A s'y méprendre | |
Topic visité 486 fois Dernière réponse le 08/04/2010 à 19:59 |
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Le bruit lent et régulier des talons des soldats résonnait sur le pavé trempé et glissant de la ville endormie. Les flammes des torches vacillaient au rythme du vent qui s’engouffrait dans les étroites ruelles de la cité. Une ombre sur les toits suivait la ronde machinale des soldats et guettait chacune de leurs inattentions afin de s’approcher de son objectif sans être repéré. Cet objectif... une petite lucarne dans une tour, derrière laquelle dansait lentement la lueur d’une chandelle, tel un feu follet perdu au milieu de la nuit. Qu’y avait-il de si important dans cette si petite pièce lugubre et humide qui valait la peine de s’y attarder ? Probablement pas grand-chose, sinon un chansonnier raté, dont la plume trop usagée, couverte d’encre trop sèche perçait un papier trop ancien. L’ombre se faufile tout aussi vivement que furtivement sur les tuiles fragiles, enjambant de bonds agiles et souples les ruelles étroites. Dans la tour, derrière la lucarne, assis au bureau, l’homme se lasse de son imagination vacillante, qui se tord dans son esprit comme sa bougie sur son pupitre. Il la souffle, jette un œil à l’extérieur, le temps ne s’arrange pas, et il ne remarque que maintenant la violence avec laquelle la pluie vient battre les carreaux de sa chambrée, puis repousse sa chaise. Il se dirige lentement vers son lit, s’assoit sur sa literie miteuse en lambeaux et s’empare d’un luth au chevet de sa paillasse. Alors qu’il contemple l’instrument, s’apprêtant à l’accorder afin de jouer un air qu’il n’a pas encore fini d’imaginer, un bruit sourd vient attirer son attention vers la fenêtre. Un soubresaut le saisit lorsqu’il aperçoit les deux yeux noirs qui le fixent à travers le carreau. Puis tout s’enchaîne rapidement, si rapidement que l’homme n’a pas le temps de comprendre, et à peine reprend il son souffle qu’il ne sait déjà plus ce qu’il fait, épuisé, en pleine nuit, au milieu de la rue, sous la pluie battante, une manche déchirée, le bras en sang, et son luth à la main.
Puis, levant les yeux au ciel, les souvenirs lui reviennent peu à peu, les uns après les autres, dans un ordre, qui, a priori, n’est pas le bon, puis tout s’organise, tout devient clair, tout lui revient : Pourquoi il court, pourquoi il saigne, et surtout, pourquoi il ne devait pas s’arrêter... Lorsque le verre de sa fenêtre vola en éclat, l’homme ne su quoi faire, ni comment réagir, il se précipita vers la porte, sans prendre le temps de lâcher son luth, et tenta de l’ouvrir... fermée... « Foutue manie de mettre cette fichue clé à mon cou ! » pensa t-il, il n’avait pas plus le temps de s’emparer de sa clé que de place pour faire demi-tour et s’enfuir par la fenêtre, un poignard vint se ficher dans le bois humide et chanci de la porte branlante devant laquelle l’homme tentait de trouver le moyen le plus sur et le plus rapide pour lui de quitter cette pièce. A son tour il lança une dague qu’il avait pour habitude de porter à sa ceinture, et la feinte, bien que vive, de son adversaire, lui donna une occasion de bondir par la fenêtre en morceaux. Mais les pieds de l’homme ne le portaient pas aussi agilement que cette ombre qui avait pénétré sa demeure en pleine nuit, et il glissa lourdement sur le toit, emportant avec lui les tuiles qui se trouvaient sur son chemin. Lors de sa chute, et de la glissade qui suivit, il se blessa gravement au bras, avec lequel il put se rattraper, par chance, ou par miracle, au rebord du toit, évitant une chute de plusieurs mètres. L’ombre s’avança lentement vers l’homme, et s’accroupit à coté de sa main tremblante, ensanglantée et frigorifiée. « Allez allez, donne le moi, j’vais pas prendre le risque de l’abimer » L’homme regarda le luth qu’il tenait au dessus du vide et se souvint de la méthode peu engageante dont il usa pour s’emparer de ce rare objet d’art. Outre sa paillasse miteuse, son pupitre bancal et son talent d’écrivain médiocre, le luth qu’il tenait à la main, bien que volé vilement et honteusement, constituait sa seule richesse. « Viens le cher.... » il n’eut à peine le temps de finir sa phrase que ses doigts glissèrent sur les tuiles, et il atterrit lourdement dans les arbustes en contrebas et parvint à prendre la fuite, boitant risiblement un pas sur deux. Il traversa la ville, abandonnant son sang ça et là sous la pluie, « son » luth à la main, un mercenaire à ses trousses. Lorsqu’il quitta enfin la ville, il pensait être débarrassé de son poursuivant, après tout, la chance semblait lui sourire ce soir, il n’avait croisé aucun garde. Seulement, ledit poursuivant n’attendait que le moment propice où ce vil simplet de voleur de bas étages quitterait la ville pour frapper et lui enfoncer sa dague dans la gorge... cela sans compter sur le nouvel arrivant se trouvant là. Le voleur reprit sa course, jetant régulièrement un œil derrière lui pour s’assurer de ne pas être suivi. Sa course fut écourtée par un Olympien marchant tranquillement sous la pluie battante, qu’il percuta violemment, tombant sur le dos aussitôt. Son assassin profita de l’occasion pour sortir des broussailles et lui bondir dessus, dague au poing. Il fut aussitôt coupé en deux par l’Olympien qui croyait à une embuscade, et qui réservait le même sort à l’homme qui venait de le percuter : « Nan attendez ! Je suis pas avec lui ! J’vous jure ! J’ai rien fait ! C’est lui, il est tout seul ! J’y suis pour rien ! » L’Olympien rangea son arme et reprit sa route sans rien dire. L’homme se releva lentement et s’épousseta vivement. Comme l’Olympien s’éloignait de la ville, et que l’homme n’avait plus de raison d’y retourner, il décida de suivre son sauveur. « Merci de m’avoir aidé hein ! Sans toi j’étais fichu, j’ai couru pourtant, mais pas assez vite, il courait plus vite que moi l’autre. Mais en fait il avait raison de me courir après, j’ai volé ça ya quelques temps à un riche bourge, il a du payer ce type pour le récupérer... il en a mis sacrement du temps à me retrouver ! Tu te rends compte que des types sont capables de tuer pour un morceau de bois et deux trois bouts de ficelle ?! » « Et yen a qui sont capables de tuer pour moins que ça... » « Tu sais, je suis un peu un vagabond, comme toi, j’ai pas d’argent, pas d’affaires, pas d’abri, on peut faire route ensemble si tu veux, on pourra discuter... on aura toujours pas d’argent, toujours pas d’affaires, toujours pas d’abri, mais on aura un ami ! Et puis tu m’as sauvé la peau, sans toi je serai surement mort à l’heure qu’il est... » « Si j’avais su... » « ...remarque c’pas sur, parce que sans toi j’me s’rais pas vautré, et l’aut’déjanté m’aurait pas rattrapé... mais on va dire que tu m’as sauvé, au moins j’ai plus à courir... Donc ? Je fais quoi pour t’rendre service ? » « Tu la fermes, t’avances pus vite, et tu portes mon sac... » « Pour la petite histoire, je suis poète, et chanteur, toi tu m’as l’air robuste, je pourrais raconter en chanson tes exploits, on sera deux légendes vivantes... l’Olympien robuste, et son biographe... Eldon le lutin ! » |
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A.M.F Need you (oui, je fais ma pub).
Sérieusement, c'est sympa, léger, bref on accroche et on imagine déjà la scène entre les deux lurons "-Pas la peine de parler des papillons j'me suis dit. Ce pauvre type les verra bien assez tôt..."
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