Legends of Olympia : La Ballade des Mémoires - Au détour d'un caniveau...
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Au détour d'un caniveau...
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Dernière réponse le 11/06/2009 à 10:44

geant Par Notunato  le 10/06/2009 à 23:35

Une feuille volante se fait porter par le vent le long du caniveau. Vous remarquez qu’il y est écrit quelque chose, et poussé par la curiosité vous la ramassez. Celle-ci est trempée mais toujours lisible, vous l’essuyez alors grossièrement contre votre veste un peu miteuse et commencez à la lire :


J’ai encore une fois besoin de vider mon cœur et je prends donc ma plume pour écrire ce qui me pèse avant de jeter cette feuille. Je n’ai jamais voulu d’un journal intime, chose que j’ai toujours trouvé ridicule, mais je l’avoue, il m’est parfois nécessaire d’écrire mes doutes et mes convictions pour mieux les comprendre.

Le journal intime reste dans mon imaginaire le comble de la ringardise pour petite fille. Comment peut on croire qu’il soit nécessaire qu’une jeune géante raconte sa vie dans un carnet pour mieux exprimer sa féminité et ses sentiments.

Une petite fille… cette pensée aussi me fait sourire… je suis depuis longtemps devenu une femme… On ne se voit vraiment pas vieillir. Depuis quand suis-je donc une adulte? Depuis que mon corps a révélé une poitrine ? Depuis que je fus en âge d’aider la collectivité par mon effort et mon travail? Ou bien depuis que je suis devenue raisonnable et que j’ai arrêté de rêver ?



Je crois pourtant que si je devais définir le moment où la petite fille que j’étais est devenue femme, cela n’aurait rien à voir avec ce que je viens d’écrire. Ce serait plutôt le moment où j’ai été choisie.

Quelle révélation cela fut pour moi. Il faut dans la vie distinguer ce que l’on sait et ce que l’on comprend. C’est certainement cela la leçon que j’ai retenu de ce jour. A l’époque j’étais certaine d’être choisi par le feu, d’être sulfureuse et enflammée. J’avais alors décidé de commencer par les éléments dont j’étais sure qu’ils ne me correspondaient pas et je m’étais présentée devant l’autel dédié à l’eau.

Lorsque j’avais atteint celui-ci je fut étonnée de n’y trouver personne. Pas de géants se recueillant auprès de son élément, pas de gardien en vu. Je m’étais sentie bien fine alors. Comment fait on pour questionner un élément ?
Par soucis d’honnêteté intellectuelle je me décidais tout de même à rester et à réfléchir. Peut être que s’il se met à pleuvoir c’est signe que c’est mon élément me dis je en rigolant. Bon et bien puisqu’il ne pleut pas, c’est bon je vais pouvoir partir. Alors que je tournais les talons je m’approchais du petit étang aux eaux claires pour me rafraichir le visage avant la rencontre avec le prochaine autel.

Sur la surface de l’eau je contemplais mon visage. C’est là que je vis que j’étais devenue adulte. Par la gravité de mes traits.

Tout d’un coup mon corps bascula vers l’avant poussé par une personne que je n’avais pas entendu venir et le temps sembla se suspendre.


Mon reflet restait figé devant mes yeux et me regardait comme si il était à son tour un être distinct de moi.


-Tu es fille de l’eau, l’entendis-je murmurer dans ma tête.
-Je me répondis aussitôt que l’eau c’était ringard, que ça mouille, et que ça allait pas m’aider à avancer dans la vie.
-L’eau prend de multiples formes tu sais…
-Oui ben je sais, mais je sais aussi que je suis ridicule à parler seule dans ma tête alors que je suis en train de commencer à me noyer.
-Alors comprend le maintenant.


Et alors que le reflet disparaissait de ma vision je sentis mon corps s’enfoncer plus profondément dans le lac mais cette chute tout comme mes mouvements me paraissait interminablement long.
Une sensation inaccoutumée m’envahit alors. Comme l’eau j’étais au fond changeante, douce ou belliqueuse , naïve ou logique; j’avais voulu faire tous les métiers du monde et le regret que j’éprouvais sans que je m’en rende compte était celui de devoir choisir. Je compris donc à ce moment que qu’importe mes choix, ce n’était pas de la brutalité du feu dont j’avais besoin pour (sur)vivre mais plutôt de suivre mon instinct et de pouvoir être comme l’eau, multiple capable de changer mes choix et de ne pas vivre dans le regret de l’immuable.

Le reflet réapparu alors devant mes yeux

-Tu es fille de l’eau car depuis toujours tu sondes ton cœur dans son reflet, car tu vis en écoutant le flux et le reflux de ton sang, car aujourd’hui tu comprends ce qu’hier tu savais. Demain ser…


Vous ne parvenez pas à la lire la suite de la feuille car l’encre des dernières lignes s’est effacée, diluée par l’eau du caniveau et de la pluie. Un sourire apparaît alors sur votre visage et vous vous dites que vraiment des fois y a des cinglés qui racontent n’importe quoi.



nain Par Skalli Oeil-de-Coeur  le 11/06/2009 à 00:53

Comme quoi on ne trouve pas toujours que des déchets dans le caniveau (des déchets et -pouah !- de l'eau). N'hésite pas à y balancer d'autres pages, parce que je guette !



elfe Par Naurel Nioren  le 11/06/2009 à 10:44

De même, je reste à l'affût. Bon courage pour la suite.