Les ruines d'obsidienne | |
Topic visité 3511 fois Dernière réponse le 17/12/2012 à 14:32 |
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Précédemment...
~ Narrateur ~ En arrivant dans la forêt, il est clair que le lieu recèle quelque chose de malsain. Comme si une ombre s’étendait d’un arbre à l’autre, épaisse, fantomatique et solide, comme des fils de soie tendus tout autour du lieu. De mauvaises choses se sont déroulées dans cette vieille forêt d’arbres difformes, et d’autres y sont peut-être à l’œuvre. La forêt s’est-elle depuis toujours présentée sous cette pénombre glauque qui laissait place à la pire des imaginations ? Autant que peuvent en juger ceux qui l’avaient fréquentée par le passé, la mousse a envahi plus que de droit les lieux, sans doute aidée par les brumes opaques qui avaient fait leur bonhomme de chemin vers le nord, à la saison des vents l’année précédente. Tout ici sent le moisi et la décomposition. Mais si l’on parvient à passer outre les doigts griffus des arbres qui semblent s’acharner à vouloir se saisir des cheveux, vêtements, sacs et de tout ce qui dépasse, ce que l’odeur que le vent du sud porte n’a rien d’amicale. Un léger relent de décomposition, avec une touche de déjection et une note de pourriture… Et la certitude que ce qui se trouve là bas, au sud-est, n’a rien d’alléchant… Bien au contraire. ~ Aileen ~ Durant le voyage vers la forêt oubliée, bien souvent Aileen était restée seule, marchant silencieusement alors que son regard se perdait dans le lointain. Elle avait les traits tirés et se montrait moins vive qu’à l’accoutumée. Elle était fatiguée... Depuis qu’elle avait vu défiler les images de cette transe, si réelles, si terrifiantes, depuis qu’elle savait qu’ils se rendaient là où, peut-être, cette vision se réaliserait, elle n’était pas tranquille, pas un seul instant. Ses rêves étaient peuplés de cauchemars dont elle oubliait tout dès qu’elle s’éveillait. Ne restait que sa peur... Elle se refusait le repos, craignant de tomber à nouveau dans ces rêves malsains et même la présence réconfortante d’Evonis ne parvenait pas à lui arracher plus de quelques heures d’un sommeil agité. Pourtant, quelque part, elle gardait espoir. Elle savait que la transe avait été corrompue par des esprits malfaisants, sans savoir à quel point. Et elle tirait de cette simple certitude la force de continuer vers leur ennemi. Elle ne fuirait pas. Et la forêt était de plus en plus proche... Lorsqu’elle fut enfin en vue, la jeune Elfe se tenait aux côtés d’Evonis, toujours murée dans son silence. Sa main vint se glisser dans celle de son Loup, la serrant un instant. Elle ne laisserait rien lui arriver, se jura-t-elle une fois de plus alors qu’ils approchaient de cette forêt lugubre. La Cerf était certaine de ne jamais avoir mis les pieds à cet endroit, cette forêt aux arbres chétifs et racornis, pourtant elle avait l’impression de déjà la connaître. Elle l’avait déjà vue, dans cette sombre vision... Alors qu’il avançaient, instinctivement, elle ne pouvait s’empêcher de jeter des coups d'oeil aux alentours, guettant le moindre mouvement à travers les troncs noircis de la forêt oubliée. A ses yeux, le danger pouvait être partout... Et soudain, une flèche sortie de nul par vint de ficher dans un tronc, juste devant elle. Aileen s’arrêta net et serra encore la main d’Evonis, sondant les bois du regard. Elle était aux aguets, effrayée par cette menace... Et quelque chose arrivait... ~ Lindorie ~ Quelques saisons s’étaient écoulées depuis que Lindorie avait quitté Na’helli. Malgré son poste d’ambassadrice, elle n’avait pu empêcher les attaques répétées contre la ville. Elle avait donc fuit, et était retournée à son exploration d’Olympia en compagnie d’Alcyon. Celui-ci avait particulièrement tenu à se rendre dans la forêt oubliée. C’est là, au milieu de la forêt, qu’elle s’entraînait au tir à l’arc, tandis que son ami était parti s’aventurer vers les ruines de Quatar. Il semblait que de sombres choses se tramaient dans les environs. Cela la rendait assez soucieuse, et la déconcentrait quelque peu dans son entraînement... C’est ainsi qu’elle ne vit pas Aileen, visiblement perdue elle aussi dans ses pensées, au moment de décocher sa flèche. Celle-ci vint se ficher profondément dans l’arbre, à quelques centimètres seulement du nez de la pauvre pensive. Heureusement pour elle, celle-ci marchait lentement ce qui lui sauva probablement la vie. Elle s’élança à travers les arbres pour la rejoindre. Une fois arrivée à portée de voix elle lui cria : - Aileen ? Qu’est ce que tu fais ici ? Je suis désolée je ne t’avais pas vu, et la flèche était déjà partie... La surprise passée, semblant soulagée de voir un visage amical au lieu d’un ennemi, celle-ci lui expliqua brièvement la situation, tout en restant vaguement pensive. Quelque chose la tracassait à première vue mais Lindorie ne savait pas quoi... Elle décida donc de les accompagner aux ruines de Quatar, Alcyon devait les y attendre. Elle pensa pour elle-même : ”Je suis sûre qu’il avait prévu qu’ils viendraient...” ~ Isa ~ Ainsi le groupe s’agrandissait. Après l’arrivée de Lindorie on vit Ariakas, perdu dans ses pensées tandis qu’il contournait les sinistres remparts de l’ancienne citadelle du Banni. Elen avait conseillé à Isa de garder Lilei à l’abri au milieu de leurs compagnons. Et de fuir si quelque chose survenait... Mais n’était-ce pas leurs assassins potentiels qu’ils s’étaient mis en tête de débusquer au coeur de la Forêt oubliée ? Évidemment que ça allait mal tourner ! L’Olympienne observait autour d’elle amis et connaissances qui se rassemblaient. D’après Aileen, quelque soit leur nombre, leur force, leur détermination... Ils seraient bientôt tous morts. Qu’est-ce qui pourrait faire pencher le destin en leur faveur ? Son regard abandonna les gens, dépassa les bois noircis et les rochers pourpres de moisissure pour balayer la forteresse d’obsidienne qui se dressait non loin. Elle n’était qu’une masse sombre que de rares flèches aux reflets tranchants ne parvenaient pas à rendre élégante. Comment pouvait-on se frayer un chemin là-dedans ? Et si la vermine des bas-fonds de l’ancienne Quatar y grouillait encore ? Elle aurait été seule, sans doute qu’elle aurait réussi à rassembler assez de courage pour avancer. Mais la présence de Lilei la paralysait. La petite souriait, bien loin des considérations des grands. Un univers d’innocence dans ses yeux qu’Isa se refusait à exposer à l’environnement nauséeux de la Citadelle. Sans compter le risque ô combien tangible qu’elle fût conduite ni plus ni moins jusqu’à l’autel de son sacrifice... - Elen, c’est trop grand, il peut y avoir une armée cachée là-bas. Des scélérats armés jusqu’aux dents... - Nous en aurions vu les traces, ne lele. Et je crois que la réputation de l’Oracle effrayerait le plus courageux des hors-la-loi. Ce sont les Géants qui ont permis la chute de Quatar. - Oui... Tu as raison. La jeune femme devait avoir confiance en son mari. Son jugement n’était pas infaillible mais ils s’étaient toujours sortis des pires situations. Alors pourquoi pas celle-ci... Et si l’Impératrice en personne souhaitait que des forces se rassemblent contre cette menace, de deux choses l’une : elle était bien réelle et l’arrivée de renforts pourrait peut-être la circonvenir. |
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~ Aileen ~
Quatar. Aileen parvenait difficilement à décrocher son regard des ruines sombres de l'ancienne citadelle. Quelque chose s'y cachait-il ? Les tours noires qui s'élevaient jadis ici lui rappelaient les images de la transe à chaque fois qu'elle posait son regard dessus. Et toujours les mêmes interrogations lui revenaient. Qui étaient ce corbeau et cette forme brumeuse ? Que voulaient-ils, qu'était cette étrange boîte dont ils avaient besoin ? Elle ignorait tout des réponses à ces questions et sans doute que les ruines qui se dressaient là les gardaient. Alors qu'elle restait plongée dans ses pensées, elle remarqua à peine que leur groupe s'agrandissait : en plus de la présence de Lindorie, on pouvait à nouveau compter Tizi et Dalhia dans le groupe. Les deux lutins avaient pris un peu de retard, peinant à suivre l'allure rapide que les autres s'étaient donnée, mais finalement, ils avaient rejoint le groupe. Un peu plus loin, c'était Ariakas qui arrivait. La Cerf ne le vit surgir soudain alors que celui-ci semblait ne pas les avoir aperçu avant le dernier moment. Il ne semblait pas non plus réaliser vraiment où il se trouvait, remarqua Aileen lorsque, surpris, l'Olympien s'étonna d'être arrivé jusqu'en Forêt des Cendres. A vrai dire, la jeune Elfe imaginait mal comment on pouvait confondre la Forêt oubliée avec celle qui entourait Na'hellli tant elles étaient différentes. Là-bas, point d'arbres noircis et racornis, mais d'immenses chênes séculaires qui s'élevaient vers le ciel... Bref, au moins cette méprise avait-elle eu l'avantage de lui arracher un sourire. - Ben, c’est à dire que c’est pas vraiment la Forêt des Cendres... Fit-elle à l'intention du Paladin perdu. Vous êtes près de Quatar, ici ! Elle est juste derrière vous en fait... Expliqua-t-elle en désignant les ruines d'un signe de la main. La Cerf était néanmoins surprise qu'outre le fait d'avoir confondu Forêt des Cendres et Forêt Oubliée, Ariakas ne s'était même pas aperçu d'être passé à quelques dizaines de mètres des ruines de l'ancienne cité. Mais elle n'eut pas le loisir de se poser la question plus longtemps. Plus loin, elle perçut un son qui l'alarma dès qu'elle en eut reconnu l'origine. Des grincements métalliques inimitables, ceux d'un golem nain. Et derrière, les grognements, les pas lourds de celui qu'elle espérait ne jamais revoir. Instinctivement, elle recula alors que de sombres souvenirs lui revenaient, jetant des coups d'oeil inquiets vers Elen et Evonis. Qu'est-ce qu'il fallait faire ? Pourquoi venait-il ? Il y avait de fortes chances qu'il rejoigne le groupe pour prendre part à la lutte contre l'ennemi qui avait sans doute pris possession des ruines, il n'y aurait pas eu d'autre raisons à sa présence... Néanmoins... La Cerf ne pouvait s'empêcher de craindre autre chose... ~ Narrateur ~ L’odeur peu recommandable en provenance de l’est, charriée par le vent jusqu’au groupe à présent qu’ils se sont déplacés plus au sud de la forêt, ne cesse de les importuner. Les nouveaux venus ne peuvent s’empêcher de sentir les relents infects qui leur fait plisser le nez... ~ Elen ~ L’arrivée de Gourlx n’avait pas échappé non plus à Elen. Sa main se glissa sur la cicatrice, un ”G” plein de fioritures, exécutée par le Nain. Cependant, c’était à lui qu’il devait d’avoir rencontré Isa. S’il ne pouvait décemment pas le remercier, il ne pouvait s’empêcher d’éprouver de la gratitude qui se mêlait intimement à sa rancoeur. - Messire Ariakas, c’est un plaisir que de vous revoir. Je vous remercie encore pour l’aide que vous nous avez apporté face aux brumes. Il lorgna du côté du Nain : Voici donc ce que les fiers Nains ont réussi à nous envoyer... Toujours plus que la dernière fois... J’espère que vous ne regretterez pas trop votre commerce : votre hache pourrait être fort occupée en ces lieux... Il aurait eu envie d’annoncer qu’il était ”extrêmement attaché à son acquéreuse”, mais la blague était du plus mauvais goût et ne manquerait pas de froisser Isa. Aussi s’abstint-il de commenter plus avant. Si ce Gourlx avait fait tout ce qu’il fallait pour qu’il le déteste, il n’en restait pas moins un guerrier. Et c’est précisément de gens de sa trempe dont ils auraient besoin en cas d’attaque par d’éventuels Hors-la-Loi... ~ Dalhia ~ Dalhia avait couru dans la forêt, remarquant à peine son apparence pour le moins étrange, suivi de près par Tizi. Les deux lutins avaient pris du retard sur le groupe, ils étaient tous tellement grands ! Ils avaient du mal à les suivre lorsqu’ils avançaient aussi vite. Heureusement, Dalhia n’avait pas oublié où ils devaient aller. C’était plus au sud, dans un endroit qui s’appelait... “Quatre ares” ou quelque chose comme ça... En tout cas d’après ce qu’il avait entendu, ça n’était pas un endroit très amical. Et la forêt dans laquelle les deux lutins avaient retrouvé le reste du groupe ne faisait que confirmer cette hypothèse. Dalhia n’aimait pas trop cet endroit, les arbres ne ressemblaient pas à des arbres et en plus, il y avait une drôle d’odeur qui flottait dans l’air... Mais il avait bien fallu rattraper les autres alors, malgré tout, Dalhia avait couru. Et il avait fini par les rattraper ! Il s’était précipité vers Isa, content d’enfin être arrivé à les rejoindre. En plus, il aimait bien madame Isa, elle était gentille. - M’dame Isa ! On... On vous a rattrapé !! Fit-il en arrivant à toutes jambes, ne s’arrêtant que lorsqu’il fut certain de bien être aux côtés de l’Olympienne, soit à quelques centimètres d’elle. - D’accord Elen... Faisait la jeune femme, répondant à son mari. Un trèèèès grand Elfe qui faisait parfois encore un peu peur à Dalhia. Puis elle se tourna vers le Lutin, elle semblait pour le moins inquiète. Fais attention à Tizi, Dalhia, c’est dangereux ici... Le lutin ouvrit de grand yeux, palissant quelque peu. Il ne se doutait pas qu’ici, c’était aussi dangereux ! Et il avait laissé Tizi derrière pendant qu’il courait vers le groupe... Heureusement, elle les avait rejoints sans encombre... Mais qu’est-ce qui était dangereux ? Il y avait des gens méchants derrière les arbres ? Certains étaient tout biscornus et ressemblaient, aux yeux du petit Lutin, à des silhouettes humanoïdes tordues et menaçantes... - Ha bon ! Je... D’accord... Bredouilla-t-il avant de faire demi tour, revenant aux côtés de Tizi. T... Tizi, il faut f-f-faire attention... C’est d-d-dangereux par ici... Lui fit-il, tentant d’avoir l’air plus vaillant qu’il ne l’était en réalité. Maintenant qu’Isa l’avait prévenu, il ne cessait de jeter des coups d’oeil dans toutes les directions, craignant que quelque chose de dangereux sorte des fourrés. La moindre feuille frémissant à cause d’un souffle de vent le faisait sursauter... Il ne fut tiré hors de sa veille attentive que par les bruits insolites d’un golem nain... Au début, le lutin sursauta, et, alarmé, crut voir là l’arrivée d’un des dangers annoncés par Isa. Mais ni Elen ni les autres ne semblaient s’en effrayer. Enfin si, il y avait une Elfe avec des grands cheveux qui ne semblait pas très rassurée... Alors le Lutin se calma et s’approcha discrètement, se cachant à demi derrière un arbre au tronc aussi noir que les prunelles du Lutin lorsqu’arriva le Nain, sans doute le maître du golem. C’était la première fois que Dalhia rencontrait un Nain ! Il n’en avait jamais vu avant. Ou alors il avait oublié. En tout cas, c’était plus petit qu’un géant, mais plus large, aussi. C’était peut-être parce qu’il avait été tout tassé ? Du coup au lieu d’être grand, les Nains étaient devenus larges ? Ou alors c’était à cause de la barbe... Il ne pouvait s’empêcher de le dévisager, ouvrant de grands yeux curieux. Il avait à peine remarqué le troisième, un lutin qui accompagnait le fameux Nain. Il ne fut arraché à cette observation plus ou moins discrète que lorsqu’une brusque rafale venu de l’est lui apporta une odeur nauséabonde, puissante et... Réellement dégoûtante. Il recula brusquement, se planquant les mains sur le nez. - Ça puuuue ! C’est quoi ?! Lâcha-t-il, profondément écoeuré. En vérité, il avait senti cette odeur depuis qu’il était entré dans la forêt, sans doute comme tout les autres, mais trop occupé qu’il était à courir à en perdre haleine, il n’y avait pas prêté grande attention. Oubliant instantanément la présence du Nain, il dirigea son regard dans la direction d’où provenait, selon lui, cette odeur pestilentielle. Qu’est-ce que ça pouvait être ? Étrangement, tout le monde semblait préférer se tourner vers une étrange ville avec d’étranges bâtiments noirs faits d’une matière que ne connaissait pas le Lutin. Pourtant, rien ne bougeait là-bas et l’odeur venait de l’autre direction. Alors Dalhia pris le parti d’aller voir tout seul. Après tout, s’ils préféraient rester là, lui préférait aller à la recherche de la source de cette puanteur et peut être qu’il pourrait faire quelque chose pour qu’elle cesse. Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle ! ♥ |
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~ Machin ~
Ce fichu trajet dans cette forêt commence à porter sur les nerfs de Machin. La compagnie du nain gras plus qu’il ne l’est permis, au souffle rauque et au pas lourd, n’est pas la plus agréable pour une balade. Sans parler de l’affreux golem, une vraie absurdité ambulante cette machine, grinçant et couinant à en rendre fou, avançant à une allure démente pour suivre les enjambées enthousiastes de son créateur Gourlx. Ou peut-être est-ce simplement cette forêt. Même un esprit empli de vices ne peut être indifférent à l’atmosphère de ce lieu, oublié et pourtant si vif dans les souvenirs. Comme si le sang, la sombre magie, le crime et la haine empuantissaient encore les lieux, comme d’horribles miasmes de sensations dérangeantes. Et voilà bien quelques lieues que son ”Maitre” Gourlx hume l’air de ses affreuses narines de phacochère, un vrai don divin quand il s’agit de repérer un plat de viande, ou sortir une morve de la taille d’un lapin... Plus ils s’enfoncent dans cette forêt, longeant les ruines de l’ancienne Quatar, plus l’odeur qui agace les narines de l’affreux nain semble présente. Ce qui aurait pu sembler être le fumet de quelques des affreuses flatulences de Gourlx assaille maintenant avec insistance l’odorat délicat de Machin. Quelle puanteur ! Qu’est-ce que cela peut bien être ? Perdu dans ses réflexions, Machin finit par tomber face à un groupe de quelques Forestiers. Elfes des lunes et lutins étaient là, si près sans qu’il ne s’en rende compte. Il fût plus surpris de ne pas les avoir repérés plus tôt. L’aura malsaine de cette forêt semblait troubler tant ses pensées que ses sens. Tachant de dissimuler sa surprise sous un faux air d’assurance, il continua d’avancer vers d’un pas tranquille, tout en observant le groupe. Mi désappointé, mi amusé, il exprima tout haut ce que la vue du groupe lui inspirait, d’un ton moqueur dont transpirait toute la rancune et la rivalité qui l’opposait, lui, impérial depuis toujours, aux Forestiers présents. - Moi qui m’attendais à trouver ici de vrais guerriers... Au moins suis-je assuré que je n’ai pas devant moi la menace qu’évoquait le messager de sa gracieuse Majesté. Machin continua de toiser les Elfes, son éternel sourire narquois aux lèvres. Certains d’entre eux lui sont familiers. Certains d’entre eux portent la marque de son maître. Et... Oh voilà même une cliente, preneuse de la meilleure ”pièce” que les Chasseurs D’Immortels aient vendue dans leur carrière de marchands d’esclaves. Gourlx arrêta son bruyant golem d’un aboiement sec qui aurait pu ressembler à un ordre, avant de s’avancer d’un pas lent, plus lourd que jamais, roulant de ses larges épaules. Son menton à la barbe dense et sale relevée, le regard sombre, les mains fermement cramponnées à sa hache, tout évoquait chez lui une posture de défi guerrier, comme pour humilier ses rivaux par sa supériorité physique. Le nain idiot paraissait se repaître des quelques inquiétudes que semblait susciter sa présence. Une fois devant ses ennemis de toujours, Forestiers qu’il avait tant pourchassés et affrontés par le passé, il toisa d’un regard mauvais ces derniers, fronçant plus que jamais les sourcils. Machin tâcha de conserver son sérieux, amusé de voir son maître dans sa posture d’intimidation, comportement quasi animal à ses yeux, face à des individus de quelques têtes plus grands que lui. Il finit enfin par lâcher un grognement rauque, relâchant quelque peu la prise sur sa hache, donnait le signe qu’il acceptait l’idée que les Elfes n’étaient ni provocants ni menaçants. Une fois le petit manège du nain terminé, Machin reprit la parole de sa voix fluette et hautaine, s’adressant directement à l’Olympienne afin de marquer son mépris aux Forestiers. Il haussa la voix plus que nécessaire, conscient que le bruyant golem et l’épouvantable nain captivaient bien plus l’attention que sa petite personne. - Je déplore que si peu de combattants dignes de ce nom aient répondu à l’appel de sa gracieuse Majesté Salminar. Cependant nous voici, mon maître le tout puissant Gourlx, qui de sa hache et sa puissante magie sait défaire n’importe quel ennemis, et moi, son humble serviteur Machin. Il ajouta après un court silence, les yeux illuminés d’une étincelle malicieuse : J’ajoute toutefois que vous saurez sans doute apprécier l’aide d’un esprit si brillant et agile que le mien... Maintenant, je vous prie, pourriez-vous nous dire de quelle manière vous comptez procéder ? Et d’où vient cette affreuse odeur fétide ? Ne chatouille-t-elle pas vos délicates petites narines ? Machin adressa à l’assemblée un sourire aussi mielleux, moqueur et plein de malice que le ton de sa phrase. Il inclina sa petite tête sur le côté, attendant patiemment la suite des événements. ~ Ariakas ~ Le Paladin fit un clin d’œil à Aileen après qu’elle lui eut indiqué que Quatar était derrière lui, un sourire dessiné sur le visage. Après l’arrivée des Chasseurs d’immortels, Ariakas se tourna vers Elen semblant toujours aussi joyeux : -Vous ne devriez pas dire ça vous savez. Ma sœur dit que je porte la poisse. Puis indiquant quelques membres du groupe de la tête : Sinon ne trouvez-vous pas que le royaume des Némésies et autres zombies, n’est pas très approprié pour une classe verte ? Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes Responsable de l'Éclat des Lunes ♥ |
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~ Isa ~
- Allons donc, laissez à notre ami Rôde sa célèbre malchance, je suis sûre que vous êtes encore loin du compte. C’est un plaisir de vous revoir, Messire Paladin. Vous vous êtes éclipsé vite la dernière fois, au Lac... Dit Isa, heureuse de revoir ce compatriote de confiance. - Eh bien, messire Ariakas, nous ne sommes malheureusement pas là pour nous amuser. Répondit le Chaman, prenant décidément tout au pied de la lettre lorsqu’il s’agissait d’affaires sérieuses, sans percevoir la tentative de l’Olympien pour alléger l’atmosphère. Au flair, et vous savez depuis le nord qu’il n’est pas si mauvais que cela, je dirais que l’odeur vient de l’est et qu’il va falloir nous tenir sur nos gardes... Répondit-il au Lutin Machin, ignorant superbement les frasques de Gourlx, sa cicatrice le picotant tant et si bien que son esprit échafaudait mille et un plans pour raccourcir un peu plus le Nain, avant que sa raison ne l’emporte : ”Tu as besoin de lui, il va défendre Isa si tu lui laisses entendre qu’elle n’est pas de connivence avec toi. Et Lilei, par la même occasion...” Ainsi songeait-il en serrant les dents. - Nous devrions nous hâter d’ailleurs, il me semble avoir vu Dalhia filer dans cette direction... En tout cas c’est une surprise de vous voir ici, Messire Machin, vous et votre Maître. Si Gourlx était simplement terrifiant, Isa savait aussi que quelque part il tenait parole, même si ses causes n’étaient pas toujours des plus aimables. Machin avait eu à faire avec sa grand-mère d’abord puis à elle ensuite car le Nain était un fin artisan et elle devait à ses dons l’une de ses plus belles armes. De là à les considérer comme des alliés... A quel moment jugeraient-ils que leur association n’avait plus lieu d’être, elle n’en savait rien du tout. Elle se rapprocha d’Elen et lui lança un regard pour jauger s’il supporterait la présence de son ancien kidnappeur. Comme l’avait laissé entendre Ariakas, vu l’endroit où ils se trouvaient, il valait mieux garder les idées claires... Et elle n’eut pas à s’inquiéter, le Chaman visiblement tout à ce qu’ils faisaient... ![]() ~ Narrateur ~ Ceux qui se sont approchés des ruines de Quatar durant leur périple ont pu constater qu’elles sont telles que les avaient laissées les Lestrygons après leur passage en force sur Olympia : désolées et envahies de débris. Et à cela s’ajoutent les années qui ont donné des ailes à la végétation qui a repris ses droits sur ce terrain que leur avaient arraché les Hors-la-Loi. Certaines des barricades désertées, par la magie, ont même germé et des petites branches timides et rabougries en émergeaient. Le silence, bien que pesant, laisse le voyageur pantois : la vie gagnait ici du terrain sur la mort. Ceux qui sont ensuite partis à l’est, suivant l’odeur vagabonde portée par le vent, ont tôt fait d’en découvrir l’origine. A plusieurs dizaines d’enjambées de l’endroit en question se fait déjà entendre la rumeur d’un macabre festin : vrombissement de mouches et braillements de charognards. Mais c’est en approchant que l’on constate l’étendue du charnier : une dizaine de corps gisent, principalement des Elfes accompagnés de quelques Géants et d’Hommes Sauvages, ostensiblement dépouillés de leurs armes mais pas de leurs armures. L’appartenance des Elfes aux Clans des Lunes est évidente, de part les grigris et les vêtements qu’ils portent, bien loin des canons des Nobles. Visiblement peu intimidés par les intrus, lézards et autres reptiles voraces disputent aux nuées d’insectes des parts de choix sur leurs proies dont le sang s’est depuis longtemps autant glacé que le leur. Les criaillements frénétiques de corneilles et de corbeaux, dont certains s’affrontent pour un morceau de choix, rendent l’atmosphère aussi assourdissante que la puanteur la rend insupportable. Ils n’interrompent pas même leur festin lorsque quelqu’un s’intéresse au corps qu’ils dégustent, et les plus hardis vont même jusqu’à menacer les nouveaux venus par des sifflements ou des grognements : la viande est à eux ! Il semble y avoir deux groupes de cadavres. L’un des géants, le plus maigre des trois grands morts, gît les tripes à l’air, adossé contre un arbre. Derrière lui, deux Elfes porteurs de colliers de plumes noires, qui les identifient aux Corbeaux de la forêt des Cendres percés de traits et une femme sauvage, à demi décapitée. Face à eux, à un demi tir à l’arc, se trouvent les corps de deux Elfes qui pourraient avoir appartenu au clan du Faucon et une Géante. Leurs corps semblent cruellement déformés : des membres brisés nets et des multiples piqûres encore purulentes. Nul doute qu’ils ont eu affaire à la magie. Juste devant eux sont étendus encore trois Corbeaux et un homme sauvage, la langue tirée et leur gorge ouverte parfois jusqu’à l’os. Enfin, à mi-chemin des deux groupes se trouvent un Géant et un Elfe, dont les blessures laissent présager qu’ils ont été fauchés en pleine course par les mortels sortilèges. Les vermines rampantes ajoutant à l’horreur de la vision des corps, le spectacle a de quoi retourner l’estomac de plus d’un... ~ Isa ~ - Je vais aller voir... Fit Isa d’un filet de voix blanche tandis qu’elle mettait Lilei à l’abri dans les bras de son époux. Sa grand-mère lui avait enseigné différentes choses sur l’anatomie, les mutilations et autres traits peu ragoûtants que la vieille prenait comme sciences aussi exactes qu’essentielles. Elle noua un foulard humidifié autour de son cou jusqu’au nez, ajoutant au passage une ou deux gouttes d’extraits de plantes qui conjureraient au moins en partie l’odeur atroce que les cadavres dégageaient. Tandis qu’elle s’approchait et passait de corps en corps, elle se posa un certain nombre de questions, observant autant les victimes que leurs alentours : Etaient-ils tous là où ils étaient tombés ou avaient-ils été déplacés ? Leur mort remontait-elle à la même escarmouche ? Y avait-il des traces indiquant d’autres types d’adversaires, comme les morsures que les Némesies infligeaient, ou ce poison terrible dont les Zombies infectaient leurs adversaires ou encore d’autres étrangetés ? Elle sursauta maintes fois tandis qu’elle s’essayait à ses examens méticuleux, alors qu’une bestiole surgissait d’une plaie béante ou qu’un volatile tentait sa chance de picorer un lambeau de chair en atterrissant brutalement à moins d’un pas d’elle. Ce qui lui permit de rester fut la certitude qu’au lendemain, il ne resterait rien de tout cela dans son esprit, même pas un mauvais souvenir. Les armes manquaient mais elle chercha si certains étaient en possession de documents, de symboles ou d’un moyen quelconque de les identifier plus précisément. Et s’il s’agissait de deux groupes qui s’étaient affrontés, comme semblait le montrer la scène, pourquoi les vainqueurs n’avaient-ils pas rendu les derniers sacrements à leurs camarades tombés ? |
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~ Aileen ~
Au clin d’oeil que lui adressa Ariakas, Aileen répondit par un rire discret. Elle ne comprenait pas vraiment comment il parvenait à garder un tel optimisme alors que les circonstances ne s’y prêtaient guère... Au moins parvenait-il, aux yeux de la jeune Elfe, à détendre un peu l’atmosphère même si elle ignorait totalement ce que pouvait être cette “classe verte” dont il parlait... Elen, lui, ne semblait pas vraiment goûter à l’humour du Paladin mais Aileen ne pouvait que le comprendre... L’arrivée de Gourlx et Machin ne prêtait pas vraiment à la plaisanterie. Elle se contentait d’ignorer leur présence de son mieux, leur tournant ostensiblement le dos tout en restant à bonne distance. Qu’espérait-elle à agir de la sorte ? Rien, sûrement. Elle ne pourrait pas oublier leur présence mais au moins ne les avait-elle pas sous les yeux. Le Chaman, lui, gardait son calme, pourtant Aileen imaginait bien la difficulté de la chose, elle devait sans doute haïr les nouveaux arrivants au moins autant que lui... Plongée dans ses pensées, il fallut quelques instants à la Cerf pour s’apercevoir qu’une partie du groupe s’éloignait déjà. Dalhia, suivit d’Isa, Elen et Rorschach partaient à la recherche... De quoi ? Elle n’avait même pas fait attention... Toujours est-il qu’elle ne se voyait pas rester seule ici en compagnie du Nain. Il ne lui fallut pas plus d’une seconde pour se décider à suivre les autres dans leur avancée vers ce qui semblait être la source de l’odeur pestilentielle qui régnait. Elle ne put retenir un cri de surprise à la vue du charnier qui s’étendait devant eux. Si l’odeur et le vrombissement des mouches et autres insectes, couplés aux cris des charognards, laissaient présager le spectacle qu’elle avait devant les yeux, le découvrir n’en restait pas moins écoeurant... Et effrayant. Elle détourna le regard quelques instants, craignant de se sentir mal. Dalhia, lui, était resté quelques instants étonné devant ce spectacle avant de reculer brusquement, effrayé, venant se cacher derrière les jambes d’Elen et d’Isa. Lorsque cette dernière s’avança courageusement en direction du charnier, le petit Lutin n’eut d’autre choix que de se réfugier pour de bon derrière Elen. Au moins l’Elfe était-il grand, faisant de lui un très bon abri pour un petit lutin effrayé. Heureusement pour lui, Tizi n’était pas là pour le voir se cacher de la sorte... Aileen reporta son regard sur les cadavres lorsqu’Isa arrivait à la hauteur des premiers d’entre eux. Mentalement, elle remercia l’Olympienne qui avait trouvé le courage de se lancer dans cet exercice. Elle même n’aurait sûrement pas été capable d’aller aussi loin qu’elle. Affronter ces corps de Géants, d’Elfes déchiquetés, non, elle ne pourrait pas... ~ Ariakas ~ Ariakas regarda Isa s’éloigner. Puis il se baissa légérement pour s’adresser à la petite Lilei comme Elen ne semblait avoir compris ce que voulait savoir le Paladin. - Dis-moi petite, qu’est-ce qui t’amène en voyage dans nos jolies contrées ? ~ Elen ~ Les yeux de l'enfant s'agrandirent en voyant Ariakas, puis ses petits bras s'agitèrent. Elle avait pris un air boudeur depuis que l'odeur l'incommodait, même si son père l'avait éloignée du charnier non sans avoir demandé à Isa de faire attention. Elle retrouva instantanément son sourire le plus charmeur lorsqu'il s'adressa à elle, avant d'agiter ses petits bras, babillant à l'attention du Paladin : - Badaba ! Ba ! Nana ! - Elle est un peu jeune pour vous renseigner... En vérité, nous sommes là à cause des rumeurs du retour des Hors-la-Loi et du mauvais présage que cela pourrait être pour tous les citoyens des Terres Connues. Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
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~ Gourlx ~
A l’instar des autres membres du groupe, Gourlx s’avança vers les corps, source de la puanteur qui lui dérangeait les narines. Non, ça ne se mange définitivement pas, même si quelques bestioles s’y laissent aller avec enthousiasme, il n’y a rien ici pour ouvrir l’appétit du Nain. A part peut-être un petit corbeau rôti... Tandis qu’il observait avec détachement les corps, Machin paraissait peiner à conserver son impassibilité. Plus pâle que jamais, il prit tout de même sur lui d’approcher de plus près le charnier. Aussi écœurant que soit le spectacle, tout cela l’intriguait. L’affreux nain contemplait pensivement les corps en décomposition. Ça ne ressemblait pas vraiment à une bonne bataille comme les nains savent les faire, avec des sortilèges runiques fracassants et des coups de hache qui découpent en rondelles. Lui-même se serait laisser aller à charcuter bien mieux ces Elfes. Il grogna un coup, dubitatif. - Vaudou... Machin s’efforça de prendre la parole, lâchant un pauvre hoquet d’écœurement tant l’odeur et la vision morbide des corps grouillants le prenaient à la gorge. Il ne restait qu’une pâle trace de son assurance dans sa voix. - Hm ça pourrait être la magie géante qui a terrassé certains de ces malheureux, en effet. Mais sans doute pas uniquement cela. Il pointa d’un doigt mal assuré les cadavres géants. Qui sait si tout ces gens sont bien du même groupe. En ce qui me concerne je doute fort que nous ayons affaire à une seule race. Mais comment distinguer les agresseurs des agressés parmi les corps ? Machin fit encore quelque pas chancelants en direction des cadavres. Le teint verdâtre, plus nauséeux que jamais, il semblait pourtant tout absorbé par l’énigme que présentait cette macabre scène. - On pourrait croire à une embuscade brutale et rapide. Mais tout ces gens ne se seraient pas aventurés ici sans armes, et c’est pourtant la seule chose qui manque. Si ce sont des pillards qui ont agi, pourquoi n’ont-ils pas emporté armures, vêtements et toutes possessions de quelconque valeur ? C’est ma foi plutôt inquiétant, on pourrait croire que les auteurs de ces exactions cherchent à s’armer plus encore qu’ils ne le sont déjà. Et la violence de l’affrontement laisse penser qu’ils sont loin d’être inoffensifs... S’écartant avec soulagement des corps, Machin tourna son regard vers les Forestiers présents. Une légère note de mépris dans la voix, il s’en remit pourtant à eux tandis que l’affreux Nain tournicotait en grommelant parmi les dépouilles retournant à la nature. - Qu’en dites-vous ? Beaucoup de cadavres sont des membres de votre espèce, que pensez-vous de leur présence ici, en compagnie de Géants ? Ces braves montagnards auraient-ils été victimes d’une attaque de vos amis des forêts ? Ou l’inverse, qui sait ? ~ Ariakas ~ Le Paladin baissa la tête dépité. Non pas par la réponse Lilei mais par celle d’ Elen. Puis il tourna la tête vers le Chaman tel un hibou, en version moins souple. - Messire Elen... ... ... Que fait ce bout de chou ici ? ~ Elen ~ Elen saisit enfin le sens de la question. - Elle est née loin dans le nord, Messire. Nous n’avons eu d’autre choix que de l’emmener avec nous, sachant de plus la Forêt des Cendres envahie. Elle est plus en sécurité au sein de ce groupe que la-bas. C’est certain. Et c’est une louve, vous savez. La vie sauvage, elle ne la craint pas. Elle aime sourire à l’Oracle aussi impressionnant soit-il. Elle est pleine de courage. |
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~ Aileen ~
- Bien sûr qu’ils ne sont pas de la même race, même vous devriez le voir... Lâcha Aileen après avoir entendu les suppositions de Machin. Tout comme le lutin, la présence des cadavres et l’odeur de mort la mettaient plus que mal à l’aise. Adossée à un arbre, pâle, l’Elfe avait peiné à terminer sa phrase, les derniers mots se perdant dans un murmure. Pourtant même si ce spectacle lui soulevait le cœur, elle ne pouvait en détacher son regard, comme prise d’une fascination morbide pour les forces qui s’étaient déchaînées ici. Les images de la vision se rappelaient à elle. Auraient-ils à affronter la même magie que celle qui s’était déchaînée ici ? S’arrachant un instant à ses pensées, elle ferma les yeux quelques instants, tentant de calmer ses nausées puis baissa à nouveau son regard sur cet affreux lutin. Elle s’en voulait presque de se sentir aussi mal à l’aise que lui face à ce charnier mais sa fatigue de plusieurs jours sans repos, ou presque, et la peur qui la suivait constamment depuis qu’ils avaient repris la route ne l’aidaient en rien à supporter ce spectacle. - Il y a... Des Elfes... Pas des Nobles, ils sont des clans, comme nous. Expliqua-t-elle. Je crois reconnaître des Corbeaux pour la plupart. Et un Faucon. Non, deux Faucons... Et le dernier, je ne sais pas à quel clan il appartenait... Un Loup ou un Cerf peut être. C’est tout ce que je peux dire. Et j’ignore bien pourquoi ils étaient là, les Clans n’ont pas le contrôle absolu sur leur membres. Elle resta silencieuse quelques instants, reportant à nouveau son attention sur les corps. Fallait-il déduire quelque chose de leur positions ? De leurs blessures ? Elle n’en savait rien, mais à force de les regarder fixement de la sorte, elle avait l’impression que quelques détails lui sautaient aux yeux lui permettant d’effectuer de simples déductions pour reconstruire partiellement la bataille qui avait eu lieu. - Les Faucons, là-bas... Fit-elle en désignant les corps des deux elfes étendus près de la Géante. Ils ont sûrement abattu ceux-là. Elle désigna ensuite les corps des deux Corbeaux dont les cadavres étaient encore percés de flèches. Et eux deux, là... Cette fois, elle montra le géant et l’elfe dont elle ne pouvait identifier la provenance. Je pense qu’ils ont été... Tués par magie, en pleine course... Alors... C’était peut-être des guerriers, ceux qui ont tranché la gorge des autres... Supposa-t-elle. Elle n’osait parler trop fort, comme si les morts auraient pu l’entendre, uniquement par phrases courtes, prenant parfois quelques secondes de répit entre chacune d’entre elles. La Cerf semblait craindre de ne plus parvenir à contrôler son malaise si elle parlait trop longtemps. Mais pour l’instant, ces deux combattants l’intriguaient, surtout l’Elfe. Cette façon de se lancer dans la bataille... A première vue, il n’avait rien de particulier, contrairement aux Corbeaux qui arboraient ces plumes noires reconnaissables entre toutes et aux Faucons vêtus de souples armures de cuir propres à celles qu’affectionnaient les archers. Mais cette façon de se lancer à l’attaque... Il ne pouvait être qu’un Loup... Elle secoua vivement la tête. Non, mieux valait ne pas y penser. Et arrêter de faire trop d’hypothèses sur la bataille. Pour le moment, du moins. Isa pourrait peut-être leur en dire plus... ~ Ariakas ~ Le paladin se redressa. Et s’adressa à Elen d’un ton sérieux dénué de toute agressivité : - Je ne peux peux vous empêcher de faire à votre guise mais sachez que je désapprouve l’idée de la garder avec nous. A la première volée de flèches vous allez être blessé en voulant la protéger. Vous ne pourrez vous défendre efficacement sans la déposer quelque part. Et aussi courageux soit-il, un oisillon reste un oisillon. Ariakas commença à se diriger vers l’attroupement à l’Est. - Les morts ne peuvent protéger personne messire Elen... ... ...Les VISA le peuvent. Dit il en montrant l’Oracle du doigt. Arrivé à la hauteur de Aileen le paladin s’arrêta et jeta un rapide coup d’œil au massacre. Il se gratta le nez puis le sourcil. - Ça a du faire mal... Puis élevant un peu la voix. - Seigneur Gourlx ! Serait-il possible que votre golem empile les cadavres une fois votre analyse finie afin de les brûler ? Narrateur A première vue, aucun des corps n’a été déplacé et tous ont trouvé la mort dans le même combat. Les deux groupes se faisant face, on peut imaginer qu’ils se sont opposés mais que feraient des Géants associés à des Elfes, luttant contre d’autres Géants alliés à d’autres Elfes et à des Hommes Sauvages ? Cela n’a aucun sens ! En tout cas, nulle trace de blessures infligée par des araignées géantes ou par des morts-vivants : si combat il y avait eu, c’étaient des armes conventionnelles qui s’étaient opposées. Les Elfes percés de traits sont ceux tombés le plus à l’est. Les flèches, empennées de blanc percent le ventre et le cou du premier, le second percé à l’oeil. Ils gisent dos à terre, sans doute tombé à l’impact des projectiles. Sur eux, rien hormis leurs étranges colliers de plume et des vêtements en lambeaux. La femme sauvage, elle, se trouve dans une position des plus étranges, tombée au sol probablement de profil, sa tête perpendiculaire à son corps, rattachée à celui-ci par des lambeaux de peau et sa colonne vertébrale. Nul doute que le coup venait de face et qu’ils s’agissait d’une lame bien aiguisée. Juste devant elle, contre son arbre, le géant semble contempler le groupe qui leur fait face de ses yeux déjà dévorés par la vermine. Son ventre a comme explosé sous l’impact d’un lourd poids. C’est bien la seule blessure qu’il porte, mais l’odeur et l’agitation dans sa chair ne pousse pas à un examen trop attentif. Néanmoins, si la curiosité l’emporte sur le dégoût naturel, on trouve dans ses poches encore quelques amadous en bon état et les restes d’un parchemin, délavé, froissé et abîmé, sur lequel on peut déchiffrer : ”L’objet doit...” Tâche de sang. ”...trouvé. Il contenait...” Trou. ”...mais qu’est-ce que l’espoir s’il...” Encre délavée. ”...reste rien d’autre...” Encore délavée ”interieur ? C’est à...” Le reste est illisible. En examinant bien le sol entre ces cadavres, sous divers débris végétaux remués par les bêtes, se trouvent quelques flèches ayant manqué leur cible et qui se sont brisées sur une pierre ou contre un tronc. Toute autre trace a disparu suite au passage des charognards. Le Géant au centre est tombé face contre terre, sa jambes gauche et sa nuque brisés nets. Si son tibia cassé est bien resté logé dans la chair putréfiée, le péroné a fait une audacieuse sortie à l’extérieur, fendu en son milieu. Ses pas lourds encore imprimés sur le sol derrière lui sont réguliers : jambe et nuque ont vraisemblablement été brisées au même instant. En plus de ses vêtements, il transportait sur lui une gravure, celle d’une géante entourée par les flammes. L’Elfe, lui, ne témoigne pas de signe particulier, mais ses jambes ont été cassées nettes elles aussi. Il a chu en arrière et à en juger par les plaies diverses et l’état pitoyable de son visage, il a été sévèrement picoré par des volatiles. L’aspect de ces blessures laisse présager que la plupart datent d’avant la mort, même s’il est vrai que les satanés oiseaux se sont laissé aller à festoyer sur ce corps autant que sur les autres. Les corbeaux et l’homme sauvage sont morts rapidement, à n’en pas douter : ils ont été égorgés proprement, sans accrocs. Ceux qui les ont agressés ne leur ont pas laissé le temps de réagir. Rien d'intéressant sur eux. Les Faucons et la Géante présentent les mêmes blessures que les deux autres : attaque de volatiles massive et pour certains membres brisés, avec en plus ces traces de piqûre étrange d’où a suinté du pus jaunâtre. L’un des Faucons a saigné des oreilles et des yeux, vu les traces qu’il porte, et ses mains sont posées sur ses oreilles, comme s’il avait été assourdi par un terrible hurlement. Un autre a les pieds pris dans des racines jaillies droit du sol et ses ongles bleuis laissent penser à un empoisonnement sévère. Si l’on se penche sur sa bouche, on peut constater que sa gorge est obstruée tant elle a dû enfler. Aucun de ses corps ne porte d’objet de valeur : divers camelotes sans importance. Narrateur pour Amallya, Isandre et Fulminor En arrivant dans la Forêt Oubliée, vous sentez instantanément une odeur désagréable, aux relents de mort légers et en harmonie avec le décor lugubre des bois. Si vous décidez de suivre l’odeur jusqu’à sa source, vous ne tardez pas à tomber sur un groupe hétéroclite d’Impériaux et de Forestiers au beau milieu d’un charnier qui semble dater de plusieurs jours. Certains se sont détachés du groupe pour observer les morts de plus près. Ces cadavres, il y en a deux groupes : l’un comporte un Géant, deux Elfes identifiables à des Corbeaux et une Femme Sauvage, mutilés à divers degrés : les Elfes sont percés de traits, la femme du peuple de Gaïa est à demi décapitée et le géant éventré contre un arbre. L’autre comporte deux Elfes, probablement des Faucons et une Géante, tués par la magie, ainsi que trois Corbeaux et un Homme Sauvage égorgés. A mi-chemin des deux regroupements, gisent un Elfe et un Géant, fauché en pleine course par des sorts, à ce qu’il semble. Si vous vous approchez de Quatar en chemin, les remparts sont encore hauts et infranchissables, bien qu’érodés par le temps : les arbres ont repris leurs droits ici ou là et les murailles de bois ont par endroit recommencé à pousser. De l’extérieur, la ville semble silencieuse. Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
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~ Isa ~
L’Olympienne revint vers ceux restés à l’écart de la scène de l’escarmouche et parut soulagée lorsqu’elle ôta son foulard de devant son visage, même si les effluves n’étaient guère plus agréables à cette distance. Elle partagea avec eux les détails de ses observations. Sans oublier le parchemin qui, faute de donner beaucoup d’indices, reliait indubitablement cette attaque à leur vision. Aileen avait commencé à imaginer le déroulement du combat et Isa espéra que les informations glanées aideraient la Cerf à dévoiler complètement ce qui s’était passé. - Les Faucons ont peut-être traqué les Corbeaux depuis Na’helli... Un lien de parenté entre l’un des Géants qui aurait commis le vol et ceux qui se seraient associés aux Faucons pour les traquer... Toujours est-il qu’il y a eu des survivants, ou les armes seraient toujours là. Pas de boite non plus... Soit ils étaient très pressés, soit elle est encore entre de mauvaises mains. Des gens honorables n’auraient pas laissé ce charnier, à moins d’y être vraiment obligés... Oui c’est une bonne idée de tout brûler et d’offrir à ces âmes le voyage jusqu’aux Enfers. Trop d’esprits perdus hantent encore le monde des Vivants pour ne pas agir lorsque nous en avons l’occasion. Ensuite... Ils ont plusieurs jours d’avance sur nous, pensez-vous qu’ils se terrent dans les ruines de la Citadelle ? Encore remuée par ce qu’elle venait de voir, elle fit quelques pas jusqu’à leur charrette dans l’espoir de se rafraîchir un peu avant de reprendre Lilei. C’est alors qu’elle crût apercevoir se faufiler au loin, entre les bois denses et sombres, la silhouette d’une très jeune femme sauvage qui venait vers eux... - Elen... Souffla-t-elle, craignant qu’une nouvelle attaque s’abatte cette fois sur eux. On vient... ~ Amallya et Isandre ~ Quelques jours auparavant, près du guet qui avait matérialisé, très officieusement fut un temps, les terres sous domination lardanienne des territoires que se réservaient la faune de Quatar, la Conseillère Amallya et le Chef des LEDA accompagné de la vieille Isandre s’étaient rencontrés. Comme celle-ci craignait que le Géant toujours impétueux sur ses grandes jambes ne la sème pour courir dans une mauvaise direction, elle lui répétait plus souvent que de raison : - Plein Est, Chef. Tizi y est, c’est facile... Mais elle changea de rengaine lorsqu’elle aperçut la Femme Sauvage. Hum... Vous êtes bien loin de chez vous, Conseillère. Est-ce l’appel de Son Altesse qui vous amène ici ? - La poursuite d’un criminel est la raison qui m’amène ici. Le lâche s’est malheureusement réfugié derrière les murs de la Cité Blanche et j’ai donc décidé de me rendre dans la Forêt Oubliée pour m’enquérir des intentions de ses résidents. - Ah pour sûr ! A se demander si Lardanium n’est pas la nouvelle Quatar... Puissent les Dieux un jour venir déchiqueter cette lie. Cracha l’Incarnation. N’avait-elle pas vu ce Nain harceler d’honnêtes citoyens de la Capitale avant de courir se perdre dans les marchés pour essayer d’échapper à son juste châtiment ? Haha, son espoir avait fait long feu, Fulminor et elle y avaient veillé, Hadès en soit témoin. Et s’il avait été le seul... Mais non ! Ils grouillaient littéra... - Certes. Ecourta Amallya. Quoi qu’il en soit, et si j’en crois la direction que vous prenez, j’en déduis que vous vous rendez également à la Forêt Oubliée. J’imagine que votre compagnie me sera moins désagréable que la solitude, aussi ferons-nous route ensemble. - Nous y allons, en effet. Les requêtes de son Altesse ne sont pas facultatives pour les factions de l’Empire dignes de ce nom. La vieille garda pour elle son sentiment sur la compagnie des Forestiers mais sa mine agacée était tout aussi évocatrice. - Ne vous méprenez pas, je ne suis nullement là pour obéir à votre impératrice. Je souhaite simplement déterminer les intentions des habitants de la Forêt Oubliée. Après tout, les ennemis de l’Empire pourraient s’avérer être les alliés des Forestiers. - J’entends bien. Et pour moi cela n’a jamais fait grand doute. Qui se ressemble s’assemble... Ainsi leurs buts pourraient bien diverger sensiblement... Isandre ne put cacher son mépris tant l’opportunisme des Forestiers lui paraissait évident. La femme sauvage accueillit d’un sourire la réponse de la vieille dame : - Si ces âmes me ressemblent tant alors j’ai hâte de les rencontrer. Et puis, cela ne peut guère être pire que les impériaux que j’ai l’habitude de côtoyer. - Au moins nous savons à quoi nous en tenir. Fit Isandre, tandis qu’un sourire carnassier déformait son visage déjà largement parcheminé. ~ Aileen ~ Aileen resta silencieuse aux explications d’Isa, hochant la tête de temps en temps. Lorsque l’Olympienne en eut terminé, elle ne broncha pas plus, se contentant de fixer à nouveau les cadavres. Elle réfléchit un moment, peut-être trop long pour la patience de certains avant de reprendre la parole. - Je crois que je comprends un peu mieux ce qu’il s’était passé... Fit-elle avant de se lancer dans des explications plus ou moins hasardeuses. Selon elle, le groupe constitué de la géante et des deux faucons ainsi que du géant et de l’elfe étendus plus loin avaient attaqué les huit autres, commençant par s’occuper des trois corbeaux et de l’homme sauvage alors que les Faucons criblaient de flèches les Corbeaux situés en face d’eux, ou au moins l’un d’entre eux. La riposte des mages leur aurait été fatale. Le géant porteur du parchemin, elle supposait qu’il ait pu être tué par une Explosion d’Adamant, un puissant sort des Lunes qu’un Corbeau du groupe d’attaquants, qui aurait survécu à la bataille, aurait pu lancer. La femme sauvage égorgée elle aussi aurait, selon l’Elfe, été abattue par un guerrier survivant. Elle se tut un instant, calmant une nausée subite avant de secouer la tête. Disserter plus en détail sur la bataille qui s’était jouée là ne servait à rien. - C’est pas important, de toute façon. Les morts ne nous apprendront rien. A ses yeux, mieux valait se préoccuper des indices que semblait contenir le parchemin trouvé par Isa. Elle fit volte face, revenant sur ses pas avec un certain soulagement. Si Ariakas voulait offrir le voyage vers les Enfers à ceux-ci, elle n’y voyait pas d’inconvénients.. Mais elle ne pourrait certainement pas l’y aider, la simple vue des corps en décomposition suffisant à la mettre mal à l’aise... Le texte semblait parler de la boîte qu’elle avait vue lors de leur transe, dans le Nord. Sans doute était-elle ici, mais que pouvait-elle contenir ? Le parchemin était abîmé à l’endroit même qui précisait cette information ! Dalhia lui, avait suivi Isa lorsqu’elle s’était éloignée, trottinant derrière elle. Il n’avait pas vraiment compris ce qu’Aileen - il avait réussi à retenir son nom - avait expliqué. Ca parlait d’animaux, de faucons et de corbeaux mais lui il n’avait pas vu où ils étaient et c’était dommage, il aimait bien les oiseaux... Enfin, si, il y avait juste les corbeaux qui mangeaient les cadavres. Mais il n’avait pas vu de faucons. Ni de loups ou de cerfs. Il s’arrêta non loin de la carriole où attendait déjà Elen, sa fille dans les bras. Lorsqu’Isa se pencha vers le Chaman, lui murmurant quelques mots, le petit lutin tourna le regard vers les bois, sans pour autant discerner la présence dont s’alarmait l’Olympienne. Intrigué, il fit quelques pas, jetant des coups d’oeil dans toutes les directions. - Y a quelqu’uuun ?!! Finit-il par lancer, fort peu discrètement. |
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~ Amallya ~
Cette rencontre avait été distrayante pour Amallya. Pour avoir déjà rencontré Isandre par le passé, la Conseillère la savait amère et peu encline à côtoyer les peuples forestiers. Ainsi avait-elle pris un malin plaisir à forcer cette vieille femme à faire route avec elle. Mais si cette plaisanterie l’amusa quelques temps, Amallya en fut rapidement lassée. La femme sauvage ne pouvait se permettre de voyager à la même allure que la vieillarde. Aussi, sans un mot, la Conseillère accéléra le pas pour rapidement distancer Isandre. La vieille femme ne sembla pas s’en plaindre, probablement soulagée de ne plus avoir à supporter la compagnie de cette espèce inférieure. C’est donc seule que la femme sauvage arriva aux abords de la forêt oubliée. Cette immense forêt, dont la lisière semblait s’étendre jusqu’aux neiges du nord, paraissait plus grande encore que la forêt des Cendres. Amallya hésita à l’orée de la forêt. Après tant d’années passées dans la forêt des Ombres, dans la forêt du Renouveau et même dans la forêt des Cendres, la conseillère en connaissait désormais chaque recoin. A l’inverse, la forêt oubliée lui était par contre parfaitement inconnue. Jamais Amallya ne s’était encore risquée dans cette forêt maudite, terre des hors-la-loi. De nombreuses histoires circulaient à propos de cette forêt. Tous s’accordaient à dire que, depuis la chute de Quatar, aucune âme n’habitait plus cette forêt. Pour autant, peu nombreux était ceux qui osaient s’aventurer dans ce lieu encore hanté des fantômes de son sombre passé. Les récents événements leur avaient d’ailleurs tous donnés tort. La forêt oubliée était de nouveau habitée. Cette pensée tira Amallya de ses réflexions. Elle avança d’un pas déterminé et pénétra dans la clairière la plus proche. Tout en progressant, la femme sauvage restait attentive à ce qui l’entourait. Elle semblait chercher quelque chose… Ou quelqu’un. Pour progresser dans cette immense forêt et éviter de s’y perdre, Amallya avait besoin d’un guide. Finalement, après avoir longuement étudier les spécimens qui l’entouraient, la femme sauvage s’approcha d’un imposant épicéa. - Animes toi ! Lui ordonna-t-elle d’une voix grave et puissante. A ces mots, les branches de l’arbre vibrèrent, le sol trembla et les racines jaillirent du sol, projetant des mottes de terre aux alentours. Finalement, lorsqu’il fut libéré de ses entraves, l’arbre s’immobilisa devant la conseillère, attendant ses ordres. - Guides moi ! Mènes moi devant les nouveaux résidants de cette forêt ! L’arbre se remit aussitôt en mouvement pour se diriger vers le cœur de la forêt, se frayant un chemin entre ses semblables. Amallya lui emboîta le pas, marchant d’un pas vif derrière les grandes enjambées de son guide. Tandis qu’ils progressaient rapidement à travers la forêt oubliée, les odeurs de bois et de résine furent progressivement recouvertes par des odeurs nauséabondes de chair en décomposition. Finalement, l’arbre s’immobilisa et Amallya le contourna alors pour découvrir avec stupéfaction les visages familiers d’Aileen, d’Elen, ainsi que d’autres forestiers et impériaux au milieu d’un charnier semblant dater de plusieurs jours. ~ Aileen ~ Dalhia prêta à peine attention à l’arrivée de la Femme Sauvage. Il avait vu derrière elle quelque chose de bien plus intriguant à ses yeux. Un arbre étrange qui bougeait. Il agitait ses racines avec assez de force pour se déplacer, au lieu de simplement les plonger dans la terre comme la plupart des autres végétaux. Mais pour l’heure il s’était immobilisé, légèrement à l’écart du groupe. Dalhia s’était approché - pas trop près - et examinait l’arbre sous toutes ses coutures, prenant soin de ne pas lui marcher sur les racines, le fixant d’un air à la fois surpris et émerveillé. Il n’avait jamais vu ça ! Un peu plus loin, c’était Aileen qui s’étonnait, non pas de la présence d’un Tréant que seuls les Sauvages savaient animer, mais bien de l’arrivée de la conseillère que la créature accompagnait, Amallya. La Cerf s’était demandé à plusieurs reprises au cours des saisons passées où la Femme sauvage avait bien pu disparaître. Etait-elle retournée parmi les siens à Liae ? S’était-elle retirée ? Quoi qu’il en soit, elle ne s’attendait pas voir la réponse à ces questions arriver en plein coeur de la Forêt Oubliée. Même si la conseillère se montrait toujours plutôt froide, la jeune Elfe devait avouer qu’elle l’appréciait. Elle ne savait pas vraiment pourquoi, à vrai dire. Peut-être parce que la Sauvage s’était montrée moins aveugle qu’elle et qu’elle avait ainsi su prévenir les bonnes personnes pour l’empêcher de commettre certaines erreurs plus graves encore... Pourtant la surprise était de mise, aussi bien pour Aileen que pour Amallya qui ne devait pas s’attendre à une telle rencontre si près des ruines de Quatar, que jouxtaient à la fois le groupe et le charnier qu’ils avaient découvert. Isa s’étonnait déjà d’avoir vu marcher un arbre, sans doute le tréant qui accompagnait souvent la conseillère. Il est vrai que ce genre de miracles n’était pas courant, hormis au sein du peuple Sauvage. Aileen jeta un coup d’oeil rapide dans les bois. Mis à part Dalhia qui errait, rien ne bougeait. L’arbre devait s’être immobilisé, pour l’instant. - Oui, Isa ! C’est un Tréant ! Seul le peuple Sauvage en connaît les mystères... Et c’est assez impressionnant au début, mais on s’habitue vite. Lui répondit Aileen alors qu’elle rejoignait l’Olympienne et son mari. Elle avait assez contemplé le charnier pour l’instant. Et à vrai dire, elle n’y retournerait sûrement pas. - Amallya ! Je suis contente de vous voir ! Fit la Cerf avec un pâle sourire. Personne ne s’attendait à votre venue. Enfin, j’imagine que vous devez être là pour les mêmes raisons que nous. Seulement, la conseillère venait d’arriver. Il allait falloir lui expliquer ce qu’il s’était passé ! On ne sait pas qui sont ces types ni pourquoi des Géants se sont associé avec des Elfes des Lunes du Corbeau et du Faucon et des Sauvages. Et on ignore aussi pourquoi ils se sont affrontés. Commença donc Aileen. Une chose est sûre, c’est qu’il y a des survivants. D’après ce qu’on sait, ils ont en leur possession une boîte volée à Na’helli. Un parchemin trouvé par Isa sur l’un des cadavre parle de ce qu’elle contenait mais on ignore ce qu’il dit précisément, le texte est trop abîmé. Et... On... On a aussi pu savoir, grâce à une transe... Qu’ils avaient besoin d’un autre objet pour un rituel. On pense qu’il est quelque par ici, mais on ne sait pas où. Enfin, on a bien peu d’indices pour le moment. Et je dois avouer que pour ma part j’ignore le sens des mots du parchemin. Elle se tut ensuite, réfléchissant un instant. Elle ne pensait pas avoir oublié quoi que ce soit dans son résumé. Elle n’avait pas jugé utile de tout détailler ni d’expliquer à nouveau comment, selon elle, s’était déroulé la bataille. Elle n’en voyait pas la nécessité... Amallya
[Conseillère du peuple de Gaïa] [Ombre de Liaë] Protégez la forêt et la forêt vous protégera en retour. |
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~ Isa ~
De nombreuses heures plus tard, une forme voûtée clopinait sur trois pattes vers le campement. Puis une voix nasillarde s’éleva pour saluer joyeusement des connaissances de longue date : - Maître Gourlx, Messire Machin, quel plaisir de vous revoir ! Alors... On braconne ? Lança Isandre en une plaisanterie de mauvais goût, voyant le maître artisan flanqué de quelques Forestiers dont elle avait oublié le nom. - Heureux de vous voir Dame Isandre, la salua le Lutin, d’une courbette. Nous suspendons nos petites ”chasses” pour régler le problème de la Forêt Oubliée, prestement s’il se peut. - Alors permettez-moi de vous aider, Messire Machin ! Lui proposa la vieille. Déjà qu’elle avait forcé la marche jusqu’au bout du monde pour répondre à la demande de son Impératrice, si en plus elle devait supporter le contact de ces êtres dont elle ne voyait une utilité qu’en tant qu’esclaves, autant être efficace et abréger cette souffrance aussi vite que possible. Néanmoins, pour que Gourlx tolère cette association improbable, il fallait que la situation soit sérieuse... Et c’est le seul élément qui la retint de chasser tous ces “verdeux” à grands coups de canne. Elle ne s’attendait pourtant pas à découvrir Isa qui s’avançait rapidement vers elle, l’air aussi étonnée que son aïeule de leurs retrouvailles en ces lieux. - Grand-mère ? Mais qu’est-ce que tu fais là !? - Humpf, je pourrais te retourner la question ! Au moins il te reste une petite étincelle de loyauté envers notre Impératrice... A moins que... Ne trouvant pas de mot pour désigner Elen de façon acceptable, elle se contenta de lever le poing qui tenait la canne vers le Chaman dont elle devinait la haute stature là-bas, près de la charette : Que lui aussi soit là pour pactiser avec la racaille du coin et qu’il t’ait embrigadé dans cette fourberie... Voilà bien quelque chose qui ne m’étonnerait guère. Tu ne joueras pas l’ingénue lorsqu’il faudra choisir un camp, car je t’aurais prévenue ! - Grand-mère, je ne comprends rien à ce que tu dis. Nous ne sommes pas là pour... Bref. Tu dois être fatiguée, viens manger quelque chose, te reposer un peu. Oh et puis... J’ai quelqu’un à te présenter. Fit-elle en l'entraînant vers le centre du campement. Isa trouva une place à l’Incarnation sur un rondin qu’ils avaient transformé en banc près du feu et se dirigea vers son époux. Celui-ci, sur la défensive depuis l’arrivée de Gourlx et sa clique, puis Amallya et maintenant Isandre, devait ruminer de sombres pensées... - Je t’assure, je ne savais pas qu’elle viendrait. Lui dit-elle tout bas. Puis, l’air légèrement embarrassé car il était toujours compliqué de composer entre ses propres espoirs familiaux et l’antagonisme du Loup et de sa grand-mère : Puis-je lui montrer Lilei ? - Bien sûr, ne lele. Elle a le droit de connaître sa famille... Murmura-t-il dans un sourire, confiant sa merveilleuse Lilei à sa sublime épouse. Isa devait deviner combien lui coûtait cette concession. Il avait interdit à l’Incarnation d’approcher leur famille à son épouse et lui, mais il ne pouvait pas empêcher sa douce d’avoir encore espoir de voir se bonifier sa grand-mère avec le temps. Mais elle avait passé le stade du bon vieillissement, celui de la maturation, et à présent, elle avait gagné le stade du vinaigre. Rien n’y changerait. Mais lui ne pouvait s’opposer aux liens du sang. Peut-être, finalement, que Lilei réussirait là où tout le reste avait échoué... Isa embrassa tendrement Elen et accueillit sa fille contre elle, ses bras seuls, avec sa bouille souriante, sortant des langes brodées. Elle revint s’asseoir à coté de sa grand-mère et lui dit dans un souffle qu’elle voulut serein : - Notre fille, Lilei... Elle tendit légèrement les bras pour présenter l’enfant à son aïeule. La petite fut sans doute intriguée par ce visage parcheminé, usé. Elle n’avait encore vu les affres de l’âge sur une figure olympienne. Sa bouche dessina un “O” tandis que ses yeux s’arrondissaient d’autant. La vieille dut se sentir vexée car elle fronça les sourcils tandis que toutes ses rides s’animèrent, ce qui fit éclater de rire Lilei qui tendit ses mains pour la toucher. ![]() - Une fameuse trouvaille de ton sauvage je suppose... Dit-elle avec mépris en regrettant que son arrière-petite-fille ne soit pas nommée selon les canons de l’Empire. Pourtant elle n’arrivait pas à détester cette enfant comme elle l’aurait dû - une Olympienne bien née ne pouvait s’attendrir devant une bâtarde des bois ! Elle eut presque envie de la prendre dans ses bras, profiter des yeux rieurs de la gamine qui la regardait avec une forme de complicité dont elle avait perdu le souvenir. Mais derrière son épaule, elle imaginait que le Loup la guettait et jamais elle ne lui donnerait gain de cause. Sur quoi que ce soit. Elle renifla avec un air écoeuré, faisant mine d’être chatouillée par une odeur nauséabonde. Qui existait bel et bien, en vérité, charriée par la brise qui l’amenait du charnier. - Tu aurais pu la changer avant de me la coller sous le nez... Isa n’eut d’autre choix qu’éloigner la petite de la vieille, tout espoir de créer un lien entre les générations envolé. La petite sembla déçue que son nouvel objet d’observation ne soit pas plus coopératif... Après quelques minutes de flottement tendu, Isa finit par expliquer la situation à sa grand-mère. - Et cette Olympienne enlevée, en avez-vous des nouvelles ? Demanda Isandre. Isa secoua la tête. Malgré leur nombre et leurs investigations dans les parages de Quatar, ils n’avaient rien vu qui s’apparentait à un escadron de kidnappeurs. [...] ~ Aileen ~ Aileen leva les yeux vers le ciel qui déjà, s'assombrissait. La nuit serait bientôt là... Ainsi, il n'était plus question pour le groupe d'examiner quoi que ce soit, ruines ou champ de bataille, dans la pénombre d'un lieu qui leur était inconnu. Mieux valait attendre le lendemain. Mais ce n'était pas ce qui préoccupait Aileen. Elle s'était éloignée aux côtés d'Evonis, le couple échangeant quelques mots à voix basse, loin de toutes oreilles indiscrètes. Pour ceux qui auraient trouvé le temps de les observer quelques instants, la discussion semblait troubler la jeune Cerf. Finalement, elle finit par sourire à son fiancé et l'enlaça quelques instants. Avait-il finit par la rassurer ? Revenant vers le camp qui s'installait peu à peu, la jeune Elfe ses dirigea à pas lents vers Isa. Elle semblait hésiter, presque timide. Et puis finalement, elle soupira, songeant qu'il ne servait à rien de faire tant de manières pour ce qu'elle avait à lui dire... - Isa ? Je... Je peux te parler, s'il te plait ? Ça sera pas long, ne t'inquiète pas... Fit-elle finalement, retrouvant un peu d'assurance. - Oui bien sûr Aileen, qu’y a-t-il ? Demanda Isa en lâchant à proximité du futur feu de camp une brassée de bois sec qu’elle venait de ramasser. - Je... Evonis et moi, on vient de parler un peu et... On se demandait si... Elle jeta un coup d’oeil aux alentours avant de reprendre. Elle préférait éviter que Gourlx ou d’autres indésirables entendent cette conversation... Tu... Tu voudrais bien être notre Prima-Luwä ? - Oh alors vous allez v... Fit-elle, haut perché les yeux écarquillés, avant d’interrompre sa remarque fort peu discrète. Elle reprit plus bas :C’est magnifique ! Quand ? Isa savait bien que le couple s’était fiancé, mais qu’ils pensent à régler certains détails pouvait annoncer la cérémonie pour très bientôt. La Cerf répondit tout d’abord par un sourire teinté d’une pointe de timidité. A vrai dire, elle était un peu gênée... - Je sais que ça n’est pas vraiment l’endroit... Mais... On pensait qu’il serait mieux de le faire au plus vite, parce qu’on ne sait pas ce qui peut arriver. Expliqua-t-elle, avant même de songer à répondre à la question de l’Olympienne. Alors on... On pensait à ce soir... Finit-elle par avouer. La décision avait été rapide. Au début, Aileen s’était montrée plutôt réticente à la proposition du Loup. Se marier ici, le soir même... Elle ne pouvait s’empêcher de songer à nouveau à la transe et son esprit ne cessait d’imaginer de nouveaux scénarios... Et si c’était le mariage en lui-même qui conduisait son Loup à sa perte ? Et si... Mais elle n’en voulut rien dire et se contenta de prétexter l’inhospitalité de la Forêt Oubliée et le manque de préparation. Quelle mariée ferait-elle si elle ne pouvait même pas s’apprêter convenablement pour son mari ! Mais ces arguments furent vite balayés par le Loup lorsqu’il lui avoua préférer mourir, uni à elle pour l’éternité, devant leurs Totems plutôt que de vivre sans être marié. Elle n’avait pu qu’accepter, touchée par cette déclaration. Et si Evonis jugeait que le risque valait la la peine d’être pris, alors soit... - Ce soir ? Mais... Non ! On ne peut pas tout préparer d’ici ce soir ! Et... Pas ici... Voulut ajouter Isa. L’endroit était tellement sinistre qu’il ne pouvait abriter un mariage digne de ce nom ! Les préparatifs pour ses noces avec Elen avaient pris des saisons ! Pourtant un frisson parcourut son échine... Evonis, aussi bien que son mari, avaient maintenu que les esprits égarés mentaient éhontément. Alors pourquoi l’Ashka et sa fiancée étaient-ils si pressés ? Quelque chose allait-il arriver ? Les mauvais esprits avaient-ils pu dire la vérité ? D’un autre côté, lorsque l’on se jouait de la souffrance des autres, pourquoi mentir si la réalité était déjà insupportable ? - Et tes parents ? Se rattrapa l’Olympienne, la mine considérablement assombrie. - Ho, non, pas besoin de les prévenir, ça serait... Juste nous trois. Un.. Mariage secret, en quelque sorte. En vérité, c’était exactement ça. Ça ne m’enchante pas non plus, tu sais... Je n’aime pas cette forêt. Fit-elle, ayant remarqué l’air soudain morose de son amie. Aileen ne doutait pas de partager ses pensées. J’aurais aimé qu’on n’ait pas à le faire, mais Evonis... Elle hésita un instant avant de reprendre : Il est conscient des risques et... Il m’a dit que s’il devait vraiment... S’il devait disparaître... Il préférerait savoir que nous sommes liés à jamais devant nos Totems... Et peut-être... Peut-être qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter, après tout ? Et puis, quand on sera rentré à la Tanière, on refera la cérémonie... Mais... Dans les règles, cette fois. On invitera tout le monde et on prendra le temps de tout préparer. A l’entendre, on aurait presque pu croire qu’elle ne doutait pas de cet avenir, pourtant il lui semblait tellement lointain... Un futur hypothétique qui risquait de, peut-être, ne jamais se réaliser. Elle avait peur, c’était certain. Mais au fil des jours elle avait réussi à apprivoiser sa peur, à s’en servir pour trouver la force d’aller de l’avant, ne pas se laisser abattre. Et puis il y avait cet avenir qu’ils s’étaient promis tout les deux... - Qu’en dis-tu ? Finit-elle par demander, avec un sourire. Isa se mordilla les lèvres, l’air désolé. Une cérémonie à la va vite dans ces bois lugubres, sans témoins... Le couple méritait tellement mieux... - Oui il faudra refaire une cérémonie à la Tanière. Tu verras comme c’est merveilleux ! Je suis sûre qu’Evonis précipite les choses ici parce qu’il n’a pas envie de mettre un beau costume ni de se tenir correctement à table. Mais il n’y coupera pas ! Fit Isa pour d’alléger la conversation. Mais la première question d’Aileen lui revint en tête et son sourire s’effaça de nouveau : C’est... C’aurait été un honneur Aileen, mais... Mais je ne peux pas accepter. - Je... Tu es sûre ? Répondit la Cerf, semblant surprise. - Oui... Je suis désolée. - D’accord... Répondit-elle. Excuse-moi de... De t’avoir embêtée avec ça... Elle n’osait pas lui demander les raisons de cette réponse, à vrai dire. Étrangement, elle se sentait à la fois soulagée et déçue. Merci quand même... Ajouta-t-elle ensuite. - Ne vous inquiétez pas, je ne dirai rien pour votre... votre secret. Elle esquissa un pauvre sourire. Il y avait Odeli qui ferait une candidate digne de confiance : cousine d’Evonis, Louve de haut rang, et rude combattante lorsque cela s’imposait. Sans compter que c’était une Elfe, et qu’elle ne perdait pas - ou du moins pas encore - la mémoire d’un jour sur l’autre... Pour que la situation ne devienne pas définitivement embarrassante, elle murmura, faisant mine de rejoindre sa tente :A plus tard alors... - A plus tard... Répondit-elle, faisant ensuite demi-tour. Ne lui restait plus qu’à rapporter cette conversation à Evonis. Qu’en dirait-il ? Serait-il déçu ? Aileen, en tout cas, devait bien avouer qu’elle se sentait en partie soulagée. Au moins, une partie de la vision ne se réaliserait peut-être pas... Cependant, elle devait bien avouer être déçue. Elle aurait réellement apprécié qu'Isa accepte cette responsabilité, même si le moment n'était pas forcément bien choisi, ici, au coeur de la Forêt Oubliée... Et Evonis sembla bien moins surpris qu’elle : l’Olympienne, loin d’être bête, avait dû écarter cette idée tout simplement pour éviter de réaliser la transe. Et ainsi, contrecarrer un destin qui semblait tout tracé. Pas bête. Mais probablement insuffisant pour changer radicalement l’avenir. Il ne doutait pas de pouvoir maîtriser les choses au point de faire mentir effrontément les mauvais esprits, ou même les bons, mais il savait à quel point les choses pouvaient s’arranger de telle sorte qu’elle rattraperait la vision, tôt ou tard. - Écoute, Ailou, pas besoin de Isa pour la cérémonie Cerf, hein ? Juste nous deux ? Alors c’est comme ça qu’on va faire : d’abord devant le Grand Cerf, ensuite devant Luwö, à la Tanière, une fois que les choses se seront tassées. Le Grand Loup, il s’en fout de passer après son collègue. Tant qu’il y passe. Et pis je suppose qu’ils se balancent des nouvelles entre Totems, hein ? Comme ça, t’auras Isa, je te promets. Elle est chouette, y’a pas de raison qu’elle refuse si on le fait à la maison. On aura deux nuits de noces ! Aileen ne répondit pas, se contenant de venir se blottir tout contre son Loup. Elle était lasse... Et elle se sentait coupable. La jeune Elfe s’en voulait d’importuner Isa avec cette demande qui pouvait sembler si incongrue. Elle s’en voulait de sembler tellement soulagée à l’idée de ne pas se marier immédiatement et elle s’en voulait une fois encore d’en arriver à presque regretter d’avoir répondu “oui”... Elle faisait décidément une bien piètre fiancée. La Cerf ferma les yeux quelques instants. Elle se sentait bien, dans les bras d’Evonis. Elle aurait tant voulu pouvoir y rester cachée, à jamais, loin des affres du monde, en sécurité à ses côtés. Pourtant ce n’était pas elle qui avait besoin d’être protégée... Aucun esprit ne lui avait prédit sa mort et même si elle s’était juré de le protéger, en cet instant elle s’en sentait incapable. Tellement faible... Comment avait-elle seulement pu espérer le protéger contre un ennemi inconnu et sans doute terriblement puissant ? Elle leva un regard profondément triste vers lui. - ...Tu crois qu’elle voudra bien ? Elle en doutait. - L’aura pas le choix ! - Mais elle a déjà dit non... Aileen ignorait les raisons de cette réponse mais elle doutait que l’Olympienne change d’avis. Et à vrai dire, elle n’avait pas envie de lui en parler de nouveau... - Ouais... Pour pas réaliser la vision que vous avez eue. C’est malin, tu vois. Pas forcément suffisant pour changer les choses. Mais bon... A la maison... Y’aura pas de problème pour elle comme pour nous, hein ? - J’espère, mon Loup... Souffla-t-elle, fermant les yeux à nouveau. ~ Narrateur ~ Beaucoup de conjectures et peu de preuves pour les étayer. Voilà ce que le charnier a révélé au groupe qui, malgré les inimitiés naturelles, est chaque jour grossi un peu plus. L’enquête est longue, fastidieuse et les mots écrits sur le parchemin interpellent. Et pourtant, là encore, peu de certitudes. Une pause s’impose au groupe, la nuit tombant sur le bois maudit. La fatigue s’est invitée, même auprès des plus résistants, mais dormir est une autre affaire : la tension est palpable, comme si les bois eux-mêmes retenaient leur souffle. Sinistre est le ciel nocturne. Sinistres sont les arbres griffus. Sinistres sont les présages jusque là. Sinistre est l’aube pâle. Sinistre est ce hurlement qui retentit au loin. Un cri aigu, à peine reconnaissable. Une seule syllabe. Il a retenti de l’ouest, l’espace d’un instant, agitant les derniers charognards. Pas très loin, dans la direction de la cité des Hors-la-Loi. Un hurlement de douleur ou de peine. Un déchirement. Bref, intense, consumé et à présent éteint avec pour seul écho les cris des corneilles qui ont pris leur envol des anciennes murailles... |
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~ Aileen ~
Le cri déchirant avait glacé les sangs de la jeune Elfe. Éveillée avant même les premières lueur de l’aube, elle était venue s’asseoir sans un bruit sur un rondin de bois installé autour du feu de camp maintenant éteint. Elle s’était plongée dans ses pensées, songeant tantôt à l’énigme que posait le parchemin, tantôt à ce qui pouvait se cacher au sein des ruines qu’ils côtoyaient. Parfois, son esprit s’égarait loin de toutes ces considérations et elle se prenait à rêver à la Forêt des Cendres. Parfois, elle lui manquait... Perdue dans ses souvenirs alors que l’aube se levait, le cri bref et perçant la ramena brutalement à la réalité. Après un violent sursaut, elle s’immobilisa totalement, son regard braqué sur les ombres de la Forêt Oubliée, soudainement tendue. Rien ne bougeait... Lentement elle se releva, scrutant toujours les ruines de la cité. Elle s’attendait à tout, et surtout au pire... Que “quelque chose” sorte soudain des ténèbres, que la pâle lueur de l’aurore n’avait pas encore totalement chassées, ne l’aurait surprise en rien. Fallait-il errer plus avant, au sein même des ruines, à la recherche de l’origine de ce cri ? La Cerf cessa de fixer en vain la pénombre, jetant des coups d’oeil inquiets autour du camp. Elle ne savait que faire. Une chose était sûre, cependant, les ruines n’étaient plus désertes... ~ Gourlx ~ Toutes ces simagrées et ces discussions vaines commençaient à porter sur les nerfs du nain. Il se serait senti mieux au milieu de rires et de chants paillards, entouré de bonhommes solides et bons vivants, avec la barbé imbibée de bière. Plutôt qu’au milieu de ses ennemis de toujours et d’un gros paquet de viande moisie. Il se serait fait un plaisir de ”rafraîchir” le charnier de quelque dépouille elfique bien hachée... Sur la suggestion d’Ariakas, il brailla quelques ordres à son golem : - Oh Charoue, plus qu’d’rester là à grincer d’partout, va donc ramasser les gens crevés tout puants. T’en fais un tas là... ou nan ici... ouais c’mieux ici. Pis tu ramènes des bouts d’arbres morts tout secs aussi. Le golem resta sur place, se balançant d’avant en arrière en grinçant. Il fit une curieuse mimique, rappelant la façon dont son créateur se gratte la barbe. - Des bouts d’machins à feuilles là ! Les trucs tout secs tout pas bons à manger que c’est pour y faire du feu ! - Des branches, Maître. - La ferme Machin, j’t’ai rien d’mandé ! Le lutin ne se départit pas de son sourire en coin. Les nouvelles arrivées et les discussions qui s’ensuivirent le passionnait. Tout particulièrement le manège de l’Olympienne face à la vieille Isandre. S’il lui insupportait de voir les Forestiers, voir des serviteurs de l’Empire en leur compagnie le rendait curieux. Notamment la présence du rejeton. Il n’avait, selon lui, rien à faire ici, mais lui donnait beaucoup à réfléchir. Combien se vendrait une telle pièce ? Un esclave de cet âge n’a pas vraiment de valeur, mais d’un point de vue politique... Le hurlement aigu interrompit brusquement ses pensées. Confronté à bien des horreurs au long de sa servitude pour Gourlx, un simple cri n’aurait pas du l’affecter outre mesure. Cependant, dans ce sinistre endroit, il lui glaça le sang. - Vous...Vous avez entendu ? - Hein ? - Un cri... Un hurlement... ça venait de là bas. - De quoi, y’a d’la bagarre ? RAAAH Charoue, pas des caillasses ! Pis commence à ramasser les sens-mauvais tout crevés déjà ! - Maître, nous ne sommes pas tout seuls dans cette forêt ! L’ignoble nabot devait avoir suffisamment de cire dans les oreilles pour faire un cierge de temple. Mais le lutin avait distinctement entendu le cri, et, à l’instar de ses compagnons, se tourna vers les ruines de Quatar, tendu. Habitué à s’en remettre à plus fort que lui, il se tourna instinctivement vers Géants et Olympiens. - Je ne sais pas ce que c’était, mais ce n’était pas un animal, j’en jurerais devant Zeus. Ami ou ennemi, nous devrions nous enquérir de l’origine de ce cri. Que faisons-nous ? |
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Un affrontement, une boîte volée à Nahelli et une histoire de rituel… Tout cela n’intéressait guère la Conseillère. Amallya n’était pas venue ici pour perdre son temps avec une simple histoire de vol agrémenté d’un vulgaire règlement de compte. Il y avait certes des membres de son peuple parmi les victimes mais leurs visages lui étaient inconnus. Probablement des vagabonds qui n’auront pas jugé utile de se joindre au projet commun de son peuple. Quelle belle réussite !
Amallya n’avait décidément aucun intérêt à rester aux côtés du groupe qu’elle venait de rencontrer. Et cet imbécile de tréant avait été incapable de lui obéir convenablement ! Au lieu de la mener auprès des hors-la-loi peuplant cette forêt, celui-ci l’avait conduit devant un groupe qui semblait vouloir s’en débarrasser sans autre forme de procès. Et ce n’était sans doute pas la présence de cette brute de Gourlx qui allait la rassurer. La Conseillère était déjà suffisamment surprise de ne point avoir été attaquée par ce barbare depuis son arrivée. Non, vraiment, si elle voulait avoir une chance de rencontrer ces hors-la-loi et de discuter avec eux avant qu’ils ne soient abattus, Amallya devait quitter ce groupe. Discrètement, si possible. Quoi qu’il en soit il se faisait tard et il faudrait attendre le lendemain pour trouver un prétexte qui lui permettrait de s’éclipser sans éveiller les soupçons. La Conseillère alla donc s’étendre à même le sol, légèrement en retrait du reste du groupe et à bonne distance du nain bruyant et malodorant. La nuit fut agitée. Perturbée par les braillements du nain et les couinements de son golem, la conseillère ne pu dormir que d’une oreille. Le repos d’Amallya fut finalement interrompu à l’aube par un cri perçant. La femme sauvage jeta un rapide coup d’œil autour d’elle : d’autres membres de son groupe étaient également éveillés et tous regardaient en direction de la citadelle d’obsidienne. Voyant là l’occasion d’une sortie discrète, Amallya se leva silencieusement. Après s’être discrètement mise à l’écart du groupe, la conseillère pris soin de vérifier si personne ne l’avait remarquée. L’attention de chacun était dirigée vers l’ouest et tous semblaient se préparer à l’irruption d’un danger potentiel. Le moment était idéal pour Amallya. Sans attendre, la conseillère partit à vive allure en direction du nord. ~ Ariakas ~ Le Paladin remercia Gourlx ainsi que son Golem. - C’est vraiment pratique comme machin. La fumée s’élevait désormais du bucher improvisé. Au moins ces cadavres ne se relèveraient pas pour les dévorer pendant la nuit. En parlant de nuit celle-ci fut courte. On ne peut pas vraiment dormir dans ce genre d’endroit. Les sens devant toujours rester en éveil. D’ailleurs le cri ne manquant pas de le faire sursauter et dégainer son arme. Un réveil plein d’adrénaline pour une nuit qui correspondrait plus à la phrase ”j’ai fermé les yeux” plutôt que ”j’ai dormi”. Une fois le coup de sang passé Ariakas rangea son arme et commença à se diriger vers Quatar avec son flegme habituel. - Vous m’excuserez je crois qu’on m’a appelé. Amallya
[Conseillère du peuple de Gaïa] [Ombre de Liaë] Protégez la forêt et la forêt vous protégera en retour. |
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~ Aileen ~
Aileen se lassa vite de la contemplation des ruines et son regard parcouru le groupe. Tous semblaient en alerte, le regard braqué vers la citadelle. Au moins, si elle pensait avoir rêvé tant le cri était bref, elle était maintenant certaine qu’il était bel en bien réel. Sur le côté, elle perçu un mouvement, une silhouette qui bougeait. En y portant son regard, elle reconnut Amallya qui semblait s’éclipser en direction du Nord. Pourquoi y partait-elle ? Elle ne pouvait pas fuir, ça ne lui ressemblait pas... Mais s’éloigner du groupe était une mauvaise idée, qui sait où rôdaient les bouchers qui avaient laissé derrière eux le charnier qu’ils avaient découvert ? La Cerf hésita un instant. Evonis était encore endormi... Elle répugnait à le laisser seul, sachant quels risques il encourrait. Finalement, elle prit la direction empruntée par la Femme Sauvage. Il ne s’agissait que de lui conseiller de rester avec le groupe, au moins tant qu’on ignorait ce qu’il se passait. Avec un peu de chance, son Loup ne se réveillerait même pas avait qu’elles ne soient revenues. Filant au pas de course, la jeune Elfe rattrapa vite Amallya. - Attends ! L’interpella-t-elle. Où est-ce que tu vas ? Mieux vaut ne pas rester seul, on ne sais rien de nos ennemis, mis à part qu’ils sont dangereux... On devrait retourner vers le reste du groupe, non ? Elle ignorait si Amallya avait un plan ou si la compagnie des impériaux l’insupportait simplement. Dans le second cas, elle pouvait en tout cas aisément le comprendre mais la Cerf faisait partie de ceux qui préféraient souffrir cette déplaisante compagnie plutôt que de prendre des risques inutiles... ~ Evonis ~ Lorsqu’il se réveilla, Evonis trouva toute la place qu’il voulait pour s’étirer et bailler. Et pour cause : Aileen était déjà sortie de la tente. Peut-être préparait-elle le petit déjeuner. Encore que... Rien d’appétissant ne poussait dans la forêt Oubliée, du moins n’avait-il pas fait attention à ce genre de détails. L’odeur de la veille avait fini par disparaître et ne restait plus que celle de la chair brûlée, toute aussi désagréable mais bien moins persistante : d’ici quelques jours, une pluie viendrait laver la zone et il n’en resterait nulle trace. Il émergea de la tente, baillant, et la démonta, jurant lorsqu’un des piquets se montra à ce point récalcitrant qu’il le tordit. Il plia soigneusement la toile et la jeta dans la charrette que Isa et Elen étaient parvenus à faire passer, on ne sait comment, dans ces bois maudits. Il lorgna du côté du feu pour voir s’il pouvait trouver sa toute nouvelle épouse. Et rien n’y fit. Mais où était-elle, diantre ? C’est qu’il le voulait son petit baiser matinal. Sans ça, sa journée aurait un arrière goût de malédiction. - Dis, Elen, t’aurais pas vu Aileen ? - Partie. Avec Amallya. Quand ça a crié. J’étais un des seuls debout. - Sont parties cueillir le petit déjeuner ? J’ferais bien d’activer le feu. Tu crois qu’elles vont en ramener pour le nain ? - Ça m’étonnerait qu’elles soient allées chercher de quoi manger, Evonis. Elles sont parties trop vite pour ça. - T’aurais pas pu les suivre ? Pour toute réponse, Elen rabattit un pan de sa cape, dévoilant Lilei, endormie dans les bras de son papa. - J’ai soustrait Lilei à Isa. Pour qu’elle dorme. La petite a souvent faim la nuit. Autant que Isa puisse profiter du répit entre deux tétées. - Ouais, ouais... Quand elle aura des dents, notre p’tite louve, elle mangera du gigot, comme tout le monde. - Je ne suis pas pressé de la sevrer, Evonis. - Tu devrais, ça la rendra plus maligne ! - Comme toi ? - J’pensais plutôt à toi, mais merci. - C’est bien ce que je dis : voilà une excellente raison pour elle de garder le sein aussi longtemps que possible. Fit le Chaman, moqueur. - ‘sont parties depuis longtemps, Ailou et la Conseillère ? - Depuis que ça a crié, je t’ai dit. - Ça a crié ? Demanda-t-il, surpris : son sommeil était de plomb, il n’avait rien entendu. - Aux premières lueurs de l’aube. Il y a quelques minutes. Certains sont partis en éclaireurs. Messire Ariakas en fait partie. - Mouais. J’aime pas bien ça, cette histoire de cri et de Aileen qui se barre avec l’autre Conseillère. Vous ont virés de Liae. Va savoir ce que ces mages ont derrière la tête. - Rien de bien méchant, Evonis. Dame Amallya doit être là pour constater comme nous le retour des Hors-la-Loi. - Ouais, bin en attendant, sont discrets, tes Hors-la-Loi. On les a pas vus et pas entendus. J’vais chercher Ailou. - Va, va... Evonis s’élança au pas de course vers son paquetage, le ramassant. Il transportait quelques menues possessions de la Cerf. Il tira l’un des vêtements du sac, le huma, puis il renifla quelques instants. - Vers le nord ! Il partit au pas de course. Nord... Nord... Nord... Nord-est... Nord-est... Est ! Il accéléra franchement le pas, esquivant les branchages, suivant des traces de pas fraîches. Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle ! ♥ |
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~ Amallya ~
Tandis qu’elle courait à travers la forêt, toujours en direction du nord, Amallya fut interpelée par une voix aigüe et plaintive. - Attends ! Amallya reconnut immédiatement la voix d’Aileen. Malgré toutes les précautions prises pour que son départ ne soit pas détecté, la conseillère avait donc été suivie par l’intendante du clan du Cerf. Cette petite sotte s’était probablement mis dans l’idée de dissuader la conseillère de mener à bien sa mission. Qu’importe, Amallya n’avait pas de temps à perdre en bavardages et autres explications. Elle accéléra le pas, espérant parvenir à distancer rapidement l’elfe des lunes. - Où est-ce que tu vas ? Mieux vaut ne pas rester seul, on ne sait rien de nos ennemis, mis à part qu’ils sont dangereux... On devrait retourner vers le reste du groupe, non ? Cette fois, les propos de la jeune Cerf vinrent piquer au vif la femme sauvage. Amallya stoppa sa course et fit volte face. Tout en toisant Aileen d’un regard noir, la femme sauvage s’adressa à elle d’une voix sèche et sévère : - Nos ennemis ? De quels ennemis parlez-vous donc, dame Aileen ? Les seuls ennemis que j’ai rencontrés jusqu’à présent sont ceux qui se trouvaient à vos côtés ! Mes ennemis sont ces géants qui, il y a peu encore, prenaient d’assaut nos forêts pour en dérober nos connaissances millénaires, brûlant et pillant nos cités tout en massacrant nos peuples. Mes ennemis sont ce nain et son lutin qui, non contents de tuer femmes et enfants, se plaisent à transformer les plus vaillants de nos combattants en esclaves pour le bon plaisir de ces olympiens paresseux et arrogants. Voilà qui sont mes ennemis, et non les petits voleurs dont le seul crime a été de dérober une vulgaire boîte à Na’Helli. De simples voleurs que vous poursuivez comme si votre vie en dépendait, n’hésitant pas à vous allier avec les vermines de la pire espèce pour les retrouver alors même que vous ignorez tout du contenu de cette fameuse boîte ! Voyez comme vous vous méprenez dame Aileen : vos ennemis ne sont pas les miens. Retournez donc auprès de vos nouveaux amis. Je suis sûre que ceux-ci seront heureux de vous rendre votre confiance d’un coup de hache dans le dos de bon matin. Quant à moi je m’en vais rencontrer ces hors-la-loi afin de m’enquérir de leurs intentions. Peut-être ceux-ci pourront-ils s’allier au peuple forestier pour lutter contre la menace que représentent ces impériaux pour notre monde ! Sur ce déluge de parole haineuses, la conseillère se retourna brusquement et reprit sa course, cette fois en direction de l’ouest, laissant Aileen abasourdie par la violence des propos qu’elle venait d’entendre. ~ Aileen ~ Aileen s'arrêta lorsque Amallya se tourna vers elle, comme stoppée par un mur. Et à voir son regard, la vérité n'en était pas si éloignée. Mais ses mots la frappèrent bien plus que son air soudain hautain, certains auraient même dit « méprisant »... La jeune elfe en resta interdite, se contentant de fixer le dos de la conseillère alors qu'elle faisait volte face, reprenant sa route. Comment pouvait-elle dire des choses pareilles ? Des impériaux ? Ses amis ! Isa et Elen étaient ses amis, Gourlx et l'Oracle ? Jamais ! Elle ne leur accordait pas plus de confiance qu'Amallya et l'arrivée du nain lui avait ô combien déplu... Comment osait-elle lui dire à elle, comme si elle l'ignorait, de quels crimes le nain idiot et son affreux lutin s'étaient rendus coupables alors qu'elle en avait tant souffert ? Elle se méprenait ? Non ! Bien sûr que non, elle ne se méprenait pas ! Il n'était pas question de simples voleurs, comme le supposait la conseillère. Non, c'était bien plus grave, leur vies étaient réellement en jeu ainsi que toutes celles des vivants qui parcouraient Olympia. Mais elle l'ignorait. Aileen ne lui avait peut-être pas tout dit. Depuis longtemps elle savait que ces « hors la loi » n'en étaient pas. Mais la Femme Sauvage ne le savait pas, elle ne lui avait pas parlé de la transe... Et cette boîte, quoi qu'elle puisse être était sans doute bien plus importante que tout ce qu'elle pouvait imaginer. Il fallait qu'elle la rattrape, qu'elle lui dise. Alors la Cerf ravala ses larmes et se remit en route sur les traces de la conseillère. Leurs ennemis ne s'allieraient jamais aux Forestiers car ils avaient juré leur perte, ainsi que celle des impériaux. Ils avaient juré la perte de toute Olympia et ne servaient que l'Ennemie. Elle devait rattraper Amallya et lui dire la vérité, il fallait qu'elle comprenne que c'était elle qui se méprenait avant qu'il ne soit trop tard ! ~ Dalhia ~ Dalhia avait plutôt été surpris. Il était en train de rêver qu'il pêchait un poisson gros comme... Comme une montagne ! Et d'un coup, le poisson géant avait crié et Dalhia avait sursauté. Sauf que ça n'était pas le poisson qui était à l'origine du cri... Alors il s'était réveillé, sans vraiment comprendre ce qu'il se passait. Il y avait déjà des gens qui partaient, d'autres quidiscutaient de ce qu'ils avaient entendu. En tout cas, à les entendre, ça n'était pas rassurant et tout le monde ou presque avait le regard tourné vers les ruines étranges à l'est. Ou peut être était-ce l'Ouest... Il ne savait plus vraiment par où était le Nord. C'était par là qu'ils étaient arrivés mais le lutin avait déjà oublié quel chemin ils avaient emprunté. Il aurait été bien en peine de retrouver son chemin dans cete forêt ! Il se frotta machinalement le nez alors que le vent lui apportait l'odeur du bucher qui avait brûlé pendant la nuit. Il ne savait pas vraiment quoi faire. Un peu plus loin l'autre lutin - pas Tizi, un autre qu'il ne connaissait pas - semblait comprendre un peu mieux ce qu'il se passait. Et selon lui, ils n'avaient pas affaire à un animal... -Mais c'est... C'est quoi alors si c'est pas un animal ? S'étonna le petit lutin en ouvrant de grands yeux ronds. Des gens ? Mais c'est des ruines là bas... On lui avait toujours dit que personne n'habitait dans des ruines, sinon ça n'était pas des ruines, si quelqu'un y habitait. Mais ça n'était pas "quelqu'un" et que ça n'était pas non plus un animal... Alors qu'est ce que ça pouvait être ? -C'est... C'est des... M-m-m-monstres ? Bredouilla-t-il, loin d'être rassuré. Y a t-t-t-tout le m-m-monde qui y va ! Constata-t-il, comme en réponse à la dernière question de... Comment il s'appelait ? Bidule, ou quelque chose comme ça. Il ne s'en souvenait plus vraiment... ~ Narrateur ~ Amallya et Aileen En approchant de Quatar par le nord, vous constatez que les murs sont bel et bien toujours là; le bois qui les constitue, déserté par la sombre magie qui l’avait durci, a repris vie par endroit. S’ils ne sont plus à l’épreuve des catapultes ou des armes de sièges, ils restent un obstacle formidable, dont l’escalade serait aussi difficile que dangereuse. La cité est relativement silencieuse, à quelques grincements près. Peut-être des structures en ruines protestant contre l’assaut de la nature. A deux reprises, l’arbre animé a stoppé net, hésitant. La première fois, il a fait mine d’obliquer vers l’ouest, avant de reprendre docilement la route. La seconde, c’est vers l’est qu’il a hésité, avant de se reprendre, marchant de son pas lent et mesuré. Amallya
[Conseillère du peuple de Gaïa] [Ombre de Liaë] Protégez la forêt et la forêt vous protégera en retour. |
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~ Narrateur ~
Ariakas En faisant le tour de la cité, tu constates que non seulement les murs sont épais et infranchissables mais aussi que toutes les portes sont closes. Soit bouchées lors de la désertion de Quatar, soit fermées, tout simplement. Par endroit, des ronces se sont même plues à escalader les remparts et à les hérisser de barbelés naturels. Clairement, une escalade serait une périlleuse entreprise. A l’est de la cité, tu peux remarquer un nombre raisonnable d’empreintes de pas relativement fraîches. Les plus anciennes s’éloignent de la cité et les plus récentes y arrivent. La porte qu’elles ont empruntée est close, comme les autres. Elle ne semble pas gardée au premier abord, mais les lourdes portes de bois massif représentent un obstacle qu’un seul homme ne saurait franchir. Pour les ouvrir, si tant est qu’elles n’étaient pas barrées, il faudrait au moins cinq personnes agissant de concert. Tous le monde En repensant au hurlement, vous sentez qu’il ne peut s’agir d’un animal, comme suggéré par Machin. L’atmosphère s’est alourdie, depuis l’aube, peu avant ce cri, comme si une tempête se préparait. Et à mesure que la journée avançait, cette désagréable sensation se renforçait : l’air semblait vibrer dans l’attente de quelque funeste et fantastique évènement. ![]() ~ Ariakas ~ Ariakas se rapprocha de la porte et posa une main sur celle-ci. Il regarda les traces de pas une nouvelle fois avant de tourner son regard vers le haut des remparts. - EXCUSEZ-MOI ! JE M’APPELLE ARIAKAS, ÉCLAIREUR PALADIN. L'IMPÉRATRICE M'ENVOIE PARLER ARGENT AVEC VOUS ! POUVEZ-VOUS ME LAISSER ENTRER QUE L’ON PUISSE DISCUTER TRANQUILLEMENT ! Dit le Paladin en hurlant. Puis il s’éloigna de quelques pas de la porte et écarta les bras. - COMME VOUS POUVEZ LE VOIR JE SUIS SEUL ET JE NE SUIS PAS ARMÉ ! Le regard toujours porté vers les hauts murs de la cité d’Obsidienne, il resta planté là sans bouger attendant une éventuelle réponse. ~ Narrateur ~ A Ariakas Les murailles restent silencieuses à tes appels. Il n'y a aucun mouvement sur les murailles. Pourtant, tu jurerais que le silence est plus profond depuis que tu as hélé les éventuels occupants de la cité en ruine. Tu as la désagréable impression que quelqu'un ou quelque chose t'observe. Une silhouette maigre se hisse au sommet du mur, l'espace d'un instant, le bruit caractéristique d'un arc qui se détend se fait entendre et une flèche siffle à quelques pas de toi pour venir se ficher dans le sol. L'archer, lui, a immédiatement disparu. Une chose est certaine, il ne t'a pas manqué à dessein : c'est la distance qui a réduit sa précision. Finalement, les lourdes portes de Quatar d'entrouvrent face à toi. Un humanoïde en armure, extrêmement maigre passe par l'ouverture, l'arc en main. Un grincement étrange accompagne chacun de ses pas. En plissant les yeux, tu peux te rendre compte qu'il n'est pas seulement maigre : il n'a pour ainsi dire que la peau sur les os. Lorsqu'il sort de l'ombre du rempart, tu te rends compte que finalement, la peau elle-même est manquante : tu as face à toi un squelette, vêtu comme un Exécuteur de l'époque où Quatar était encore habitée, armée d'un arc et d'une épée. Par quatre fois il te tire dessus. Le premier projectile te manque de peu : tu es obligé de faire un bond de côté pour l'éviter. Les trois suivant t'atteignent. Le mort-vivant se replie ensuite derrière la porte, toujours entrouverte. Une chose est sûre : vous n'êtes pas les bienvenus à Quatar ! ~ Ariakas ~ L’olympien examinait la première flèche qui était tombée près de lui. La flèche était des plus normales. Une pointe de métal sur un bout de bois empenné de noir. Elle était enduite d’une substance... Le bruit de la porte détacha son regard le regard du paladin de la flèche. Malheureusement ce qui sortit de celle-ci le calma aussitôt, changeant son expression satisfaite en une expression mélangeant surprise et peur. La première flèche partit dans sa direction l’obligeant à sauter de coté. A peine les pieds posés au sol, trois flèches vinrent se ficher dans son armure. Il retira rapidement les flèches et dégaina son glaive, prêt à combattre le mort-vivant qui venait de disparaître dans la cité d’obsidienne. - Il tire bien le salopiaud. Les blessures étaient minimes. Il aurait même dit inexistantes s’il ne sentait pas déjà le poison envahir lentement son corps. - C’est pas très loyal comme manière de combattre... Le paladin s’engouffra par la grande porte, sur le qui vive, prêt à faire demi-tour dès que cela sentirait le roussi. A peine arrivé de l’autre coté de celui-ci, il s’arrêta net. - Dans quoi je me suis encore fourré... Une véritable pluie de flèches accueillit l’Olympien qui se protégea comme il le put. Les flèches tintèrent au contact de l’armure du paladin. - C’est vraiment mauvais... Il était toujours en bonne forme malgré le nombre de coups mais son souffle était court. L’Olympien ne savait plus vraiment quoi faire. Foncer dans le tas serait suicidaire surtout qu’il était seul pour l’instant. Devait-il attendre d’éventuels renforts ou fuir cette place maudite ? Ses yeux s’arrêtèrent sur une forme au loin. - Alors comme ça il y a aussi de ces sales bestioles... La personne qu’il avait entendue crier ce matin pouvait-elle toujours être en vie... ![]() Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes Responsable de l'Éclat des Lunes ♥ |
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~ Narrateur ~
Pour ceux qui entrent dans la ville Une fois passées les lourdes portes de bois massif, rayées par les assauts des Géants puis des Lestrygons. Cette porte-là, contrairement aux autres, avait résisté à ces conflits et au temps. Juste derrière, la ville n’est que ruine, rongée par le temps et par la végétation, principalement des ronces sauvages qui, plus vigoureuses que le reste des arbres alentour, grimpaient et se faufilaient partout. Peu de bâtisse sont encore debout : les matériaux utilisés, que ce soit la pierre, le bois ou le tissus, et la construction de bric et de broc aura été une piètre défense pour les habitants lors des batailles. Mais c’est le temps qui a prélevé le plus lourd tribu : les blocs massifs se sont enfoncés de plusieurs pieds par endroits dans la boue, le bois s’est pourri et, comme les étoffes, est rongé par la vermine. Parfois, les passages sont barrés par des motifs de soie gigantesque dans lesquels pourrissent des volatils malchanceux : corbeaux, hiboux, pigeons, chauves-souris et autres créatures volantes. La tour d’obsidienne est le bâtiment qui se trouve dans le meilleur état : à demi effondrée seulement, sa base colossale, entourée de murailles défoncées, témoigne encore de la puissance du Dieu qui a présidé sa construction. Non loin de la tour, les sols pavés se sont effondrés et forment un nouvel accès aux souterrains de la place forte. Les rues, si l’on peut encore qualifier ainsi les chemin boueux jonchés de débris divers, sont parcourues par des patrouilles funestes, des squelettes en marche, prélevés sur les restes des Hors-la-Loi qui n’ont pas trouvé ici de sépulture. Et de repos, ils n’en ont plus : ils ont repris sans relâche les patrouilles qu’ils exerçaient de leur vivant pour Archéos Prim'Erath et sa suivante. Ils ne tolèrent aucun intrus et sont assistés dans leur tâche par des araignées gigantesques connues de beaucoup... ![]() Les Hors-la-Loi occupent toujours leur cité de Quatar... ![]() Les Némésies ont agrémenté Quatar de leurs toiles... ~ Aileen ~ Aileen courait, sur les traces de la conseillère. Il fallait qu’elle la rattrape, vite ! Elle se rapprochaient de plus en plus de Quatar et l’Elfe peinait à rattraper la Femme Sauvage qui progressait rapidement elle aussi. Voulait-elle lui fausser compagnie ou préférait-elle arriver avant tout le monde ? Elle n’avait pas le temps de penser à la question, en vérité. Elle ne devait surtout pas entrer seule dans les ruines ! Personne ne savait ce qu’il s’y cachait ! Aileen était presque parvenue à rattraper Amallya, elle la voyait, à seulement quelques dizaines de pieds devant elle, à portée de voix mais trop loin encore pour qu’elle puisse l’arrêter. Et les murs de de Quatar se faisaient toujours plus proches... Alors que la jeune Elfe continuait sa course, quelque chose atterrit soudain à ses pieds, explosant tel un melon bien trop mur alors que la Cerf trébuchait. Un autre projectile explosa de la même façon non loin d'elle avant qu'elle ne puisse faire le moindre mouvement. Elle lâcha un cri bref de surprise alors que l'odeur plus que nauséabonde la saisissait. Un instant, elle eut l'impression d'être retournée au milieu du charnier qu'ils avaient découvert la veille. Alors les “hors-la-loi” savaient qu’ils étaient là... Par chance, elle n’était pas blessée et tenta prestement de se relever, mais elle faillit retomber de nouveau. Haletante, elle s’appuya à un tronc qui l’avait partiellement protégée des projections nauséabondes. - Amallya ! ARRÊTE !! Cria-t-elle en direction des ruines. Elle se sentait mal... Etait-ce l’odeur ou peut être... Du poison ? Ce ne sont pas... Des hors la loi ! Ils sont au service de l’Ennemie ! Reviens ! Est-ce qu’elle avait pu l’entendre ? La Cerf l’espérait. Malgré le poison, malgré la peur suscitée par les soudaines explosions, elle réussit à se remettre en route, arrivant à son tour dans la cité en ruines... Et peuplée d’ennemis... Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle ! ♥ |
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~ Ariakas ~
Le paladin connaissait les ennemies qui lui faisaient face. Il connaissait aussi bien ses capacités. En tant qu’éclaireur, il devait absolument savoir ce qu’il y avait plus loin. Il avait été formé pour ça. - On dit que la chance sourit aux audacieux... ...On dit que la chance sourit aux imbéciles... Il sera le manche de son glaive. - ... Je serai donc un audacieux imbécile ! Ariakas s’élança à toute jambe droit devant lui et commença à déambuler parmi les ruines. Attirant l’attention des habitants du coin. Les flèches pleuvaient. Les toiles de Némésies s’accrochaient à son armure, rendant ses mouvements plus difficiles. Pourtant rien ne semblait pouvoir le ralentir. Il ne cherchait même pas à attaquer ou bousculer ce qui se mettait sur sa route. Il se contentait de changer de direction dès que quelque chose se mettait devant lui. Sa vision était de plus en plus réduite mais il pouvait le faire, il pouvait faire le tour de la cité. La tour d’obsidienne était désormais à coté de lui. En faisant le tour il pourrait peut-être semer ses poursuivants et reprendre son souffle. En tout cas, pour l’instant, il n’avait trouvé aucune trace de quoique ce soit de vivant. Continuant de courir, son pied s’enfonça dans quelque chose de mou et visqueux qui le déséquilibra. C’était sûrement un nid de némésie ou un de leurs pièges préférés. La fatigue ne l’aidant pas, le pauvre Olympien ne put se rattraper et disparut dans l’une des crevasses qui cisaillaient la place pavée. ~ Narrateur ~ A Ariakas En te faufilant, ou en tombant, dans les souterrains, tu échappes aux squelettes : ceux-ci refusent de te suivre, comme s’il s’agissait d’un ordre imprimé en eux. Ou peut-être est-ce l’arrivée de certains de tes compagnons qui aura changé leur centre d’intérêt. Le souterrain est humide, plein de moisissure, aussi ruiné que le reste de la ville. Jadis, un vaste réseau de couloirs avait dû parcourir cet endroit mais aujourd’hui, la plupart étaient scellés. Tu ne tardes pas à aboutir à ce que tu pourrais qualifier de passage principal : plus large que les autres et soutenu par des piliers massifs. Il n’y a pas âme qui vive aux alentours, ni morts-vivants d’ailleurs. Tu aperçois une toile de temps à autre, signe que les Némésies ont établi certains de leurs nids en ces lieux, mais aucun signe des monstres octopodes. C’est là que tu entends des voix, étouffées par la distances : - ...doit trouver un moyen ! - Laisse moi réfléchir ! - Tu as le cerveau lent, Goros ! - Mais c’est Lyanna ! Elle me déconcentre ! Tu es obligée de te balader à moitié à poil ? - C’est une toute autre chanson que tu me chantais hier soir... - Je t’avais dit ! Pour l’ouvrir, il faut qu’elle soit remplie ! C’est ce qu’elle contenait qu’Elle veut, pas les restes ! - Et moi je te dis le contraire ! Tu veux qu’on s’explique, encore une fois ? - Espèce de... - Taisez-vous ! Quelqu’un vient ! - Tu es sûr ? - Il se faufile, dans les couloirs, comme un faon maladroit. Il sent la peur. - J’envoie Roncefaux ? - Envoie les gardes. - Je vais partir avec Toray. Donne le moi. - Je ne quitterai pas l’objet. - C’est moi qui en ai la clé, je te le rappelle. - Ça reste à démontrer. Etelion, va chercher le colis. Tu nous rejoins au point de rendez-vous, là où attendent les autres. - Bien. C’est à ce moment-là que tu as vu arriver vers toi des squelettes belliqueux... ~ Ariakas ~ Ariakas avait attentivement écouté les voix. Comptant sur ses doigts à chaque fois qu’un nom était cité. Ses pensées rebondissant à chaque phrase. - ...doit trouver un moyen ! - Laisse-moi réfléchir ! - Tu as le cerveau lent, Goros ! ”1...” - Mais c’est Lyanna ! Elle me déconcentre ! Tu es obligée de te balader à moitié à poil ? ”2 : sûrement une femme sauvage, comme elle est à poil...” - C’est une toute autre chanson que tu me chantais hier soir... - Je t’avais dit ! Pour l’ouvrir, il faut qu’elle soit remplie ! C’est ce qu’elle contenait qu’Elle veut, pas les restes ! “Ouvrir quoi ? Remplir quoi ? Il parle pas de quelqu’un quand même...” - Et moi je te dis le contraire ! Tu veux qu’on s’explique, encore une fois ? - Espèce de... - Taisez vous ! Quelqu’un vient ! - Tu es sûr ? - Il se faufile, dans les couloirs, comme un faon maladroit. Il sent la peur. ”Quoi ! tu rigoles je sens sûrement les égouts, souffle comme un bœuf et tu me repères parce que j’ai peur... Avec un peu de chance il parle pas de moi...” - J’envoie Roncefaux ? “3 et au nom c’est peut-être un tréant...” - Envoie les gardes. - Je vais partir avec Toray. Donne le moi. ”4...” - Je ne quitterai pas l’objet. - C’est moi qui en ai la clé, je te le rappelle. - Ça reste à démontrer. Etelion, va chercher le colis. Tu nous rejoins au point de rendez-vous, là où attendent les autres. ”5 et en plus il y en a d’autres à un point de rendez- vous...” Le paladin fit un bref récapitulatif de ce qu’il venait d’entendre. - C’est cinq types qui transportent un truc avec une clé à un point de rendez-vous où des gens les attendent. Est-ce vraiment eux qui ont ce que je cherc... Le paladin fut ramené à la réalité par la lame d’un de ces fameux gardes. - Fina....lement... C’est bien... de moi... dont il parlait... ... Et c’est eux qui dirigeaient ces morts-vivants ! La paladin ne demanda pas son reste et partit d’où il était venu avec l’énergie qu’il lui restait. Le chemin fut plus facile. Vraisemblablement d’autres personnes étaient entrées en ville. Il croisa Aileen mais ne s’arrêta pas. Il fallait qu’il sorte de ces murs pour récupérer et livrer les informations collectées. |
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Les durs propos d’Amallya ne semblaient pas avoir réussi à décourager l’Intendante. Tandis que la fille de Gaïa avait repris sa course vers l’ouest, contournant ainsi les remparts de la cité noire par le nord, Aileen avait quant à elle reprit sa poursuite. Que pouvait donc lui vouloir l’Intendante pour s’obstiner à la suivre ainsi ? Ses propos n’avaient donc pas suffi à lui faire comprendre que sa compagnie n’était pas la bienvenue ? La conseillère n’avait pas le temps de s’arrêter pour tirer tout cela au clair, elle devait pénétrer Quatar avant ses ennemis. Elle devait entrer en contact avec les hors-la-loi avant qu’il ne soit trop tard !
Une violente explosion vint soudain tirer Amallya de ses pensées. Par réflexe, la femme sauvage plongea à terre. Après avoir rapidement vérifié ne pas avoir été blessée par la déflagration, la conseillère se retourna pour porter son regard vers Aileen. L’intendante n’avait pas eu la même chance et, bien qu’elle ne semblait pas avoir été blessée, les sens de celle-ci avaient indéniablement été altérés par la violence de l’explosion. Ainsi, lorsqu’elle tenta de se relever, l’elfe ne sembla pas s’apercevoir de la présence d’Amallya, accroupie à quelques mètres d’elle. - Amallya ! ARRÊTE !! Ce ne sont pas... Des hors la loi ! Ils sont au service de l’Ennemie ! Reviens ! Aileen avait dirigé ses paroles en direction des murs de la cité. Sans doute pensait-elle qu’Amallya y était déjà entrée. Cela n’avait aucun sens ! Comment aurait-elle pu pénétrer la cité alors que les lourdes portes de celle-ci étaient toujours fermées ? La femme sauvage accompagna cette pensée d’un regard en direction des ruines de Quatar pour découvrir avec stupéfaction que les portes Ouest de la cité étaient grandes ouvertes. Comment avait-elle pu ne pas les remarquer avant ? Amallya n’eut pas le temps de tirer cette question au clair. Déjà l’Intendante pénétrait-elle dans la cité maudite, pensant probablement poursuivre la conseillère. Quelle inconscience ! Pénétrer seule dans cette cité n’était guère raisonnable. La jeune elfe semblait avoir perdu la raison et Amallya ne pouvait décemment pas l’abandonner à sa folie. D’autant plus que la conseillère avait toujours pour intention de rencontrer ces hors-la-loi avant qu’un conflit inéluctable n’éclate. C’est donc d’un pas assuré qu’Amallya se dirigea à son tour vers les ruines de la citadelle, bien décidée à rencontrer ceux qui se terraient à l’intérieur. Amallya
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~ Isa et Elen ~
Le cri qui avait déchiré l’aube silencieuse avait aussi réveillé l’Olympienne, tandis qu’elle dormait à poings fermés. Aussi son souvenir s’étiola-t-il vite dans les brumes matinales mais il en resta néanmoins une inquiétude tenace qui la fit se préparer à la hâte. Lorsqu’elle rejoignit Elen et leur fille qu’il berçait dans ses bras, contant une histoire, le groupe s’était en partie dispersé et elle remarqua vite l’absence de l'Intendante et de l'Ashka, désormais son époux. - Ils sont déjà partis ? Ils... Elle ne pouvait imaginer qu'ils pouvaient être à l'heure qu'il est en plein combat pour tenter de libérer cette Olympienne enlevée ou mettre la main sur la lame rituelle. Je vais aller aider Aileen, c'est plus sûr si tu protèges notre fille. Lilei ne risquait rien avec son père. Rien ne pouvait le surprendre, il était bon combattant et au pire, si cela devenait intenable, il serait capable de distancer n'importe quoi dans cette forêt. Isa ne pouvait abandonner une fois de plus sa Prima-Luwä. Elle se reprochait encore de l'avoir laissée seule avec les souvenirs de la transe, qu'elle avait dû ressasser à chaque nouvel arrivant du groupe. Puis pour son union avec Evonis... Même si elle avait de nombreuses raisons pour fuir cette responsabilité, ce n'était pas vraiment digne de l'amitié dont elles s'assuraient mutuellement. Elle resta encore une petite minute, son regard couvant sa fille assoupie contre son père, puis embrassa Elen avant de partir vers Quatar. - Nous te donnerons vite des nouvelles. - A non, ne lele ! Fit-il, la retenant. Des nouvelles ne me suffisent pas ! Je ne sais pas ce qui se trame ici, mais tu ne vas nulle part sans moi ! Lilei, nous pouvons la confier à Dahlia. Tu sais comme il est doué pour se cacher. Mais jamais tu n’approcheras cette maudite ville seule. JA-MAIS ! Et s’il s’agissait encore un de Ses tours, il n’était pas exclu qu’elle tire vengeance en s’attaquant à Isa. Il ne le permettrait pas. Et il avait un compte à régler avec Elle. Il ne laisserait pas passer une occasion de se rappeler au bon souvenir de l’Ennemie. Plus elle focalisait son attention sur de petites contrariétés de son acabit, moins elle échafauderait des plans tordus. Évidemment, c’était Lui prêter un mode de fonctionnement mortel, une gageure en somme, mais cela vallait le coup d’essayer. - Dalhia ? C’est vrai que le Lutin était loin de manquer de ressources, mais il l’ignorait la plupart du temps. Encore fallait-il qu’il accepte... - Parfaitement. Et tu verras, cette fois-ci, tu sortiras de la bataille sans une seule égratignure ! - Alors allons-y, on a déjà trop tardé... Fit-elle en avisant le Lutin qui regardait autour de lui avec son air toujours étonné. - Dalhia, appela le Loup, approche, il faut qu’on te parle ! ~ Dalhia ~ Le petit lutin sursauta lorsqu’on l’appela. C’était Elen. Un instant, il jeta des coups d’oeil paniqués autour de lui se demandant ce qu’il avait bien pu faire pour qu’on veuille lui parler, à lui... - Je... Je... J’ai rien fait m’sieur ! Je sais pas pourquoi ça a crié j’ai pas vu ! Promis j’ai rien fait ! Fit-il, parlant très vite comme s’il n’avait qu’une envie : Filer se cacher dans un terrier de lapin. Et d’ailleurs, il ne savait même plus si ça avait vraiment crié... - Écoute attentivement : c’est très important. Nous allons te confier ce que nous avons de plus précieux au monde. Je veux que tu la protèges au mieux de tes capacités. Il faut que tu te trouves une cachette, la meilleure qui soit. Et que tu t’y dissimules avec celle que nous allons te confier. Tu ne sors sous aucun prétexte, tu ne fais pas un bruit et tu attends notre retour. Lorsque tu seras bien sûr que c’est de Isa ou moi qu’il s’agit, tu pourras sortir. Tu as compris ? - Heu... Ou.... Oui..? Répondit-il en ouvrant de grands yeux étonnés. On lui confiait une mission, se cacher. Avec quelqu’un. Qui ? Et pourquoi ? Elen hocha la tête, et il lui confia la petite Lilei, qui ne semblait plus si minuscule dans les bras du lutin. Après un bref regard à Isa, il ajouta, à l’intention du Lutin. La gamine tripota le visage de Dalhia sans retenue, touchant ses joues, son nez et son front, en babillant, amusée. Lui semblait un peu moins amusé et cherchait tant bien que mal à éviter que la petite ne lui enfonce ses doigts dans la bouche ou dans le nez... - Lorsqu’elle pleure, essaye de la calmer en la berçant. Si ça ne marche pas, vérifie qu’elle n’a pas rempli son linge. Si ce n’est pas le cas, c’est qu’elle a faim. Et si ce n’est rien de tout ça, c’est qu’elle veut dormir. Il confia aussi à Dalhia de quoi changer l’enfant, en lui expliquant précisément comment il fallait procéder. Il ajouta deux outres pleine d’eau et de miel. L’une serait pour le lutin, qui ne pourrait probablement pas s’empêcher de goûter, l’autre pour Lilei, même s’il lui semblait bien trop tôt pour la sevrer. Peut-être que Isa et lui ne seraient pas absents trop longtemps... - Nous ne serons pas longs. Promit-il. - D’a... D’a... D’accord ! Bredouilla le lutin, pas vraiment sûr de savoir s’il serait à la hauteur. Et si au moins elle arrêtait de vouloir lui tirer les cheveux..! - Merci Dalhia, ne t’inquiète pas, elle sera mignonne et tout ira bien. Nous reviendrons vite. Prends bien soin de vous deux. De son côté, Isandre suivait le manège du couple en pleine négociation... Et une idée effleura son esprit : le Lutin seul avec la petite... Un obstacle négligeable entre elle et ce nourrisson dans les veines duquel coulait partiellement - mais bien assez - son propre sang. Ses petits yeux s’étrécirent, comme ceux d’un prédateur qui sent l’ouverture vers une proie imprévue mais ô combien tentante... De légers tapotements la tirèrent de ses pensées. Le Chaman l’observait, ses doigts jouant sur le pommeau de son épée, avec un sourire rayonnant : celui d’un officier qui prend un voleur en flagrant délit, celui d’un prêtre qui jubile à l’idée d’enfin punir un mécréant en plein blasphème, celui d’un père qui ne reculera devant rien pour forcer une petite vieille à respecter ses serments. De celui qui ne donnera plus d’avertissement supplémentaire. - Oh tu peux sourire ! Invente-toi des victoires tandis que tes soi-disant alliés se précipitent pour parlementer avec les nouveaux bouchers de Quatar. Peuh ! Lança-t-elle au Loup, son mépris tâchant de dissimuler la frustration de s’être faite repérer. - Isandre a l’air de beaucoup aimer Lilei, ne lele. Murmura le Chaman à son épouse, avant de se retourner en faisant voleter sa lourde cape de fourrure pour suivre le mouvement vers Quatar. Isa tourna la tête, tout aussi interloquée par la sortie de sa grand-mère que par la réponse d’Elen et les regarda tour à tour sans comprendre. - Hum... Allons-y, Grand-mère. N’oubliez pas que nous sommes tous là dans le même but, n’est-ce pas ? A tout de suite ma puce... Ne put-elle s’empêcher de dire à Lilei avant de se mettre en route. La vieille suivit en maugréant et ne s’arrêta de marmonner que lorsqu’elle aperçut Ariakas, transformé en hérisson, qui surgissait des ruines. Lui au moins eut grâce à ses yeux, en digne représentant des hautes castes de Lardanium, et elle s’empressa de le soulager de quelques égratignures. Pendant ce temps, un lutin esseulé. Dalhia aurait bien observé tour à tour Isandre et Elen, ne comprenant pas vraiment de quoi ils parlaient s'il n'avait pas dû lutter contre des petites mains potelées et un peu trop curieuses. En tentant de les éviter une nouvelle fois, il faillit tomber en arrière mais parvint à garder son équilibre, de justesse. Il raffermit sa prise sur l’enfant, pour ne pas risquer de tomber une nouvelle fois et lança des coups d’oeil plus ou moins inquiets autour de lui. Il était tout seul, maintenant, tout le monde était parti... Et puis, il fallait qu’il se cache, aussi ! Tant bien que mal, un peu gêné par Lilei, il erra quelques minutes aux alentours de ce qui avait été le camp du groupe hétéroclite. Pas trop loin, il n’avait pas envie de se perdre. Un peu plus loin, il avisa la large ouverture d’un terrier creusé, sans doute par un blaireau. Il avait l’air d’y avoir de la place, ici... Il s’y faufila avec Lilei, sans aller trop profondément dans le trou, il faisait noir là dedans... Et puis il ressortit la tête, regardant aux alentours... Non, rien. Il partit en courant, attrapa les fournitures qu’Elen lui avait confié et revint, toujours au pas de course, vers le terrier. Lilei n’avait pas bougé et, à son regard, elle semblait se demander à quel manège jouait le lutin... Il vint s’installer à côté d’elle, tapis dans l’ombre, surveillant l’entrée de leur cachette. Ne restait plus qu’à attendre et ne pas faire de bruit. - Mwagala ! Fit Lilei, enjouée, sa bonne humeur revenue avec le retour du Lutin. - Chhhhhut ! Elen il a dit qu’il fallait pas faire de bruit ! Chuchota le lutin, jetant des coups d’oeil inquiets vers l’extérieur. |
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~ Gourlx et Machin ~
- Maitre, je crois qu’il y a combat. - Hu ? Qu’est-ce tu ‘ragouines Machin ? - J’entends des bruits métalliques, peut-être même des arcs... Regardez : les Forestiers entrent dans Quatar ! - Bwahahaha v’la sûrement les vaut-peu-d’chose qu’on est viendu découpailler. On a qu’a laisser les verdeux s’esquinter d’ssus, pis on ira découper une ou deux têtes après. Gourlx se frotta le ventre, un sourire grimaçant sous sa barbe. Si les Forestiers étaient assez bêtes pour aider à régler le compte des hors-la-loi pour les Impériaux, ça lui allait. S’il l’étaient aussi suffisamment pour aller se faire tuer, c’était encore mieux. Il gloussa intérieurement, alors que Machin semblait plutôt tracassé. - Maître, c’est curieux, cette ville est une ruine depuis fort longtemps, personne ne devrait y être. - M’en fout. - Et vous ne trouvez pas curieux de voir les elfes et les sauvages se lancer si prestement à l’intérieur, face au danger ? - Comme des clébards sur un bout d’lard. - Qu’entendez-vous par ”bout de lard” ? - J’sais pas moi... Heu... Les yeux stupides du nain scintillèrent. La réflexion de Machin lui venait (tardivement) à l’esprit, à présent. Quels étaient les intérêts des Forestiers dans cette histoire ? Quelque chose à l’intérieur des ruines ? Quelque chose qui se mange ? Sûrement... Et il ferait beau voir que Gourlx, dit le Navet d’Or, n’ait pas sa part. - Et une bonne part ! Pasque j’ai faim moi ! - Que dites-vous, Maître ? - J’l’ai laisserai pas manger tout l’gâteau ! - Heu... Hum sûrement oui. Mais je crois plutôt que nous ne devrions pas les perdre de vue. Qui sait ce qu’ils sont venus chercher ici ? - J’vais leur montrer comment qu’ça s’bat un nain moi ! GRUAAAARGH ! L’affreux nain, hache en main, bouscula le lutin et se précipita vers la porte entrouverte. Mu par ses réflexions absurdes, il semblait bien décidé à en découdre, quoi qui l’attende dans ces ruines lugubres. ~ Aileen ~ Aileen s’était lancée à l’assaut des ennemis tête baissée, sans même remarquer tout d’abord leur nombre important mais ses coups ne firent qu’égratigner les os solides des squelettes. Tant pis. Odeli était là depuis peu elle aussi et ses coups d’épée semblaient plus efficaces que les siens. Peu après les projectiles commencèrent à pleuvoir sur la jeune Cerf, une première flèche, puis une deuxième qu’elle évita, par hasard sans doute. Et bien d’autres. Puis ce fut au tour des épées d’êtres tirées. Déjà blessée, la Cerf n’évita pas les coups, et pourtant, malgré le sang qui coulait de ses blessures, les lames des morts tout comme les flèches ne semblaient pas faire grand mal à la jeune femme. Malgré tout elle restait là, face à eux, le souffle court, serrant de toutes ses forces son arme devenue presque inutile. Elle se fichait du sang et du nombre des ennemis, elle ne voulait pas céder un pouce de terrain. Il fallait qu’ils avancent, qu’ils découvrent ceux - ou Celle ? - qui contrôlaient ces créatures. Ceux qui avaient pris la boîte et qui se cachaient quelque part dans les ruines de la ville. Peu à peu les renforts arrivaient alors qu’elle sentait ses plaies se refermer sous l’effet d’un sort d’Amallya, juste avant qu’une nouvelle pluie de flèches ne la mette à mal à nouveau. Peu importait combien de projectiles elle recevait à son corps défendant, ils passeraient au travers de ces armées, elle n’en doutait pas. Ariakas passa à toute allure - ou du moins aussi vite que son état le lui permettait - à côté d’elle, criblé de flèches, lui aussi... Quand était-il entré ? Jusqu’où était-il allé pour revenir blessé ainsi ? Elle se tourna un instant vers lui. - Ariakas ? Qu’est-ce que vous avez vu, là-bas ? Il y en a encore beaucoup ? Fit-elle, arrachant une énième flèche de son bras. La douleur, elle ne la sentait même plus... |
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~ Ariakas ~
Ariakas s’arrêta lorsqu’il entendit son nom. - Les ”forces alliées” étaient déjà aussi avancées ? Ils pourraient bientôt aller libérer Paris de la menace causée par les zombies nazis. - Tu t’es trompé de jeu là ! - Oops... Désolé... - J’ai rien... vu... trop de... toile d’araignée... dans fissure... Le paladin prit une profonde inspiration histoire de pouvoir sortir une phrase complète en une fois. - Les zombie sont une ... diversion... ... Les maîtres des zombies partent à un rendez-vous... ...Avec... ...Une objet fermé à clé... Après trois profondes inspirations, il repris en mode apnée. - Comme j’étais seul dans cette cave, je comptais essayer de sortir de la ville pour trouver le point de rencontre dont les cinq types que j’ai entendu parler parlaient à défaut de pouvoir les suivre car ils m’ont envoyé leurs serviteurs zombiiiiiiies..... Le paladin refit le plein d’air et commença à inspirer et expirer profondément pour reprendre un rythme de respiration normal. ~ Aileen ~ Aileen ne comprit pas immédiatement les bribes de phrases du Paladin. Cela dit, leurs ennemis se faisaient plus rares et les coups commençaient à pleuvoir moins dru aussi put elle prendre quelques instants pour essayer de reformer un ensemble cohérent avec ce qu'elle avait pu comprendre. Un rendez-vous et un objet fermé à clé... Pour elle c'était évident, ils avaient la boîte, ils voulaient accomplir le rituel qu'elle avait vu pendant la transe. Ils devaient se dépêcher et les rattraper, il n’était peut-être pas trop tard. Personne n’était sorti de la crevasse au pied de la tour d’obsidienne, à part Ariakas. Peut être étaient-ils encore à l’intérieur ? Et s’ils empruntaient un passage souterrain ? Il pourraient les suivre, en suivant cette même route... Du moins, la Cerf l’espérait. -Un rendez vous... Ils ont la boîte ! Il faut qu’on les rattrape et vite, c’est notre seule chance. Je ne sais pas quel rituel ils veulent faire mais on doit les arrêter ! Lâcha-t-elle au groupe alors que de la crevasse de nouveaux ennemis arrivaient. ”Ça n’en finira donc jamais ?!” Songea-t-elle alors que d’autres coups pleuvaient, aussi bien sur elle que sur Odeli. La Louve semblait mal en point mais Aileen n’était toujours pas prête à abandonner, malgré l’épuisement qui se faisait de plus en plus sentir malgré tout ses efforts. La jeune Elfe utilisait ses énergies, son Finyë, à la manière de ceux de son clan pour rester plus longtemps au combat, ignorant les coups et repoussant toujours ses limites. Mais elle n’était pas aussi résistante que les guerriers plus expérimentés. Elle ignorait combien de temps elle pourrait encore tenir mais il fallait continuer et avancer quelque soit le nombre d’ennemis qu’ils avaient à affronter... Leurs adversaires étaient nombreux, certes, mais eux aussi et elle ne doutait pas de leurs chances. Ils n’avaient de toute façon pas le choix. Elle se retourna un instant, jetant un coup d’oeil aux combattants. Ils étaient presque tous là. Presque... Elle ne voyait pas la silhouette massive d’Evonis. Peut être qu’Elen lui avait confié Lilei...? Elle l’espérait, en tout cas. Mais l’heure n’était pas encore aux questions. Elle avait beau s’inquiéter pour son Loup, l’urgence n’était pas là... ~ Elen ~ Les créatures, pleines de colère après que plusieurs des leurs aient été anéanties par le groupe disparate, se jetèrent sur les proies faibles et sur ceux qui les avaient agressées. Le Golem Charoue fut taillé en pièce, elles se jetèrent ensuite sur Gourlx, Egbert et Fulminor, en première ligne, évitant soigneusement l’Oracle qui venait de piétiner un squelette. Une des gigantesques araignées cracha des jets acides empoisonnés sur les gens alentours, avant de grimper sur le mur. Isandre fit partie des victimes. Un squelette envoya une tête putréfiée sur Fulminor, mais le géant dévia le coup sur deux autres créatures. La seconde tête s’éleva dans les airs, et vint s’écraser sur Isandre, l’éclaboussant de cervelle. Le mort vivant décocha un trait, couvrant l’avancée d’un de ses pairs. Tandis que la flèche pénétrait la peau ridée de la vieille, le second squelette arriva à la hauteur de l’incarnation, épée en main, frappant coup sur coup. Une némésie arriva à son tour, crachant par trois fois ses sucs sur Isandre. Elle s’apprêtait à réitérer son acte une quatrième fois quand surgit devant ses multiples yeux noirs une épée enflammée. Dans sa peur panique du feu, la créature eut le réflexe de mordre une fois le Chaman, venu s’interposer entre elle et sa proie, avant de battre en retraite. Le poison coulant dans ses veines, le Loup jeta un regard méprisant à l’incarnation : - Et ce n’est pas pour vous que je le fais... Fit-il, en s’éloignant. ~ Fulminor ~ Le géant avait mis les pieds dans le plat se prenant tout seul dans un nid de ces créatures arachnides géantes. En représailles, il avait porté une série de coup histoire de se défouler un peu puis avait pioché dans sa réserve de potions pour se soigner des effets étranges et néfastes que ces araignées avaient insufflés. C’est à ce moment-là qu’un drôle de projectile se dirigea droit sur lui. Dans un réflexe surnaturel il dévia le coup ce dont il ne serait pas cru capable. Mais d’autres créatures passaient alors à l’attaque ce qu’il n’avait pas anticipé faute sans doute à sa vue particulièrement basse. Alors que le combat faisait rage il devenait de plus en plus difficile de savoir où aller et quoi frapper ou même s’il y avait une autre façon de résoudre cette situation complexe. Toujours aussi efficace, Isandre avait appliqué une sorte de magie étrange sur les blessures du géant alors qu’elle avait été prise elle-même pour cible par une de ces grosses créatures à huit pattes. Cependant c’était à présent un squelette qui se tenait devant Fulminor, un des deux allait devoir rendre les armes très bientôt. ~ Faceo ~ Faceo avait entendu l’appel. Il avait rejoint le groupe en retard et s’était endormi comme un ours devant une des portes de la cité des hors la loi. Lorsqu’il s’était réveillé, il n’y avait plus personne autour de lui, à part deux ou trois lutins. Il vit une porte entrouverte et entra dans la cité. Tout le monde était entré et armé, il devait se passer quelque chose. L’elfe fit quelques pas de plus dans la cité, puis vit des armures au sol, il couru droit sur l’armure, puis se rendit compte que c’était un piège mais malheureusement trop tard. Un fil de soie lui engluait les pieds. - Foutues araignées, depuis quand une araignée fait des pièges si sournois. A ce moment là, l’elfe vit un squelette proche d’un géant. Il regarde le géant qu’il avait déjà vu près du lac de Na’helli, puis regarda le squelette, un de ces squelettes qu’il avait déjà rencontré au niveau des piliers. Le choix était vite fait, sus aux squelettes. ~ Narrateur ~ A Ariakas Cette fois-ci, tu es attendu, dans le souterrain. Les squelettes se jettent sur toi, te frappant sans relâche. Et ils finissent même par te capturer. Alors que tu crois ta dernière heure venue, il te saisissent par les bras et te traînent plus profondément dans le complexe. Ils te conduisent jusqu’au couloir principal que tu as écumé leur de ton premier passage ici, puis empruntent le premier couloir sur la droite, t’amenant à une pièce que tu n’avais pas vue à ton arrivée, attiré par les voix. ![]() L’endroit pue l’étron et la vieille urine, en plus de la saleté et la crasse. Les murs sont recouverts de moisissures verdâtres et une eau saumâtre recouvre le sol. Dans les recoins poussent des champignons blanc et malingres. De la dizaine de cage qui occupe l’espace, trois seulement sont occupées. Un Elfe attend, impassible, adossé contre l'une d'entre elles. Une table de bois sur laquelle figurent des symboles marqués au charbon et des cierges aux trois quarts consumés. Une flaque de sang séché, entourée par un cercle grossièrement tracé, macule le meuble. L’Elfe massif te fait face. Son armure de plate complète et son épée, sa peau halée par les Titans ornée de quelques reflets bleutés et le dessin sur son bouclier ne laissent aucun doute quant à son appartenance au clan du Loup. Il se dégage de lui de la noblesse, un trait qu’il doit à sa mère, une Noble de haute naissance. Il est loi d’avoir l’air aussi dangereux ou cruel que ses compagnons. ![]() - Un reproducteur. Parfait. Mettez le avec l’Olympienne. Nous allons bientôt partir. La femme en question, une olympienne richement vêtu, se trouve dans une cage de fer forgé. Ses vêtements, bien que ruinés, sont faits des plus riches étoffes, brodés de fils d’or. Elle porte même encore un diadème en or et perles à son front, ainsi qu’une couronne et un collier précieux. Elle grelotte, emmitouflée dans sa cape d’hermine. ![]() Dès qu’elle t’aperçoit, elle s’écrit : - Les Dieux soient loués ! - Ferme la, idiote. Personne ne viendra pour vous. Le Loup l’a coupée dans sa joie, dégainant son épée, faisant signes aux squelettes sur place de se tenir prêts. Une jeune elfe brune, pâle, est recroquevillée dans ses vêtements en loque, dans la cage qui fait face à la tienne. Une de celles laissée par le Dieu sombre. Ses possessions personnelles se limitent à une robe déchirée et un collier auquel pend des grigris elfique. Lorsqu’elle vous a entendus approcher, elle vous a observé un instant de ses yeux rougis pas les pleurs, toi et les squelettes, avant de reprendre sa position de prostration et de recommencer à sangloter. ![]() A peine visible sous ses couvertures, dans la troisième cage, un Nain fiévreux, à la barbe hirsute, gît sans connaissance. Le sol autour de lui est taché par le sang. Il respire avec une lenteur infinie... ![]() ~ Ariakas ~ Le paladin regarda Aileen. Il avait enfin récupéré son souffle. - Vous avez raison. Maintenant que vous êtes là, le plus simple sera de suivre les souterrains. Ça m’évitera de chercher où ils sortiront dans la forêt. Je vais partir devant. Je vais essayer de les retarder le plus possible. Sans même attendre la réponse d’ Aileen il repartit d’où il était venu. Une fois arrivé dans le souterrain des squelettes se jetèrent sur lui. Il se défendit comme il le put mais l’un d’entre eux réussi à le désarmer. - Vous vous croyez forts et malins ! Le paladin observait ses agresseurs droit dans les orbites lorsque sa main toucha ce qui semblait être un mur. Après un rapide tour de tête il ne put qu’admettre qu’il était totalement acculé. - Et merde... Plaçant ses mains sur sa tète pour se protéger des coups, et tenir le plus longtemps possible, il sentit une main l’ agripper et le traîner plus loin. Après quelques minutes il se retrouva dans une cage. Il se frappa la tête une fois sur l’une des barres de la porte. - Mais quel abruti... Ariakas ferma les yeux et commença à réfléchir à ce qu’il avait entendu. Ils aillaient bientôt partir. Mais comment? Même si il trouvait une ouverture il fallait qu’il fasse sortir l’olympienne qu’il était venu chercher. Pourrait il faire quelque chose pour le nain ? Et l’elfe ? Comment indiquer le chemin qu’ils vont prendre au personnes encore dehors ? Il devait trouver un moyen d’être pisté facilement... Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes Responsable de l'Éclat des Lunes ♥ |
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~ Aileen ~
Encore une Némésie qui tombait, sous les coups d’Aileen cette fois. La créature devait être bien mal en point pour que la jeune Cerf réussisse à l’abattre de ses menues forces... A l’extérieur il n’y avait bientôt plus de squelettes ou d’araignées. Mais dans le trou béant qui s’ouvrait aux pieds de la tour d’obsidienne, combien guettaient encore, attendant l’arrivée de leurs proies..? Profitant du calme relatif de la fin du combat, Aileen recula de quelques pas, haletante et son regard parcourut le groupe à nouveau. Toujours pas la moindre trace d’Evonis... Etait-ce bon signe ou non..? Loin des combats, le Loup ne risquait pas de s’attirer les foudres de leurs ennemis, mais qui sait quels dangers régnaient dans la forêt ? La Cerf se tourna vers le Chaman, non loin derrière elle. - Elen... Où... Où est Evonis ? Il est resté avec Lilei ? - Il n’était pas avec toi ? Fit le Chaman, esquivant de justesse un coup porté par un squelette avant de lancer son épée en avant, la faisant ricocher contre les côtes de la créature sans occasionner le moindre dommage. - Non... Non, je pensais qu’il était resté avec vous ! Pourquoi, il... Il est parti ? Répondit-elle, soudainement inquiète. - Te chercher. Ce matin. - Me... Me chercher ?! On ne l’a pas vu... Mais pourquoi... Pourquoi tu ne l’as pas retenu ? C’était... Il fallait pas le laisser partir seul ! C’était trop dangereux ! - C’est un Ashka, Aileen. Il ne risque rien. Et tu le connais... Il détourna un coup d’épée avec son bouclier avant de l’expédier dans le crâne de son adversaire. ...il sera au campement, à nous attendre, bien tranquillement quand on reviendra couverts... Il expédia un autre coup de bouclier dans la tête du squelette. ...de bosses. - Il ne risque rien ? Non ! On ne sait pas ce qui se cache dans la forêt, il y a peut-être d’autres créatures... Et si il rencontre ceux qui ont la boîte... Elle s’arrêta alors que le squelette décidait de s’en prendre à elle mais le coup qu’elle encaissa la fit à peine broncher. - Ariakas a dit qu’ils étaient ici. Ils ne sont pas dans la forêt. Et Evonis est tout sauf stupide. Il ne les affrontera jamais seul ! - J’espère que tu as raison... Fit-elle à voix basse. Elle espérait qu’Elen avait raison. Mais pour en avoir le coeur net, il fallait se dépêcher... Ainsi, elle n’attendit pas et fit volte face, ignorant le squelette qui était toujours là. Sur le champ de bataille ne restait plus que lui et quelques araignées... Les autres s’en tireraient sûrement sans soucis. Ariakas, par contre... Le paladin avait disparu dans l’ouverture au pied de la tour et n’était pas reparu. Est-ce qu’il avait des ennuis ? Aileen prit le parti d’aller le constater de ses propres yeux. Dans le pire des cas, les autres ne devraient pas tarder à suivre. Aileen fut immédiatement saisie par les mêmes squelettes qu’Ariakas, et conduite à la geôle. L’Elfe des Lunes, visiblement contrarié, l’assigna généreusement à une cage jouxtant celle de la Corbeau éplorée. La Cerf se débattit mais déjà trop épuisée par les combats du dessus et seule face à plusieurs squelettes, elle ne put pas résister bien longtemps. Ariakas aussi s’était fait avoir, constata-t-elle. Elle aurait dû attendre les autres plutôt que de vouloir aller trop vite et maintenant, elle aussi se retrouvait enfermée. Mais elle n’en restait pas moins déterminée. Ils sortiraient de là. ![]() Elle frappa les barreaux de sa prison d’un poing rageur, foudroyant du regard celui qui en avait refermé la porte. Elle ignorait ce qu’ils planifiaient, avec tout ces prisonniers mais elle était persuadée que leurs plans tomberaient à l’eau. Les autres ne tarderaient pas... - Ils seront bientôt là, plus que quelques araignées à achever... Fit la Cerf, pour Ariakas. Loin de désespérer, elle se tenait droite, comme prête à bondir à l’extérieur à la moindre occasion... ~ Narrateur ~ - Vous êtes venu me sauver, paladin ? Telle est la demande de l’Olympienne lorsque déjà vient une nouvelle prisonnière. L’elfe massif chargé de tenir la pièce n’appréciait vraisemblablement pas la tournure de la situation. - Mais qu’est-ce que je vais faire de vous ? Avec le merdier que vous avez foutu là-haut, je n’ai même plus assez de gardes pour vous convoyer ! Je devrais tous vous saigner comme des porcs ! A commencer par toi si tu ne cesses pas de geindre ! Le geôlier frappe la cage de l’Elfe des Lunes, toujours entrain de sangloter. La pauvre jeune femme se recroqueville plus encore et tente désespérément de ravaler ses sanglots. Il pointe son arme dans la direction de la compagne de cellule de Ariakas. - Et toi, là, cesse de lui parler où je te coupe la langue ! Tu n’en as pas besoin pour ce que tu dois faire ! Quant à toi... Il regardait Aileen, les sourcils froncés, comme s’il était prêt à annoncer sa sentence, mais il se ravisa : il pourrait lui trouver un usage, si les autres se débrouillaient pour en finir avec les gêneurs en surface. Il se contenta de jurer : - Quand est qu'il vont se décider à arriver, ces putains de sacs d’os ? ~ Ariakas ~ Ariakas vint se placer entre l’olympienne et le geôlier. Une manière de lui répondre sans avoir à parler. - Je sais que je ne suis pas vraiment en position de vous conseiller mais... Le paladin s’arrêta là attendant la réaction du geôlier. Allait-il pouvoir l’embobiner pour l’amener à faire ce qu’il voulait ? Va savoir... Bah pour l’instant il savait pas mais ça viendrait. Après tout il avait retrouvé ceux qu’il était venu chercher. Il n’avait plus qu’à trouver un moyen de sortir avec tout le monde, et l’arrivée d’ Aileen aller sûrement aider. ~ Narrateur ~ - Écoute bien, toi : tu n’es en vie que pour une et une seule raison. Nous avons besoin de ta semence. Tu te tais, tu fais ton affaire avec elle et tu garderas ta langue. Et tu me remercies intérieurement de ne pas t’amocher pour ça. C’est une offre généreuse que tu n’es pas en mesure de refuser. C’est la seule et unique réponse que Ariakas obtient pour son défi. Rien d’autre, car l’Elfe, donnait à présent des ordres aux squelettes présents dans la pièce pour les placer en des points stratégiques. Pendant ce temps, en ville : Au milieu du tumulte de la bataille, au sein des décombres d’une maison, un des buissons de ronces s’agita. Discrètement, d’abord, puis de plus en plus rapidement. Il s’enfla tandis que les autres, autour de lui, rétrécissaient à vu d’oeil. A bien y regarder, tous ne formaient qu’une seule et unique plante : une longue tige garnie d’épines les reliaient à la grande masse centrale et contribuaient à rétracter ces pseudopodes végétaux vers leur noyau. Une forme vaguement humanoïde émergea, grande comme un Géant, marchant d’un pas lourd. Les squelettes et les némésies alentour s’éloignèrent de lui, probablement pour éviter d’être piétinés. Il traversa la rue, et s’engouffra dans une des maisons en ruines, disparaissant à l’intérieur. Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle ! ♥ |
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~ Amallya ~
En franchissant les portes de la cité noire, Amallya ne s’attendait certainement pas à ce qu’elle découvrit. Alors qu’elle s’imaginait se retrouver face à une communauté pluriraciale et cosmopolite, ce furent des squelettes en armure et des araignées géantes que la femme sauvage trouva sur son chemin. Mais que pouvaient bien faire ces créatures maléfiques en ces lieux ? La situation devint rapidement claire pour Amallya : ces créatures avaient probablement assaillies la cité d’obsidienne dans le but de rallier les hors-la-loi à leur cause ou bien de les anéantir. Les habitants de cette cité en ruine étaient à présent certainement morts, en fuite ou retenus prisonniers. Ne voulant présumer du pire, Amallya s’était donc investie de la mission de libérer Quatar pour en rendre le contrôle à ceux d’entre eux qui étaient parvenus à s’enfuir. Il n’y avait d’ailleurs pas de temps à perdre. Si tôt ces constatations établies, et après avoir subie une première salve d’assauts de ces créatures peu hospitalières, Amallya se lança au combat auprès de l’Intendante Aileen. Peu à peu les deux combattantes furent rejointes par les impériaux et les forestiers qu’elles avaient quittés à l’aube. L’affrontement qui en suivit fit rage dans la cité et la femme sauvage dû rapidement délaisser le combat pour se consacrer au soin des blessures de ses alliés de circonstance. L’alliance des forces des forestiers et des impériaux s’avéra efficace et le combat tourna rapidement en leur faveur. Tandis que les rangs des squelettes et des némésies ne cessaient de s’amoindrir sous les coups et les sorts de leurs assaillants, le groupe des forestiers et des impériaux, malgré quelques pertes mineures, continuait à croître à la faveur de nouveaux renforts. Après avoir soigné les blessures suintantes de poison d’un énième blessé, Amallya reporta son regard sur le champ de bataille à la recherche d’un nouveau combattant en difficulté. Ce fut pourtant les rangs des squelettes qui attirèrent l’attention de la femme sauvage tandis que ceux-ci se fendaient à l’approche d’une créature intrigante constituée d’épines et de feuillages. Cette scène peu commune attisa la curiosité d’Amallya. Se pouvait-il que cette chose soit un tréant ? Si tel était le cas, un membre de son peuple devait probablement être à l’origine de sa présence en ce lieu. Probablement un hors-la-loi ! Amallya devait en avoir le cœur net. Après avoir rapidement considéré le champ de bataille, la conseillère constata que les forces ennemies, fortement réduites, ne constituaient probablement plus un danger pour les forestiers et les impériaux qui avaient investis la cité. Le contrôle de celle-ci leur serait rapidement acquis. - Ils pourront bien se passer de mon aide ! conclut Amallya avant de se précipiter dans la maison en ruine, à la suite de l’homoncule de ronces. ~ Narrateur ~ A Amallya Tu entres dans une bicoque crasseuse, pas encore tout à fait détruite par le temps : les murs sont de pierre, seul le toit a été éventré par les intempéries. L’endroit à depuis longtemps été pillé et le mobilier est dans un sale état. Dans un coin se trouve un escalier, large, mais pas suffisamment pour que la créature que vous avez suivie puisse s’y faufiler. Il descend vers les profondeurs de Quatar. Cependant, vu la manière dont elle semblait capable d’arranger les longues branches, et puisqu’il s’agissait là de la seule issue... ~ Amallya ~ Amallya pénétra prudemment dans la vieille demeure en ruine. Après avoir parcouru les décombres à la recherche de ce qu’elle supposait être un tréant, son regard s’arrêta sur un escalier qui descendait dans les profondeurs de la cité. Ce passage pouvait-il mener à un souterrain dans lequel les rescapés s’étaient réfugiés ou par lequel ceux-ci avaient pris la fuite ? Cette créature végétale cherchait-elle à mener Amallya jusqu’à ses maîtres pour leur prêter assistance ? Il n’y avait qu’un moyen de trouver réponse à ces questions et c’est d’un pas décidé qu’Amallya s’engouffra dans les entrailles sombres de la cité noire. ~ Narrateur ~ A Amallya Tu as fini par rattraper la créature barbelée, qui avance comme un automate, sans se préoccuper de ta présence. Elle débouche sur un couloir transversal, et rejoint deux personnes. L’un est un géant grand comme deux Olympiens, bardé d’acier. Sa peau est épaisse, comme faite de roche, et deux gemmes bleues vous scrutent depuis les fentes de son casque. Il porte dans ses mains un fléau d’arme hérissé de piquant, parfaitement adapté à sa taille. Et l’espadon accroché à son dos est lui aussi à sa mesure. ![]() L’autre est une femme sauvage d’une rare beauté, peu vêtue : un voile à demi transparent entourant ses hanches est le seul vêtement qui recouvre son corps. Sa peau est d’un vert pâle et elle brille à la lueur des torches. Ses cheveux soyeux, verts comme son épiderme, cascadent jusqu’à ses genoux. Elle les a coquettement parés de grandes feuilles maintenues en vie par sa magie. ![]() - T-t-t-t-t... Roncefaux... Tu as été suivi. Le réprimande gentiment une femme sauvage, s’adressant à lui comme à un enfant pris en faute. La créature réarrange ses branchages pour te faire face tandis que le Géant qui accompagne la femme raffermissait sa prise sur son arme. Le tréant n’a rien de la majesté de ses frères. Ce n’est qu’un buisson de ronce gigantesque, de ceux que l’on trouve dans cette forêt maudite, s’enroulant à l’infini sur lui-même. Petit par rapport à ses pairs, trapu, difforme et pourvu de griffes spectaculaires taillées à même son bois, il marche d’un pas lourd derrière la femme sauvage.. ![]() - Oh... Mais qui vois-je ? - On ferait bien de l’éliminer... Fait le Géant sur un ton bourru, brandissant son fléau. - Mais non, voyons Goros ! C’est Amallya ! Une Conseillère du Peuple Sauvage. La plus grande d’entre toutes, même. Celle qui a su prendre les bonnes décisions. - Humph... Réagit ledit Goros, résigné. - Comment se porte Elisenda, dites-moi ? Demande-t-elle, en pure rhétorique, avant d’émettre un rire doux et chaud, comme si amusée d’une farce connue d’elle seule.. On m’a rapporté qu’elle était partie en voyage avec un zélé zélote. Un long voyage... Plus encore qu’à l’extérieur, tu sens comme un poids sur ta poitrine. Une gêne étrange qui n’a fait qu’augmenter lorsque tu suivais Roncefaux et qui atteint à présent son paroxysme. Comme si tu ne te trouvais pas à ta place. Comme la lueur d’une bougie prisonnière des ténèbres. ~ Amallya ~ Ainsi donc elle y était parvenue : Amallya avait finalement réussie à rencontrer ces hors-la-loi dont tout le monde parlait. Ses suppositions s’étaient avérées exactes et ce tréant l’avait bien conduit jusqu’à sa maîtresse. La conseillère était probablement la première à faire leur rencontre et leur jugement à son égard ne serait donc pas altéré par les menaces proférées par d’autres individus moins diplomatiques qu’elle ne le fut. Assurée de son succès, Amallya s’adressa donc aux deux individus d’un ton protocolaire. - Effectivement, Elisenda n’est plus parmi nous et le conseil du peuple de Gaïa, auquel je siège, a pris sa suite. A ce titre je suis venue ici pour porter un message de paix aux habitants de cette cité, que tous croyaient abandonnée, et pour m’enquérir de vos intentions envers notre peuple. La conseillère marqua une courte pause, tentant de percevoir dans le regard de ses interlocuteurs un signe de leur approbation. Tandis que Goros, visiblement surpris de la tournure de la rencontre, restait bouche bée, Lyanna continuait à fixer la conseillère d’un regard emplit d’une cruelle intelligence, un sourire narquois dessiné sur le visage. Sentant une meilleure compréhension de la part de cette dernière, Amallya poursuivit à l’attention de sa semblable. - C’est donc dans cette intention que je suis venue à votre rencontre, au cœur de la forêt oubliée, jusqu’aux portes de votre cité que j’ai alors découvertes grandes ouvertes. Quelle a alors été ma surprise lorsque j’ai découvert la horde de créatures maléfiques qui avait investit votre cité ! A ces mots le géant resserra son emprise sur son fléau tandis qu’une grimace transparaissait de son casque. Lyanna demeurait quant à elle impassible, visiblement amusée de la tournure des événements. S’apercevant du malaise du géant, Amallya reprit d’une voix apaisante. - Rassurez-vous cependant, nous avons d’ors et déjà entrepris de libérer votre cité de l’occupation de ces créatures. Ce n’est désormais plus qu’une question d’heure avant que les murs de votre citadelle ne soient à nouveau sécurisés. A nouveau la conseillère marqua une pause. Cette fois le géant semblait complètement perdu. Cette femme était-elle une alliée ou une ennemie ? Pourquoi donc venait-elle se vanter devant eux d’avoir réduit leur armée à néant ? Il fallait être fou ou inconscient pour tenir une telle posture ! Mais avant qu’il ne puisse réagir, la conseillère reprit de plus belle. - Je dois cependant vous mettre en garde contre ceux qui ont luttés à mes côtés à la surface. Certains d’entre eux ne sont guère plus que des brutes épaisses ne jurant que par le combat et par le sang. Les intentions de ces individus sont en tout point opposées aux miennes et je crains qu’ils ne vous associent à ces créatures que nous venons de combattre. Je vous incite par conséquent à la plus grande vigilance à leur égard. Finalement la conseillère se tut. Les hors-la-loi savaient à présent à quoi s’en tenir quant à ses intentions et elle attendait désormais qu’ils l’éclairent sur les leurs.* ~ Narrateur ~ A Amallya - Eh bien eh bien... Que de beaux discours. C’est ce qui vous a valu Ses faveurs, autrefois. Vous n’imaginez pas à quel point vous avez pu Lui rendre service. En vous séparant des Elfes. Et en la laissant partir. Quel geste noble ! - Lyanna, sa présence m’est insupportable. Je veux voir sa cervelle se répandre sur le sol... Le Géant trépigne à présent, comme si la simple présence de Amallya brûle chaque fibre de son être. Il la veut froide. Il la veut morte. Il ne supportera pas un instant de plus sa présence ! Et cette sensation, ce désagréable noeud dans l’estomac, la conseillère le ressent aussi. Plus vif encore à présent que les menaces ne sont plus voilées. - Allons Goros, tiens toi. Ne te montre pas grossier avec notre invitée. - Mais c’est insupportable... Et si elle découvre l’ob... - Tais-toi donc, imbécile ! - Ne me parle pas sur ce ton ! Il brandit son fléau, et l’abattit dans la direction de la Conseillère. Dans la précipitation, l’arme s’accroche dans un pilier, le brisant net, envoyant dans la direction de Amallya des débris. Il lève son arme une seconde fois, prêt à frapper derechef, mais la voûte s’effondre, barrant le chemin, séparant la proie tout autant du Géant que de Lyanna et Roncefaux. A travers les débris qui encombre le couloir, tu peux entendre ces derniers mots : - Je l’ai manquée... Fit la voix de Goros, sur le ton de la déception. - C’est mieux ainsi. Elle peut encore avoir son utilité. Viens, mon Géant, allons rejoindre les autres... Le plafond au dessus de la conseillère menace lui aussi de rompre... Amallya
[Conseillère du peuple de Gaïa] [Ombre de Liaë] Protégez la forêt et la forêt vous protégera en retour. |
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~ Ariakas ~
Le paladin se tut. Il avait besoin de garder sa langue elle pourrait sûrement lui servir plus tard. Pendant que le geôlier plaçait ses gardes, Ariakas fit un coucou à la nouvelle arrivante puis commença une série de signes en jetant des coups d’œil vers leur détenteur, histoire de pas être vu. Il montra ses yeux puis désigna la serrure de sa cage puis un squelette avant de hausser les épaules. Il montra de nouveau ses yeux puis pointa du doigt l’elfe qui était avec Aileen avant de contacter ses biceps. Le paladin reprit une posture normale et attendait une réponse de sa compagne de mésaventure. Enfin si elle avait compris... ~ Déroulement de la bataille ~ ![]() ![]() L’assaut est lancé. ![]() La bataille fait rage. ![]() Les renforts arrivent ! ![]() Trois ennemis sont déjà tombés ! ![]() Les créatures se lancent dans une contre-offensive : se ruant sur le golem Charoue, elles le mettent en pièce... ![]() Violente contre-attaque : un squelette et une némésie tombent... ![]() L’ennemi attaque plus mollement, ses forces amoindries. ![]() Les créatures commencent à ployer sous le nombre des assaillants. ![]() L’issue du combat se rapproche... ![]() Acculés, les derniers squelettes opèrent un repli stratégique vers les souterrains, laissant la surface aux troupes conquérantes d'Olympia. ~ Aileen ~ Aileen rendit un regard furibond à leur geôlier alors qu’il se tournait vers elle, après avoir achevé de terroriser une autre prisonnière. Il pouvait menacer qui il voulait, elle n’avait pas peur. - Quant à moi, j’imagine que je suis censée être terrorisée ? Fit-elle en reprenant ses mots, le défiant du regard. Même si cet elfe, qui semblait venir du clan du Loup à le voir, était bien plus fort qu’elle et entouré de soldats squelettiques, Aileen ne se sentait pas menacée. Peut-être aurait-elle dû mais pour l’heure, elle était trop en colère. Elle s’en voulait de s’être fait capturer comme un débutante. Elle aurait du se douter de quelque chose en ne voyant pas reparaître Ariakas et attendre que les combats se terminent à la surface. Pourtant elle s’imaginait être en position de force, plus que ce que leur geôlier pouvait penser. Le reste du groupe arriverait bientôt et ne ferait sans doute qu’une bouchée des derniers squelettes encore cachés dans les souterrains. Tout ce qu’elle espérait, c’était qu’ils fassent vite... - Ce n’est pas dans mes habitudes d’amocher mes soeurs. Encore moins les fillettes comme toi. Crois-moi, je préférerais un cadre beaucoup plus romantique pour nos échanges. Mais si tu l’ouvres encore, nous serons obligés de passer aux réjouissances tout de suite, dans la crasse et les ordures. Et je me débrouillerai pour que eux aussi prennent part aux festivités. Ses derniers mots et son geste désignaient les squelettes alentour. - Trop aimable... Grogna-t-elle en s’adossant à la paroi de sa prison, croisant les bras. Si elle avait bien compris la menace, mieux valait qu’elle ne se montre pas trop agressive et qu’elle prenne son mal en patience... Le Loup ignora la Cerf, entendant des bruits de pas dans les souterrains. Il se tenait prêt à tout : ce pouvait être les renforts dont il avait besoin ou l’ennemi. Il ne se doutait pas un instant qu’il s’agissait en fait de la débandade des squelettes en surface qui se repliaient droit sur lui. Alors qu’il s’affairait, Aileen fixait d’un regard noir cet autre Elfe si aimable, tant et si bien qu’elle ne s'aperçut pas immédiatement des étranges gesticulations d’Ariakas, à quelques pieds de distance. Elle le regarda faire, essayant de comprendre où il voulait en venir. Mais elle ne put que hausser les épaules, en signe d’incompréhension. Si il avait un plan, alors il faudrait être un peu plus clair pour qu’elle puisse le comprendre ! ~ Ariakas ~ Le paladin se frappa la tête contre sa cage en voyant qu’ Aileen n’avait rien compris. Visiblement les gens à la surface en avait fini et commençaient sûrement à descendre dans le souterrain. Il se tourna vers l’olympienne et lui chuchota quelques mot à oreille. - Placez-vous au fond de la cage et faites-vous la plus petite possible. Puis il fit volte face et s’adressa à Aileen directement. - Aileen ! Il y a une chance sur deux qu’ils viennent directement à coup de grenade de démolition, protège ta copine de cellule et essaye de pas quitter les clés des yeux. Le paladin vint se placer en bouclier devant la personne qui partageait sa cellule. |
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~ Tizi ~
Tizi, très discrète jusqu’à présent, fit son entrée dans l’ancienne cité. Ses compagnons étaient déjà aux prises avec des créatures qui n’étaient pas sans lui rappeler certaines de ses aventures dont elle se serait bien passé. Mais le temps n’était pas aux souvenirs mais plutôt à l’action, très vite elle décocha une volée de carreaux sur l’araignée la plus affaiblie, cette dernière semblait se tordre de douleur mais malheureusement ce n’était toujours pas suffisant, mais comme à l’accoutumée ce fut le géant du nom de Rorschach qui finit le travail. - Toujours dans les bons coups ! s’adressa t’elle au géant sur un ton de reproche, cependant on pouvait lire sur son visage un air satisfait. La lutine essaya d’extirper un autre de ses carreaux mais ce fut un lots de cinq munitions qu’elle sortit de son carquois. - Mais !!!!!....que ?... Tizi contempla dubitative le lot de carreaux d’arbalète délicatement ficelé comme on attacherait de fagots de bois. - Non pas ça !!!..... s’exclama la lutine avant de vider tout son carquois sur le sol. Ses craintes étaient fondées, toutes ses munitions étaient semblables, toutes ficelées par lot de cinq. Pourquoi cinq se dirait-on, la question était à poser au principal concerné. - D..A..L..H..I..A.. !!!!!!! hurla la lutine. C’est bien la dernière fois que je lui demande de s’occuper de mon armement. bougonna t-elle en essayant de défaire la corde solidement fixée. - Ho et puis MONSIEUR a fait ça bien pardi ! Ah pour sur qu’ils ne risquaient pas de s’échapper, attends que je l’attrape celui la, depuis quand on lance cinq munitions d’un coup ! Après de très longues minutes, la lutine parvint enfin à défaire tout les petits nœuds et à récupérer toutes ses munitions. Elle chargea son arbalète et regarda tout autour d’elle pour trouver une cible mais très vite elle se rendit compte qu’il n’en restait plus une seule. S’approchant des combattants elle apprit que les derniers squelettes avait trouvé refuge dans un trou et que certains de ses compagnons avaient disparu, apparemment capturés par l’ennemi. Fallait-il lancer l’assaut au risque de mettre leur vie en péril ou se risquaient-ils d’attendre pour échafauder un plan au risque de les voir mourir également. Peut-être étaient-ils en ce moment même entrain de se faire dévorer, il fallait en savoir plus. - Je reviens. fit-elle aux personnes les plus proche d’elle. Se camouflant sous un cadavre qui jonchait le sol, la lutine s’engouffra discrètement dans le trou en avançant à petit pas, espérant que l’ennemie ne se soucie pas trop de leur collègue mort car sans ça elle serait dans une fâcheuse posture. Une fois engouffrée par le plafond effondré, la lutine parcourut un long couloir livrant sur des souterrains, plusieurs passages s’offraient alors à elle et Tizi choisit celui qu’elle considérait être le principal. Ce dernier était cerné de piliers en granit, sur sa droite le couloir était effondré et impraticable tandis que sur sa gauche il s’allongeait et comportait plusieurs autres passages transversaux de part et d’autre. Tizi s’avança prudemment et arriva au premier passage de droite. Prêtant l’oreille, elle reconnut certaines voix qui lui était familières, celles d’Aileen et d’Ariakas. Hélas il faisait trop sombre pour distinguer quoi que se soit, tapie dans l’ombre sous un cadavre peu ragoûtant, la lutine rédigea un message afin d’informer ses compagnons de ce qu’il se passait en bas. Puis elle l’accrocha à son furet en espérant qu’il réussisse à remonter les éboulis. Son texte était très bref, il stipulait que Aileen et Ariakas étaient en vie, qu’elle ne pouvait pas vraiment distinguer combien d’ennemis se trouvaient à leurs cotés mais qu’il serait stupide de lancer un assaut à l’aveugle au risque de mettre leur vie et celle des autres en danger. “Je me renseigne et je vous tiens informés…” voila comment se terminait son message…. Une fois le retour du furet, elle adressa un autre message qu’elle adressa aux prisonniers : ”Nous avons réussi à nous débarrasser des vilains pas beau à l’extérieur, quelle est votre situation de votre coté et que pouvons-nous faire pour vous aider ?” Précautionneuse, la lutine joignit un morceau de fusain et du papier pour que ces derniers puissent répondre et mandatat une nouvelle fois sa bestiole. Vu le nombre de rats dans le secteur, il y avait de grande chance pour que l’ennemi ne prête attention a une boule de poils supplémentaire. ~ Narrateur ~ La réaction de l’elfe aux cris de Ariakas fut presque immédiate. Il frappa par quatre fois de son épée, sans plus de commentaire. La longueur de la lame lui permit d’atteindre sans problème l’Olympien, et la fulgurance de ses coups ne laissa pas d’autre choix à l’Olympien que de les encaisser. - Et que je ne t’y reprenne plus. Et ça vaut pour vous tous. Je veux le silence ici ! ~ Aileen ~ Aileen était restée silencieuse, sans cesser de suivre du regard leur garde, échafaudant mille et un plans irréalisables dans son esprit... Toujours les bras croisés, elle semblait avoir du mal à patienter et n’avait qu’une envie, sortir de ce trou et en finir avec leurs ennemis. Ils ne devaient pas s’échapper, il fallait récupérer la boîte. Quelle idiote elle avait été de se jeter ainsi dans la gueule du loup ! Elle aurait du être plus patiente, même si la situation était urgente... Maintenant, la tâche devenait plus difficile pour elle et Ariakas mais aussi pour leurs alliés qui arriveraient bientôt... Même si ce “bientôt commençait à se faire long... Elle faillit sursauter lorsqu’Ariakas s’adressa à l’Olympienne qui partageait sa cellule avant de se tourner vers elle. Elle secoua la tête, essayant de lui faire comprendre que mieux valait ne rien dire. Mais trop tard, l’Elfe avait déjà tiré son épée... La Cerf grimaça de dégoût. Ce type, elle le détestait et plus que jamais, elle s’impatientait de ne toujours voir arriver personne. Personne à part un furet qui s’aggripa à sa cheville. Encore une fois elle faillit sursauter et jeta un regard effaré à l’animal. Que fichait-il là ?! C’est seulement quand elle vit qu’il transportait un message qu’elle comprit que sa place n’était peut être pas ailleurs... Elle releva son regard vers le Loup. Celui-ci était occupé à faire les cents pas, râlant à propos d’un idée stupide qu’aurait eu un certain Goros de laisser les prisonniers avec si peu de gardes. Il maudissait aussi une certaine Doreïs d’avoir stupidement amoindri leurs forces en se rebiffant. Mais il ne semblait pas voir la Cerf, pour l’instant. La Cerf lâcha un léger soupir en toute discrétion, et se baissa rapidement pour attraper le message, qu’elle lut sans oser déplier le billet en totalité, de peur d’attirer l’attention de leur geôlier. Et elle fronça les sourcils en se redressant vivement alors que l’autre Elfe se retournait une fois de plus lors de ses allées et venues. Elle ne pourrait pas écrire un message sans être vue... Et en subir les conséquences. Elle se tourna un instant vers la jeune Elfe, prisonnière et terrorisée, non loin d’elle. Peut être que l’expéditeur du message était dans les parages... Et avec un peu de chance, elle pourrait lui faire parvenir quelques informations. Quitte à subir elle aussi le même traitement qu’Ariakas, mieux valait ça plutôt que laisser le reste du groupe dans l’ignorance. Elle feignit donc de s’adresser à sa voisine... - Ces cages ne sont pas confortables, tout de même. Commença-t-elle, à voix haute sans oser hausser trop le ton, pour ne pas paraître trop suspecte. Mais ne t’inquiète pas, j’ose espérer qu’on n’y passera pas nos vies même si, désarmés comme nous le sommes, le monde extérieur serait dangereux, aussi bien pour toi que pour Ariakas et son amie Olympienne, et ce nain blessé. La jeune Elfe fixa un instant Aileen, incrédule, comme si elle ne comprenait pas un mot de ce qu’elle disait. La Cerf pouvait lire toute la détresse que sa compagne d’infortune éprouvait : un sentiment de désespoir si profond qu’il semblait avoir pris pleine et entière possession de la prisonnière. Elle enfouit de nouveau son visage dans ses vêtements crasseux, étouffant des hoquets pour retenir les larmes à venir. L’espace d’un instant, Aileen avait pu constater à quel point la tristesse ravageait la Corbeau, quelque chose d’indescriptible. Et son allure, dans ses vêtements modestes sans fioriture, à la mode chez les roturiers Olympiens, à présent en loques, souillés, tout témoignait de sa déchéance. Les yeux de la Cerf n’avaient pu s’empêcher de se remarquer ces deux traces blanchâtres qui ornaient le tissu au niveau de la poitrine de l’elfe, un détail insignifiant qui n’avait pourtant pas échappé à son sens de l’observation. Aileen se tut un instant, et puis elle reprit, à voix plus basse cette fois. Ce n’était pas un message pour qui que ce soit, elle s’adressait bel et bien à cette elfe devant elle. - On te laissera pas ici... Je te le promets... On a des amis qui vont arriver bientôt. Si tu veux, on t’emmènera avec nous... La Cerf tendit la main entre les barreaux des cages, en un geste amical vers la jeune femme. Quelque chose lui disait qu’il y avait quelque chose de plus important qu’un simple désespoir derrière les larmes de l’Elfe, quelque chose qui avait sans doute un rapport avec ces marques sur sa tunique en lambeaux.... La prisonnière fondit en larmes à ce simple contact. - Dis donc, vous deux, je peux vous aider ? Vous n’êtes pas là pour discutailler ! Allez, lâche-la ! Lache-la, sinon je vais être obligé de l'assommer pour ne plus l’entendre geindre ! Aileen lâcha un long soupir exaspéré, mais avant de s’exécuter, elle adressa un dernier regard empli de compassion à l’Elfe. Elle se trompait peut être, mais à voir ses vêtements, elle pensait avoir partagé au moins en partie le même genre d’expérience qu’elle. Et pour cette simple raison, elle voulait qu’elle aussi soit libérée. Lentement, elle ramena sa main à elle puis se releva tout aussi lentement, sans lâcher le Loup de son regard haineux. Au moins n’avait-il pas compris qu’elle avait tenté de faire passer un message... Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle ! ♥ |
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~ Ariakas ~
Le paladin posa un genou à terre suite à l’attaque du geôlier. Il ragea de n’avoir réussi à coincer l’épée de l’elfe entre les barreaux de sa cage au moment de l’attaque. Un sourire se dessina sur son visage. Le paladin commençait à accumuler l’énergie magique dans son bras droit. Ses jambes étaient aussi prêtes à faire voler la porte de sa cellule en éclat quitte à ne plus pouvoir marcher après. - Hé abruti ! Faut vraiment être con pour se laisser distraire à un moment pareil! Il enchaîna aussitôt sur une phrase de défi. Cachant à peine ses pensées : - Approche.... Viens... Que je brise... Que je détruise... Ta fierté. Ton épée. ~ Tizi ~ Toujours cachée sous son ”sac d’os” la lutine avait prêté l’oreille au petit stratagème d’Aileen. Elle rampa tant bien que mal pour avoir une meilleure visibilité, laissant dans son sillage un cliquetis d’ossements dont elle se serait bien passé. Alors qu’elle attendait avec impatience le retour de son animal de compagnie, la lutine se demandait qu’elle allait être la réaction du reste du groupe, elle les imaginait mal attendre dans le calme en discutant de la pluie et du beau temps. La mâchoire du squelette se mit à bouger, et une voix à peine audible en sortit : - Libérez-les mes frères, et repentez-vous !!! Cessons de faire parler la haine qui nous anime et allons ...allons... ...Allons cueillir des violettes tous ensemble ! Les minutes lui paraissaient une éternité, Tizi retira son doigt qui animait la mâchoire du défunt mort-vivant puis faisait courir nerveusement ses petits doigts fins sur le sol, elle savait que personne ne l’avait entendu, fort heureusement d’ailleurs. Dans ce silence oppressant la lutine entendit un râle sourd. A peine eut-elle le temps de comprendre d’où il provenait qu’un craquement se fit entendre juste à coté d’elle, le bras du squelette venait d’être broyé par les pas d’un géant. Elle aurait voulu l’insulter de toute ses forces, mais elle n’en n’eut pas le temps car une autre partie de son camouflage venait de subir la même chose. - Chef !!! A peine eut-elle le temps de murmurer cela que les deux géants furent pris à partie et Fulminor grièvement blessé. Alors qu’elle voulait se dégager de son tas d’ossements concassés qu’un attroupement chargea tel un taureau en rut. Fermant les yeux et priant les dieux de l’Olympe pour qu’elle n’en ressorte pas plate comme un parchemin, la lutine attendit la fin de l'assaut. Quand ce fut fait, la lutine se redressa puis regarda les restes du squelette, mis à part le tronc qui l’abritait, le reste n’était plus que poussière. Levant un regard au ciel, la lutine hurla : - BANDE DE CINGLES, VOUS NE POUVEZ PAS FAIRE ATTENTION OU VOUS METTEZ LES PIEDS !!!! ~ Narrateur ~ Dans la fureur de la bataille, les cages volent en éclat. Le Nain blessé ne réagit pas le moins du monde à la cohue et c’est un miracle qu’il s’en sorte sans plus de blessures. La prisonnière du clan du Corbeau, terrifiée, se pelotonne dans un coin de sa prison désormais ouverte, gémissant de terreur. Quant à l’Olympienne, elle choisit de demeurer auprès d’Ariakas : un Paladin avait des serments à respecter et auprès de lui, elle ne risquait rien. ![]() ~ Fulminor ~ Le géant avait anticipé une pluie de coups. Il fut servi et sans l’intervention de sa chère Isa, il aurait sans doute trépassé. Malheureusement pour les squelettes et leur chef, la totalité du petit groupe hétéroclite s’était engouffré à la suite de Fulminor dont la patience n’était pas le fort. Son sang de feu avait parlé dans cette action qu’il prolongea en pourfendant de coups l’un des squelettes avec qui visiblement Aileen avait tenté de drôles de choses... (HRP : 2012-09-24 23:26:00 Aileen a tripoté Squelette 223) Mais après tout lorsque l’on est ainsi prisonnier tout était peut-être bon pour tenter de se libérer - syndrôme de Stock Ho l’meuh ou quelque chose dans le genre sans doute... Il trouva bon d’ajouter une phrase choc dont il avait le secret !! - Rendez-vous bande de méchants ! Ou ce tombeau deviendra votre tombeau non mais !! Ha ! Ha ! ~ Isa ~ Jusque là, Isa avait avancé méthodiquement, toise par toise, attentive à chaque mouvement du combat. Mais les ennemis semblaient plus attirés par les cibles faciles, comme sa grand-mère, ou plus démonstratives comme les Géants parmi eux. Sans compter Elen qui la protégeait indéfectiblement. Aussi put-elle faciliter l’abattage des squelettes et progresser sans grand mal jusqu’aux souterrains. Là où s’étaient engouffrés Ariakas puis Aileen sans plus réapparaître... Les plus empressés tracèrent la voie parmi les couloirs sombres et empuantis. Les éboulements coupaient de nombreuses issues tant et si bien qu’ils se retrouvèrent tous dans l’une des pièces les plus reculées des sous-sols, celle qui servait de geôle et, à en croire certains recoins empourprés de vieux sang, de salle de torture. Une sourde colère s’empara d’elle lorsqu’elle vit les cellules et ce Loup qui faisait office de geôlier. Un goût de trahison instinctif la fit grimacer et son Finyë se mobilisa immédiatement pour en finir avec ce qui menaçait ses amis. Sans plus chercher à économiser ses forces, elle lança la quasi-totalité de son énergie contre les derniers gardes morts-vivants, dans l’espoir qu’ils n’aient aucune chance de se retourner contre leurs prisonniers. Lorsque Fulminor ordonna à leurs adversaires de se rendre, elle planta son regard dans celui de l’Elfe des Lunes. Non pas qu’elle tint spécialement à ce qu’il vive, mais ils avaient besoin d’informations. La boîte, le sacrifice, ces prisonniers aux origines disparates, Evonis qui manquait à l’appel... Quelqu’un devrait répondre de tout cela. Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes Responsable de l'Éclat des Lunes ♥ |
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~ Amallya ~
Amallya était sous le choc. Elle resta là, immobile face aux gravas qui venaient de s’écrouler et qui séparaient à présent la conseillère de Goros et de Lyanna. Les propos haineux du géant continuaient à résonner dans sa tête. - Sa présence m’est insupportable. Je veux voir sa cervelle se répandre sur le sol... Comment la conseillère avait-elle pu être si naïve ? Comment avait-elle pu croire qu’une alliance serait possible avec ces criminels ? Elle l’avait tout simplement trop espérée et son espoir avait pris le dessus sur sa raison. Mais Amallya fut rapidement tirée de sa torpeur par la menace du plafond sur le point de se rompre à nouveau. Elle fit volte face, dos aux éboulements, et estima rapidement la situation. Derrière elle se trouvait le passage par lequel étaient partis Lyanna et Goros et qui était à présent inaccessible. A sa gauche se trouvait le couloir par lequel elle était arrivée à la suite de Roncefaux. En face, un long corridor bardé de colonnes de granit se perdait dans l’obscurité. Des cris et des tintements de métal s’entrechoquant jaillissaient de ce dernier passage. Les combats s’étaient vraisemblablement propagés aux souterrains de la cité. Prestement, la conseillère s’élança dans le long corridor pour rejoindre le cœur de la bataille. Après avoir laissé deux intersections sur sa droite, et tandis que la clameur des combats se faisait de plus en plus distincte, elle arriva finalement à un passage sur sa gauche qui semblait être l’origine de ce vacarme. ~ Isandre ~ Lorsqu’Isandre vit que les derniers squelettes ne tarderaient pas à être dispersés et que le Loup blessé attirait tous les regards de ceux qui n’étaient pas occupés à s’essuyer les bottes sur feu leurs adversaires, elle ignora les cages pour jeter un oeil sur ce qui ressemblait aux marques d’un sombre rituel. Des tracés, des matières, du sang, elle tenta de trouver à quel dessein avait été mené le procédé magique. Pur amateurisme inefficace ou réelle magie noire ? Cela l’intriguait au plus haut point. ~ Narrateur ~ La table est ensanglantée et bardée de symboles : ![]() Un cercle contenant un triangle, contenant lui-même un second triangle plus petit. Deux cercles ornaient les faces du plus grand, l’un orné d’un quatrième cercle et l’autre d’un troisième triangle. Le tout bardé de symboles. La figure elle-même était entourée de mots, dans une langue bien connue de Isandre : celle des rites anciens et de la magie. Les cierges, partiellement consumés, étaient placés aux sommets de la plus grande figure à trois côtés. Le sang maculait encore la figure. Il se trouvait aussi une bassine, sur le coin de la table, remplie d’une eau rougie : du sang, là encore. Et une dague à la lame ébène trônait près de la bassine, lavée des souillures du sang. Le métal, d’un noir étincelant, contrastait avec la blancheur de la garde faite d’une tête de fémur olympoïde, autant qu’il fut possible d’en juger. Beaucoup de symboles ne disaient rien à Isandre, d’autres lui semblaient des plus banals, utilisés dans la plupart des rituels. Mais deux l’interloquaient : l’un signifiait maux ou malheurs, fréquemment utilisé dans les malédictions. L’autre avait un sens plus incertain. La racine dont il se rapprochait le plus était espérance. Cela parut assez contradictoire à la vieille mais attisa encore sa curiosité. Elle imprima soigneusement les motifs dans un recoin de sa mémoire et prit la lame qu’elle comptait envelopper dans un linge qu’elle sortit de sa besace. C’était une belle pièce, ce serait vraiment dommage de la laisser se perdre dans les décombres... Amallya
[Conseillère du peuple de Gaïa] [Ombre de Liaë] Protégez la forêt et la forêt vous protégera en retour. |
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~ Isa ~
Isa, quant à elle, rejoignit les anciens prisonniers qui, pour certains, s'extrayaient de leurs geôles à moitié défoncées. Le Nain à l'agonie, la Dame de Lardanium dont Ariakas semblait déjà se soucier et la frêle Corbeau en pleurs attirèrent rapidement son attention. - Tout va bien ? Demanda-t-elle à Aileen, qu’elle avait vu encaisser de nombreuses attaques avant que l’Intendante ne disparaisse dans les sous-sols. - Oui... Oui je vais bien. Fit la Cerf, en dépit de son apparence. Couverte de sang séché et de poussière, elle n’avait pas fière allure. Pourtant elle ne s’inquiétait pas tant pour elle que pour la jeune Corbeau sur qui elle avait à nouveau porté son regard. - Venez... Dit Isa en s’approchant de la jeune Elfe des Lunes parmi les débris de sa cage pour l’aider à se relever. Il ne faut pas rester là. Le jeune femme sembla hésiter, observant avec une méfiance non dissimulée l’Olympienne. Mais la tenue elfique aidant, bien loin des canons de Lardanium, elle vint se blottir contre Isa, sans autre forme de procès, pleurant à chaudes larmes. Étais-ce du soulagement ou quelque chose de plus profond ? Elle puait, ça au moins, c’était une certitude. Isa crut l’entendre murmurer, dans une litanie sans fin, au coeur de ses sanglots : - Ils me l’ont pris, ils me l’ont pris, ils me l’ont pris, ils me l’ont pris, ils me l’ont pris, ils me l’ont pris, ils me l’ont pris, ils me l’ont... - Quoi donc ? Fit-elle doucement avant que sa gorge se resserre d’effroi. Elle avait à peine eu le temps d’apercevoir les souillures sur les vêtements de l’Elfe mais à la tenir contre elle, le doute s’envola aussitôt : sa poitrine gonflée ne demandait qu’à nourrir un nouveau-né et celui-ci n’était plus là pour la soulager de son fardeau. - Grands Dieux... Etait-ce l’enfant de cette Corbeau qui avait remplacé Lilei lors du sacrifice ? Elle préféra garder un petit espoir. Vous les avez vu l’emmener ? On peut le retrouver si... “S’il est toujours vivant”. Pour seule et unique réponse, la jeune femme se serra plus fort encore contre l’Olympienne, murmurant une dernière fois avant de laisser éclater sa douleur trop longtemps retenue : - Ils me l’ont pris... Isa glissa un coup d’oeil à sa grand-mère qui inspectait le meuble et celle-ci se contenta d’hausser les épaules. Le sort d’un rejeton elfe l'indifférait mais il n’était pas impossible que ce fut son sang répandu là, sur les gravures. Cependant, il n’y avait ni boite ni cadavre. L’Olympienne ferma les yeux et caressa doucement la chevelure de la Corbeau, avant de murmurer à son tour, en même temps qu’un horrible soulagement venait teinter ses regrets sincères pour cette jeune mère en deuil : - Je suis désolée... Lorsqu’elle rouvrit les yeux, son regard darda un instant sur le Loup cerné puis vers Elen qui allait forcément comprendre ce qui s’était passé et qui s’approchait déjà du prisonnier... ~ Aileen ~ Sans même qu’elle réalise vraiment ce qu’il se passait, Aileen s’était déjà glissée entre les barreaux de sa cage défoncée, attrapant d’un geste vif la rapière qu’on lui avait pris à sa capture. Aussitôt elle se posta devant la cage de la Corbeau, prête à la protéger si quelque chose la menaçait. Enfin, leur groupe arrivait... L’assaut fut donné par les géants, qui essuyèrent les premières frappes des soldats squelettiques, mais bien vite ils ployèrent sous les assauts des nouveaux arrivant. Aileen avait à peine pu suivre les évènements... Au moins, l’Elfe derrière elle n’avait rien. Lorsqu’Isa vint l’aider à se relever et qu’à nouveau elle fondit en larmes, alors seulement Aileen comprit l’ampleur du chagrin de la jeune femme. Un instant, elle en resta muette d’effroi. Comment... Comment ces prétendus hors-la-loi avaient-ils pu faire une chose pareille ? Elle serra les poings alors qu’elle tentait de retenir ses émotions. De la peine, de la colère pour ces barbares qu’ils combattaient, de la compassion pour cette pauvre Elfe... Et de l’inquiétude encore, toujours, pour Evonis. Comme en écho aux paroles d’Isa, elle se tourna vers celui qui avait été leur geôlier. Que ne pouvait-elle le faire souffrir autant que cette pauvre Elfe... Mais peut-être y avait-il une chance de le sauver, encore. A moins que ce sang, sur la table... Toi, là... Fit-elle, d’une voix étrangement dure pour elle, habituellement bien plus douce alors qu’elle se plantait devant le blessé. Qu’est-ce que vous avez fait ? Qu’est-ce que vous avez fait de son bébé ! - Moi ? Rien. Absolument rien, répondit le Loup avec un sourire amusé. - Je n’ai pas parlé de toi mais de vous tous, tes complices ou toi, je m’en fiche, vous êtes tous les mêmes pour moi... Il la fixa, l’air moqueur, malgré ses blessures. De ses lèvres provocantes, il simula un baiser sonore. Aileen faillit lui envoyer un coup de poing dans la mâchoire mais elle se retint. C’était ça, qu’il voulait, la mettre en colère. Elle ne lui accorderait pas cette victoire-là. Au lieu de le frapper, elle posa un index sur les lèvres du Loup et le repoussa légèrement. - Non, ça c’est seulement pour les grandes personnes. Fit-elle, celle qu’il avait traité de fillette peu de temps auparavant. Tu ne veux pas me répondre, alors... Comme tu veux. Peut-être que tes acolytes le voudront bien. Où sont-ils ? - Ici ou là... Il la laissa ruminer quelques secondes avant de poursuivre, fredonnant : - Promenons-nous dans les bois, puisque le Loup n’y est pas. Si le Loup suivait, il vous mangerait... - Mais comme il n’y est pas... Il ne nous mangera pas... Termina-t-elle. Elle mourrait d’envie de lui faire ravaler sa chanson stupide. En attendant, on dirait bien que Loup, c’est lui qui va se faire manger. Toujours pas envie de répondre ? - Ils sont partis à Liae. Mais je ne vois pas ce que ça vous apporte. Concéda-t-il. - L’avenir nous le dira. Mais j’ai peur que tu ne sois plus là pour le voir. Répondit-elle en haussant les épaules. Elle lui tourna ensuite le dos mais se ravisa bien vite, et, faisant volte face, lui asséna le coup de poing qu’elle avait tant envie de lui envoyer. Et puis elle fit demi tour, pour de bon cette fois ci, restant silencieuse. Liae... Peut être pourraient-ils les y retrouver là bas. Et peut être les empêcher de mener leur plan à exécution. Mais elle se sentait tellement lasse... Aileen n’aspirait plus qu’à retrouver les bras d’Evonis, se serrer contre lui et fermer les yeux. Et oublier. - C’est bien gamine... Fit-il, après avoir craché par terre. J’aime les femmes qui ont du caractère. - On m’a déjà dit ça... Mais c’est bien moins agréable à entendre venant de toi, traître à ton clan... Elle se retourna, pourquoi avait-il fallu qu’il répète les mots d’Evonis ? Savait-il ce qui lui était arrivé ? Où est Evonis ? Lâcha-t-elle simplement. - Pourquoi je pourrais le savoir ? Mais tu vas interroger les autres, comme tu as dit. Ils te diront dans quels endroits il se trouve... Répondit-il, en insistant sur la liaison entre “quels” et “endroits”. - Je n’ai pas le temps de les rattraper ! Réponds-moi ! Fit-elle, ne parvenant plus à garder totalement son calme. Elle ne supportait pas d’ignorer ainsi où se trouvait son mari. Et les étranges allusions du Loup l’effrayaient... ~ Elen ~ - Calme-toi, Aileen ! Il cherche à t’embrouiller ! Et il s’en sort très bien. La bataille était terminée. Etelion, blessé, gisait à genoux. Il s’en remettrait. Il avait été plus vite maîtrisé dès lors que ses squelettes avaient été anéantis. Il avait discuté quelques temps avec Aileen, jouant avec elle comme un chat avec une souris. On entendit un hurlement bestial et la Corbeau, jusqu’alors prostrée dans les bras d’Isa, s’en libéra brusquement. Alors qu’Isandre allait ranger la dague, aussi noire que la nuit à la garde d’os, comme une furie la Corbeau l’arracha de ses mains. Le Chaman s’interposa in extremis entre elle et sa proie. Elle ne se calma pas pour autant, tentant même de poignarder Elen qui s’opposait à sa vengeance. Il la saisit par les épaules, la fixant intensément dans les yeux et elle lâcha son arme, qui tomba au sol avec un bruit métallique avant de s’agenouiller et d’éclater en sanglots, pour ne pas changer. Elen avait immédiatement reconnu le Loup : - Etelion ! - Oh... Mon Intendant adoré. Ravi de te voir ici. Les choses sont-elles à ton goût ? - Je suis Chaman. - J’en ai entendu parler, oui. Belle promotion. Et ton teint te va à ravir. Tu devrais La remercier. Tu as été une source de ravissement pour Elle. - Comment as-tu pu ? Demanda Elen, désignant les prisonniers, un étrange picotement lui parcourant l’échine lorsqu’il fixait le Loup droit dans les yeux. L’autre haussa les épaules : - J’en ai eu assez de te voir tergiverser... Ce monde a besoin d’un ordre nouveau. - Tu travailles pour l’Ennemie ! Cela, il le sentait au plus profond de son être. - Et alors ? Les Chamans de notre clan n’ont-ils pas toujours été de fervents adeptes de la tolérance, de l’altruisme et de l’indulgence ? Vois comme vous vous êtes rassemblés, au même titre que moi et mes amis. Dis-toi que je travaille à la paix entre les peuples... Le Chaman n’en croyait pas ses oreilles. La colère enflait en lui, toute prête à jaillir. Etelion faisait partie de ceux des Ashkas qui avaient quitté le clan, sans retour depuis des décennies. De ceux qui ne formaient plus les Naos pour se consacrer, normalement, à la méditation et à l’approfondissement de leur lien avec Luwö. Il venait d’être nommé Intendant quand l’autre avait décidé de sa retraite. Et le retrouver en ces lieux, ô combien cela décevait-il le Chaman ! - Sois heureux : c’est l’idéal de Kowü que tu as devant toi ! Elen prit une longue inspiration puis s’approcha au plus près de son frère de clan. Il posa sa main sur l’épaule du Loup, le visage animé d’un sourire cruel, lui accordant un regard glacial. - Je te remercie, mon frère. Voici la paix que tu as durement obtenue. Un éclair lumineux irradia la pièce. La tête séparée de son corps, les restes de Etelion tombèrent au sol pour la dernière fois. Les flammes qui avaient cautérisé la plaie quittèrent la lame, tandis que l’épée regagnait sagement son fourreau. Le Saïka qui avait illuminé l’espace de son éclat éblouissant disparut à son tour. - La paix éternelle... La révulsion que lui avait inspiré Etelion avait disparu avec sa vie. Et il n’accorda plus un seul regard ni au corps, ni à la tête qui portait encore ce sourire suffisant qui avait été la goutte qui avait déchaîné la tempête... |
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~ Ariakas ~
A peine le paladin eut fini de provoquer l’elfe que les géants déboulèrent dans la pièce comme des furies projetant et écrasant tout ce qui ce trouvait sur leur passage. L’un des squelettes vint se fracasser contre la cage où il était retenu. Il le repoussa à l’aide d’un sort vers Fulminor qui le réduisit en poussière. Les squelettes avaient déjà presque tous été décimés quand l’Oracle commença à ouvrir, pour ne pas dire arracher, pour ne pas dire défoncer, la porte des différentes cages. Le combat fini, le paladin se tourna vers l’Olympienne. - Est-ce que vous allez bien madame ? ~ Narrateur ~ La jeune dignitaire olympienne avait repris son port altier, celui de la Cour. Il se trouvait là des géants idiots, un nain avec un commerce intéressant et des sauvageons. Seuls parmi ces sous peuples, elle se sentait rassurée d’avoir Ariakas et Isa Cestia à portée. - Très bien, messire. Rien qu’un bain ne saurait réparer. Elle exécuta une gracieuse révérence devant lui, ignorant les intrus, à savoir tout le reste des combattants. - Danna de Dang, pour vous servir, messire. Sa Majesté saura récompenser votre bravoure exemplaire. A présent, je vous demanderai de me ramener à bon port à Lardanium, avec l’ensemble de mes possessions. Elia ! Viens ici, ma fille. Nous rentrons... La Corbeau se pétrifia avant de courir se cacher derrière Isa. - Elia ! Viens ici ! Tout de suite ! Fit l’Olympienne, haussant le ton, tandis qu’Elia se mordillait les lèvres. Elle est timide. Je l’ai achetée aux Braves des Dieux. Des concurrents des Chasseurs d’Immortels qui ont su, grâce soit rendue à messire Gourlx, redonner à l’Empire ses prérogatives. Elle avait retrouvé sa langue, et avec elle sa verve. Et elle se proposait de conter une histoire cocasse au Paladin. - Figurez-vous qu’à l’arrivée de cette petite sauvage, un de mes écuyers s’est débrouillé pour l’engrosser ! Mais les bandits ont sacrifié l’enfant, lors d’un rituel ou je ne sais quoi. Vous l’auriez entendue, supplier pour ce bâtard ! N’est-ce pas Elia ? Elle a hurlé à m’en déchirer les tympans. Peut-être lui ferais-je coudre les lèvres une fois de retour au palais... Tandis que Danna de Dang déblatérait la suite, du même acabit, la petite Corbeau murmura à l’oreille de Isa, dont elle avait deviné le lien particulier avec les Forestiers : - S’il vous plaît... Je ne veux pas... ~ Aileen ~ Aileen avait à peine réagi à la mort d'Etelion. Il n'en méritait pas moins... Elle prêta à peine attention à la tête qui roula sur le sol et au corps sans vie qui s'écroulait sur le sol. Elle n'y pensait déjà plus en vérité. Evonis... Qu'était-il devenu ? Elle craignait tant qu'il ne lui soit arrivé malheur. Jamais elle n'aurait du s'éloigner de lui. Jamais... Il fallait qu'elle parte à sa recherche et vite. Mais avant il lui restait quelque chose à faire... - Elle reste avec nous. Fit Aileen en s'interposant entre Isa et Danna. Elle avait promis à la jeune Corbeau de la ramener, elle ne faillirait pas à cette promesse... Pas comme elle avait échoué à protéger Evonis, songea-t-elle alors qu'elle sentait comme une boule se former dans sa gorge. Le bébé... Pauvre Elia... Et Evonis... Ne pouvait-elle donc venir en aide à personne ?! - Quant à votre histoire, vous pouvez bien la garder pour vous. Ou peut-être désirez-vous subir la même chose ? J'ai moi aussi été dans la situation d'Elia, fut-un temps, vendue pour le bon plaisir de votre "Noblesse". Rien d'enviable je peux vous l'assurer. Mais puisque cela semble vous amuser, alors venez avec nous à Na'Helli, nous trouverons bien un Noble de la ville prêt à vous acheter, vous coudre les lèvres et vous laissez vous faire engrosser par un écuyer avant que l'on égorge votre enfant sous vos yeux. Elle bouillait de rage, comment cette femme osait-elle dire des choses pareilles ? En face d'Elia... Aileen imaginait parfaitement ce qu'elle avait du ressentir et la Cerf ne voulait qu'une chose, l'arracher à ce destin, la ramener chez elle. Et ce n'était pas cette idiote d'Olympienne qui allait l'en empêcher. - Elle reste avec nous. Conclut-elle, adressant un regard empli de détermination à Danna. Sa vie n'est pas une marchandise, elle ne vous appartient pas. Aileen jeta un coup d'oeil en arrière, vers Isa. Elle ne doutait pas que l'Olympienne se montre du même avis qu'elle, néanmoins elle préférait être certaine qu'elles étaient sur la même longueur d'onde si jamais la noble se montrait... Peu coopérative... ~ Ariakas ~ Le paladin soupira. Sa mission était de ramener la noble olympienne et ses gens. Il commença à se diriger tranquillement vers la Corbeau qui semblait peu rassurée. Aileen se mit sur sa route, même si elle le connaissait il restait un paladin. L’olympien posa une main sur son épaule et contourna la cerf. La jeune corbeau serrait de plus en plus Isa à mesure que le paladin avançait. Arrivé à portée de main, il s’arrêta et fixa l’elfe dans les yeux pendant plusieurs secondes comme pour l’hypnotiser. Puis d’un geste rapide vint placer son index sur le front de l’elfe. - Chat ! Tout le monde resta ébahi. Le paladin retira son doigt, laissant une tache de sang là où il était posé et sourit. - Dame de Dang. Cela fait longtemps que je cherche quelqu’un pour m’aider au niveau paperasserie. Est-ce que cela vous dérangerait si je vous achetais cette elfe? Après ce qu’elle a vécu ici elle me sera plus utile que n’importe qu’elle elfe que je pourrais acheter au marché. Le paladin fixait toujours l’elfe à qui il fit un clin d’œil. ~ Isa ~ Isa avait retenu un cri, lorsque la tête avait vaguement roulé sur le dallage inégal, d’une main plaquée sur sa bouche. Aucune pensée n’alla vers celui qui venait d’être châtié mais voir son époux se transformer en bourreau expéditif sous ses yeux la choquait toujours un peu. Son air froid et implacable, elle l’avait vue en d’autres occasions : quand il avait, sous l’effet de la malédiction de Xeis, pourfendu Evonis ou encore lorsqu’il avait battu son père fin saoul. Le moment de saisissement passé, elle s’exclama : - Il y avait d’autres questions Elen ! La boîte, on ne sait toujours pas ce que c’est. Et le rituel a dû échouer, ils vont recommencer ! Il faut absolument les retrouver ! Pourquoi Liae ? Qu’est-ce qu’il y a là-bas qui peut les intéresser ? Alors qu’elle essayait de rassembler les éléments qu’elle avait entendus - mais faire le tri entre les manipulations d’Etelion, leurs propres peurs et le peu d’indices valables qu’ils avaient recueillis allait être compliqué - elle aperçut sa grand-mère en train de faire scrupuleusement le tour de la pièce. Celle-ci ramassa la dague que la Corbeau avait finalement abandonnée près du corps du Loup traître ainsi qu’un trousseau de clefs qu’il avait dû perdre durant l’attaque. La vieille dénombra les geôles et vérifia si le nombre et le profil correspondaient à ses trouvailles. La voix pleine de dédain de l’Olympienne parvint à ses oreilles et son regard se reporta sur cette femme... La voir s’extraire, s’élever, avec une force et une détermination peu communes au-dessus de la fange de la prison l’impressionna immédiatement. Elle avait toujours aimé sentir cette aura victorieuse qui entourait les hautes castes de Lardanium. Celle-là même qui l’avait séduite chez le Prince, du moins assez pour qu’elle le suive aveuglément lors de grandes batailles. Mais la suite du discours de la Dame lui arracha un soupir : les ténèbres avaient rattrapé la belle et la cruauté de ses mots ruinaient l’éclat de sa prestance. Cette femme n’était pas une digne représentante de l’Empire tel que la Louve l’idéalisait encore. - Exact, nous allons ramener Elia près de son peuple et... - Chat ! S’exclama Ariakas, qui effectua un manège étrange avant de proposer de racheter l’Elfe des Lunes. Il trouva un soutien inattendu chez Isandre. - Et que feriez-vous d’une impotente à moitié folle de toute façon ! S’exclama la vieille pour détourner définitivement Dana de la fin de non recevoir d’Aileen et d’Isa. Car si sa petite-fille froissait une proche de l’Impératrice, Zeus seul savait quel impact cela aurait sur les LEDA et sur la vie confortable de l'aïeule à Lardanium. Des couches dans ces conditions et la voilà incapable de récurer les sols pour plusieurs saisons. On la voit bien prompte à vouloir assassiner des gens, qui plus est ! Non vraiment, laissez cette chose à qui veut s’en encombrer et voyez avec Maître Gourlx ici présent, je suis sûre qu’il cherchera à montrer que la concurrence ne vaut pas tripette par rapport à ce que peuvent fournir les Chasseurs d’Immortels ! Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes Responsable de l'Éclat des Lunes ♥ |
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~ Amallya ~
Amallya avait fini par rejoindre le groupe de forestiers et d’impériaux qui avaient investi les geôles de la cité. Les combats venaient tout juste de se terminer et elle assistait à présent à l’interrogatoire expéditif de ce qui devait être un prisonnier. - Ils sont partis à Liaë. Mais je ne vois pas ce que ça vous apporte. A ces mots, le sang d’Amallya se glaça. Liaë ! Sa cité courait un grand danger ! Elle voulu le questionner d’avantage, tenter de savoir ce que les hors-la-loi pouvaient bien chercher à Fernliaë, mais le Chaman s’était interposé et la tête d’Etelion roulait déjà sur le sol. Quelle impatience et quel manque de retenue, pensa-t-elle. Cela n’est pas digne d’un Chaman ! La source première d’information s’étant tarie, il fallait à présent tenter de glaner des informations aux éventuels témoins. Amallya jaugea rapidement les personnes en présence. Trois visages inconnus s’étaient joints au groupe : une olympienne arrogante, une elfe en état de choc et un nain agonisant. L’olympienne ne lui apprendrait probablement rien, trop occupée qu’elle était à tenter de récupérer ses biens et à rentrer chez elle. Elle ne tirerait probablement rien non plus de l’elfe dont la démence ne l’autorisait qu’à gémir, hurler ou agresser ses libérateurs. Ne restait donc que le nain dont personne ne semblait se préoccuper. Tandis que l’attention de tous les protagonistes semblait se porter sur la question de savoir à qui appartenait l’elfe démente et que certains y allaient déjà de leurs enchères, Amallya se détourna donc de la scène pour s’approcher à contrecœur du nain inconscient. La femme sauvage s’agenouilla auprès du corps inanimé, tentant d’ignorer les odeurs nauséabondes qui émanaient de ce dernier. Elle joignit ses mains et les posa sur son corps, tentant d’insuffler un nouveau souffle de vie à la dépouille du pauvre être. ~ Fulminor ~ Le géant ne comprenait pas grand chose à toutes les histoires subtiles et complexes qui liaient les différentes personnes présentes. Il ramassa la tête du traitre qui avait roulée au sol et l’enveloppa soigneusement dans du parchemin qu’il gardait toujours sur lui lorsque l’inspiration le prenait. Terminant de bander ses blessures qui guérissaient déjà, il fit parler son coeur. Et prenant son air le plus menaçant faisant bomber son torse et gonfler ses biceps il cria bien fort afin que personne n’ignorât ses paroles : - Bon ! Maintenant cela suffit vos histoires d’esclavage et de hiérarchie raciale !! Vous ne voyez donc pas que c’est pour cela que notre Ennemie a réussi à faire ce qu’elle a accompli jusque là ??!! Ceci n’est que le début, il va falloir fouiller intégralement cet endroit désaffecté. Qu’on amène les blessés à la surface afin de ne pas prendre trop de risque Isandre puis-je compter sur vous ? Isa venez donc par ici, il faut qu’on se parle... La prenant par l’épaule, il s’isola dans un petit coin. Et lui parlant à voix basse. - Chère Isa, je suis d’accord pour dire que notre tortionnaire avait encore bien des choses à dire. Connaîtriez-vous un moyen de faire parler sa tête ?? ~ Isa ~ - Sa tête ? Grands Dieux !... Fit Isa en frémissant. Mais l’idée n’était pas mauvaise et la jeune femme aurait parié qu’Isandre y avait pensé... Sauf que la vieille avait quasiment terminé sa mission avec succès - à savoir de trouver l’Olympienne et la ramener saine et sauve - et que lui faire déployer ses compétences magiques pour aider ceux pour qui elle cultivait un profond mépris ne serait peut-être pas aisé. - Essayez de convaincre ma grand-mère... Elle doit savoir comment s’y prendre, elle... Mais si je lui demande, elle refusera, j’en suis persuadée. Quant à Liae, je me demande... Elle se retourna vers Amallya, occupée à prodiguer des soins au Nain. - Liae signifie bien ”Refuge” n’est-ce pas ? Ne serait-ce pas plus simplement une autre de leurs planques ? Ou un endroit où Elle aurait gardé certains de ses anciens servants, comme Kharok... Il avait une antre tout près des glaces... Que le Loup ait tenté de nous éloigner de là-haut, ou d’ailleurs, en nous faisant travers la moitié du monde, cela ne m’étonnerait guère. ~ Fulminor ~ - L’antre près des glaces, hum, oui, nous ne risquons rien à aller faire un tour là-bas une fois que nous aurons refait le plein de provisions et de soins. Je me charge de convaincre Isandre, de votre côté vous pensez que vous pourrez rallier une partie des verde... heu des vôtres ? Ajouta-t-il en se retournant en direction d’Isandre et d’Elen. ~ Amallya ~ Tout en continuant à prodiguer des soins au nain, Amallya répondit à Isa d’une voix détachée. - Il est en effet possible que cet elfe ai tenté de nous mettre sur une fausse route. Peut-être faisait-il référence à un refuge propre aux hors-la-loi ou peut-être a-t-il évoqué Liaë comme il aurait pu parler de Na’Helli. Simplement pour nous mettre sur une mauvaise piste. Amallya marqua une pause, pensive, avant de reprendre plus concentrée. - Cependant, il est également possible que ces criminels fassent effectivement route vers Fernliaë et, à moins d’avoir la certitude du contraire, je compte m’y rendre également pour protéger ma cité. Tâchons donc de recueillir le plus d’informations possibles des éventuels témoins. Je ne m’attarderais pas en ces lieux longtemps. ~ Narrateur ~ Sous l’effet des soins de Amallya, le Nain semble revigoré : sa respiration se fait plus régulière, plus vive et plus profonde. Il ouvre les yeux, sans remarquer que c’est à une Femme Sauvage qu’il doit la vie, et murmure des mots d’abord inaudibles puis à peine compréhensibles : - Eau... Vous... Plaît... Eau... De son côté, Elia est d’abord terrifiée par l’intervention de Ariakas, puis à demi rassurée par la proposition du Paladin : le petit écuyer, comme avait dit sa maîtresse, celui qui lui avait donné un enfant, elle n’avait jamais accepté ses faveurs, comme il disait. Il les lui avait imposées. Ariakas, tout Paladin qu’il était, était un Olympien mâle. Et ce clin d’oeil n’arrangeait pas la tournure de ses cogitations : à présent, elle en avait acquis la certitude, il la voulait pour la mettre dans son lit ! Elle se contenta de supplier plus avant Isa, jusqu’à ce que la voix de Fulminor retentisse, pour calmer tout le monde. Danna de Dang, quant à elle enfin, pesait le pour et le contre de la proposition du Paladin. Elia n’avait jamais été très utile. Mais elle avait payé cher pour cette Elfe. Un bel ornement pour son intérieur. Il serait tout à fait dommage de s’en séparer. L’intervention de Fulminor la ramena à la réalité : elle était au milieu de barbares. Elle se demandait encore comme son Impériale Salminar pouvait tolérer la présence de ce rustre dans Lardanium. Ou a la tête des LEDA. Mais son Altesse Impériale ne laissait rien au hasard : tout cela devait avoir un but. Elle choisit tout bonnement d’ignorer les propos des sauvages, pour se contenter de répondre à Akiakas, et à Isandre, dans le même temps : - Elle n’est pas à vendre. Elle n’a besoin que d’un bon dressage. Et sans vouloir vous froisser, messire Gourlx, vos prix ne sont pas les plus avantageux du marché. ~ Elen ~ - Désolé, ne lele... Ce... Ça a été plus fort que moi. Il salissait sa mémoire... Et... Je n’ai pas réfléchi. J’ai agi sous le coup de la colère... A dire vrai, il n’en était pas certain. Il avait la désagréable sensation de ne plus avoir été lui-même l’espace d’un instant : d’être devenu spectateur de son propre geste. Le dégoût que lui avait inspiré Etelion dès qu’il l’avait remarqué lui semblait un tantinet exagéré, même si le traître avait tout fait pour mériter son mépris. Une manipulation ? Mais Fulminor le tira de ses réflexions : il écarta Isa de lui, ce qui n’était pas à son goût en présence de potentiels ennemis. Maintenant que les squelettes avaient été éliminés, certains se crieraient peut-être maîtres des lieux. Et nombre des présents ne lui inspiraient aucune confiance. - Écoutez bien, noble vermine, s’adressa-t-il à Danna de Dang. Si vous continuez de revendiquer ma soeur comme vôtre, je revendiquerai votre tête comme mienne. La cicatrice en forme de “g” stylisé qui ornait sa main lui rappelait ô combien il était cuisant de perdre sa liberté. Si de tout cela n’avait pas découlé sa rencontre avec Isa, il aurait sans doute agi stupidement : une vengeance aveugle qui n’aurait pas eu sa place dans le cours des évènements et qui aurait grandement satisfait l’Ennemie. ~ Aileen ~ - Je ferai sûrement un bout de chemin avec toi, Amallya, fit Aileen. Elle était de l'avis de la conseillère et préférais vérifier que tout se passait bien à Liae, et elle avait bien l'intention de ne pas voyager seule... Elle ne savait que penser de la proposition d'Ariakas mais même si les intentions du Paladin n'étaient pas celles qu'elle lui prêtait, Danna avait de toute façon refusé son offre. Mais Aileen n'en attendait pas moins d'une gourgandine aussi arrogante... Elle s'approcha d'Elia, lui tendant la main d'un geste amical. - Elia ? On devrait sortir d'ici, il ne fait pas bon rester trop longtemps sous terre... L’éloigner un peu de celle qui prétendait posséder sa vie ne lui ferait pas de mal. Et à l’extérieur, elles auraient la possibilité de fuir, si les “négociations” tournaient mal. ~ Amallya ~ Le nain reprenait lentement conscience et réclamait à présent de l’eau. Quel supplice cela était pour Amallya que de devoir soigner un nain ! Mais la sécurité de Fernliaë et de son peuple en dépendait peut-être, Amallya devait donc prendre sur elle et mettre sa rancune de côté. C’est donc avec une grimace de dégoût que la femme sauvage porta sa gourde aux lèvres répugnantes de ce nain nauséabond. Après cela, nul doute que l’eau serait à présent polluée et que la conseillère devrait s’en débarrasser. De la gourde également d’ailleurs... Le nain but à grandes gorgées, renversant une partie de l’eau sur sa barbe et sur sa tunique. Ainsi donc ces êtres vulgaires pouvaient boire autre chose que de la bière ! Amallya éloigna subitement la gourde des lèvres du nain. - Ne bois pas tout d’un trait et dis-moi plutôt ce que tu sais à propos de ces hors-la-loi. Les as-tu entendu parler d’un refuge qu’ils pourraient avoir ? Amallya
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~ Isa ~
- Oui cela devrait être possible, dit-elle en hochant la tête pour Fulminor. Si nous arrivons à nous décider pour une direction. La Conseillère a raison, les pistes potentielles se multiplient mais les certitudes restent rares. Il faut aussi retrouver Evonis. Bonne chance avec ma grand-mère... Elle regarda derrière son épaule pour voir ce que fabriquait son aïeule et la découvrit en train de fouiller les vêtements du décapité. - Les morts parlent, marmonnait la vieille comme en écho aux pensées de Fulminor, parfois même plus que de leur vivant. Dans son idée, elle comptait juste trouver quelque document, carte, ou autres indices que des gens plus scrupuleux qu’elle ne seraient pas allés dénicher sur un cadavre... Isa revint auprès d’Elen, inquiète du fait qu’Elle rôdait toujours autour de lui, prête à le faire succomber peut-être, à la moindre occasion. Sortir et revoir Lilei, son sourire si lumineux, leur ferait le plus grand bien. Sans compter le doute pernicieux qui la tenaillait de nouveau : si le rituel avait échoué, ils chercheraient un nouvel enfant à sacrifier... - Retournons auprès de Dalhia et de notre fille, nous avons promis de faire vite... ~ Ariakas ~ L’olympien soupira en entendant la réponse de l’olympienne. - Décidément tu as décidé de m’attirer des ennuis, petit oisillon. Moi qui pensais pouvoir racheter ta liberté et pouvoir partir sans faire d’esclandre... Il soupira de nouveau. - Heureusement que tu es morte aujourd’hui et que je t’ai fait renaitre chat, dit-il en indiquant son front. Puis il se retourna vers l’olympienne. - J’espère que vous me pardonnerez mon impolitesse mais j’ai totalement oublié de me présenter. Je me nomme Ariakas, je travaille en tant qu’éclaireur chez les paladins... ...Je vous prie de considérer votre servante comme morte aujourd’hui. Je ne peux ramener à Lardanium un chat capable de sortir les griffes envers les personnes qui l’ont sauvée. Elle pourrait causer des troubles de l’ordre public. Si vous avez une quelconque réclamation, je vous demanderais de ne pas hésiter à en référer à l’impératrice elle-même. Je suis conscient de mon acte et suis prêt à en subir les conséquences. ~ Isa ~ Ainsi la Dame de Lardanium n’aurait pas le dernier mot. Isa sourit à l’inventivité d’Ariakas qui venait de trouver une jolie façon de sauver la mise à la Corbeau. Il était temps de quitter cette salle, prudemment. Alors qu’Elen et son épouse se retrouvaient dans le couloir qui devrait les ramener au pied de la Citadelle, une voix les interpella : - Là, il y a encore un passage... Fit Isandre en montrant un couloir qui bifurquait derrière eux. Vous qui cherchez tant de réponses, prenez donc la peine d’être un peu observateurs... Peu envieuse de risquer une embuscade, elle attendit patiemment que le couple fasse demi-tour pour leur emboîter le pas vers cette nouvelle pièce. ~ Dalhia ~ Pendant ce temps, dans un terrier Dalhia avait eu bien du mal à faire garder son calme à Lilei. Étrangement enjouée, la petite ne cessait de babiller des mots que le petit lutin ne comprenait pas. A vrai dire, il ne s’agissait même pas de mots... Toujours est-il qu’il avait peiné à lui faire garder le silence. Elen lui avait dit de ne pas faire de bruit, alors il s’y appliquait. Terré dans l’ouverture du terrier, quelques bruits à l’extérieur lui avaient fait craindre que les habitants de l’endroit ne reviennent. En réalité, le blaireau qui s’était installé ici il y avait fort longtemps avait été chassé de son logis par les précédents habitants de Quatar et depuis, le trou qu’occupaient Dalhia et Lilei était resté inhabité. Cependant, le lutin l’ignorait mais il y avait de toute manière peu de chance qu’un blaireau arrive à leur rencontre à cette heure de la journée. Ces animaux nocturnes n’auraient pas risqué une griffe dehors en plein jour, trop occupés à sommeiller. Quoi qu’il en soit, pour ne pas être repéré, Dalhia avait - plus ou moins volontairement - sacrifié une de ses longues oreilles que la petite s’amusait à tirer et à triturer de ses petites mains potelées... Un instant, le lutin avait faillit paniquer lorsque la petite avait tenté de manger son oreille mais il avait vite réagit et attrapé l’une des outres qu’Elen lui avait confié, la laissant faire pendant qu’il reprenait ses esprits. Jamais il ne se serait douté qu’elle pouvait être aussi dangereuse ! Et puis il entendit des bruits à l’extérieur et à nouveau le lutin s’effraya. Personne ne l’appelait, alors ça ne devait pas être Isa... Il se tourna vers Lilei posant un doigt sur ses lèvres pour lui dire de ne pas faire de bruit. Les bruissements de feuilles que l’on dérangeait se rapprochaient dangereusement, de façon irrégulière, comme si leur origine vagabondait aux alentours... Ou plutôt tournait autour d’eux, tel un prédateur cherchant sa proie... Dalhia ne bougeait pas d’un pouce en fixant l’entrée de leur cachette. Et puis un museau fin et allongé apparu par l’ouverture, vite suivit du reste de l’animal à la fourrure flamboyante. Intrigué par cette présence inattendue, le renard fixa Dalhia puis Lilei sans réellement comprendre ce qu’ils faisaient là, dans ce terrier abandonné depuis des lustres. Le lutin tenta de l’en chasser, agitant les bras et soufflant sur la truffe de l’animal. ”Qu’est ce qu’il me veut, ce petit truc gesticulant ?” Sembla songer le renard. Il avança une fine patte à l’intérieur et repoussa Dalhia de la tête, s’approcha de Lilei. Le lutin resta immobile, comme pétrifié par l’audace du visiteur. Et aussi - surtout, en fait - par la peur de se faire manger. L’animal roux flaira un instant Lilei puis la gratifia d’un petit coup de langue sur la joue. Elle lui caressa la truffe de ses mains minuscules avec un rire, avant de babiller des mots incompréhensibles. Il se laissa faire sans broncher et, alors que Dalhia ne bougeait toujours pas, il recula, sortant du terrier. Avec tout ça, il n’avait toujours pas trouvé son déjeuner. ~ Aileen ~ Une voix familière retentit : - Eh bin... Vous êtes là... Evonis venait d’arriver dans la salle, son nez froncé à cause de l’odeur. Il semblait indemne, mais ses cheveux emmêlés et ses vêtements déchirés laissaient témoigner qu’il avait lui aussi eu fort à faire de son côté. Il rejoignit la Cerf, lorgnant vaguement la Corbeau sans s’y intéresser plus avant. - On pourra dire que tu m’auras fait courir, toi ! Quelle idée de partir sans me prévenir ! La Cerf en resta muette et immobile, comme si elle ne croyait pas au retour d’Evonis. Pourtant elle ne rêvait pas, il était bien là, vivant... Elle fit un premier pas vers lui, oubliant un instant l’Elfe terrorisée. Il allait bien, elle était tellement soulagée... Où était-il passé ? Elle avait eu si peur. Elle fit un autre pas et son poing jusque là serré par sa colère se relâcha. Un autre pas et avant même qu’il ne puisse réagir, la Cerf se jetait déjà dans ses bras. - Mon Loup ! Où est ce que tu étais ? J’ai eu tellement peur quand j’ai su que tu étais parti ! - Ouais... Bin moi aussi... T’étais partie ! Tout seule. Fin à deux, c’est presque pareil ! Tu te figurais quoi ? Que j’allais te laisser divaguer dans la nature sans moi ? - Mais je... Je pensais pas... J’voulais juste dire à Amallya de revenir... J’voulais te protéger ! Répondit-elle, sa voix tremblant sous le coup de l’émotion. Qu’est ce qu’il t’es arrivé ? Je voulais pas que tu partes... - J’ai suivi vos traces, vers le nord, puis d’autres. J’pensais que quelqu’un vous avait rattrapé. Ça partait au nord-est. Pis ça obliquait au sud, puis à l’ouest. Voulaient p’être brouiller les pistes. Y’avais un groupe. Nombreux. Pas pu voir combien, mais t’étais pas là bas, alors chuis revenu en arrière. En arrivant vers Quatar, j’ai croisé un Géant, une Femme Sauvage et un crétin d’arbuste qui m’a attaqué. Tout de griffes et de ronces le machin. J’me suis replié, parce que les deux autres avaient l’air de vouloir s’y mettre aussi. A trois contre un, pas très juste. Et chuis arrivé ici. Et maintenant j’vais t’engueuler : plus jamais tu pars sans moi ! Me suis fait du soucis ! - Moi aussi, mon Loup... Fit-elle en enfouissant son visage contre son épaule alors que quelques larmes roulaient sur ses joues. Il pouvait bien lui adresser autant de remontrances qu’il le voulait, il allait bien. C’était tout ce qui comptait pour elle. Peut être aurait-il été judicieux de lui demander où partait ce trio qu’il avait rencontré mais Aileen n’en avait pas l’intention. Du moins, pas pour le moment. Elle resta ainsi quelques instants, blottie contre Evonis, alors qu’un poids énorme lui semblait s’envoler laissant sa fatigue et sa lassitude reprendre peu à peu le dessus. Ne restait presque rien de sa colère et de sa peur, tout au plus quelques bribes qui bientôt disparaîtraient à leur tour. Lorsqu’elle se tourna de nouveau vers le reste du groupe, elle eut l’impression de découvrir la scène qu’elle avait sous les yeux. Les cages défoncées, le cadavre d’Etelion, la table ensanglantée... Pourtant elle afficha un sourire alors qu’Ariakas dévoilait ses véritables intentions. Elle aurait du s’en douter, ça ne lui ressemblerait laisser la pauvre Elia entre les mains d’une arrogante Noble. La Cerf sourit à nouveau, pour la Corbeau, cette fois-ci. - Tu vois ? Tu vas pouvoir rentrer, maintenant que... Que tu es un chat ! - Les chats sont déjà des corbeaux... - J’attends de te voir miauler, alors ! |
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~ Amallya ~
A présent que ses blessures étaient guéries et que sa soif était étanchée, le nain était enfin en état de répondre aux questions de la conseillère. D’une voix faible et hésitante il bredouilla : - Hmm-refuge ? Non... Tellement de voix... Amallya examina le nain de plus près. Ses vêtements étaient déchirés et de nombreuses cicatrices semblaient indiquer qu’il avait été torturé. La conseillère reprit d’une voix douce et rassurante : - Que t’ont demandé tes geôliers lorsqu’ils t’ont interrogé ? - Tellement de voix dans ma tête... Des hurlements... Je ne sais plus... Des golems... La chair... Tellement de sang... Ils voulaient savoir... Personne ne sait... Ils sont partout... Les réponses du nain semblaient incohérentes pour Amallya qui peinait à le comprendre. Elle réfléchit un instant avant de poursuivre son interrogatoire. Peut-être qu’en revenant à l’origine de sa capture, les souvenirs du nain reviendraient plus facilement. - D’où viens-tu ? Où as-tu été capturé ? - Au nord... Nacre... Pêcheur de nacre... Loin... Ils ont tué tout le monde... La conseillère progressait. Au moins savait-elle d’où le nain était originaire. Peut-être y aurait-il une piste à suivre dans le nord. Encouragée par les résultats obtenus, Amallya décida de poursuivre dans cette voie. - Que voulaient-ils ? Que cherchaient-ils ? - Ce... Je ne sais pas... Des questions... Non... Des réponses... C’est ce qu’ils... Mais je n’ai rien... Tellement de voix... C’était... Terrible... A nouveau les souvenirs du nain semblaient s’embrouiller. Amallya décida de ne pas insister et de faire un nouveau retour en arrière. - Tu as parlé de golems. Ces golems étaient-ils avec vous, avec eux ou étais-ce ce qu’ils cherchaient ? - Ils veulent... Les secrets... Ils les voulaient... Tellement mal... - Les secrets ? Quels secrets ? Les secrets des golems ? - Concevoir... Bouger... Tout... Rien dit... Rien... Les voix... Les cris... Rien dit... Amallya semblait avoir progressé. Elle tendit à nouveau la gourde au nain – il pouvait bien la garder – puis elle se leva pour se tourner vers le reste du groupe. La tension était toujours palpable et cette histoire d’esclave ne semblait toujours pas avoir été résolue. Qu’importe, la conseillère n’avait pas le temps d’attendre l’issue de ce procès et la jeune corbeau semblait de toute façon avoir de bons avocats. Amallya s’adressa aux différents protagonistes. - Je pense avoir appris quelques informations du nain blessé. Il dit venir d’un campement de pêcheurs de nacre au nord. Ses compagnons semblent avoir été massacrés par les hors-la-loi qui l’ont ensuite torturé, probablement pour obtenir les secrets de conception des golems. Peut-être souhaitent-ils créer une armée. Quoi qu’il en soit, ce nain dit ne rien leur avoir révélé. Si vous souhaitez en savoir plus, je vous laisse le soin de le questionner. Je crains cependant qu’il ne soit pour le moment pas en état de vous en apprendre d’avantage. Amallya pointa alors en direction du passage par lequel elle était arrivée avant de reprendre. - En venant ici j’ai par ailleurs remarqué d’autres passages sous la cité. En sortant par là puis en prenant à droite vous passerez devant deux intersections sur votre gauche. Le corridor qui continue tout droit est par contre bouché par des éboulements. Quant à moi je n’ai pas de temps à perdre. Je rentre à Fernliae m’assurer de la sécurité de la cité. Sans attendre la réaction du reste du groupe suite à ses révélations, Amallya se tourna à présent vers l’Intendante du clan du Cerf et s’adressa à elle. - Tu souhaites toujours m’accompagner ? ~ Narrateur ~ Le Nain boit avidement le reste de l’eau de la gourde délaissée par Amallya. Il se redresse à grand peine, s’adossant aux barreaux en position assise pour observer ses sauveurs. Ses yeux s’écarquillent à la composition du groupe inhabituelle mais il se tient coi. Elia lance un regard hésitant en direction de Danna de Dang, puis de Aileen, avant de suivre Isa et Elen dans le couloir, les lèvres pincées. Elle semble se faire violence pour ne pas se laisser submerger de nouveau par la peine. Elle aurait bien suivi Aileen, mais Fernliae n’étais pas une destination convenable pour elle. Danna de Dang, quant à elle, soupire : l’Olympien a raison. Elia n’avait pas brillé par son efficacité par le passé, et la sauvage ne fera pas mieux à l’avenir. Et au milieu d’un groupe aussi hétéroclite, le Paladin seul, malgré sa supériorité évidente, ne pourra rien faire pour l’aider à récupérer son bien même s’il lui en prend l’envie. Or, à le voir, il ne semble pas disposé à ramener l’esclave avec sa maîtresse. Peut-être signalera-t-elle ce manque de bonne volonté à l’Impératrice. Peut-être pas. Il l’avait sauvée, après tout. Par contre, il lui faudra faire un rapport : le Chaman Elen, l’esclave affranchi, semble fréquenter avec assiduité une jeune Olympienne. Il ne faudrait pas que de telle pratiques se répandent ou c’en serait finit de l’Empire. Sur le mort, Isandre n’a rien trouvé d’autres que quelques piécettes, le nécessaire pour affuter une lame et de quoi allumer un feu. Rien d’extrêmement intéresant. Pour ceux qui explorent le couloir, avec Isandre, Isa et Elen, donc : Le premier couloir part en direction du nord, autant que vous pouvez en juger. Mais un éboulement récent vous barre la route. Le second conduit à une vaste pièce. C’est la mieux conservée des alentours : les geôles, à côté, ne sont que des ruines branlantes. Circulaire, ses murs blancs sont gravés de glyphes. En s’y intéressant de plus près, il s’agit d’un scellé. Une aura légère mais persistance laisse entendre que la pièce a été entourée par une magie puissante. Les murs, propres, suintent légèrement par endroit. Mais l’humidité n’a commencé son oeuvre que récemment : mis à part ces quelques signes, la pièce est d’une propreté remarquable comparativement aux restes du complexe. Au centre se trouve une stèle de granit, toute simple, sans autre artifice qu‘une marque rouge en son sommet : du sang désormais sec, qui a coulé par endroit sur une courte distance. Au pied de celle-ci gît le corps dénudé d’une géante, la poitrine percée au niveau du coeur, ultime souillure à la salle immaculée. On a agi avec une grande économie de sang. Et le corps est placé, bras et jambes écartés. Les premières mouches tournent autour de ce repas, pourtant les restes d’hémoglobine indiquent que la mort date de plusieurs jours. ~ Fulminor ~ Se dirigeant vers Isandre pour lui parler de la tête, le géant note mentalement les différents indices... Une idée émerge dans sa caboche de guerrier. Sortant la tête fraîchement enveloppée de parchemins et la déposant devant l’Olympienne, il s’adresse alors à elle : - Ha Isandre, je vous saurais gré de bien vouloir voir ce que vous pourriez tirer de la tête de ce type. J’ai toute confiance en vous, faites ce qui est nécessaire et si besoin j’irai chercher des ingrédients à Lardarium. Hé oui tant que je vous tiens, ce nain et ses histoires de golem... Ça me fait un peu peur. Si on rajoute l’affaire de sang et les différentes races assemblées jusque là... Et si l’ennemi prévoyait de mixer l’ensemble de nos races dans ces fameux golem... Vous en pensez quoi ? ~ Isandre ~ Un rictus distendit les rides de la vieille à l’évocation de l’utilisation la magie noire pour arracher à ce crâne encore chaud les indices manquants. Curieux que le Chef pense à ce genre de choses, lui toujours si prompt à de bons sentiments... Mais avait-il seulement conscience de la part ténébreuse de l’exercice, cela restait à voir et elle ne manquerait pas de le soumettre à la question. Quant à la suite... Même si, oui effectivement, l’interrogation était légitime, son esprit se refusait à admettre que l’on puisse tirer avantage d’une telle pratique. - Haha ! Fit-elle dans un éclat de rire qui fit grincer les pierres du couloir. Que pourrait bien donner un assemblage de sous-races, c’est... Grotesque ! Mais parlons un peu de votre tête. Enfin celle-là... Elle désigna l’emballage rond et sanguinolent devant elle. - Vous n’aurez pas à courir à Lardanium. Nous pourrions nous débrouiller avec ce que nous avons ici. Sauf qu’il est un ingrédient qu’aucun de vous n’est près à me laisser à disposition, j’en ai bien peur. A moins que l’enjeu vous fasse adopter une posture un peu moins... rigide. Car pour rappeler l’âme de ce chien, il ne faudra pas moins que conduire une autre âme sur la route des Enfers, en compensation. Jusqu’où étaient-ils tous prêts à aller pour avoir le fin mot de cette histoire ? Pas là où elle savait devoir les mener, elle en aurait mis sa main au feu. Amallya
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~ Ariakas ~
- Nous n’avons que trop tardé ici, Dame de Dang. Si vous voulez bien me suivre. Le paladin se dirigea ensuite vers le nain blessé. Il était évident que celui-ci ne pouvait pas voyager dans son état actuel. - Voulez-vous nous accompagner jusqu’à Lardanium ? Le Nain fixa Ariakas comme s’il venait de proférer une insanité. Puis, alors qu’il avait été si faible jusque là, et son esprit complètement embrouillé, il prononça ces quelques mots sur un ton qui n’appelait aucune contradiction, comme si c’était là la seule vérité qui lui importait vraiment. - Jamais, Grands Dieux, jamais je ne foutrais les pieds à Lardanium ! Le paladin rit à gorge déployée. - Je vois que vous allez beaucoup mieux, l’ami. Prenez soin de vous. Sur ces mots, le paladin se dirigea vers la sortie accompagné de la noble olympienne. Lardanium les attendait et peut-être de nouveaux ennuis pour le paladin... ~ Aileen ~ Aileen fixa un instant Amallya alors qu'elle réfléchissait quelques instants. -Ha... C'est à dire que je pensais passer par Na'Helli, au moins pour raccompagner Elia. Je viendrai à Liae après, mais... Je ne sais pas si partir tout de suite est une bonne idée, nous sommes tous fatigués et un long voyage nous attend avant de retourner chez nous. Il vaudrait peut-être mieux que nous nous reposions avant de repartir... Fit-elle, semblant un peu gênée de sa réponse. En vérité elle devait bien avouer que c'était dans les bras d'Evonis qu'elle voulait se reposer... Et puis tu sais... Je ne sais pas si on peut faire confiance à ce type, fit-elle en désignant d'un geste vague le cadavre d'Etelion. Il avait l'air de bien s'amuser à me faire tourner en bourrique. Expliqua-t-elle. Sa confiance dans les dernières paroles du Loup, déjà faible au départ, n'avait fait que décroître depuis le retour d'Evonis. Il lui avait clairement menti à ce sujet, alors pourquoi pas sur le reste ? Elle ne savait pas vraiment qu'en penser... - Mais mieux vaudrait s'assurer tout de même qu'ils n'y seront pas, concéda-t-elle cependant avant de brusquement se tourner vers son mari : Ho, Evonis ! Qu'est-ce que tu disais à propos du trio que tu as vu ? Où sont-ils allés ? C'est peut être eux qui... Qui étaient ici... "Et qui ont tué l'enfant d'Elia..." - Semblaient aller vers l’ouest, voire le sud-ouest, en définitive. ‘sont partis au nord est, en direction de l’antre de Kharok, mais ça devait être pour nous paumer. Qu’on fasse pas gaffe. - Ou peut être... Qu’ils cherchaient quelque chose... Supposa-t-elle sans vraiment savoir qu’en penser. Puis elle haussa les épaules. Je ne sais pas... Enfin, on devrait peut être rattraper Elen et Isa. Tu viens ? Fit-elle au Loup, prenant sa main dans la sienne. Ils sortirent de la pièce et prirent à leur droite en arrivant dans le long couloir. Après quelques mètres ils finirent par rejoindre le Chaman et sa femme, dans l’étrange pièce circulaire. Là, Aileen se pétrifia un instant à la vue de la haute stèle qui trônait en son centre. Elle l’avait reconnue. Sa main se serra un instant autour ce celle d’Evonis, qu’elle n’avait pas lâché. - Isa... Fit-elle dans un murmure. C’est... Comme dans la transe... L’Olympienne tourna la tête brusquement, surprise par la révélation d’Aileen. Bien sûr elle avait entendu plusieurs fois le résumé que la Cerf avait donné aux uns et aux autres mais l’avoir en face la glaçait et son regard était resté voilé, comme s’il se refusait à détailler la pièce et cette pauvre Géante, étendue là... Et sa surprise redoubla quand elle découvrit l’Ashka aux côtés de l’Intendante : - Evonis ! Nous allions partir à ta recherche et te voilà, Luwö soit loué ! S’exclama-t-elle, avec un coup d’oeil à son épouse pour partager son soulagement. Mais des considérations plus sombres étaient encore à discuter et elle ajouta, pour donner le change : Oh euh... Oui c’est vrai... Que faisons-nous pour... Vous croyez que l’Oracle la connait ? - Peut être... On pourra toujours lui demander. Répondit Aileen. Elle lâcha la main d’Evonis et s’avança de quelques pas, son regard toujours fixé sur la stèle, comme fascinée par elle. Elle s’arrêta à quelques mètres de la géante, n’osant aller plus loin dans cette pièce où la mort régnait aussi... - Le couteau qui y était manque. Vous pensez qu’ils l’ont emmené ? Fit elle en se retournant. Ou alors... C’est celui qui était dans l’autre pièce... - Oui, ma grand-mère l’a récupéré. - Je n’y avais pas fait attention... Tu crois qu’elle pourrait nous en dire plus sur ce qui se trame ? La Cerf n’appréciait pas la vieille Isandre mais elle devait reconnaître que ses connaissances pourraient être utiles là où la Cerf ne comprenait plus grand chose... - Pas pour l’instant, non... Je l’ai vue fureter partout, comme un chien de chasse. L’enquête semble la passionner mais elle n’a pas encore de réponses ou nous l’aurions déjà entendu jubiler... D’ailleurs, où est-elle passée ? Elle était juste derrière nous. - Je crois que Fulminor l’a retenue... Elle parlait avec lui quand Evonis est arrivé. Et puis on vous a rejoint. Mais je ne sais pas de quoi ils discutaient... Isa eut une petite moue. Quoi qu’aient prévu les LEDA, elle serait bien mise au courant à un moment ou à un autre. Tant que sa grand-mère n’errait pas seule dans ces couloirs, Isa n’avait pas de souci à se faire. ![]() |
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~ Isandre, Isa, Aileen et Elen ~
- Il faudrait prévenir l’Oracle... Dit Isa en faisant mine de ressortir de la pièce. - J’y vais ! Se porta immédiatement volontaire Evonis. Dans le couloir, il croisa Isandre qui rejoignait sa petite-fille, toujours son air moqueur inscrit sur son visage. Un bon petit dilemme de conscience qui risquait d’occuper son Chef un certain temps, rien de tel pour l’amuser. A peine entrée, elle huma l’atmosphère de la pièce, comme si un parfum spécifique en exhalait. - Alors ma fille, qu’avons-nous ici ? Lança-t-elle pour mesurer les compétences d’Isa. - Cette salle était scellée, protégée. Ils ont dû la rouvrir pour... Il n’y a que quelques jours. - Elle était volontaire, vraisemblablement. Elle sourit. Je ne connais pas de suppliciés qui sourient à la mort, fous à part. Fit le Chaman, réfléchissant à voix haute, penché sur la géante. Interloquée, la vieille s’approcha à son tour, grimaçant en chassant quelques insectes de gestes rapides de la main. Pas de marques de liens, ni de coups. Effectivement la femelle ne semblait pas avoir été contrainte ni s’être défendue. - Elle a pu être droguée. Bien que cela nuise parfois aux rituels, surtout si le sang est important. - Elle a pu. Mais c’est peu probable, vu le contenu de la transe. Répondit-il, oubliant presque qu’il s’adressait à la vieille bique. - Et le couteau ? Fit Aileen. Est-ce qu’il a quelque chose de... Spécial ? - Faites donc voir la lame, Isandre. Je ne voudrais pas que vous vous coupiez... La vieille ricana, repensant à l’esclave qu’il avait été, témoin de son expertise en maniement des lames. - C’est de la belle ouvrage, dit-elle en la ressortant de sa besace. Probablement créée pour une tâche bien précise. Voyez cette matière... Ce n’est pas un vulgaire maréchal-ferrant qui pourrait l’obtenir. - Un forgeron non plus. Répondit Aileen, examinant la lame. Elle était plutôt effrayante. Etrangement noire... Mais les maréchaux-ferrants font plutôt des fers à cheval, habituellement... Ajouta-t-elle d’un air nonchalant. - Vous consentirez bien à me la prêter un instant, n’est-ce pas ? - Maintenant que j’y pense, c’était quoi, les signes qui sont sur les murs ? Ils signifient quelque chose ? Et est-ce qu’on peut voir si c’était bien cette lame-là qui était dans la stèle ? Fit la Cerf, se détournant ensuite de l’objet, encore dans les mains de la vieille. - Tu n’as qu’à deviner, puisque tu es si maligne ! Dit la vieille qu’Aileen agaçait. Le couteau ne lui serait guère utile de toute façon et elle le remit entre les mains du Loup qui lui réclamait, avec l’air de renoncer à les aider. - Ben voyons, grogna la Cerf. Sinon, je peux toujours essayer de voir si ça peut se planter dans votre coeur à vous ? Une menace en l’air, bien entendu. Aileen n’avait pas l’intention d’agir de la sorte mais le manque de coopération de l’ancêtre l’irritait passablement. Entre ignorer la signification de symboles liés à la magie et le travail d’un maréchal-ferrant, il y avait tout de même une bonne différence... - Aileen... S’interposa l’Olympienne, choquée par les paroles de son amie. Pour une fois qu’Isandre semblait presque encline à oeuvrer dans l'intérêt commun... - Ho, pardon, Isa... Désolée. C’est... Sorti tout seul... Fit-elle, soudainement penaude. Elle aurait mieux fait de tenir sa langue. Elen, lui, soupesa la lame, après avoir vaguement remercié la vieille. Pour une fois qu’elle se montrait conciliante, malgré son sale caractère... Il joua un peu avec l’objet, la faisant danser dans sa main avec habileté. Il testa le tranchant sur son pouce. - Parfaitement équilibrée. Légère. Et plus affûtée qu’un rasoir. Commenta-t-il, avant de frapper sèchement la pierre de la stèle de la dague, pour en observer par la suite le fil, perplexe. Et inaltérable. Il la tendit à Isa, bien plus sûr de ce qu’elle en ferait qu’Isandre. Et cela avait le mérite de ménager un peu la susceptibilité de l’Incarnation : mais s’il ne la lui rendait pas, il ne conservait pas l’objet pour lui-même. Isa en profita pour inspecter l’arme mais elle n’avait rien de plus remarquable que ce qu’Elen et sa grand-mère en avait dit. Relevant les yeux vers les murs, elle expliqua pour Aileen : - On retrouve les symboles de feu et de clef assez souvent. Ils n’ont pas de rapport avec la protection de la salle, mais concernent peut-être ce à quoi était destinée la stèle, à une certaine époque. J’avoue que je ne vois pas le lien avec le sacrifice qui a eu lieu ici... - La transe, Isa, la transe... Fit Elen, plus pour Aileen que pour son épouse à qui les détails échappaient pour la simple et bonne raison qu’elle n’en avait pas le souvenir. Elia, elle, s’était contentée de se tenir près de l’entrée, contre le mur, le plus loin possible du corps. Elle l’observait avec crainte, comme s’il pouvait se relever et lui faire du mal. Mais au moins, ses pleurs s’étaient taris. Le groupe semblait la rassurer. Elle observait silencieusement, attentive. - Cette foret qu’on a vu mourir... Par le feu tu crois ? Tenta Isa. - Oui. Mais pas seulement. Confirma-t-il, fier de sa femme. - La silhouette de flammes... Fit Aileen, réfléchissant. - Exact. - Quand elle s’est emparée du couteau, elle a pâli et les murs... Les symboles gravés ont pris la couleur du sang... Ça signifiait peut-être qu’il fallait verser le sang pour desceller le couteau ? - Pas n’importe quel sang. Le Peuple des Géants n’est pas si vieux. Mais Quatar est plus récente encore. Le Divin Maudit l’a faite construire. Cette pièce comprise, en toute logique. La dague peut-être. Son scellé certainement.. Et les sorts protecteurs. Vous comprenez ? - Je ne suis pas sûre... Avoua Aileen. La jeune cerf semblait perplexe. - Le feu. Les Géants. Je pense qu’il savait que quelqu’un viendrait un jour réclamer cette dague. Il l’a scellée par le feu, et c’est le feu qui a permis de la déloger de la stèle. Une géante du feu. Si j’ai raison, l’Oracle Karnage ne va pas apprécier... - Ou il avait fait en sorte de conserver une arme terrible pour faire chanter les Dieux. Une fois lui parti, d’autres en ont eu vent et sont venus se servir. - C’est possible aussi, ne lele. Très possible. - Je ne sais pas, Elen... Prévoir l’avenir de la sorte avec autant de précision... Et à plusieurs décennies d’écart... Je suis assez étonnée je dois l’avouer. - C’est un Dieu, Aileen... - Je sais mais tant de choses auraient pu tourner autrement, un simple détail aurait pu tout changer. - On dit que sa Prime Générale était clairvoyante. Tu le savais ? Demanda Isa à Elen. - Humph... On dit beaucoup de choses sur elle... Souvent loin d’être à son avantage. Se renfrogna-t-il. Et on a souvent raison. - Mais ils n’ont plus le couteau. Alors quel est le rapport avec cette boîte... Il fallait un Géant du feu pour arracher la dague à la stèle. Ils ont sacrifié cette Géante avec la lame... Et... - Une autre, je dirais, ne lele... Une dague simple. Pour désactiver le scellé. Isandre, vous confirmez ? Après tout, c’était elle l’experte en rituels glauques et en découpages artisanaux. La vieille prit une petite baguette dans sa besace et testa la blessure fatale à la Géante. - La plaie est droite, ce couteau-ci aurait taillé davantage la chair. Il a plutôt dû servir à occire le gamin. Des hoquets répétitifs en provenance de la Corbeau, restée impassible jusque là, confirmèrent la version de Isandre. Mais au lieu de pleurer pour de bon, Elia trouva le courage de mettre des mots sur ses tourments : - Ils l’ont tué. Tué. Pour une... Une boîte. Qu’ils voulaient ouvrir. Ils l’ont tué ! Ils... Ils m’ont dit... Incomplet. Ils ont dit... C’était de ma faute... Elle ne put en dire plus, rattrapée par les larmes qui illuminaient déjà ses yeux tandis qu’elle tentait d’expliquer la perte de son enfant. Elle enfouit son visage entre ses mains, cachant ses yeux aux autres... Isandre leva les yeux au plafond, lassée par les jérémiades interminables de la Corbeau : comment pouvait-on pleurer autant pour un bâtard au sang mêlé probablement issu d’un viol... Vraiment ces verdeux n’avaient aucun sens commun. - Elia... Souffla Aileen après avoir lancé un regard assassin à Isandre. Elle s’approcha de la jeune femme et, malgré une hésitation, finit par la prendre dans ses bras avec douceur. Ils avaient su... Ils avaient su pour le sacrifice inutile de son enfant mais ils étaient arrivés trop tard pour le sauver... Persuadés qu’il fallait protéger Lilei, qu’elle serait la victime de ces brutes, ils avaient d’abord songé à la protéger avant tout. Pourtant, ils savaient... |
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~ Narrateur ~
Le Nain s’agita, apercevant Gourlx rassembler des blocs de pierres de belle taille, issus de l’éboulis proche, et les animer suivant le rituel secret des Nains permettant la conception des Golem : - Hé ! Toi... Hé... Sa voix était encore faible, mais son regard ne quittait pas son homologue. ~ Gourlx ~ Bien étourdi et affaibli par le violent affrontement, sans parler de la déchirante perte de son golem, Gourlx ne savait plus trop ou donner de la tête. Il ne prêta guère attention aux babillages des autres, pour se concentrer sur la création de son Charoue. Il fallait vite le ré-assembler, son absence lui pesait déjà lourdement. Tandis qu’il peaufinait sa création, s’enquérant de l’origine de ses nombreux grincements, il remarqua enfin le nain blessé qui l’interpellait faiblement. Son coeur se retourna en voyant un de siens dans un tel état. Par toute les tavernes de la vieille Kazad, cette sauvageonne ne lui avait tout de même pas donné de l’eau? Il s’approcha en grimaçant du malheureux, puis s’agenouilla devant lui, s’appuyant sur sa lourde hache tachées du sang des araignées monstrueuse. - Ho l’ami, t’es plus cabossé qu’un canard passé au battoir... J’va poa laisser un frère dans c’t’état là, qu’est-j’peux faire pour toi ? ~ Narrateur ~ - Voulaient les secrets... Pour les golems... Vont se faire une armée... Grande... S’ils y arrivent... J’ai rien dit... J’crois... Mais pas sur... Il se saisit de Gourlx par le col, pour l’attirer au plus près : - Préviens les... Kazad... Doivent savoir... Préviens Farfine... Préviens... ~ Amallya ~ Aileen avait finalement décliné l’invitation d’Amallya qui lui proposait de faire route avec elle. Après qu’elle lui eut dans un premier temps proposé de l’accompagner, l’enthousiasme de la cerf était vite retombé et son esprit était rapidement passé à autre chose telle une enfant papillonnant d’un sujet à un autre sans jamais s’attarder sur aucun. Ainsi, après avoir mis en doute les paroles du geôlier qu’Elen venait de décapiter, et malgré les propos d’Evonis semblant indiquer que les hors-la-loi faisaient route vers le sud-ouest, l’Intendante avait préféré partir en exploration à travers les sous-sols de la cité d’obsidienne. Comme à l’accoutumée, personne ne semblait se soucier du sort réservé à Fernliaë. Leur réaction aurait-elle été différente si cela avait été Na’Helli ou bien Lardanium qui avait été évoquée ? A n’en pas douter ! Mais voilà, il avait fallu que ce soit Fernliaë, un refuge de sauvage dont personne ne se souciait. Pas même ses alliés elfes ! Une nouvelle fois le refuge des enfants de Gaïa était menacé et personne ne bougerait pour tenter de le sauver. Qu’importe ! Amallya pouvait bien se passer d’une enfant ! Elle s’interposerait quitte à devoir risquer sa vie une nouvelle fois ! Tandis qu’Aileen emboîtait le pas à Elen et à Isa dans les souterrains sinueux de la cité noire, Amallya décida prestement de quitter les lieux. Sans un mot, ni même un regard pour ses compagnons de circonstance, la femme sauvage quitta les geôles pour se diriger vers la surface. |
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~ Aileen, Isandre, Isa et Elen ~
Sans un regard pour Elia, déjà aidée par Aileen, le Chaman tentait de se concentrer sur l'enchaînement des évènements. Toute l’affaire les dépassait. La transe, et les compétences de chacun, avait éclairci certaines zones d’ombres, mais le Chaman restait perplexe quant aux motivations de leurs adversaires. A quoi pouvait bien servir cette boite ? Si Gaver se trouvait dans les parages, lui aurait su de quoi il retournait. Et il aurait pu leur dire. - Au fait Isandre, que vous voulait Messire Fulminor tout à l’heure ? - Hof... Il se renseignait sur les possibilités de jouer avec des forces qui le dépassent, gloussa-t-elle d’un air entendu. En son temps, Elen aussi avait eu quelque demande de cet acabit. - Je vois. Et des forces qui sont à votre hauteur, je suppose. - Evidemment, lâcha-t-elle sèchement. Mais qu’il y réfléchisse à deux fois avant de me faire travailler sur un projet qu’il abandonnera à coup sûr. - Et peut-on avoir une idée, même vague, de quoi il retourne, je vous prie ? - C’est plutôt malin... Il s’agit de faire parler la tête de ton congénère. - Et le prix ? Demanda-t-il, passant sur le “congénère”, Etelion n’étant rien de moins qu’un traître. - Bien trop élevé pour lui. Elle dévisagea Elen de manière à lui faire comprendre qu’il en serait de même pour le Chaman. - Une vie pour une autre ? Suggéra-t-il : l’échange équivalent, ou quelque chose approchant puisque sans l’aval des Dieux, surtout celui de Hadès, les morts jamais ne revenaient. La vieille hocha la tête. Sans doute que la conversation serait close après cette déduction et elle s'apprêta à ressortir de la salle où plus aucune découverte intéressante ne les attendait encore. Le Chaman sombra immédiatement dans une série de réflexions qu’il répugnait ne serait-ce qu’à envisager. Avec les explications d’Elia puis de nouveau ses larmes, l’angoisse reprit Isa qui s’isola un court moment dans l’observation des runes qui ornaient les murs. Quand elle revint vers son époux et le trouva en pleine réflexion alors que sa grand-mère tournait les talons, elle lui demanda : - Tout va bien ? - Oui, oui, ne lele. Ta Grand-mère me faisait seulement part de la possibilité de poursuivre l’interrogatoire que j’ai... écourté. - Vraiment ? Nous avons un autre prisonnier ? Fit-elle, étonnée. Le groupe s’était séparé et certains avaient peut-être fait d’autres prises. D’un mouvement de tête, il lui fit comprendre que tel n’était pas le cas. - Oh... C’est vrai... Fulminor voulait... Elle grimaça. L’idée lui avait paru tellement glauque que son esprit l’avait tout de suite rejetée. Alors... Qu’en est-il ? - Isandre pense que c’est possible. Mais... Il faut en payer le prix. L’Olympienne le regarda, l’air sévère. Elle ne connaissait que trop bien l’art d’Isandre et, sans en savoir tous les détails, cela ne lui disait rien qui vaille. - Nous ferons autrement. - C’est la meilleure chose à faire, oui. Donner une vie, pour... Non... C’est beaucoup trop cher ! - Est-ce que Evonis a une piste ? Demandons-lui. Il nous faudra simplement nous dépêcher. Retrouver Lilei et les traquer. Le dit Evonis revint, seul pour l’instant. Il sifflotait, comme si de rien était. Il croisa Isandre et lui adressa un sourire radieux. - Alors mamie ? On va se balader ? J’aurais pourtant juré que vous étiez sur le point d’autopsier cette géante jusqu’au bout ! J’ai prévenu l’Oracle. On ferait bien de savoir précisément ce qu’il lui est arrivé, à elle. Mais vaudrait mieux vous montrer délicate : pas sûr qu’il apprécie qu’on tripote une géante, même décédée. - J’en ai fini ici, nous avons vu tout ce qui nous intéressait. Une suicidaire fanatique probablement. Elle ne mérite que de pourrir ici. - Ils en tirent une tronche les deux tourtereaux. Sans compter que ma douce a l’air en colère. Mamie, qu’est-ce que vous avez encore fichu, hein ? Vous leur avez raconté une blague pas drôle ? - Pas du tout. Ils s’aperçoivent juste que l’on a rarement le beurre, l’argent du beurre, et les grâces de la crémière. - En trichant on peut au moins avoir le beurre et la crémière, au moins pour quelques temps, et ensuite récupérer son argent. Ni vu ni connu. Croyez-moi, j’en sais quelque chose. C’est quoi le pépin ? - Haha ! S’exclaffa-t-elle de bon coeur, assez inopinément. Je n’en pensais pas moins de toi. Pfff demande-leur toi-même, j’en ai assez de les voir se torturer en coeur avec leurs petits examens de conscience. Je vais prendre l’air. - Ouaif... Il héla les deux amoureux, bien loin des bécots habituels. Alors vous deux ! C’est qui cette crémière que vous convoitez ? J’peux aider ? - Une crémière ? Nous nous disions qu’il était temps de nous remettre en route et... - Pourquoi faire ? Les autres sont loin. Courent vite les géants. Et faut qu’on récupère Dalhia et la p’tite choute, si j’ai bien pigé ! Les ramener ici me semble à la fois indiqué et prudent. C’est quoi, le truc qui vous donne ces airs paumés ? Isandre a dit quelque chose de mal ? - Ici ? Non, il est hors de question que Lilei soit amenée ici. Il y a tout pour... la sacrifier. Jamais. Il suffit qu’ils reviennent en nombre et nous prennent dans un traquenard, ils auront la lame, les runes, la stèle, la boîte. Que sais-je encore. - Et Lilei qui ne leur sert à rien... Isa... Elle est notre fille... Et c’est ce qui la sauve ! - Oui et bien je n’ai pas envie qu’ils testent pour en être certains. Ce n’est pas comme s’ils se souciaient d’économiser des vies... Fit-elle en glissant un coup d’oeil sur leur complice géante sacrifiée. - Moi non plus. Isandre ! Revenez ! Je vais payer ! - Attends ! Cria-t-elle presque à son époux avant de regarder Evonis tandis que la panique s’emparait insidieusement d’elle. Tu es sûr ? Aucun moyen de savoir où ils vont ? - Pour moi, sont soit partis à l’antre de Kharok, soit à Fern. Mais ils ont trop brouillé les pistes pour qu’on soit vraiment sûrs. Pourraient être en route pour Lardanium que ça serait pareil. C’est quoi que vous voulez payer ? - Des informations. - Et c’est combien ? - Une vie. - Ah ouais... C’est cher... T’es sûr que t’as pas moyen de louer ? Le Chaman fixa l’Ashka, déboussolé. Les propos de son comparse le rendaient perplexe. Que voulait-il dire par louer ? - La... La vie ne serait rendue que temporairement à... à la tête, tenta d’expliquer Isa en se demandant si ce long cauchemar allait un jour prendre fin. - Raison de plus pour ne pas filer une vie complète. Hey, Mamie ! Cria le Loup. C’est possible de parler à la crémière pour avoir son beurre en donnant les sous, puis de se faire rembourser ? Humph... Fichue image... Ça colle plus : comme si on pouvait rendre le beurre. Isandre s’impatientait dans le couloir. Le mouvement ne s’accélérait pas et elle n’osait s’aventurer seule dans les ruines de Quatar, aussi suivait-elle d’une oreille distraite la conversation, adossée à une paroi. La filouterie d’Evonis la fit sourire néanmoins. Elle aimait ces esprits qui ne se bornaient pas aux chemins convenus. - Quelque chose comme ça, en effet, lui accorda-t-elle en pivotant pour apparaître dans l’encadrement de la porte. Elle les dévisagea tour à tour, cherchant à voir s’ils commençaient à donner crédit à l’idée de Fulminor ou si cela serait rejeté de toute façon. Dans ce dernier cas elle s’épargnerait davantage d’explications. Isa maintenait un air fermé, Evonis ayant anéanti certaines de ses espérances. Evonis, lui affichait un air de compréhension des évènements bien loin des incertitudes du Chaman qui pourtant se déclara une nouvelle fois prêt à payer : - Je le ferai. Grands Dieux, que ces mots inespérés sonnèrent presque de façon jouissive à l’oreille d’Isandre ! La vie de l’esclave entre ses mains, cette vie qui ne tiendrait qu’à un fil... Et un accident était si vite arrivé. - Non ! C’est trop dangereux ! Tu ne te rends pas compte ! S’interposa sa femme. Le regard calculateur d’Isandre, qu’elle saisit de façon limpide, la glaça. Il n’y avait qu’une alternative pour que la vieille prenne toutes les précautions nécessaires afin que son sujet survive... - Ce sera moi. Et personne d'autre. Une erreur ou une négligence qui serait fatale à la jeune femme, et l'aïeule la suivrait aussitôt dans les limbes, en guise de châtiment immédiat. - Non, non, non et non, ne lele. Le Chaman se saisit des mains de son épouse, les serrant dans les siennes. Il comprenait son geste, il savait ce qu’elle voulait laisser entendre à Isandre. Mais il ne pouvait la laisser prendre autant de risques. Il murmura tout bas, pour qu’elle seule entende ce qu’il avait à dire. Son discours, complètement décousu, contrastait avec la logique dont il faisait preuve habituellement. Mais face à elle, il s’était toujours senti désarmé. Il savait qu’il suffisait qu’elle l’ait décidé pour avoir le dernier mot face à lui, surtout dans ce domaine. Et c’est ce qui la rendait aussi précieuse à ses yeux : elle l’équilibrait parfaitement. - Écoute, Isa, écoute-moi, Nelimareth. Je sais pourquoi. Je sais. Mais ton corps, à toi, il ne le suporterait pas. Pas une seconde fois. Pense à Lilei. Elle a besoin de toi. Et j’ai besoin de toi, Nelith. Tu te souviens ? Tu es la Reine aux Étoiles. Et je suis le Soleil Heureux. Tu as accepté de briller à mes côtés. Rien ne peut se mettre entre nous, Isa. Rien. Laisse-moi prendre ce risque pour toi, à ta place. Juste celui-ci. Ce minuscule risque. Tu me protégeras. Tu es plus forte qu’elle, ne lele. Elle n’osera jamais. Pas en ta présence. Il ne m’arrivera rien de fâcheux. Rien. Je te le promets. - Mais... Même si... Même si elle fait au mieux, personne ici n’est capable de te ramener. Toi tu le sais, tu l’as déjà fait. C’est toi le guérisseur ! Et je vais bien, j’ai eu Lilei sans problème alors que les accidents sont courants. Je ne me souviendrai même pas de ce rituel, aussi désagréable qu’il puisse être, finit-elle tout bas. - Nelith... Tu... Tu ne dois pas... S’il te plaît... Elle se trouve là bas... Si Elle décidait... S’il te plaît... Ne vas pas là où je ne peux te suivre... Isa secouait la tête. Outre le fait qu’elle ne trouvait pas de logique à amplifier les risques pour Elen alors qu’elle pensait avoir de meilleures chances d’en réchapper indemne en grande partie grâce à lui, elle ne supporterait pas sa propre impuissance si jamais cela tournait mal pour son époux. Elle lança un regard désespéré à Evonis. Lui toujours plus terre à terre qu’eux deux réunis devait bien avoir un avis sur la question et en tant qu’Ashka du Clan des Loups, il s’avérait légitime qu’il ait voix au chapitre. - Oh la, oh la, doucement. Me demandez pas mon avis. Je veux bien avoir des idées qui pourraient fonctionner, mais chuis pas suicidaire. Vous allez bien ensemble, tous les deux. Aussi casse-cou l’un que l’autre... - C’est complètement fou, comme plan ! Fit la voix d’Aileen, comme en écho à celle d’Evonis. |
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Elle n’avait tout d’abord pas prêté attention aux conversations de ses amis, préférant essayer de réconforter la pauvre Elia. Mais les tons de leurs voix avaient fini par attirer son attention. Il lui avait fallu quelques instants pour comprendre de quoi il en retournait, entre ces histoires absurdes de crémière et de beurre. Et elle avait fini par laisser Elia, non sans un regard désolé pour la corbeau, avant de se diriger d’un pas vif vers Elen et Isa. Ils ne pouvaient pas faire ça !
- C’est trop dangereux ! Et quoi ça rimerait, de toute façon ? Il n’a rien voulu dire une fois, il n’en dira pas plus une deuxième ! Mieux vaut essayer de retrouver ses alliés ! Continua-t-elle. Elle savait Elen têtu et doutait que ces simples arguments suffisent à le décourager. S’il te plaît, Elen... Laisse tomber cette idée... Peut-être qu’Elle n’attend que ça pour vous cueillir !. Elle savait quelle tendance le chaman avait à toujours se fourrer dans d’incroyables situations. Quelque part, il avait eu de la chance parce qu’il avait malgré tout trouvé une femme mais la Cerf ne pouvait s’empêcher de craindre qu’il ne fasse une erreur, en dépit de cette apparente bonne étoile... - Et je la battrai une fois encore ! Qu’Elle vienne ! Mais si c’est toi, Isa, qui prends ce risque, elle cherchera à m’atteindre à travers toi. Et je ne suis pas prêt à t’envoyer entre ses griffes ! Pas toute seule en tout cas ! Evonis se frappa le front du plat de sa main dans un grand bruit sonore. - Et voilà, maintenant ils veulent y aller tous les deux. On n’est pas couchés ! - Non, personne n’y va ! Tu l’as peut-être battue plus d’une fois, Elen, mais à force de tirer sur la corde, elle va finir la lâcher. Oublie ça, s’il te plaît ! - Ce sont les Faucons qui tirent sur des cordes. Essaie de faire lâcher une épée d’acier en tirant dessus, et tu sauras de quoi est fait l’esprit d’un Loup ! - Ne fais pas semblant de ne pas comprendre ! Tu sais très bien ce que je veux dire. Ça n’en vaut pas la peine, on n’apprendra peut-être rien qu’on ne sait déjà. Et... Et Lilei vous attend toujours, tu veux perdre plus de temps et prendre encore plus de risques ?! Tandis que la discussion s’envenimait, Isa avait eu le temps de se ressaisir et une détermination rare l’envahit. Effectivement, ni Aileen ni Evonis ne pouvaient prendre la responsabilité de les encourager dans cette voie. Et ils n’en avaient de toute façon aucune envie. Mais si Isandre affirmait que c’était possible sans qu’il n’y ait de drame, alors en toute logique... Elle retrouva cette autorité qu’elle n’avait qu’une fois acculée dans ses derniers retranchements : celle qui lui avait permis de s’opposer aux Géants pour protéger Elen, celle qui l’avait autorisée à diriger un petit groupe de Loups fidèles alors que la malédiction de Xeis tourmentait le Chaman. - Bien. Nous allons ressortir des ruines et retrouver notre fille, Elen. Ensuite ma grand-mère et moi procéderons à l’expérience. Tu interrogeras la... La tête, tu me ramèneras et nous les traquerons. Jusqu’à ce qu’ils soient tous morts. - Tu... Tu ne préférerais pas qu’on rentre à la maison, ne lele ? Toi, Lilei et moi ? Loin, très loin de tout ça... Il savait que cela aurait été se bercer d’illusions, mais il l’aurait tant voulu, pour elles et lui. - Non, Isa, pas toi non plus... Lâcha Aileen. Oubliez ça, tous les deux ! C’est de la folie ! - Ecoutez, nous ne pouvons pas leur permettre d’aller au bout de leurs plans. Le monde est déjà prêt à s’écrouler sous nos pieds. Elen, est-ce que nous pourrions dire à notre fille que nous n’avons rien fait pour l’empêcher ? - Les âmes sont malléables, bien plus que les vivants. Si vous choisissez bien les questions, vous aurez vos réponses. Évidemment il ne faudra pas lambiner... Précisa Isandre qui connaissait le don de ses interlocuteurs pour tergiverser des heures. A son ton morne, on pouvait cependant juger qu’utiliser Isa à la place du Loup allait bien moins l’amuser. Surtout qu’elle y risquait aussi son existence. Heureusement que son caractère était bien trempé car elle connaissait peu de mages, même parmi les anciens inquisiteurs, qui auraient pu exercer avec une telle menace au dessus de leur tête. - Ne faites pas ça ! Supplia Aileen, elle était à cours d’arguments mais elle ne voulait pas abandonner la lutte. Il doit y avoir d’autres moyens ! On.. On peut essayer de les rattraper, et puis, on a leur couteau ! Ils ne pourront rien faire sans ! Elle était bel et bien décidée à s’opposer à ce rituel qui n’avait pas lieux d’être. Elle avait beau détester Etelion, elle respectait la vie, même celle de cette ordure qu’elle exécrait, et faire une chose telle que ramener une âme dans une tête, séparée du reste du corps... Cette idée seule la faisait frissonner, l’effrayait. Elle lança un regard désespéré à Evonis. Ne pouvait-il pas l’aider à les faire renoncer à ce plan macabre ?! - Écoute bien, Ailou. Si j’ai bien appris une chose ces dernières années, ‘fin, façon de parler, c’est qu’on ne peux pas empêcher un Chaman d’en faire qu’à sa tête. Lytharion est allé se faire bouffer par un serpent et Kowü a fait vraiment n’importe quoi. Mais la plupart du temps, c’est pour le bénéfice du plus grand nombre. Et là, bin Isa, si elle avait été Elfe, je suis sûre qu’elle aurait pu être Chamane. Alors bon... On pourra pas les empêcher. Faudra juste faire de notre mieux pour les aider, pour limiter la casse, d’ac ? - Isa... On récupère Lilei, et on le fait. Mais... Je peux te jurer que tu ne resteras pas coincée... ”Quitte à échanger ma vie contre la tienne...” - Nous le ferons parce que je sais que vous êtes les meilleurs. Et comme tu dis, rien ne nous séparera. Elle lui sourit avec une profonde conviction, avant de l’embrasser tendrement. Aileen secoua la tête aux paroles d’Evonis. Elle ne connaissait pas Lytharion, ni Kowü. Elle se fichait bien de ce qu’avaient pu faire ces Chamans par le passé. Elen était Elen et la Cerf ne voulait pas voir ses amis se lancer dans une telle entreprise. - Non, vous pouvez pas faire ça, vous avez pas le droit !! Protesta-t-elle. Elle ne savait plus quoi dire pour les arrêter mais elle ne voulait pas abandonner. - Écoute, Ailou, le mieux qu’on puisse faire, avec ce genre d’ânes-là, c’est de les suivre, pour les empêcher de tomber dans le ravin. - Aileen, tu te souviens lorsque nous avons affronté la malédiction de Xeis ? Nous avons pris mille fois plus de risques, pour nous et pour nombre de Loups que nous aurions pu entraîner dans notre perte. Et pourtant, avec quelques théories et de maigres indices, nous avons fini par nous lancer. Et par vaincre. Là c’est beaucoup plus facile, les impondérables sont quasi inexistants, alors fais-nous confiance, nous y arriverons. - Mais... Mais c’était pas pareil ! En quoi ? Elle n’aurait pu le dire, en vérité. C’est trop dangereux de jouer avec les âmes... C’est pas comme... Comme purifier quelqu’un ! Et puis c’est pas nécessaire, on peut se débrouiller autrement... S’il vous plaît !! Isa avait raison, mais elle ne voulait pas l’admettre. Elle avait peur... Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle ! ♥ |
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Ils sortirent des ruines, cherchant malgré tout quelques traces des kidnappeurs. Leurs espoirs furent déçus et ils retournèrent à leur campement bredouilles. Évidemment Dalhia ne s’y trouvait pas, puisqu’il avait dû se cacher... Elen et Isa firent le tour des environs, l’appelant à mi-voix.
Dalhia releva brusquement la tête en entendant son nom appelé par des voix qu’il connaissait. Il sortit précipitamment de son abri temporaire, agitant les bras comme s’il craignait qu’on ne le voie pas. - Je suis lààààà !! Brailla-t-il avant de se souvenir de la présence de Lilei. Il fila de nouveau dans le terrier et s’en extirpa une seconde fois, tant bien que mal, chargé de la petite. On... On est là, je veux dire ! Le lutin laissa le Chaman reprendre sa fille, soulagé de ne plus avoir tout ce poids sur ses petits bras. - J’ai fait tout bien comme vous avez dit, j’ai pas fait de bruit ! Et puis y a eu un monstre, tout rouge avec du blanc ! Et du noir sur les pattes et grand coooooomme ça !! Fit-il en écratant les bras au maximum. Isa, tombée à genoux, en profita pour l'enlacer et le serrer contre elle. Combien de lieues avaient-ils parcouru dans ces bois avant des les retrouver ? Elle ne saurait le dire tellement cela lui avait paru long. Et l'angoisse qu'ils leur soit arrivé quelque chose n'avait pas cessé de croître, lui rongeant les entrailles. - Merci Dalhia, fit-elle en éclatant en sanglots. Ils avaient vu tant d'horreurs et son soulagement fut si intense qu'elle ne put retenir ses larmes. Mille fois merci. Nous avons été si inquiets... Elle s'écarta pour le regarder, tenta un sourire rassurant car le Lutin allait forcément trouver cela étrange qu'elle se mette à pleurer alors que le moment aurait dû être joyeux. - Nous avons encore des choses à faire, pas très amusantes. Tizi ne devrait pas tarder à nous rejoindre, elle te racontera ce que nous avons vu. Mais garde ton récit du monstre pour ce soir, je ne veux pas manquer ça quand nous serons tous autour du feu. La jeune femme lui fit une bise sur la joue et se releva en essuyant son visage. La journée était loin d'être terminée et elle avait encore à discuter avec sa grand-mère... Dalhia n’avait pas vraiment compris pourquoi Isa se montrait soudainement si démonstrative, mais ça devait sûrement être parce qu’il avait réussi à affronter tout seul un gros monstre... Même si, en vérité, il n’avait pas fait grand chose et était reparti de lui-même sans que le lutin n’ose bouger. Il sautilla sur place à la mention de Tizi. Il allait pouvoir lui raconter comme il avait été courageux ! - Ho oui ! Et il faisait très peur, vous verrez ! Fit-il, content d’avoir l’occasion de raconter ses aventures. Une fois certains détails réglés, le groupe se concerta sur les questions à poser. Le rituel lancé, il ne serait plus temps de réfléchir car chaque seconde éloignerait un peu plus dans les failles de la terre, jusqu’aux tréfonds infernaux, s’ils n’y prenaient pas garde, l’âme du volontaire. Elen faisait les cents pas, à présent, Lilei dans ses bras. Il se rongeait les sangs pour sa femme qu’il n’était tout simplement pas parvenu à raisonner. Il tournait et retournait dans sa tête les risques qu’ils allaient l’obliger à prendre, ou tout au moins qu’elle se forçait à consentir. Mais il ne trouvait aucune issue. Il voyait Isandre tracer ses symboles au sol, des marques, la tête récupérée à Fulminor au coeur de l’arrangement. Et ils n’avaient même pas questionné la vieille sur ses découvertes concernant le rituel utilisé pour le sacrifice de l’enfant ! Quels crétins ! Et voilà que déjà sa femme se préparait. Isa avait toute l’apparence du calme, pourtant il se doutait qu’elle devait bouillir intérieurement. Lorsqu’elle fit son premier pas vers l’intérieur du cercle, les pires idées lui traversèrent l’esprit. Allait-il falloir entailler sa douce et délicate peau ? Il ne supporterait pas de forcer Isa à imprimer des marques indélébiles. L’empoisonner ? Et l’empêcher de nourrir Lilei à l’avenir ? La priver de ces moments privilégiés avec sa fille ? Jamais ! Comment donc ? Comment ? L’asphyxie peut-être. Mais qui se porterait volontaire pour étrangler ou étouffer d’un linge sa tendre épouse ? Il tuerait quiconque se proposerait pour la chose ! Ce serait lui ou nul autre. Il confia Lilei d’un geste à Aileen, bien campée près de Elia. La Corbeau suivait la scène, comme dans un rêve ; sombre écho du sacrifice de son bambin. Les pas du Chaman s’allongèrent à mesure que diminuait son champ de vision. Seul la silhouette de Isa se détachait du flou artistique alentour. Sa balise, comme il se le disait parfois. Plus que jamais, il ne voyait qu’elle, inconsciente de ses grâces et de ses charmes. Si quelqu’un osait envisager lui faire le moindre mal, alors il devrait le payer de sa vie. Il trouva la force de faire un signe à Isandre, qui venait de terminer son tracé. Il arriva enfin à la hauteur de sa femme, ses bras l’enlaçant avec paresse. Il lui glissa quelques mots au creux de l’oreille d’une voix aussi éteinte qu’elle resplendissait, véritable étoile dans la nuit de son regard. - Ne li lelo, Nelimareth... Ses lèvres se posèrent fugitivement sur celles de l’Olympienne, son coeur manquant une pulsation. Il reprit sa course, repoussant mollement Isa hors du cercle. Il arriva à la hauteur de la tête décapitée. Son oeuvre. Il se laissa penser qu’il faisait le bon choix : face à Etelion, il n’aurait pu se retenir de le tuer une seconde fois... Il n’osa pas un instant se retourner : même si tout autour de lui s’était fondu dans cette obscure brume, il savait que elle, il l’aurait vue, baignant dans toute la lumière de leur amour. Et elle l’aurait raisonné. Elle aurait trouvé le moyen. Mais à présent, c’était trop tard. Bien trop tard. La transe, ou son dérivé, lui avait ôté la vie. Petit à petit. A force de ralentir son métabolisme. Il s’effondra, tout près de cette tête honnie, son coeur définitivement arrêté. Oui, celui qui songeait à lui faire du mal serait puni. Puni de mort. Son épouse avait longuement discuté avec sa grand-mère pour trouver comment la priver de vie quelques minutes en limitant le risque de séquelles durables et elles avaient opté pour des séquences magiques qui, comme le répétaient maintes et maintes fois les instructeurs de l’Université de Lardanium à titre d’avertissement, s’avéraient fatales pour le lanceur. Et elle le vit s’écrouler au ralenti, prise dans la concentration intense où elle s’était plongée. Les sons aussi étaient atténués et elle avait davantage deviné les mots tendres qu’il lui avait chuchotés plutôt que clairement entendu. L’aura du Chaman, perturbée, changée, figée d’étrange façon avait attiré son attention si bien qu’elle ne réalisa pas qu’il l’éloignait du cercle. Un cri se forma dans sa gorge alors que son visage se parait de frayeur mais son aïeule arrêta toute démonstration émotive d’un geste impérieux. - Pas d’impondérables, hein ? Marmonna la vieille, avec un ricanement. Puis elle enchaîna immédiatement avec une mélopée grave et ses doigts noués par l’âge trouvèrent le moyen de tracer des arabesques complexes qui levèrent dans le cercle une brume grisâtre. A peine couvrait-elle quelques cailloux saillants mais malgré le voile infime qu’elle représentait, elle aurait pu transir n’importe quel vivant, son sang glacé dans ses veines. Car ce brouillard venait des Enfers même et entraînait avec lui vers la surface l’âme du traître qu’Isandre appelait alors que celle d’Elen commençait son lent chemin vers les limbes. C’en était trop pour Aileen... Elle n’avait pas réussi à les faire renoncer à cette idée complètement folle et alors que le rituel se préparait, son esprit ne cessait de s’agiter malgré son air morne, éteinte. Elle avait suivi Isandre, Isa et Elen, comme un automate sans même voir ce qui se passait autour d’elle, incapable même de parler tant sa gorge était serrée. Et voilà qu’ils y étaient et qu’elle continuait de chercher des solutions pour les faire changer d’avis. Et la Cerf luttait pour refouler les idées que son imagination lui imposait, chasser ces scénarios obscurs qu’elle ne cessait d'échafauder pour se concentrer sur une solution. Rien ne lui venait. Et sans même qu’elle ne puisse bouger, Elen lui confiait Lilei. Pour la dernière fois. Ne put s’empêcher d’ajouter son imagination. Elle secoua la tête, renvoyant cette pensée d’où elle venait. Il reviendrait, il le fallait ! Pour Lilei et Isa... Incapable de rester là à regarder ce rituel macabre, elle posa les yeux sur la petite. Elle se mordit la lèvre, elle ne voulait pas pleurer. Mais elle était terrifiée. Et si Elen ne revenait pas ? Et si l’Ennemie le prenait ? Et si... Son esprit continuait de la torturer. Tout ce qu’elle voulait, c’était pouvoir enfin se reposer aux côtés d’Evonis. Rentrer à la maison, tous ensemble... Elle se sentait tellement faible, insignifiante. Comme un oisillon qui tenterait de lutter contre une tempête. - Oh l’imbécile ! Jura Evonis, avant d’entonner les Icarios, inefficacement. Le plan de Isa lui plaisait : se vider de son énergie magique pour partir lui avait paru la meilleure idée du moment. Au moins, il suffirait de combler le vide créé pour corriger la chose une fois la tête interrogée. Et voilà que le Chaman venait de tout casser. Et en plus il allait falloir aller le chercher. Il passa dans un état de transe relativement léger, mais il ne parvint pas même à frôler l’esprit du Chaman. - Quand est-ce qu’il en aura marre de tout faire foirer ? Il est parti. Pour l’instant. On a intérêt à poser les bonnes questions. Et rapidement. Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes Responsable de l'Éclat des Lunes ♥ |
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La tête s’anima, elle ouvrit de grands yeux blanchâtres. Si la vie se trouvait à l’intérieur, la fibre qui la tissait semblait précaire. Pire, la tête rappelait très précisément certains zombies qu’ils avaient déjà eu à combattre. Cependant, contrairement à eux, elle semblait capable de s’exprimer, d’une voix rendue aiguë et faiblarde par le manque de cordes vocales :
- Qui ose perturber mon repos ? Le bruit d’un corps qui tombait. Elle fit volte face et serra Lilei dans ses bras, la petite ne devait pas voir ça... La mélopée d’Isandre qui lui sembla n’être rien d’autre qu’un chant funèbre. Elle se mordit la lèvre plus fort encore. La voix du mort, sortie d’outretombe. C’en était trop pour Aileen. Une première larme roula sur sa joue et tomba... - C’est moi qui pose les questions, trancha Isandre d’une voix dure. Elle ne put, néanmoins, qu’apprécier l’ironie de la requête du mort. Si la pauvre âme aspirait au repos, elle serait bien déçue. Sans funérailles correctes, elle ne pourrait qu’errer jusqu’à destruction dans les limbes, perdant jour après jour un peu de sa substance et de son identité. Désespoir, colère puis anéantissement seraient ses seules conditions, mais du repos, certainement pas. - C’est pas demain la veille qu’une grand-mère m’imposera son avis ! Oh... Et dites-moi... Qui donc a été envoyé dans les limbes pour assurer mon retour ? Portez-moi que je puisse remercier ce couillon ! Aileen et Evonis, et Elia, par extension, se trouvant dans son champ de vision, il s’écria : - Oh, et voilà ma petite biche désobéissante. Et ce bon vieux Evonis ! Eh bien, eh bien... Je crois savoir qui est l’imbécile alors. Les Chamans de notre clan ont toujours eu la bonne idée de se crever pour des tâches inutiles. - Va te faire voir ! Lâcha Aileen sans parvenir à contrôler sa voix. Si Elen ne lui avait pas confié Lilei, elle se serait sans doute enfuie en courant... - Oh mais je suis déjà allé me faire voir en Enfer, figure-toi. Et par un sacrifice si noble, mon bon Chaman m’en a ramené... - Ça suffit les balivernes ! Je t’assure que je n’ai pas de temps à perdre avec tes rodomontades... La voix d’Isa, folle de rage après l’intervention d’Elen et les élucubrations d’Etelion, était métamorphosée, presque aussi caverneuse qu’un mort. De l’énergie qu’elle avait assemblée pour préparer son sacrifice, une large partie vint foudroyer la tête trop bavarde. L’Olympienne cherchait à s’imposer à lui, rétablir un rapport de force en sa faveur pour que le traître n’ouvre plus son clapet qu’à bon escient. - Et je te garantis que si tes réponses ne me conviennent pas, ton âme retournera aussitôt dans les limbes, ta bouille réduite en cendres, comme ce sol que tu arpenteras à l’infini sans jamais trouver les jardins d’Hermès. - Bien... Bien... Après tout, si j’ai de nouveau la langue bien agile, c’est grâce à vous. Qu’est-ce qui vous ferait plaisir, douce Dame ? Fit la tête, avec un sourire insolent, mais bien plus raisonnable que lors de ses premières bravades. - Qu’y a-t-il dans la boîte que vous vouliez ouvrir ? Demanda-t-elle sans perdre plus de temps, son esprit toujours tendu à dissuader l’autre de lui mentir. - Je répondrai. Je répondrai, évidemment. Mais dans ma situation, vous comprendrez que mon retour est un pain béni. Faudra juste me donner un petit truc en échange. Un rien. Une petite pièce, vous comprenez... Comme ça, on s’assurera mutuellement qu’on va se ficher la paix après notre entretien cordial... - Tu l’auras, je t’écoute. Isa, croyante comme elle l’était, n’était pas du genre à refuser une dernière volonté de cet acabit. Néanmoins, elle se ferait violence s’il ne se montrait pas aussi coopératif que possible... - Alors... La boîte, hum ? Pandore, ça vous dit quelque chose ? Savez, l’elfe, qui a ouvert la boite dans les légendes et rendu son peuple mortel, apte aux maladies et j’en passe et des meilleures. Eh bien ce qui nous intéresse, c’est ce qu’il reste dedans. - L’espoir... Murmura la jeune femme. C’est bien ça ? - Peut-être. On l’a pas ouverte pour vérifier ce que c’était. - Où vont se rendre tes complices ? - A Liae, ça je l’ai déjà dit. - Fernliae ? Insista-t-elle pour ôter tout doute. Pourquoi faire ? - Ce trou puant ? Non, non. L’autre Liae. - Où donc ? - J’avoue que c’était un petit abus de langage pour désigner le tout premier refuge des Sauvages, mais bon, fallait bien laisser de l’avance aux compagnons, hein ? C’est Luminae. Un grand refuge, celui qui a été explosé par les Nains. Vous connaissez ? - Vaguement, abrégea Isa. Pourquoi là-bas ? - C’est vide. Vous croyez pas qu’on va se rendre aux gardes des villes connues, si ? Qui va accepter un groupe avec des Géants et des Elfes sinon un coin paumé ? - A quoi va servir la boîte, une fois ouverte ? - Aucune idée. Doreïs veut l’ouvrir pour Lui plaire. Mais avec Goros, nous, tout ce qu’on veut, c’est une récompense. J’ai bien été servi, hein ? - Cette Doreïs, elle sait à quoi elle sert ou seule l’Ennemie est au courant ? Isandre toussota. Les forces occultes qu’elle requérait commençaient à se déliter. Il fallait penser à conclure ou l’âme d’Elen serait perdue. Bizarrement, elle se demanda après coup pourquoi elle venait de donner l’alerte... C’était trop bête. - Allez le lui demander. Les Corbeaux, ça livre pas ses secrets. Même au plumard ! Isa entendit l’avertissement de sa grand-mère et son coeur se mit à battre plus vite, lui faisant perdre un instant le fil de ses pensées. Mais elle reprit : - Nous avons trouvé des cadavres, plusieurs races. C’est vous qui les avez tués ? Ils vous traquaient ? - Ah ? Doreïs voulait pas aller à Quatar. Soit disant qu’on n’avait pas besoin de clef. Vous savez, une serrure, ça se force. Mais Goros pensait que c’était mieux d’avoir directement le bon outil. On a été obligés de négocier avec les autres pour venir ici... - Qu’est-ce que vous savez sur l’enfant à sacrifier ? Elia se mordit les lèvres avec tant de force qu’une perle vermeille s’écoula sur son menton. Non, elle ne se relâcherait pas, elle ne se relâcherait pas. - Les gosses ? J’en sais rien. C’est technique. Magique, quoi. Moi j’y touche pas à ça. Je sais juste que la gosse, là, dans les bras de ma p’tite biche, ferait pas l’affaire. On a déjà testé les sangs mêlés. Comment avait-il repéré Lilei ou son métissage ? Une excellente question. Mais il ne s’en arrêta pas pour autant : - Pas très grave, hein ? Si faut des gamins purs, ça se fait. Aileen releva les yeux un instant lorsqu’elle comprit qu’Etelion parlait de Lilei mais elle n’osa pas se retourner vers lui pour autant. Comme s’il avait pu la lui enlever, elle la serra doucement contre elle murmurant à la petite que son papa serait bientôt de retour. - Nous arrêterons cette folie... Adieu Etelion. Puisse-tu trouver le repos, Luwö setho le rani. - Eh bien... Du Loup Ancien... J’aurai mieux fait de m’y mettre, hein ? Mais y’a peu de chance que qui que ce soit d’autre qu’Elle m’accueille... Isandre libéra les brumes en même temps que sa petite-fille plaçait une pièce entre les lèvres du Loup, redevenu muet, blafard... mort. Entre Hadès ou l’Ennemie, Etelion qui avait échappé aux limbes ne se préparait de toute façon pas une éternité facile... - Elen... Qu’avait fait le Chaman au juste ? Ralenti ses fonctions vitales jusqu’à ce qu’elles cessent, probablement. On ne pourrait aller chercher son esprit par une transe dans le Royaume d’Hadès... Elle se souvint qu’il avait utilisé son propre Finyë pour rétablir l’équilibre de son métabolisme lorsque le coeur de l'Olympienne s’était arrêté... Mais il était Chaman, elle à peine Bakany... |
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“C’est fini...?” Songea Aileen, lorsqu’elle n’entendit plus de voix. Elle hésita un instant avant de se retourner.
- Il faut... Que son coeur reparte. Aileen, tu sais faire ça, non ? La Cerf fixa Isa un instant, comme si elle ne comprenait pas. Pourtant elle savait de quels gestes Isa parlait, elle l’avait déjà fait, pour sauver un ami... Et la dernière chose qu’elle aurait souhaité ce jour-là, c’était de recommencer. Dans un geste presque mécanique, elle tendit Lilei à Evonis et s’approcha, ravalant ses larmes. Elle ne voulait pas, vraiment pas. Pourtant il ne lui fallait pas perdre de temps, chaque seconde comptait. Quel imbécile ! Isa s’agenouilla et appliqua sa main sur l’épaule d’Elen, cherchant à lier leur Finyë. Le traître n’avait pas été si récalcitrant qu’elle eut dû dépenser beaucoup d’énergie pour le convaincre. Il fallait que le reste soit suffisant pour aider son époux. Doucement, elle murmura les premiers vers du chant qu’il aimait tant : Me devnen gelnelath, e aladareo. Luwon duthn ergavus, Araromelione. [...] Comme la première fois, Aileen oubliait le monde autour d’elle, focalisée sur ce qu’elle avait à faire. Plus rien n’existait qu’elle, Isa et Elen... Elle savait ce qu’elle devait faire. Postée aux côtés du Chaman, la jeune Cerf posa une main sur son front. Un instant, elle revit Amhand, allongé de la même façon, dans une autre forêt. Ses gestes lui parurent incroyablement lents, comme si chaque seconde en durant dix de plus. Elle prit une longue inspiration et se pencha sur le visage de son ami pour gonfler ses poumons, puis ses mains vinrent se mettre en position sur sa poitrine alors qu’elle y exerçait une première pression, puis d’autres à intervalles réguliers. Elle comptait mentalement, sans même songer à l’issue de ses gestes. Se réveillerait-il ? La question ne lui venait pas à l’esprit, elle avait disparu en même temps que le reste du monde. Elle sentit à peine les os craquer sous ses mains. Tout ce qu’elle avait en tête était simple. Compter, inspirer, souffler, compter... Jusqu’à la quinte de toux et l’inspiration goulue... Isandre regarda quelques secondes la réanimation. Le Loup pouvait mourir, il ne l’aurait pas volé. Et sa petite-fille serait libre, elle reviendrait à Lardanium, tout serait comme avant... La crevette batarde en plus... Pourtant ce futur presque idéal qu’elle se forçait à imaginer n’avait guère de sens, Zeus seul savait pourquoi... Elle se releva et récupéra les quelques affaires dont elle avait eu besoin. Passant près d’Evonis, elle lui réclama la petite, ses mains noueuses tendues. - Pourquoi faire mamie ? Ça va la réveiller. Ce serait pas de bol qu’elle crie, hein ? Remarque... J’aurais les mains libres pour mon espadon... Hein ? Nan, pis en cas de pépin, c’est Aileen qui doit s’occuper d’elle... Comprenez, la tradition. Mais Isa, elle a rien. Y’a que son idiot de Chaman de mari qui s’est collé dans les bras de Hadès pour un temps. Pas de raison d’aller faire un tour chez grand-maman. Pouvez lui envoyer de la compote, si vous voulez... Sera contente. Savez faire la compote, hein ? J’vous montrerai, si faut. On m’a déjà dit que j’étais capable de réduire beaucoup de chose en compote. Alors les fruits, vous pensez. Crétin... Pensa-t-elle si fort qu’Evonis put sûrement l’entendre. - Ah mais c’est l’âge, mamie. Chuis bien plus vieux que vous. Verrez : quand vous aurez passé les six cents ans comme moi, serez moins fraîche dans le ciboulot. Mais les gens diront que c’est la sagesse. C’est qu’on a du bol, nous autres les vieux. - Amène-lui toi-même alors, puisque tu es si perspicace. Elle rit si fort quand elle s’y met cette gamine, qu’il ne pourra que l’entendre, même du Tartare où il mériterait pourtant de croupir. Peu impressionnée par les menaces de l’Ashka, elle haussa les épaules et continua son chemin jusqu’au feu de camp. Il était bien temps de se réchauffer les os. Il suivit néanmoins les conseils de l’ancêtre, conduisant Lilei auprès de ses parents, même si cela signifiait l’exposer à une dispute. Il songea à la danse que se serait prise Aileen si elle lui avait fait ce coup-là et préférait ignorer ce que Isa avait prévu pour son mari une fois celui-ci vaguement remis... Elen, lui, émergeait lentement, dans un flou artistique, porté par la douce voix de son épouse ; cette voix qui, n’en déplaise à Isandre, avait retenti jusque dans les limbes. D’abord la chaleur moite de lèvres posées contre les siennes, des lèvres étrangères, quelque chose en lui déjà le lui soufflait, au même titre que cette bouche qui lui prodiguait le baiser de la vie. Puis il perçut des visages, Aileen et Isa. Et ensuite, aussi fulgurante que toutes ces sensations qui revenaient en lui, la douleur dans les côtes. La Cerf se laissa tomber, assise par terre, s’appuyant sur le sol derrière elle d’un bras fébrile. Elle se sentait étrangement détachée de la situation, comme si elle ne réalisait pas encore ce qui venait de se passer. Elle se laissa tomber tout à fait, maintenant allongée, le souffle court, alors qu’un vertige la prenait. Son regard était dirigé vers le ciel et les frondaisons des arbres, mais elle les voyait à peine. Sa tête était vide... - Koff... Koff... Hreuh... Ne... Lele... Ne... Isa aussi était épuisée, plus moralement que physiquement mais assez pour qu’elle n’ait ni l’envie ni la force de se battre avec Elen. Pourtant il ne pouvait s’en tirer à si bon compte, après la frayeur qu’il leur avait imposée à tous. - Demande-toi pourquoi Nil’nelia a renonçé à partager tes épreuves, Elen, dit-elle simplement alors qu’elle se remettait debout, sa main venant serrer celle d’Aileen, en remerciement. Sans doute que le reproche serait terrible pour le Loup mais il ne pouvait pas continuer à lui faire si peu confiance, dans son idée, sans que cela n’ait des conséquences désastreuses pour leur famille. Elle laissa Lilei auprès d’Elen - car l’emmener aurait été comme un symbole de rupture bien plus grave que ce qu’elle escomptait montrer - et rejoignit sa grand-mère. Deux larmes parlèrent au coin des yeux du Chaman, bien incapable de se lever, Lilei tapotant le visage de son père de ses petites mains avec des rires qui contrastaient avec la situation. Chacune de ses respirations laborieuses lui semblait moins douloureuse que l’avertissement de Isa. Il ne la perdrait pas. Jamais. Et si cela devait arriver... - T’as du bol de l’avoir, Elen. Fais pas tout foirer, comme d’habitude. Murmura Evonis, abandonnant à son tour le Chaman à son sort pour rejoindre Isa et la vieille, soulevant Aileen du sol pour la porter là-bas. T’avais raison, mamie, elle rit fort la p’tioute ! N’empêche que la compote, c’est vachement bon ! - Badaba dabada ! Fit Lilei, avec conviction, frappant le visage de son père de ses mains minuscules en les agitant en tous sens. Aileen s'agrippa au cou d’Evonis sitôt qu’elle fut - enfin - dans ses bras. Peu à peu elle retrouvait ses esprits sans pour autant réellement prendre la mesure de ce qu’elle venait de faire, ni même de tout ce qu’ils venaient d’apprendre. Elle se sentait tellement fatiguée... Elle ferma les yeux... Juste un instant, se promit-elle, avant de sombrer dans un sommeil sans rêves... Derrière eux, un autre visage se pencha juste au-dessus de celui d’Elen, ouvrit de grand yeux ronds. Dalhia n’avait pas vraiment compris ce qu’il se passait mais la tête qui parlait, ça, ça lui avait fait peur. Mais comme elle avait arrêté et que tout le monde s’en fichait maintenant, c’est que ça ne devait pas vraiment être dangereux... En plus, Elen restait allongé par terre. Mais en s’approchant, Dalhia avait remarqué qu’il avait un drôle d’air... - Euh... Ca va pas, m’sieur Elen ? - Si, si... Répondit-il, ces simples mots lui arrachant une quinte de toux, cette même quinte une douleur insoutenable dans sa poitrine et de nouvelles gifles de la part de Lilei, qui semblait bien s’amuser. - Hooo, vous... Vous êtes malade ? S’inquiéta le lutin en l’entendant tousser. - Ça va... Ça va... Au prix d’un effort surelfique, il se redressa, grimaçant, la petite dans un bras, toujours aussi agitée. Elle avait la bonne idée de lui marteler les côtes, pour ajouter au calvaire de devoir se relever. D’un revers de la main, il s’essuya les lèvres qu’il s’imaginait encore imprégnées du goût de Aileen. E nenu litith. Au moins, lui ne l’avait pas embrassée, lorsqu’il l’avait sauvée... Il rejoignit le groupe, cahin-caha, Lilei dans ses bras, suivit par Dahlia. Il espérait que ce fiasco avait porté ses fruits. Les autres le lui révéleraient sûrement, plus tard. Pour l’instant, il observait Isa, contrit. Il comprenait à présent qu’il lui avait fait plus de mal en voulant l’épargner qu’en la laissant agir à sa guise. Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle ! ♥ |
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