La récolte | |
Topic visité 197 fois Dernière réponse le 10/02/2006 à 00:09 |
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Première partie: La récolte
Afrodelio est un homme sauvage âgé et expérimenté dans l’art de la magie et de la communion avec la nature. Comme la plupart des anciens, il récolte l’énergie arboricole plus communément appelée bois. Ceux qui l’appellent ainsi ne comprennent pas l’étendue de la liaison qui subsiste encore entre ces créatures divines et la nature. Et ce bien que Gaïa ne réponde plus à leur appel désespéré. Fidèle époux d’Erakie, il vit dans la demeure familiale avec ses huit enfants : Caverle, Chova, Ceprilien, Cusabe, Cypan, Cypon, Cibulkes, Cano, tous des garçons et aussi loin que remonte la famille, tous les enfants d’un couple portent un nom commençant par la même lettre. Comme la plupart de ses confrères c’est le matin que partira Afrodelio pour la chênaie du sud en ayant préparé soigneusement son sac de voyage. Il déjeunera, il ira cueillir des baies, des fleurs et des fruits juteux, en remplira un bol de bois pour toute la famille prendra sa part puis s’en ira. Il suivra le sentier qui descend de Luminaë jusqu’à la bordure nord de la forêt des Ombres. Une fois qu’il sera à l’abri, sous les majestueux arbres encerclant le fleuve Gaïa, il prendra le temps de respirer car une longue route l’attendra le long de l’eau. Si il a le pied léger, quelques jours lui suffiront à faire le trajet. Dans cette forêt les créatures qui ne sont pas lestes ont du mal à survivre… Il aura d’abords les membres légèrement mouillés par l’herbe fraîche des marécages. Si il passe par le cours d’eau, il ne résistera pas à l’envie de retroussez ses pantalons et d’y détendre ses pieds engourdis par la marche. Il serpentera et barbotera et enfin peut-être il accédera à cette frontière sud où la végétation est abondante et variée, délice visuel pour des yeux pourtant déjà fort habitués à ce spectacle. Il les ouvrira grand, pour observer un évènement rare pour le commun d’Olympia, les arbres prêt à rentrer en communion avec l’être sauvage, un grand silence, et des couleurs resplendissantes, il écoutera, regardera, respirera et… ! Chuuut D’abords, il y a le silence et le calme du vent dans les branches et les feuilles, le sifflement désuet des arbres millénaires, premiers remparts de la ville sylvestre. Et puis, tout doucement une ou deux ombres se dégagent, Afrodelio est l’une d’elles. Premier arrivé, il dépose son sac lourd dont les sangles ont creusé de longs sillons sur ses frêles épaules et le long de son dos. Il en sort une sphère aux reflets bleutés qui malgré sa petite taille semble peser son poids. Elle glisse de ses mains ridées et tombe dans une chute sans bruit. Elle brille dans les hautes herbes. L’éclat et le mouvement des reflets de l’objet peut faire penser qu’il n’est pas inerte et contient le savoir de milliers d’années de recherche. L’Homme Sauvage se baisse pour la ramasser et fait glisser son doigt sur la surface pour vérifier qu’aucune aspérité, aucun coup ne la recouvre. Cela fait, il approche un des chênes et s’y agenouille faisant craquer ses os. D’autres de ses pairs, qui étaient sortis des bois un instant plus tôt, reprirent les mêmes gestes. C’est ainsi que la parade commence : Le prêtre de la nature, Afrodelio, se lève et avance vers son arbre, le bras tendu vers l’avant les doigts écartés pour en toucher du bout, l’écorce. En faisant le tour de celle-ci avec peine, il murmure des prières adressées à la terre ainsi qu’aux plantes, des mots doux d’amitié et d’amour. Les mots changent selon les prêtes car ce sont des paroles sincères que nécessite ce processus. Notre homme sauvage parle en ces termes : « Je sais mon ami que souvent je suis venu et souvent je t’ai demandé ton aide. » « Toujours tu me l’as accordée sans jamais y trouver mot dire, tu m’as aidé à bâtir ma maison et l’un de tes frères m’a accueilli ma famille et moi en son sein. » « Aujourd’hui encore je viens vers toi, pour que tu m’accordes ta patience et tes bienfaits pour l’avènement de mon prochain fils. » C’est en sollicitant le chêne que les mains pleines d’arthrites caressent l’écorce et se referment pour sentir la force qui s’écoule en lui. Certains disent que ce n’est qu’une tradition et que jamais l’on obtient de véritables réponses à ses prières, pourtant les ministres de ce rituel en sont persuadés. Et c’est à un mouvement imperceptible de l’arbre qu’Afrodelio réagit en laissant échapper son aura magique. Celle-ci se développe et entoure l’arbre comme un manteau, elle n’est pas visible mais peut-être ressentie comme un élan de chaleur. Cette irradiation se concentre alors dans la main du vieil homme sauvage qui ressert son emprise sur l’écorce. A cet instant on peut voir une grimace de concentration se former sur le visage et la main qui s’enfonce doucement à l’intérieur du chêne qui grince pour laisser passer la chair sans la blesser. Et tandis que le flot de parole apaisante se fait plus important, l’air se fait plus lourd autour du prêtre qui prend des entrailles de son ami l’énergie utile aux constructions sauvages. Une goutte de sueur perle sur sa tempe. Délicatement l’homme sauvage sort de l’arbre tout en gardant les doigts tendus vers celui-ci, un liquide collant filandreux et d’un vert d’émeraude glisse d’entre les griffes d’Afrodelio… Malgré son apparence, le liquide n’est pas matériel et semble pénétrer, en y étant conduit d’un geste expert, dans le réceptacle, la sphère bleue prend alors une teinte turquoise. Les reflets de la surface du mystérieux objet se font plus rares, comme une mer qui se calme après une tempête, l’eau qui semble s’alourdir s’immobilise et en devient presque angoissante. En même temps qu’il range l’énergie de l’arbre dans son sac, le vieil homme adresse au donateur ses derniers hommages et remerciements. Epuisé il enfonce profondément sa main dans la terre fraîche au pied de l’arbre laissant une marque de son passage, témoignage de son affection envers le chêne. Elle restera là jusqu’à la prochaine récolte… |
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Ebfin quelqu'un pour m'éclairer ^^ |
Par personne  le 10/02/2006 à 00:09 |
Ton récit est un phare pour nous tous mon frère, merci pour tes précieux conseils il est vrai que l'extraction n'est point chose facile pour nombre d'entre nous. Merci de partager ton savoir. |