An 8003 du calendrier nain, saison de la Grande Cuvée, nuit du neuvième jour.

Tagazog ouvrit lentement les paupières. Un voile de sang séché se déchira et les sombres abysses où il se trouvait lui apparurent.

Ce n’était pas la première fois que le nain se réveillait aux enfers.

Comme à chaque descente un peu des derniers instants de sa vie passée lui échappaient encore… voyons voir, il se rendait à Zagnadar et des elfes l’avaient éliminé sur la route.

Résigné il se leva et entrepris la longue route des héros pour retourner à la surface.
Sur une corniche une silhouette l’interpella soudain, une longue cape sombre volant dans un vent putride des enfers.
Ce n’était pas un démon, ni un mort… cependant Tagazog ne pouvait savoir qui s’était. La silhouette leva un bras vers le sud.
Le nain savait pourtant bien qu’il devait se diriger vers l’est.

N’ayant nulle confiance, le mineur repris donc sa route initiale, mais alors des mains squelettiques sortirent du sol et lui attrapèrent les chevilles.
S’agissait-il d’un cauchemar ?

Tagazog saisit son épée pour l’abattre et déjà il senti le couperet de la mort se rassembler en un souffle infernal au dessus de sa tête. Le nain se rappela alors le commandement qu’Hadès avait ordonné aux héros traversant son monde : Il était interdit de sa battre, de menacer, frapper qui que ce soit en ces lieux.
Le nain rangea son arme et la menace s’estompa. Les mains le lâchèrent mais barraient toujours le passage vers l’est.

Il leva des yeux incrédules vers la silhouette située en hauteur. Celle-ci montra du doit le pendentif en forme de pioche que Tagazog portait autour du coup, celui de son père.
Le nain sans plus chercher à comprendre fila vers le sud à grandes enjambées.

12 jours durant le nain parcouru les territoires des enfers inconnus de sa part, et sûrement de beaucoup d’autres héros. Des bêtes étranges rôdaient ici et là.
Des cris plus qu’angoissant déchiraient l’air parfois. Le nain n’avait pas pu se reposer vraiment, ses sommeils étaient toujours interrompus par des êtres difformes passant à proximité, ou bien par sa propre peur qui grandissait à mesure qu’il s’éternisait en ce lieu.

A suivre…

Des flammes pourpres se dessinaient dans le lointain paysage des enfers. Elles s’élevaient jusqu’à une vingtaine de mètres du sol semblait-il.
Tagazog cru y voir une silhouette projetée vers le ciel et disparaître. Il n’avait aucun souvenir de ce phénomène. A chaque fois qu’il avait repris conscience dans Kazad après son trépas il n’avait que de rares bribes de mémoires de son séjour chez Hadès, et cela valait peut-être mieux.

Deux jours plus tard les flammes étaient à une centaine de mètres de Tagazog qui voyait des géants s’y jeter et y disparaître.

« Vous êtes descendu bien trop au sud messire nain ! »
Tagazog se retourna, juste à ses côtés se trouvait l’individu qui l’avait en quelque sorte poussé à faire ce séjour prolongé et cette marche dans les limbes.
« Que me voulez vous ? » répondit un Tagazog quelque peu apeuré.

Une longue plainte déchira le ciel et une forme mi femme-mi bête passa en hurlant, volant dans le ciel noirs faisant frémir ses habits pâles et déchirés, empestant l’odeur putride de la décomposition avancée.

«Bienvenue à la maison Aellô ! » fit l’homme sans expression sur son visage, comme si cette nouvelle ne le ravissait pas plus que ça.
Puis il se tourna vers le nain « Trêve de bavardage Tagazog, mes fonctions m’attendent et c’est déjà un immense honneur que te t’accorder tant de temps ! »

« Mais qui êtes-vous donc ? Hadès ? » fit le nain.

« Ah ah ah …non mon cher. Non ! » L’homme siffla en fermant les yeux.

Les deux personnages ne dirent plus rien pendant les deux minutes qui suivirent.

Soudain un bruit de battement se fit entendre….de plus en plus proche.

La terreur le gagnant, le nain eu les poils de moustache qui se dressèrent tellement qu’ils lui chatouillèrent les narines ce qui lui provoqua une crise d’éternuement.

« Kroak !!?? »
« Hein ? Sirocco ? » fit le nain

« Suis le Tagazog, et nous nous reverrons bientôt, pour répondre enfin à tes questions. » et l’inconnu disparu.

En effet le perroquet approcha et se posa sur l’épaule du mineur.

A suivre…

Mais que va-t-il se passeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeer?

Jolie chronique, VITE la suite !

Puis l’oiseau s’envola lentement et Tagazog le suivi.
Le chemin descendait doucement entre des cheminées de souffre qui étrangement étaient noires et mauves. Leurs émanations s’élevaient sans se reposer au sol. Donnant au ciel des enfers ses accents jaunes parmi les rouges et les ocres qui le composaient aussi.
Ainsi la physique échappait à toute règle en ce lieu.

Tagazog pensait se trouver sur les flancs internes d’un immense volcan au centre duquel une énorme colline se dressait. Il commençait à l’apercevoir. : le puits des enfers.

Le mineur suivait toujours le vol de son compagnon, il se retrouva alors à marcher entouré de formes diaphanes qui gémissaient. Les âmes des quidams d’Olympia. Les âmes en perdition qui avançaient vers le lieu de leur jugement.

Mais très vite Tagazog quitta cette foule pour retourner dans une zone déserte du monde d’Hadès. Là il entendit des plaintes.
Sirocco le portait tout droit vers leur origine.

Etrangement il s’agissait d’un groupe de civils nains. Ils avaient le teint blafard des morts et avaient cependant conservés leur apparence corporelle. Femmes, vieux, indigents, enfants et autres pleuraient ou restaient prostrés.

Le mineur s’avança vers eux.

A suivre…

« Mes frères et sœurs …que faîtes vous donc en ce lieu ? Vous êtes si nombreux …» fit Tagazog.

Des regards perdus se tournèrent alors vers le mineur et son volatile.
« Aide nous frère…ne nous laisse pas là »
« Fais nous franchir le Styx, permets nous de partir pour le jugement des morts »
« Je t’en prie apporte-nous la paix de l’âme »
« Libère moi…libèremoi… »

« Mais je ne comprends pas, pourquoi attendez vous ici… les autres âmes vont vers le Styx, pourquoi restez vous sur ses berges. J’ai entendu dire que des créatures abominables se repaissent des âmes perdues. »

« C’est exact fils ! Et c’est pourquoi tu dois nous porter, leur porter assistance. » fit une voix plus marquée et plus familière que les autres.

« Papa ? »fit le mineur

« Tagazog !! Quelle surprise, toi en ce lieu mais qui t’as donc fait griller la barbe et envoyé ici. Je pensais que notre famille survivrait plus longtemps en ce monde. »

« Ne t’inquiète pas père je suis un héros et je retrouverais le chemin de la vie d’içi peu. » fit Tagazog.

« Un héro ? Hmmm……HMmmmmm ……MMMOUHHAAHHHAMOUUHHHAAAA » s’exclafa Silberham e nse tenant les côtes »

« Père je vous en prie….on nous regarde. » Mais Tagazog fut pris par l’émotion. Il n’avait pour ainsi dire jamais vu son père rire ainsi. C’est alors que la réalité le rattrapa et que son visage s’assombri. Silberham, tout comme les autres nains présents, était mort.

« Et oui mon fils, je ne suis plus, je crois que finalement cela m’a donné un peu plus de philosophie et d’humour, de même que les dernières années passées en ce monde. »


A suivre…

Une larme puis une autre perla au coin de l’œil de Tagazog, pour finir en un torrent. La barbe détrempée et plus salée que jamais il se jeta dans les bras de son père.
Il ne pouvait parler. Il retrouvait son père, enfin, mais à quel prix.

Ils s’isolèrent tout deux. Silberham raconta ses péripéties à son fils.
« Tu n’as toujours pas suivi les instructions de la carte qui était dans le pendentif que je t’ai laissé… ? »
« Et bien père j’ai été très occupé, la fête de Zagnadar, les élections, les guerres, le commerce, les élections… »commença le fils.
« Comment ?? des élections aussi souvent ? bah ça ma parole !! Kardrim devrait remettre un peu d’ordre dans les écoles de Kazad pour ré éduquer tout le monde !! »
« Papa…ne soit pas si extrémiste » rigola Tagazog.
Puis le père raconta son amnésie dans le village olympien après sa lutte avec le terrible et légendaire félin, le bestridius. Il narra ses presque 5 années passées à ne se souvenir de rien.

Puis des elfes étaient arrivés en masse et avaient tuées les paisibles villageois, Silberham s’était battu à leur côté, mais il avait succombé.
Tombé au royaume d’Hadès, ses souvenirs lui étaient revenus.
C’était alors qu’une silhouette l’avait conduit vers le groupe des autres nains morts ici présent.


Après trois quart d’heure les deux nains retournèrent vers leurs semblables.

Tous les nains, naines et nanots (désignation populaire des très jeunes nains) présents étaient des faubourgs Est de Kazad. Ces paysans avaient été exterminés sans sommations par des Hommes Sauvages et des Elfes en vadrouille et arpentant impunément le Royaume Séculaire Nain.
Partis dans le monde des morts sans sépulture, ils n’avaient pu recevoir les sacrements et surtout l’obole, la pièce dans la bouche ou sur les yeux, destinée à leur payer le passage su Styx à Charon. C’était pourquoi ils restaient là.

« Mais j’ai de l’argent sur moi !! » fit Tagazog, laissé moi vous payer le passage, frères et sœurs, je sauverai vos âmes de l’oubli, l’errance où l’aliénation démoniaque.

Un rire dément d’une créature se fit entendre.

« Qu’est-ce donc ? » fit Silberham.

« Un mangeur d’âme ! » fit une voit sur un contrefort.
La silhouette qui avait conduit Tagazog en ce lieu.

« Encore vous … ? »

« Oui encore moi messire Tagazog. Vos semblables sont maintenant depuis trop longtemps en ce lieu et les dévoreurs d’âmes sentent les âmes perdues qui sont leur met favori. »

Tagazog se retourna vers la troupe de nain. « Combien êtes-vous ? »

« Ils sont 164 » fit la silhouette.
Tagazog se figea et croisa les yeux de l’inconnu qui lui apparaissaient alors de même qu son visage, celui d’Eaque. Ce dernier hocha la tête en signe de compassion. « tu comprends ta venue en ce lieu maintenant. Je peux vous laisser » et il disparu.

« Qu’est-ce qu’il veut dire ? » fit Silberham
« L’un des juges d’Hadès m’a donné la chance de pouvoir dire adieu à mon père, mais quel goût amère cela a ! »
« Que veux-tu dire mon Taga. »
« Père…je n’ai que 163 pièces »


A suivre…

« Vas-t’en Tagazog »

« Jamais…je me battrais » répondit le mineur.
« Si tu affronte cette créature les juges d’Hadès te le feront payer. » ajouta Silberham résigné.

« Mais je ne peux pas faire le choix de te laisser là… »
« Il faut pourtant gagner quelques minutes pour nos sœurs et nos frères le temps qu’ils franchissent le Styx. Accompagne-les et paye leur passage. Si personne ne s’interpose le dévoreurs en emportera plus d’un avant qu’ils ne soient en lieu sûr »

Tagazog serra son père dans ses bras.
« Mais au fait comment puis-je te toucher si tu es mort, je ne m’en étais pas rendu compte tout à l’heure…c’est étrange les autres ont des formes spectrales… »
« Je n’en sais rien, peut-être une faveur d’un des juges, mais je ne sais pourquoi. » répondit le père.
« je n’ai pas le droit de me battre ici » commença Tagazog, puis en chuchotant « mais je ne transgresse aucune loi des enfers en te donnant ceci ».

Silberham prit le sac que lui donnait discrètement son fils et se mit à sourire… « je savais que tu étais doué mon fils. Vas maintenant on se reverra chez Héphaïstos un jour ou l’autre dans la grande forge des origines. »

« Adieu père et à très bientôt » furent les derniers mots de Tagazog pour son père et il parti avec les âmes des nains vers le passage du fleuve des morts.


La petite troupe courait depuis 10 minutes lorsqu’un embarcadère fut en vue.
Tagazog distribua les pièces à chacune des âmes. Il eu du mal à se séparer de la dernière.
Lorsque cela fut fait et que les derniers montaient sur le bac, le mineur fixait la ligne d’horizon, il attendait…peut-être son père allait-il arrivé à toute allure, alors il négocierait avec Charon.

Soudain un BOUM tonitruant fit vibrer le sol et le cri d’une créature prise par surprise déchira le silence. La même créature sembla déchaîner son ire par d’autres cris plus stridents encore.
Un autre BOUM suivi de cliquetis métalliques se fit entendre. Tagazog souriait son père donnait du fil à retordre grâce à son petit cadeau.
Ne pouvant plus tenir et le combat n’étant plus très éloigné, Tagazog se mit à courir dans sa direction.
« Tant pis J’arrive quand même père »
Une troisième explosion toute proche lança un panache de terre et de roches dans les airs.

Tagazog apercevait le dévoreur d’âme et une petite silhouette qui courait dans un sens puis dans l’autre pour lui échapper.

Le mineur arriva dans le dos de la créature mortelle qui le sentit, marqua un temps d’arrêt et se retourna vers lui.
Au même instant Tagazog entendit la voix de son père qui criait « Tiens prends en encore une saloperie ! »
Tagazog se mit alors à réfléchir à toute vitesse et n’eut le temps de finir un « MEERRRDDD…. !! » bien sentit. Une explosion fantastique l’assourdi complètement et le projeta en l’air.


Plus rien…le silence…

Tagazog fut réveillé par une petite brise sentant le renfermée. Il était dans Kazad, revenu dans le monde des vivants.
Il ne savait pas comment s’était terminée la lutte entre son père et la chose, et peut-être ne le saurait-il jamais.


Fin de la Chronique de La dernière Marche.