Legends of Olympia : La Litanie du Passé - Temps mort
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Temps mort
Topic visité 281 fois
Dernière réponse le 24/03/2006 à 22:00

elfe Par Sylia Leïthael  le 14/03/2006 à 10:55

« Allez, Sylia, s’il te plaiiiit ! »

Une de ces soirées où la fête battait son plein, où les rires résonnaient sans peine jusqu’aux coins les plus reculés de la Forêt des Cendres, se mêlant aux bruissements des feuilles et aux hululements des chouettes.
Les timides parfums des bois s’effaçaient pour laisser place aux senteurs alléchantes qui s’échappaient des fourneaux, pendant qu’une magie invisible se mettait à l’ouvrage pour tisser les liens qui uniraient les différents elfes de la grande cité.

Une de ces soirées où tout semblait si doux, si harmonieux, si… parfait…
…parfait ?


Kyrion s’était avancé discrètement vers son amie.
« Alors Sylia, comment vas-tu ce soir ? Regarde-les comme ils s’amusent, ça fait vraiment plaisir à voir ! »
C’était avec un sourire malicieux au coin des lèvres qu’il avait ajouté :
« Quel dommage qu’il n’y ait pas de musiciens… »
Sylia avait eu un imperceptible mouvement de recul avant de hausser les épaules.
« Oui… c’est dommage… »
La question qu’elle redoutait tant allait tomber…
« Sylia… tu as appris à jouer d’un instrument de musique ?
_Oui… Mais euuuh… c’était il y a longtemps…
_Allons allons, je suis sûr que tu n’as pas perdu la main… c’était quoi comme instrument ?
_C’était…



_Allez, Sylia, s’il te plaiiiit ! »


L’elfe sentit son cœur se soulever dans sa poitrine. Si elle le lui disait elle n’aurait plus le choix, et elle ne voulait pas jouer, pas après toutes ces années…

« ... une flûte. »


Quelques minutes plus tard Sylia se retrouvait propulsée au milieu de la foule, une flûte à la main. La gorge sèche, elle porta l’instrument à sa bouche et commença à souffler…

Ses doigts jusqu’alors tremblants s’animèrent soudain, mus par un mécanisme qu’elle-même ne comprenait pas. C’est avec stupéfaction qu’elle les écouta jouer cette mélodie oubliée, qui au fil des mesures rejaillissait de sa mémoire.

L’oiseau ne peut plus voltiger
De solides barreaux s’interposent
Il piaille à s’en égosiller
Mais rien à faire la porte est close


Des images de son enfance… sa grande sœur fredonnant cet air dont elle ignorait alors la signification…

L’elfe reste sourd à ses appels
Mais il persiste plein d’espoir
L’espoir est vain car l’elfe est tel
Que toute entente est illusoire


Les doigts couraient sur la petite flûte, toujours hors de contrôle. Elle aurait voulu les arrêter, elle ne voulait pas entendre… elle ne voulait pas se souvenir…

Un jour pourtant l’oiseau s’éveille
Et trouve sa porte entrebâillée
Alors l’oiseau déploie ses ailes
Et s’envole vers la liberté


Et les elfes applaudissaient. Ils ne comprenaient donc rien ? Quand allaient-ils enfin remarquer le trouble qui s’emparait de la musicienne ?

Ivre de joie il tourbillonne
Se laisse porter aux quatre vents
C’est avec passion qu’il entonne
Son chant le plus réjouissant


Les souvenirs s’entrechoquaient à l’intérieur de sa tête. Bientôt elle ne pourrait plus lutter…

C’est la mélodie de l’oiseau
C’est la mélodie de l’oiseau


Un immense flot d’images déferla dans son esprit, lui brouillant subitement la vue.

Elle se rappelait…

Elle se revoyait des années en arrière… dans une chambre majestueuse…un lit… deux lits… le sien et celui de sa sœur… sa sœur chantait… toujours le même refrain… toujours… Comme elle aimait cette chanson ! Elle n’en comprenait pas très bien le sens, mais c’était la chanson de Luvia Leïthael, et elle admirait sa sœur à tel point que la mélodie de l’oiseau était devenue sa musique préférée en un rien de temps.

C’était dans cette même chambre que quelques jours plus tard le drame s’était déroulé… Luvia, fidèle à elle-même, s’était dressée contre l’autorité des parents une fois de plus… la dernière…

Une image s’imposa à son esprit : sa sœur faisant irruption, les yeux brillants… elle se dirigeait vers son lit... Allait-elle s’y jeter comme d’habitude, pour y pleurer des heures durant avant de se redresser fièrement dans toute sa hauteur et d’entonner son refrain favori ? Bizarrement, Luvia ne se coucha pas… Elle empoigna sa tenue de nuit qui traînait encore près de l’oreiller, puis ouvrit sa commode d’un geste sec et en retira diverses affaires...

« Luvy... qu’est-ce que tu fais ? »

L’elfe arracha brusquement son drap pour en envelopper ce qu’elle venait de prendre, sous les yeux ébahis de la petite Sylia.

« Qu’est-ce que tu fais ?
_Je fuis, je me barre, je m’en vais… Adieu. »


Estomaquée, la petite ouvrit de grands yeux ronds et fixa sa sœur, incapable de dire un mot. A cet instant précis, celle qui depuis toujours lui avait servi de modèle était pratiquement méconnaissable. Ses traits étaient tirés, donnant au visage un aspect hideux et irréel, et surtout ses gestes d’ordinaire si mesurés étaient hachés et peu précis, évoquant vaguement les derniers soubresauts d’une sauterelle prise au piège. Elle lui faisait peur… très peur même…
Après un silence interminable, Luvia plongea son regard dans celui de sa sœur cadette qui y vit briller des étincelles de démence.

« Oui, je m’en vais petite Sylia. Tes… nos parents nous tiennent enfermés dans la cage depuis trop longtemps, et même si la cage est dorée, il faut fuir !
_Fuir ?
_C’est la seule solution… nous sommes des oiseaux Syl’, et la porte est ouverte !
_Mais… »


Sylia n’avait compris qu’une seule chose aux étranges paroles de sa sœur : elle allait partir… toute seule…

« Alors je viens avec toi ! »

Luvia la regarda, interdite, puis éclata d’un rire enthousiaste.

« Oui… c’est ça, viens avec moi Syl’, et ils verront… même ma petite sœur a déjà compris votre manège ! Même Sylia vous rejette ! »

Elle prit la petite elfe par la main et l’entraîna à sa suite dans l’escalier.
Jamais Sylia ne reverrait ses parents…


Des larmes perlaient le long de la joue de la musicienne. De petites larmes, discrètes, dont personne ne semblait avoir décelé l’existence.
Son passé avait ressurgi dans sa totalité, passé qu’elle avait volontairement rayé de sa mémoire pour ne plus avoir à en souffrir…

… sa sœur Luvia… elle l’avait suivie dans sa fugue… elle l’avait suivie jusqu’à cette cascade de la Forêt des Cendres où elles avaient décidé de s’établir… loin de la ville, sous les étoiles… Une vie d’elfes des lunes, une vie sauvage… Sa sœur leur avait même choisi un animal totem (son oiseau préféré) et elles avaient vécu retranchées pendant de nombreuses années, jusqu’au jour où…

Une voix hurlait dans sa tête : arrêêêête !

« Arrête jeune elfe, tu ne sais pas à quels ennuis tu t’exposes ! »

Luvia lui avait appris à voler. Elles avaient établi leur terrain de chasse à proximité de Na’helli, et guettaient régulièrement les allées et venues des nobles…

« Je t’ai vue, sournoise ! Ne compte pas t’en tirer aussi facilement ! »

L’elfe l’avait poursuivie jusqu’à la cascade où sa sœur l’attendait. S’en était suivi un duel féroce entre les deux adultes, au cours duquel Luvia avait été gravement atteinte à la poitrine. Elle gisait, le souffle court, et l’elfe s’était approché de Sylia avec un sourire mauvais.

« Je prends ça, merci. Avait-il dit en lui arrachant la bourse des mains.
_Luvy…
_Voilà ce qui arrive quand on s’en prends aux elfes nobles ! Que je ne vous recroise plus sur mon chemin, petites vermines ! »


Et il était parti…

« Syl’… »

Elle s’était approchée de sa sœur, encore toute tremblante.

« Syl’… j’ai trop mal…
_...
_J’en ai marre Syl’ ! Marre ! Pourquoi, pourquoi sont-ils tous si méprisants et si méprisables ! Je les hais !
_...
_Je n’en peux plus Syl’… j’ai tout fait pour te cacher mon chagrin, mais je suis à bout…
_...
_Tue-moi Syl’.
_Mais…
_TUE-MOI SYLIA ! MAINTENANT ! »


On ne discute jamais avec Luvia.
La petite Sylia avait brandi l’épée de sa sœur et la vue brouillée par les larmes elle avait frappé, frappé, frappé… La rage, la douleur et la tristesse avaient guidé la lame, Luvia Leïthael n’était plus.

Seule et sans argent, la jeune elfe, le cœur gros, avait pris le chemin de la demeure de ses parents… et s’était retrouvée face à une maison en cendres…

« Bonjour madame, comment tu t’appelles ? »

Un petit elfe l’observait avec attention.

« Je… Sylia… Dis-moi petit, qu’est-il arrivé à cette maison ?
_Elle a brûlé. Si tu veux savoir ce que sont devenus tes parents, eh bien ils sont morts dans l’incendie.
_Que… comment sais-tu que…
_Papa et maman m’ont parlé de toi, grande sœur !
_Grande sœur !?
_Dis, grande sœur, pourquoi tu es partie ?
_Et bien je… euh… je suis revenue, c’est ça qui compte, non ? »

Elle regarda le tas grisâtre qui s’étendait à ses pieds.
« Il y a quelque chose à récupérer ?
_Oui. Mais tous les biens sauvés du feu sont pour moi, c’est papa qui l’a dit avant de mourir. Il a dit que ça t’apprendrait et que le jour où tu reviendrais quêter de l’argent il n’y en aurait plus pour toi… Dis, grande sœur, pourquoi il a dit ça papa ? Hein ? Pourquoi ? C’est un peu méchant je trouve ! »

Il s’approcha tout près d’elle et lui murmura gentiment :
« Si tu veux, je partagerai avec toi, il reste tout plein de bijoux ! Héé, mais où tu vas grande sœur ? »

Sylia avait bousculé le petit elfe et s’était enfuie à travers les ruelles de Na’helli, les poings serrés, les yeux inondés de larmes. Ses parents… ils avaient détruit sa sœur, et maintenant ils la laissaient mourir de faim…

« Jamais ! »

L’elfe s’était redressée, une lueur de folie dans la prunelle de ses yeux. Ainsi ils l’avaient reniée…

« Que vous le vouliez ou non je suis une Leïthael ! Et je serai riche ! Plus riche que vous ne l’avez jamais été ! Sans votre aide ! Je serai riche et j’en fais le sermeeeent !

_Tu cours vite, grande sœur !
_...
_Tu es partie trop vite, j’ai oublié de te dire mon prénom.
_...
_Je m’appelle Illùman, et je vais devenir un grand magicien… »


Sylia secoua la tête. Les doigts avaient cessé de courir sur la flûte. La mélodie était terminée, la douleur ranimée… Illùman se trouvait-il parmi les elfes qui applaudissaient à tout rompre ? Elle scruta la foule, un nœud au fond de l’estomac…

« Je savais bien que tu n’avais pas perdu la main ! Bravo Sylia, c’était magnifique !
_Merci Kyrion…
_Je n’avais jamais entendu cet air, c’est rudement joli ! Il a un nom ?
_...
_Sylia ?
_Je vais me reposer un peu… A bientôt…
_...
_Euuh… Kyrion ?
_Oui ?
_Est-ce que… Est-ce que je peux garder ta flûte ? »



nain Par Tagazog  le 14/03/2006 à 12:02

...bravo !



"L'esprit est la plus riche des mines, plus on y creuse et plus on y trouve de riches subtilités"

[GTN-Membre de la Chambre des Maîtres Mineurs]
[Coconuts Baroudeur de 122 ans][avec Sirocco "Kroak!"]

elfe Par Polonëll Hal'Uechïr  le 18/03/2006 à 22:43

Sylia, je ne te reproche qu'une chose, c'est de ne pas écrire plus souvent !

pour le reste ... bravo !



[Sentinelle]
Elfe Noble

elfe Par Kyrion Hîr-Minuial  le 19/03/2006 à 11:16

Mouahahah. ça parle de moi, j'adore Sylia .

(sérieusement, j'adore le reste aussi ^^)



Frère de Necrid.
Sentinelle.
Ambassadeur auprès des Olympiens.

elfe Par Adsannair Vuepercante  le 24/03/2006 à 22:00

:| Que dire ? Magnifique !! xD