Chapitre I : Le calme avant la tempête


."Quand on fuit la pluie, on rencontre la grèle..."


Le cliquetis d'une pièce retentit au sol, bruit infime dans le tumulte grandissant des Jeux Olympiques.
Tous semblaient saisi par cette effervescence, hurlant à plein poumons des encouragements à leur équipe respective et décochant les pires insanités à leurs adversaires. Ce contraste incroyable s'alliait durement avec la présence de toutes les races d'Olympia, réuni au même endroit pour cet évènement exceptionnel. Du nain au géant, de l'elfe à l'olympien, aucun peuple n'avait été lésé et chacun faisait son possible pour remporter sa part de mérite.

Je ramassais la pièce égarée, contemplant le déroulement des jeux, assis sur les sièges de pierre.

Cela changeait des guerres... Mais au final, on retrouvait toujours les vieilles confrontations et alliances au sein de chaque épreuve. La chasse au trésor, notamment, c'était révélé être un vrai massacre où il n'était plus question de cueillette mais de tuer l'équipe adverse pour les empêcher de progresser.
Légan était parti saluer Hadès pour sa magnifique épreuve de cette façon, enfin disons que les humains lui avaient un peu forcer la main... J'avais dû assister passif à la scène, du haut des gradins. Et cela avait été loin de me rassurer pour la suite des évènements... Moi ? A cueillir des fruits dans l'arène avec tous ces fous meurtriers ? Si j'avais pu dire non au moins...
Et je me retrouvais dans l'arène, seul face à un regroupement de peuples sanguinaires. Enfin, il y avait bien eu Illùman, le chérubin au même titre que Kiba avec cette puissance magique dévastatrice, Shana, qui rivalisait à la maîtrise de l'épée avec Dolf, Bahel' et Valten, les deux rivaux désespérant... Mais pas la muraille rassurante de Légan. Ce qui signifiait donc... Seul.

J'avais opté pour une technique simple et efficace, alors que chaque peuple s'envoyait mutuellement chez le royaume d'Hadès, je m'étais mis à longer les murs, là où personne ne pensait à regarder, remplaçant Légan par un élément proche de son utilité mais qui ne s'amusait pas à courir sans cesse.
Le plus grand surpris fut sûrement moi-même en découvrant tout le long de cette muraille presque une dizaine de fruits de la mort. A moi seul, je venais pratiquement de retrouver le même nombre de fruits que les Sigdilites de la manche précédente. De la chance ? Sûrement. Même si c'était rageant de perdre la première place à un fruit près.

Et cette chance avait continué pour le tournoi d'Arès. Quoi de mieux que d'offrir un homme-sauvage à un archer qui excellait contre ces derniers ? Même si Neïdhr était l'un des plus embêtant représentant de son peuple pour un archer.
En ce qui concernait les autres combats, je n'avais pas réellement eu l'occasion de les voir en détail pour cause d'obstruction géante. Pour ainsi dire dire, Deathscythe et Samir s'étaient perchés sur la rembarde, mécontents de ne pas voir clair du haut de leur trois mètres.

Pour conclure, ne gardons que le bon côté. C'est-à-dire notre presque victoire à l'épreuve d'Hadès, ma belle performance au tournoi d'Arès et actuellement la course de la Flèche, nouveau surnom de notre cher Légan.
Notons qu'effectuer des va et vient incessants dans les gradins avaient payés. J'avais eu la chance de découvrir une bourse contenant quatre cents pièces d'or, de quoi m'occuper les mains en attendant la bourse sur pattes, ancien surnom de notre cher Légan.

Tout semblait agréablement calme. Aucun combat de rebelles ne se profilaient à l'horizon et le triathlon venait de prendre fin par la victoire de Légan. Bon... Victoire cumulée exactement, mais victoire quand même.

Le repos semblait continuer sur sa douce lancée...

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- Si je comprends bien... Tu veux que je cours, que je tue un minotaure puis que je nage tout en envoyant des bolas dans les jambes de l'équipe adverse. Je dois écrire un poème au passage peut-être ?

Je clignais des yeux en observant Légan mais ce dernier semblait tout à fait sérieux. J'aurais pourtant crû à un mauvais coup de trident sur la tête.
Le panneau d'affichage changea peu après, marquant désormais la seconde tournée des combats. Et la cerise sur le gâteau...

- Je dois affronter Valten...

Une journée resplendissante en effet, des plus adaptées pour un sommeil bien mérité.

Chapitre II : Entre forêt et désert


"La stupidité et le génie se rencontrent sur un terrain qui leur est commun à tous les deux : l'imprévu dans la découverte."


Un nouveau jour, une nouvelle épreuve.

Drôle de sensation que de se retrouver à nouveau dans l'arène, simple pantin de la volonté des Dieux. Sous les acclamations d'un nombre impressionnant de représentants de chaque peuple, j'attendais le signal, posté derrière Valten. L'annonce d'un départ des plus attendus, la dernière manche du triathlon de Poséidon.


Me redressant légèrement, j'observais la longue étendue de sable à parcourir derrière l'épaule de l'olympien et sifflait de façon imperceptible. A cette distance, impossible d'en voir le bout ou même le minotaure.
En risquant un regard de côté, je remarquais les peuples concurrents. Notre couloir était collé à celui des elfes dont l'équipe était constitué de deux nobles, que j'identifiais comme étant les anciens consuls, ainsi que la chamane du corbeau. Sylia Leïthael, la soeur du pauvre Illùman à mon humble souvenir, Kyrion Hîr-Minuial, le frère malchanceux du cabotin de Necrid. Certains étaient bien à plaindre dans leur famille...
A ma droite se tenait les nains, nos chers alliés, composés de Beregroth en tête, puis de Thraïn et Durin. Derrière eux, on constatait dans un contraste pittoresque, trois géants que je ne connaissais que de vue. En même temps, on était bien obligé de les connaître de vue même en les voyant rarement...

Alors que chacun attendait le départ avec impatience, le clash entre elfes et rebelles ne se fit pas attendre.
- Nous voilà à nouveau l’un contre l’autre, Kyrion ! Commença Illùman, bonjour Sylia, ça fait longtemps. Qu’est-ce que tu deviens ?
- Et merde... Encore l’autre parasite. Sylia, on a interêt à courir vite pour ne plus le voir celui-là... répondit Kyrion d'un air amer avant de détailler prestement mes bolas, et en plus, y’a l’autre qui veut nous mettre des bâtons dans les pattes...
- Allons... Ce sont juste mes armes habituelles, affirmai-je avec un sourire sadique en suivant le regard du noble.
- Illù... man. Nous n’avons rien à nous dire, un Na’hellien qui se respecte ne parle pas aux traîtres de ton espèce... lâcha Sylia avant de détourner le regard ... sans de très bonnes raisons.
- On va vite te donner une raison de nous parler, Sylia, concluai-je en regardant à nouveau mon couloir.

Valten n'avait pas prononcé un mot, se mettant en position, prêt pour la course. Son pressentiment avait été le bon, le signal retentit peu après et les athlètes s'élancèrent d'un même mouvement vers la victoire promise... Ou plutôt vers un boeuf bipède à tuer, enfin passons.

Je me concentrais rapidement sur ma mission dans cette épreuve : Entraver les autres, et notamment les elfes. Jetant un rapide coup d'oeil à Sylia dans ma course, je ne pris pas longtemps à comprendre qu'elle courrait vite... Très vite... Trop vite.
Un sifflement léger retentit et les bolas filèrent vers leur objectif, s'enroulant sans difficulté telles des serpents de cordes aux jambes de l'elfe. Un fin sourire. Méfait accompli.
- Bordel de... jura la victime en s'étalant par terre, mmmpf ! Ca s'enlève comment ce machin ?

Avec les dents, failli-je dire, avant de sentir un contact glacial enserrer mes membres. Il semblait que la solidarité entre consuls était toujours de mise, Kyrion ne comptait pas me laisser faire si facilement. Grimaçant sur le coup, je continuai de courir tant bien que mal, ma main portée sur la zone gelée. Ce n'était pas ce simple sort qui allait me ralentir...

...Non c'était tout simplement Valten.
- Hey, ne ralentis pas, continue de courir ! Je peux encore pas mal avancer ! lui criai-je en le poussant doucement de mon bras valide.

Le sprinter plus lent que moi ? C'était du beau...
A contre-coeur, je m'adaptais à son rythme non sans rager intérieurement de mon impuissance. Nous perdions un temps précieux...

Malgré les bolas, Sylia s'était relevée et courrait à nouveau à une allure impressionnante, véritable biche dans sa prairie dorée.
- C’est là qu’on regrette de ne pas courir vite. Cela me permettrait de ne plus vous voir, lança Kyrion qui courrait à mes côtés.

Imitant un regard des plus peinés, je me permis de l'observer un instant vu le rythme ralenti de Valten.
- Je compatis totalement... Mes bolas pas du tout, rétorquai-je en portant mes mains à ma ceinture sans pour autant chercher à les utiliser.

Mais avant même d'avoir le temps de faire quoique ce soit, j'avais le plaisir de constater une ombre aux formes arrondies s'élever au-dessus de moi. Je sentis alors mon souffle se couper automatiquement en devinant la silhouette d'un... Météore des plus conséquents.

La sentence ne se fit pas attendre.
Tout devint flou un instant, la douleur étant omniprésente et je tombais au sol, impuissant sous ce sort terrible des elfes, lancés par l'une des plus terribles mages de Na'Helli, Kyrah.
Il me semblait être encore en vie même si mon corps refusait catégoriquement de bouger et que le sable jaune prenait une teinte ensanglantée... Je n'eus, de toute façon, pas l'occasion de me relever, Kyrion joignant sa maîtrise à celle de l'elfe des Lunes. Un second météore se présenta et je ne pus que serrer les dents.

Chapitre III : Disqualification

"Ne passez pas par la case départ, ne touchez pas les 20 000 pièces d'or."


Un rayon de lumière, étrange lueur étincelante dans cette souffrance infinie. Le signe s'éclaircit un bref instant révélant les cornes d'un cerf blanc gravée sur la peau, le choc des plus violents se fit moindre, le coeur fragile reprit un rythme régulier.
La vie était là, préservée, sauvée par le Finye, par l'ombre du Cerf qu'il contenait et qui continuait de veiller malgré la traîtrise d'un peuple, malgré la décadence d'une âme.

Mon corps tressauta faiblement, ma main accrocha le sable et la lacèra un bref instant. Je rouvris les yeux sur une arène qui me semblait tout autre. Une course disait-on ? Depuis quand perçoit-on autant de violence dans un triathlon ? Tous les coups étaient permis, y compris tuer son adversaire, mais cet acharnement d'elfes à rebelles n'avait qu'une seule identité, et bien sombre...

Détruis par un Corbeau et un noble, sauvé par le Cerf. Etrange incohérence des Lunes...
Un demi-sourire prit forme sur mon visage alors que je me relevais tant bien que mal. Je serrais les dents et assimilaient les évènements. Kyrion avait réattaqué trop tôt... Bien trop tôt. La disqualification ne prit pas longtemps à se faire entendre. Un bien pour un mal, sûrement.

- Valten, NON ! Hurlai-je comme je pus.
L'Olympien avait pris beaucoup d'avance alors que les elfes m'harcelaient de leurs déluges de météorites, mais trop concentré sur son objectif, il ne vit même pas la disqualification du noble et commit la même erreur peu après... Réattaquant Sylia sans ménagement.

Je laissais échapper un bon vieux juron elfique en frappant le sable d'une main. On venait de prendre un avantage pour le perdre aussitôt après. Et dire que j'avais dû encaisser des attaques aussi phénoménales pour en arriver là...
- Je ne me souviens pas lui avoir dit de courir droit dans le mur !
Finalement, Valten était un bon tirage pour le tournoi d'Arès, le pauvre Olympien aurait à subir un elfe enragé.

Reportant plutôt ma fureur sur l'épreuve présente, j'envoyais rapidement une seconde bolas dans les jambes de Kyrah et me relevais tant bien que mal, courrant à nouveau malgré les blessures. Tout arrivait à point, et pour le moment, il fallait que nous rattrapions ce retard.

...Mais qui allait devoir courir désormais et encaisser les coups du minotaure ?

- Oh non, misère... J'avais pourtant dit que je ne voulais pas cumuler...

Chapitre IV : Vache folle


"Le travail d'équipe est essentiel. En cas d'erreur, ça permet d'accuser quelqu'un d'autre."


Bon dernier.


Ce fut la première pensée qui m'échappa en observant la scène qui s'offrait à moi. Alors que je reprenais lentement mon souffle, les mains posées sur mes genoux, je pouvais voir clairement chaque équipe mener un rude combat contre leur minotaure respectif.

Les nains, arrivés premiers après cette course effrénée dans le sable, avaient bien entamé les hostilités et leur proie semblait s'affaiblir sous les coups répétés d'haches et de sortilèges.

Non loin, les géants approchaient lentement du leur, prêt à en découdre de manière radicale. Quant aux elfes... J'avouais ne pas avoir compris la performance de Kyrah. On aurait dit un volcan en éruption suite à la disqualification de l'ancien consul et malgré les bolas, cette dernière avait rattrapé Sylia à une vitesse hallucinante. Pourtant, j'étais certain qu'elle était plus taillée pour le combat que la course vu le météore conséquent qui s'était abattu sur moi...

Bref, notre boeuf bipède se languissait de nous et je n'avais pas l'intention de le faire attendre bien plus longtemps, le retard était déjà conséquent.
- Bon c'est part... Ouch.

Je me sentis arrêté net dans ma lancée par... Obstruction géante. C'était bien la troisième et plutôt malvenue. Grimaçant sous la douleur, je libérai prestement mes jambes des bolas et me redressai lentement... Ou plutôt tentais. La douleur me fit plier à nouveau les genoux, le souffle saccadé.

Avec l'adrénaline, j'avais négligé mon état lamentable, mais mon corps était loin d'avoir oublié que j'avais frôlé la mort et il me le rappela vivement. Inspirant lentement, je faisais mon possible pour me ressaisir lorsque j'aperçus une petite sacoche sous mes yeux. M'immobilisant sous la surprise, je finis par la saisir et me retournai lentement pour constater la présence d'Illùman. C'est vrai... Je n'étais pas seul.
Lui rendant un maigre sourire, j'ouvris le sac d'infortune et y découvrit une demi-douzaine de potions. Le jeune elfe était bien plus prévoyant que moi, enfin je n'avais pas prévu d'autant subir avant même la confrontation avec le minotaure...
Engloutissant le liquide de trois des potions, je goûtais au bien incroyable que me conférait ce remède, la souffrance déjà moins présente.
- On va y arriver, même à deux, me confirma t-il d'un air calme.
J'acquiesçai lentement et me relevai enfin, observant notre cible, plus déterminé que jamais.

Les nains avaient achevés le leur et Beregroth commençait déjà à nager, Kyrah sous le coup de foudre répétée venait de mettre fin aux souffrances de son minotaure. Quant aux géants, ils avaient pris leur temps pour arriver mais l'avait réduit en crêpe en peu de temps. Pauvre bête...

Il restait donc le nôtre en parfaite forme, enfin pas tout à fait, Thraïn avait commencé quelques frais. L'aide n'était pas de refus et toujours agréable de la part de nos alliés de longues dates, néanmoins même sans cela, nous étions assurés d'une victoire facile. Nous n'avions plus de coureurs, mais Illùman et moi étions plus redoutable en attaque que nous le laissions croire.

- Tiens donc, te revoilà, lâcha Sylia à son frère. Pas très rapide... On n’vous apprend donc pas à courir, chez les traîtres ?
La vipère s’était empressée de déverser son venin, après tout on ne pouvait pas en attendre moins d’un noble. Néanmoins elle semblait quelque peu lutter contre son minotaure, se montrant bien faiblarde en combat, tout dans les jambes…
- Non, on ne nous apprend pas vraiment à fuir en effet, ripostai-je avant de me reporter sur nos objectifs. Bien donc Illùman… C'est parti !


En coeur, Sigdil s'élança donc vers la confrontation. Et avant même d'arriver à hauteur du minotaure, ce dernier avait déjà dû essuyer de multiples foudres dévastatrices et bolas.
Loin d'apprécier de tels assauts, l'animal s'avança d'un air furieux vers ma personne. Pas de Valten, pas de Légan, pas de muraille... J'allais récolter la contre-attaque en pleine face.
Je pilai dans l'herbe grasse légèrement trop tard, le trident géant venant me cueillir sans préavis. Ce n'était pourtant pas le moment de faiblir... Pas maintenant.

- Je me demande depuis quand les archers sont censés prendre les coups...
Me remettant faiblement sur pied, j'entendis plus que je ne vis la magie redoutable d'Illùman s'abattre sur le minotaure pour le faire reculer. Le petit elfe que j'avais autrefois sauvé des Olympiens avait bien grandi et se montrait désormais un monstre de puissance...
Reculant de quelques pas, j'empoignai cette fois-ci une bolas dans chaque main et opérait plusieurs tirs consécutifs qui fit s'écrouler définitivement notre adversaire, bien plus tôt que je ne l'aurais crû. Les coups de Thraïn me faisaient économiser mes bolas au final.


A deux, en un temps record, nous venions de rattraper le retard accumulé laissant quelque peu surpris les autres arrivés bien plus tôt.

Chapitre V : Eaux troubles

"Quand je suis dans l'eau, j'ai des idées. Quand j'en suis sorti, je sèche."


Sans même demander mon reste, je m'empressai de rejoindre le cadavre du minotaure et m'emparai du trident si convoité... Et d'ailleurs pas si lourd que ça. L'entraînement avait porté ses fruits apparemment et mes bras frêle s'étaient renforcés.
J'effectuai un rapide moulinet, juste pour le style, et m'élançai vers mon couloir à la suite de Beregroth, devançant quelque peu les elfes et géants. Néanmoins nul doute que nous aurions à nager en groupe contrairement aux autres manches.

Je scrutai un instant l'eau clair, peu désireux de m'y enfoncer. Nager... Je n'avais pas prévu cette possibilité dans le cumul des choses à faire. La dernière fois que je m’étais retrouvé confronté à cette situation, j’avais plus pataugé que nagé au final. On ne pouvait pas dire que Sigdil regorgeait de rivières ou lacs…

Cherchant un maigre espoir qui me permettrait de me jeter à l’eau, je levai les yeux vers les gradins. Je n’eus aucun mal à y déceler Valten accoudé à la barrière, restant silencieux sûrement honteux devant sa maigre performance. Il en entendrait encore parler au tournoi.
- T’inquiètes, Valten, tenta Nygaël, on a tous fait nos boulets un jour ou l’autre. Il a juste fallu que ça t’arrive pendant les Jeux Olympiques...
… Au final, ces paroles l’enfonçaient davantage.

Non loin, Kyrion semblait dans le même état de pseudo-déprime mais une jolie elfe se tenait à ses côtés, soucieuse de sa santé. Je reconnus sans peine Titania, celle qui nous avait accompagné dans cette expédition folle dans le désert en compagnie d’Here’al. Il n’y avait pas à s’en faire pour le petit noble…
- Eh bien Kyrion, déjà de retour dans les gradins ? Proféra Illùman, cherchant des noises à son rude adversaire du tournoi d’Arès.
En bon garde de Na’Helli, on m’avait toujours appris à ne jamais mettre mon nez dans les affaires des nobles, et pour une fois qu’un enseignement de cette cité pouvait être utile…

Je ne retenais donc que l’essentiel : Les encouragements répétés de mon équipe qui s’exprimait d’une seule voix claire et distinct par-dessus la foule.
Il fallait gagner, pour la cité de la liberté, pour les rebelles, et pour moi-même… Que l’Ombre devienne silhouette distincte.

Passant au-dessus de ma peur farouche et par-dessus les douleurs lancinantes, je m’enfonçai dans l’eau peu après Sylia et les géants.
Enfoncer était bien le mot… Je tentai en vain de me maintenir au-dessus de l’eau pour ne pas couler. Ca commençait fort.
- Trident et bolas dans l’eau, mauvaise combinaison ça, soupirai-je.
Voyant que rien n’y faisait, je lâchai une partie de mes bolas en arrière à l’intention d’Illùman, me libérant de ce poids comme on déleste un bâteau. Tout d’un coup, avancer dans cette étendue aqueuse sembla déjà plus simple.

Plus simple d’avancer…
Je n’eus pas réellement l’occasion de le savoir. Un sifflement des plus inattendus se fit entendre au loin, se rapprochant à une allure dangereuse…
Levant la tête, j’écarquillais les yeux en apercevant le projectile en question : Une grenade filait en plein dans ma direction.
- Bordel de… empruntai-je à Sylia.
Je m’enfonçai dans l’eau, cette fois-ci volontairement, et fermai les yeux en entendant l’objet percuter la surface aqueuse, juste au-dessus de moi. Un second sifflement sembla se distinguer à l’horizon, peu après le premier… Il s'agissait d'une salve de grenades destructrices.
Première détonation. Les deux Leïthael et un nain soufflés par la puissance dévastatrice. Seconde détonation. Le regard interdit d'Illùman.

Silence…

Chapitre VI : Vivre et avancer


"Quand il est dur d'avancer, ce sont les durs qui avancent."


- M'enfin... C’est pas bientôt fini tous ces remous ?

Un son dissout, à peine audible.

- J’peux savoir à quoi vous jouez les géants? Ca vous ferait tant plaisir que ce soit les elfes qui gagnent plutôt que les nains? Parce que franchement là vous me dégouttez.

L'impression vertigineuse de tourner, sans pouvoir remonter, oppressé par une présence inexistante, vaste et liquide.

- Bah voila, Sylia devant... Dis-moi Bayo, ils vous ont promis quoi les Elfes en échange de la victoire?

Un souffle disparu, une vie étouffée. Du sang dilué, simple souvenir amer.

- Hey, c’est les jeux olympiques ici, pas la guerre! Les alliances ne veulent pas dire grand chose ! Nous visons la victoire, et c’est tout!

Un corps flottant, s'enfonçant peu à peu dans l'étendue aqueuse. Un bref remous, les restes d'une vie ou d'une grenade ?

- Dites les géants, vous ne savez vraiment faire que ça ? C’est une course, pas une chasse à l’homme.

Oeil entrouvert. Vision éthérée. Du bleu... Et comme un pas vers la victoire, un long bâton...

- T'en mêles pas Sylia, t'en mêles pas... Tais toi et nage.

Un objectif, un seul, celui d'une patrie, logé dans un corps défaillant. Une volonté de fer, un bref sursaut du corps, ma main saisit à pleine poigne le trident et je remontai... Lentement. Lentement, je revivais.

Mes poumons avalèrent avec une famine incroyable l'air du stade, réprimant une toux violente mêlée de sang. Je me sentais mal... Très mal... Encore une fois, ce n'était pas passé loin.
J'avais subi comme je pouvais les coups du minotaure, mais sans même avoir le temps de m'en remettre, ces grenades m'étaient tombées dessus, en pleine face.

Que la vie tenait à un fil... Surtout la mienne à vrai dire. Mais je goûtais encore à la vie, après tout, la vermine Sigdilite était bien difficile à éradiquer.

Mes blessures profondes et ma vision trouble me rendaient confus un instant, incapable de déterminer calmement les évènements. Je luttai simplement pour rester au-dessus de l'eau malgré une fatigue incroyablement pesante. Je perdais mon sang, progressivement...

- Naolith, les potions !

Une voix claire parmi le vacarme ambulant, j'obéis sans même me rendre compte, prenant les fioles encore intactes de la sacoche et les engloutissant rapidement. La douleur s'atténua quelque peu, mais c'était loin de suffire pour soigner mes graves blessures. Une vraie drogue... Tant qu'elle me permettait d'arriver au bout de la dernière ligne droite, les conséquences à long terme m'importaient peu.

Ligne droite.

- Il faut nager et vite, Sylia est déjà hors de vue, courage !

Mon ouïe était focalisée sur la voix d'Illùman alors que mes yeux cherchaient au loin la silhouette de sa soeur. Disparue...

Non pas question, pas comme ça... Pourquoi avoir tant enduré pour perdre maintenant ? On avait encore nos chances. Peu importe la douleur, il fallait nager.

Doucement, je fis quelques brefs mouvements pour me remettre en route, grimaçant sous la souffrance omniprésente. Les gestes devinrent rapidement plus amples pour finir par être distincts et rapides. J'effectuai une belle remontée en un laps de temps court, puisant dans mes dernières ressources.
Sylia était de nouveau en vue et une pointe de soulagement me rappela soudainement à la réalité. Dans l'état actuel, cela me serait impossible de continuer à ce rythme effreiné. J'avais beau tendre toute ma concentration vers l'objectif final, la douleur finissait toujours par me couper le souffle.

Simplement une ligne droite... La dernière.

Chapitre VII : Sylia vs Naolith


"Les nobles sont comme les livres : il en est beaucoup qui ne brillent que par leurs titres."


A mes côtés, j'entendis plus que je ne vis les géants hurler leur colère. Le trident avait échappé des mains de leur coureur, envoyant le précieux artefact hors de leur couloir. Erreur fatale... Au moins, cela signifiait que je n'essuierais pas une mort fatale.

Sylia ne prit pas longtemps a remarquer qu'elle était suivie et resta un instant interdite, quoique sans doute un peu déçue.
– Je vois que tu t’es remis de l’avalanche de grenades... Et j’en suis ravie, bien entendu...

Les paroles amères me manquaient pour l'instant, luttant quelque peu pour avoir une respiration « potable ».

– Allez plus vite vous allez y arriver ! Cria Shana au-dessus du vacarme ambiant.

Levant quelque peu les yeux vers les gradins, je remarquais les rebelles suivre doucement ma progression dans les gradins, courant à mes côtés en m'encourageant ou proférant les pires insultes à Sylia. Je me permis un demi-sourire à cette vision, être au devant de la scène prodiguait une étrange sensation que je n'avais malheureusement jamais eu vraiment l'occasion de connaître.

Je voulais leur apporter cette victoire. Même sans Valten, même avec cet état pitoyable, je devais en finir. Il fallait nager, et surtout ne jamais s'arrêter sinon... C'était tout bonnement la noyade.
Je sentis l'adrénaline remontée soudainement, des frissons se faisant ressentir dans mes membres autant par fatigue que par excitation. Je n'aurais pas deux fois cette opportunité...

– Oh ma chère Sylia, content de me revoir ? Je compte bien partir à la pêche cette fois-ci !

Sans lui laisser l'occasion de répondre, je puisais dans mes dernières forces pour envoyer un emberlificoteur. Cela ne m'avait jamais semblé aussi lourd, mais l'essentiel était que... Sylia ne l'avait pas du tout esquivé.

– Cadeau Sigdilite, évite de te noyer ! Narguai-je.
– Je ’e nois ’as ! Articula t-elle faiblement en se débattant sous le filet, laissant échapper quelques bulles.
– Fais maison le filet ! Rajouta Shana en applaudissant dans les gradins.

Elle ne prit pourtant pas longtemps à s'en extraire, mais c'était déjà suffisant pour éviter de la perdre à nouveau de vue. Par contre, ce que je n'avais pas prévu, c'était la hargne pas croyable des nobles...
– Ah c’est comme ça ? Luvia, attaque ! Proféra t-elle ensuite.

Euh... Luvia ? Je levai un instant les yeux et constatai un projectile atypique aux couleurs noires et blanches. Commençant à m'habituer aux attaques répétées, je plongeai à nouveau et l'évitai.
En me retournant légèrement, je compris que la chose n'était autre qu'un volatile.

– Une... Pie ? J’aurais tout vu à cette épreuve...
– Moi non. Toujours des filets ou autre pour me boucher la vue ! Protesta Sylia en reprenant sa nage rythmée.

Parfois, les nobles me désespéraient... Non, souvent en fait.
– Allez Sylia, trace-moi ces larves! Allez Illuman, noie-toi! Allez Naolith, crève ! Cria Necrid.

Qu'est-ce que je disais ?

– Avec quelques remous d’explosion, notre petite noble ne s’est quand même pas blessé, j’espère ? Répondis-je à Sylia d'un air désabusé.
– Pfu ! Navrée de vous fausser ainsi compagnie très cher, l’odeur de votre sang m’indispose !

Sylia accéléra soudainement dans la mauvaise intention de me semer compagnie. Ca ne risquait pas d'arriver pour l'instant, la pauvre devrait me supporter pour encore un bout de chemin.

– Une pourriture de nobles, ça sent bien plus mauvais, répliquai-je en conservant l'ancienne distance, encore loin cette ligne d'arrivée ?

Narguer Sylia avait du bon, cela me permettait de me focaliser sur autre chose. Néanmoins, je commençai à perdre lentement en vitesse, mon corps s'alourdissant à chaque mouvement. Encore un petit effort...

– Mais ça casse moins les oreilles, et ça sait nager ! Loin la ligne d'arrivée ? Pour moi non, pour toi oui !
– Nager dans un désert, ça ne risque pas. Pour la ligne d'arrivée, ça peut s'arranger tu sais ?

Je levai doucement un second emberlificoteur de ma main valide, sans pour autant l'utiliser. A vrai dire, je n'en avais tout bonnement plus la force...

– Hm, il n'y a pas d'eau chez vous ? Vous vous lavez avec du sable ? Ca expliquerait bien des choses !
– Parce que les nobles apprennent à nager dans des pataugeoires par chez eux ?

Encore quelques mouvements, désormais maigres. Je sentais le trident m'entraîner doucement vers le fond. Bon sang non, pas si près de la fin...

– ALLEZ SYLIA ! Hurla une salminarite du nom de Sayuri, montre de qui entre les elfes doivent avoir le respect !

Air désabusé, encore une fois. J'avais peur que je finisse par conserver cette expression jusqu'à la ligne d'arrivée à ce rythme.

– Depuis quand les olympiens encouragent les elfes ? Criai-je énervé par l'épuisement, certains tombent bien bas pour nier l'existence de Sigdil !

Contrairement au souhait de cette Olympienne, cela ne fit que renforcer mes convictions actuelles. Sigdil devant l'empire et les elfes, une belle vengeance au sein même de la cité olympienne. Ils ne risquaient pas de pouvoir l'oublier...
Sylia avait désormais totalement disparu et je savais que mes faibles forces ne me permettraient plus de la suivre. Pourtant... La rive semblait désormais se profiler au loin. Je ne verrais plus cette teigne de noble mais quelque chose de bien plus alléchant.

J'entrevis brièvement des Olympiens de l'équipe adverse se rapprocher. Qu'avaient-ils en tête ? Cela importait peu après tout, bientôt ils se feraient sortir sans avoir pu réellement agir.
– Allez Naolith, tu y es presque ! Cria llùman un peu plus loin.

Il ne restait plus qu'une parcelle d'eau infime. Infime...
Encore un petit effort... Nager et surtout ne pas s'arrêter.

Je repris quelque peu de vitesse à la vue d'une victoire tangible. La fin de ce calvaire était pour bientôt. Je rattrapais mon retard précédent en accélérant soudainement sur la dernière ligne droite.
Peu après, je sentis le contact dur du sol sous mes pieds. Cela me paraissait incroyablement difficile de marcher.

Juste un peu...
L'herbe du stade me rendit une faible caresse alors que je m'écroulais de tout mon long, le regard ailleurs, loin dans le bleu du ciel. Je ne sentais plus mes membres, seul mon esprit semblait encore répondre...
Le vacarme ambiant s'amplifia étonnement et en fermant lentement les yeux sous la fatigue, je finis par les entendre.

Les rebelles criaient victoire... Nous avions gagnés.

Chapitre VIII : L'ombre d'une vie


« La haine soutenant mieux que l'amitié, si l'on pouvait haïr ses amis on leur serait plus utile. »


Nous avions gagnés…

Un faible sourire étira mes lèvres alors que je me sentais déjà succomber. Et... J'avais gagné. Tant de douleurs et de combats, mais ma volonté d'acier m'avait entraîné là où je désirais.
Au-delà des cris de joie des rebelles, je sentais mon cœur défaillir en pensant à ma victoire sur moi-même. Je ne me souvenais pas un jour avoir autant donner dans un combat, cette lutte m’avait semblé interminable, et sans doute la plus cruelle et douloureuse que j’avais connu.
Car après tout, je n’avais pas eu l’occasion d’une retraite, je n’avais pas pu dire simplement aux autres rebelles de prendre le relais, je n’avais pas pu continuer de rester derrière Légan… Je n’avais tout simplement pas eu d’excuse envers moi-même. Aucun faux semblant.

Et je me réveillais d’une longue torpeur qui durait depuis déjà plusieurs années… Je n'étais plus l'Ombre. La reconnaissance des miens me perça en plein coeur alors que je prenais peu à peu conscience de ma propre existence... Et de ma précédente inexistence.

Depuis quand était-ce ainsi ? Depuis que j'avais rencontré Légan ? Non... Simple mensonge. C'est ce que je m'étais convaincu, rejetant la faute sur celui qui avait détruit ma vie à son arrivée. Ou plutôt… Ma non-vie.

…C'était bien depuis le départ de mon frère. Une part de moi s'était engouffrée, tombant profondément dans un abîme sans fin. Je n'étais pas devenu l'ombre de Légan en acceptant de le suivre, j'étais simplement déjà autre chose quelque peu avant cela : L'ombre de moi-même. L'ombre d'un elfe qui avait tout perdu hormis ses derniers idéaux...

J’avais creusé ma propre tombe, m’enfermant dans une torpeur sans nom. Parce que j’avais perdu ce qui m’était le plus cher, ce qui était mon lien avec la réalité et ma présence à Sigdil, je m’étais terré dans une rancœur et une méfiance à toute épreuve.
Les Olympiens m’avaient semblés être des inconnus, étrangement, même s’ils étaient rebelles… Seul les voir quotidiennement depuis déjà plusieurs années m’avaient empêchés de renouer avec ma haine.

Et cette haine, je l’avais reporté sans difficulté sur les nouveaux arrivants : Les Ombres déchues. Autant je détestais les Olympiens, rebelles mis à part, autant je haïssais clairement cette ancienne faction qui avait tant semé gratuitement la mort parmi mes proches.

Olympien, Falk, Chef des Ombres, il y avait un cumul impressionnant chez Légan, ce qui en avait fait la cible favorite. Surtout qu’il cherchait les « coups » à l’époque…

- Quand on partira avec le groupe ... J'ai besoin de toi. Je ne me fais pas de soucis pour ceux qui me connaissent déjà, je me fais du souci pour toi. Par rapport à ce que tu as vécu autrefois, et vis-à-vis de ce que je pouvais représenter… Ce serait normal que tu doutes de moi. Et il ne faut pas.

Je me souvenais de mes premières pensées lorsqu’il s’était installé à ma table à la taverne : « Va te faire voir ! »

C'est ce que je pensais.

Cependant…
- Mais je te l'ai dit la première fois qu'on s'est parlé... J'ai eu le sentiment qu'on allait bien s'entendre.
- Ce jour-là je t'ai pris pour un idiot.

Aww! C'est tout bien ça ! C'est ça que tu hésitais à poster ?

Je ne sais pas si tu as remarqué que j'hésitais à TOUT poster.

Mais oui, surtout cette partie, que j'ai retravaillé d'ailleurs. ^^ (elle a triplé de volume la petite)
En tout cas, tant mieux si ça plait !

PS : Mon premier commentaire. *petite larme à l'oeil*

Bien joué, grain de sable
Ce fut un plaisir de retrouver tous nos charmants dialogues ! Et j'ai bien aimé ta manière de mêler l'épreuve et l'histoire de Naolith, sur la fin.

Tss tss... Quand est-ce que les gens vont comprendre qu'y a pas de majuscule à "Here'al" ? J'ai beau le répéter des tonnes et des tonnes, nan, pas possible, faut toujours qu'y en ait un ou une pour refaire l'erreur... .
Bon, sinon, félicitations, c'très bien tout ça, très agréable à lire aussi. Continue.

Moi j'aime pas. Surtout quand on médit de moi. Y a comme une odeur d'horodateur, vous ne trouvez pas?

Ca donne quoi un grain de sable à la flotte ?! Une vague de commentaires ! -

Plus sérieusement ça me fait plaisir tout ça, depuis le temps que j'écrivais toutes ces chros en me disant "Merde ça intéresse personne", justement pour ça que je me suis dit "Bon on va pas les saouler davantage, on va mettre l'histoire de Nao à la fin et pas pendant le triathlon pour les très courageux"

Here'al ! C'est corrigé petit chaman ! (L'autre chieur eh ! Il vient gueuler juste pour une faute de majuscule ! )

Necrid tu sais où je le met l'horodateur... Et t'as pas eu de traitement de faveur par rapport aux autres nobles (et oui dans le même panier que ton frère ! )

Sinon il y a quand même une suite mine de rien ! (Bon ce soir c'est la transition, rien de bien fol*chon) Mais déjà plus portée sur le tournoi d'Arès pour le moment. ^^

Oh nan, tu recommences avec ton "foluchon" ...

Chapitre IX : Interlude


"La réussite ne se trouve pas dans la meilleure des places, la plus haute ou la plus payante, mais dans le maximum qu'on peut tirer de soi-même."


- Et aujourd’hui ?
- Aujourd’hui, c’est moi l’idiot. Je t'avais pris pour un idiot de croire que je puisse un jour te faire confiance, à toi. Mais au final c'est moi l'idiot, parce que j'ai fini par te faire confiance de mon plein gré, et presque sans le remarquer.

Je posai doucement ma main sur ma tête douloureuse, sortant enfin de ma torpeur.
Le réveil fut des plus durs et je préférai rester couché pour le moment, je n'imaginais pas la souffrance que pouvait résulter un seul geste brusque.

J’avais dû partir dans un pseudo-délire dû à la fièvre qui me laissait encore des vertiges. J’espérais qu’au moins, je ne m’étais pas mis à parler dans mon sommeil…

Alala... Et ma belle réussite à me faire acclamer des rebelles pour avoir sauver une épreuve qui semblait quelque peu perdue pour nous ? Il semblait que je l'avais rêvé, l'euphorie devait être passé le temps que je sois inconscient.

C'est morne que je me rendis à l'office déposer enfin ce trident qui me semblait peser...
– Allez nager avec un trident qui pèse une tonne... 'sont complètement fou sur cette planète ! Protesta une voix à mes côtés.

Je reconnus sans difficulté l'humaine qui avait dû courir sur l'autre rive. J'étais bien d'accord avec elle, dommage que je ne me sois pas noyer, ça aurait grandement facilité les humains.
Quoique les favoris avaient été dépassés de peu par les Olympiens d'après les résultats. Quant aux elfes... Ils n'avaient pas eu de chance, même pas présent sur le podium. Enfin, c'était plutôt que la disqualification d'Elendil leur avait coûtée très chère. Ils s'en mordraient longtemps les doigts vu la belle performance d'Iliana et Sylia.

La chance fait partie de la force dit-on... Enfin, je ne risquais pas de remettre un pied de si tôt dans une rivière. C'est d'un faible pas que je rejoignis les gradins de l'arène, observant brièvement les combats qui se déroulaient en contrebas.

– Besoin de m'asseoir...

La fatigue était encore bien pesante. Et je gardais tous les aspects négatifs du triathlon sans profiter des avantages. Encore éreinté, blessé et totalement dégoutté de toute présence aqueuse pour le moment.
Aucun rebelles n'étaient en vue et c'est donc seul que je parcourus les gradins.

C'est bien Naolith, superbe performance ! Sans toi, on n’aurait jamais réussi ! Je suis très fier de toi mon vieux ! C'était inespéré, et cette remontée incroyable après cette salve de grenades était époustouflante !

Bon, arrêtons-là...
Mon regard avait presque fini par se ternir. Condamné à me féliciter moi-même, évitons de tomber si bas quand même.

J'aperçus enfin les rebelles au loin qui semblaient déjà passés sur autre chose comme je l'avais malheureusement prévu. Illùman avait engagé son combat contre Elthraën qui semblait des plus difficiles et promettait d'être long et fastidieux pour mon valeureux équipier du triathlon. Quant à Légan qui commençait son... Carnage peu après, ce fut sans grand étonnement que je constatais sa performance écrasante. Les projectiles étranges de l'humaine ne semblaient que peu l'affecter, en même temps, mes bolas n'auraient pas eu plus d'effet...

J'en avais justement oublié l'essentiel avec ces combats...
- Misère... Mon combat contre Valten est pour dans quelques heures. Et je n'ai même pas encore eu le temps de me calmer...

Chapitre X : L'amertume d'un duel


"L'amitié est l'épreuve du coeur. Qui n'en a pas les faiblesses n'en a pas non plus les forces."


L'orage se préparait...

Lentement, nous faisions quelques pas de côté, nous immobilisions, puis reprenions notre marche circulaire. Nous nous observions, attentivement. Le signal annonçant le début des hostilités avait retentit depuis de longues minutes désormais. Mais nous attendions, patiemment. Nous attendions une faille, que la faiblesse si connue de l'autre se révèle enfin au grand jour.

C'est ainsi que se déroulait un combat entre camarades. Nous savions tout de l'autre, et la clef de la réussite n'existait que dans l'imprévisible. Il fallait prendre par surprise, puiser dans des capacités méconnues, que l'autre n'est pas la parade adéquate...

Mon souffle se coupait par instant alors que mes pieds continuaient de frôler le sable de l'arène. En comptant la chaleur ambiante, j'avais la nette impression d'être encore à Sigdil, avec un camarade. Et ma vigilance s'estompait brièvement, mes muscles se détendant...
Avant qu'une autre image s'impose à moi, bien plus rude. J'étais en face d'un Olympien armé, dans l'arène de Lardanium. La seule règle à prendre en compte était de tuer, avant d'être tué.

Je sentais à la fois la compassion et la rancœur s'élever en moi, maîtresses du moindre de mes gestes. Dans ce paradoxe étrange, j'entamai doucement un mouvement du poignet, les bolas suivant ma volonté, tournoyant à mes côtés, défiant le vent et finalement, donnant naissance à de légers courants par l'amplification du mouvement.
Leurs sifflements persistants me rappelèrent lentement à la réalité.

J'hésitai, mais je ne devais pas hésiter. J'étais en train de créer moi-même l'ouverture rêvée pour m'abattre.
Je lançai un dernier regard à Valten avant de me mettre en position de combat. Je devais éviter de le tuer, mais gagner. Ne pas tuer et ne pas me faire tuer...

Je plongeai un instant en moi-même, cherchant dans ce gouffre immense une once de courage pour tirer, tirer sur un ami. Alors que tout cela me semblait ridicule, que de me lancer dans une telle entreprise simplement pour les jeux était tout bonnement absurde, que j'étais prêt à rendre ma victoire et déposer les armes pour éviter de le blesser...

Je sentis la haine m'envahir.
Comme une bête féroce qui refuse de lâcher prise, je revis les moments à la taverne, au triathlon, nombre de fois où j'avais agi selon mes propres convictions et que la présence de Valten n'avait causé que souffrance ou mépris.

Le sifflement s'intensifia comme un serpent prêt à fondre sur sa proie. Deux bolas atteignirent Valten, s'enroulant douloureusement autour de ses membres pour lui briser les os. Suivies les quelques secondes d'après par quatre autres.

Je repris lentement mon souffle, observant la scène. J'avais tout donné en un seul assaut et Valten avait manqué d'y passer.
Il se releva à peine, suffisamment pour se mettre en position de riposter... Et commença à psalmodier.

Je sentis une vive douleur m'envahir, souffrance indicible et traitresse, m'assaillant de tous côtés. Je fléchis un bref instant et un de mes genoux percuta le sol alors que mon Seïka s'éclairait pour lutter contre cette force indésirable.
- Ces sorts que tu m’adresses... Ce n’est rien comparé à tout ce que j’ai dû essuyer au triathlon en ton absence... lui dis-je dans un dernier regard, grimaçant sous la douleur.
- J'abandonne... entendis-je faiblement à la suite.

La douleur lancinante s'arrêta soudainement alors que Valten retombait à terre.
J'étais triomphant. En un temps à la fois si long et si bref. Mais la victoire restait amère...

Même si la colère était retombée soudainement, nous ressortîmes tout deux avec nos blessures, enfermés dans un mutisme cruel.

Pas résistants ces alcoolos

Pff, tu m'énerves, tu dis à chaque fois que ça va être nul, et tu sors un truc pareil ...

En même temps, amuse toi à faire une chro sur un combat de 10min, et encore, je compte les 9min30 d'attente parce qu'on ne se décidait pas à attaquer.

Sinon je dirais que c'est pas la résistance des alcoolos le soucis mais plus le fait que euhh... J'ai tout envoyé d'un coup sur le pauvre Valten (remarque il fait plus mal lui mais que en 2 frappes et pas en 6, ça change tout héhé).

Puis va écrire ta chro Lélé ! Je finis la prochaine ce soir ou demain moi ! (Retard ! Retard ! Bouuuuh *ne mentionnera pas son mois de non-chro*)

...ah ouais, les chro, faut que j'y pense, je confonndait avec Kronen...Passosn, pas de pub ici!
Comme d'hab Naolith, jolie style, de l'art pur...Et puis bon, hein, je l'ai laisser gagner, il me rester 351 pv...mais bon, vous connaissez ma bonté.

Chapitre XI : Mélancolie


« Celui qui souffre seul, souffre surtout par imagination ; mais l'âme dompte aisément la souffrance, quand sa douleur a des camarades d'épreuve. »


Nous étions sortis de l'arène sans dire un mot suite à l'abandon de Valten.

Je préférai refouler mes pensées profondes, cherchant à retrouver ma sérénité habituelle.
Mon souffle saccadé reprenait progressivement un rythme régulier alors que l'adrénaline retombait : Le moment de panique était passé. Comme toujours, mon esprit redevenait clair après les instants de danger enfin effacés. La bête avait été chassée.

Et la douleur revenait doucement, le sort de Valten me laissant une cruelle migraine ainsi que les membres engourdis. Mes bras notamment peinaient à se lever, ma déferlante soudaine de bolas les ayant bien trop sollicité à leur goût.
La stratégie n'avait pas été bien compliquée après tout : Mettre à terre rapidement l'adversaire pour l'effrayer et le forcer à abandonner. Valten connaissait parfaitement ma capacité à envoyer plusieurs projectiles simultanément, la seule imprévisibilité dont j'avais pu jouir était celle de ma force... Bien plus impressionnante qu'autrefois. L'Olympien n'avait certainement pas prévu de se prendre autant d'attaques violentes en si peu de temps, comme je n'avais pas imaginer que sa maîtrise magique soit aussi redoutable.

Nous avions tout deux évolués depuis les guerres qu'avaient essuyés Sigdil. Plus fort que jamais. Mais certains points ne se décidaient pas à changer...

Dans ce même silence sinistre, nous rejoignîmes les gradins et je finis par m'y laisser tomber, éreinté et fatigué.

Un bref regard vers Valten me confirma son état des plus lamentables. Je n'étais pas à plaindre dans ce combat... Les yeux vides, le regard presque laiteux, il faisait pitié à voir. Ses vêtements autant que son visage étaient crasseux et couvert de sang séchés. De plus, le pauvre homme semblait encore avoir abusé de l'alcool malgré l'approche de notre combat...

Je ne sus en cet instant ce qui me poussa, en le regardant ainsi. Sans doute cette étrange sensation que tout n'était pas fini, qu'il restait cette pensée inachevée même si l'acte, lui, était allé au bout de l'idée...

Souvenir pénible et rancoeur tenace.
Une parole contenue un bref instant, mais finalement...

- Tu te souviens, à la taverne. Tu m’avais craché au visage comme quoi je te dégouttais, que tu ne pouvais pas me faire confiance. Au triathlon, sous cette douleur lancinante, j’ai pensé la même chose...

Je marquai une courte pause, relevant lentement mes yeux azurs vers lui. Valten semblait attentif même s’il ne me regardait pas, même s'il ne me répondait pas. A vrai dire, je ne savais même pas pourquoi je voulais lui confier tout cela, tant de paroles amères qui auraient dû disparaître... Mais la colère était restée même durant le tournoi.

Un maigre sourire se dessina sur mon visage et je finis par reprendre.

- Je voulais te faire peur, pas te tuer, rassure toi...

Non, je n’avais finalement même pas achevé mon idée. Expliquer mon point de vue était inutile, Valten n’en avait sans doute que faire.

- Je crois que ma pire erreur, c’est d’avoir gardé en mémoire les paroles d’un ivrogne.

Simple pensée inavouée.
Je prêtais toujours une oreille attentive aux dires de Valten comme à ceux des autres rebelles, car ces cadavres de bouteille sur sa table ne m'avaient jamais réellement sembler entraver l’esprit du Sigdilite.
Et pourtant ce jour-là, tout comme au triathlon, j'aurais sans doute mieux fait de ne pas le prendre au sérieux, comme la plupart des autres...

bah non c'est pas "fade"...

Maiiis... Hem. Merci (*va pas protester*)

Bah c'est pas fini ! Il reste encore quelques chros... D'ailleurs merci à Valten pour notre échange de RP très plaisant. ^^

J'en profite pour faire un appel aux autres chroniqueurs des JOs (s'ils passent par là ) qu'il faudrait qu'ils continuent à écriiiire !!
Iliana, Valten... (Et les autres bien entendu), ça me plaisait bien de vous lire donc c'est dommage qu'il n'y ait pas de suite ! (Bande de flem... occupés ! )

Roh.... déçu...

Moi qui avait vu un nouveau post de Naolith je me suis dit "Chouette le chapitre suivant!"...

Eh bah même pas... Allez retourne écrire! On attend la suite nous!