Legends of Olympia : La Litanie du Passé - La Fin d'un âge...
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La Fin d'un âge...
Topic visité 129 fois
Dernière réponse le 10/07/2008 à 18:51

olymp Par Lamenoire  le 09/07/2008 à 20:50

Voila... cette chronique sera probablement ma dernière !
J'espère que vous aurez plaisir à la lire...

Il s'agit là encore d'une suite donc en cas de question, n'hésitez pas à consulter les chros précédentes ou à me demander directement
Pour ce qui est des commentaires... c'est vous qui voyez



Ce n'est pas le nombre qui combat et qui triomphe, c'est le courage : la Victoire ne se déclare pas pour la multitude, elle ne favorise que les braves...

olymp Par Lamenoire  le 09/07/2008 à 20:50

Lamenoire embrassa le front de Callista et remonta sa couverture de manière à ce qu’elle recouvre ses épaules. Puis il se leva et souffla la flamme qui vacillait au sommet de la chandelle. Après avoir regardé tendrement le visage de sa fille, encadré des mêmes cheveux d’ébène que sa mère, il quitta la chambre et se dirigea silencieusement vers le balcon. Il y vit Elannia, assise sur un fauteuil, contemplant le ciel étoilé d’Olympia. Lamenoire dégrafa sa cape et la passa autour des épaules de sa compagne. Puis il s’assit à ses côtés, passant un bras autour de ses épaules, tandis que sa main libre se posait doucement sur son ventre arrondi. Son épouse le regarda avec un sourire :
« Alors ? Selon toi, un garçon ou une fille cette fois-ci ?
- Qu’importe ! Pourvu qu’il ait la beauté et l’intelligence de sa mère…
- Et le courage de son père !
- Je n’ai aucun mérite… quel homme ne se battrait pas courageusement pour protéger sa cité, sa liberté, ses frères d’armes et sa famille ?
- Plus d’un je le crois… tous n’ont pas ta considération pour de tels éléments.
- Que veux-tu ? Tous n’ont pas une femme et une fille aussi belles que les miennes… »

Elannia sourit et détourna les yeux, regardant les lumières de Sigdil qui brisaient l’obscurité de la nuit. Elle aimait cette ville… bien que moins grande et moins riche que Lardanium, il résidait ici une sorte de quiétude qu’elle aimait ressentir. Et les rues étaient plus sûres que celles de la cité blanche, malgré les efforts de la milice impériale. Cet endroit était idéal pour élever des enfants… la menace que représentaient les autres peuples, bien que présente, ne la touchait plus une fois franchies les portes de la ville. Un véritable havre de paix. De son côté, Lamenoire songeait aux changements qui s’étaient produits dans son existence depuis la chute de Quatar et son arrivée à Sigdil… depuis cette date, la vie lui paraissait être un long rêve dont il espérait ne jamais sortir. Après avoir épousé Elannia au temple d’Athéna, il avait fondé une famille qu’il aimait profondément. Leur fille renforçait encore plus leur amour, de même que l’enfant à naître. Il vivait en compagnie d’un grand nombre de ses amis, tous réunis derrière le blason rebelle, derrière des valeurs et des idéaux communs, derrière une unique bannière.

L’Olympien fut tiré de ses pensées lorsque sa femme quitta son siège :
« Je vais me coucher, il se fait tard. »
Lamenoire leva la tête pour la contempler : enveloppée dans sa robe blanche, elle paraissait être une vision. Son corps fin et d’apparence fragile, son visage délicat, ses yeux couleur de nuit et ses cheveux sombres coulant en cascade sur ses épaules… la moindre partie du corps de son épouse était un véritable plaisir pour ses sens.
« Je te rejoins tout de suite… le temps d’aller me laver : j’ai la peau couverte de sable.
- Très bien… fais vite tu me manques déjà ! »
Lamenoire sourit à cette remarque tandis que sa femme quittait le balcon. Quelques secondes après, il se leva et se dirigea vers les bains. En passant par la chambre de sa fille, il ne put s’empêcher de s’arrêter une fois de plus pour l’admirer… elle ressemblait tellement à sa mère…

Après s’être purifié dans l’eau chaude des bains publics, il reprit la direction de sa demeure, située à quelques rues seulement, lorsqu’il manqua d’être percuté par un passant.
« Ah ! Lame… Lamenoire ! Tu… tu… tu tombes bien hips !
- Valten !? Tu es encore ivre ? Après tous les progrès que tu as faits ? Cela faisait trois semaines que tu n’avais pas touché à l’alcool !
- Zu… zu… zustement ! Z’ai pensé hips que cha pou... pouvait se fêter !
- Mais tu délires !?
- Euh… oui hips ! Ch’était pas pour... pour fêter quoi que hips che choit ! Mais… mais ze me sentais tellement malheu… malheureux…
- Tu sais pourtant que l’alcool ne permet pas de résoudre les problèmes…
- Voui… hips chela dit, z’ai essayé avec... avec l’eau et cha n’a pas hips résolu mes pro… problèmes non plus.
- Mais de là à aller boire à la taverne ! Avec tous les efforts que tu fournis pour t’émanciper de l’emprise que la boisson a sur toi…
- Ze… ze… ze n’ai pas bu ! Ze me chuis hips désaltéré !
- Oui Valten... si tu veux ! Et là tu n’es pas rond comme une queue de pelle, tu es rafraîchi…
- Ex… exactement hips ! Ze vois que tu as… tu as bien retenu notre hips con… converchachion de l’autre fois…
- Comment l’oublier ? J’ai dû te ramener chez toi moi-même… heureusement que nous sommes voisins !
- Voui voui… et ze… ze hips tenais à te dire que tu fais un… un voisin for… hips formidable ! Parche que chi t’étais... chi t’étais pas là hips, ze chais pas du tout comment ze ferait !
- Tu te perdrais dans les rues de la ville et tu t’endormirais dans le caniveau, à à peine dix mètres de ta porte… allez ! Assez bavardé ! Viens ici je te ramène chez toi. Mais demain faudra qu’on s’explique sur ton attitude de ce soir… »
Sur ces mots, Lamenoire aida non sans mal son ami à rentrer chez lui, avant de regagner son propre foyer.

Une fois rentré, il alla dans sa chambre, se déshabilla et rejoignit son épouse dans leur grand lit. Quand il fut couché à ses côtés, celle-ci lui demanda :
« Tu en as mis du temps… que s’est-il passé ?
- Valten vient de briser trois semaines de sobriété… j’ai dû le ramener chez lui. »
Elannia soupira. Elle appréciait beaucoup l’ami de son époux, qui contrairement à ce qu’il semblait lui-même penser, était plein d’esprit et fort aimable à jeun, et était peinée de l’état dans lequel il se mettait régulièrement.
« Que pouvons-nous faire pour l’aider à se sortir de cette situation ?
- Rien de plus je le crains… nous avons fait tout ce que nous pouvions ! Il lui appartient maintenant de trouver au fond de lui la volonté nécessaire pour se couper définitivement de la boisson.
- Penses-tu qu’il en sera capable ?
- Je n’en doute pas un instant ! Valten a ses faiblesses mais il les connaît et finira par les vaincre… ce n’est qu’une question de temps ! »
Elannia hocha la tête. Lamenoire l’embrassa et lui souhaita bonne nuit, éteignant sa chandelle et plongeant la pièce dans l’obscurité…



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olymp Par Lamenoire  le 09/07/2008 à 20:51

Lamenoire s’éveilla en sursaut, ses sens aux aguets. Il se passait quelque chose d’inhabituel. Il entendit la voix de sa femme lui demander :
« Qu’est-ce que c’était ?
- Je l’ignore mais c’était d’origine magique… »
Une secousse fit légèrement trembler les meubles de la maison, et les deux époux ressentirent une nouvelle perturbation.
« Ca recommence… j’ai eu la même sensation !
- Moi aussi… je ne sais pas ce qui se passe mais cela n’est pas normal.
- Penses-tu qu’il pourrait s’agir d’une attaque d’Elfes ? Leurs mages seraient-ils capables d’utiliser des secousses telluriques pour briser nos murailles ? »
Lamenoire ne répondit pas, préférant se concentrer sur l’origine de la perturbation, mais rien ne s’imposa à ses sens. Comme si un sort avait été lancé mais sans aucun mage. A l’extérieur de leur maison, Lamenoire entendait des éclats de voix dans les rues… son épouse et lui n’étaient visiblement pas les seuls à avoir ressenti la secousse. L’Olympien se leva et enfila une tunique quand sa fille entra dans la pièce en larmes. Elannia sortit immédiatement du lit et s’empressa d’aller la rassurer en l’étreignant. A nouveau, un léger tremblement… Callista enfouit aussitôt son visage dans la robe soyeuse de sa mère en sanglotant.
« Restez ici… je vais voir ce qui se passe, déclara Lamenoire en ajustant sa cape bleu nuit.
-Sois prudent surtout !
-Ne t’en fais pas… je crois qu’il n’y a que peu de risques. »
Il s’accroupit ensuite et embrassa sa fille :
« Reste tranquille ma chérie… nous ne sommes pas en danger. Papa va voir ce qui se passe et revient juste après. Essaie de te calmer. »
Ceci dit, il se releva et quitta la pièce. Il descendit l’escalier en bois pour aller au rez-de-chaussée, puis sortit dans la rue.

Il entendit une porte claquer à sa droite et vit Valten quitter sa maison. Il semblait en bien meilleur état que tout à l’heure, bien qu’un peu moins réactif qu’en temps normal.
« Content de te revoir ! Tu parais plus en forme que lorsque je t’ai ramené chez toi.
-Je dois savoir ce qui se passe… si Sigdil est en danger, je veux pouvoir la défendre.
-Je suis ravi que ta dévotion pour ta cité te soit aussi bénéfique.
-C’est que je n’ai plus que ça à défendre…
-Ne dis pas ça ! Il te reste aussi ton avenir ! Et je pense que ce sera un avenir heureux.
-J’aimerais te croire. Mais j’ai tant perdu…
-N’avais-je pas tout perdu moi aussi ? Aujourd’hui j’ai pourtant tout retrouvé et je n’échangerais ma vie contre aucune autre.
-Mais pour retrouver ceux que j’aime, il me faudrait mourir.
-Je te l’interdis ! Apprécie-tu mon épouse ? Serais-tu capable de lui causer la moindre peine ?
-Jamais de la vie si je peux l’éviter !
-Très bien… sache dans ce cas qu’elle t’a en grande affection. Si tu n’es pas prêt à refuser la mort pour rester combattre à mes côtés, fais-le au moins pour ne pas lui causer de chagrin. »

Valten allait répondre lorsqu’ils arrivèrent aux pieds de la muraille sud de Sigdil. Ils gravirent l’escalier de pierre qui menait au chemin de ronde, où ils rencontrèrent Légan Falk. Celui-ci s’exclama :
« Vous tombez bien mes amis ! Impossible de discerner le moindre ennemi avec l’obscurité… et les nuages cachent les lunes. Peut-être réussirez-vous là où même nos Elfes ont échoué. Lamenoire peut-être ? Avec les dons visuels qui t’ont été faits…
-Inutile… il n’y a aucun ennemi !
-C’est impossible… les secousses ressenties n’étaient pas de provenance tellurique ! Les sorciers ont assuré qu’elles étaient d’origine magique.
-Elles le sont ! Mais il n’y a aucun jeteur de sorts à leur origine…
-Comment cela peut-il être ?
-Je l’ignore… mais j’espérais en savoir plus en venant ici.
-Dans ce cas, j’ai bien peur de ne t’être d’aucun secours… je vais aller voir ce que pensent les sorciers de ces phénomènes !
-Très bien… tiens-nous informés ! »
Ayant dit cela, l’éclaireur prit congé de Valten et Lamenoire. Celui-ci observa le désert devant lui, sondant la grande étendue de sable à l’aide de ses sens, en particulier les sens magiques qu’il avait récupérés en même temps que la vue. Absorbé par sa recherche, il manqua de chuter lorsqu’une nouvelle vibration atteignit l’endroit où ils se trouvaient, mais fut rattrapé de justesse par son camarade. Après l’avoir remercié, Lamenoire lui dit :
« C’est étrange ! Je perçois des perturbations arcaniques hors du commun… comme si les secousses étaient spontanées, mais dans le même temps provoquées par quelque jeteur de sorts !
-Attends attends ! T’es en train de me dire que les pulsations que nous ressentons sont provoquées par quelque chose mais qu’elles ont lieu indépendamment de tout élément extérieur ? Ca me paraît quelque peu contradictoire ! Tu te fous de moi ?
-J’ai bien peur que non… du moins c’est ce que je comprends de ce phénomène… si l’on peut considérer que j’y comprenne quelque chose. Attendons la prochaine secousse… peut-être pourrai-je être plus clair après. »
Ils attendirent en silence pendant une vingtaine de minutes mais rien ne se produisit… au bout d’une demi-heure, Légan Falk vint finalement les rejoindre :
« Apparemment ça s’est calmé ! Les mages semblent incapables de décrire l’origine du phénomène mais ils désirent veiller au cas où il se reproduirait. Dakon invite les autres sigdilites à retourner chez eux, ils seront informés des conclusions des sorciers demain matin. »

Peu désireux de rester jusqu’au matin à chercher à expliquer quelque chose qui surpassait totalement son entendement, ou à attendre les explications des mages qui étaient probablement tout autant dépassés par les évènements que lui, Lamenoire décida de suivre le conseil de Légan et retourna en direction de sa demeure, suivi par Valten. Les deux frères d’armes entrèrent chacun dans leur logis respectif. Lamenoire monta l’escalier et arriva dans sa chambre, où il vit sa fille endormie dans les bras de sa mère.
« Te voilà enfin mon amour ! Je me suis fait un sang d’encre… j’ai eu toutes les peines du monde à endormir la petite. As-tu au moins la réponse à nos questions ?
-Hélas non ! Et nul à Sigdil ne semble capable de me l’apporter.
-Que comptes-tu faire ?
-Dès demain je quitterai Sigdil et j’irai demander conseil à celui qui m’a rendu la vue. Je pense qu’il saura m’expliquer ce que je ne peux comprendre seul… »



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olymp Par Lamenoire  le 09/07/2008 à 20:51

Le matin suivant, après avoir expliqué ses projets à ses compagnons d’arme et après les avoir salués ; après avoir embrassé sa fille et longuement étreint son épouse, Lamenoire s’était élancé hors des murs de Sigdil en direction du nord. Il savait que les collines de Boari, où il se rendait, se trouvaient à une demi-journée au nord-est de Lardanium. Cela impliquait pour lui un long voyage et une prudence croissante au fur et à mesure qu’il allait approcher du but. Il traversa tour à tour les grandes étendues de sable du désert de Yaacov, les plaines méridionales d’Olympia, les plans d’eau nauséabonds des marais centraux et les steppes du Ponant, avant d’arriver enfin dans les collines après une semaine et demi de périple. Il erra alors pendant de longues heures à la recherche du chaman, incapable de retrouver l’emplacement de sa caverne. Alors qu’il commençait à désespérer, il vit une sphère de feu se matérialiser devant lui, faire quelques « acrobaties », puis se diriger vers un petit bosquet. Lamenoire intima à son cheval de suivre l’étrange apparition, qui le mena en une dizaine de minutes là où il souhaitait.

Le chaman l’attendait devant l’entrée de sa grotte et, lorsqu’il vit l’Olympien, fit s’évanouir l’étrange guide d’un geste désinvolte. S’approchant du cavalier, il déclara :
« Salut à toi Uther… ou Lamenoire si c’est l’appellation que tu préfères ! J’ai cru que tu ne retrouverais jamais le chemin jusqu’à mon domaine.
-Salut à vous Khôlskarn-ô-Ikar ! J’y ai cru moi aussi, jusqu’à l’apparition de cette boule de feu…
-Qu’aurais-tu fait sans elle, je me le demande…
-Rien probablement !
-Quoi qu’il en soit c’est une joie de te revoir… j’ai appris que tu avais quitté les rangs de l’Empire. Je ne perdrai pas mon temps à te demander ce qui a motivé ton choix, d’autant que je peux avoir accès à ces informations sans la moindre difficulté, car tu n’as certainement pas chevauché pendant plusieurs jours pour me raconter la vie à Sigdil. A ce propos félicitations pour ton mariage !
-Merci bien… mais effectivement je ne suis pas là pour évoquer mon passage chez les Rebelles. Je suis venu vous voir car je pense que vous êtes le seul être sur Olympia capable d’élucider un mystère.
-Le seul ? Et que fais-tu des dieux ? »
Lamenoire capta la pointe d’ironie dans la voix du chaman et reprit les termes que ce dernier avait jadis utilisés :
« Les dieux ? Ne me dites-pas que vous croyez en ces balivernes ? Une simple race immortelle qui a su exploiter les Esprits plus longtemps et de manière plus efficace ! »
L’ermite sourit en entendant cette phrase :
« Bien je vois que tu as retenu notre dernière conversation ! Mais retiens bien que je n’ai aucunement remis en cause leur existence, qui est incontestable… je tenais juste à démystifier un peu ces êtres.
-Et puis de toute manière, même s’ils étaient capables de répondre à mes questions, ils ne m’en resteraient pas moins inaccessibles, retirés sur l’Olympe.
-Bien… assez parlé ! Que veux-tu savoir ?
-Eh bien, la veille de mon départ, nous avons été confrontés à Sigdil à un phénomène que nul n’a su expliquer…
-Sache que le phénomène dont tu me parles n’a pas touché uniquement Sigdil : Olympia tout entière en a ressenti les effets… des secousses étranges, d’origine magique mais sans aucun lanceur de sorts à proximité !
-J’ai fait les mêmes constats… c’est au niveau de leur explication que j’ai eu plus de difficultés !
-J’ai beaucoup réfléchi à ces perturbations… durant cinq jours, j’ai émis des hypothèses sans parvenir à en trouver une qui me satisfasse. Cependant je pense avoir finalement découvert la vérité. »

Le chaman marqua une pause de quelques secondes avant de reprendre :
« Les Kaldor sont les entités qui ont jadis façonné ce monde. Et elles sont lasses des guerres incessantes que se livrent ceux qui y vivent. Elles ont décidé de détruire toute forme de vie sur Olympia afin de recréer de nouvelles races, moins belliqueuses.
-Comment ? Vous voulez dire qu’Olympia est sur le point d’être rasée par des êtres contre lesquels nous ne pouvons rien faire ? La vie va s’éteindre sans que nous puissions faire quoi que ce soit pour l’empêcher ?
-J’en ai bien peur…
-Mais comment pouvez-vous en être certain ?
-Vois-tu, les Esprits sont des êtres extrêmement anciens, crées et placés sur Olympia par les Kaldor dès qu’ils eurent achevé ce monde. Les Esprits sont des êtres de perfection et les Kaldor, qui n’en sont pas à leur premier remodelage, les ont laissés traverser toutes ces épreuves sans encombre.
-Je ne vous suis pas bien…
-C’est pourtant évident ! Lorsque j’ai questionné les Esprits sur la nature du phénomène, ils m’ont répondu qu’il s’agissait là des signes précurseurs de la colère des Kaldor… cependant, les entités qui ont crée Olympia n’ont pas notre perception du temps, et il m’est impossible de prédire le temps qu’il s’écoulera entre le moment où ils ont pris la décision de nous éradiquer et celui où ils exécuteront leurs desseins. Cela peut être une journée comme cela peut être un siècle, mais il est certain que leur sentence tombera. Ils ont d’ailleurs déjà commencé leur tâche. Les cartes dont vous disposez ne sont pas précises, mais je peux te dire qu’il existe au sud de la rivière de vapeur, qui est d’ailleurs le principal obstacle de vos cartographes, de grandes étendues de terres habitées. A votre instar, les peuples vivant sur ces terres passaient leur temps à s’entre-déchirer… les secousses de la semaine dernière étaient les manifestations du châtiment que les Kaldor ont fait tomber sur la cité de Zakhan, capitale du plus violent de ces peuples. Une cité hautement et solidement fortifiée, dix fois plus grande que Lardanium, entièrement rasée en quelques dizaines de minutes par un sort d’origine « inconnue » mais d’une puissance extraordinaire.
-Dont nous n’avons ressenti que les échos…
-Oui ! Cette ville se situe à trois semaines de cheval au sud de Sigdil… et vous avez été victimes de secousses capables de lézarder vos murs les moins solides ! Je te laisse imaginer la puissance du sort au niveau de sa cible. Les rares survivants de la cité ont ensuite été impitoyablement frappés par des pluies d’éclairs… tous ceux qui demeuraient à Zakhan sont morts en moins d’une heure, soit environ un million de personnes. »

Le chaman se tut, laissant à Lamenoire le temps de se remettre du choc que lui avaient procuré ces informations. Celui-ci, après un moment d’hébètement, demanda d’une voix faible :
« Vous avez parlé d’éclairs… ont-ils les Esprits pour origine ou sont-ils de toute autre nature ?
-Non ! Ce sont bien les Esprits qui agissent pour les Kaldor. C’est pourquoi tu as ressenti les secousses comme d’origine magique.
-Mais comment ces êtres anciens peuvent-ils cautionner un tel massacre ?
-Ils sont entièrement acquis à la cause de leurs créateurs… et puis, le massacre n’est-il pas l’usage que font les races mortelles des Esprits à moindre échelle ? Avec la destruction de Zakhan, le châtiment des Kaldor s’est mis en route… rien ne pourra plus dorénavant s’y opposer ! Des phénomènes similaires vont désormais toucher toutes les grandes cités de ce monde, celles que tu connais comme celles dont tu ignores l’existence… puis les Kaldor déchaîneront les forces de la Nature, provoquant des cataclysmes dont tu n’as pas idée : ils lanceront sur ce monde des cyclones, enverront des raz-de-marée sur les côtes, créeront des séismes et des éruptions volcaniques à l’ampleur jamais égalée ! Tous ceux qui auront survécu à la destruction des villes, ne s’y étant pas trouvés à ce moment-là, seront confrontés à un monde apocalyptique, et finiront par succomber à leur tour. Après de longues décennies passées à détruire ainsi le monde que nous connaissons, les Kaldor en remodèleront un nouveau, sur lequel vivront les Esprits (car ceux-ci auront survécu à cette crise comme ils ont survécu à toutes les précédentes) et les créatures qu’ils auront créées pour le peupler. La vie reprendra ses droits, et notre existence sera oubliée, uniquement gravée dans la mémoire des Kaldor et des Esprits… un âge s’achève, un autre commence… telle est la loi qui régit ce monde depuis sa création. »

Durant tout ce discours, Lamenoire avait tempêté intérieurement. Lorsque le chaman se tut une fois de plus, l’Olympien poussa un cri de rage :
« Et nous ne pouvons rien faire d’autre que d’attendre la mort en nous tournant les pouces ?
-Hélas non ! Tout ce que tu peux faire désormais, c’est rentrer à Sigdil et profiter au maximum des tiens avant que les Kaldor ne jettent leur dévolu sur la Cité des sables. Ne sachant pas le temps qu’il leur faudra avant de se tourner vers Sigdil, il se peut que tu aies le temps de finir ta vie et ainsi d’échapper au châtiment des Kaldor !
-Si je ne le subis pas, il frappera mes enfants ou mes petits enfants… mourir en sachant ce qui les attend me sera certainement plus désagréable encore que de succomber à la puissance destructrice de la magie des Kaldor.
-C’est là le fardeau de la connaissance… tu aurais pu rester à Sigdil et attendre cette mort sans en avoir conscience. Un jour, un cataclysme aurait entièrement rasé ta cité, et tu serais mort sans même avoir eu le temps de t’en rendre compte. Maintenant, tu vas vivre en sachant que le jour de la fin de cet âge approche, vivre en sachant que tu ne verras peut-être pas le soleil se lever le lendemain, vieillir en t’imaginant abandonner ta descendance à un monde au bord de la destruction. Ta vie sera désormais un éternel calvaire, semblable à celui que la connaissance des Esprits m’a apporté… je te l’ai dit : la connaissance est un fardeau !
-Pourquoi alors m’avoir fait part de ce que vous aviez appris alors que vous saviez les souffrances que cela me causerait ?
-Tu ne serais pas reparti à Sigdil sans réponse à ta question… et je ne pense pas que tu m’aurais cru si je t’avais dit que je ne connaissais pas la réponse à tes interrogations.
-Vous avez raison… je…
-Silence maintenant ! Tu sais ce pourquoi tu étais venu. Rentre à Sigdil, profite de tes amis, aime ta femme, couvre-la d’amour et chéris tes enfants. Obéis ! Et ne perds pas ton temps à revenir me voir… consacre-le plutôt à tes proches.
-Très bien… je ferai selon votre volonté ! Adieu donc, Khôlskarn-ô-Ikar ! Puisse…
-Allons ! Trêve de belles formules ! Le temps est devenu trop précieux pour que tu puisses te permettre de le dépenser à de telles broutilles ! Tu devrais déjà être parti. »

Lamenoire s’inclina légèrement devant le chaman, ce qui eut pour effet de le faire tempêter à nouveau concernant le temps perdu, avant de retourner à son cheval et de partir vers Sigdil. Lorsqu’il eut vu la silhouette de l’Olympien disparaître dans le lointain, le chaman retourna dans sa caverne en murmurant :
« Adieu Uther… puisse la vie t’être agréable malgré le terrible savoir que tu portes… »



Ce n'est pas le nombre qui combat et qui triomphe, c'est le courage : la Victoire ne se déclare pas pour la multitude, elle ne favorise que les braves...

olymp Par Lamenoire  le 09/07/2008 à 20:52

« Rien ? Comment ça rien ? Deux semaines d’absence pour aller voir un prétendu érudit incapable de répondre à ta question ?
-Je t’en prie mon amour… ne sous-estimes pas son savoir ! Il est immense et le mot prétendu n’a pas sa place ici. Mais tout savoir est limité et nous avons touché les frontières du sien.
-Mais comment un phénomène lié aux Esprits peut-il échapper à celui sensé les connaître mieux que quiconque ?
-Je l’ignore… »
Lamenoire n’appréciait pas de mentir à Elannia, mais il ne voulait pas qu’elle partage son fardeau… il était bien trop dur à porter… mieux valait la laisser dans la quiétude de l’ignorance. Il l’embrassa passionnément, coupant court à ses protestations, et se dirigea vers l’extrémité de leur balcon pour regarder le ciel nocturne avec mélancolie… à ses pieds, les lumières de Sigdil… tout ceci allait disparaître, victime de la colère des entités qui régissaient ce monde.
« Tu me parais triste mon amour. Quelque chose ne va pas ?
-Non… juste la fatigue du voyage, mentit l’Olympien, mais va donc te coucher, je te rejoins tout de suite ! »
Elannia s’exécuta et Lamenoire resta seul un moment sur le balcon, avant de rentrer à son tour. Il passa par la chambre de sa fille et, comme il l’avait fait deux semaines auparavant, il l’embrassa avant de remonter sa couverture jusqu’à ses épaules. Il regagna ensuite son propre lit en silence, se coucha aux côtés de son épouse et éteignit sa chandelle.

Une fois la pièce plongée dans le noir, Lamenoire repensa aux paroles du chaman :
« Un âge s’achève, un autre commence… »
Voilà ce à quoi il était réduit : attendre avec impuissance la Fin d’un âge…



Ce n'est pas le nombre qui combat et qui triomphe, c'est le courage : la Victoire ne se déclare pas pour la multitude, elle ne favorise que les braves...

olymp Par Valten - Boulet de Sigdil  le 10/07/2008 à 08:47

snif, jolie crho, franchement, comme d'habitude, un bravo.
(pourquoi je susi toujours l'alcoolique de service )



[Ambassadeur Pour Kazad][7° compagnie]
Ne vous Battez pas pour vos vie!Ni pour votre famille!Ni pour votre Seigneur!
Non!Battez vous pour un Idéal...
Moi j'ai trouvé cet idéal

elfe Par Nygaël  le 10/07/2008 à 12:15

Super chronique en effet ^^
=> Valten, arrêtes de simuler, je sais que tu adores ça.



La liberté n'est pas un comportement, c'est une façon de penser.

olymp Par Lamenoire  le 10/07/2008 à 12:50

Valten... ce rôle tu te l'es forgé tout seul comme un grand ! Tu t'es beaucoup investi sur le plan RP pour que Valten soit considéré comme un alcoolique, j'allais pas briser tout ça

Et pis tu remarqueras que t'es en progression



Ce n'est pas le nombre qui combat et qui triomphe, c'est le courage : la Victoire ne se déclare pas pour la multitude, elle ne favorise que les braves...

olymp Par Légan Falk  le 10/07/2008 à 18:51

Toi aussi tu m'énerves tiens, comme Nao ...

*part bouder et travailler sa chro*



[Famille Falk]
La Liberté est enfin à portée !