé la porte de la forge pour la dernière fois.

Dehors le déluge était implacable, les gouttes de pluie s’écrasaient comme des projectiles sur le cuir animal protecteur, dans sa course Milos était déséquilibré par les violentes rafales de vent qui s’engoufraient et gagnaient en puissance entre les maisons ; ses chausses déjà trempées d’eau glacée le faisait frissonner, tandis que ses mèches de cheveux trempées lui collaient au visage et que les éclairs qui craquaient au dessus de sa tête finissaient de gêner sa vision et de l’aveugler. Ce lot de désagrément avait l’effet escompté, car les rues étaient désertes, et les torches du « lumineux » ne pouvaient rester allumées, ainsi sa fuite était elle facilité. Restait l’obstacle de la porte Ouest de la ville qui était close à cette heure ci, et bien gardée.
Sa seule chance était dès lors de profiter de la relève de la garde, il pouvait ainsi utiliser la porte du corps de garde pour se faufiler hors des remparts, car jamais on ne le laisserait sortir autrement. Il serait prit pour un espion, un voleur ou un criminel en fuite, son escapade secrète échouerait alors lamentablement, il n’avait qu’une seule et unique chance… qui faillit tourner au drame.

Caché dans un coin sombre, il observait les allées et venues des gardes, au bout de quelques temps, qui lui parurent une éternité, Milos entendit la relève et le contentement des hommes relevés. Les soldats quittèrent alors la porte du corps de garde pour un court moment, à cet instant, silencieusement Milos s’élançât sur la porte, il traversa la rue tel un fantôme sous son linceul de cuir, furtivement, silencieusement. Mais alors qu’il touchait au but, lorsqu’il voulut tirer la poutre de bois qui bloquait la porte, celle-ci résista, sans doute le bois avait il gonflé du fait de l’humidité, et pour tout arranger, ses mains mouillées et transies de froid glissaient sur le bois devenu lisse sous l’effet de la pluie…
Il perdait du temps ! trop de temps !, son cœur se mit à battre de plus en plus fort, sa vie commencerait enfin derrière cette porte, mais elle lui résistait implacablement, comme le dernier coup du sort d’une vie déjà bien terne. Il saisi alors sa dernière chance, son épée, alors que les pas de le relève s’approchaient et claquaient à ses oreilles plus fort que les éclairs qui zébraient le ciel, il fit levier sur la pièce de bois qui céda alors d’un seul coup et retomba sur le sol en roulant, alertant par la même les gardes déjà fort proches.
« Alerte !!! Un fuyard à la porte du corps de garde !!! » Ce cri fut suivi du son de corne de chasse qui alerta les tours. Les soldats furent à la porte du corps de garde quelques secondes après, mais elle était béante et claquait au vent, on ne distinguait déjà plus qu’une silhouette fantomatique en bas des remparts, s’évaporant derrière les rideaux de pluie et la lueur des éclairs.

Milos, la bouche béante cherchait son souffle tandis qu’il s’enfuyait, l’eau de pluie lui emplissait la bouche, il jetait des coups d’œil furtifs au dessus de son épaule pour voir si on le suivait, mais les intempéries découragèrent les gardes, il ne vit que des flammes courir sur les remparts au dessus des portes, puis très vite des sifflements au dessus de sa tête. Les flèches tombaient de toute part autour de lui, le vent rendait les tirs imprécis, car il avait conscience qu’autrement les volées de flèches l’aurait fauché en pleine course. Il sentit cependant son sang quitter ses jambes lorsqu’il perçut une douleur violente et soudaine au dos, accompagnée d’un « clang » étouffé. Durant une demie seconde il s’attendit à une violente douleur, celle que ferait la pointe d’un carreau d’arbalète dans les chairs...mais rien. Il réalisa qu’un carreau l’avait bien atteint, mais il avait ricoché sur l’épée qu’il portait dans le dos ! Il prit ceci comme un bon présage pour cette nouvelle vie qui venait de débuter au bas de ces remparts, peut-être qu’enfin la bonne fortune lui sourirait.

Tandis qu’il fuyait, il fut rapidement hors de portée des flèches et des carreaux, pataugeant dans la boue à grandes enjambées, il remerciât une nouvelle fois cette obscurité enveloppante, réconfortante et protectrice qui l’avait aidé à fuir cette ville. Cette ville, qui après l’avoir retenu prisonnier pendant des années le rejetait aujourd’hui violemment… pour son plus grand plaisir.


4- La bataille


Des chants d’oiseaux de toutes sortes, et la douce chaleur du soleil levant caressant la peau se conjuguèrent pour sortir le fugueur de sa douce torpeur. La lumière du soleil l’éblouissait tout d’abord, avant de lui révéler un paysage relevant du songe, des volutes de brouillard rampaient lentement au pied des arbres, semblant se lover dans les creux formés par l’humus odoriférant. La rosée semblait parer les feuilles des arbres d’une multitude de perles qui luisaient sous l’effet des rayons matinaux. Ce rêve éveillé clôturant la nuit fut terni par des courbatures résultant de l’abri précaire dans lequel il trouva refuge la veille.

Milos sortit du tronc creux d’un vieux saule pleureur en étirant ses lombaires endolories, il contempla ce paysage encore une fois pour se réveiller parfaitement ; le soleil baignait la lisière du bois, annonçant le beau temps après la tempête. Le jeune Olympien était dans un état pitoyable, couvert de boue quasiment jusqu’au visage, son pantalon n’avait pas séché, il devait arranger ça avant de repartir sous peine de tomber malade, si ce n’était pas déjà le cas… Il rassembla ses affaires et s’enfonçât dans les bois en prenant garde à prendre des repères pour retrouver sa route, jusqu’à ce qu’il entende le ruissellement d’une source.
Il se retrouva devant un petit étang dans lequel se déversait un mince filet d’eau sorti de quelques rochers moussus, c’est l’endroit qu’il choisit pour se déshabiller, rincer ses vêtements et les sécher, puis enfin se laver lui-même. La matinée passât ainsi, il ne songeât à manger que vers midi, à la vue de ses maigres provisions il complétât sa collation de quelques champignons crus et de quelques baies sauvages, puis enfin il se remit en route.

Il avait comme objectif le massif montagneux des Lances Brisée, ces montagnes se trouvaient au Nord-ouest de la capitale, c’était semble t’il à l’opposée de tout danger majeur que représentaient pour lui les autres peuples d’Olympia. Bien qu’il fût curieux, Milos se savait seul et bien en mal de se défendre face à des guerriers, ainsi cette route était la plus sure qu’il puisse trouver pour l’instant. Il avait choisi ce massif montagneux surtout parce qu’il avait entendu qu’il s’y déroulait des activités volcaniques, ce serai la première étape de sa quête. Ce massif portait ce nom car il présentait une multitude de pics rocheux acérés faisant penser à autant de lances pointées vers le ciel. Le trajet serait long, très long…

Il connut nombre de réveils tels que celui de ce premier matin, au creux de sombres bosquets, à l’abri de pics rocheux, au milieu d’immenses prairies caché par les hautes herbes. Il était passé maître dans l’art de chasser de petites proies… parfois c’était lui la proie… Il était devenu très méfiant, se cachant lorsqu’il entendait des bruits de chevaux lancés au galop, souvent il s’agissait de messagers Olympiens faisant la liaison entre les deux villes, puis plus tard il dépassa la position d’Ordenum se trouvant bien au dessus au Nord dans des contrées désertées, c’est là qu’il découvrit les Lances brisées. Il apprit à connaître les volcans, fut tout le temps déçu, jamais il ne trouvait la moindre trace de phénomènes divins ou inhabituels pour qui était habitué à ce phénomène extraordinaire qu’était l’éruption d’un volcan.

Sa toute première confrontation avec un autre peuple il la fit assé logiquement avec les Nains, mais aussi avec les Hommes sauvages, cependant ce fut avec des spécimens morts de chaque race… En effet, d’après son itinéraire et durant la deuxième année de sa quête, Milos avait pris comme destination le Défilé de la Hache, il se sentait depuis plusieurs mois prêt à rencontrer d’autres peuples, et il voulait se rendre en ce lieu pour rencontrer des Nains dans une extraction de souffre dont il avait entendu parler par des marchands au détour d’un chemin. En effet de profondes galeries dans un volcan endormi, voilà qui l’intéressait tout particulièrement. De plus il savait selon l’état de ses connaissances géographiques que d’ici deux ans il aurait fait le tour des massifs volcaniques connus, plus le temps passait et plus il devait se rapprocher des derniers sites existants et donc de son but… si il existait !

C’est ainsi qu’en cette froide journée d’hiver, par un temps gris et neigeux, Milos assistât à sa première bataille d’envergure. Il se trouvait dans une large plaine battue par les vents, emmitouflé dans sa cape de voyage qu’il avait pris soin de fourrer à l’aide de peaux de lapins en prévision de l’hiver.A sa gauche se dressait le massif montagneux, but de son expédition, plus loin sur sa droite se dressaient des arbres géants probablement séculaires qui marquaient la lisière d’une forêt dont on ne voyait pas le bout, elle se perdait sur la ligne d’horizon recouverte par les nuages annonciateurs de neige.

Durant sa pénible progression dans la neige qui craquait sous ses pas, il ne discerna pas tout de suite les bruits sourds et répétitifs qui venaient de sa gauche, le bruit du blizzard qui lui hurlait dans les oreilles les couvrant, mais le bruit se rapprochait de plus en plus, et le fait que ce bruit soit régulier finit par lui mettre la puce à l’oreille. Se retournant soudain pris d’une inexplicable inquiétude, il aperçut au loin une vague sombre et mouvante qui, il en était sur, n’était pas là il y’a de cela cinq minutes. Il regarda alors paniqué autour de lui à la recherche d’un abris sur pour pouvoir observer ce qui allait se passer, mais la vague qui semblait déferler de la montagne serait ici même dans moins de dix minutes, or il était en plein milieu de la plaine, vierge de toute végétation et de tout abris proche !
La seule solution qui lui restait était le camouflage ; il devait faire vite, très vite ! car désormais il en était certain, les bruits sourds qu’il entendait étaient ceux de tambours de guerre imprimant un rythme soutenu à une armée qui déferlait depuis les montagnes !

A mains nues et tremblantes de stress et de froid Milos commençât à ratisser la neige sur une surface correspondant à la longueur et la largeur de son corps sur une profondeur d’une trentaine de centimètres, ceci fait, il y déposa un drap de cuir, puis son deuxième et dernier par-dessus, ensuite il ramena la neige sur les draps de manière à ce qu’il soient invisibles. L’armée naine était à une centaine de mètres quand Milos se glissa entre les deux draps tels un sac de couchage fait de neige, la couche de neige était très pesante, mais le camouflage semblait efficace. Alors qu’il était allongé et qu’il commençait à sentir les vibrations du sol provoquées par le pas de charge de la vague naine, il entendit le son de plusieurs cornes de brumes qui venaient de la direction de la lisière de l’impénétrable forêt.
Poussé par une folle curiosité, l’Olympien souleva le drap et gratta un peu de neige pour se ménager un petit point de vue au niveau du sol, il eu à peine le temps d’apercevoir de grandes silhouettes élancées sortir de la lisière de la forêt que déjà les Nains le piétinait, ne se rendant compte de rien car emplis de rage guerrière. Au pas de course il vit de petits êtres trapus, tous avec de longues barbes pleines de givre et de neige mêlée, se diriger en criant vers la forêt, ils avaient quasiment tous de lourdes armures et de lourdes haches portant de mystérieuses runes. Puis suivirent les bannières claquant au vent tendis que la neige se mettait à tomber, et enfin les tambours. Aux cris des Nains répondirent d’autres cris se rapprochant, suivis de bruits étranges que l’Olympien camouflé n’avait encore jamais entendu, puis il vit de vives lumières sur le front désormais à une centaine de mètres, des choses fusaient dans l’air, il entendit des cris de douleur, des hurlements décuplés par la haine, des incantations inconnues… C’est à ce moment qu’il rabattit la couverture, la neige étouffait les bruits insupportables qu’il entendait, certains réels, d’autres irréels, au dessus de lui c’était le chaos, Milos n’osait presque plus respirer, il ne pensait plus à rien, il n’avait jamais vécu une telle terreur.

Il entendit la neige craquer au dessus de lui, on lui marchait dessus, il lui semblait que ce devait être un repli Nain, puis il entendit d’autres éclairs fuser en surface, puis on lui repassa dessus, ce devait être une contre attaque, cette fois on entendait plus les tambours, mais seuls des cris et toujours des cris, maintenant la bataille faisait rage au dessus de lui. Milos eu peur que la neige le recouvrant ne soit balayé par l’ardeur des combats et qu’il fut découvert, mais au dessus de lui la bataille semblait se terminer. Un dernier cri, une chute, puis une masse lui tomba dessus… pendant un instant il entendit une bannière claquer au vent… puis plus rien.

L’intrus Olympien resta immobile dans son cocon de neige, dans le noir, il entendit autour de lui quelques pas faisant craquer la neige, son cœur battait la chamade, il entendit également des pleurs, les prières des mourants… c’est lorsque le silence fut total et que le froid commençât à le paralyser que Milos sortit de sa cachette, il s’en extirpa avec difficulté, car sur lui pesait le cadavre d’un Nain, maintenant recouvert par sa bannière. Même dans la mort et malgré sa petite taille, il était impressionnant.

Puis il s’intéressât aux mystérieux magiciens, ils ne portaient pas d’armure mais des robes, parfois elles semblaient faites de feuilles, et dans leurs mains luisaient parfois des boules lumineuses qui s’éteignaient petit à petit… C’était de grands individus au système pileux très développé, aux longs bras, ils portaient les stigmates de violents coups de haches, le tableau était difficilement soutenable.
En bon rôdeur qu’il était devenu, Milos chercha des vivres sur les cadavres et un peu d’argent, mais il en trouva très peu, tout ce qui était précieux avait été récupéré, surtout sur les Nains. Les grands êtres portaient des choses plus énigmatiques.
Puis Milos quitta cette pleine non plus blanche, mais rosie par le sang des victimes, pour se diriger vers le défilé de la hache, il pleurait… c’était la première fois qu’il voyait une guerre dont son peuple ne faisait pas partie… à vrai dire il avait du mal à le comprendre… et ne connaissait même pas le vainqueur si il y en avait eu un.

Il apprit plus tard que les Nains l’avaient emporté, mais que seulement une petite dizaine d’individus étaient revenus, il ne s’intéressa pas à la raison du conflit n’étant pas concerné, mais il su qu’une haine assé viscérale régnait dans la région entre les deux races cohabitant tant bien que mal.
Quant à sa quête, une fois de plus elle n’aboutissait pas, mais Milos s’enrichissait de la découverte du monde, du contact des autres cultures, il était maintenant adulte, et sa quête continuait, son aboutissement s’approchait, mais son issu était de plus en plus incertaine…


5- La mer


L’expédition chez les Nains n’avait pas été un succès… il avait néanmoins appris de ce peuple qu’il était fier et méfiant, surtout envers les olympiens, et d’après les dires des uns et des autres le sentiment était général chez les autres races, voir même exacerbé. Malgré tout ce peuple était accueillant et chaleureux dès l’instant ou on savait se faire accepter, et que l’on n’étais pas avare en bière… Le brassage étant d’ailleurs un artisanat dans lequel ils excellaient !

Lorsque Milos quitta cette région il remonta vers le Nord, contournant l’impénétrable forêt des Hommes Sauvages par l’Ouest. Il croisa à cette occasion une colonne composée de sortes d’êtres immenses transportant de lourds bagages. Ce devait être des commerçants Géants, peut-être même le célèbre Mormus dont il entendait parler durant ses haltes. Lui et ses sourceurs permettait de désenclaver des régions difficiles d’accès et d’y faciliter la vie, pourquoi les Olympiens n’avaient-ils pas eu cette idée ?... A cette pensée, suivie d’une violente envie de faire changer les choses, Milos reprit sa route. Durant des jours il longea la lisière de l’impénétrable forêt, dans cette pénombre arboricole il se sentait observé, régulièrement il discernait des bruissements de feuilles… seul il s’y sentait mal à l’aise. Il savait d’instinct qu’il n’était pas le bienvenue ici… même en tant que simple observateur.

Un matin enfin, alors qu’un beau soleil dissipait la brume matinale qui enveloppait les fourrées, il entendit des cris de mouettes, il avait appris ce qu’étaient ces oiseaux alors qu’il avait rencontré un commerçant de poisson dans un relais pour messagers. Cet homme lui avait décris la mer… ses paysages, ses dangers mais aussi ses habitants et ses senteurs particulières.
D’ailleurs pour la première fois les embruns marins lui picotaient le nez, et il reconnu également ce que le marchand lui avait décrit comme étant l’odeur de l’ « iode ».
Enfin la lisière de la forêt laissa place à la côte. Devant ce spectacle magique, le jeune Olympien resta interdit… durant de longues minutes il contempla cette scène naturelle et huma cet air si particulier. Il se serait cru transporté dans un autre monde.

Il le savait, si sa quête devait trouver aboutissement, ça ne pouvait pas être ailleurs qu’au sein d’un tel tableau.
Il était ici car il voulait voir cette mer, n’ayant reçu que peu d’information sur cette région d’Olympia, et sur ce côté de la mer, il avait décidé de terminer son voyage par là, et pourquoi pas de découvrir le lieu de résidence terrestre de ce Dieu tant convoité. Une fois cette région explorée il ne savait pas ce qu’il deviendrait…

Il marcha pendant des jours encore, sur les longues plages de sable désertes et interminables, le vent et le sable lui fouettant le visage la moitié du temps, se dirigeant toujours vers le Nord, pendant deux semaines à peut près il ne rencontra pas âme qui vive. Ses seuls compagnons étant les oiseaux marins et la mer elle-même qui lui permettait de se nourrir de ce qu’elle voulait bien lui donner.

Le quinze ou seizième jour, Milos avait fait halte dans la nuit, très tard, la lune était voilée par d’épais nuages et il n’était plus possible d’avancer, la nuit étant d’encre. Le lendemain, il devait être très tôt lorsqu’il fut réveillé par des bruits étranges… des bruits de chiens se battant… des bruits proches de ceux qu’il avait pu entendre dans son quartiers de Lardanium, il y’a de cela maintenant des années, lorsque les chiens se battaient pour les détritus que les matrones jetaient dans les rues.
L’Olympien leva la tête et dégagea le sable qui l’avait recouvert pendant la nuit, ses yeux s’écarquillèrent et son cœur s’emballa. A dix mètres à peine une quinzaine de loups des plaines se disputaient un malheureux poisson échoué ! Ils semblaient maigres et affamés, et surtout ils étaient trop près, beaucoup trop… l’un d’eux avait déjà tourné l’oreille, le voyageur ne bougea plus, mais son réveil avait été de trop, il avait attiré l’attention, et un Olympien en pleine force de l’age était plus apetissant qu’une simple carcasse de poisson.
Milos le savait, il fallait faire face ! Il empoigna son épée de fortune ainsi qu’un bâton dans l’autre main tandis que la meute entourait la future victime.
_ « Pas maintenant… pas après tout ça… »

Les loups montraient leurs crocs baveux en retroussant leurs babines, ils émettaient des grognements plus qu’inquiétants, annonciateurs d’une mort horrible. Certains d’entre eux cherchaient à attraper les chevilles de Milos qui les renvoyait à coup de bâton, mais plus cela durait, plus les loups s’enhardissaient et attaquaient ensemble, bientôt l’Olympien ne pourrait plus les contenir.
Au bout de dix minutes de face à face et des premières blessures subies, l’odeur du sang excita les bêtes qui se préparèrent à l’assaut final.

Sentant sa dernière heure arrivée Milos planta son bâton à ses pieds, planta fermement ses pieds dans le sol, prit son épée à deux mains et la leva brusquement au dessus de sa tête.
Ce mouvement soudain provoqua un mouvement de recul au sein de la meute qui le cernait. Enfin l’Olympien cria ce qu’il savait être sa dernière phrase :
_ « POUR UNE FOIS DANS TON ETERNITE, MONTRE A L’UN DE TES FILS QU’IL S’EST TROMPE SUR TON COMPTE !!! »

Son cri se perdit dans les embruns, puis comme un seul, il vit tous les loups lui bondir dessus, anticipant une douleur atroce Milos poussa un cri déchirant en fermant les yeux…

C’est alors qu’un bruit monstrueux lui déchira les tympans, sous ses paupières il distingua une lueur qui réussit malgré tout à l’aveugler. Il discerna à peine des bruits de jappements effrayés avant que seul un bourdonnement sourd persiste à ses oreilles. Il ressentit également une brûlure intense le long de sa jambe. C’est seulement à ce moment qu’il ouvrit les yeux pour s’apercevoir que cette douleur était due à son épée elle-même, que son bras laissait pendre le long de son mollet. Il la retira vivement et l’observa sous toutes les coutures. L’épée ne présentait plus la couleur grise de l’acier, elle émettait une lueur blanche et dégageait une chaleur immense ! Il passa la lame à une vingtaine de centimètres au dessus d’une touffe d’herbe marine sèche, celle-ci roussissait à vue d’œil… la lame avait été littéralement chauffée à blanc … Milos regarda derrière lui et découvrit le cadavre fumant d’un très gros loup. Il baissa alors les yeux sur sa hanche puis les ramena sur la gueule du cadavre… l’une saignait abondamment, l’autre était couverte de sang coagulé… c’est alors que le bourdonnement s’amplifia dans les oreilles du blessé, la tête commença à lui tourner, puis il s’écroula dans les ténèbres de l’inconscience.


6- Le chêne


Des mouettes… c’était bien des mouettes dont il entendait le cris, et la douleur… les oreilles lui faisaient mal… les mains… les mains aussi le brûlait… et la hanche… la hanche l’élançait terriblement.

C’est dans ces conditions que Milos ouvrit les yeux, sa vue se fit plus nette et il distingua un plafond fait de planches, un filet de pêche y pendait. Il tourna la tête pour découvrir une petite cabane de pêcheur, très modeste, un petit feu couvait au milieu de l’unique pièce dans un trou aménagé à même le sol entre les planches de bois. Dessus une petite bouilloire chauffait. Par l’unique petite fenêtre il pouvait apercevoir un ciel bleu devant lequel passaient furtivement les blanches silhouettes des mouettes dans leur ballai interminable.

La porte grinça et dans l’embrasure apparut un vieil Olympien à la barbe blanche fournie avec un bonnet sur la tête, il portait de pauvres vêtements et des bottes de peaux. A cette vue Milos reposa la tête sur sa couche en poussant un soupir de soulagement… il n’était donc pas mort…

_ « Alors Gamin t’es enfin réveillé ! Ça fait trois jours que tu t’es installé dans mon lit ! Hé hé ! Tu peux dire que t’es un miraculé ! Pour sur ! Vu le chemin qu’ t’as pris, j’ sais pas comment les loups on pas réussi à t’ bouffer ! Foi d’Gornius ou j’m’y connais pas ! Ha oui j’m’appel Gornius au fait ! J’suis un peu bavard faut m’excuser mais j’ai pas souvent des invités… et toi mon p’tit comment qu’tu t’appel ? »

_ « Je euuu… je crois que c’est Milos… je viens de… de Lardanium »

_ « Ben mon gamin t’as pris un sacré coup sur la caboche ! Pour sur ou j’m’y connais pas ! Au fait, tu serais pas un des ses gars bizarre qui lancent des éclairs des fois ? »

_ « Eu… non, pas à ma connaissance pourquoi ? »

_ « Ben mon gars ! Parce que c’est bien toi qu’a grillé ce loup non ? Pis t’as pas du faire attention au retour de flamme parce que tu t’es brûlé la paume des mains ! »

Le pêcheur parti dans un violent éclat de rire qui se termina par une toux interminable, c’est alors qu’il sortit ce qui ressemblait à une feuille de chêne séché et qu’il se la fourra dans le gosier comme on chique du tabac, cela sembla le soulager instantanément.
_ « Hé gamin me regarde pas comme ça ! C’est pas d’la drogue, j’te signale que c’est ce qui est en train de cicatriser tes blessures. »

_ « Vous êtes sur ? C’est du chêne non ? Ça n’a jamais soigné personne ! »

_ « Détrompe toi jeune ignorant, mon chêne à moi il soigne, il soigne aussi tes brûlures, ton mal de tête et tes oreilles, d’ailleurs si tout va bien dans une semaine tu gambaderas comme un lapereau ! Hé hé ! »

A ces mots Milos tendit l’oreille et entendit le bruissement des feuilles.

_ « Tu les entends Gamin ? Elles parlent… »

Le vieux avait l’œil comme illuminé par ses propres mots, le jeune Olympien se dressa péniblement sur ses deux jambes en se tenant le côté et ouvrit la porte, le tableau était irréel.
Il se trouvait sur une dune, devant lui s’étendait la plage et la mer à perte de vue, derrière la cabane s’étendaient de grandes steppes, pas un arbre à des kilomètres à la ronde… sauf un.
Un chêne majestueux était planté à une dizaine de mètres de la porte d’entrée, ses feuilles bruissant au vent, jamais un tel arbre n’aurait du pousser ici. Un cri lointain se fit entendre, Milos leva les yeux, la main en casquette pour se protéger du soleil, il aperçu haut dans les cieux un aigle qui tournait en planant. L’olympien avait compris, il l’avait eu son signe, l’éclair, le chêne, arbre favoris de Zeus, et l’aigle, son animal favori aussi. Ca ne pouvait être une simple coïncidence.

La semaine passa, Milos se remit rapidement, il avait compté son histoire au vieux pêcheur qui lui avait indiqué une île, qu’il nommait lui-même l’île maudite, elle était constamment dans la brume, il ne l’avait réellement approché qu’une fois tellement les eaux y sont tumultueuses et les récifs menaçants. Mais il pouvait l’en assurer vu la forme de l’île on eu dit un volcan, du moins l’île semblait être volcanique.
L’aventurier le savait, il touchait au but, mais il lui fallait un bateau, or rien pour en construire ici et le seul disponible permettait au vieux pêcheur d’assurer sa subsistance. Comprenant le désarroi du jeune rescapé, Gornius lui céda son bien le plus précieux.
Les larmes aux yeux Milos lui jura qu’il reviendrai et qu’il lui rapporterai le bateau de ses rêves, sachant de plus que le vieux refusa toute rémunération, disant qu’ici il n’y avait nul endroit ou dépenser son argent.

C’est ainsi qu’après deux semaines de cohabitation les deux olympiens se séparèrent, le bateau consolidé et plein de nourriture s’éloigna de la plage poussé par les embruns. Les deux habitants de ce désert se firent signe jusqu’à se qu’ils ne se voient plus… puis Milos se dirigea enfin vers sa destination à bord du bateau que le vieil homme mystérieux avait baptisé « Dodone »…


7- La traversée


Durant deux jours le temps avait été au beau fixe, le marin avait gardé le cap que lui avait indiqué le pêcheur, il avait fait le point sur tout ce qui lui était arrivé, et il savait qu’il était passé à côté de quelque chose d’évident pour expliquer tout ce qui c’était passé. Et ce nom… le nom de ce bateau lui rappelait quelque chose qu’il avait lu dans les livres lorsqu’il était petit… mais quoi ? Il ne parvenait pas à s’en souvenir.

C’est pendant la nuit du troisième jour que tout se compliqua, comme il s’y attendait une tempête se leva et le réveilla pendant la nuit, ce n’était pas un hasard, dans la nuit déjà noir il apercevait un masse encore plus sombre qui par moment luisait d’éclairs soulignant les nuages de jais qui paraissaient ainsi de coton noir.
_ « La voilà… »

L’olympien replia la voile et se prépara à lutter âprement pour garder son cap lorsque les premières goûtes de pluie lui cinglèrent le visage. De manière incroyablement rapide le vent hurla et les vagues grossirent de plusieurs mètres. La frêle coquille de noix était ballottée misérablement, impuissante. Milos lâchât la barre pour s’accrocher au mat comme un malheureux. Les vagues déferlaient emplissant l’embarcation, les éclairs déchiraient le ciel, accroché à son bout de bois désormais brisé en deux, Milos se demandait si il allait s’en sortir cette fois encore, il en doutait de plus en plus.

Les vagues n’étaient plus noir, mais blanches d’écume, la mer n’était que mousse, cette mousse lui faisait penser à la bave de la gueule des loups qui avaient failli le dévorer il y’a quelque jours. De la même manière ces vagues ressemblaient à des mâchoires qui cherchaient à le dévorer… c’est alors que les yeux de l’aventurier s’écarquillèrent, une vague plus gigantesque que tout ce qu’il avait pu s’imaginer s’éleva à tribord, elle se dirigeait vers l’embarcation à une vitesse surnaturelle, et alors qu’elle allait se fracasser sur le bateau, Milos n’eut le temps de se rendre compte que d’une chose… elle avait une forme de trident.

L’apprenti marin fut projeté dans les airs par la violence de la gifle qu’il venait de recevoir, son embarcation vola en éclat sous ses yeux, il tomba dans l’eau. Tout à coups les rugissements de la violente tempête firent place au silence aquatique, aux ténèbres et au froid. Les yeux grands ouverts, Milos sombra, sonné par le choc, incapable de nager, il senti son souffle se consumer puis il ferma les yeux, laissant les ténèbres l’envahir.

Derrière ses paupières fermées il voyait défiler un paysage fantomatique, entre mort et conscience il se sentait voler au dessus de ce paysage… une sorte de caverne noire comprenant des myriades de stalactites et de stalagmites en tous genres, avec des formes torturées plus malsaines les unes que les autres. Il avait l’impression d’être un esprit errant en ses lieux. Il passa au dessus d’un fleuve souterrain, des gens y faisaient la queue devant un passeur à bord d’une barque inquiétante, le passeur lui-même semblait irréel, il tendait une main squelettique pour récupérer les pièces d’or et faire monter les candidats au passage uns à uns, on ne voyait pas son visage caché sous une lourde capuche noire, Milos avait la désagréable impression que de toute façon cette forme n’avait pas de visage.

Lui passa au dessus, il vit nombre d’autres salles plus immenses les unes que les autres, cette expérience fut longue, captivante, hypnotique…, et elle se termina par la découverte d’une cathédrale de pierre souterraine, l’entrée était gardée par des créatures inquiétantes… l’endroit était grandiose et effrayant à la fois. Les vents invisibles qui le portaient jusqu’à maintenant et dont il ne sentait pas le souffle s’arrêtèrent devant un Trône majestueux et horrifique, dans l’ombre, il ne vit qu’un doigt énorme le pointer puis indiquer le plafond caverneux. Le fantôme qu’étais l’Olympien leva les yeux et fut ébloui par une lueur incroyable. La main sur les yeux il tourna la tête et se mit à vomir de l’eau sur le sable noire de la plage de l’île.


8- L’île


Lorsque ses poumons furent dégagés Milos se passa la main sur le visage en se mettant sur le dos. Au dessus de sa tête frissonnaient des rameaux d’olivier, ceux-ci se détachaient sur le ciel qui formait un fond d’un blanc gris nuageux. Le naufragé se mit sur son séant et regarda devant lui, il faisait fasse à la mer, les vagues qui arrivaient jusqu’à ses pieds n’étaient pas plus fortes que celles que l’on pouvait observer au bord d’un lac, autant dire inexistantes. Pourtant au loin il le devinait, la tempête faisait rage. On semblait ici comme dans l’œil d’un cyclone.

L’Olympien un peu égaré se retourna pour voir à quoi ressemblait l’île, une fois de plus le spectacle était unique. Tout était blanc… oui blanc, mais pas de neige, blanc de cendres ! La seule touche de couleur dans ce paysage spectral était cet olivier qui trônait là sur cette plage, plage qui elle était lavée par la mer et qui avait pris la teinte de la lave concassée, ainsi elle était constituée de sable noir.

Les cendres étaient immaculées, il n’y avait pas de traces de pas comme on pourrait en trouver dans la neige, personne n’était passé ici depuis bien longtemps. La couche de cendre faisait une bonne trentaine de centimètres, voir cinquante par endroits. Il n’y avait aucun bruit ici, pas même un champ d’oiseau, l’ambiance était sépulcrale.
Soudain un bruissement d’ailes se fit entendre, l’Olympien chercha à savoir d’où cela venait, et il trouva la réponse dans l’olivier. De grands yeux le fixait. Elle était là, quasiment immobile, elle semblait veiller sur son réveil. C’était une chouette blanche tachetée de noir, avec de grands yeux jaunes.
Elle hulula brièvement, puis s’envola de sa branche pour aller se poser une cinquantaine de mètres plus loin. L’olivier… la chouette…
_ « La déesse aux yeux pers… elle me guide… fascinant… ça ne peut plus être le fruit de mon imagination… cette fois c’est sur, je touche au but ».

En avançant le voyageur entendit au loin des grondements, et ce qu’il avait pris pour une masse nuageuse de prime abord l’intrigua car en son sommet une lueur orange apparut… il était donc là… ce fameux volcan… celui qui avait façonné cette île interdite.

Milos regarda plus attentivement ce sur quoi la chouette était perché, quelques secondes plus tard son visage blêmit d’un seul coup, les yeux écarquillés, ce qu’il avait pris pour un rocher ressemblant vaguement à une forme humaine révéla ses véritables contours… ça ne semblait pas, c’était une forme humaine ! Ce personnage qui semblait se cacher le visage comme pour se protéger les yeux semblait avoir été pétrifié sur place, comme dans une gangue de calcaire blanc et dur comme de la pierre… l’Olympien n’avait jamais vu ça, il était terrifié. Il le fut encore plus lorsqu’il se rendit compte, à la lumière de sa découverte que des dizaines de silhouettes comme la première étaient parfois dressées, parfois couchées sous la cendre. On trouvait des femmes, des enfants, des chiens, et même des chats. On devinait des restes de maisons, de barques fossilisées… il y avait eu un village ici… un village dont les habitants sont aujourd’hui immortalisé dans la terreur d’une mort qui fut certainement atroce et foudroyante à la fois. Milos tremblait de tous ses membres, seul dans ce désert de désespoir et de mort.

Un petit hululement de la chouette sortit Milos de sa transe. Il secoua la tête et regarda la chouette dans les yeux :
_ « Je ne suis pas tout seul, tu es là, et tu n’es pas là par hasard, et j’ai l’impression que moi non plus… je te suis ».

L’animal s’envola de nouveau, petit à petit la chouette rapprocha le voyageur de son but ultime en lui faisant traverser ce champ de sculptures inquiétantes. Le volatil s’arrêta devant un double rangée d’arbres fossilisés qui formaient un chemin semblant mener au pied de la montagne grondante.

_ « Alors c’est là que nos chemins se séparent… en tous les cas merci à toi, et bon vent... »

Une fois la chouette envolée, Milos eut un frisson, se mêlaient dans son esprit excitation de toucher au but et crainte de ce qui l’attendait. Il n’avait jamais vraiment eu peur de l’inconnu, mais à la différence des fois précédentes, cet inconnu là était mystique.

La vérité semblait être au bout du chemin… à chaque pas le cœur de l’aventurier s’emballait, au bout de quasiment cinq années de voyage il touchait au but. Il se trouva face à l’entrée d’une grotte, l’entrée n’était pas plus large qu’une porte et Milos du baisser la tête pour entrer. Un air chaud et vicié lui caressait le visage, il le sentait, c’était le souffle du volcan, sous ses pieds le sol tremblait légèrement au rythme d’une respiration. Le long couloir était éclairé de quelques torches et semblait mener à une pièce dans laquelle la chaleur était quasiment insupportable. En y entrant Milos comprit vite pourquoi, sur un côté de cette pièce, un fossé qui devait être profond de cinq mètres voyait s’écouler une lave d’un orange lumineux, cette même lumière éclairant la pièce.

_ « Bien venue chez moi Olympien, bienvenue sous le Mont des Bannis »

Milos se retourna vivement, alors qu’il regardait dans la fosse magmatique, ce qui semblait être un Olympien était sorti d’une autre pièce jouxtant celle-ci. Mais à y regarder plus attentivement ses yeux n’étaient pas oranges, mais d’un bleu marin, il portait des sandales et une toge légère aux reflets bleutés et miroitants, une belle barbe blanche et de longs cheveux blancs ornaient un visage âgé mais très beau et fin, à lui seul il semblait rafraîchir la pièce.

_ « Tu as fait un long voyage pour venir jusqu’ici, cette île n’est connue de personne si ce n’est des serviteurs de tes Dieux, et c’est de par leur seule volonté que tu as pu arriver jusqu’ici, d’ailleurs même mon intransigeant maître semble t’avoir épargné, tu es un incroyable privilégié, sois en conscient… »

Milos ne pouvait prononcer aucun mot, les surprises s’enchaînaient à un rythme trop grand, sans parler du contraste de ses émotions.

_ « Je crois que tu es venu voir la « Bête », je suis son gardien. Je doute qu’au fond de toi-même tu sois encore convaincu qu’elle soit le remède à tous les maux d’Olympia, mais tu es venu jusqu’ici pour avoir un aperçu de cette chose… c’est donc ce que je vais t’accorder, car je vois que tu as le cœur pur et que sa corruption encore puissante ne t’atteindra pas… Une chance pour toi, car dans le cas contraire il m’aurait fallu t’éliminer, même si prêt de ton but. Pourtant sache qu’après cette expérience tu ne seras peut-être plus jamais le même. Si tu es prêt…
Passe donc ce seuil, tu y trouveras l’Autel Magmatique, lorsque tu seras devant, fais parler une dernière fois ton courage et bois ! Maintenant va ! »

Le pèlerin, terriblement impressionné se dirigea vers l’endroit indiqué sous les yeux du gardien. Il pénétra dans une petite pièce éclairée de bougies, une stalagmite creuse se dressait au centre de la pièce que ne devait pas faire plus de cinq mètres sur cinq. Une lumière bouillonnante jaillissait en son sein, une chaleur insoutenable se dégageait de l’autel, c’était bel et bien de la lave en fusion qui jaillissait de la stalagmite géante.

_ « Et il faut que je boive ça… »

L’air consterné, les jambes tremblantes Milos se dirigea vers l’autel, sa peau le brûlait alors qu’il regardait la lave, il resta là devant pendant plusieurs minutes à se demander que faire si prêt du but… à cet instant il se demandait si sa santé mentale lui jouait des tours depuis son accident avec les loups et si il allait mourir bêtement en se brûlant volontairement dans la lave comme un pauvre fou stupide, puis il se dit, puisant dans la volonté qui lui restait :

_ « Quant à être fou autant l’avoir été jusqu’au bout ! »

A ces mots et sans se poser de questions il mit ses mains en cuvette, ferma les yeux et les plongea directement dans la lave, sans perdre plus de temps il les ramena à ses lèvres et bu d’une traite un liquide noir visqueux et brûlant.

Il s’écroula instantanément dans de violentes convulsions, en état de transe… les images étaient rapides elles arrivaient par flash, on voyait le monde en tout petit, des pieds gigantesques foulaient le sol et des mains indescriptibles balayaient des forêts entières, les pieds foulaient des villes et déclanchaient des incendies, d’autres images de terreur pure se succédaient, des hurlements de femmes et d’enfants emportées par des vagues de flammes, des membres déchiquetés jonchaient les champs de batailles ou des armées entières avaient été écrasées au sens propre du terme en une fraction de seconde. Les paysages n’étaient que mort et désolation, tout ceci dans un fracas terrible d’êtres gigantesques luttant avec des moyens colossaux.

Milos sentit son esprit sombrer petit à petit dans la folie, il avait encore cette étrange impression du seuil de la mort s’approchant, le film de sa vie se déroula dans sa tête au milieu d'hideuses visions; de chaudes larmes coulaient le long de ses joues et s’évaporaient au contact de la chaleur ambiante. Pendant tout ce moment là, il se sentit observé par un esprit supérieur qui essayait de s’insinuer au plus profond de lui. A la frontière de la mort, dans cette brûlante agonie on sondait sa triste existence et toutes ses sources de colère pour les exacerber, puis dans un dernier cris qui lui arracha les poumons et la gorge, un cri qui sortit du plus profond de ses entrailles, le monde s’effondra sur lui-même laissant place au silence et à l’obscurité.


9- La réponse


C’est une fois de plus une douleur qui réveilla Milos, cette fois ci moins importante que les précédentes, simplement le contact dur et rugueux de la pierre mal taillée sous une joue.
En position fœtale sur le sol, l’olympien ouvrit les yeux et se redressa, il était toujours dans la salle de l’autel, accroupi en face de lui, le gardien regardait le pauvre Milos l’œil visiblement satisfait.

_ « Tu sauras désormais ce qu’il en coûte de goûter au sang d’un Dieu, surtout celui là… mais heureusement pour toi la magie de ce lieu vous permet à vous pauvres mortels de réaliser cette prouesse… tu as du voir par les yeux de Typhon, alors toujours envie de le servir ? »

_ « Je… non… jamais… je n’aurais jamais cru que… »

L’olympien était bouleversé par ce qu’il avait vécu, il aurait préféré que ce ne soit qu’un mauvais rêve, mais il savait que dans des temps immémoriaux les choses s’étaient passé ainsi.

_ « Zeus et les autres Dieux vous ont doté de tout ce dont vous aviez besoin pour réaliser de grandes choses, c’est à vous dorénavant d’utiliser ces outils pour vous forger votre destin. Si tu as souffert dans ta jeunesse, il ne tien qu’à toi de faire changer les choses, tu as cette volonté. Avec ce que les dieux ont bien voulu te révéler tu sais maintenant ce que tu dois chercher à éviter à ton peuple, dans cette optique nos maîtres te seront toujours favorables.
Tu as un grand potentiel, tu te dois de faire de grandes choses pour ton peuple, tu te dois d’intégrer une position d’influence pour guider tes semblables, tu en as désormais la possibilité. »

_ « Je… j’ai oublié mon nom… comment est-ce que je m’appelais ? »
_ « Je ne sais pas, regarde autour de toi… »

L’amnésique regarda autour de lui, puis s’appuya sur ses mains pour se relever, instinctivement il regarda ses paumes qui auraient du être plus que carbonisées… mais elle portaient les stigmates de son expériences, dans chacune d’elles les deux même glyphes apparaissaient sous forme de brûlures profondes, tout d’abord incompréhensibles, l’Olympien prononça se mot qui le marquerai à jamais :

_ « … Arcane… »

_ « Tel est ton nom, ainsi tu seras mage, tel est ton destin… sache que tu as sans doute oublié d’autres choses. Sache aussi qu’Olympia est pleine de mystères qui peuvent être éclaircis par des gens tels que toi, parfois les quêtes demandent plus d’une vie, mais les récompenses et les réponses sont sans commune valeur. Maintenant il va être tant pour toi de quitter cet endroit pour ne plus jamais y revenir. Et inutile de parler de cet endroit à quiconque, on te prendrait pour un fou ! Mais ne l’es-tu pas déjà pour être venu jusqu’ici ? »

Le gardien s’évapora tout bonnement et l’accès à la salle magmatique disparut, Arcane sortit à tâtons jusque au dehors car les torches aussi s’étaient éteintes.

Marchant droit devant lui, le regard vide, Arcane suivi le même chemin qu’à l’allée et se remit de longues heures sous l’olivier de la plage qui lui apportait un réconfort étrange mais salutaire. Il s’endormit de longues heures également, à son réveil un frêle bateau était échoué devant lui, ne se posant pas plus de question il embarqua, leva une fine voile, et se laissa porter par la brise et bercer par les flots, il dormit durant des jours entiers, sans jamais se réveiller.

C’est la voix d’un pêcheur qui le réveilla au large, il se fit raccompagner vers le plus grand port de pêche de la ville d’Ordenum, durant ce trajet il apprit les tragiques incendies qui ravageaient la capitale et Ordenum. Il décida de se rendre au plus vite dans son ancienne cité où il craignait le pire pour sa famille. Il pensa vaguement à la manière dont il était arrivé jusqu’au port d’Ordenum, mais ne se souvenant plus de rien, il ne chercha pas plus longtemps et ses soucis immédiats prirent le pas sur les mystères passés.

Arcane prit place dans une caravane marchande entre Ordenum et Lardanium la Magnifique, il aurait été impossible à l’Olympien il y a de cela cinq ans de se douter à quel point il était heureux de revoir aujourd’hui ces remparts qu’on aurait dit fait d’ivoire, symboles immortels de la puissance olympienne.

L’inquiétude se fit grande lorsqu’il s’aperçut que la cité était encore la proie des flammes ; elles n’atteignaient pas encore tous les quartiers, ainsi le jour l’Olympien étudiait à l’école de magie, il avait réussi à y entrer en prouvant des prédispositions impressionnantes pour la magie, et le soir il luttait contre les flammes avec d’autres équipes de nuit.
Il apprit que les flammes avaient pris naissance dans le pauvre quartier de son enfance et que sa mère faisait partie des personnes disparues, il n’eut pas plus de renseignement sur son père. La lutte contre les flammes dura des mois, jusqu’à ce que le feu n’est plus rien à consumer…

Lorsque l’heure fut à la reconstruction, Arcane saisit sa chance, le jour où le légendaire Ackron lança le recrutement du Saint Ordre des Paladins, le nouveau mage présenta sa candidature, il fut repéré pour son esprit et sa foi envers son peuple, de plus la motivation supplémentaire de la mort de son instructeur en magie qui était lui aussi un grand Paladin l’incita à suivre cette voie.


Désormais pour voir si les prédictions du gardien étaient exactes, il vous suffira de suivre le parcours de ce jeune olympien, il serait en tous les cas surprenant qu’un jour ou l’autre vous n’ayez pas affaire à lui. Si c’est le cas, grâce à cette histoire vous comprendrez peut-être mieux ce qui le pousse à agir comme il le fera. A bientôt donc…



olymp Par Arcane  le 14/01/2006 à 12:21

J'espère que vous aurez été assé interessé pour tout lire, je voulais aussi m'excuser pour les quelques fautes qu'il pouvait rester, mais le texte est assé vaste et certaines choses ont pu m'échapper.



olymp Par Ulrich  le 15/01/2006 à 12:34

C'est beau.......Et c'est triste aussi......
T'écris bien!!!!!



olymp Par Arcane  le 15/01/2006 à 12:43

Merci Ulrich ca me fait plaisir ^^



olymp Par Althéa de Rioghan  le 22/04/2006 à 19:12

J'étais passé à côté, tu me pardonnes ?

J'adore et en redemande.