Chapitre 1 : Première mission

La guerre faisait rage au quatre coins d'Olympia dans cette période sombre où l'Empire se faisait attaquer de toute part par ses ennemis. Les Elfes et les Hommes Sauvages avaient fait reculer les Impériaux jusqu'au tout proche village faiblement fortifié de Gusdwall, qui se situait dans la petite région annexe de Lardanium à la limite sud-est de Basileus. La force impériale n'était certainement pas suffisamment puissante pour repousser l'ennemi alors les officiers décidèrent à contre coeur d'enrôler tout le monde même les plus jeunes villageois du coin pour renforcer la ligne de défense. Everodian Nimine était un de ces jeunes garçons qui aimait vadrouiller sur les plaines fertiles de Basileus non loin d'Alwestedzag mais détestait la guerre. Lui aussi se devait de revêtir les cottes de mailles car le combat était imminent. On voyait la peur s'installer dans le regard de chacun car chacun n'avait jamais touché à une arme pour se battre, c'était normalement le travail de la garde impériale bien plus expérimentée! Cette peur grandissait à mesure où les vibrations des pas en grand nombre au sol annonçaient que l'ennemi était arrivé à la porte du village. Un des officiers de la garde impériale marmonna alors :

- Mais que fait Alexvodka cela fait trois longues journées que nous ne voyons aucun signe ni de lui ni de notre grande Armée! Est-ce que celle-ci si occupée ailleurs par d'autres ennemis bien plus dangereux pour l'Empire? Puis il se tourna vers son subalterne. Alors votre éclaireur était réputé rapide comme l'éclair... mais je vois que ce n'est pas trop le cas cette fois-ci!

- Euh... Sire, j'ai bien peur que nous ne pouvons compter cette fois que sur nous même! Sinon il faut envoyer un autre éclaireur mais le village est encerclé!

- Mmh... Rester comme cela nous mènera à notre perte il faut tenter quelque chose!

Le subalterne regarda autour de lui et constatant qu'il n'y avait plus d'éclaireur impérial, il se contenta de choisir parmi les villageois les mieux aguerris à la connaissance géographique de la région pour les envoyer en mission! Ce fut alors Everodian Nimine qui était désigné avec quatre autres Gusdwallois.

Les Hommes Sauvages avaient positionné leur troupe au nord-ouest tandis que les Elfes au sud-est. Sortir était délicat mais pour éviter de se battre, Everodian serait prêt à le faire. Il connaissait par coeur les coins et recoins de son village et des alentours. Aussi il choisit de remonter un petit ruisseau qui se jetait vers les marais d'Alwestedzag. En effet celui-ci avait la particularité d'être entouré de buissons sur les deux rives par conséquent ce serait facile à ramper ou à marcher courbé pour passer inaperçu. Mais malgré tout, de jour avec des jeunes Olympiens qui n'avaient pas d'expérience, la passage rendait trop facilement repérable toute personne marchant dedans. Il fallait alors attendre le moment propice pour passer.
Juste à la nuit tombée, le silence laissa alors place à des brouhahas des sauvages autour du village, c'était les incantations avant de lancer leurs sorts et les archers elfiques faisaient du bruit avec leur arc histoire de provoquer la panique chez les assiégés. Les impériaux comprirent que l'heure de l'assaut serait après ce rituel. L'officier subalterne décida alors de faire sortir les jeunes :

- Nous comptons sur vous pour nous apporter de l'aide car nous ne tiendrons pas longtemps. Dépêchez-vous! Allez-y maintenant!!

A peine il eut le temps de finir que les flèches sifflèrent au dessus du village pour tomber comme de la pluie. Les impacts sur les toits se faisaient entendre mais aussi et malheureusement sur bon nombre de villageois et gardes impériaux où des cris étouffés rendaient encore plus nerveux la ligne de défense qui tenait pourtant bon en retournant quelques salves de carreaux vers les Elfes!

Chapitre 2 : Première rencontre avec un ennemi

A ce moment-là on ne pouvait plus dire qu'il y avait le silence du crépuscule sur les plaines de Basileus mais plutôt des cris de douleur et de peur dans le village. C'était dans la panique que les jeunes éclaireurs se faufilaient dans le nid du ruisseau pour remonter vers le nord. La troupe des hommes sauvages était à quelques lieues du ruisseau donc pas assez proche pour voir passer les jeunes.
Everodian était le serre-file il pouvait alors voir à quel point les Hommes Sauvages maîtrisaient leur art dans la magie. Des boules lumineuses vertes pâles, des éclairs, des fumées toxiques s'abattaient sur le village. Comme il ne souhaitait pas être à l'intérieur mais pensait à tous ceux qui étaient obligés de rester avec un pincement au coeur. L'envie alors d'accélérer le pas lui prit tout à coup et poussa ses trois autres compagnons à marcher plus vite car la vie des siens en dépendait. En effet, il y avait son oncle seul parent qui avait dû s'armer lui aussi pour défendre la ville! Fragile comme il était il ne tiendrait pas face à des Elfes aguerris au combat mais c'était tout ce qui lui restait comme possibilité à savoir pas grand chose!

C'était avec beaucoup de peine et de peurs que les jeunes Gusdwallois réussissaient à franchir la ligne ennemie pour ensuite remonter vers la colline par dessus de laquelle on verrait la rivière des Glaces, ce long cours d'eau qui partait depuis le grand nord pour se jeter vers un grand lac au milieu de la Forêt Oubliée au sud de Quatar. En parlant de Quatar justement, les jeunes savaient que la rivière marquait la limite avec le territoire de ces Hors-la-Loi. Il ne faisait pas bon s'aventurer trop près de ces lieux.

- Eh et si on allait prendre de l'eau il nous reste environ une journée de marche pour atteindre Lardanium?

- Non Amerron, pas le temps, et puis on peut toujours tenir encore une journée! Nos parents et amis n'en ont pas eux à Gusdwall!! s'écria Everodian. Repiquons vers le nord-ouest au lieu de descendre vers la rivière qui est plus à l'est car on s'écarte de notre chemin et cela rallonge d'avantage notre trajet

- Mais Everodian, je n'en peux plus! C'est mieux de reprendre des forces que d'arriver épuisé?

Tout à coup un cri genre grognement venant plus bas semblait foncer droit vers les jeunes garçons. Personne ne savait ce que c'était mais il ne faisait pas bon rester au sommet cette colline plus longtemps. Ils coururent aussi vite qu'ils pouvaient et le cri semblait s'éloigner voire disparaître. Ils eurent à peine le temps de reprendre leur souffle au pied de la colline, une hache frappa soudain le dos d'Amerron fracassant les vertèbres et dans un rire forcé il tomba raide par terre. Avec stupeur, les garçons restaient figés paralysés par la scène. Non loin une silhouette s'avançait mais ne semblait pas si grande : c'était un des Nains sans citoyenneté qui rôdait dans les alentours pour chercher des adversaires pour se mesurer à lui. Là il avait franchi la rivière pour venir s'en prendre à quatre... maintenant trois jeunes olympiens inexpérimentés dans l'art de la guerre. Le combat était inégal et même perdu d'avance pour Everodian et ses compagnons mais ils avaient un avantage, ils couraient bien plus vite que le Nain. Tous les trois se regardaient un moment comme s'ils comprirent ce qu'il leur restait à faire. Brusquement, tous les trois partirent dans chaque direction laissant ainsi un temps d'hésitation pour choisir sa cible. C'était malheureusement sans compter sur un don que possédait le Nain de pouvoir lancer des attaques assez vite sur les trois cibles avec ses haches. Il se tourna alors vers Everodian et lui lança sa première hache. Dans un sifflement sinueux, la lame rentra violemment en impact sur le sol. Il n'eut pas le temps de se retourner pour constater que le Nain l'avait raté. Ce ne fut pas le cas pour ses deux autres compagnons qui avaient moins de chance. Tout danger semblait écarté pour Everodian quand il vit à sa grande surprise que le Nain se tenait non loin de lui pas si essoufflé que cela. A ce moment-là, il savait que son heure était arrivée. A genou par terre Everodian n'avait plus de force pour courir plus loin. Il sortir de son sac une corne qu'il souffla de toutes ses forces. Le Nain ria alors :

- Ha ha ha! Et tu crois, petit, que des Olympiens te viendront en aide? Ils sont tous occupés à défendre leur territoire sur tous les fronts!! Etrangement pas ici alors j'en ai profité, héhéhé!

- Qui a dit qu'ils ne viendront pas?

A ces mots, le Nain fut à son tour surpris. Il reconnut Alexvodka l'éclaireur de la garde impériale qui venait de lui parler et non loin derrière, une troupe où on pouvait distinguer très facilement au premier rang Hirald, Tenaka, Lujan, Blayce, Anarion et le Seigneur Ackron. Débordé par cette situation, il prit la fuite pour ne pas subir les représailles. Les plus farouches Olympiens auraient pu le rattraper, mais le temps était compté pour l'Empire pour aller aider ceux qui défendaient encore Gusdwall. Le Seigneur Ackron s'approcha alors d'Everodian et celui-ci s'inclina pour saluer le chef des Paladins puis se releva par un geste de son Seigneur qui prit la parole :

- Tu dois être un jeune Olympien de la contrée du sud, est-ce que je me trompe?

- Non mon Seigneur, c'est juste! Je m'appelle Everodian Nimine. Je viens de Gusdwall et mon village est assiégé. Je suis envoyé par l'officier impérial pour venir vous avertir ne sachant pas ce qui avait bien pu arriver à l'éclaireur de la garde impériale.

- Gusdwall ne doit pas tomber! Envoyé par l'officier en charge de la défense du village, le Sire Alexvodka est arrivé à temps pour me prévenir qu'une grande masse d'Hommes Sauvages et d'Elfes étaient à nos portes au sud-est de notre territoire! Heureusement qu'il a pu nous retrouver certes avec du temps et c'est sans doute pour cela que nos officiers à Gusdwall avaient l'impression que notre éclaireur n'était pas assez rapide! Tu as bien fait d'être là car nous avons besoin de toi, de ce que tu as pu voir en t'éloignant de ton village.

Le garçon expliqua alors la position des troupes ennemies et la violence du combat au moment où il était parti. Le Seigneur Ackron entouré de ses meilleurs officiers prépara alors une stratégie pour sauver Gusdwall d'une fin atroce. Il laissa alors Alexvodka prendre sous ses ailes le jeune Everodian. Ce dernier était honoré de pouvoir apprendre des choses sur le métier d'éclaireur car tout comme Alexvodka, le Gusdwallois aimait voyager. La découverte de mondes jamais visités le remplissait de joie.

Chapitre 3 : Première victoire

La troupe impériale reprit la route pour marcher dans la nuit. A l'aube, elle arrivait discrètement à quelques lieues des troupes sauvages. Les bruits des sorts et les cris d'incantation tournés vers le village étaient assourdissants cela profitait à la troupe impériale pour fondre dans la masse pour faire pas mal de dégâts. Même l'alerte générale n'avait pas été entendue. En retrait Everodian regardait avec Alexvodka le travail des Olympiens. Le jeune retrouvait alors plus d'assurance et la peur s'éloignait à mesure que l'Empire reprit petit à petit son territoire. Il remarqua qu'Alexvodka ne participait pas au combat. Ce dernier lui expliqua que son travail était d'éclairer et il était moins bon en combat au corps à corps... et encore moins à la magie! Le jeune lui sourit et lui disant qu'il aimerait devenir un bon éclaireur qui saurait se battre... car il ne voulait plus avoir peur de la guerre. Il était encore loin de la réalité et ignorait tout le chemin à parcourir pour arriver à ses fins mais une chose était sûre : il était capable de le faire avec le temps, certes... avec le temps!

En attendant les Hommes sauvages déboussolés par cette attaque surprise battaient en retraite et les Elfes qui eurent vent de l'arrivée des renforts impériaux redoublaient leurs efforts pour les freiner mais en vain. Les sauts d'attaque(*) des Champions olympiens tels que Hirald faisaient des ravages dans les rangs elfes qui à leur tour commençaient à perdre le contrôle de la situation. Mené par le capitaine olympien Lujan Falk, son escouade quant à elle attaquait à distance le front arrière pour empêcher le recul de ceux qui cherchaient à fuire.

Chapitre 4 : Une victoire de courte durée

Tout semblait tourner en faveur de l'Empire mais une deuxième menace ne tardait pas à apparaître. A quelques journées de marche à l'autre bout de la plaine plus vers le sud-est là où commençait la forêt des Cendres, de nouvelles troupes de l'alliance Sauvages-Elfes avaient été prévenues de la situation et étaient déjà en marche sortant de la lisière. A leur arrivée à l'arrière front des assaillants Elfes, le doute s'installa alors dans l'esprit des officiers impériaux. Le repli était inévitable. Avec amertume, Le Seigneur Ackron décida alors de faire évacuer tous les villageois encore vivants de Gusdwall. Il y avait déjà pas mal de morts dans les ruelles et allées. presque la moitié de la population avait péri dans l'assaut de l'ennemi. Femmes et enfants entourés des quelques soldats impériaux se dirigeaient vers la porte nord du village.

En retrait, Alexvodka expliquait à Everodian que son village ne pouvait tenir plus longtemps et que l'alliance ennemie possédait bien plus de forces fraîches et expérimentées contre l'armée impériale. L'éclaireur lardanien remarqua que l'ennemi quitta la lisière pour s'avancer tout en accélérant la cadence en direction des Impériaux. Le choc allait être terrible! A ce moment-là, il savait qu'il allait lui aussi devoir défendre le village. Il regarda le jeune Gusdwallois pour le rassurer :

- Everodian, tu vas rester loin de tout cela car beaucoup d'entre nous périront dans cette charge sauvage-elfique. Va à Lardanium et préviens tous ceux qui pourront te venir en aide. Je pense qu'il y aura encore des officiers là-bas. Ils sauront réunir des vaillants combattants pour venir nous aider.

A ces mots, Alexvodka laissa le jeune Olympien sur place pour rejoindre sa troupe déjà mal en point. Arrivé sur le front, il se jeta sur les premiers adversaires sachant qu'il ne tiendrait pas longtemps. Antéphares, un sauvage, était en train de finir avec un Olympien quand il reçut un coup venant d'Alexvodka. L'éclaireur croyait qu'il avait réussi son coup mais il avait sous-estimé la superbe agilité avec laquelle son adversaire avait réussi à esquiver. Un certain Polonëll, un des rares guerriers elfes doué en corps à corps avait vu la scène et s'avança pour combiner son attaque avec l'Homme Sauvage. L'attaque fut fatal pour l'éclaireur.

Everodian était déjà loin remontant vers le nord. Il savait qu'Alexvodka allait laisser sa vie dans cette ultime acte de bravoure mais cela n'avait servi à rien sauf à gagner du temps pour que le Gusdwallois puisse avoir suffisamment de longueur d'avance pour arriver au plus vite à Lardanium.

L'éclaireur olympien ouvrit ses yeux et comprit alors qu'il avait trépassé. Il comprit aussi que le champ de bataille était loin derrière lui dans l'autre monde. Il voyait encore tous ces sorts fuser dans tous les sens, et un souvenir de pincements au coeur comme si un aigle l'avait piquait de ses serres. Ce souvenir étrange que les êtres en face de lui n'étaient nullement ses ennemis mais des adversaires qu'il devait combattre tout simplement. La mort lui faisait comprendre que parfois on pouvait avoir de vaillants combattants même chez l'ennemi. Il repensa à Everodian en espérant qu'au moment de sa renaissance, il pourrait le revoir pour continuer son apprentissage.

(*)Une technique que les Champions avaient appris pour fondre sur leur proie si rapidement qu'on croirait propulsés par une force divine