Cadeau des éléments | |
Topic visité 197 fois Dernière réponse le 06/04/2006 à 14:48 |
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Trois géants marchent sous un ciel gris. La piste est humide, l'air gorgé d'eau. L'un d'eux semble très mal à l'aise, il regarde le ciel en permanence d'un regard inquiet, une mèche blonde dépasse de sa capuche en toile huilée. C'est Mormus.
Accompagné d'Abbadon et Balgor, il rentre à Zagnadar. Même le temps humide et froid n'arrive pas à altérer la bonne humeur d'Abbadon et Balgor. Les récoltes ont été bonnes et les livraisons ce sont bien passées, les sacs sont chargés de bois et de pierres qui serviront bientôt à ériger des bâtiments de qualité pour la grandeur de Zagnadar. Le soir approche, on devine le soleil à l'horizon, le but est proche. Arrivés en haut d'une côte, les trois géants font une pause, soufflants. Les sacs sont lourds et les lieues parcourues dans la journée ont été éprouvantes même pour les longues jambes de Balgor. Soudain ce dernier ressent une impression étrange. Il faut faire vite ! Pourquoi ? Il n'en a aucune idée mais il faut se hâter, il ressent un besoin vital de repartir et de courir sur la piste. En le voyant partir en courant, Mormus, surpris, lui lance : Ousque tu cours comme ça Balgor ? T'aveust une averse à tes trousses ? Ce disant, il jette à nouveau un regard inquiet vers le ciel. Voyant que Balgor, ne s'arrêtant pas est déjà à une cinquantaine de mètre, Mormus et Abbadon se mettent à courir à sa suite. Eh ! Attends-nous un peu ? Ou tu vas ? Sans même ralentir, Balgor leur crie. Il faut se dépêcher ! Vite ! Leurs demandes d'explications restent sans réponse. Dans l'esprit de Balgor, tout est confus, au fur et à mesure qu'il se rapproche de Zagnadar, l'impression d'urgence augmente. Il faut faire encore plus vite, il sera bientôt trop tard. Balgor ressent une sorte d'angoisse dont il ne peut déterminer l'origine. Tout ce qu'il sait est qu'il doit se hâter comme si sa vie en dépendait. Au bout d'une dizaine de minutes de ce train infernal Mormus et Abbadon ont été distancés par les longues jambes de Balgor. Ils le voient cependant obliquer sur la gauche, sortant de la piste pour courir vers la lisière de la forêt. Il pénétre dans les arbres à toute vitesse, les branches basses lui cinglent le visage et les membres, laissant de profondes égratignures. Comme son paquettage s'accroche dans les branches, il s'en débarrasse. Les pierres, le bois et les potions s'étalent sur le sol. Il n'en a que faire, le but était proche ! Il débouche soudain dans une immense clairière. Au centre de celle-ci, une sorte de colline très escarpée s'élève, il s'attaque immédiatement à la pente, glissant dans l'herbe mouillée et trébuchant. Mais il se relève toujours et grimpe avec acharnement utilisant ses mains autant que ses pieds. La certitude qu'il agît comme il le doit lui donne la force de continuer, il sait que quoi qu'il puisse rencontrer, quels que soient les dangers en haut de cette colline il continuera et y laissera la vie s'il le faut. Arrivé au sommet il est un instant décontenancé. Il n'y a rien, pas un arbre, pas un animal, seulement un petit tas de pierres. Il frissonne. L'euphorie et l'excitation de la course sont retombées et il commence à avoir froid en haut de ce sommet balayé par le vent froid des longues Pluies. Malgré le découragement qui l'a saisi, il ressent un bref instant ce même tiraillement. C'est suffisant pour qu'il ne perde pas espoir. Il s'agenouille dans l'herbe détrempée à côté du petit tas de pierres et les observe attentivement. Elles n'ont rien de particulier outre le fait qu'elles ont été rendues lisses par les intempéries. Il écarte précautionneusement celles du sommet sans rien voir d'étrange. Pour finir il plonge ses deux mains dans les cailloux pour chercher ce qu'il pourrait y avoir en dessous. Soudain il a l'impression de se trouver au milieu d'une foule immense qui l'entourait de tous les côtés. Effrayé il regarde autour de lui et dresse les mains devant son visage pour se protéger de cette apparition soudaine. Mais l'impression disparaît aussi soudainement qu'elle était apparue. Et il n'y a personne autour de lui, seul le vent souffle. Il recommence à fourrager dans le tas de cailloux et le phénomène recommence ! Cette fois-ci il ne retire pas les mains et essaye de se concentrer pour comprendre cette impression d'une multitude de présences. En réussissant à faire durer le phénomène il comprend très rapidement ce qui se passe. Il ressent les êtres vivants. Il sent les animaux qui l'observent depuis la lisière de la forêt, il sentt les oiseaux qui volent au dessus de arbres, il sentt les rats qui se faufient dans les herbes. Il ressent leur présence et même, pour certains, leur état d'esprit. Devant cette découverte surprenante il se sent mis à nu, savoir qu'il y a tant de monde autour de lui était extrèmement étrange et désagréable. Que se passe-t-il ? Pourquoi sent-il cela ici et maintenant ? Est-ce la raison de la folie qui l'a envahi plus tôt ? Il retire ses mains des pierres, et, une nouvelle fois, la sensation disparait. Il a l'impression de se retrouver dans le noir, ses perceptions réduites de nouveau à ses sens. Il y a quelque chose dans ces pierres, quelque chose qui lui donnait ce don, ou cette malédiction. Il ne sait pas quoi mais son instinct lui dit qu'il doit découvrir ce que sont ces pierres. Le sentiment d'urgence qui l'a amené ici lui a sûrement été communiqué par l'Air. Si son élément souhaite le voir ici, ça ne peut qu'être bon pour lui. Il commence alors à retirer une à une les pierres du tas en les gardant dans ses mains à chaque fois. Comme il s'y attendait, la sensation revient quand il touche une pierre ovale percée d'un trou. Il la tient fermement et s'assiet au sol, il ferme les yeux et essaye d'étendre sa perception du monde, d'ouvrir son esprit à tous les êtres dont il devine la présence. Petit à petit, il commence à sentir des animaux de plus en plus petits et de plus en plus éloignés, il devine également une grande force silencieuse qu'il ne parvient pas à identifier, puis d'un coup, tout est masqué par deux consciences éloignées mais très précises. Il reconnaît instantanément Mormus et Abbadon. Ces derniers sont arrêtés à bout de souffle à l'endroit où il a quitté la route. Il se raccroche à ses deux êtres stables qu'il connaît et porte toute son attention sur eux. Il ressent leur fatigue, leurs coeurs battant dans leur poitrines, leurs souffles précipités par la course. Il sent aussi les meurtirissures causées par les courroies des sacs et les douleurs aux pieds. Et soudain, en plus des sensations physiques, il se rendit compte de leur extrème inquiétude. En effet, cela devait faire un bout de temps qu'il avait disparu dans la foret. Il referme son esprit et se releve. Il dégringole la colline et se dirige vers la route. Il arrive devant Mormus et Abbadon après avoir ramassé tant bien que mal ses affaires. Ceux-ci restent stupéfait devant l'aspect qu'il a, il fait vraiment peine à voir. Sa course effrénée l'a mis dans un état déplorable. Mais il n'en a cure, désormais, il sent que les pouvoirs du shamanisme sont à sa portée. Essayant de rester naturel... Excusez-moi pour l'attente, on continue ? Balgor Dargoath
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