L'appel du devoir | |
Topic visité 134 fois Dernière réponse le 18/04/2006 à 22:02 |
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L’elfe était allongée là, dans l’herbe, le soleil au zénith. Meurtrie, son sang s’écoulant encore, venant à colorer la verdure dans laquelle elle reposait. Sa vie défilait maintenant devant ses yeux.
Comme transportée dans le temps et l’espace elle assistait maintenant à une sorte de rediffusion de sa vie, voyant tout d’abord ses parents, morts il y a bien longtemps alors qu’elle n’était qu’une enfant. Elle n’avait jamais vraiment su ce qu’il c’était passé. Son oncle, Kelian Leïthael, l’avait alors élevée, voulant la « protéger », comme il disait, de la cruauté de la vie. Les années semblaient défiler à toute allure, s’attardant sur certaines scènes marquantes de sa vie. Son esprit continuait ainsi à voyager, se souvenant des merveilles du lieu ou elle avait grandit. Il s’agissait de la magnifique cité de Na’helli, ce petit coin de paradis où elle aimait passer son temps à vagabonder en forêt en quête de tranquillité, afin d’étudier les biens fait de Gaïa, tel est le nom que lui donne les Hommes Sauvages. En effet, la jeune elfe était passionnée depuis longtemps par la culture du peuple des Sauvages, en particulier par les secrets de leur magie. Elle-même pratiquant l’alchimie depuis son plus jeune âge, elle était attirée par ce nouvel art et avait ce désir de savoir le maîtriser. Cette quête de connaissance la rendant ainsi solitaire, elle fut pendant quelques années un peu à l’écart des autres citoyens, ce qui lui permis de commencer son apprentissage magique. Heureusement, il y avait Feanaro pour la ramener de temps en temps à la civilisation. Lui c’était son meilleur ami, son seul ami d’ailleurs, car il est vrai que les quêtes de connaissances ont parfois leurs inconvénients… Feanaro Elanessë avait à peu près son âge, grand par la taille, c’était un charmant jeune elfe qui, tout comme Awandiel, débutait dans l’art de la magie. Ils avaient pour ainsi dire grandit ensemble et partageaient une grande complicité. Il est vrai que tous deux avaient un caractère assez opposé mais ils se complétaient. Feanaro, lui, ne tenait pas en place. Il avait soif d’aventures, de bonnes bagarres et aimait rigoler et faire la fête. Awandiel était plus calme, pacifique, elle ne cherchait pas les querelles. Elle le trouvait incorrigible parfois. C’était l’affreux de service quand il se mettait à la taquiner. L’affreux, « Le Freuh » comme elle l’appelait, était tous simplement son complice de toujours, celui qui la faisait sourire et s’amuser, la faisant sortir le nez de ses livres de magie. C’était SON Freuh et elle y tenait. Elle se souvient de tous ces bons moments qu’ils ont passé ensemble, se rendant compte maintenant, en revoyant tout ça, qu’elle a longtemps vécu comme hors du temps, hors du monde. Elle se rappelle de comment elle est revenue à la civilisation, hors de laquelle elle était restée si longtemps. C’était après les fameuses pluies torrentielles qui s’étaient abattues sur Olympia. Les deux elfes, en bons citoyens, s’étaient portés volontaires pour aider à la reconstruction de la cité, les faisant ainsi sortir un peu de leur apprentissage magique. C’est ainsi que, de retour à la « civilisation », Awandiel s’était intéressée de plus près à une chose à laquelle elle avait sous estimé l’importance : la politique. En effet, étant en première ligne pour voir les nombreux conflits qui s’étaient créés à cause du monopole des zones à fortes ressources, l’elfe avait décidé de mettre en suspend sa formation afin de revenir un peu à la réalité. Elle se revoit, décidant à s’investir dans la vie politique de sa cité. Elle tenait à donner son avis et ses idées, ayant un peu honte de ne pas l’avoir fait plus tôt, sentant bien qu’en tant que citoyenne elle était passée à côté de quelque chose en restant à l’écart de la cité pendant tout ce temps. Elle avait ainsi apprit à se méfier des Olympiens, créatures sombres et orgueilleuses qui, de son point de vu, serait une menace de taille pour tous les peuples d’Olympia. Depuis son retour en ville, elle n’était pas repartit en forêt et s’étonnait elle-même d’avoir prit goût à y rester. Elle n’avait pas pour autant cessé sa formation mais son investissement pour la cité lui donnait le sentiment d’être utile et elle était plutôt fière de ça. Elle était maintenant revenue à ce matin particulier, quand une rumeur vint à courir sur la grande place. Le Freuh, tout excité par ce qu’il venait d’apprendre vint lui raconter la nouvelle : un vieil homme venait de révéler l’existence d’une cité perdue, oublié de tous. Après son récit, Awandiel savait déjà ce que Feanaro avait dans la tête. Il voulait partir en quête de cette cité, bien qu’il doutait de son existence, juste pour tenter l’aventure. Awandiel ne s’étant jamais éloignée de la Forêt des Cendres, hésitait à tenter ce voyage. Cependant, l’elfe se laissa convaincre par son ami qui, de toute façon serait partit sans elle, chose qu’elle ne voulait pas. Elle se revoit, elle et Le Freuh, prendre ainsi la route, faisant même la course dans la Forêt des Cendres. Connaissant la Forêt comme sa poche pour l’avoir arpenté pendant des années, elle était bien loin devant. Or, après cette longue course, elle se trouva assez vite en dehors des terres Elfiques, un endroit où elle n’était jamais allée. Elle revoit cette scène qu’elle voudrait tant ne pas avoir à revivre une deuxième fois. Elle se trouvait maintenant près d’eux, un groupe de trois nains armés jusqu'à la barbe, riant fortement avec la ferme intention de s’amuser un peu à malmener le premier elfe qu’il croiserait. Malheureusement pour elle, ce fût Awandiel. A leur vu, son cœur se serra, elle savait ce qu’on disait sur les nains, des brutes, des barbares. Elle se souvint de cette solitude, face à eux. Elle ne pouvait même plus faire demi-tour, ses jambes ne la portaient plus. Elle aurait du écouter son oncle, c’était un grand sage, il disait toujours « rien ne sert de courir, il faut partir à point ». Mais il était trop tard maintenant, elle était encerclée par ces trois barbares. Trois pour s’en prendre à une elfe sans défense, un vrai acharnement, une telle violence ! Etant encore jeune, d’une nature pacifique, aimant la douceur et la beauté de la vie, elle n’avait jamais vécu chose pareille, jamais elle n’avait connu une telle violence ! Ils l’avaient laissé là, gisant dans la prairie. L’elfe n’avait maintenant plus rien à voir, si ce n’est la noirceur des ténèbres, se laissant peu à peu sombrer. Pourtant, bien que n’y croyant plus, la lumière se mit à réapparaître. Quand ses yeux se rouvrirent, elle vit alors un elfe plutôt grand, élancé, il portait un superbe arc sculpté à la main et ses cheveux soyeux semblaient portés par une douce brise qu’elle ne sentait pas. Il avait autour de lui tout un tas de plantes qu’il manipulait. Awandiel, encore sous le choc et à moitié groggy n’eut la force que d’une seule question. - Je suis morte ? L’elfe lui sourit. - Ne dis rien et garde tes forces. L’étranger avait visiblement de bonnes connaissances en alchimie. Usant de ses potions, l’elfe fût remise sur pied. Awandiel, un peu moins sonnée, commençait à se remettre doucement de ses émotions. Elle regardait son bienfaiteur et là elle réalisa… Mais comment ne l’avait elle pas reconnu plus tôt ! Elle devait vraiment être en piteux état pour ne pas s’en être aperçu auparavant. Il s’agissait là du fameux Juge Kaeniel, figure emblématique de la puissante cité de Na’helli. - Mais vous êtes… Monsieur Kaeniel n’est ce pas ? - En effet, on c’est même déjà croisé plusieurs fois. - Mais que faite vous là, si loin de la cité ? - Nous ne somme pas si loin que cela en fait, ton voyage a été plus court que tu ne peux l’imaginer. Malheureusement, il est dangereux pour un elfe de se déplacer seul de nos jours, même non loin de la Forêt des Cendres. Un silence se fit et, baissant les yeux un instant, Kaeniel soupira puis reprit. - Pour tout te dire, j’essaye d’être confiant mais au fond j’ai peur pour notre cité. Vois tu, les ressources sont comme nos terres, très convoitées, et quand les exploitations des autres peuples n’arriveront plus à produire assez de matières premières, ils viendront en chercher là où ils pourront en trouver, et nos terres en font partit. - Mais nous sommes assez nombreux pour nous défendre non ? - Le nombre ne fait pas forcément la force. Ce qu’il faut à un peuple c’est de l’organisation, de la diplomatie mais surtout de la sagesse pour prévenir plutôt que de faire la guerre. Je sais que tu es encore jeune mais j’ai vu ton dévouement à la cité. Je fais peut être partit des « hauts dirigeants » comme tu l’as souvent fait remarquer mais je vois beaucoup plus de choses que tu ne pense et j’essaye de faire au mieux mon travail pour le bien de notre peuple. Awandiel rougissait en voyant que Kaeniel avait remarqué ses discours pas toujours flatteurs à son propos. Mais Kaeniel était un homme sage et de part ses hautes fonctions il avait l’habitude des critiques. Il profitait donc de ces tête-à-tête qu’il avait parfois avec des elfes comme Awandiel pour se rapprocher du peuple. Elle, n’avait jamais eu l’occasion de s’adresser directement à lui, c’était la première fois qu’elle pouvait avoir une telle conversation avec une personne aussi importante que le Juge de Na’helli. Finalement, elle le trouvait assez simple, il faisait moins sévère et bureaucrate qu’elle l’imaginait. Elle se laissa donc prendre par une longue discussion avec lui, posant toutes sortes de questions sur la politique intérieure et extérieur, allant même jusqu'à lui confier ses peurs et ses doutes. Elle lui avoua ainsi son admiration pour les Sentinelles et ce désir qu’elle avait de faire partie de l’élite, afin d’aider et de protéger la cité. Elle voulait faire quelque chose de bien dans sa vie, et se mettre au service de son peuple était un bon début. Après ce discours, Kaeniel eu envie de la tester un peu. - Tu sais, être une Sentinelle n’est pas chose facile, il faut du courage, de la discipline et du bon sens. Sentinelle n’est pas juste un titre, c’est une fonction très importante au sein de la cité pour permettre son bon développement et pour maintenir l’ordre. Penses tu qu’une jeune elfe comme toi serait à la hauteur d’une telle tâche ? Awandiel, qui voulait secrètement depuis quelques temps faire partie de l’élite, avait plusieurs fois imaginé quelles pouvaient être les épreuves et les questions qui auraient pu lui être posées pour son incorporation. Elle avait tant de fois imaginé ses réponses, mais là rien ne lui venait. C’était comme surréaliste, Kaeniel était là, en face de lui, elle lui parlait depuis plusieurs heures et il lui posait maintenant une question qui remettait en doute ses compétences faisant contraste avec son souhait profond. Le silences demeura plusieurs minutes pendant lesquelles elle fut prise par tant de questions intérieures à la fois, qu’elle avait l’impression d’être aspirée dans une énorme spirale de doutes et de peurs et, comme dans un élan de confession, l’elfe livra ses pensées à Kaeniel comme pour se rassurer. - Je sais ce que vous devez penser de moi, si vous n’étiez pas là aujourd’hui… L’elfe baissa les yeux, une larme roula sur sa joue, puis elle reprit. - Je sais que c’est prétentieux de vouloir faire partie de l’élite, surtout aux vus de mes prouesses du jour. Je ne maîtrise pas encore vraiment la magie, je ne sais pas me battre comme d’autres grands guerriers de Na’helli, alors je sais qu’au fond je ne pourrait jamais être choisie. Pourtant j’aimerais pouvoir faire quelques chose d’utile, mais vous devez certainement penser et à juste tire d’ailleurs, que je serais plus un poids qu’autre chose… Kaeniel n’était pas surpris par cette réaction qu’il avait eu coutume de voir auprès des jeunes elfes qu’il avait recrutés, c’est pourquoi il savait qu’il ne s’était pas trompé. En effet, le plus important pour lui n’était pas la force physique ou magique, mais la volonté, car une bonne motivation donne toutes les forces du monde. Kaeniel avait toujours besoin de nouvelles recrues pour renforcer les rangs des Sentinelles et protéger la cité. Après tout il fallait laisser leur chance même aux plus jeunes… - Je suis sûr que tu feras une bonne Sentinelle. Il déposa dans sa main un joli petit médaillon frappé du symbole des Sentinelles, puis, lui souriant toujours, il se leva et repris son chemin. Bien après son départ, Awandiel resta là un moment, hébétée, contemplant le médaillon au creux de sa paume. Après quelques minutes elle se leva douloureusement, le regard à nouveau porté sur cet objet, preuve qu’elle n’avait pas rêvée, puis elle dit : - Alors je suis une Sentinelle ? Puis elle est fit demi-tour, rejoindre Le Freuh pour le prévenir qu’elle retournait en ville et le rejoindrait plus tard… Awandiel Leïthael
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