Il faisait froid ce matin-là dans la forêt des elfes. La brume avait changé les arbres en d’inquiétants fantômes gelés qui semblaient veiller sur une cité morte car Na’helli, déserte et transie, restait aussi silencieuse que le plus enfoui des tombeaux. Le palais se dressait, immobile, planté comme un sinistre bloc de glace. Un faible écho se répercutait le long de ses couloirs, qui parvint jusqu’au bureau de la Consule. Sylia tendit l’oreille et se secoua pour chasser l’engourdissement. L’écho était en fait un bruit de pas. Qui pouvait-ce bien être ?

Un froid délicieux couvait Na’helli en cette douce matinée. Les arbres, lissés par le givre, luisaient sous de pâles rayons, diffusant ainsi la plus délicate des lumières. Pas un bruit, pas un mouvement pour venir troubler la beauté de ce spectacle enchanteur. Kyrion se sentait comme dans un rêve. Ce n’est qu’après avoir longuement flâné de part et d’autre de la cité qu’il se résolut à entrer au palais. Il monta les marches quatre à quatre, et plein d’entrain se dirigea vers la bibliothèque. Il s’arrêta cependant avant d’être arrivé à destination, surprenant sous une des portes la lueur caractéristique d’un feu de cheminée. Il s’agissait du bureau de Sylia. Que pouvait-il bien s’y passer ?

Lorsque deux elfes, tous deux de haut rang et de haute lignée, se retrouvent face à face inopinément, il n’est pas rare que leur dialogue débute par un long et laborieux échange de politesses. Ainsi a souvent lieu une sorte de joute dont sortira vainqueur le plus habile en compliments, modestie, ou plus essentiel encore : tournures de phrases.

- Kyrion ?! Mais qu’est-ce que tu fous là ? s’étrangla Sylia sitôt que son confrère eut ouvert la porte.
- A vrai dire, je m’apprêtais à te poser la même question.

Les politesses à leur terme, s’en suit généralement une discussion toute aussi subtile dans laquelle l’on s’efforcera de briller par sa pertinence.

- Bah c’est… c’est mon bureau, non ?
- Oui oui.
- C’est donc normal que je sois ici, non ?
- Oui oui. Enfin… si on veut.
- Comment ça ?

Bien sûr il arrive parfois que certains sous-entendus nécessitent quelque éclaircissement, ce qui amène la plupart du temps à une argumentation finement développée.
De nombreux elfes se révèlent alors particulièrement talentueux…

- Eh bien… Bien que tu sois Consule, fonction que j’occupe également, et que ton travail soit effectué honorablement, il est assez difficile de t’imaginer assise dans un bureau, fusse-t-il tien.

… D’autres non.

- Ah… ouais.

Mais cessons ces commentaires instructifs, les documentaires sérieux sur la vie de elfes n’intéressant malheureusement qu’une partie extrêmement restreinte de la population d’Olympia, allez savoir pourquoi (et j’parle pas des autres planètes…).
Hum… abrégeons donc.

Après avoir dit "ah… ouais", Sylia ajouta :

- J’ai du courrier en retard. Autant bosser au calme, ça va plus vite y parait.

Ce à quoi Kyrion répondit :

- Tu as bien raison. Et il est vrai que le temps a tendance à nous manquer.

Ce qui permit à Sylia d’enchaîner sombrement :

- Le temps libre surtout.

Puis ce fut le silence.
Un silence gêné finalement rompu par Kyrion d’une voix se voulant enthousiaste :

- Mais il est tôt. Tant que les elfes dorment nous sommes libres ! J’étais en route pour la bibliothèque, je comptais y faire des recherches et étudier un peu.
- Tu veux dire… pour le plaisir ?
- Oui.
- Beurk… C’est ton droit.
- Sylia, quelque chose ne va pas ? Je te sens étrange.

Sylia tourna vivement la tête, fixa son interlocuteur en fronçant les sourcils et resta en suspens, en proie à une grande hésitation. Elle s’affaissa ensuite, comme s’affaisse un lutteur lorsqu’il perd une bataille.

- J’en peux plus.

"Pourquoi donc ?" était la réponse qu’elle redoutait, accompagnée d’une grimace engageant à revenir en arrière, mais il n’en fut rien. Kyrion sourit.

- Je sais. Je vois. En fait je suis même plutôt surpris que tu aies tenu aussi longtemps. Notre tâche manque de… mouvement, n’est-ce pas ?

Elle eut tout juste le courage de hocher la tête, tandis qu’il continuait :

- Personnellement on ne peut pas dire que ça me cause d’insurmontables problèmes, mais pour être franc vu ton tempérament je comprends. Je suis sûr que tu as déjà voulu abandonner plusieurs fois mais que tu n’en as rien dit. Je comprends. Moi aussi j’ai songé à abandonner. J’ai besoin de temps pour les livres, et un bon Consul ne passe pas son temps en bibliothèque…
- Arrête-toi là Kyrion. Si tu espères me remotiver c’est raté, on ne me fait pas le coup de la compassion.
- Tu n’as pas compris. J’essaye simplement de te dire que je compte présenter ma démission prochainement.
- … …
- … …
- Ah bah… ça tombe bien, on va être deux !

Haaaaaaa meuuuh non !! C'est plus marrant là ! Et pour le représentant EdL ?!

Espèces de traîtres !

C'est enfin dit...

On va perdre les deux meilleurs Consuls de toute l'histoire de la Glorieuse Na'Helli... Et surtout tous mes privilèges !

Restezzzzzzzzzzzzzzz !

Non, Kyrion, pas Necrid en remplacant; nannnnnnnnnnnnnn !!!

Et voilà, je suis triste pour le restant de la soirée après avoir lu ça...

Le représentant EdL devra bosser avec des vrais gens sérieux ! Enfin... sérieux... peut-être, peut-être pas

Et si, c'est moi le remplaçant, mouahahah!...Mais en fait non, parce que d'une part j'ai déjà une ambassade à gérer qui me prendra mon vendredi soir, et que d'autre part parce que j'ai pas envie.

Cela faisait déjà plusieurs saisons qu’ils y pensaient, parfois avec légèreté, parfois avec gravité, jamais sans envisager les conséquences de leur décision. Il avait fallu se rendre à l’évidence: les études approfondies pendant des heures à la bibliothèque manquaient à Kyrion, et le manque de liberté d’action et les nombreuses responsabilités étouffaient Sylia. Aussi bizarre que cela puisse paraître, les deux consuls ne cessaient de repousser l’heure où il faudrait l’annoncer, redoutant les réactions et étant tout de même attachés à leur poste. Ils avaient finalement réussi à s’imposer une date pour faire leur annonce à l’arbre des murmures.


Aujourd’hui était le grand jour, tous les citoyens de Na’helli étaient réunis sur la place de l’arbre des murmures. Personne ne savait ce qui allait se passer, chacun jasait, tous attendaient avec impatience l’annonce des consuls. Un nouvel impôt ? Une nouvelle guerre ? Une nouvelle variété d’alcool ? Les hypothèses allaient bon train parmi la foule quand Sylia et Kyrion arrivèrent, remplissant alors la salle de silence, si tant est qu’on puisse remplir une salle de silence. Ils semblaient légèrement tendus, ne sachant trop que dire, s’adressant des messe basses.


-Bon comme prévu, ils sont tous là… Et comme prévu… C’est à toi.
-Mais on n’a jamais convenu de cela Sylia !
-Désolé Kyrion, la majorité a parlé.
-Mais on est que deux !
-Trois avec Dame Galanterie. Et elle est avec moi. Tu ne pourrais pas refuser ça à une femme…


Sylia connaissait particulièrement les points faibles de son homologue -et tout particulièrement ici, son attachement aux principes et aux valeurs nobles-, et celui-ci, légèrement anxieux décida de prendre la parole.

-Et bien… hum…

Il poussa une légère toux, ne sachant ni quoi dire, ni quoi faire devant cette foule d’yeux perplexes et curieux. Pas loin de là, les deux saoulards les plus réputés de Na’helli, à savoir le cousin de la consule, et le frère du consul, discutaient ensemble.


-J’ai vu mon frère plus éloquent.
-Oui… ça sent pas bon…
-Ils vont quand même pas se marier?
-Je pense pas… C’est pas son genre… Pas assez féminine.
-Trop féminine tu veux dire ?
-Je parle de Sylia, pas de Kyrion.
-Ah. Du moins, ça sent pas bon…

Kyrion avait repris quelque peu ses esprits et, gagnant en assurance, commença ce qui devait être un discours.

-Si Sylia et moi-même vous avons rassemblés aujourd’hui, c’est pour vous annoncer notre démission en tant que consul.

Une grande rumeur parcourut l’assemblée, mais sans se laisser décontenancer, Kyrion continua.


-Être consul est une lourde tâche dont on doit se charger tous les jours sans répits. C’est un devoir de se consacrer entièrement à son peuple et à sa ville, car la moindre décision entraîne tous les elfes avec. Pour être franc, avec mes études à l’université de Na’helli, je n’aurai plus le temps de me consacrer entièrement à vous. Plutôt que de conserver mon poste avec ses avantages égoïstement il vaut mieux pour moi passer la main à quelqu'un qui pourrait donner plus et particulièrement son temps à la cité. Son travail sera de meilleure qualité que celui que je pourrais fournir en apprennant les arcanes secrètes de la magie. De son côté, Sylia aspire, tout comme moi, à plus de liberté et surtout plus de temps libre. Bien qu’elle soit particulièrement douée en diplomatie et qu’elle fait un excellent travail à mon sens, elle ne s’y épanouit pas forcément, voire pas du tout pour être franc, et je crois qu’après tout ce qu’elle a fait, on peut lui accorder un peu de repos mérité. Nous tâcherons d’assurer notre rôle en attendant les prochaines élections, du moins, nous ne pourrons pas consacrer autant de temps qu’avant. Soyez donc indulgents, et pour les plus téméraires qui ont beaucoup de temps et encore plus de sagesse pour être consuls, qu’ils préparent leur campagne.


Le silence planait au dessus des têtes -car après avoir rempli la salle, il se mit à voler-, et la surprise pouvait se lire sur presque tous les visages.


-Je vous remercie pour votre écoute, et sachez que malgré les nombreuses difficultés que nous avons rencontré en tant que consul, nous ne regrettons pas de nous être présentés et d’avoir été élus. J’espère seulement que vous, vous ne regrettez rien.

Il eut un petit sourire et regarda Sylia, lui montrant qu’il l’avait fait. C’était dit. Ils ne seraient plus consuls.

Dommage.

M'opposer à toi me faisait trop plaisir.
Bonne chance pour l'université, consul

Hevens ne t'inquiète pas, les elfes de lune auront leurs représentants quoiqu'il arrive, je te le promets.

Moi aussi ça va me manquer ^^.

Mais je trouvais pas ça fair-play de garder mon poste en sachant très bien que je n'aurais pas le temps de m'y consacrer et de faire des choses biens pour les elfes.

Au pire rendez-vous dans un ou deux ans .

Quelle triste et malheureuse fin, on pensait avoir enfin réussit a faire quelque chose de Sylia et... nan

Ps: polo est pas un saoulard
Pps : j'me prononce pas sur necrid

Polo est un soûlard, j'ai des preuves.
Necrid est un soûlard, mais il s'assume.