La Guilde était réunie au grand complet. Chacun de ses membres était là, du plus ancien au dernier arrivé. Tous se tenaient serrés, debout au centre de la vaste crypte. Il ne faisait pas chaud, et les mineurs attendaient déjà depuis de longs instants. Malgré la solennité du lieu, certains murmuraient discrètement. Pourquoi avaient-ils été réunit tous ici, aussi rapidement ?
Les autres admiraient l’endroit particulier dans lequel ils se trouvaient. Il s’agissait d’une vaste salle, creusée à même le rocher. Une unique pièce circulaire, immense, dont les quelques flambeaux disposés le long de la paroi ne parvenaient pas à dévoiler la voûte. Une petite odeur de fumée et de poussière caractérisait ce lieu. Chacun était fortement impressionné. La plupart n’avaient pas remis les pieds dans cet endroit plein de mystères depuis leur intronisation au sein de la Guilde. S’ils étaient tous réunis ici, c’était forcément pour une raison exceptionnelle.

Après quelques instants supplémentaires d’attente, on entendit du bruit dans le fond de la salle. Un petit cortège s’avançait. A sa tête, les Compagnons de la Guilde reconnurent Vassili Vodj Stakhanov, leur chef. Les personnages à ses côtés avaient le visage dissimulé par les ténèbres environnantes. Ils se disposèrent en demi-cercle, face aux mineurs, et Vassili se plaça au centre de l’assemblé, avant de prendre la parole.

- Mes camarades, mes frères. Depuis de longues années, nous travaillons à la grandeur de Kazad. Lorsque ce tremblement de terre est survenu, nous avons été atterrés, et peinés de la disparition de certains de nos amis, de notre famille. Mais nous nous sommes immédiatement remis au travail, sans rien laisser paraître. Le travail est notre raison de vivre, et notre honneur en ce bas-monde. Lorsque nous rejoindrons nos ancêtres, ils seront à coup sûr fiers de notre œuvre, et la reconnaissance nous attend aux côtés de nos respectés anciens.
Mais cette reconnaissance nous attend aussi dans ce monde dans lequel nous vivons.

Vassili se recula d’un pas, et avec un sourire, invita d’un geste de la main un des participants à s’avancer. Lorsque celui-ci parvint à la lumière, tous les mineurs s’inclinèrent avec respect mais aussi avec affection. Le nouveau roi Gorbad Kaskanfer, ou plutôt Gorbad I, avait daigné leur faire l’honneur de leur rendre visite, au sein de la Guilde qu’il connaissait bien.
Il prit la parole de la voix forte et assurée qui sied à un monarque.

- Mon prédécesseur, le défunt roi Thror I, a toujours suivit les efforts de la Guilde d’un œil bienveillant. Vous avez participé activement à la reconstruction de la ville, et c’est un peu grâce à vous si on peut voir se dresser si rapidement de nouveaux bâtiments au cœur de notre fière citée. Le roi, en accord avec le Gardien, a donc décidé d’accorder à la Guilde la Rune de Dévouement. Soyez-en fiers, montrez-vous en digne.

Avec un dernier sourire et un geste amical en direction des travailleurs de la Guilde, le roi pris congé de la petite assemblée, suivi de quelques autres nains. Sans aucun doute des membres très influents, et très ancien comme le révélait la longueur significative de leur barbe.

Vassili se tourna de nouveau vers l’assemblée.

- Comme vous le savez, la rune de dévouement est une des plus hautes distinctions décernées par le roi. Très peu de nains peuvent se vanter de l’arborer. Je veux que chacun d’entre vous se montre digne d’un tel honneur qui nous est fait. A cette occasion, j’ai fait forger des insignes. Elles sont en adamentium, la force et l’habilité des meilleurs forgerons nains ont été nécessaires pour les forger. De plus, de notre gardien Kardrim a posé sa bénédiction sur ces morceaux de métal. Vous comprenez bien quelle valeur ils ont désormais.
Je vais appeler chacun d’entre vous par son nom, et lui remettre cet insigne, symbole de son dévouement pour notre roi, symbole de son sacrifice pour Kazad, symbole de sa force et de son honneur.

Ces mots résonnaient d’une façon particulière dans cet endroit majestueux. On n'étendait pas un bruit, sauf la puissante voix de Vassili. Lorsqu’il se tu, le silence envahit la salle, et chacun se recueilli quelques instants pour méditer sur ce qu’il venait d’entendre.

Puis, chacun se vit appeler par son nom. Les Maîtres Mineurs, puis les Compagnons, puis les Travailleurs Libres. Chacun reçu son insigne des mains de Vassili, accompagnée d’un petit discours de recommandation.

Pendant que les autres recevaient leur décoration, ceux qui l’avaient déjà reçu écoutèrent, tout en admirant leur insigne. Elle était sombre, avec ce reflet métallique particulier que tous les mineurs connaissent, et qui caractérise l’adamentium. Les mineurs comprenaient mieux pourquoi quelques-uns d’entre eux avaient été chargés de ratisser tout Kazad à la recherche du plus petit morceau de ce précieux métal. Sa rareté en augmentait encore sa valeur. Sur une face, on pouvait voir la Rune de Dévouement. Sur l’autre face se trouvait la Rune de la Guilde. Certains l’agrafèrent à leur manteau, d’autres envisageaient de la placer en pendentif. Tous étaient fiers de voir leur travail récompensé par une telle distinction.

Lorsque tous les insignes furent distribués, Tagazog entonna son chant qui était devenu l’hymne de la Guilde, puis Vassili prononça la fin de la réunion. Chacun quitta ce lieu magique et retourna à ses occupations tout en fredonnant encore. En apparence, hormis un simple morceau de métal, rien n’avait changé chez ces nains. Mais ils semblaient plus sûrs d’eux, plus droits, plus fiers, et encore plus appliqués dans leur travail. La Guide des Travailleurs avait acquis ses lettres de noblesse…

HRP : Et puisque j'y suis, tout le monde peut profiter du RP de fondation de la Guilde.


La Guilde des Travailleurs Nains fut fondée lors de la création de Kazad a Gorog. Il est de notoriété publique que la mise en place de la ville fut le projet de construction le plus ambitieux et le plus important de toute l’histoire naine. Mais ce que l’on sait moins, c’est que la Guilde y a joué un rôle prépondérant.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser en voyant la ville aujourd’hui, la construction n’avait pas bien commencé.
Lorsque le roi Mîm décida de fonder la grande citée naine de Kazad a Gorog, il fit en sorte de la doter des meilleures infrastructures, recrutant pour ce faire la plus grande horde de travailleurs que les nains n’aient jamais vue. Cependant, malgré cette masse de nains au travail, et les sommes colossales mises en œuvres par le roi, la construction végétait. Pire, certains quartiers, bâtis trop hâtivement, devaient être rasés afin de repartir sur des bases solides et durables.
La grande capitale naine tant attendue n’était qu’un taudis abritant les ouvriers et leurs familles. Au milieu de ce marasme ambiant, une lutte de pouvoir déchirait les nains en différents camps.

Au sein de cet immense chantier, les travailleurs était organisés en différentes corporations, regroupant tous les meilleurs ouvriers spécialisés dans une tâche. On appelait cela des guildes. On pouvait ainsi dénombrer la Guilde des couvreurs ou celle des architectes. Tous les corps de métiers étaient représentés, et se menaient depuis toujours d’incessantes guerres d’influence.

Mais cette fois, les sommes mises en jeu étaient trop importantes. Le pouvoir de l’or promis par le roi Mîm avait fait perdre la tête à plus d’un. La guerre souterraine qui s’était engagée n’avait jamais été aussi virulente. Tout en offrant un visage de respectabilité, les guildes envisageaient les pratiques les plus viles. Les retards dans les livraisons s’accumulaient, le travail était souvent approximatif, chaque guilde protégeant ses intérêts avant tout et rejetant la faute sur les autres. Les guildes, tour à tour alliées et ennemis, nouaient des liens et les rompaient aussitôt, guidées par les intérêts économiques du moment.

C’est dans cette ambiance incertaine qu’une guilde se distingua parmi les autres. Fondée tout récemment, elle se basait sur un principe novateur, mis au point par un groupe de jeunes mineurs dirigés par Alekseï Grigorevich Stakhanov. Appliquant une organisation très stricte, la Guilde des Travailleurs Nains, puisque c’est ainsi qu’elle se nommait, avait la particularité exceptionnelle de regrouper en son sein tous les différents corps de métiers nécessaires à la construction des édifices, de l’extraction de la pierre à la décoration intérieure.
Mais rejetée par ses paires, décriée par l’opinion publique pour ses méthodes allant à l’encontre des traditions, la Guilde des Travailleurs Nains en était réduite à pratiquer des tarifs défiant toute concurrence.

Bien que quelque peu dubitatif et méfiant, le roi Mîm qui voulait réaliser des économies confia néanmoins à la Guilde des Travailleurs Nains la construction d’un petit temple dans son ensemble. Lorsqu’il revient quelques mois plus tard pour inspecter les fondations, il eut la stupeur de découvrir le temple terminé, décoré et meublé.
Conquis par les méthodes de la Guilde, le roi fut amené à leur confier de plus en plus de chantiers.

Les autres guildes, qui voyaient le nombre de leur contrat se réduire comme une peau de chagrin, tentèrent bien de réagir, tentant d’utiliser leurs méthodes habituelles tout en se servant de leur influence. Mais ce fut peine perdue, la Guilde des Travailleurs Nains gérait ses chantiers du début à la fin, et les attaques des guildes concurrentes ricochèrent sur leur organisation et leur intégrité.

L’achèvement de la ville, des années plus tard, fut un grand soulagement et une belle fierté pour tous les nains. Mais les guildes ne s’en remirent jamais complètement. Le pouvoir royal avait été considérablement renforcé, et dans le même temps le nombre de chantiers diminuait considérablement. Désœuvrés, et de moins en moins bien protéger par les guildes, les ouvriers ne voyaient plus l’intérêt de faire confiance à des institutions au pouvoir moribond, préférant se tourner vers d’autres types de structures.
Bien évidemment, toutes les guildes ne disparurent pas. Certaines, prépondérants quoi qu’il arrive, résistèrent longtemps à l’œuvre du temps. Ainsi, les forgerons ou les brasseurs continuèrent d’exercer une belle influence.

Mais malgré tout, les années passèrent par centaine et seule la Guilde des Travailleurs Nains garda son prestige d’antan. Sa pluridisciplinarité, qui lui avait permis d’accéder aux plus aux rangs, continuait à la servir, et la Guilde survivait encore et toujours, respectée et reconnue, restant la référence en la matière.
Le nombre de membres avait considérablement diminué, et tous ceux qui étaient restés aux côtés des descendants d’Alekseï faisaient désormais partie de l’élite naine, ingénieurs et notables immensément riches. Les bâtisseurs d’antan étaient devenus des mineurs et des marchands qui, organisés en caravanes, partaient régulièrement à la conquête de terres vierges et recherchaient inlassablement de nouveaux filons à exploiter, passant ainsi leur vie sur les routes. On reconnaissait aisément les membres de la Guilde à leur insigne accrochée à leur long manteau, ainsi qu’à leur visage buriné par le vent et le soleil.

Aujourd’hui, le peuple nain est à nouveau en pleine expansion. De nouvelles ressources ont été découvertes, qui devraient permettre une nouvelle phase d’essor. La Guilde des Travailleurs Nains est de plus en plus sollicitée, ses rangs se renouvellent sans cesse de jeunes recrues motivées. La Guilde serait-elle en passe de retrouver sa puissance d’antan ?