La Garde de Pierre c’était regroupée au sud-est de Sigdil. Le Commandant quant à lui s’était un peu éloigné du groupe avec deux soldats. Grimbar et Beregroth recevaient en ce moment même les directives pour leur prochaine mission. Les objectifs de leur tâche furent fixés et les consignes données, le Commandant se voulait intransigeant sur certains points.

- Voilà tout est dit. J’envoie une missive à Durin, son savoir vous sera utile. Attendez-le ici puis partez vers cette grotte.

- A vos ordres Commandant, firent les deux soldats d’une même voix.

Le reste de la Garde finissait de faire ses paquetages et s’apprêtait à partir sous l’œil avisé de nos deux guerriers qui affûtaient leurs lames et vérifiaient leurs armures. Leur mission s’avérait périlleuse et il ne fallait pas que leur équipement soit défaillant. Quand soudain, au loin, une voix retentit.

- Ils reviennent ! ! !

La tranquillité fut de courte durée. Pourquoi finissaient-ils toujours par revenir ? Bonne question…
Quoiqu’il en soit, c’était une gigantesque armée d’elfes, bien plus imposante encore que par le passé, et accompagnée de nombreux Hommes Sauvages pour couronner le tout, qui s’approchait de Sigdil et déjà les sorts fusaient.
Le Chef tourna son regard vers l’horizon, et c’est avec une grande stupéfaction qu’il découvrit l’immense armada elfique. Ne perdant pas une seconde il fit parvenir de nouveaux ordres :

- On ne part plus ! Les Sigdilites vont avoir besoin de nous ! Grimbar, Beregroth : mission annulée !

Les troupes elfes étaient maintenant très proches, les Nains se joignirent aux Rebelles pour contrer l’envahisseur et la bataille commença. Beregroth venait d’apercevoir une silhouette qu’il connaissait bien, une crapule de la pire espèce, un bandit sans foi ni loi, un moins que rien en somme…
Ni une, ni deux, il courra dans sa direction, mais le bougre avait l’œil affûté et lorsqu’il vit le Nain foncer sur lui, arme au poing, prêt à le découper en rondelles, il recula, couvrant sa fuite par un sort adroitement lancé. La parade fonctionna. Beregroth dut stopper sa course, il avait prit le sort de plein fouet et avait l’esprit embrouillé. L’elfe ricanait, à qu’il se croyait grand, à qu’il se croyait fort !
Les sarcasmes eurent pour unique effet de mettre notre Nain hors de lui et lorsqu’il entendit une autre Elfe incanter un sort à quelques mètres de lui, il ne put retenir sa rage et frappa de toutes ces forces, par quatre fois, la malheureuse qui croulait sous les coups.
Mais il fallut, une fois encore, que l’autre vermine s’en mêle, non content d’avoir éviter la charge du Nain, il en remit une couche avec un second sort. Et comme si cela ne suffisait pas l’autre elfe s’était relevée et fuyait péniblement, lançant elle aussi un sort pour retarder notre valeureux guerrier. Il était maintenant blessé et son moral en avait prit un coup. Il était presque résigné à mourir…
Mais le destin réserve parfois des surprises et lorsqu’il aperçut son ami Grimbar passer à toute allure à coté de lui, brandissant sa hache, hurlant comme un forcené, il reprit confiance. Grimbar avait mis en fuite les deux Elfes à lui seul, il faut dire qu’il en imposait, et s’était arrêté pour attendre Beregroth.

- Allez vient on va finir le boulot !

Et les deux compagnons foncèrent sur les deux elfes qui se croyaient sauvés, hélas pour eux Beregroth avait repris du poil de la bête et c’est d’une magnifique technique ancestral qu’il relança les festivités. Une attaque circulaire dévastatrice qui tua sur le coup l’elfe agonisante et qui émoussa la défense du second. Il reprit ses appuis et enchaîna l’unique survivant avec des frappes toutes aussi puissantes et hargneuses les unes que les autres. Le Nain et l’Elfe étaient maintenant tous deux blessés. Mais pas pour longtemps, Grimbar arriva et continua de frapper l’elfe qui n’en pouvait plus et prit péniblement la fuite. Notre elfe qui était si grand et si fort tout à l’heure faisait à présent preuve d’un immense courage, traînant difficilement sa carcasse en implorant ses amis Hommes Sauvages de l’aider.

Nos deux compères décidèrent de se replier, le combat allait devenir très inégal s’ils traînaient trop longtemps dans le coin. Il était de toute manière trop tard, une marrée de magiciens se dirigeait sur eux, ils se séparèrent, chacun prit une direction différente, ils savaient qu’ils seraient suivis et il fallait éviter une mort inutile. Un seul périrait donc…

Le destin voulut que ce soit Beregroth. Il s’était replié en bordure du désert de Yaacov mais il ne fallut pas longtemps pour qu’il soit découvert. La canaille de tout à l’heure était revenue, soignée par ses alliés et accompagnée d’un ami. Et de nouveau il était fier, comme s’il n’avait pas ramper à terre quelques minutes auparavant, comme s’il n’avait pas supplier qu’on le sauve….

La fin fut rapide, les sorts fusèrent, Beregroth tomba…

Lorsqu’il revint à lui, il faisait noir. Une fois de plus il se retrouvait en Enfer et devrait passer devant le grand Hadès…Mais avant de se rendre devant le trône du Dieu de la Mort il ne put s’empêcher de marmonner quelques paroles :

- Décidément, ces elfes sont des lâches…

Notre guerrier se trouvait maintenant dans la longue file des âmes qui comme lui, attendent leurs jugements pour savoir si elles auront la chance ou non de se réincarner sur Olympia. L’attente était longue. Lorsqu’il regardait autour de lui, il remarquait que beaucoup de ces âmes n’était en fait que des paysans, des vieillards où même des enfants, pris dans les feux de la Guerre ou tués lors du pillage de leurs villages. Ceux là ne reverraient sans doute jamais la lumière du jour. Beregroth lui, était déjà passé par là plusieurs fois et à chaque fois le Dieu s’était montré généreux avec lui.

Hadès était avachi dans son trône, son coude posé sur un bras du fauteuil et sa tête était posée dans une main. De l’autre main il indiquait une direction aux âmes qui défilaient devant lui. L’une des directions étant le présage d’une longue errance dans les Enfers, l’autre, plus attrayante, était signe de réincarnation.
Hélas la vie d’un Dieu est bien triste et seuls les quelques privilégiés capables de le divertir auront la chance de retrouver la vie.
Par le passé, Beregroth avait réussi à amuser le Dieu. Il n’y avait aucune raison pour que ça change.

Lorsque vint son tour de se présenter devant Hadès, confiant, il s’était déjà préparé à se diriger vers la sortie et c’est avec grande stupeur qu’il découvrit que le Dieu pointait du doigt l’autre direction.

- Mais…Que…Qu’est ce que ça veut dire ? C’est impossible ! ! ! fit Beregroth, bouleversé par ce qui lui arrivait.

Le Dieu se redressa, fou de rage, lançant un regard dur et froid sur l’impertinent Nain. Enervé, le Dieu laissait exploser toute sa grandeur, et toutes les âmes qui purent admirer le spectacle ce jour là eurent le temps de comprendre pourquoi il fallait admirer et respecter les Dieux.

- Qu’a tu dis misérable ? Tu ose t’adresser à un Dieu de la sorte ? cria t-il de sa voix forte et rauque.

Cerbère s’agitait, aboyait, seule la chaîne qui le retenait, maintenu fermement par son maître, l’empêchait de dévorer l’insolant.

- C’est que…, balbutia un Beregroth apeuré qui tentait de se faire tout petit devant la fureur du Dieu, je pensais que…vous me laisseriez repartir cette fois encore…

- Pauvre fou, crois-tu avoir mérité ma clémence ? Voilà bien longtemps déjà que tu ne m’amuse plus et j’attendais ta visite avec impatience.
Mon existence est bien terne et seuls quelques rares personnes sur Olympia peuvent se targuer de me divertir, tu l’as fait pendant un temps mais dorénavant te regarder m’ennuie. Tu ne mérite donc plus le privilège que je t’accordais.

Le pauvre Nain baissa la tête, serra les poings, fulminant de rage. Ces satanés magiciens auront eu raison de lui finalement. Hadès le fixa pendant un instant et puis, peut être par pitié ou bien parce qu’il se plaisait à jouer avec les petits êtres fragiles que sont les mortels, il lui proposa un marché.

- Je veux bien consentir à te laisser partir mais en échange de cela tu devras me distraire et faire venir à moi beaucoup de nouvelles âmes. Vois-tu, les Enfers se vident, mes récentes fureurs ont littéralement détruites certaines âmes qui peuplaient cet endroit et à présent, ma demeure aurait bien besoin de nouveaux " résidents ".

Si tu ne te révèle pas à la hauteur de la tache qui t’incombe, et lorsque ta dernière heure sera venue, tu passeras l’éternité dans les pires souffrances qui soient pour m’avoir manqué de respect, soit en sur, mais si tu réussis, tu seras pardonné pour ton blasphème et je pourrais même être clément avec toi dans le futur.

Il fit une courte pause puis reprit.

- Qu’en dis-tu misérable ?

- Je…Merci…Vous êtes bon Ô Grand Hadès…

- Allez hors de ma vue, déguerpi, tu as du travail qui t’attend.

Il n’en fallut pas plus à Beregroth pour se précipiter vers la sortie.

Une fois le Couloir des Morts passé, son enveloppe charnelle retrouvée, son armure réparée et son arme remplacée Beregroth dut consentir à faire ce qu’il avait repoussé à maintes reprises. Pour contenter le Dieu des morts, il devrait avoir une totale liberté et n’obéir qu’à lui-même. Sa " mission " allait l’obliger à accomplir des actions que certains n’approuveraient pas et qui pourraient même en offusquer d’autre, et dont il ne sera indubitablement pas fier D’ailleurs il préférerait que ces actions futures restent secrètes et c’est pourquoi il devait écrire cette lettre. Pour que personne ne sache ce qu’il en sera, il ne voulait pas avoir à s’expliquer de ces actes devant ses camarades.

Les sentiments étaient forts lorsqu’il prit la plume. Depuis le temps qu’il faisait parti de cette organisation…Depuis le temps qu’il en connaissait ces membres…Beaucoup d’entre eux était ces amis et c’est plein d’affliction, de mélancolie et submerger par une vague de regrets qu’il écrivit les premiers mots.





Gardien, Commandant,

C’est non sans une certaine tristesse que je vous annonce par cette présente missive ma démission de la Garde de Pierre. Je ne peux vous conter toute l’histoire qui m’a amené à prendre cette décision mais sachez que ce n’est pas de gaieté de cœur que je quitte mes camarades.

Seulement, j’ai de nouvelles obligations et il me faut, pour mener à bien la tache qui désormais m’incombe, une grande liberté que la Garde de Pierre ne me donne pas toujours.

Voilà, je vous quitte maintenant mais peut être que, comme d’autres, je reviendrais grossir vos rangs dans le futur, si vous voulez encore de moi bien entendu…

Tyger, je te laisse le soin de l’annoncer aux autres…

Au revoir,

Beregroth.






La lettre fut courte. Tout était pourtant dit.

Il accrocha la missive à la patte d’un faucon. L’oiseau s’envola, tout était terminé…

FIN

Suite de l'histoire dans une prochaine chronique.

Et ben !
Que d'aventures en perspective !
Voilà qui ne présage rien de bon pour bon nombre de mortels mais qui nous promet un récit pationnant !

sympa la nouvelle mission....enfin si on ne te croise pas . Très bonne chro.

T'en fait pas Tagazog, les mineurs sont mes amis, sans eux pas de grenades et sans grenades, pas de lambeaux de chair éparpillés...

Me serait abstenu, si j'avais su!

Quoique un elfe qui forge (indirectement) le destin d'un nain, la claaaasssee.^^

Rahhh il ose venir me narguer jusqu'ici! J'enrage!

Au passage je précise que mon perso ne va pas attaquer tout ce qui bouge sur le damier (quoique...). Je dit ça parce qu'on m'a déja posé la question.