Par Gorbad Kaskanferr, le Bâtisseur le 17/12/2007 à 03:16 Cette chronique constitue le premier acte de mon Triptyque des Enfers
Le nain était installé à son bureau, perplexe face au courrier qu’il venait de recevoir. Il se souvenait de cette soirée étrange où un géant l’avait longuement questionné sur Hadès, une dévotion étrange pour quelqu’un de son rang camouflée sous une théorie métaphysique boiteuse qui revenait à admettre que les géants étaient aussi sous la coupe des Dieux de l’Olympe… une hérésie pour son peuple qui avait coûté le bannissement de Zagnadar et la perte du lien élémentaire à d’autres… Et pourtant, l’ancien roi connaissait les réponses que le géant était venu chercher et il lui avait confié son secret, sans lui conter cependant toute l’histoire…
Gorbad : « Hé bein mon vieux Thor, semblerait qu’on soit toujours rattraper par son destin… »
Il se souvenait…
C’était il y a près de 80 ans…
Un temps où Kardrim Gromthi Tête d’Acier était depuis peu le Gardien des Anciens, après avoir succéder à Tholin le Juste,
Une époque où la Forteresse des Sables n’avait pas encore été érigée par les renégats Dakon et Gaver,
Une ère où Salminar n’était pas encore devenue impératrice après avoir provoqué la Guerre des Dieux…
Je me souvenais…
Je n’étais ni borgne et la vigueur animait mes deux bras sans qu’aucune prothèse ne vienne me soutenir…
J’étais alors forgeron à Kazad A Gorog, menant ma propre affaire. Bien que pouvant compter sur l’assisse financière de mon clan, j’avais choisi un parcours atypique parmi les miens car après des études primées à l’université de Kazad, mes parents pensaient me voir suivre les traces de mon frère aîné et prendre une charge d’assistant en vue de devenir professeur dans le prestigieux institut. Mon père avait aussi envisagé de me faire entrer aux forges royales vu mon talent en la matière mais j’avais choisi une voie moins… contraignante.
En fait, lors de mon apprentissage, je m’étais lié d’une amitié forte et sincère envers Thor GrondeTonnerre. Jusque là, rien de bien inquiétant hormis que le clan GrondeTonnerre possède mauvaise réputation parmi les nains. En effet, on les dit issu d’une ancienne caste de fanatiques d’Hadès qui avait été écarté de l’Empire au moment de l’exil de nos ancêtres. Vous savez, pour mon peuple, Hadès est un Dieu particulièrement craint, même si son culte est marginal, en quelque sorte évincé par celui des Ancêtres, moins fataliste et incarnant la notion de vengeance qui nous est cher… ce qui ne veut pas dire que nous ne le respectons pas, après tout, nous partageons avec Lui une certaine emprise sur le monde souterrain. Mais bon, des mortels vénérant la Mort pour ce qu’elle est… ça semble quelque peu aberrant.
Enfin, difficile de dire ce qui nous a rapproché… La jeunesse prend parfois des formes étranges de rébellion. Toujours est-il que malgré qu’il fût perçu comme une mauvaise fréquentation, je ne pense pas avoir eu meilleur ami que lui. A nos heures perdues, c’est-à-dire quand je pouvais me permettre de mettre en congé ma forge, nous nous glissions dans la peau de nos ancêtres et partions à la découverte de notre histoire. C’est ainsi que nous avons parcouru des heures durant les grottes du Pic Sanglant, découvrant le théâtre de l’une de nos plus grandes batailles quand notre place dans le Radar Bek n’était pas encore fixée. Il ne faut pas voir les cyclopes uniquement comme des barbares borgnes, leur savoir était aussi intéressant à étudier, surtout pour moi, forgeron… Mais notre plus grande aventure, la dernière aussi, fut celle qui nous mena aux Grandes Fosses…
Un soir, mon ami vint me rendre visite alors que je fermais ma boutique et m’entretint de ses recherches dans les annales familiales. Loin de nier leur attachement à Hadès, c’était les derniers nains à réellement entretenir son sanctuaire. L’histoire des ancêtres GrondeTonnerre remontait bien avant l’exil et mentionnait leur passé de nécromant. Il me narra qu’il y avait aussi mention d’un temple secret, caché dans les entrailles de la terre, loin du regard belliqueux de l’Empire. Cela aiguisa notre curiosité mais je ressentais comme un malaise… après tout, si l’histoire n’en avait plus jamais fait mention, cela voulait-il dire que ce sanctuaire ne devait jamais paraître de nouveau ? Mais la curiosité l’emporta et quelques semaines plus tard, nous faisions route vers les Grandes Fosses, plein d’espoir de découvrir des trésors sur lesquels nous serions les premiers à mettre la main.
Il nous fallu arpenter les galeries souterraines bien longtemps, avant de trouver notre nouvelle terre promise. C’est en inspectant une ancienne carrière que nous avons trouvée un tunnel menant à un couloir marbré. D’un côté, une volée de marche nous ramenait vers la lumière et une salle qui devait être celle des gardes. L’entrée était encore praticable, ce qui nous faciliterait la tâche pour le retour. De l’autre, le mystère était sur le point d’abandonner son voile…
L’Oracle de la Mort, ou Nekyomanteion en olympien ancien…
Voila ce que nous cherchions,
Voila ce que nous avions trouvé,
Que dire sinon qu’il est impressionnant de voir tel sanctuaire sous terre. Nous avons bravé les avertissements du fronton pour explorer le temple. Les traces qu’en avaient laissé ces derniers habitants avaient aussi de quoi nous laisser sans voix. Pour ma part, je trouvais des armes d’une telle facture, terrifiante et sinistrement belle… Elles étaient forgées à partir d’ossements je l’aurais juré, polie et renforcée par je ne sais quel procédé, leur résistance n’était pas à mettre en doute. Le pommeau était creux afin d’y déverser du poison qui s’écoulait sur la lame par de minuscules trous dans la garde… Perfide et sournois mais cela devait être rudement efficace.
Dans la chambre centrale, nous avons découvert un puit énorme, avec un escalier de pierre s’enfonçant dans les profondeurs. Thor me jura qu’il devait mener aux Enfers. J’y ai cru… Il me conta alors comment sur l’autel, des sacrifices étaient perpétrés afin d’appeler les spectres des défunts et de communiquer avec eux. La magie pratiquée ici devait être effroyable et pourtant, cela avait quelque chose de rassurant ce pouvoir de parler aux proches perdus…
Je n’avais pas encore découvert le pire…
Ce souvenir me glace encore…
Le cri de mon ami…
Il s’était aventuré dans ce qui semblait être une ancienne bibliothèque et sur un socle avait révélé un orbe qui, à son approche, s’est mis à luire, d’un rythme régulier et apaisant, comme les battements d’un cœur et lui… il l’a touché… libérant son maléfice… Le temps d’arriver, je ne pu que constater que déjà son corps prenait une teinte livide, drainé de sa vie, emprisonnant son âme… et moi…
Moi, je refusais de le laisser mourir alors, sans réfléchir, je l’ai agrippé par le bras pour le tirer vers moi, comme si je pouvais l’empêcher de basculer dans le monde des morts… et le maléfice étendit son emprise sur moi. Mon bras droit commença à se vider de sa force tandis qu’un voile de ténèbre vint étreindre un de mes yeux, à jamais. Mon âme était entrain de se glacer, j’entendais dans ma tête une sombre mélopée qui m’endormait… Je ne sais toujours pas ce qui m’a sauvé ce jour là car je pense avoir perdu conscience. A mon réveil, l’orbe luisait toujours, me narguant de son méfait… La honte et la rage se mêlèrent dans mon esprit et je me souviens, j’ai voulu faire s’ébouler la galerie vers la surface afin que personne ne puisse retourner vers ce lieu de malheur mais, avec un bras invalide à jamais, je fus maladroit et je fus pris dans l’éboulement que je provoquais. Par deux fois, j’ai été sauvé ce jour-là…
Est-ce qu’Héphaïstos me protégeait ?
...
Et maintenant ?
…
Il s’était souvenu et pourtant,
Il y retournerait…
Le nain pleura puis but à la santé de son compagnon disparu…
Le nain était installé à son bureau, perplexe face au courrier qu’il venait de recevoir. Il se souvenait de cette soirée étrange où un géant l’avait longuement questionné sur Hadès, une dévotion étrange pour quelqu’un de son rang camouflée sous une théorie métaphysique boiteuse qui revenait à admettre que les géants étaient aussi sous la coupe des Dieux de l’Olympe… une hérésie pour son peuple qui avait coûté le bannissement de Zagnadar et la perte du lien élémentaire à d’autres… Et pourtant, l’ancien roi connaissait les réponses que le géant était venu chercher et il lui avait confié son secret, sans lui conter cependant toute l’histoire…
Gorbad : « Hé bein mon vieux Thor, semblerait qu’on soit toujours rattraper par son destin… »
Il se souvenait…
C’était il y a près de 80 ans…
Un temps où Kardrim Gromthi Tête d’Acier était depuis peu le Gardien des Anciens, après avoir succéder à Tholin le Juste,
Une époque où la Forteresse des Sables n’avait pas encore été érigée par les renégats Dakon et Gaver,
Une ère où Salminar n’était pas encore devenue impératrice après avoir provoqué la Guerre des Dieux…
Je me souvenais…
Je n’étais ni borgne et la vigueur animait mes deux bras sans qu’aucune prothèse ne vienne me soutenir…
J’étais alors forgeron à Kazad A Gorog, menant ma propre affaire. Bien que pouvant compter sur l’assisse financière de mon clan, j’avais choisi un parcours atypique parmi les miens car après des études primées à l’université de Kazad, mes parents pensaient me voir suivre les traces de mon frère aîné et prendre une charge d’assistant en vue de devenir professeur dans le prestigieux institut. Mon père avait aussi envisagé de me faire entrer aux forges royales vu mon talent en la matière mais j’avais choisi une voie moins… contraignante.
En fait, lors de mon apprentissage, je m’étais lié d’une amitié forte et sincère envers Thor GrondeTonnerre. Jusque là, rien de bien inquiétant hormis que le clan GrondeTonnerre possède mauvaise réputation parmi les nains. En effet, on les dit issu d’une ancienne caste de fanatiques d’Hadès qui avait été écarté de l’Empire au moment de l’exil de nos ancêtres. Vous savez, pour mon peuple, Hadès est un Dieu particulièrement craint, même si son culte est marginal, en quelque sorte évincé par celui des Ancêtres, moins fataliste et incarnant la notion de vengeance qui nous est cher… ce qui ne veut pas dire que nous ne le respectons pas, après tout, nous partageons avec Lui une certaine emprise sur le monde souterrain. Mais bon, des mortels vénérant la Mort pour ce qu’elle est… ça semble quelque peu aberrant.
Enfin, difficile de dire ce qui nous a rapproché… La jeunesse prend parfois des formes étranges de rébellion. Toujours est-il que malgré qu’il fût perçu comme une mauvaise fréquentation, je ne pense pas avoir eu meilleur ami que lui. A nos heures perdues, c’est-à-dire quand je pouvais me permettre de mettre en congé ma forge, nous nous glissions dans la peau de nos ancêtres et partions à la découverte de notre histoire. C’est ainsi que nous avons parcouru des heures durant les grottes du Pic Sanglant, découvrant le théâtre de l’une de nos plus grandes batailles quand notre place dans le Radar Bek n’était pas encore fixée. Il ne faut pas voir les cyclopes uniquement comme des barbares borgnes, leur savoir était aussi intéressant à étudier, surtout pour moi, forgeron… Mais notre plus grande aventure, la dernière aussi, fut celle qui nous mena aux Grandes Fosses…
Un soir, mon ami vint me rendre visite alors que je fermais ma boutique et m’entretint de ses recherches dans les annales familiales. Loin de nier leur attachement à Hadès, c’était les derniers nains à réellement entretenir son sanctuaire. L’histoire des ancêtres GrondeTonnerre remontait bien avant l’exil et mentionnait leur passé de nécromant. Il me narra qu’il y avait aussi mention d’un temple secret, caché dans les entrailles de la terre, loin du regard belliqueux de l’Empire. Cela aiguisa notre curiosité mais je ressentais comme un malaise… après tout, si l’histoire n’en avait plus jamais fait mention, cela voulait-il dire que ce sanctuaire ne devait jamais paraître de nouveau ? Mais la curiosité l’emporta et quelques semaines plus tard, nous faisions route vers les Grandes Fosses, plein d’espoir de découvrir des trésors sur lesquels nous serions les premiers à mettre la main.
Il nous fallu arpenter les galeries souterraines bien longtemps, avant de trouver notre nouvelle terre promise. C’est en inspectant une ancienne carrière que nous avons trouvée un tunnel menant à un couloir marbré. D’un côté, une volée de marche nous ramenait vers la lumière et une salle qui devait être celle des gardes. L’entrée était encore praticable, ce qui nous faciliterait la tâche pour le retour. De l’autre, le mystère était sur le point d’abandonner son voile…
L’Oracle de la Mort, ou Nekyomanteion en olympien ancien…
Voila ce que nous cherchions,
Voila ce que nous avions trouvé,
Que dire sinon qu’il est impressionnant de voir tel sanctuaire sous terre. Nous avons bravé les avertissements du fronton pour explorer le temple. Les traces qu’en avaient laissé ces derniers habitants avaient aussi de quoi nous laisser sans voix. Pour ma part, je trouvais des armes d’une telle facture, terrifiante et sinistrement belle… Elles étaient forgées à partir d’ossements je l’aurais juré, polie et renforcée par je ne sais quel procédé, leur résistance n’était pas à mettre en doute. Le pommeau était creux afin d’y déverser du poison qui s’écoulait sur la lame par de minuscules trous dans la garde… Perfide et sournois mais cela devait être rudement efficace.
Dans la chambre centrale, nous avons découvert un puit énorme, avec un escalier de pierre s’enfonçant dans les profondeurs. Thor me jura qu’il devait mener aux Enfers. J’y ai cru… Il me conta alors comment sur l’autel, des sacrifices étaient perpétrés afin d’appeler les spectres des défunts et de communiquer avec eux. La magie pratiquée ici devait être effroyable et pourtant, cela avait quelque chose de rassurant ce pouvoir de parler aux proches perdus…
Je n’avais pas encore découvert le pire…
Ce souvenir me glace encore…
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Il s’était aventuré dans ce qui semblait être une ancienne bibliothèque et sur un socle avait révélé un orbe qui, à son approche, s’est mis à luire, d’un rythme régulier et apaisant, comme les battements d’un cœur et lui… il l’a touché… libérant son maléfice… Le temps d’arriver, je ne pu que constater que déjà son corps prenait une teinte livide, drainé de sa vie, emprisonnant son âme… et moi…
Moi, je refusais de le laisser mourir alors, sans réfléchir, je l’ai agrippé par le bras pour le tirer vers moi, comme si je pouvais l’empêcher de basculer dans le monde des morts… et le maléfice étendit son emprise sur moi. Mon bras droit commença à se vider de sa force tandis qu’un voile de ténèbre vint étreindre un de mes yeux, à jamais. Mon âme était entrain de se glacer, j’entendais dans ma tête une sombre mélopée qui m’endormait… Je ne sais toujours pas ce qui m’a sauvé ce jour là car je pense avoir perdu conscience. A mon réveil, l’orbe luisait toujours, me narguant de son méfait… La honte et la rage se mêlèrent dans mon esprit et je me souviens, j’ai voulu faire s’ébouler la galerie vers la surface afin que personne ne puisse retourner vers ce lieu de malheur mais, avec un bras invalide à jamais, je fus maladroit et je fus pris dans l’éboulement que je provoquais. Par deux fois, j’ai été sauvé ce jour-là…
Est-ce qu’Héphaïstos me protégeait ?
...
Et maintenant ?
…
Il s’était souvenu et pourtant,
Il y retournerait…
Le nain pleura puis but à la santé de son compagnon disparu…
Gorbad Kaskanferr
Bras Droit de la GTN
Conseiller Royal du peuple nain
Concepteur de la grenade mana
Un Nain gras est un nain heureux
Bras Droit de la GTN
Conseiller Royal du peuple nain
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Un Nain gras est un nain heureux
