Ceci est le récit d'une découverte qui remonte à quelques temps déjà, lors du siège de Sigdil par les elfes. Cette histoire s'insère dans une trame plus générale, que vous pourrez découvrir un peu plus loin sur le forum.

Merci à Gorbad et Tagazog pour leurs précieux conseils.



Un vacarme assourdissant. De violents éclairs qui déchirent la nuit. Des hurlements de douleurs. De nouvelles explosions. Puis plus rien, les ténèbres et le silence, oppressants.

Une légère odeur de chaire brûlée parvient aux narines de Vassili. Le poste avancé de l’armée elfique n’est plus, les grenades l’ont réduit à néant. Le vieux nain, qui côtoie pourtant depuis longtemps les explosifs pour extraire la roche, ne peut s’empêcher de frissonner. Quelle puissance destructrice. Il risque un œil hors de la tranchée où il s’était dissimulé.

Là où se tenaient auparavant les trois elfes assis autour du feu, il ne reste plus qu’un vaste cratère qui dégage une odeur de plus en plus prenante. La scène est éclairée par de petites flammes qui lèchent les quelques vestiges du campement. La guerre dans toute son horreur.

Dégoûté, dérouté, Vassili décida qu’il était temps de rentrer à Sigdil. La technique de guérilla menée par les assiégés portait ses fruits et faisait des dégâts considérables chez l’assaillant. Mais… même si ce n’était que des elfes, même s’ils l’avaient bien chercher, même s’il ne faisait que défendre ses alliers, Vassili ne se sentait pas fier de lui.

Le bruit d’un petit cours d’eau le tira de ses pensées. Se laver le répugnait, mais cette odeur de chaire carbonisée qui collait à sa peau était insupportable. Il se baigna les tempes dans l’eau fraîche, se trempa les mains et bût abondamment. Il se sentit un peu mieux et se décrispa enfin.


Un bruit dans le bosquet tout proche le rappelle immédiatement à la réalité. Une main sur sa hache, l’autre sur sa ceinture où pendent encore une demi-douzaine de grenades, Vassili s’est jeté au sol. Retenant son souffle, il écoute. Une pierre roule, une branche craque. Ca provient de là-bas, derrière ce tronc. Il plisse les paupières, affûte son regard. Est-ce un animal, un ennemi, un allié ? Il laisse retomber les grenades et saisit fermement sa hache à deux mains. Ce n’est pas un animal, mais quelqu’un qui progresse dans sa direction. Quelqu’un qui se veut discret, mais qui est plutôt bruyant. Peut-être un Sigdilite ?

Méfiant, Vassili ne lâche pas l’intrus du regard, même s’il ne peut pas encore le distinguer parfaitement. Ce n’est pas un nain, il est trop grand. Le voilà qui s’arrête. Il se redresse. Vassili se tasse sur lui-même. Non, l’autre ne l’a pas vu, il continue. Après quelques pas, il s’arrête de nouveau, et s’assoit. Mais que fait-il ? Le voilà qui s’adosse à un arbre.


Les nuages qui voilaient d'une sombre draperie la Lune se déchirèrent alors comme sous le coup de sang qui battait à présent dans les tempes du nain. Cela ne faisait aucun doute à présent, la clarté blafarde s'était abattu sur l'étranger, révélant ses habits Na'helliens par excellence, fins et brodés, délicats malgré l'usure et la bataille qu'ils avaient vécus. L'elfe serrait fermement quelque chose contre lui, quelque chose auquel il tenait visiblement beaucoup. Mais alors que Vassili détaillait son adversaire potentiel, de nouveaux nuages renvoyèrent la Lune au néant de la nuit.

L’obscurité était totale, d’autant qu’on entendait maintenant plus un bruit. Sans doute le vieux mineur n’avait pas été assez discret. Se sachant repéré, il n’avait plus qu’à accepter la confrontation imminente. Ses yeux fouillait la végétation, essayant en vain de percer les ténèbres. Vassili prenait bien garde de ne pas laisser échapper le moindre son, l’ouïe de son ennemi étant largement supérieure à la sienne.

De longues minutes passèrent, et toujours pas un bruit, pas un mouvement, rien. L’autre était-il derrière lui, prêt à trancher sa gorge d’un seul geste ? Attendait-il un mouvement du vieux mineur pour le repérer et le terrasser d’une flèche meurtrière ? Peu importe, il saurait attendre. L’autre serait bien obligé de bouger, et c’est là qu’il contre-attaquera. Mais plus le temps s’écoulait, plus la patience de Vassili était mise à rude épreuve. Ses rhumatismes le faisaient souffrir, et l’humidité du ruisseau tout proche n’arrangeait rien ! Il se décida enfin à passer à l’action.

Avec milles précautions, il se glissa vers l’endroit où l’autre était auparavant. Il était à présent assez proche pour voir l’elfe distinctement. Etrange, l’autre ne semblait pas avoir bouger. Une des fameuses ruses elfiques ? Pas sûr. A mesure qu’il se rapprochait, Vassili pouvait voir que l’autre était étonnamment fixe, sa tête pendant curieusement sur sa poitrine. Sans plus de précautions, Vassili se redressa et se dirigea franchement vers l’elfe qui n’esquissait toujours pas le moindre mouvement. De la pointe de sa botte, le vieux nain bouscula son ennemi, qui s’écroula, dévoilant une plaie béante sur le côté. Ses doigts bleuis et sans vie serraient toujours le précieux paquet, à présent couvert de sang encore frais. Sans cérémonie, Vassili tira sur celui-ci. Le cuir protecteur se déchira en partie, révélant une morceau d’une épée qui semblait extraordinairement belle. D’un œil connaisseur, le mineur apprécia la finition qui ne pouvait relever que d’un maître forgeron.

Vassili lâcha un juron entre ses dents. Ne serait-ce pas…

Vive toi Vassily le Fourbe !

Ahh non c'est de l'oportunisme...c'est différent ^^